Dossier d’œuvre architecture IA83003143 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, patrimoine religieux de Provence Verte Verdon
Prieuré, église paroissiale puis chapelle Notre-Dame-du-Revest
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
  • (c) Provence Verte Verdon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de la Provence Verte - Saint-Maximin-la-Sainte-Baume
  • Commune Esparron
  • Lieu-dit Notre-Dame du Revest
  • Cadastre 2017 D 93  ; 1840 D1 6
  • Dénominations
    prieuré, église paroissiale, chapelle
  • Vocables
    Notre-Dame du Revest
  • Parties constituantes non étudiées
    cimetière

Le site antique

Durant l’Antiquité, le site de Notre-Dame-du-Revest est occupé par une villa, dont la fondation est datable de la seconde moitié du 1er siècle avant J.-C.. L'activité humaine y perdure jusqu’à l’Antiquité tardive.

La fondation du lieu de culte au Moyen Age

L’évolution du site à la période médiévale est principalement documentée par les actes conservés dans le cartulaire de Saint-Victor de Marseille. A la fin du Haut Moyen Age, une donation datée approximativement entre 992 et 1032 est faite au monastère dédié à sainte Marie et saint Jean, situé dans la vallée de la Vance, entre les castra d’Esparron et Artigues. Celle-ci vise à assurer la reconstruction de l’édifice, après son anéantissement par les païens. D’après Magnani, ce monument primitif pourrait avoir été érigé à l’époque carolingienne.

En 1033, ce n’est plus un monasterium mais une église dédiée à sainte Marie et saint Jean Baptiste, dotée par des membres de la famille de Baux-Rians, qui est consacrée par l’archevêque d’Aix dans le territoire du castrum d’Esparron. En 1059, l’église est placée sous la dépendance des moines de Saint-Victor de Marseille. Elle apparaît de nouveau en 1079 comme monasterium, sous le vocable de Sainte-Marie, dans la confirmation du pape Grégoire VII. En 1093, le prieuré victorin se voit confier les revenus des églises paroissiales Saint-Jacques d’Esparron et Sainte-Foi d’Artigues par l’archevêque d’Aix. Ce rattachement souligne l’importance des droits acquis par les moines victorins dans ce territoire, au point d’influencer l’agglomération d'un habitat près de leur monastère. Une correspondance du comte de Provence écrivant aux seigneurs de Rians et d’Esparron, datée de 1177, retient l’attention des historiens par sa mention d’une communauté d’habitants ou villula au Revest, dont le transfert est envisagé dans le défens proche de l’église Sainte-Marie. Une pente de l’Ouvière surplombant la chapelle conserve les traces (bases de murs et éboulis) de cet habitat primitif dit du Revest (un "encien chateau du Revest" est mentionné à cet emplacement sur le plan général du terroir d'Esparron dressé en 1762). D’après Clouzot, le nom du Revest s’adjoint au vocable de Notre-Dame dans la désignation de l’église dès 1274. Selon Yann Codou, l’actuelle église est érigée entre le dernier quart du 12e siècle et le début du 13e siècle, concomitamment à ce déplacement de la population du Revest vers le prieuré, phénomène qualifié d’inecclesiamento. L’auteur commente la longueur de la nef qui, remarquable pour cette période, évoquerait une reconstruction en utilisant les vestiges d'un édifice antérieur.

La chapelle aux temps modernes : le chapitre de Grignan

Chaix indique que le prieuré demeure aux mains des moines de Saint-Victor jusqu’en 1539, date à laquelle il est confié, avec l’église paroissiale, au chapitre de Grignan, à condition de réunir les paroisses d'Esparron et du Revest. En 1633, un extrait de registre de l'archevêché d'Aix indique des réparations à effectuer au "couvert, pavé, autel et degré" dans l'édifice. Les marguilliers du luminaire de Notre-Dame-du-Revest avaient pour coutume de tirer un financement du fauchage de l'herbe provenant du cimetière (1662). Les visites pastorales de 1676, 1682 et 1698 nous apprennent que la chapelle a été l'ancienne paroisse. Les délibérations communales de cette période évoquent rarement l'édifice, dont l'animation semble se résumer à certaines fêtes liturgiques. En 1682, il est si dépourvu de mobilier qu'on doit emprunter à la paroisse "tous les ornemens (...) pour les saints Sacrifices de la messe", qu'on y célèbre "plusieurs fois dans l'année". Le délaissement du lieu de culte durant l'époque moderne aurait été provoqué par la construction de la nouvelle église paroissiale du village, au début du 17e siècle. La carte de Cassini désigne la chapelle sous le titre de Notre-Dame-d'Arquet à la fin du 18e siècle. Le tableau des chapelles dressé en 1903 indique que le lieu de culte est ouvert au public quatre fois par an.

Traces d'un décor peint

Les traces de peinture noire ainsi que le blason visibles dans le chœur correspondent à une litre funéraire. Elle peut être associée à la plaque funéraire commémorant le décès de deux seigneurs d'Esparron (1505 et 1546) conservée dans la chapelle [Référence du dossier : IM83003249].

Cimetière et bâtiments attenants

Un cimetière existait au 17e siècle, comme l'atteste un extrait des registres de l'archevêché d'Aix daté de 1633 ainsi que les archives communales (réparations aux murailles du cimetière en 1665-1666). En 1856, le cimetière communal est transféré à la chapelle, faute de place pour son agrandissement autour de l'église paroissiale. Un plan dressé à cette occasion montre qu'un bâtiment (indiqué comme ruine) était accolé au sud-ouest de la chapelle Notre-Dame-du-Revest. Le cimetière projeté devait s'adosser à deux des murs existants. D'après certains auteurs, ce bâtiment en ruine était un ancien couvent. L'extrait des registres de l'archevêché d'Aix de 1633 mentionne une écurie attenante : "sera faict un bujet ou séparation entre la muraille de l'église et le restant du bâtiment pour esviter que l'escuyerie ne soit trop proche et jougnant la chappelle". On peut encore aujourd'hui voir ce qui pourrait être l'assise de ce mur, qui prolonge l'angle sud-ouest de la chapelle. De même, le décrochement et les traces de remaniement de la façade à cet endroit signalent la présence de cet ancien bâtiment.

Erigé sur le site d’une villa antique, l’actuel édifice pourrait avoir été construit entre le dernier quart du 12e siècle et le début du 13e siècle. Cependant, un monument est connu dès le 11e siècle. D'après Codou, la diversité des appareils utilisés peut témoigner de différentes phases de construction comme d'une hiérarchie dans la sacralité des espaces (appareil du choeur particulièrement soigné). Le livre de la confrérie en charge de l'édifice, conservant sa comptabilité de 1682 à 1840, mentionne le bâti à une seule occasion, pour la réparation du couvrement en 1683. Le cimetière communal est accolé à la chapelle à partir de 1856.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 12e siècle, 1er quart 13e siècle , daté par travaux historiques , (incertitude)

La chapelle, entourée de chênes pubescents pluricentenaires, s’élève au pied du versant nord de la montagne de l’Eouvière, sur un terrain en légère déclivité, aux abords de la route menant d’Esparron à Artigues. Elle est bordée au sud par un enclos de plan rectangulaire circonscrivant le cimetière communal.

L’édifice de style roman, orienté, présente un plan allongé à vaisseau unique épaulé au nord par quatre contreforts et terminé par un chevet semi-circulaire dont le soubassement est en partie enterré. Un clocher-mur à une baie avec arc en mitre est installé à l’aplomb de l’extrémité orientale de la nef. Le bâtiment est couvert d’un toit à long pans pour le vaisseau principal. Il présente divers appareils. Son abside et sa façade principale sont construites en pierres de taille à assises régulières, bien que des moellons équarris ont été utilisés pour les élévations nord et sud et les contreforts. La façade occidentale se compose pour les deux tiers d’un appareil à bossage, en moellons pour le tiers supérieur. Elle présente des trous de boulin disposés régulièrement ainsi que trois ouvertures : une porte cintrée à claveaux surmontée de deux jours, dont un cruciforme. L’abside est percée du côté sud par un oculus dont l’encadrement présente un motif gravé triangulaire composé de trois traits rectilignes, et d’une baie axiale en plein cintre à embrasure profonde, dont on retrouve un autre exemplaire sur l’élévation sud. L’extrémité orientale de la nef est percée d’un oculus éclairant le chœur. Enfin, le mur nord comporte une baie cintrée et très étroite.

On accède à l’intérieur par un escalier à trois degrés. La nef se compose de trois travées ouvrant sur un choeur de deux travées, séparées par un arc diaphragme, et se termine par une abside semi-circulaire. Nef et choeur sont couverts par une voûte en berceau plein-cintre sur arcs doubleaux retombant sur des pilastres. L'abside possède une voûte en cul-de-four. Un cordon en quart-de-rond se déploie à la naissance de la voûte. Chaque travée est rythmée par des arcatures en plein cintre, en arc brisé pour la travée de l'extrémité ouest de la nef. Le sol est couvert de dalles de pierres grossièrement assemblées pour la nef, en carreaux de terre cuite pour le choeur. On accède au chœur en empruntant un escalier à trois degrés. Des traces d'une litre funéraire et un blason peint sont visibles dans le chœur, au-dessus des pilastres et de la corniche soulignant la naissance de la voûte.

  • Murs
    • pierre moyen appareil
    • pierre moellon
    • pierre pierre de taille
  • Toits
    tuile
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • cul-de-four
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe ronde
  • Précision représentations

    Claveaux du portail sans ornements. Baie cruciforme sur la façade principale. Motif triangulaire sur l'encadrement de l'oculus percé dans le flanc sud de l'abside (cadran solaire ?). Au-dessus de la porte principale, pierre sculptée rapportée, en mauvais état.

  • Précision dimensions

    l = 260 ; la = 550, h = 775.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Sites de protection
    site classé
  • Protections
    inscrit MH, 1926/01/27
  • Précisions sur la protection

    Chapelle Notre-Dame-du-Revest : inscription par arrêté du 27 janvier 1926 [Référence MH : PA00081595].

  • Référence MH

Le site environnant, classé par arrêté depuis le 23 avril 1934, se compose d'une chênaie remarquable.

  • Inventaire sommaire des archives communales antérieures à 1790. Esparron. 1508 - 1793. Archives départementales du Var : 2 MI 171 R1. Disponible en ligne : <https://archives.var.fr/arkotheque/consult_fonds/fonds_seriel_resu_rech.php?ref_fonds=19>. Date de consultation : 2020.

  • Extrait des registres des sentences de l'archevêché d'Aix, 9 septembre 1633. Archives départementales du Var : E dépôt 45 - GG 9.

  • Cahier de la confrérie de Notre-Dame-du-Revest, 1682-1840. Archives paroissiales, Esparron : non coté.

  • Extrait des registres des délibérations du conseil municipal de la commune d'Esparron, 13 mai 1855. Archives départementales du Var : E dépôt 45 - 2 M 3.

  • Plan cadastral de la commune d'Esparron, 1839-1840. / Dessin à l'encre sur papier par le géomètre Toucas, 1840. Archives départementales du Var, Draguignan : 3PP 052.

  • [Plan du nouveau cimetière d'Esparron, 1855 [E dépôt 45 - 2 M 3]. Archives départementales du Var : E dépôt 45 - 2 M 3.

  • BRUN Jean-Pierre, BORREANI Marc. Carte archéologique de la Gaule. Le Var. Paris : Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Conseil Général du Var, Centre Archéologique du Var, Ministère de la Culture de la Communication, Ministère de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie, Fondation Maison des sciences de l'homme, 1999.

  • CORTEZ, Fernand. Esparron-de-Pallières (Var). Ses églises, ses seigneurs, la communauté des habitants. Dans : Bulletin de la société d'études scientifiques et archéologiques de Draguignan, Tome XVI, 1886-1887, p. 29-272.

  • CHAIX, Pierre (chanoine). Esparron-de-Pallières et Notre-Dame-du-Revest. Archéologie, histoire. Monastère et village, château et seigneurs, traditions religieuses, coutumes. Toulon : Imprimerie Jeanne d'Arc, 1933.

Documents d'archives

  • Inventaire des églises du diocèse d'Aix, ornements et objets du culte, 1642-1681. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 G 1354.

  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1674-1676. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1341.

  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1681-1682. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1342.

  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1689-1700. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 G 1343.

  • ARNAUD Claude, BORREANI Marc, JERPHANION Guillaume de. [Evolution historique de l'habitat en Provence Verte Verdon.] Tapuscrit, [vers 2020]. Collection particulière : non coté.

Bibliographie

  • CODOU, Yann. Les églises médiévales du Var. Les Alpes de Lumières : Forcalquier, 2009.

  • CLOUZOT, Etienne. Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun. Diocèse de Senez. Paris : Imprimerie nationale, 1923.

  • GUERARD, Benjamin, DELISLE Léopold, De WAILLY Natalis. Cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille. Collection des cartulaires de France, t. VIII, éditeur B. Guérard, Paris : Typographie de Ch. Lahure, 1857, 2 volumes, CLVI-651-945 p.

  • MAGNANI, Eliana. Monastères et aristocratie en Provence - milieu Xe - début XIIe siècle. Münster : Lit Verlag, 1999.

Documents figurés

  • Plan général du terroir d'Esparron divisé avec toutes les propriétés des particuliers. / Dessin à l'encre par Ouvière géomètre, 1762. Esparron, collection particulière : non coté.

  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

  • Cantiques à Notre-Dame-du-Revest patronne d'Esparron-de-Pallières. Toulon, église de la Loubière : imprimerie Jeanne d'Arc, 1915. Archives de la Société des Amis du Vieux Toulon.

Annexes

  • Pratiques cultuelles associées à la chapelle Notre-Dame-du-Revest, Esparron-de-Pallières.
  • Transcriptions d'extraits d’archives relatives à la chapelle Notre-Dame-du-Revest d'Esparron-de-Pallières
Date d'enquête 2020 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Provence Verte Verdon
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général