DESCRIPTION
Le hameau de Serre-Eyraud est situé sur la rive gauche du Drac, sur un promontoire qui domine à 1450 mètres d'altitude la confluence du Drac Blanc et du Drac Noir, dans une clairière ouverte dans le "Mélézin".
Serre-Eyraud est situé au débouché de la vallée du Drac Blanc. On a de ce hameau un point de vue superbe sur la vallée de Champoléon. Serre-Eyraud a d'ailleurs longtemps fait partie de la paroisse de Champoléon et une tradition 1 veut que le hameau ait autrefois été constitué par les chalets temporaires du village des Eyrauds, à Champoléon. Après qu'une violente crue du torrent ait détruit leurs maisons, les habitants des Eyrauds seraient venus habiter leurs chalets et s'y seraient fixés définitivement.
Plusieurs personnes nous ont rapporté cette tradition (2), et le curé Albrand, curé de Serre-Eyraud pendant la seconde moitié du XIXe siècle, la relate également. Mais il est difficile de dire si c'est la tradition orale qui a influencé l'écrit ou l'inverse. En effet l'existence d'un habitat permanent à Serre-Eyraud est attestée depuis le XVe siècle. La chapelle Saint-Martin du Mélézin aurait été fondée vers 1447 par A. de Montorcier 2, et on connait les querelles qui ont opposé les habitants de Serre-Eyraud aux pouvoirs ecclésiastiques pour obtenir un desservant résidant sur place.
Bien qu'on trouve une tradition analogue en ce qui concerne les Plautus et Archinard, il semble peu probable que Serre-Eyraud n'ait été habité en permanence qu'après la catastrophe (dont on ne connait pas la date) qui aurait détruit les Eyrauds. Comme Archinard aujourd'hui, Serre-Eyrauda pu être un village permanent en partie constitué de chalets temporaires, qui s'est développé après que les habitants des Eyrauds s'y soient fixés définitivement. Il est en effet fréquent de trouver dans les villages permanents des chalets temporaires appartenant aux hahitants des villages situés plus bas (par exemple le "chalet de Davie" à Archinard, appartenant à un habitant des Audiberts).
Quoiqu'il en soit, Serre-Eyraud, éloigné de 8 km du chef-lieu était un peu à l'écart du reste de la commune. Serre-Eyraud était le centre du Mélézin" qui comprenait également les hameaux des Lauzes (6 maisons et un four à la fin du XVIIIe siècle), des Paillers (abandonnés depuis la fin du XVIIIe siècle) et des Roussins (4 maisons et un four en 1809). Serre-Eyraud a été érigé en paroisse (dont dépendait également les Ricous, commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas), de 1848 (5) à 1934 (4). Pendant la même période le Mélézin possédait une école aux Lauzes, qui de 1848 à 1917 accueillait les enfants du Mélézin, des Ricous et même des Tourengs.
Les habitations de Serre-Eyraud sont absolument identiques aux autres maisons de la commune d'Orcières (cf. exemple étudié : maison 338). L'habitat dit "traditionnel" n'est plus composé aujourd'hui que de maisons d'agriculteurs, mais il existait encore au début du siècle 3 une maison construite par les jésuites en 1729, et la maison d'un notaire dont nous n'avons pu retrouver la trace sur place mais dont nous possédons la description.
Le Mélézin était l'une des rares zones encore boisées de la commune, où tous les hameaux venaient se ravitailler en bois, ce qui explique sans doute le grand nombre de toits de bardeaux que l'on trouve à Serre-Eyraud.
Le Mélézin comptait 189 habitants en 1789, 230 en 1841, 58 en 1934 (soit 11 familles). Serre-Eyraud n'est plus aujourd'hui habité en permanence que par deux familles d'agriculteurs. Mais la création d'une petite station de ski a permis la construction d'une pension de famille et de quelques résidences secondaires, et la restauration d'une partie de l'habitat traditionnel.
Évolution démographique (chiffres donnés par P. Castella, D'Orcières à Merlette) :
1780 : 8 familles
1802 : 13 familles
1954 : 5 familles - 33 personnes
1984 : 7 familles - 29 personnes.
Sur ces 29 personnes, 18 sont natives du hameau.
La population active se répartit comme suit :
9 retraités
3 agriculteurs
4 employés
3 employés à la station de ski
1 artisan.
Entre 1900 et 1930 il aurait existé à Serre-Eyraud un petit atelier de tissage où travaillaient trois frères.
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.