Description complémentaire
Le premier moulin à l'est de la salle est le moulin à huile. Il est constitué d'un socle de maçonnerie au-dessus duquel est prise une meule dormante. Sur celle-ci est posé un anneau faisant rebord taillé dans un seul bloc de pierre bleue de trente centimètres de hauteur et dix d'épaisseur. Dans la cuvette ainsi formée tournait une pierre conique qui écrasait les fruits. Le moulin servait à fabriquer de l'huile de noix, de tournesol, de "chaux d'huile" (colza), d'oeillette 1, de"dafayous" 2 et de noisette 3. Les trois autres moulins moulaient la farine. Celui du centre donne la farine du bétail et les deux autres celle de l'alimentation humaine. Ils sont tous trois constitués d'un socle maçonné au-dessus duquel est pris une meule dormante. Sur celle-ci tourne une autre meule. L'ensemble est recouvert d'un coffre en bois peint qui rend étanche l'installation.
Les céréales sont versées dans un entonnoir situé au centre des meules. Une roue à aube verticale, située à l'extérieur du bâtiment, contre le mur gouttereau nord, actionnait grâce à un système d'axes, de poulies et de courroies, un trieur, une bluterie 4 et une scie à ruban. Les céréales passaient du trieur placé dans la grange aux entonnoirs au-dessus de chaque meule. La farine tombait ensuite dans une caisse puis elle était versée dans la bluterie qui séparait le son de la farine.
Le moulin ne fonctionne plus depuis une quarantaine d'années et sert de résidence secondaire.
Selon l'ancienne propriétaire, ce bâtiment a été acheté vers 1870, alors qu'il fonctionnait déjà, par le beau-père de cette femme. Ce meunier avait neuf enfants, et tous vivaient dans la salle commune à côté de l'atelier et dans une chambre située au-dessus de l'étable. Les deux chambres de la grange ont été aménagées par un des fils qui a dû par la suite abandonner l'entreprise car l'entretien du canal, ravagé chaque printemps par les crues du torrent, devenait impossible. Mis à part l'entretien du canal qui demandait souvent l'aide du village, le moulin avec ses quatre meules ne fonctionnait qu'avec une seule personne. Les céréales provenaient des villages de la Motte 5, Saint-Eusèbe, Villard-Saint-Pierre, Villardon et Pisançon. La rémunération du meunier au début du siècle, la mouture, était d'un "litre par double" 6. Toutes les semaines il devait "chaper" 7 les meules ce qui explique la présence des potences de levage près des moulins.
Notes(1) Oeillette : pavot cultivé dont on tire une huile comestible. On coupe la tête de la plante dans laquelle il y a des graines qui donnent de l'huile.(2) "Dafayous" : faîne, gland du hêtre.(3) Selon les informations données par l'ancienne propriétaire.(4) Meuble à tamiser la farine.(5) Il y avait trois autres moulins à La Motte.(6) Selon l'ancienne propriétaire.(7) Retailler les sculptures des meules.
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.