Dossier d’œuvre architecture IA05000147 | Réalisé par
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
blockhaus dit barrage rapide du Montgenèvre
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hautes-Alpes - Briançon
  • Commune Montgenèvre
  • Lieu-dit près de Montgenèvre
  • Dénominations
    blockhaus
  • Appellations
    barrage rapide du Montgenèvre, de l'ensemble fortifié du Briançonnais
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Intérêt stratégique

Les premières études (1692-94)

Lors de sa mission dans le Dauphiné et la Haute-Durance (22 septembre-6 décembre 1692), faisant suite à l'expédition dévastatrice opérée dans la région par Victor Amédée de Savoie, Vauban, qui connaît déjà en partie la région, étudie le cas du Montgenèvre : le col (loin d'être alors aussi praticable qu'aujourd'hui) a ses deux versants en territoire français. Le village compte une centaine de maisons dont les habitants, fort industrieux, cultivent avec tant de soin terres et prairies qu'un parti ennemi s'étant emparé du col pourrait y subsister plusieurs mois. Aussi, dans un mémoire daté du 16 novembre 1692, propose-t-il d'envelopper le village « d'une bonne muraille flanquée par des petites tours bastionnées, terrassées à une certaine hauteur, avec un petit fossé de 6 à 7 toises », De plus, « sur le haut de la montée du côté de Sézanne, il y a un rocher sur lequel il serait facile de bâtir un château imprenable pour 3 compagnies d'infanterie ».

Dans un second projet, l'ingénieur Richerand (directeur à Grenoble) reprend l'affaire dans un mémoire daté de Grenoble le 17.12.1693. Il propose :

- une enceinte autour du village (pour 57600 livres)

- une redoute sur le piton portant la chapelle Saint-Gervais et le retranchement d'un rocher « appelé vulgairement» Fort le Bœuf

- un poste au col de la Colette

- un retranchement linéaire, avec redoute centrale, barrant le col du Gondran.

Le tout estimé à 125754 livres 10 sols, dont 38925 livres 10 sols pour la première urgence.

L'année suivante, le même Richerand, dans un mémoire du 4 septembre 1694, reprend l'étude sur des bases plus réduites, et propose une simple enceinte en terre autour du village pour 7150 livres.

Aucune de ces études ne semble avoir reçu de commencement d'exécution.

Barrage rapide du Montgenèvre

Ouvrage construit de 1932 à 1934, dans le cadre de la refonte de l'organisation défensive de la frontière du sud-est. Il s'agit d'un organe léger, implanté en bordure de la RN 94 à 1200 m à l'ouest-sud-ouest du village de Montgenèvre pour couper instantanément, avec une barrière antichar roulante et le feu de ses aunes, l'axe routier, en cas d'irruption inopinée d'éléments adverses ayant franchi la frontière franco-italienne.

Sa résistance, à durée limitée, devait permettre aux troupes de forteresse de prendre leurs dispositions de combat.

L'implantation de cet ouvrage a entrainé la création d'un bloc supplémentaire (B7) au Janus, qui assure la couverture du barrage rapide avec le feu d'un jumelage de mitrailleuses.

Analyse architecturale

Données numériques de la construction : terrassements : 930 m3. Maçonnerie: 90 m3. Pierres sèches: 35 m3. Béton non armé : 85 m3. Béton spécial armé: 150 m3.

Enduit: 345 m2, Prix de revient au 15.12.1936 : 331.000 F sans armement ni munitions. Dalle de 0, 80. Murs exposés: 1 m. Façade arrière: 0,80 m.

Description de l'ouvrage : constitué essentiellement d'un blockhaus pentagonal en béton armé (protection < 1, à l'épreuve du 105 mm) faisant saillie sur l'emprise de la RN 94 et se prolongeant, à l'arrière, sous le talus, par un court tronçon de galerie souterraine organisée en logement et magasin (un projet de développement des locaux souterrains n'a pas été réalisé).

La face nord du blockhaus est enterrée dans le talus, la face est comporte un créneau de tir pour jumelage de mitrailleuses 1931 F et canon AC de 47 mm modèle 1934 (trémie 4) dont l'axe fait un angle de 67° 30 avec l'axe de la route. La face sud-est comporte un créneau identique, faisant un angle de 22° 30 avec l'axe de la route. Chaque créneau ayant un champ de tir de 45°, on a donc ainsi un secteur total battu par le blockhaus de 90° ayant pour limite gauche le bord gauche de la route et, comme limite droite, la barrière coupant la route. La face est-sud-est - très courte - parallèle à la route, correspond à la porte de sortie de la barrière et la face sud-ouest au front de gorge, avec porte d'entrée du blockhaus. De part et d'autre de la barrière, on trouve deux créneaux de FM de défense rapprochée. A l‘intérieur, le blockhaus enferme une chambre de tir, avec un jumelage de mitrailleuses à chaque créneau. L'ouvrage ne possédait, par contre, qu'un seul canon antichar pouvant prendre place à volonté dans l'un ou l'autre créneau, après effacement du J.M. correspondant, ou se mettre en position de repos à l'intérieur: le canon suspendu par son chariot pouvait se déplacer à volonté sur deux birails porteurs convergeant sur une plaque tournante centrale, leurs extrémités prenant appui, à l'avant, dans les murs de la chambre de tir, et, à l'arrière, sur un bipoutre métallique scellé dans les parois.

La barrière était disposée perpendiculairement à la face est-sud-est, et dans l'axe de la galerie arrière : en temps normal, elle est effacée dans le blockhaus.

Elle était constituée d'une poutrelle Grey de 1000 reposant sur un demi-grey de 1000, le tout surmonté d'un Grey de 360 place de champ. Des galets de roulement lui permettaient de se déplacer dans un chemin de roulement (2 grey de 36) scellé dans le radier et incliné selon une pente d'1% vers la route. Ainsi, une fois déverrouillée, l'engin lancé par contrepoids roulait ensuite de lui-même, sortait du blockhaus, venait obturer le passage et s'engager dans un massif d'appui scellé dans l'accotement droit. Un treuil de relevage intérieur à main permettait de le ramener ensuite en position d'effacement et de rouvrir le passage. Hauteur du barrage : 1,57 m.

Le passage de sortie est renforcé, en façade, d'un encadrement blindé en profilés.

Comme autres aménagements, on trouvait un ventilateur à bras, la porte blindée (avec créneau FM) type l ter A, les casiers à munitions (fig. 2) (pour 304 coups de 47, 66.000 cartouches de 7,5 mm et les grenades pour la goulette). Pas d'installation électrique; éclairage par lampes à pétrole.

État actuel: armement et barrière enlevés, ainsi que le massif de butée. L'ouvrage lui-même est à l'abandon.

On notera, contrairement à l'usage, l'absence de revêtement métallique en sous dalle et derrière la façade.

Ouvrages similaires : barrière de Versoyen (Bourg-Saint-Maurice). Avant poste de Pont-Saint-Louis (Menton).

Conclusion

Ouvrage d'importance modeste, en fait simple élément de sûreté mais relevant des réalisations CORF et constituant un jalon du dispositif défensif du Briançonnais, En outre, il est représentatif d'un type d'ouvrages spécifiques au Sud-Est et réalisé en trois exemplaires seulement.

Actuellement de plus en plus menacé par les travaux d'infrastructure routière (aménagements éventuels de la RN 94).

Vauban et l'ingénieur Richerand avaient, l'un à la suite de l'autre, réalisé des études pour construire une enceinte fortifiée autour du village de Montgenèvre. Ces projets n'ont pas été réalisés. L'ouvrage fut construit de 1932 à 1934 dans le cadre de la refonte de l'organisation défensive de la frontière du sud-est.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Creuzet de Richerand Guy
      Creuzet de Richerand Guy

      Ingénieur militaire, ingénieur en chef de la place de Sarrelouis de 1683 à 1692. Directeur des fortifications du Dauphiné en 1690, il dirige le renforcement des fortifications décidé à la suite de l'invasion savoyarde de 1692, à Saint-Vincent-les-Forts, Seyne et Colmars. Construit le fort Saint-Vincent, le fort Joubert et la tour dite Vauban à Saint-Vincent-les-Forts, la citadelle à Seyne, les forts de France et de Savoie à Colmars, réalise d'importants travaux au château de Guillaumes.

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      ingénieur militaire attribution par source
    • Auteur :
      Le Prestre de Vauban Sébastien
      Le Prestre de Vauban Sébastien

      Ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste français. Nommé maréchal de France par Louis XIV. Expert en poliorcétique (c'est-à-dire en l'art d'organiser l'attaque ou la défense lors du siège d'une ville, d'un lieu ou d'une place forte), il a conçu ou amélioré une centaine de places fortes.

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      ingénieur militaire attribution par source

Ouvrage de taille modeste et de forme pentagonale, le blockhaus est édifié en béton armé, sa face arrière à enterrée sous le talus.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents figurés

  • Carte du Mont Genèvre./ Dessin, signé Richerand, 1693. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, Places abandonnées, n° 3 (4) feuille 1.

  • Dessin d'une redoute proposée sur le mont genèvre (...). / Dessin, signé Richerand, 1693. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, Places abandonnées, n° 3 (4).

  • Le Montgenèvre. / Dessin, [par Creuzet de Richerand], 1694. Service historique de la Défense, Vincennes : article 8, Places abandonnées, n° 4.

Date d'enquête 1986 ; Date(s) de rédaction 1996
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble