DESCRIPTION

1) ANALYSE GÉNÉRALE DE L'ENSEMBLE

A) Dénomination

- fonction actuelle : retable d'un autel secondaire ; fragment de retable

- thème iconographique : l'Annonciation

B) Emplacement

Bas côté sud, dernière travée retable adossé au mur est.

C) Constitution de l'ensemble

a) autel : néant

b) retable : fragment de retable architecturé, sculpté et peint.

c) position du retable : adossé et suspendu au mur est ; indépendant d'un autel récent au-dessus duquel il est suspendu ; retenu par des crochets en fer scellés au mur.

d) intégration dans le cadre architectural : aucune modification ni dans le décor ni dans la structure de l'édifice ; pas de conformité entre la structure du retable et l'architecture où il s'intègre.

e) dimensions générales : h. : 218 cm ; 1. : 184 cm.

2) RETABLE

A) Définition de la catégorie

Fragment de retable architecturé avec toile peinte centrale.

B) Morphologie

Fragment de retable sans soubassement ne comprenant qu'une seule travée et un seul niveau. La toile peinte centrale est flanquée de pilastres soutenant un entablement plat. Ni couronnement ni ailes latérales.

C) Matériaux et techniques

a) nature du matériau : entièrement en bois ; essence indéterminée. On ne sait si le bois du décor sculpté est le même que celui du bâti architectural.

b) aspect du matériau

- coloration : foncée

- texture : bois tendre

- structure de la surface : régulière

- traces d'exécution : néant.

c) polychromie : totale ; peint et doré sur assiette de plâtre aucune association de divers matériaux ; ni vernis ni badigeon.

D) Encombrement

Partiel en hauteur et largeur ; on ne peut juger de l'encombrement du retable d'origine ; fragment plat et sans aucune avancée.

E) Morphologie et structure

a) plan : plat et rectiligne.

b) élévation :

- soubassement : néant

- corps : toile peinte insérée dans un cadre à décor sculpté flanqué de pilastres latéraux à décor sculpté avec piédestaux et chapiteaux à crochets.

- entablement : plat et rectiligne ; base moulurée faisant office d'architrave ; frise décorée ; corniche légèrement saillante.

- couronnement : néant

- parties latérales : néant.

c) structure et assemblage :

- structure de chaque élément : le cadre de la toile centrale est indépendant des pilastres et de l'entablement ; les chapiteaux et les bases des pilastres sont indépendants ; l'architrave et la corniche sont indépendants de la frise

- éléments porteurs, renforts : fragment de retable maintenu au mur par deux tiges de fer sur lesquelles il s'appuie dans sa partie inférieure ; maintenu de chaque côté par deux plaques de fer scellées auxquelles le retable est vissé

- assemblages : tous les éléments constitutifs sont des planches assemblées par clous.

F) Iconographie

- introduction à l'étude de la représentation principale : toile peinte centrale : l'Annonciation

- introduction à l'étude des représentations secondaires : têtes d'anges du décor sculpté.

- caractéristiques : aucun développement d'un thème iconographique.

G) Décor

a) parti décoratif :

- superficie occupée par le décor : décor recouvrant tout le fragment de retable

- répartition, distribution des ornements : répartis symétriquement ; axes verticaux soulignés par le décor : pilastres. Axes horizontaux : entablement. Equilibre entre les axes verticaux et horizontaux.

b) caractère dominant du décor : prédominance des ornements végétaux.

c) technique, nature, emplacement exact des ornements :

- Ornements végétaux :

- catégorie : deux chutes de fruits

- emplacement : piédestaux des pilastres

- technique : demi-relief d'applique

- répartition : même disposition sur les deux pilastres mais les motifs ne sont pas rigoureusement identiques.

- catégorie : trois feuilles stylisées et aplaties

- emplacement : au-dessus des piédestaux des pilastres

- technique : sculptées dans la masse

- répartition ; même disposition sur chaque pilastre.

- catégorie : cep de vigne grimpant avec feuilles et grappes de raisin

- emplacement : sur les pilastres

- technique : relief méplat sculpté dans la masse

- répartition : symétriques mais non rigoureusement identiques.

- catégorie : rinceaux

- emplacement : frise de l'entablement

- technique : appliqués

- répartition : répartis symétriquement de part et d'autre de la figure d'ange centrale.

- Ornements figurés :

- catégorie : deux têtes d'anges ailés

- emplacement : piédestaux des pilastres, surmontant les chutes de fruits

- technique : demi-relief d'applique : ces têtes sont sculptées dans le même morceau que les chutes de fruits. Ne sont pas identiques : le traitement de leur chevelure n'est pas le même ; ils ont chacun deux petites ailes à l'emplacement du cou.

- catégorie : trois têtes d'anges ailés

- emplacement : frise de l'entablement

- technique : sculptures d'applique. Anges des extrémités traités de même façon : figures joufflues,bouche entr'ouverte, petites ailes courtes partant sous le menton. La figure centrale est plus fine : sa chevelure est plus importante et elle est encadrée de larges ailes déployées.

- Ornements géométriques :

- catégorie rangée d'oves et raies de cœur

- emplacement : cadre de la toile peinte

- technique : décor sculpté dans la masse

- répartition : décor continu.

- catégorie : autre rangée d'oves et raies de cœur

- emplacement : bord inférieur de la corniche de l'entablement

- technique : décor sculpté sur une planchette clouée à la frise.

- Ornements d'architecture :

- catégorie : rangée de denticules

- emplacement : corniche de l'entablement

- technique : chaque denticule est rapporté.

- catégorie : moulures

- emplacement : bords inférieur et supérieur des piédestaux des pilastres ; architrave

- technique : bois cloué et appliqué.

- catégorie : chapiteaux à crochets

- emplacement : pilastres

- technique bois cloué et appliqué.

H) Polychromie

Tous les éléments d'architecture et du décor sculpté sont dorés ; têtes d'anges aux carnations rosées et aux yeux noirs ; rangées d'oves et raies de cœur : oves blancs, raies de cœur rouges et dorées ; champs bleu soutenu.

I) État de conservation, remaniements, restaurations

- état de conservation : moyen ; polychromie en bon état ; bois un peu vermoulu

- remaniements : ont sans doute disparu : les ailerons latéraux, le couronnement

- restaurations : le fond bleu a sans doute été repeint.

4) PEINTURE SUR TOILE DU RETABLE L'ANNONCIATION

A) Dénomination et titre

- catégorie : peinture de retable

- genre : peinture religieuse

- appellation usuelle : l'Annonciation

B) Localisation

Corps central du retable de l'Annonciation, au fond du bas-côté sud mur est.

C) Description matérielle

a) Le support

- forme : rectangulaire verticale

- dimensions : h. : 160 cm ; 1. : 130 cm

- matériau : - nature : support textile

- texture : grain moyen et tissage serré

- nombre de lés : deux lés horizontaux

- montage de la toile : lés cousus ; coutures au tiers inférieur de la toile

- châssis type : châssis ordinaire en croix

- mode de fixation de la toile au châssis : toile clouée au châssis.

- état de conservation du support et du châssis : état général : très bon ; altération : usure de la bordure inférieure ; restauration : aucune.

b) Les techniques

- procédé : peinture à l'huile

- préparation et couches picturales

- préparation : non visible

- couche picturale d'épaisseur moyenne lisse et sans empâtement ; coups de pinceau visibles dans le détail ; semble comporter un liant oléagineux en forte proportion

- couche protectrice : vernis visible sur la partie droite du tableau.

- écran protecteur : néant.

- état de conservation des couches picturales : couche picturale intacte, ni usée, ni écaillée. Sur la partie inférieure et sur la partie droite, la couche picturale a tourné en un gris brun uniform1est-ce une préparation ou un dessous qui ressort ? Les couleurs du manteau de la Vierge, les nuages du ciel ont aussi tourné et changé de couleur. Le vernis a disparu sur presque toute la surface du tableau sauf la partie droite.

- restaurations : néant.

D) Description iconographique et formelle

a) titre : Annonciation

b) description du thème

- le lieu : espace différencié : présentation simultanée à l'intérieur et à l'extérieur

- répartition des personnages de chaque iconographie : - nombre : trois personnages : la Vierge, l'ange, la colombe de l'Esprit Saint entourée d'une couronne de petits anges voltigeant

- disposition et particularités : seuls la Vierge et l'ange Gabriel sont à la même échelle et sur le même plan

- caractéristiques de chaque personnage : - position et attitude : la Vierge est assise sur un siège posé sur une estrade et contre une table basse recouverte d'un tissu, sur laquelle est un livre qu'elle tient ouvert de sa main droite. Sa main gauche est posée sur sa poitrine. La Vierge est vue de face, mais sa tête est inclinée et elle se penche légèrement vers la droite de la composition. La Vierge est en fait dans une position tournante : appuyée contre la table, elle se rejette en arrière et le mouvement de ses jambes répond à celui de sa tête. L'attitude de l'ange s'oppose totalement à celle de la Vierge. Ses pieds sont posés sur le sol, tandis que ceux de la Vierge, assise, se perdent dans les drapés de son manteau. La Vierge est tout en longueur ; l'ange, au contraire, vu de profil, est plutôt ramassé, avec ses jambes repliées, ses ailes déployées, dont la ligne se continue dans celle de son bras gauche, offrant à la Vierge une branche fleurdelisée.

L'ange est saisi en plein mouvement : il court et se précipite pour s'agenouiller et s'oppose en cela à la Vierge, qui est assise, lisant. La figure de la Vierge trace une légère courbe, celle de l'ange au contraire est cassée, tout en angles droits (les ailes, les bras et les jambes sont perpendiculaires au corps).

Dans la partie supérieure de la toile, la colombe du saint Esprit est légèrement dissymétrique avec une aile plus haute que l'autre. L'Esprit Saint se dirige vers la Vierge et tous les anges qui bordent la nuée lumineuse qui tombe sur la Vierge sont eux aussi tournés vers la Vierge. Certains anges ne sont que de petites têtes ailées, d'autres sont vus à mi-corps.

L'intérêt reste centré sur la Vierge qui, placée sur son estrade, domine l'ange. C'est sur elle que tombe la lumière et que convergent les rayons émanant du saint Esprit. L'attitude de la Vierge, en définitive, exprime à la fois le repli, la crainte et l'acquiescement.

- caractères physiques : la ligne du corps de la Vierge forme une grande courbe. Son corps est légèrement déformé et allongé, allongement encore accru par le mouvement de son manteau, qui prolonge sa silhouette et lui donne un air de figure céleste. Son visage aux traits fins et soignés, aux paupières mi-closes, est idéalisé, mais ne présente pas d'expression particulière très marquée. Les mains de la Vierge sont fines et allongées, comme son visage et l'ensemble de sa silhouette.

A cette élongation s'oppose la figure de l'ange, bien plantée sur le sol ; on devine sous les vêtements un corps bien architecturé et l'épaule droite, laissée à découvert, montre une musculature assez puissante. Le visage de l'ange est laissé dans l'ombre.

- vêtements et attributs : les vêtements de la Vierge sont précieux ; sur sa robe serrée à la ceinture, elle porte un grand manteau revenant sous sa main droite et doublé d'hermine, qui traine sur le sol en de nombreux plis. Sur sa tête un voile.

L'ange porte une robe blanche et une tunique laissant son épaule gauche à découvert ; entre ses ailes, envolée de drapés. Là encore il y a opposition entre les longs plis parallèles des vêtements de la Vierge et les drapés mouvementés et cassés des vêtements de l'ange.

Attributs :

- le livre des Écritures que la Vierge tient ouvert de sa main droite ; la branche de lys à trois fleurs que l'ange tend à la Vierge, symbole de la triple virginité de Marie.

Autres éléments : au pied de la table sur laquelle s'appuie la Vierge, une corbeille à ouvrages avec un linge blanc.

c) composition :

- représentation de l'espace : espace à trois dimensions. Espace ouvert : aucune fragmentation de l'espace, aucune division ni séparation entre la Vierge et l'ange, entre la Vierge et le ciel. De plus, la scène qui est une scène d'intérieur (comme le montrent le carrelage, la table avec son tapis, le livre et la corbeille à ouvrage) se déroule sous le ciel et s'ouvre sur les nuées sans qu'aucune architecture ne vienne la clore ou la délimiter.

Dans la partie inférieure le carrelage n'est pas vraiment vu en perspective et son tracé ne tient pas compte des lignes de fuite. Aucune ligne d'horizon mais de subtiles imbrications entre les trois plans du tableau : Esprit Saint, Vierge, ange. La tête de la Vierge fait partie du faisceau de rayons émanant de l'Esprit Saint et les plis de son manteau se terminent en s'étalant sur le carrelage ce qui assure la liaison avec le plan où est situé l'ange.

- répartition des lignes sur la surface : la courbe du corps de la Vierge se continue dans la nuée de l'Esprit Saint et trouve son répondant chez l'ange dont la ligne du corps et de la jambe gauche est parallèle à la ligne du manteau de la Vierge dans sa partie inférieure. La nuée lumineuse émanant de l'Esprit Saint est parallèle aux ailes de l'ange. Tout cela crée un lien entre les trois personnages du tableau : la Vierge, l'ange et l'Esprit Saint.

La composition est axée sur les deux diagonales du tableau et sur un ensemble de lignes parallèles à ces diagonales. Toutes les lignes de composition sont donc soit parallèles entre elles soit approximativement perpendiculaires les unes aux autres. Ce quadrillage un peu rigide est adouci par la grande courbe du corps de la Vierge et de la nuée de l'Esprit Saint et par la courbe opposée du corps de l'ange se prolongeant dans le drapé en envolée qui passe entre ses ailes. Ce sont ces courbes et ces diagonales, la position tournante ou en spirale de la Vierge, celle de l'ange qui se referme presque sur lui même qui donnent son dynamisme et son mouvement à la composition.

- traitement des formes et de la lumière : les formes sont amples , les plis larges et soulignés par des ombres, les contours enveloppés. Le modelé est suggéré par des ombres brun-rouge et des nuances de teintes. Passages par dégradés visibles dans le détail.

d) les couleurs :

Chaudes dans l'ensemble ce qui est dû à l'importance du liant oléagineux. Coloris jaune-rouge des vêtements de l'ange, couleur jaune de la nuée et robe rouge-rosé de la Vierge. Ces teintes sont équilibrées par des couleurs plus froides : ailes blanches et drapé vert de l'ange, manteau vert et blanc de la Vierge. A gauche une note plus chaude : le tapis de la table basse. Les fonds et les ombres ont tourné au gris-brun. S'il y a des dégradés il y a aussi des oppositions de ton : le jaune doré des rayons lumineux émanant du saint Esprit s'oppose aux nuages sombres du ciel. Les couleurs des vêtements de la Vierge et de l'ange se répondent. Ils ont respectivement une robe rouge-orangé et un manteau vert ce qui contribue à mettre un lien entre ces deux figures.

e) décor et inscriptions : inscription en bas au centre : ECCE ANCILLA DOMINI.

NOTE DE SYNTHÈSE

Ce fragment de retable se rapproche d'un autre fragment de retable plat, celui de la sainte famille, dans cette même église de la Bastide, daté de 1645. Il existe aussi un retable plat dans l'église paroissiale de Vaugines (canton de Cadenet).

La toile et le retable sont du XVIIe siècle. La toile de l'Annonciation est baroque par la composition axée sur les diagonales, le dynamisme des deux personnages principaux, la chaleur du coloris, les envolées des drapés. Composition recherchée sinon raffinée. Très bonne facture de l'ensemble et surtout de la figure de l'ange saisi en plein mouvement. Son attitude rappelle celle des anges de Vouet. Les associations de couleurs complémentaires : orangé-rouge et vert des vêtements de la Vierge et l'ange sont typiques des peintres de cette époque : Vouet, La Hyre , etc.

Une des meilleures œuvres peintes du canton de Pertuis.

Ce retable pourrait avoir appartenu à la chapelle seigneuriale (autrefois située dans la troisième travée du collatéral sud) dédiée à la Vierge et aurait remplacé l'ancien retable décrit en 1632 comme vieux et complètement effacé. Il peut aussi provenir de la chapelle Notre- Dame-de-Consolation probablement, reconstruite et réaménagée entre 1639 et 1653. (Cf. IA8400029).