Dossier d’œuvre architecture IA84000390 | Réalisé par ; ;
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
Prieuré de Bénédictins Saint-André-du-Revest puis Sainte-Catherine-du-Revest, demeure (bastide)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune La Tour-d'Aigues
  • Lieu-dit le Rêves
  • Cadastre 1939 B 82 A 84 ; 1837 B 457, 460
  • Dénominations
    prieuré, demeure
  • Genre
    de bénédictins
  • Précision dénomination
    bastide
  • Vocables
    Saint-André, Sainte-Catherine-du-Revest
  • Destinations
    ferme

DESCRIPTION

1. Situation et composition d'ensemble

L'édifice, qui comprend un corps de logis prolongé à l'est et en avancée par des bâtiments d'exploitation, d'importance équivalente mais en partie ruinés, est construit à flanc de coteau sur un terrain en forte pente vers le sud. La dénivelée est rachetée devant la maison par une terrasse ombragée de mûriers, dotée d'un puits ; elle communique à l'ouest par une porte sans couvrement avec une autre terrasse ; un bassin longe la terrasse au sud. Il ne subsiste rien de la chapelle indépendante portée sur le cadastre de 1837, qui complétait l'édifice au nord.

2. Matériaux et mise en œuvre

La molasse calcaire (safre) du substrat a été utilisée pour le creusement de certains volumes de l'étage de soubassement. Maçonnerie de moellons et de galets crépie, sauf les murs pignons des bâtiments d'exploitation. Sur les élévations antérieure et latérales de l'aile antérieure du logis, faux appareil et bande blanche peinte sous la génoise.

Encadrement des baies du logis en pierre de taille ; linteaux de bois pour les bâtiments d'exploitation. Chaperon des murets de la terrasse et au sud du bassin, pourtour du bassin en dalles.

Logis

3. Parti général - Plan - Coupes

Corps de bâtiment de plan en L, à un étage sur rez-de-chaussée surélevé, comprenant selon le schéma traditionnel de la bastide aristocratique, dans l'aile méridionale l'appartement des maîtres et dans l'aile en retour au nord, celui des fermiers, disposant chacun d'un (ou deux pour l'appartement des maîtres) escalier propre.

L'aile antérieure, simple en profondeur, est recoupée transversalement par trois refends ; la moitié droite est occupée par l'escalier d'honneur et par l'écurie-grange ; l'aile postérieure, double en profondeur, comprend l'appartement des fermiers au sud, l'étable-grange au nord. L'étage de soubassement est entièrement voûté de même que l'étable de l'aile des fermiers.

4. Élévations extérieures

L'élévation antérieure au sud a été profondément altérée dans son aspect d'ensemble par la suppression d'un niveau dans la partie centrale et d'un (ou deux?) niveaux dans la partie droite (écurie-grange). C'est une élévation sévère à trois niveaux de baies segmentaires sans chambranle à appui mouluré (quart-de-rond droit, bandeau) sans autre décor que l'ornementation des portes : porte du vestibule à décor architecturé et porte de l'écurie, dont l'arc en plein cintre, avec un mascaron à la clé, repose sur de longues importes simplement moulurées en doucine droite.

L'élévation latérale gauche est organisée selon le même principe mais d'une manière moins rigoureuse. On y sent le souci habituel de marquer une légère différence entre la partie des maîtres et celle des fermiers dans l'interruption du faux appareil et l'amoindrissement de la génoise. De même, l'étable-grange, à l'extrémité gauche, n'est-elle percée que de petites fenêtres rectangulaires (on notera la présence d'un appui au deuxième niveau).

La porte de l'antichambre d'Ad est précédée d'un ponceau.

Élévation latérale droite

- Le mur pignon de l'aile antérieure est simplement percé d'une porte rectangulaire à linteau de bois sur lequel se poursuit la feuillure des piédroits en pierre de taille ; cette porte donne sur le premier palier de l'escalier d'honneur.

- L'élévation orientale de l'aile postérieure est à deux niveaux de baies segmentaires (remaniées) dans la partie gauche (appartement), de baies rectangulaires dans la partie droite (étable-grange). La plate-bande de la porte charretière de l'étable est un remaniement tardif.

5. Combles et couvertures

L'aile antérieure est couverte en appentis, l'aile postérieure d'un toit à longs pans. La génoise de la partie non remaniée de l'aile antérieure, qui fait retour par un angle arrondi sur l'élévation latérale gauche est à quatre rangs ; celles de la partie rabaissée et de l'aile postérieure est à deux rangs.

6. Distribution intérieure

La distribution intérieure a subi de nombreuses altérations ; le principe est toutefois encore lisible et de nombreux éléments du décor sont encore en place.

Aile antérieure (A)

Elle est constituée à tous les niveaux par une série de pièces en enfilade, certaines portes d'enfilade ayant été néanmoins murées. La cage de l'escalier d'honneur sépare les appartements de l'écurie-grange (aujourd'hui terrasse) avec laquelle elle communique aux deux niveaux.

- Étage de soubasssement

- Pièce Aa : aujourd'hui cuisine. Couverte d'une voûte d'arêtes enduite. Plancher. Elle donne au nord sur une cave également voûtée d'arêtes, éclairée par un soupirail à l'ouest et carrelée de mallons et sur l'escalier secondaire. Cheminée et potager contre le mur oriental masquant partiellement le cadre mouluré d'un dessus-de-trumeau. Placards muraux dans les angles sud-est et sud-ouest, ce dernier abritant un évier (brique et ciment)

- Pièce Ab : aujourd'hui cuisine. Couverte d'une voûte d'arêtes enduite. Sol ciment. Elle donne au nord sur une cave couverte d'un berceau en plein cintre sur laquelle ouvre un boyau en L également couvert d'un berceau en plein cintre communiquant avec le vestibule. Évier dans l'angle sud-ouest, cheminée et potager dans l'angle nord-est.

- Pièce Ac : écurie voûtée d'arêtes en maçonnerie de moellons. Sol en terre battue. Elle communique à l'ouest avec le vestibule (porte murée) et à l'est avec les bâtiments d'exploitation (bergerie en partie ruinée).

- Rez-de-chaussée surélevé

- Chambre Ad : Plafond à solives apparentes. Sol carrelé de tomettes. Alcôve et antichambre à l'ouest. Le vantail de la porte de l'antichambre est une menuiserie ancienne (XVIIIe siècle). La pièce conserve l'intégralité de son décor (gypseries, cheminée adossée à manteau de bois chantourné) en tous points comparable à celui de la chambre Af (deuxième moitié du XVIIIe siècle). Plaque de cheminée en fonte à décor historié.

- Grande salle Ae : plafond à solives apparentes plâtrées. Sol carrelé de tomettes. Le seul décor de la pièce est constitué par une cheminée en gypserie adossée entre deux placards muraux contre le mur septentrional. L'ouverture du foyer est couverte d'un arc déprimé souligné par une grosse moulure. La hotte porte un cadre à couronnement cintré sommé d'un blason sur un cuir ; ce motif est plaqué sur une manière de fronton à ailerons amortis par des pots à feu se détachant sur un treillis. La menuiserie de la porte donnant sur le palier et les volets des fenêtres sont à panneaux droits ornés d'un décor de baguettes rayonnantes formant un motif suggérant des croix de Malte et des pointes de diamant. Tous ces éléments semblent contemporains les uns des autres (fin XVIIe siècle, début XVIIIe siècle).

- Premier étage

- Chambre Af : présente les mêmes dispositions et un décor comparable, quoique à la fois plus nerveux et moins empâté, à celui de la chambre Ad ; elle présente également une moindre hauteur et le plafond n'est pas décoré. Plaque de cheminée en fonte à décor historié (la Naissance de Vénus ?). La partie la plus intéressante du décor se trouve dans l'alcôve qui conserve une frise peinte à la détrempe consistant en une corniche en trompe-l’œil sur laquelle sont posés en alternance animaux (oiseaux variés, singe musicien), coupes (coupes de fruits, vases de fleurs ). Teintes pastel à dominante bleu clair. La trame de lignes orthogonales préparatoires, visible par endroits, semble indiquer l'inachèvement de cette peinture.

- Pièce Ag : Pièce aveugle, dont le plafond a été rabaissé lors de la suppress1on de l'étage sur cette partie du bâtiment. Vestiges de cheminée en gypserie.

Escalier d'honneur

Escalier à trois volées droites, tournant sur deux repos autour d'un jour rectangulaire, à deux noyaux. Marches des deux premières volées et première marche de la troisième volée en pierre ; toutes les autres marches sont maçonnées avec un nez de bois. Structure de l'escalier : limons, noyaux, plafond des volées, main courante de la rampe sont en plâtre sur une âme de bois ; balustre de la rampe en pierre blanche tendre ; seule la dernière volée était bordée d'une rampe à balustres de bois découpés (aujourd'hui déposée).

Les murs de la cage sont ornés de graffiti : - premier palier : une croix datée 1851 sur le socle ; à gauche, haute pendule ornée de cercles et d'un buste, portant le mot VITOR ; à droite, inscription dans un cadre 12 APPR, Jean Virgile, 1914, le 3 Mai.

- premier repos du rez-de-chaussée surélevé : - un personnage grotesque devant une architecture, signé Georges Laguerre (?) et surchargé d'inscriptions (à bas ... vive ...)

- sous un cercle portant la date 1846, longue inscription en capitales romaines, à peu près illisible sinon la première ligne : APPARITION DE LA SAINTE VIERGE.

- Escalier secondaire

Escalier tournant suspendu à une volée à moitié tournante. Escalier en maçonnerie à rampe pleine. Marches carrelées de mallons, à nez de bois. Départ dans la pièce Aa ; la cage prend jour à l'ouest, sur le premier palier par une porte de plain pied, sur le second par une fenêtre.

- Aile postérieure (B)

- Rez-de-chaussée surélevé

- Pièce Ba : cuisine. De plain-pied à l'est. Plafond à deux solives apparentes longitudinales. Evier sur le mur oriental, cheminée adossée à âtre surélevé. Dans l'angle sud-ouest, départ de l'escalier. La cuisine communique à l'ouest par une petite antichambre avec la chambre Bb et au nord avec l'étable Be.

- Chambre Bb : plafond à trois solives apparentes longitudinales. Murs et plafonds en plâtre ; traces de décor en gypserie dans les angles. Sol carrelé de tomettes.

- Etable Be : voûtes d'arêtes en moellons sur pile en pierre de taille. Sol en terre battue. Niche appareillée dans l'angle nord-ouest, trace de cheminée sur le mur occidental. Deux trappes de cuves dans le sol.

- Premier étage

- Chambres Bd et Be murs blanchis, sol en ciment.

- Grange Bf.

- Escalier

Escalier à une volée à quartier tournant ; départ en pierre (6 marches). Dans la cuisine Bd, départ d'arc rampant sur imposte moulurée qui pourrait correspondre à l'escalier initial, remplacé par celui-ci.

NOTE DE SYNTHÈSE

L'édifice, tel qu'il se présente dans son état de semi-abandon est plus homogène qu'il n'y parait au premier abord. L'ensemble du gros-œuvre et des percements semble cohérent, contemporains sans doute des aménagements intérieurs les plus anciens - escalier d'honneur et grande salle Ae. Les dispositions d'ensemble et l'escalier ne sont pas sans rappeler en effet la bastide de Croze à Pertuis, aménagée sans doute dans le dernier quart du XVIIe siècle. Sainte-Catherine pourrait être un peu plus tardive. (Les armoiries de la cheminée de la grande salle (cf.annexe) permettraient en effet d'en attribuer la construction à Vincent Hupay (1658-1723)). Il est plus difficile de situer en revanche, en l'absence de tout document, les importantes modifications qui ont conduit à amputer toute une partie du bâtiment d'un étage ; cette campagne est en tout cas postérieure, ou plus vraisemblablement contemporaine, de l'enduit en faux-appareil. Ce type de travail, qui ne saurait être postérieur au XIXe siècle, est sans doute antérieur. Rien ne s'opposerait à le situer dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, comme la porte de la façade antérieure si l'on en juge à son décor architecturé. On serait aussi tenté d'attribuer à une même campagne de travaux le remodèlement du volume, le rhabillage de la façade et l'exécution du décor intérieur de la partie non modifiée du bâtiment (pièces Aa, Ad, Af ).

ANNEXE

Grande salle Ae - Blason de la cheminée :

Armes : d'or à trois têtes de léopard de sable posées 2 et 1 (Hupay)

Timbre : une couronne de comte.

Collier d'un ordre non identifié (il pourrait s'agir de l'ordre de Saint-Michel).

Il s'agit vraisemblablement des armoiries de Vincent Hupay, né le 16 décembre 1658 à La Tour-d'Aigues, fils de Gaspard et d'Elizabeth d'Anjou, cette dernière famille bien connue à Pertuis. Avocat du roi, reçu en 1690. Épouse Thérèse Maunier. Meurt le 8 Décembre 1723.

Prieuré rural dépendant de l'abbaye de Saint-André-de-Villeneuve, mentionné à partir de 1118 avec 2 églises (Saint-André et Saint-Pierre) et une agglomération rurale appelée Le Revest, désertée avant le milieu du 14e siècle ; changement de vocable de l'église intervenu probablement à l'occasion d'une restauration de l'édifice au 15e ou dans le 1e quart du 16e siècle ; prieuré ruiné à la fin du 14e siècle, acquis par la famille Hupais et transformé en bastide dans le dernier quart du 17e siècle ou le 1e quart du 18e ; bastide elle-même transformée en ferme au 19e siècle ; destruction de la chapelle entre 1837 et 1939

Eglise dite chapelle : édifice orienté de 12 m de long sur 6, 50 m de large, à nef unique et abside semi-circulaire ; bastide : corps de logis à plan en L irrégulier, composé d'un étage de soubassement voûté, d'un rez-de-chaussée partiellement voûté et d'un étage carré desservis par 2 escaliers, le principal hors-oeuvre, tournant autour d'un jour central bordé de balustres rampants ; porte d'entrée à décor architecturé ; menuiseries et décors intérieurs de gypserie et de peinture ; à l'extérieur, bas relief vestige d'une fontaine détruite

  • Murs
    • molasse
    • enduit
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    étage de soubassement, 1 étage carré, étage en surcroît
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • demi-croupe
  • Escaliers
    • escalier hors-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour suspendu
  • Techniques
    • menuiserie
    • décor stuqué
    • peinture
    • sculpture
  • Représentations
    • atlante
  • Précision représentations

    sujet : atlante, support : bas relief

  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Etude notariale Georges Bernard, La Tour-d'Aigues. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : 3 E 156-157.

    f° 492 v° - 493 v°.

Annexes

  • 1609, 2 décembre. La Tour-d'Aigues.- Prix-fait conclu entre le prieur de SainteCatherinedu Revest et le maçon Jean Chabert et le menuisier Pierre Laumonier pour la réfection du toit de la chapelle Sainte-Catherine.
Date d'enquête 1968 ; Date(s) de rédaction 1996
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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