Dossier d’œuvre architecture IA04003111 | Réalisé par ;
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique
Village de Beauvezer
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Beauvezer
  • Lieu-dit
  • Adresse
  • Cadastre 1827 D  ; 2020 D

Le village dont la fondation pourrait remonter à l'Antiquité est implanté à l'adret, en fond de vallée, sur un replat bordé d'une falaise qui domine le lit du Verdon et qui devait servir de rempart naturel.

A la fin de l’Empire romain, la haute vallée du Verdon dépend de la civitas et de l’évêché de Thorame. Beauvezer, en latin Belloviderium en lien avec la vue depuis le village, est situé dans le diocèse de Senez et dans la viguerie de Colmars. En 1390, la reine Marie de Blois, mère et tutrice de Louis II, roi de Sicile et comte de Provence, congratule Colmars et Beauvezer pour leur bravoure face aux attaques d'envahisseurs, en leur octroyant de nombreux privilèges tels que des exonérations fiscales, la perception de subsides pour justice rendue, le droit d'établir des moulins et jardins sans autorisation et exonérés du cens, et l'exemption de droits de passages pour les troupeaux transhumants et les marchandises dont le sel.

L'encyclopédiste Claude-François Achard mentionne la présence d'une tour et d'une enceinte médiévales qui sont détruites au cours du 18e siècle par ordre du Prince Charles de Lorraine, et dont il ne subsiste aujourd'hui aucun vestige.

Au cours de l'époque moderne, le village subit plusieurs incendies. Celui de septembre 1728 le détruit presque en totalité. Seule une maison est épargnée sur environ une centaine. La chapelle Saint-Joseph et la chapelle des Pénitents blancs, bien que dissociées de l'agglomération, sont à terre. Une église paroissiale sous le vocable de Notre-Dame-de-l'Assomption sera construite à l'emplacement des deux anciennes chapelles, en 1865, sur un plan réalisé par l'architecte dignois Raymond.

Sur les matrices du cadastres de 1828 on dénombre dans la section D qui correspond au village, 104 propriétés bâties dont 81 maisons, 26 bâtiments à usage agricole, un presbytère et une maison commune. Lors de l'enquête, 75 maisons ont été repérées. Les bâtiments à usage agricole ont presque tous été réaménagés en habitations au cours de la seconde moitié du 20e siècle.

Au cours du 19e siècle se développe une industrie lainière avec la création de plusieurs moulins à foulons et usines textiles en périphérie du village. On note parmi les plus importantes créées au cours de la première moitié du 19e siècle, la grande draperie Auguste Trotabas fondée en 1836, la draperie Pierre Roux, en 1837, la draperie Engelfred de Blieux, la draperie Derbez et la draperie Pierre Giraud. En 1857, on dénombre 145 ouvriers employés dans les 5 principales fabriques. Cette activité disparaît progressivement à partir de la fin du 19e siècle. En 1856, un nouveau cimetière est projeté hors agglomération dans le quartier de La Grave. En 1863, le village ainsi que le hameau de Villars-Heyssier possèdent une école primaire.

L'industrie lainière est remplacée par le tourisme climatique qui se développe au début du 20e siècle avec l'apparition de plusieurs hôtels parfois aménagés dans d'anciens locaux industriels comme c'est le cas pour L'Alp-Hôtel dont une partie est située dans l'ancienne draperie Giraud, ou dans d'anciennes maisons de notables tel que l'hôtel du Belvédère situé à l'entrée sud du village, rue du Barry, créé dans l'ancienne maison de l'industriel Engelfred de Blieux (2021 D 341). En 1925, la commune de Beauvezer est classée station touristique et climatique par l'Institut de médecine. D'autres établissements verront le jour non loin du chef-lieu comme l’hôtel du Verdon, le Novelty-Hôtel ou l'hôtel La Clairière. Cette activité touristique disparait peu à peu au cours de la seconde moitié du 20e siècle avec la fermeture de la quasi totalité des hôtels.

  • Période(s)
    • Principale : Antiquité, Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Le village de Beauvezer est implanté au pied de la montagne de Chamatte, sur un replat situé à l'adret qui surplombe le lit du Verdon. Il est constitué d'une agglomération en tas et d'une église isolée séparée par un terrain communal non bâti qui peut faire office de lieu de rassemblement. L'agglomération est circonscrite au sud et au nord par deux routes convergentes : la rue du Barri et la rue des Anciens d'AFN. Une seule rue traverse le village du sud au nord : la rue Capitaine Bouscary aménagée dans la partie Est.

Les constructions, en majorité des maisons, sont alignées avec plus ou moins de régularité sur la voirie. Les rues parfois très étroites avec une largeur maximale de deux mètres ont des tracés irréguliers. On observe la présence de trois places : une, au centre, à proximité d'une fontaine et d'un lavoir, une seconde au nord dite place de La Forge, agrémentée d'une fontaine-lavoir et une troisième, à l'ouest, sans équipement. En 1828, la matrice cadastrale ne fait état d'aucun four communal. Seuls sont mentionnés un presbytère (1827 D 302) et une maison commune (1827 D 306). On observe la présence d'un passage couvert public dit androne, très étroit, aménagé sous une maison située dans la partie nord-ouest (entre 1827 D 236 et 356). L'ensemble des bâtiments qui forment l'agglomération sont regroupés en ilots constitués de deux rangées de maisons adossées à l'exception de ceux situés sur le pourtour de l'agglomération qui ne présentent qu'une rangée.

On observe la présence de quelques entrepôts agricoles disséminés dans le village avec une densité plus forte dans la partie nord. Ces bâtiments agricoles qualifiés sur le cadastre ancien de "bâtiments ruraux" sont pour la plupart des étables à mulets, des greniers à foin ou des celliers. Bien souvent plusieurs fonctions sont associées. Nombre d'entre eux abritent également une chambre qui peut être occupée par un ouvrier. Ces bâtiments appartiennent à un seul propriétaire ou sont en copropriété. Dans ce dernier cas, il est possible que la chambre serve de pied à terre à un propriétaire domicilié à l'extérieur du chef-lieu. Dans certains cas le bâtiment agricole peut être rattaché à une maison voisine ou mitoyenne. Quelques uns sont agrémentés d'une cour.

Un grand nombre de maisons a un escalier extérieur en maçonnerie, perpendiculaire ou parallèle à la façade, qui empiète sur la voirie. Environ 12 maisons ont une cour dévolue à l'entreposage. Quelques maisons implantées en lisière du village, au sud et au nord-ouest, ont un jardin attenant. Les lieux-dits La Combette et La Grave situés au pourtour de l'agglomération sont occupés par des champs.

Au cours du 20e siècle, le village a conservé sa morphologie en tas. On observe cependant l'apparition de quelques maisons isolées avec jardins, implantées sur d'anciens champs situés en périphérie. Cette densification s'est opérée principalement au nord-ouest au cours de la seconde moitié du 20e siècle. Au cours de cette période, un grand nombre de maisons a été restauré et les bâtiments agricoles, transformés en habitations. Les restaurations les plus fréquentes concernent les enduits parfois remplacés par du ciment gris, l'installation de balcons et le réaménagement des anciens fenils en pièces d'habitations.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

  • COLLIER, Raymond. Un exemple de privilèges municipaux sous l'Ancien Régime, en Provence : Colmars-les-Alpes, Allos, Beauvezer. Dans : Provence historique, tome 25, n° 100, 1975, p. 193-205.

  • VEYRET-VERNER, Germaine. L'industrie des Alpes françaises, étude géographique. Dans : Bulletin de la Société scientifique du Dauphiné, volume 62, 1947.

Documents figurés

  • Projet d'un cimetière dans la commune de Beauvezer / Dessin, 1856. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 54.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.