Dossier collectif IA00128025 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Cabanes
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  • (c) Conseil général des Alpes-Maritimes

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    cabane
  • Aires d'études
    Coursegoules

Introduction

Les cabanes du canton de Coursegoules forment deux grands ensembles les constructions assemblées en pierres sèches et celles assemblées au liant. Cette distinction s'impose davantage pour ce qui est de leur époque de construction que d'un point de vue architectural ou utilitaire. Parmi les cabanes de pierres sèches, il faut distinguer celles couvertes d'une voûte et celles couvertes d'une charpente avec tuiles. Les cabanes de pierres sèches couvertes d'une voûte sont généralement dénommées aujourd'hui "bories".

Caractères historiques

Les matrices cadastrales de 1841 distinguent bastide, bastidon, cabane et cabanon. On peut être surpris de trouver les bastides classées parmi les cabanes. En fait, les édifices que les géomètres de 1841 dénomment ainsi ne sont rien de plus que de petites constructions de deux niveaux, dont l'un de soubassement. Mesurant de 5 à 6 mètres de côté, elles ne comptent qu'une pièce par niveau. Sur l'une de ces bastides qui est exposée au nord et située en altitude (1300 m), l'absence de cheminée montre bien que leur utilisation est temporaire (Gréolières, cabane de Taurigna, cadastre : section A, parcelle 21).

Pour la totalité du canton, nous avons décompté sur les matrices de 1841 : 110 bastides, 87 bastidons, 4 cabanes et 58 cabanons. Soit 197 bastides et bastidons, 62 cabanes et cabanons. Soit encore 259 édifices. Ils sont très irrégulièrement répartis sur les 8 communes du canton, d'une façon qui pourrait, au premier coup d'oeil, paraître aléatoire. Le tableau ci-dessous rassemble et dénombre les dénominations telles qu'elles apparaissent dans les matrices du cadastre de 1841.

communes

bastide

bastidon

total

cabane

cabanon

total

total général

Bézaudun-les-Alpes

9

3

12

0

6

6

18

Bouyon

3

10

13

0

26

26

39

Cipières

0

3

3

3

0

3

6

Conségudes

5

10

15

0

0

0

15

Coursegoules

28

8

36

1

6

7

43

Les Ferres

0

11

11

0

7

7

18

Gréolières

45

33

78

0

11

11

89

Roquestéron-Grasse

20

9

29

0

2

2

31

Répartition des bastides, bastidons, cabanes et cabanons dans les matrices cadastrales de 1841.

Ces chiffres appellent quelques commentaires. D'une part, les cabanes associées à des bergeries en sont bien sûr exclues. D'autre part, et nous le montrerons à propos des bergeries, l'absence d'un édifice sur l'ancien cadastre ne signifie pas obligatoirement qu'il ne soit pas encore construit, mais éventuellement qu'il soit au contraire périmé. En d'autres termes, nous n'avons pas là un reflet de ce que nous voyons sur le terrain, l'essentiel des bories n'y étant pas représenté.

Caractères architecturaux

Couvertures

La couverture des cabanes peut être formée de l'extrados d'une voûte de pierres sèches ou de tuiles.

Les voûtes de pierres sèches dont l'extrados sert de couverture sont des coupoles de tout-venant assemblé en tas-de-charge.

Les tuiles couvrant les cabanes sont souvent des tuiles creuses, mais parfois des tuiles mécaniques.

Bézaudun-les-Alpes. Bastide du Cheiron. Cabane à deux niveaux,  couverte en tuiles creuses.Bézaudun-les-Alpes. Bastide du Cheiron. Cabane à deux niveaux, couverte en tuiles creuses. Cipières, les Baumes. Cabane à coupole assemblée en tas-de-charge.Cipières, les Baumes. Cabane à coupole assemblée en tas-de-charge.

Distribution intérieure

Les cabanes ne comportent le plus souvent qu'une seule pièce, en tout cas une seule pièce habitable. Pour toutes celles construites en pierres sèches, l'installation est des plus rudimentaires. Le seul aménagement consiste en de petits placards placés dans l'épaisseur de la maçonnerie. Le feu se fait à même le sol ; la fumée sort au travers du toit. Il n'est généralement pas prévu de vantail de porte. Il n'y a pas de fenêtre. Les cabanes aux murs assemblés au liant peuvent présenter deux niveaux. Elles n'ont généralement pas de fenêtre non plus, mais éventuellement une porte fenière au second niveau. Dans le cas de deux niveaux, la circulation se fait toujours par l'extérieur. Le toit est le plus souvent en appentis ; on connaît cependant au moins un cas de toit à deux pans. Une cabane située à Bézaudun-les-Alpes (Bastide du Cheiron, cadastre section A, parcelle 114) représente un cas limite où les deux niveaux sont presque habitables.

Note de synthèse

La principale question qui se pose à propos des cabanes, et tout particulièrement à propos des cabanes de pierres sèches couvertes d'une voûte, dites "bories", est leur datation. Elle aurait été très délicate si nous n'avions pas disposé des conclusions sur les bergeries et donc de la possibilité de les dater indirectement à partir d'elles. En effet, les différentes techniques de construction sont tellement proches que la chronologie ne peut être très différente. Nous ne disposons que de très peu de dates portées. Cependant, l'une d'elle, la plus ancienne, est très importante. Une cabane de pierres sèches, à un niveau, de plan carré et couverte en appentis, porte la date de 1819 gravée sur le linteau de la porte. L'édifice est homogène. Les pierres qu'il emploie sont essentiellement travaillées au marteau, mais elles portent quelques traces de retouche à l'aiguille. Ceci est à rapprocher d'une bergerie de Cipières (bergerie n°3 du Teil, cadastre section G, parcelle n°263) encore construite en pierres sèches, après 1841. Au début du XIXe siècle, et même vers le milieu de ce siècle, il est donc encore normal de ne pas utiliser de liant. Nous verrons que les enclos les plus anciens, ceux du XVIIIe siècle ou peut-être de la fin du XVIIe, sont accompagnés d'une cabane de pierres sèches qui est soit voûtée, soit couverte d'une toiture de tuiles. On peut en déduire que la borie représente alors une façon courante, mais non exclusive, de construire des cabanes.

Cipières. Cabane de pierres-sèches (cadastre section E, parcelle 352), détail : date inscrite à l'aiguille sur le linteau de la porte.Cipières. Cabane de pierres-sèches (cadastre section E, parcelle 352), détail : date inscrite à l'aiguille sur le linteau de la porte.

En résumé, nous pouvons proposer la chronologie, imprécise, suivante.

- Les cabanes de pierres sèches couvertes d'une voûte, les bories, représentent certes la mise en oeuvre d'une technique ancienne ; celles qui sont conservées ont néanmoins peu de chances d'être antérieures à la fin du XVIIe, voire au XVIIIe siècle. Cette technique n'a été abandonnée que progressivement, mais la plupart des bories, ne figurant pas sur le cadastre de 1841 , sont considérées comme périmées à cette date.

- Les cabanes de pierres sèches, couvertes de tuiles, concurrencent les bories au XVIIIe siècle. Elles sont encore construites au XIXe siècle.

- Les cabanes assemblées au liant sont difficiles à dater. Elles existent en 1841, mais probablement depuis peu. Il ne nous est pas possible de dire s'il en a été construit au XVIIIe siècle.

Dates portées : 1819, 1932

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Toits
    tuile creuse, calcaire en couverture
  • Murs
    • calcaire
    • pierre sèche
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Décompte des œuvres
    • étudié 5
    • repéré 11
Date d'enquête 1992 ; Date(s) de rédaction 1995
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