Le site antique
Durant l’Antiquité, le site de Notre-Dame-du-Revest est occupé par une villa, dont la fondation est datable de la seconde moitié du 1er siècle avant J.-C.. L'activité humaine y perdure jusqu’à l’Antiquité tardive.
La fondation du lieu de culte au Moyen Age
L’évolution du site à la période médiévale est principalement documentée par les actes conservés dans le cartulaire de Saint-Victor de Marseille. A la fin du Haut Moyen Age, une donation datée approximativement entre 992 et 1032 est faite au monastère dédié à sainte Marie et saint Jean, situé dans la vallée de la Vance, entre les castra d’Esparron et Artigues. Celle-ci vise à assurer la reconstruction de l’édifice, après son anéantissement par les païens. D’après Magnani, ce monument primitif pourrait avoir été érigé à l’époque carolingienne.
En 1033, ce n’est plus un monasterium mais une église dédiée à sainte Marie et saint Jean Baptiste, dotée par des membres de la famille de Baux-Rians, qui est consacrée par l’archevêque d’Aix dans le territoire du castrum d’Esparron. En 1059, l’église est placée sous la dépendance des moines de Saint-Victor de Marseille. Elle apparaît de nouveau en 1079 comme monasterium, sous le vocable de Sainte-Marie, dans la confirmation du pape Grégoire VII. En 1093, le prieuré victorin se voit confier les revenus des églises paroissiales Saint-Jacques d’Esparron et Sainte-Foi d’Artigues par l’archevêque d’Aix. Ce rattachement souligne l’importance des droits acquis par les moines victorins dans ce territoire, au point d’influencer l’agglomération d'un habitat près de leur monastère. Une correspondance du comte de Provence écrivant aux seigneurs de Rians et d’Esparron, datée de 1177, retient l’attention des historiens par sa mention d’une communauté d’habitants ou villula au Revest, dont le transfert est envisagé dans le défens proche de l’église Sainte-Marie. Une pente de l’Ouvière surplombant la chapelle conserve les traces (bases de murs et éboulis) de cet habitat primitif dit du Revest (un "encien chateau du Revest" est mentionné à cet emplacement sur le plan général du terroir d'Esparron dressé en 1762). D’après Clouzot, le nom du Revest s’adjoint au vocable de Notre-Dame dans la désignation de l’église dès 1274. Selon Yann Codou, l’actuelle église est érigée entre le dernier quart du 12e siècle et le début du 13e siècle, concomitamment à ce déplacement de la population du Revest vers le prieuré, phénomène qualifié d’inecclesiamento. L’auteur commente la longueur de la nef qui, remarquable pour cette période, évoquerait une reconstruction en utilisant les vestiges d'un édifice antérieur.
La chapelle aux temps modernes : le chapitre de Grignan
Chaix indique que le prieuré demeure aux mains des moines de Saint-Victor jusqu’en 1539, date à laquelle il est confié, avec l’église paroissiale, au chapitre de Grignan, à condition de réunir les paroisses d'Esparron et du Revest. En 1633, un extrait de registre de l'archevêché d'Aix indique des réparations à effectuer au "couvert, pavé, autel et degré" dans l'édifice. Les marguilliers du luminaire de Notre-Dame-du-Revest avaient pour coutume de tirer un financement du fauchage de l'herbe provenant du cimetière (1662). Les visites pastorales de 1676, 1682 et 1698 nous apprennent que la chapelle a été l'ancienne paroisse. Les délibérations communales de cette période évoquent rarement l'édifice, dont l'animation semble se résumer à certaines fêtes liturgiques. En 1682, il est si dépourvu de mobilier qu'on doit emprunter à la paroisse "tous les ornemens (...) pour les saints Sacrifices de la messe", qu'on y célèbre "plusieurs fois dans l'année". Le délaissement du lieu de culte durant l'époque moderne aurait été provoqué par la construction de la nouvelle église paroissiale du village, au début du 17e siècle. La carte de Cassini désigne la chapelle sous le titre de Notre-Dame-d'Arquet à la fin du 18e siècle. Le tableau des chapelles dressé en 1903 indique que le lieu de culte est ouvert au public quatre fois par an.
Traces d'un décor peint
Les traces de peinture noire ainsi que le blason visibles dans le chœur correspondent à une litre funéraire. Elle peut être associée à la plaque funéraire commémorant le décès de deux seigneurs d'Esparron (1505 et 1546) conservée dans la chapelle [Référence du dossier : IM83003249].
Cimetière et bâtiments attenants
Un cimetière existait au 17e siècle, comme l'atteste un extrait des registres de l'archevêché d'Aix daté de 1633 ainsi que les archives communales (réparations aux murailles du cimetière en 1665-1666). En 1856, le cimetière communal est transféré à la chapelle, faute de place pour son agrandissement autour de l'église paroissiale. Un plan dressé à cette occasion montre qu'un bâtiment (indiqué comme ruine) était accolé au sud-ouest de la chapelle Notre-Dame-du-Revest. Le cimetière projeté devait s'adosser à deux des murs existants. D'après certains auteurs, ce bâtiment en ruine était un ancien couvent. L'extrait des registres de l'archevêché d'Aix de 1633 mentionne une écurie attenante : "sera faict un bujet ou séparation entre la muraille de l'église et le restant du bâtiment pour esviter que l'escuyerie ne soit trop proche et jougnant la chappelle". On peut encore aujourd'hui voir ce qui pourrait être l'assise de ce mur, qui prolonge l'angle sud-ouest de la chapelle. De même, le décrochement et les traces de remaniement de la façade à cet endroit signalent la présence de cet ancien bâtiment.