Dossier d’œuvre architecture IA05001500 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Inventaire du parc naturel régional des Baronnies provençales
village de Ribiers
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional des Baronnies Provençales - Laragne-Montéglin
  • Commune Val Buëch-Méouge
  • Lieu-dit Ribiers
  • Cadastre 1755 plan 7  ; 1823 E2  ; 1998 E2  ; 2018 000E
  • Précisions anciennement commune de Ribiers
  • Dénominations
    village

Aux origines du bourg de Ribiers : la période médiévale

L'emplacement de l'actuel bourg pourrait correspondre à « une agglomération secondaire antique » (I. Ganet, 1995). Au XIIe siècle, le territoire de Ribiers confronte ceux de Saint-Etienne, Château-Giraud et Creyssint. Une paroisse y existe au moins depuis le XIIIe siècle, également attestée aux XIVe et XVe siècles (J. Roman, 1892). La première mention de Ribiers remonte à l'année 1241 : Riperii ou Riperios. A cette date, une vente est passée dans le château, « dans la chambre voûtée ou fournel de Raybaud de Lachau » (M.-P. Estienne et N. Nicolas, 1999). C'est à partir de cette époque que le développement progressif du bourg entraîne l’absorption des trois autres fiefs qui, abandonnés, se ruinent.

Le premier château de la ville de Ribiers daterait du XIIIe siècle (M.-P. Estienne et N. Nicolas, 1999), mais il n'en reste pas de vestige manifeste, hormis peut-être les bases du rempart oriental, lequel a néanmoins été repris à différentes époques.

La première mention de la communauté de Ribiers, représentée par ses syndics, date de 1330. En mars 1495, les propriétaires de Ribiers reconnaissent au seigneur, entre autres taxes et devoirs : l'hommage lige, le droit de mutation (1/6 du prix des immeubles vendus, donnés ou hérités), le droit de prélation (acquisition prioritaire des immeubles vendus). Ils admettent en outre que le seigneur possède « les régales (places et rues), les terres incultes ou abandonnées, les délaissés de la rivière », et que « les habitants ne pourraient moudre leur blé ailleurs qu'au moulin banal ». En échange, les propriétaires ont le droit de « prendre du bois pour leur usage, mais ailleurs que dans les îles du Buëch ; de faire paître leurs troupeaux dans tout le territoire de Ribiers, mais ailleurs que dans les prés seigneuriaux ; de faire usage des eaux pour arroser leurs héritages, mais avec défense de creuser de nouveaux canaux sans l'autorisation de leur seigneur » (J. Roman, 1892).

Le bourg castral est installé sur un mamelon de poudingue. Côté est, l'escarpement naturel a été complété par un haut mur taluté venant conforter une enceinte de maisons-rempart. A la base de ce mur, on remarque quelques assises en petit appareil de moellons équarris et d'autres en appareil oblique de galets parfois alterné. Côté nord, il semble qu'un rempart existe à mi-pente, en contrebas de la rue de Mison et coupé par elle, et se poursuivant en dominant la rue des Granges. Il a été rencontré dans une ferme riveraine, séparant les celliers de deux bâtiments qui lui sont adossés (voir dossier IA05001438).

Vue de situation prise du nord-ouest.Vue de situation prise du nord-ouest. Enceinte de maisons-rempart, au nord-est du bourg castral.Enceinte de maisons-rempart, au nord-est du bourg castral. La route de Mison et le départ de la rue des Granges, au nord-est du bourg.La route de Mison et le départ de la rue des Granges, au nord-est du bourg.

Cet éperon est défendu au sud par le château, précédé d'un glacis aménagé en plate-forme extérieure et muni d'une porte fortifiée (voir dossiers IA05001459 à IA05001462). Ce dispositif est complété à l'ouest par un rempart consistant en « une muraille épaisse et un fossé » que suit l'actuelle rue du Barri, et des maisons ont ensuite été adossées des deux côtés de ce mur. « Une porte était ouverte sur la Placette », anciennement appelée « porte du Barri », qui « a été démolie seulement en 1638 ou 1640 ». A l'extrémité sud de ce rempart, dominant les jardins, subsiste encore partiellement « une tour ronde qui flanquait un angle » (J. Roman, 1892).

Le parement intérieur du rempart, au sud-ouest du bourg castral.Le parement intérieur du rempart, au sud-ouest du bourg castral. Parement extérieur du rempart à l'ouest du bourg castral, à proximité de la tour ronde (actuelle médiathèque).Parement extérieur du rempart à l'ouest du bourg castral, à proximité de la tour ronde (actuelle médiathèque).

Une autre tour circulaire, datée du XIVe siècle, existe à peu près au milieu de ce rempart, auquel elle est reliée par un mur perpendiculaire. Cette tour « faisait peut-être partie d'une porte d'accès au bourg » (M.-P. Estienne et N. Nicolas, 1999) et à cet endroit le rempart dispose de hautes archères visibles dans l'actuelle médiathèque. Une autre porte s'ouvre au niveau de l'androne du Mauriou, passage au débouché duquel était installée l'église. Le terrier de 1755 précise que la maison mitoyenne de cette église est restée le presbytère de Ribiers jusqu'au début des années 1750 et il nomme l'ancienne église « l'Eglise Vieille ». Aujourd'hui encore subsistent les vestiges d'un pan de mur en maçonnerie de moellons assisés et chaîne en pierre de taille, ainsi que le départ d'un petit clocher.

La tour ronde en avancée du rempart, à l'ouest du bourg castral.La tour ronde en avancée du rempart, à l'ouest du bourg castral. Passage couvert de l'androne du Mauriou, au nord-est du bourg castral.Passage couvert de l'androne du Mauriou, au nord-est du bourg castral. Vestige de l'ancienne église, au nord-est du bourg castral.Vestige de l'ancienne église, au nord-est du bourg castral.

L'agglomération sort de ses murs au moins au XVe siècle, si ce n'est avant, en s'installant sur l'échine qui reliait l'éperon de poudingue au reste du versant. Anciennement appelée « le Serre », cet axe correspond aux actuelles rues de l'Eglise et du Château. Quelques éléments en remploi témoignent de cette époque, notamment un linteau sculpté de volutes installé dans la maison donnant dans le jardin bordant la place du Jeu de Paume, ou d'autres encadrements à accolade profonde. Il est probable que dès cette époque un quartier agricole se développe à proximité des aires à battre (actuelle école). Cette disposition disjointe du reste de l'habitat est fréquente dans les agglomérations rurales médiévales, notamment pour limiter les risques d'incendie (stockage du foin éloigné des maisons).

Le développement de l'agglomération : la période moderne

L'aménagement de l'actuelle place de la Fontaine remonte à la première moitié du XVIe siècle. C'est à cette époque que le seigneur a « concédé et albergé aux habitants » ce qui est alors appelé la « place du Serre » (J. Roman, 1892). L'organisation de ce nouvel espace urbain, traversé par l'importante voie de communication Laragne-Sisteron, va bouleverser la physionomie du bourg. Installée entre l'agglomération médiévale et son quartier agricole disjoint sous les aires à battre, cette place permet à la fois une continuité urbaine tout en créant un nouveau pôle socio-économique hors les murs. Située à l'opposé de l'emplacement du bourg castral, son développement va peu à peu aboutir à l'abandon relatif de l'habitat du site castral. Celui-ci se dégrade ensuite lentement, au point que toute une partie ruinée et totalement délaissée sera rasée peu après le milieu du XXe siècle.

Au début du XVIe siècle donc, désirant aménager cette place, « la communauté la fit niveler et, sans en demander l'autorisation au seigneur [Aymar de Grolée], elle y fit amener les belles eaux qui en font aujourd'hui l'ornement. Ces eaux étaient propriété seigneuriale, et il fut enjoint aux consuls de renoncer à s'en emparer et de cesser leurs travaux ». Afin de ne pas être obligés de détruire la fontaine, les consuls offrirent, « en compensation, d'en conduire les écoulements jusque dans [le] château », et ils firent construire « un ruisseau [qui] amena le trop plein de la fontaine jusque dans la cour du château, et on l'utilisa, depuis lors, pour l'arrosage des jardins et des prés seigneuriaux ». A la suite de cet arrangement, « la grande place fut immédiatement complantée d'ormeaux, qu'on arrosait et qu'on protégeait soigneusement ; en 1580, ils étaient déjà forts beaux ». En 1594, des réparations sont faites aux canalisations de la fontaine (J. Roman, 1892).

De nouvelles constructions sont alors installées sur les quatre côtés de la place. Il s'agit de maisons assez standardisées comprenant un sous-sol décaissé dans le substrat, un rez-de-chaussée, un ou deux hauts étages carrés et un étage de comble. Leur façade est marquée par une travée centrale constituée d'une ou deux grandes baies à croisée. Une porte est aménagée dans l'angle de la façade, avec un piédroit servant en même temps de base à la chaîne d'angle.

[Ribiers. Vue aérienne de la place de la Fontaine prise du nord], années 1930.[Ribiers. Vue aérienne de la place de la Fontaine prise du nord], années 1930. [Ribiers. La place de la Fontaine vue du sud], années 1910.[Ribiers. La place de la Fontaine vue du sud], années 1910. Place de la Fontaine, vue prise du sud-est.Place de la Fontaine, vue prise du sud-est.

Au-delà de la place de la Fontaine, le bourg s’agrandit à cette époque de nouvelles constructions. Au nord, les îlots bâtis épousent la pente qui domine le Riou de Clarescombe, séparés les uns des autres par des passages étroits et raides. Au sud, la pente moins marquée semble avoir été progressivement gommée par l'extension urbaine. Ce phénomène se reconnaît dans les sous-sols des maisons : sur la place de la Fontaine et dans l'axe du Serre, ces caves sont creusées – plus ou moins complètement – dans le poudingue en place, hormis les voûtes qui sont systématiquement maçonnées. En revanche, les caves situées dans les îlots qui bordent la grande rue menant à Sisteron font beaucoup plus appel à la maçonnerie, et le substrat apparaît seulement comme soubassement. Il est donc probable que dans ce secteur, l'actuelle hauteur des rues soit le résultat d'une élévation artificielle du niveau du sol.

Quant à lui, le château est agrandi et remanié avec la construction d'un bâtiment à colombages dont l'assemblage « atteste une construction du XVIe-XVIIe siècle » (M.-P. Estienne et N. Nicolas, 1999). Cette densification urbaine se retrouve aussi dans la construction de maisons en encorbellement afin d'augmenter au maximum les surfaces habitables. Des représentations anciennes montrent qu'au moins une maison de ce type existait rue du Château jusqu'aux années 1950. De nombreux éléments d'architecture témoignent de cette époque ; encadrements, dates portées des XVIe et XVIIe siècles, etc. Il est probable que la plupart des caves en sous-sols existantes sous les maisons aient été creusées dès cette époque.

[Ribiers. La rue du Château vue de l'ouest], années1930.[Ribiers. La rue du Château vue de l'ouest], années1930. [Ribiers. La rue du Château vue de l'est], années 1930. [Ribiers. La rue du Château vue de l'est], années 1930.

En même temps, l'organisation communautaire se développe. Ainsi, en 1578, la communauté, via ses consuls, donne à ferme la boucherie de Ribiers sous certaines conditions, notamment d'hygiène et de qualité (P. Faure, 2014). Dans les années 1580-1590, la communauté entretient « deux maîtres et deux maîtresses d'école, deux champiers ou gardes champêtre, deux gardes-vignes, un prayer ou conducteur d'eau, un valet de ville, un glandier ou berger chargé de conduire les porcs des habitants dans les bois de chênes ». En outre, elle verse « des subventions à un médecin, un apothicaire, deux sages-femmes et un horloger chargé d'avoir soin de l'horloge publique ». Le four banal est attesté dès 1605 et c'est la communauté qui l'entretient (J. Roman, 1892). D'après cet auteur, il est déjà fait mention de « joueurs de paume » à Ribiers en 1583 et ce jeu est encore pratiqué au début des années 1890.

Mais la fin du XVIe siècle est aussi très fortement marquée par les conflits religieux qui éclatent entre catholiques et protestants.

Dès 1562, il est fait mention d'un protestant condamné à mort et brûlé à Ribiers et, à l'été de cette même année, le siège de Sisteron par les catholiques entraîne des pillages dans les localités voisines, accomplis par les deux partis. En 1580, pendant le siège de Pomet effectué par le protestant Gouvernet, Ribiers doit fournir du pain et de la viande aux assiégeants. Dans les années 1580, Blaise Penchinat, capitaine protestant de Sisteron, s'empare d'Antonaves et garde cette seigneurie pendant de longues années, se faisant appeler « M. d'Antonaves ». Dans le même temps, Pierre-André Chervas, capitaine catholique se faisant appeler « capitaine Marquis », établit son quartier général à l'actuelle ferme de la Marquise, qui tire son nom de cet événement. Ribiers se trouvant situé entre ces deux partis, les heurts sont fréquents (J. Roman, 1892).

Durant cette même décennie, de nombreuses troupes armées font halte à Ribiers, au frais de la communauté et la rançonnant éventuellement. La ville étant largement sortie de ses fortifications, elle ne peut opposer de résistance à ces occupations. Cette situation est à la fois un inconvénient et un avantage car cela lui évite d'être détruite. A chaque fois, les consuls tentent de « faire déloger les soldats au plus vite, gratis si c'est possible, en payant s'il le fallait. Ils sont obséquieux avec les capitaines, leur font des cadeaux d'étoffes, d'argent et de gibier, leur servent des dîners succulents […] du velours cramoisi, des coqs de bruyère, perdrix, chapon, cochons de lait, vins de Châteauneuf... […] On donne, en 1584, deux écus d'or aux fifres et tambourins d'une compagnie, pour les engager à battre le plus tôt possible le rassemblement et le départ. […] En 1588, la commune fournit des mulets pour conduire au château de La Chau une cargaison d'orange (fruit alors très rare) que Gouvernet a eu l'art de se procurer gratis en Provence et qu'il envoie à sa femme ». En 1597, « on offrit à Gouvernet un boisseau d'apprune pardigonnes ». La communauté emprunte de l'argent où elle peut, et notamment auprès des capitaines qui la rançonnent et qui, après la guerre, revoient leurs créances largement à la baisse (J. Roman, 1892).

C'est dans ce contexte que le capitaine protestant Lesdiguière séjourna à de multiples reprises à Ribiers. En septembre 1586, il y concentre ses troupes avant la bataille d'Esparron, puis il s'y réinstalle d'avril à août 1589, avec sa compagnie, pour mener des attaques en Provence. En 1591 il y revient quatre fois, dont une fois pour une conférence avec le capitaine catholique La Valette, qui débouche sur un traité d'alliance, et en 1593, il impose à la communauté d'envoyer des pionniers pour fortifier les cols du Queyras. En 1594, il séjourne un mois à Ribiers pour une négociation, infructueuse, avec le Duc d'Epernon qui occupe Mison et Sisteron, puis, en novembre 1595, il y rassemble à nouveau ses troupes avant d'emporter l'assaut de Sisteron et de la Baume-lès-Sisteron (J. Roman, 1892).

Finalement, en 1616, le synode de Dieulefit ordonne la création d'une église protestante à Laragne, à laquelle Ribiers est rattaché, car « il n'y eut jamais à Ribiers ni temple, ni ministre protestant à poste fixe ». En août 1625, la communauté de Ribiers acquiert, pour 54 livres, un jardin que possède le sire Henry Gontin, "vice-juge" de Ribiers à l'ouest de sa grange (AD Hautes-Alpes, 1 E 5399, f°67v°-69r°, 3 E 6285, notes de lectures de registres notariés et annotation sur une éclipse totale de soleil en août 1842). Il doit servir jusqu'à le révocation de l'Edit de Nantes puisque, à l'instar d'autres communautés des environs, les registres paroissiaux de l'année 1685 mentionnent plusieurs abjurations. Le terrier de 1755 en conserve la trace en mentionnant au quartier du Ponteillard un « jardin quétoit Cimetière des Huguenots » (parcelle 1196) et sa mémoire est encore évoquée à la fin du XIXe siècle.

En 1751, la comtesse de Ribiers offre une rente de 1000 livres pour fonder une école de filles dirigée par « des sœurs grises » (J. Roman, 1892).

Evolution urbaine, du milieu du XVIIIe siècle à nos jours

Le terrier de 1755

Les données de ce document indiquent que le bourg de Ribiers (plan 7) compte alors 197 maisons.

Ce document détaille la composition de certaines d'entre elles : 28 possèdent une écurie ou étable, 17 une grange, 8 un cellier ou une cave. Environ 12 % des maisons sont possédées en multipropriété, généralement partagées entre le propriétaire d'une partie basse appelée « rez terre » et celui d'une partie haute nommée « part du ciel ». En quelques rares cas, une même maison peut être possédée par trois personnes.

De nombreux bâtiments agricoles indépendants existent également : 47 granges et écuries ou étables, 16 écuries ou étables seules, 2 « étables à pourceaux »... Au titre des constructions agricoles, on relève également deux pigeonniers, dont un en mauvais état qui appartient au seigneur le marquis du Muy (parcelle 804) et l'autre qui est installé au dernier niveau d'une maison particulière (parcelle 1113), ainsi qu'un « chasal et étable quétoit pigeonnier » (parcelle 981) lequel appartenait anciennement à M. de Bressieux, précédent seigneur.

Le stockage du fumier est évoqué avec l'existence de deux « réserves pour le fien » et une « place pour le fien ». De rares particuliers possèdent un espace libre privé : « placeage » ou « basse cour ». De façon plus anecdotique, on relève un « pavillon » (parcelle 1091) et un bûcher (parcelle 1128).

Un Hôpital est également mentionné, qui possède trois maisons (parcelles 862, 986 et 989), l'une équipée d'un « sellier ». Deux d'entre elles sont « données en pension » à des particuliers. En outre, on observe que plusieurs propriétaires ont acquis leur bien – maison, jardin ou pré – de cet Hôpital.

Ce terrier indique quelques toponymes situés aux marges du bourg. Ainsi, le quartier de Pontillard est localisé en aval du pont sur le Riou de Clarescombes, en rive droite. Sur cette même rive mais en amont du pont, le quartier est appelé le Pré de Lôche au-dessus du canal du moulin, et Berlandier en dessous. Le grand pré situé entre le cimetière de l'époque (actuelle place de l'Eglise) et la ferme de la Toscane est appelé Pré Lombard, bordé au sud par un autre pré nommé Pré de la Dame. Enfin, à l'entrée sud du bourg se trouve le Clot du Seigneur.

Plans visuels de la terre et seigneurie du Bourg de Ribiers, 1755. Plan 7.Plans visuels de la terre et seigneurie du Bourg de Ribiers, 1755. Plan 7. Plans visuels de la terre et seigneurie du Bourg de Ribiers, 1755. Plan 7. Détail de la place de la fontaine.Plans visuels de la terre et seigneurie du Bourg de Ribiers, 1755. Plan 7. Détail de la place de la fontaine.

Transformation pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle

Au milieu du XVIIIe siècle, l'organisation urbaine du bourg est déjà aboutie et ne variera guère ensuite. Malgré les déformations de son dessin, le plan du terrier de 1755 montre en effet une superficie bâtie similaire à celle du plan cadastral de 1823, à quelques nuances près : moins de bâtiments dans le quartier proche des aires à battre, cimetière implanté au sud de l'église, etc. De même, le parcellaire a peu évolué entre ces deux époques, hormis naturellement les biens seigneuriaux qui ont été saisis et vendus à la Révolution.

En revanche, la propriété de nombreuses maisons a changé entre ces deux dates, alors que d'autres restent la possession des mêmes familles. Cette relative facilité de la mutation des bâtiments se retrouve également dans la matrice cadastrale du XIXe siècle, certaines maisons changeant de propriétaire régulièrement et parfois pour seulement quelques années.

Néanmoins, si la structure de l'agglomération est fixée dès la première moitié du XVIIIe siècle, il n'en est pas de même pour son architecture. En effet, à partir des années 1740 et pendant tout le reste de ce siècle, le bâti a été largement remanié, embelli et mis à la mode. Les exemples les plus remarquables se trouvent tout autour de la place de la Fontaine, où la plupart des maisons présentent des façades régulièrement percées d'ouvertures en arc segmentaire, tout à fait caractéristiques de toute la seconde moitié du XVIIIe siècle. Toutefois, une observation rigoureuse des élévations montre que seules les ouvertures ont été rectifiées et que l'on trouve des éléments de la Renaissance, conservés en place. Ainsi, plusieurs portes chanfreinées possèdent des encadrements qui forment également la base de la chaîne d'angle. Lors de travaux de restauration, les façades révèlent les grandes baies à croisées qui équipaient à l'origine ces maisons, murées et repercées. D'ailleurs, une maison de l'îlot occidental de cette place montre encore la disposition et la taille de ses baies originelles, bien que celles-ci aient été transformées et couvertes en arc segmentaire (voir dossier IA05001477).

En 1793, « l'hôpital est supprimé, les écoles des sœurs fermées, les biens de la fabrique et de la cure vendus » (J. Roman, 1892). Les biens seigneuriaux sont également confisqués et vendus à des particuliers : les anciens bâtiments du châteaux sont lotis et partagés, ainsi que toutes les terres agricoles. C'est de ce partage que découle l'actuelle physionomie des jardins installés au pied sud du bourg, et le parcellaire très découpé du quartier des Bas-Prés.

Le cadastre de 1823

Ce document dénombre 190 maisons dans le bourg de Ribiers, et environ 12 % d'entre elles sont accompagnées d'une cour. Ce document totalise également 81 bâtiments agricoles désignés comme « écurie », quatre étant accompagnés d'une cour, et trois « masures ».

En 1882, la mise à jour des propriétés bâties illustre l'exode rural et la baisse de la pression démographique. Plusieurs maisons sont déclassées, passant d'un statut d'habitation à celui de bâtiment agricole, avec au moins une dizaine d'exemples au bourg de Ribiers (mutations effectuées entre 1855 et 1882). De nouvelles constructions sont toutefois réalisées, par exemple le long de la grande rue menant à Sisteron.

Ce document précise aussi quelques toponymes. L'ensemble de l'agglomération est désignée sous l'appellation générique « le Bourg ». On retrouve logiquement une référence à l'ancien domaine seigneurial dans les quartiers du « Château », de « dessous le Château », les « Jardins du Château », les « Vignes du Château » ou à « l'Enclos » situé à la périphérie sud du bourg (ce dernier toponyme existe toujours avec le « Lotissement de l'Enclos »). La lisière sud-ouest de l'agglomération s'appelle « la Plane ». Le micro-toponyme « la Chapelle » se réfère à l'ancienne chapelle des Pénitents (actuelle mairie). Le quartier du « Barlandier » correspond à la rive droite du Riou de Clarecombes, en amont du pont. Au nord-est on trouve « le Moulin » et le « Pré du Moulin ». Un petit quartier situé au-dessus de ce moulin s'appelle « Sous les Granges ». Enfin, le pied oriental du bourg est nommé « le Verger ».

Colorisation selon la nature des parcelles sur fond de plan cadastral de 1823, section E2. Echelle d'origine 1/1250e.Colorisation selon la nature des parcelles sur fond de plan cadastral de 1823, section E2. Echelle d'origine 1/1250e. Colorisation selon la toponymie cadastrale sur fond de plan cadastral de 1823, section E2. Echelle d'origine 1/1250e..Colorisation selon la toponymie cadastrale sur fond de plan cadastral de 1823, section E2. Echelle d'origine 1/1250e.. 58. Environs de Sisteron. Ribiers. Quartier du Château, après 1905.58. Environs de Sisteron. Ribiers. Quartier du Château, après 1905. Jardins au sud du bourg castral.Jardins au sud du bourg castral.

Les XIXe et XXe siècles

A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, quelques rares maisons pavillonnaires sont construites en périphérie sud du bourg, isolées dans un jardin clôt. En même temps, de nombreuses façades sont rénovées à cette époque, avec des enduits à la tyrolienne caractérisés par l'ajout de décors : fausses chaînes d'angle, faux encadrements, cadre de façade, etc.

A partir du milieu du XXe siècle, l'eau courante et un système d'égout sont installés, ainsi que des bornes-fontaine. Deux bac-lavoirs sont installés au quartier du château, au fond d'une ruelle devenue impasse.

Lavoir au quartier du Château (détruit en 2018).Lavoir au quartier du Château (détruit en 2018). Borne fontaine, rue du Château.Borne fontaine, rue du Château.

La dynamique de dispersion du bâti s'amplifie au cours du XXe siècle, et notamment à partir de la fin des années 1950 avec l'installation des premières maisons dans les lotissements au sud de Ribiers. Ce quartier accueillera de plus en plus de constructions, jusqu'à apparaître entièrement bâti entre le bourg et le ravin de Notre-Dame des Faysses au début du XXIe siècle.

[Vue aérienne du bourg de Ribiers et des lotissements prise du sud], années 1970.[Vue aérienne du bourg de Ribiers et des lotissements prise du sud], années 1970. Vue d'ensemble prise du sud-ouest, au premier plan le cimetière à l'emplacement de l'ancienne chapelle N-D-des-Faysses.Vue d'ensemble prise du sud-ouest, au premier plan le cimetière à l'emplacement de l'ancienne chapelle N-D-des-Faysses.

Dès l'Antiquité, le site de l'actuel bourg de Ribiers est habité. Un bourg castral s'y développe au moins à partir du XIIIe siècle, qui remplace progressivement les anciens sites perchés de Saint-Etienne, Creyssint et Château-Giraud. Cette installation accompagne la construction d'un château, placé dans une situation naturelle favorable, offerte par un éperon de poudingue dominant le lit majeur du Buëch.

L'agglomération sort de ses murs sans doute dès le XVe siècle, en s'installant sur l'échine qui reliait l'éperon au reste du versant et anciennement appelée « le Serre ». L'urbanisme actuel se met en place dès le XVIe siècle, avec la création de la place de la Fontaine et la poursuite des constructions ; les plus anciennes dates portées relevées sur des maisons sont de 1555 et 1571. Au nord du bourg, les îlots bâtis épousent la pente qui domine le Riou de Clarescombe, séparés les uns des autres par des passages étroits.

L'organisation du bourg est déjà presque complète au milieu du XVIIIe siècle et ne varie guère ensuite. En revanche, l'architecture a été largement remaniée à partir du milieu du XVIIIe siècle, étant embellie et mise à la mode. A partir du milieu du XIXe siècle, l'exode rural et la baisse de la pression démographique se fait ressentir sur le tissu urbain, où plusieurs maisons d'habitation sont transformées en bâtiments agricoles. Néanmoins, d'autres bâtiments sont ajoutés, notamment le long de la route de Sisteron, et les façades de nombre de maisons sont rénovées à cette époque.

C'est le long de cet axe que se développe à partir du milieu du XXe siècle l'installation de plusieurs lotissements regroupant des maisons pavillonnaires.

  • Période(s)
    • Principale : Antiquité
    • Principale : Moyen Age
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : Epoque contemporaine

Le bourg de Ribiers est situé en rive droite du Buëch, dominant la confluence du Riou de Clarescombe à une altitude d'environ 520 mètres. Il est installé en contre-haut d'une rupture de pente naturelle limitant le lit majeur du Buëch, sur un affleurement de poudingue.

Il est organisé en îlots de bâtiments mitoyens, généralement non traversants et comportant de trois à quatre niveaux d'élévation, séparés par des ruelles étroites. Dans la partie nord-est du bourg (versant regardant le Riou de Clarecombes et dans une moindre mesure les quartiers du Château et du Barri), l'urbanisme est caractéristique des bourgs de haute Provence, avec des îlots qui s'étalent entre deux rues perpendiculaires au sens de la pente, reliées par des passages raides et étroits. Presque toutes les maisons de ce quartier comportent un ou deux étages de soubassement. C'est aussi dans cette partie que l'on trouve deux passages couverts, l'un à l'androne du Mauriou et l'autre au Ponteillard.

Ailleurs dans le bourg, que ce soit sur le Serre, autour de la place de la Fontaine ou en direction de l'actuelle mairie, la pente est beaucoup moins marquée. On retrouve toujours des îlots séparés par des ruelles, mais les bâtiments ne comportent plus d'étage de soubassement. En revanche, ils possèdent pour la plupart un sous-sol accueillant un cellier et une cuve vinaire.

Deux quartiers à vocation plus agricole se trouvent en périphérie immédiate de l'agglomération. L'un est situé à l'entrée nord-est du bourg, et l'autre immédiatement en contrebas des anciennes aires à battre publiques (actuelle école). Les données de 1755 et 1823 montrent qu'à ces époques on trouvait aussi une concentration de bâtiments agricoles mêlés à des habitations dans les îlots situés entre l'église et l'actuelle mairie.

On relève également la présence d'un îlot de petits bâtiments mitoyens installé au sud de l'ancienne ferme appelée la Toscane. Cet ensemble bâti paraît très déconnecté du reste de l'agglomération. Il semble que ces constructions aient toujours été destinées à l'habitat. Dès 1755, elles sont mentionnées comme maisons, l'une d'entre elle appartenant à cette époque à un dénommé TOSCAN André. L'appellation de la ferme voisine découle très probablement de ce patronyme.

Quant à la place de la Fontaine, son caractère urbain est renforcé par le passage de la grande route joignant Sisteron à Laragne et sa position de carrefour. Installée entre le faubourg du Serre et le quartier agricole des aires à battre, à l'opposé du château seigneurial, elle constitue une réelle place hors-les-murs au pied du clocher. Sa relative homogénéité architecturale découle à la fois de la création communautaire de la place dans la première moitié du XVIe siècle et d'une reprise quasi-générale des percements et des façades au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents d'archives

  • Archives privées du Domaine des Îles à Ribiers. 1787-1923.

  • Matrices cadastrales de la commune de Ribiers. 1823-1911. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 1169 à 3 P 1172.

Bibliographie

  • ESTIENNE, Marie-Pierre ; NICOLAS, Nathalie. Châteaux médiévaux des Hautes-Alpes. Gap : Les Amis des Archives des Hautes-Alpes / Librairie des Hautes-Alpes (Les Cahiers du patrimoine Haut-Alpin, 1), 1999.

  • FAURE-VINCENT, David, FAURE, Pierre. Le Terrier de Ribiers, 1755. Lettre aux amoureux du patrimoine n° 63-64. Serres : Association départementale de sauvegarde du Pays du Buëch & des Baronnies, 2014.

  • GANET, Isabelle. Carte archéologique de la Gaule. Les Hautes-Alpes. Paris : Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Ministère de la Culture, Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Fondation Maison des sciences de l'homme, 1995.

  • GUILLAUME, Paul (abbé). Recueil des réponses faites par les communautés de l'élection de Gap au questionnaire envoyé par la commission intermédiaire des États du Dauphiné (fin 18e siècle). Dans Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, 1908.

  • ROMAN, Joseph. Répertoire archéologique du département des Hautes-Alpes. Paris : Imprimerie nationale, 1888.

  • ROMAN, Joseph. Histoire de Ribiers, chef-lieu de canton du département des Hautes-Alpes. Gap : Imprimerie J.-E. Richaud, 1892. 72 p.

Documents figurés

  • Plan de la terre et seigneurie du bourg de Ribiers, 1755 / Encre et aquarelle sur papier, 1755-1758. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : F 2214.

  • Plan cadastral de la commune de Ribiers. / Dessin, encre et lavis par Martel et Martin, géomètres, 1823. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 1167 à 3 P 1168.

  • [Ribiers. Route de Sisteron ou Grand'Rue]. / Carte postale, Louis Bonnet éditeur à Gap, collection Meffren, buraliste, années 1900. Collection D. Vanucci.

  • 58. Environs de Sisteron. Ribiers. Quartier du Château. / Carte postale, cliché et édition Clergue. Librairie moderne Sisteron. [après 1905]. Collection D. Vanucci.

  • Hautes-Alpes. Ribiers (520 m) Vue générale prise de l'est. / Carte postale, édition Pellegrin à Ribiers, vers 1905-1910. Collection D. Vanucci.

  • Ribiers (Hautes-Alpes). Vue générale (Côté du nord). / Carte postale, années 1900 [timbre émis en 1907]. Collection D. Vanucci.

  • [Ribiers. La place de la Fontaine vue du sud]. / Aquarelle, années 1910. Collection particulière.

  • [Ribiers. La place de la Fontaine et la rue des Ecoles.] / Aquarelle, années 1910. Collection particulière, Ribiers.

  • Les Alpes Provençales. Vue générale du village de Ribiers (Hautes-Alpes). [Vue prise du sud-ouest / Carte postale, années 1910 [cachet de la poste 1921]. Collection D. Vanucci.

  • [Ribiers. Vue aérienne de la place de la Fontaine prise du nord]. / Photographie noir et blanc, années 1930. Mairie de Ribiers.

  • Les Alpes. Ribiers. Place Lepeintre. L'Eglise. / Carte postale, années 1930. Collection D. Vanucci.

  • [Ribiers. La rue du Château vue de l'ouest]. Dessin de Paul Garçin, années 1930. Collection particulière.

  • [Ribiers. La rue du Château vue de l'est]. / Peinture de Paul Garçin, années 1930. Collection particulière.

  • Les Alpes. 2075. Ribiers. Entrée par Sisteron. / Carte postale, années 1930. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 7 Fi 629.

  • 2076. Ribiers. Avenue de Sisteron. / Carte postale, années 1930. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 7 Fi 628.

  • [Ribiers. Route de Mison au nord-est du bourg.] / Carte postale, marque ESE, années 1950. Collection D. Vanucci.

  • [Ribiers. Vue aérienne d'une partie de la place de la Fontaine prise depuis le nord-est]. / Carte postale, années 1950. Collection D. Vanucci.

  • [Vue aérienne du bourg de Ribiers et des lotissements prise du sud]. / Carte postale, Editions Combier Imprimeur à Mâcon (CIM), années 1970. Collection D. Vanucci.

  • [Vues de Ribiers]. / Carte postale, années 1980. Collection D. Vanucci.

Annexes

  • Propriétés communales du bourg de Ribiers d'après les documents anciens
  • Activités artisanales et commerciales dans et à proximité du bourg de Ribiers, d'après les documents anciens
Date d'enquête 2018 ; Date(s) de rédaction 2018
(c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général