Dossier d’aire d’étude IA00128016 | Réalisé par
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présentation de la commune de Gréolières
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  • (c) Conseil général des Alpes-Maritimes

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Coursegoules
  • Adresse
    • Commune : Gréolières

Histoire et peuplement

La commune de Gréolières formait probablement un territoire pré-romain dont le centre devait être constitué par un oppidum placé sur le sommet du Bau de Saint-Jean. La romanisation de cette région a été relativement poussée. D'une part, ce territoire est traversé par une voie romaine aujourd'hui bien étudiée. D'autre part, les traces d'une occupation antique, se poursuivant éventuellement durant le haut Moyen Age, sont relativement nombreuses. Mentionnons pour exemple le site des Champs Gelés.

Site des champs gelés

Le sommet d'un promontoire, près d'une bergerie, et sa pente sud-est montrent de nombreux débris de tegulae et de fragments de céramiques antiques ; au début de la pente on distingue des fonds de cabanes. Il s'agit sans doute d'une villa antique. A 200 mètres audessus et à l'ouest de ce site, le sommet de la colline porte une enceinte de pierre sèche munie de tours de flanquement. Sur l'éperon qui se détache à l'est de ce sommet se trouve un réduit fortifié muni d'une porte en chicane et dont l'enceinte extérieure descend dans la pente sud . Il s'agit sans doute du site refuge de la villa, utilisé à la fin de l'antiquité et au haut Moyen Age. L'ensemble de ce site archéologique se trouve à la limite des lieudits "Les Champs Gelés" et "Taurigna" ; ce dernier nom pourrait bien être celui de la villa.

Durant la fin de l'antiquité et le haut Moyen Age, le Bau de Saint-Jean a continué à être habité ou a été réoccupé. Outre de nombreux fonds de cabanes, indatables, il présente en effet quelques traces de maçonneries assisées et liées à la chaux pouvant dater de cette époque. Au début du Xie siècle, avant 1047, les vicomtes de Nice dressent sur ce site, alors dénommé Mayone (ou Majone), une église qu'ils confient à l'abbaye Saint-Victor de Marseille et un château dont dépendait les territoires de Gréolières, Bézaudun et Coursegoules. Au XIe siècle, le territoire de Gréolières dépendait encore, avec ceux de Bézaudun et de Coursegoules, du château de Mayone.

Le village de Hautes Gréolieres

Vers 1230 ou peu après, suite à la construction d'un nouveau château sur le territoire de Gréolières (cf. le château de Hautes Gréolières), sans abandon de l'ancien, le fief est partagé. Un autre castrum est créé, mentionné pour la première fois vers 1232 sous la forme de "l'autre castrum de Gréolières " et en 1232 sous la forme de "Gréolières supérieures ». Celui-ci se développe et en 1315 il est affouagé pour 86 feux de queste, soit beaucoup plus que ceux des Ferres (36) et de Bouyon (56), presque à l'égal de celui de Coursegoules (97) ; celui de Basses Gréolières est affouagé pour 102 feux. Mais, ne disposant que des terres les plus pauvres, situées dans la montagne du Cheiron, Hautes Gréolières résiste mal aux crises du XIVe siècle. Le village est encore affouagé en 1400 et en 1442 ; en 1471 on y compte 15 familles. En 1787, il ne s'y trouve plus que quelques habitants (ibidem). Le cadastre de 1841 mentionne encore 15 maisons, 4 masures, une bergerie et son "courtil", un four et une chapelle : Hautes Gréolières n'est plus qu'un écart. Les 19 bâtiments (maisons et masures) correspondent aux ruines du secteur le plus bas. Ce nombre de 19 est curieusement proche des 15 familles mentionnées en 1471.

En fait, de 1322 à 1518, les deux fiefs de Basses et Hautes Gréolières sont détenus par deux branches cousines de la famille de Villeneuve. En 1518, Pierre de Villeneuve, par ailleurs seigneur de Vence, prête hommage une dernière fois pour Hautes Gréolières le 15 janvier. Après quoi il teste, le 8 avril, en faveur de son cousin Antoine, seigneur de Basses Gréolières . C'est probablement cette réunion des deux parties du vieux territoire qui porte le coup de grâce à l'agglomération de Hautes Gréolières, d'autant plus qu'elle a lieu au moment où Basses Gréolières connaît un nouvel essor. On peut donc se demander si la réunion des deux fiefs en une seule main, en 1518, n'était pas partiellement destinée à en favoriser la renaissance. Toutefois la réunion effective n'a pas lieu tout de suite et on distingue Basses et Hautes Gréolières jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.

Aujourd'hui le site de Hautes Gréolières laisse apparaître quatre secteurs. Au plus haut, sur un rocher et un promontoire qui s'en détache, l'église et ce qui reste du château ; sensiblement plus bas, à la limite de la zone cultivable, deux lignes de maisons ruinées. Entre les deux, dans un secteur rocheux et chaotique, des traces de nombreuses constructions presque entièrement disparues peuvent être observées. Enfin, à l'est de cette dernière zone et jusqu'à un autre promontoire rocheux situé quelques dizaines de mètres à l'est de l'église, on distingue encore de nombreuses traces de constructions souvent arasées et difficiles à interpréter.

On peut tenter de reconstituer l'évolution topographique de cette petite agglomération. Deux portions de rempart nous indiquent son emplacement au XIVe siècle. L'une, assez bien conservée, relie l'église au château, l'autre dont ne subsiste souvent que des traces, descend suivant la ligne de plus grande pente depuis l'église. Cette disposition nous amène à situer le premier village en contrebas et au sud de la ligne joignant l'église au château. Effectivement, c'est dans ce secteur qu'ont été trouvés, en ramassage de surface, les fragments de céramiques les plus anciennes. Les maisons formant les deux lignes de constructions aujourd'hui ruinées que l'on observe au bas de cette zone peuvent dater, au moins en partie, du XVe siècle. Pour mieux interpréter la zone orientale, il faudrait procéder à une étude archéologique.

Les écarts

Le territoire de la commune de Gréolières comprend aujourd'hui deux écarts : les hameaux de Saint-Pons et de Gréolières-les-Neiges. Autrefois les hameaux étaient plus nombreux. Dans le cadastre de 1841, on comptait le hameau de Pluy (8 écuries, 1 four et 7 maisons aujourd'hui en ruines ou disparus) et on distinguait les hameaux du Haut Saint-Pons (7 écuries, 1 four et 14 maisons correspondant au hameau actuel) et du Bas Saint-Pons (1 écurie, 1 four, 6 maisons, 1 masure et 1 bastide dont il ne reste aujourd'hui que 3 maisons et des ruines). Dans les délibérations municipales, il est fait mention en 1762 des hameaux de Saint-Pons, du Puy du Mûrier [Pluy ?] et du Thoronet [Bas Saint-Pons ?], tous concernés par la construction de la nouvelle chapelle Saint-Pons.

Saint-Pons

Nous sommes très peu renseignés sur l'origine du hameau de Saint-Pons. En fait nous apprenons pratiquement son existence et son importance en 1760 lorsqu'il commence à être question d'y construire - ou plus probablement d'y reconstruire - une chapelle (cf. la chapelle Saint-Pons). On sait que l'existence de hameaux est tout à fait exceptionnelle en Provence orientale. On remarque de plus que tous les hameaux mentionnés au XVIIIe siècle sont situés aux environs du Bau Saint-Jean. Or celui-ci, après avoir joué, sous le nom de Mayone, le rôle important déjà évoqué, ne disparaît pas totalement de l'histoire. Non seulement, parmi les prieurs et vicaires assistant au Synode de 1312, il est fait mention de celui de Mayono, mais encore nous voyons, en 1386, un Villeneuve prêter hommage pour "Saint-Jean". Un indice supplémentaire du lien qui existe entre le hameau de Saint-Pons et l'ensemble Mayone - Bau Saint-Jean est que le lieu-dit situé en amont et au nord-ouest de Saint-Pons et où coule une source importante, captée, est dénommé "Jeanne Magnone".

On peut donc supposer que cette terre ait été repeuplée après le Moyen Age sous forme de petits hameaux. Parmi eux, celui de Saint-Pons est sans doute le plus important et le plus ancien. Il est probable que la maison la plus haute, et qui présente l'élément d'architecture le plus ancien du hameau , ait pour origine une maison-forte, centre du fief de "Saint-Jean". Ce hameau, comme son nom l'indique, a dû posséder un lieu de culte antérieur à la chapelle actuelle ; peut-être celui qu'il est question de "faire réparer" en 1665.

Edifices religieux disparus

Chapelle Sainte-Anne

La carte de l'IGN (1/20 000, Roquestéron 6) dressée en 1933 porte le toponyme "Ste Anne". A cet endroit, près de la croix de chemin supportée par un milliaire, on distingue les traces d'un petit édifice de plan à peu près carré, arasé au niveau du sol.

Chapelle Saint-Antoine (Hautes Gréolières)

La visite pastorale de 1705 nous signale la chapelle Saint-Antoine comme située à l'est de l'église paroissiale de Hautes Gréolières, porte à l'ouest. Effectivement la carte de Cassini figure un lieu de culte à l'est de celle-ci, proche ou accolé (Carte de Cassini, n°168). La visite de 1715 la mentionne en mauvais état ; elle est interdite et sera fermée ou démolie" En 1719 elle a été restaurée. Elle est encore mentionnée en 1726

Chapelle Saint-Barnabé (Basses Gréolières)

La visite pastorale de 1705 signale la chapelle Saint-Barnabé comme située hors de l'agglomération de Basses Gréolières, proche, à l'est et celle de 1719, "à quelques pas du chemin de la montagne". Sur la carte I.G.N. au 1/20000 (Roquestéron n°6) de 1933, elle a été confondue avec Notre-Dame de Verdelaye.

Eglise Saint-Jean

L'église du castellum de Mayone est donnée en 1047 à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. D'après son mode de construction, les restes encore visible sur le Bau Saint-Jean pourraient dater de cette époque. Il s'agit d'un petit édifice orienté, de plan rectangulaire, prolongé d'une abside semi-circulaire. Une petite construction carrée est accolée à l'extrémité orientale de la nef, au sud ; il s'agit peut-être de la base d'un clocher-tour, plus probablement d'une chapelle baptismale. Ce lieu de culte est encore mentionné en 1312.

Chapelle Saint-Roch (Basses Gréolières)

La visite pastorale de 1683 mentionne la chapelle des Pénitents Blancs. En 1705, elle est dite en mauvais état. Elle est dite ruinée en 1715 et la visite de 1722 ajoute qu'elle est tombée en ruines en 1707 et qu'une nouvelle chapelle "a été construite sur les débris de l'ancienne" ; notons que l'évêque dit bien "construite" alors qu'il s'agit manifestement d'une reconstruction.

  • Sites de protection
    site inscrit, site classé

Documents d'archives

  • Registres des délibérations du conseil communal de Gréolières, 1640 - 1794. Archives communales, Gréolières

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

  • BARATIER, Edouard. La démographie provençale du XIIIe au XVIe siècle. Paris : S.E.V.P.E.N. , 1961, 255 p.

  • BARATIER, Edouard. Enquêtes sur les droits et revenus de Charles Ier d'Anjou en Provence (1252 et 1278). Paris, Bibliothèque Nationale, 1969, 562 p., ill.

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  • BOUCHE, Honoré. La chorographie ou description de Provence et l'histoire chronologique du mesme pays. Aix : Charles David imprimeur du Roy, 1664, 2 tomes et 2 fasc. de suppl. reliés en 2 vol.

  • DEPARDIEU, J.-L., CHAVANE. Etude topographique d'une voie romaine de moyenne montagne, Vence-Castellane. Cercle historique des Alpes-Maritimes : Nice, 1992.

  • Doublet,Georges. Recueil des actes concernant les évêques d'Antibes. - Monaco : Imprimerie de Monace ; Paris : A. Picard, 1915, CXXVIII-425 p, Collection de textes pour servir à l'histoire de Provence

  • DURBEC, Joseph-Antoine. Les villes et les villages de la région de Grasse au Moyen-Age : Caussols, Cipières, Gréolières. Dans : Annales de la Société scientifique et littéraire de Cannes, t. XXIII (1971), 1972, pp. 134-153.

  • FROESCHLE-CHOPARD, Marie-Hélène. Espace et Sacré en Provence (XVIe-XXe siècle). Cultes, images, confréries. Paris, 1994.

  • FROESCHLE-CHOPARD, Marie-Hélène, POTEUR, Jean-Claude. Les «romérages» en Provence Orientale au XVIlle siècle : expression d'une culture populaire. Dans : Le Monde alpin et rhodanien, Ier-2eme trimestre 1978, p. 189 à 191.

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  • JUIGNE DE LASSIGNY, E. de. Histoire de la maison de Villeneuve en Provence. 3 vol., Lyon, 1900-1909.

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  • POTEUR, Jean-Claude. Réseau paroissial et implantations castrales du Xe au XIIIe siècle, l'exemple de l'évêché de Grasse Antibes. Dans : Actes du 109e congrès des sociétés savantes, Dijon, 1984, hist. méd., t. I, Paris, 1985, pp. 69-92.

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  • THIRION, Jacques. Alpes romanes. La Pierre-qui-vire (Yonne) : Impr. des Ateliers de la Pierre-qui-Vire et des Ateliers de l'Abbaye Sainte-Marie, 1980, 434 p.

Date d'enquête 1992 ; Date(s) de rédaction 1995
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