Dossier d’œuvre architecture IA05000176 | Réalisé par ;
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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  • inventaire topographique
prieuré Notre-Dame-de-l'Assomption, église paroissiale
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Monêtier-les-Bains (Le)
  • Commune Le Monêtier-les-Bains
  • Cadastre 1817 J1 766  ; 1970 AB 451
  • Dénominations
    prieuré, église paroissiale
  • Vocables
    Notre-Dame-de-l'Assomption

HISTORIQUE

Désigné sous les termes d'Aquislevas (les eaux courantes) dans le testament d'Abbon (739), le futur Monêtier devient alors la propriété de l'abbaye de la Novalèse (ou versant sud du Mont Cenis), unique héritière du patrice et de ce fait l'un des plus riches établissements monastiques du VIIIe siècle en Gaule. Dès le premier tiers du IXe siècle, l'abbé Ebrade, originaire d'Ambel (Isère), envoie des moines fonder un établissement où pourraient être hébergés les voyageurs affrontant le Lautaret d'où le nom de Monêtier (Monasterium), bourg qui garda ce nom après sa destruction par les Sarrazins en 916. Après la destruction de la Novalèse, les survivants se réfugient à Bréma (diocèse de Pavie).

En 1026, l'empereur Conrad le Salique confirme à l'abbé de Bréma et à ses successeurs la propriété de tous les biens et droits appartenant autrefois à la Novalèse, chef du monastère de Bréma.

En 1027, Odilon, moine de Cluny est nommé abbé de Bréma, mais peu après 1031 ce même abbé donne le monastère de Bréma en bénéfice à l'évêque de Côme, Albéric (1033-1048) qui se fait représenter à Bréma. Les moines de Bréma vont essayer de recouvrer les biens de la Novalèse.

XIIe siècle : une bulle d'Eugène III confirme à Bréma la possession, au diocèse d'Embrun, des églises du Monêtier de Briançon, Notre-Dame et Saint-Pierre avec leurs chapelles («in valle Monasterii de Briancone ecclesias Sancte Marie et Sancti Petri cum capellis suis») et au diocèse de Gap, de l'église Saint-Pierre de Romette.

En 1303, une bulle du pape Benoît XI accorde au prieur de Saint-Pierre de Romette la création à Notre-Dame du Monêtier «sur laquelle vous et personne d'autre, avez le droit de patronage», d'un prieuré simple qui restera soumis à celui de Romette. D'après ce document, le service divin n'était alors assuré au Monêtier que par un recteur et son vicaire.

Dès lors, le prieuré se maintiendra jusqu'à la Révolution suivant le sort de Romette.

Par une bulle du 1er mai 1366, Urbain V (moine profès puis abbé de Saint-Victor de Marseille) unit à Saint-Victor le prieuré de Romette et ses prieurés dont celui du Monêtier.

Les guerres de religion laissent des traces au Monêtier. En effet, le 25 août 1587, le prieuré est pris par Lesdiguières qui s'y fortifie. Le 10 septembre 1587, Le Monêtier est repris par Claveyson, gouverneur de Briançon, mais au cours de l'engagement le clocher, transformé en poudrière, explose et s'effondre (reconstruit en 1617).

Pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, des incendies fréquents éclatent dans le village ; celui de 1774 n'épargne que l'église et quelques maisons.

A la veille de la Révolution, le curé Albert (1789) dit que Monêtier est l'une des plus grandes paroisses et communautés du Briançonnais, la troisième de l'Escarton. Le prieuré disparaît à la Révolution et l'église sera classée Monument Historique par arrêté du 22 octobre 1913.

Au cours du XIXe siècle des réparations partielles seront effectuées en 1875-1877-1901, spécialement au clocher.

Dédiée à Notre-Dame de l'Assomption, l'église actuelle de la fin du XVe siècle a été précédée de monuments plus anciens dont les documents d'archives n'ont donné aucun élément.

Dès la fin du Moyen-Age, Le Monêtier est une paroisse importante où s'établissent, dans l'église paroissiale, de nombreux autels de fondations particulières, dites chapelles dont les revenus sont destinés au chapelain chargé d'y officier. Après 1490, les fondations se multiplient, fin XVe siècle le nombre de ces chapelles passe de 10 à 30.

DESCRIPTION

Situation

L'église s'élève au centre du village. Elle est isolée dans un réseau de voies publiques qui comprennent un parvis au sud, une rue à l'est, une placette au nord et une ruelle à l'0uest.

Composition d'ensemble

L'édifice forme une masse compacte et haute flanquée au nord du clocher couronné de sa flèche ; du chœur encadré de deux sacristies ; de l'appentis servant d'accès au clocher.

Elévation sud.Elévation sud. Chevet.Chevet.

Matériaux

- Maçonneries enduites visibles dans la sacristie sud partiellement décapée (blocs tout venant).

- Les supports (colonnes engagées de la nef ; contreforts ; colonnettes d'entrée de l'abside ; ébrasement des fenêtres ; tailloirs des chapiteaux du chœur) ; les arcs (arc triomphal ; arc d'entrée de l'abside ; ogives ; cinquième chapelle nord) ; les trois portails ; les corbeaux de la façade sud sont en marbre gris.

- Sont en tuf les voûtes ; les colonnettes de l'abside ; la flèche et les quatre pyramides du clocher.

- Quelques éléments épars de marbre rose.

- Plancher partout.

Structure

Église orientée à nef unique de trois travées voûtées d'ogives et chœur, plus étroit, comprenant une travée droite voûtée d'ogives et une abside à cinq pans en cul-de-four à nervures rayonnantes.

La travée droite du chœur est encadrée de deux sacristies voûtées d'ogives. Le clocher est adossé au côté nord de la troisième travée de la nef et flanqué d'un appentis hors-œuvre dont le rez-de-chaussée est comblé et dont l'étage sert d'accès au comble de la nef et au clocher (premier étage aménagé en salle d'archives ; étages supérieurs).

Les demi-colonnes qui délimitent les trois travées de la nef marquent l'emplacement des contreforts épaulant les voûtes ; ces contreforts sont très peu saillants extérieurement car dans l'épaisseur des murs nord et sud sont aménagées des chapelles profondes d'un mètre seulement groupées par deux et voûtées en plein-cintre ; à la deuxième travée, côté sud, il n'y a qu'une chapelle (occupée actuellement par un confessionnal) et l'embrasure du premier portail ; à la troisième travée, côté sud, deux chapelles étroites encadrent l'embrasure, couverte en arc segmentaire, du deuxième portail sud ; enfin la deuxième chapelle du côté nord de la troisième travée a un plan carré, voûté d'ogives, et une entrée en arc brisé à double rouleau retombant sur deux demi-colonnes.

Cette chapelle est aménagée dans le rez-de-chaussée du clocher ; une porte, dans le côté ouest, ouvre sur l'escalier pratiqué dans l'appentis.

Elévation ouest.Elévation ouest. Nef : vue axiale prise vers le choeur depuis la tribune.Nef : vue axiale prise vers le choeur depuis la tribune.

La nef est éclairée par une rose surmontant le troisième portail, côté ouest, et une fenêtre ébrasée, en plein-cintre, par travée, côté sud. Le chœur a cinq fenêtres dont trois ont un remplage (deux lancettes trilobées). Une fenêtre éclaire les deuxième, quatrième et cinquième chapelles sud, la sixième chapelle nord, et les deux sacristies (plein cintre ébrasé).

Au-dessus de la chapelle du rez-de-chaussée, le clocher est constitué d'une tour carrée dans laquelle six échelles conduisent à hauteur des cloches, au premier des deux niveaux de fenêtres géminées à double colonne en profondeur. La flèche est percée de fenêtres en quinconces sur deux autres niveaux.

Élévations

- Façade sud de la nef

Élévation à peu près régulière de trois travées séparées par des contreforts plats en retrait au deuxième niveau. Couronnement par des arcatures en plein-cintre ; trois fenêtres identiques à double ébrasement ; deux portails identiques dont l'ébrasement est orné de trois colonnettes et d'une archivolte à triple rouleau et surmontés d'un larmier retourné ; le détail de l'0rnementation distingue ces deux portails : chapiteaux séparés au premier couronnement continu de l'ébrasement au deuxième, avec de petits arcs brisés entre les colonnettes ; larmier retombant sur des épaulements horizontaux au premier, sur des culots au deuxième ; arcatures au larmier du deuxième.

Des corbeaux destinés à soutenir un auvent sont disposés à chaque travée à hauteur d'appui des fenêtres du deuxième niveau.

Les deux portails ont une inscription peinte dans le tympan :

- Premier portail : DOMUS MEA / DOMUS ADORATIONIS

- Deuxième portail : ADORATE DOMINUM / IN ATRIO SANCTO EJUS

Elévation sud, premier portail.Elévation sud, premier portail. Elévation sud, deuxième portail.Elévation sud, deuxième portail.

Au premier niveau, fenêtre rectangulaire ébrasée (première travée) deux fenêtres en plein-cintre ébrasées (troisième travée) ; sur l'arc de la troisième travée est sculptée en réserve l'inscription D. R. G., sur les piédroits de la deuxième, deux blasons :

- à gauche : écartelé en sautoir de ..... et de ..... à une épée de .....posée en pal.

- à droite : de .... au cor de .... surmonté d'une coquille de .... brisé d'un lambel de...

- Façade ouest de la nef

Le portail et la rose sont inscrits dans une travée en pierre de taille encadrée d'un larmier retombant, à hauteur de l'archivolte du portail, sur deux culots. Portail identique aux deux précédents ; les colonnettes ont des bases et des chapiteaux distincts taillés dans un bloc commun. La rose a huit sections trilobées. Pignon couronné d'arcatures en plein-cintre.

- Façade nord de la nef

Élévation de trois travées aveugles couronnées par la même bande d'arcatures que précédemment. La travée est présente le ressaut de l'appentis couronné de la bande d'arcatures en retour et percé de jours rectangulaires sur ses deux faces.

- Chevet

Élévation à cinq pans couronnés de la bande d'arcatures. Fenêtres ébrasées en plein-cintre avec remplage, sauf les deux fenêtres latérales, enduites, segmentaires et sans remplage ; la fenêtre sud-est porte sculptée en réserve l'inscription : IHS / 1607.

Pignon de la nef couronné de la bande d'arcatures et surmonté d'un clocher-arcade sans décor ; croix en fer forgé avec un coq.

- Le clocher

Tour carrée couronnée de deux niveaux de fenêtres géminées sur ses quatre faces, ouvrant sur des cordons toriques ; corniche en doucine et flèche dont les arêtes s'ornent de séries de boules. Croix en fer forgé sur la flèche et les quatre pyramides.

Clochers.Clochers. Elévation sud, troisième travée, deuxième fenêtre, côté gauche, blason sculpté.Elévation sud, troisième travée, deuxième fenêtre, côté gauche, blason sculpté.

Couverture

Toiture à deux versants portée par des fermes à faux-entraits touchant l'extrados des voûtes. Un versant sur le chevet.

Distribution intérieure

- Le décor architectural de l'édifice est simple, la sculpture proprement dite réduite à peu de choses. Les nervures des ogives de la nef, les doubleaux et les formerets viennent mourir dans les demi-colonnes et les quatre demi-colonnes des angles. Les trois clés présentent successivement :

- le monogramme IHS

- un blason, sans doute celui de Jean Baile, archevêque d'Embrun

- le blason du Dauphiné.

Le rouleau de l'arc triomphal retombe sur deux chapiteaux ornés de cabochons figurant (côté nord) des têtes grotesques ; bases toriques.

- Les nervures du chœur retombent sur des culots pyramidaux et des chapiteaux à cabochons. Clé de la travée droite figurant une croix de Malte ; celle de l'abside est ornée de feuillages.

- Fleurs de lys à la clé de la sixième chapelle nord.

- Les nervures de la nef de la sixième chapelle nord et du chœur ont cinq faces dont deux concaves ; celles de la sacristie nord ont cinq faces droites ; celles de la sacristie sud, qui retombent sur des colonnettes, ont trois tores alignés.

- Nef enduite et badigeonnée de gris avec un faux appareil peint en noir ; des sondages ont découvert des traces d'un décor peint du XVIIe ou du XVIIIe siècle et d'un décor plus ancien dans la quatrième chapelle nord.

- Dans la sacristie sud, vestiges d'un décor peint sur le mur sud et sur les chapiteaux des colonnettes d'angles dont le simple épannelage était mis en valeur par des motifs végétaux peints.

- Une tribune, accessible par deux escaliers de bois, occupe une partie de la première travée de la nef.

- Le premier étage du clocher est aménagé en salle d'archives. Il est enduit et blanchi et a été rénové en 1983. Porte en plein-cintre avec chambranle plâtré. Menuiserie à planches clouées. Serrure ancienne. Sur le côté est subsiste une belle inscription relatant des travaux faits en 1643.

Clocher, premier étage, mur est : inscription gravée et passée au noir.Clocher, premier étage, mur est : inscription gravée et passée au noir.

Le premier établissement ecclésiastique aurait été fondé au 9e siècle par l'abbaye de la Novalèse pour héberger les voyageurs passant le col du Lautaret. Entre le 10e et le début du 14e siècle, la paroisse du Monêtier dépend de l'abbaye de Bréma. En 1303, fondation du prieuré par une bulle de Benoît XI accordant au prieur de Saint-Pierre-de-Ronette la création d'un prieuré simple au Monêtier. Ce prieuré est uni en 1366 à l'abbaye Saint-Victor de Marseille par une bulle d'Urbain V. L'édifice actuel est construit dans la deuxième moitié du 15e siècle, probablement entre 1457 et 1494, dates de l'épiscopat de Jean Baile, archevêque d'Embrun dont les armes figurent sur la clé de la deuxième travée de la nef. Le clocher, détruit en 1587 pendant le prise de Monêtier par le gouverneur de Briançon, est reconstruit en 1617. En 1643, l'intérieur est blanchi par les gipiers Pierre et Jacques Bertunel, comme l'atteste une inscription au premier étage du clocher. Différents travaux de restauration interviennent en 1851 (inscription au tympan du portail occidental) , 1875, 1877 et 1901, en particulier au clocher.

Les voûtes, les colonnettes de l'abside, la flèche du clocher sont en tuf. Les soubassements extérieurs sont en moellons, les élévations extérieures sont enduites, à l'exception des portails, en pierre de taille. Les murs intérieurs de la nef sont enduits d'un faux appareil, les voûtes sont en pierre de taille. Nef et choeur sont voûtés d'ogives, dans l'épaisseur des murs de la nef sont ménagées des chapelles latérales voûtées d'un berceau plein cintre.

  • Murs
    • marbre
    • tuf
    • enduit
    • pierre de taille
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Couvertures
    • flèche en maçonnerie
    • toit à longs pans
    • appentis
    • pignon couvert
    • croupe polygonale
  • Escaliers
    • échelle
  • Typologies
    choeur à l'est ; clocher-tour ; présence d'une tibune
  • Techniques
    • sculpture
    • vitrail
    • peinture
  • Représentations
    • armoiries
    • fleur de lys
    • croix de Malte
    • IHS
  • Précision représentations

    Sujet : blason sculpté, support : clés de voûte des 2e et 3e travées de la nef et élévation extérieure sud ; sujet : blason peint, support : murs est du 1er étage du clocher ; sujet : fleur de lys, IHS, croix de Malte, support : clés de voûte.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1913/10/22
  • Référence MH

Bibliographie

  • GUILLEMOT, Françoise. Le Monêtier. Dans Congrès Archéologique de France, 1972 : Dauphiné. Paris : Société Française d'Archéologie, 1974.

    P. 213-221.
  • JACQUES, Louis (chanoine). Chapelles rurales des Hautes-Alpes. 1956. t.1 et t.2.

  • ROMAN, Joseph. Répertoire archéologique du département des Hautes-Alpes. Paris : Imprimerie nationale, 1888.

Date d'enquête 1984 ; Date(s) de rédaction 1996
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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