Dossier d’œuvre architecture IA06002434 | Réalisé par ;
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
ouvrage mixte dit fort de Sainte-Agnès, secteur fortifié des Alpes-Maritimes
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Alpes-Maritimes
  • Commune Sainte-Agnès
  • Dénominations
    ouvrage mixte
  • Appellations
    fort de Sainte-Agnès, du secteur fortifié des Alpes-Maritimes
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Intérêt stratégique

Le « fort » de Saint Agnès est l’un des dix gros ouvrages mixtes (d’artillerie et d’infanterie) du Secteur fortifié des Alpes Maritimes (S.F.A.M.) jalonnant la « Position de résistance » mise en place entre 1930 et 1935 dans le cadre d’une loi-programme par la Commission d’organisation des régions fortifiées (C.O.R.F.), sur une zone nord-sud longue de 22 km et distante de 5-8 km de la frontière italienne. La construction de l’ouvrage a duré de 1931 à 1934, consommant un budget total de 16 821 000 Francs. Sa capacité d’accueil de personnel est de 372 hommes

L’armement se compose de 2 mortiers lances-bombes de 135 mm modèle 1932 de casemate (peu courant, 9 seulement en service en France en 1939), 4 mortiers Brandt de 81 mm (modèle 1932 de casemate (tir courbe pointé à 45°), 4 canons-mortiers de 75 mm modèle 1931 de casemate, inclinable (tir tendu -3° à + 39°; matériel exclusivement réservé aux Alpes), 2 jumelages de mitrailleuses et 14 fusils mitrailleurs (armes automatiques).

C’est essentiellement un ouvrage de flanquement, dont les feux flanquent au nord la droite de l’ouvrage de Castillon en courant le secteur nord-est jusqu’à la frontière ; au sud, il découvre le littoral de Menton au Cap Martin inclus, flanquant à l’est l’ouvrage de Roquebrune.

Lors de l’attaque de Menton en juin 1940 (14, 22 et 24 juin) par les troupes italiennes, l’artillerie de ses blocs nord et sud assura des tirs de flanquement et de barrage très efficaces pour compléter vers la frontière l’action des ouvrages de Roquebrune, du Cap Martin, situés plus bas, et du Mont-Agel, plus haut et en arrière.

Racheté par la municipalité de Sainte-Agnès, cet ouvrage Maginot est l’un des mieux conservés des Alpes dans sa catégorie, avec une partie importante de son armement et de son mobilier. Il est intégralement ouvert à la visite dans des conditions optimales et a été étudié et commenté plusieurs fois par des historiens spécialisés, de telle sorte qu’il peut être décrit avec précision à titre exemplaire. Ses dispositions se retrouvant, à quelques variantes d’organisation près, dans d’autres ouvrages du même secteur comme ceux de Roquebrune et du Cap-Martin, dont les conditions de visite et de documentation, donc de description, sont moins favorables.

Analyse architecturale

Site et implantation générale Vue générale du site de Sainte Agnès depuis le sud-ouest ; le bloc d'artillerie (2) et le bloc d'entrée (1) sont visibles à droite.Vue générale du site de Sainte Agnès depuis le sud-ouest ; le bloc d'artillerie (2) et le bloc d'entrée (1) sont visibles à droite.

L’ouvrage est creusé en caverne dans le piton calcaire escarpé qui porte les ruines du château médiéval de Sainte-Agnès, et qui domine le village. Son accès se fait de plain pied depuis un chemin élargi en terrasse qui prolonge et termine en cul de sac la route qui dessert le village, à la cote d’altitude 670m ; le bloc d’artillerie nord émerge du rocher 50m au-dessus de ce niveau.

Plan , distribution spatiale, circulations et issues, structure et aménagements.

L’ouvrage comporte 3 blocs actifs émergeant des flancs du piton rocheux au nord, au sud (blocs d’artillerie puissants), au sud-est (bloc d’infanterie) et un bloc d’entrée passif émergeant à l’ouest, à l’opposé de la frontière, à proximité et au même niveau que le bloc d’artillerie sud. Ces quatre blocs sont reliés entre eux par un réseau complexe de galeries de distribution qui desservent au passage les locaux logistiques classiques (salle de neutralisation ou de ventilation, centrale électrique, etc,) des magasins et un vaste casernement, le tout creusé en caverne dans le piton rocheux, principalement dans un grand axe nord-sud. Les deux gros blocs d’artillerie se caractérisent par leur important développement vertical, puisqu’ils comportent plusieurs étages actifs émergeants, ou passifs, en sous-sol.

Le bloc 1

Bloc d’entrée, n’est qu’en très faible relief sur le front rocheux vertical, où il se limite à une façade de revêtement, flanquée à droite d’un saillant ou caponnière à deux pans complété d’une excroissance en orillon, qui est l’infrastructure d’une cloche LG (lance grenade). Le dispositif d’entrée mixte munitions et hommes (EMH) classique dans le sud-est, comporte une entrée munition à pont-levis pour camions, couplée avec une entrée à personnel indépendante en chicane, type EH 1930. Ces deux portes précédées d’un fossé-diamant sont flanqué latéralement par les trois créneaux à trémie pour fusil mitrailleur de la caponnière, couvrant les abords ouest et nord-ouest en plus du flanquement strict nord. L’entrée des hommes, à porte blindée et passerelle amovible, dessert à droite après la chicane crénelée, les locaux de garde, dont un poste radio, et au-delà la casemate d’infanterie de la caponnière et le puits de la cloche LG.

Le hall de déchargement pour camions, après le pont-levis, est le point de départ élargi de la galerie de distribution majeure de l’ouvrage, et de la voie ferrée de 60 (système Decauville) pour wagonnets poussés à la main qui transportent dans la majeure partie de l’ouvrage le matériel, les munitions ou les réservoirs de liquides apportés par les camions. Ce hall d’entrée décrit une courbe de défilement en quart de cercle à gauche, flanquée par des créneaux depuis le couloir d’accès des hommes, qui suit la même courbe. Après une grande porte blindée qui ferme la courbe du hall, la galerie, rejointe par l’entrée des hommes, redevient rectiligne et reste large sur plusieurs mètres pour servir de garage aux wagonnets.

A l’issue de ce segment de garage, fermé par un sas étanche, la galerie dessert deux branches casematées perpendiculaires. Celle de droite est affecté à la salle de neutralisation des gaz de combat, encore en très bon état, équipée de ses batteries de filtres à air desservant un réseau complexe de gaines collectant à travers tout l’ouvrage (relais spécifiques pour les blocs d’artillerie) l’air gazé produit par les hommes, les machines en fonctionnement et les armes en action, et redistribuant l’air puisé à l’extérieur et dépollué dans les filtres, par l’intermédiaire de vannes et de ventilateurs. La couleur rouge peinte sur les buses, vannes et ventilateurs, signale l’air pur. La salle de neutralisation principale de l'ouvrage et ses batteries de filtres à air ; tuyaux vert : air gazé, tuyaux rouges : air pur.La salle de neutralisation principale de l'ouvrage et ses batteries de filtres à air ; tuyaux vert : air gazé, tuyaux rouges : air pur.

La branche casematée à gauche de la galerie en vis-à-vis de la salle de neutralisation est affectée à la cuisine de l’ouvrage, équipée d’un fourneau à charbon François-Vaillant 1934, installée près de l'entrée afin de faciliter l'extraction des fumées qu'elle produit. Elle assurait la préparation des gamelles isothermes des rations des 350 soldats d’équipage, distribuées par un passe-plats dans la galerie.

Le fond de la casemate de cuisine était prolongé, derrière la réserve d’eau et de vivre journalière et un cloisonnement, par deux casemates en retour d’équerre, affectées à l’usine de l’ouvrage. Il s’agit de la centrale électrique, fermée de portes-grilles, équipée de trois puissants moteurs ou groupes diesel S.M.I.M. (Société moteurs à gaz et Industrielle de mécanique) de type marine, à 4 cylindres de 100cv. environnés de tableaux, boites de dérivation, transformateurs, et branchés sur des collecteurs d’air pur / air vicié. Ces salles sont complétées d’alvéoles pour les réserves à gazole (42000 litres et 4 fûts), à huile, et à liquide de refroidissement des groupes électrogènes (66000 litres en 3 citernes). Central électrogène ou usine de l'ouvrage, avec moteurs diesel S.N.I.M.Central électrogène ou usine de l'ouvrage, avec moteurs diesel S.N.I.M.

Les gaz d'échappement des diesels sont évacués à l'extérieur vers l’ouest par une étroite galerie-évent coudée commune à la cuisine.

Au droit de ce groupe de casemates de la cuisine et de l’usine, la galerie de distribution principale bifurque à droite donnant naissance à une galerie secondaire également équipée de rails de 60 amorçant une courbe à 180°. Cette galerie secondaire se termine par le bloc 2 (sud), après avoir desservi au passage un grand nombre de locaux techniques dans des casemates latérales. La galerie secondaire d’accès au bloc 2 distribue, dans sa courbe à gauche : tout d’abord l’atelier du génie, où est entreposé l’outillage nécessaire aux travaux de maintenance ordinaires. Il faut noter que ce local casematés d’axe nord-sud est parallèle à l’infirmerie de l’ouvrage, qui ne communique pas avec la galerie secondaire, et participe comme celle-ci à la trame générale du casernement desservi par la galerie principale ; ce casernement est en effet organisé en deux longues branches parallèles de casemates dont l’atelier du génie et l’infirmerie constituent l’extrémité sud, séparés l’un des locaux de vie, l’autre de la galerie du bloc 2 par un simple cloisonnement qui leur tient lieu de mur de fond. Bifurcation de la galerie principale ferrée de distribution de l'ouvrage ; à droite, virage vers le bloc 2, avec entrée de l'atelier du génie.Bifurcation de la galerie principale ferrée de distribution de l'ouvrage ; à droite, virage vers le bloc 2, avec entrée de l'atelier du génie.

La galerie secondaire d’accès au bloc 2 distribue ensuite, toujours à gauche et avant la fin du tournant, la galerie plus étroite et sans rails qui aboutit au bloc d’infanterie 4 (est), ayant desservi au passage un magasin à grenades. Un court segment de cette galerie est laissé brut de déroquetage, le revêtement de béton en tunnel n’ayant pas été terminé.

Les locaux latéraux desservis ensuite, après un sas étanche, par la branche rectiligne de la galerie secondaire continuant au sud jusqu’au au bloc 2, sont liés au service de ce puissant bloc d’artillerie. Ces travées de casemates ou alvéoles peu profondes se répartissent de chaque côté de la galerie ; celles de droite, au nombre de 5 sont affectées, dans l’ordre, à un ventilateur, à deux postes de commandement (pour les pièces de 75, puis pour les mortiers de 135), à un garage et à un local téléphonique. Celles de gauche, plus profondes, au nombre de 4 sont successivement des réserves de munitions de 75 et de 135.

Si l’on reprend la galerie principale où on l’a laissée (bifurcation), afin de terminer la description des aménagements de logistique et de vie avant de traiter celle des blocs actifs, on aborde le casernement proprement dit, développé à droite selon une trame orthogonale de deux travées longitudinales de casemates parallèles à la galeries, distribuées successivement par quatre couloirs transversaux permettant un compartimentage en plusieurs sous-espaces ou cellules. Toute la moitié nord est affectée aux dortoirs des soldats (5 cellules) et des sous-officiers (une cellule). Les deux derniers couloirs transversaux desservant les dortoirs sont élargis pour accueillir latéralement les lavabos collectifs des soldats. Le reste des espaces du casernement est occupé par des PC (postes de commandement) et des bureaux de renseignements d’artillerie d’infanterie et d’ouvrage, mais aussi par un mess, un local téléphone, un magasin pour le service « Z » (ventilation, neutralisation), et par l’infirmerie.

A gauche de la galerie principale, dans le secteur du casernement, on trouve successivement : un magasin général à vivres, les latrines et une casemate profonde pour la réserve générale d’eau de source (90.000 litres répartis en trois citernes métalliques). Les latrines, forment une sorte de couloir parallèle à la galerie, surélevé de quelques marches, avec deux issues, compartimenté en 8 cabinets fermés de portes en fer et en urinoirs, le tout chauffé par des radiateurs.

Après le secteur du casernement, la galerie principale change d’axe en s’infléchissant à gauche (après avoir distribué à gauche un magasin aux fusées). Elle rencontre bientôt un sas étanche, puis au-delà distribue latéralement deux grands magasins de munitions de pièces de 75 avant d’accéder au vestibule inférieur du bloc 3.

Le bloc 2

Le bloc 2 de l’ouvrage de Sainte-Agnès comporte 4 niveaux, deux en soubassement, un en rez-de-chaussée et un en étage ; le 3e niveau ou rez-de-chaussée est accessible de plain-pied par l’extrémité de la galerie secondaire à voie ferrée, qui décrit une courbe à droite à 90° pour desservir les casemates de ce niveau, les wagonnets pouvant arriver et stationner jusqu’à l’arrière des pièces d’artillerie. Les autres niveaux sont desservis par une cage d’escalier à volées droites tournant au carré autour de l’ascenseur monte-charge, encastrée à la gorge du bloc.

Le bloc juxtapose en batterie à ses deux niveaux intermédiaires quatre casemates d’artillerie tirant plein sud et une travée plus étroite, disposées en épi, ce qui détermine sa forme extérieure complexe et « festonnée » à cinq redans arrondis.

Ce type de plan en épi ou en crémaillère est propre aux casemates de tir de flanquement (d’un autre ouvrage voisin du même secteur), par opposition aux tirs d’action frontale. L’angle sud-ouest du bloc est renforcée par un saillant cylindrique portant une cloche d’observatoire à vision directe et périscopique (VDP), tandis que son flanc (ouest) est percé de deux créneaux FM divergents entre le saillant d’angle et un autre renflement semi-cylindrique portant une cloche GMF

Bloc 2, niveau 3 (RdC) casemate cuirassée pour mortier lance bombe de 135 (en place).Bloc 2, niveau 3 (RdC) casemate cuirassée pour mortier lance bombe de 135 (en place).Les casemates cuirassées du niveau 3 (RdeC) sont équipés de 2 canons-mortiers de 75, de 2 mortiers lance bombes de 135, parfaitement conservés en place sur leur axe de rotation, et d’un fusil mitrailleur pour un tir de flanquement rapproché ouest/sud-ouest dans le créneau le plus a l’est. Les embrasures, dont la bouche extérieure est entièrement constitué d’un cadre en acier serti dans le béton, avec plaque de blindage de 10cm d’épaisseur et orifice de tir obturable par un volet coulissant en guillotine (Fig. 16), sont surmontés au-dehors par des visières projetant en avant le plan festonné de la façade du bloc. Les directions précises des tirs des pièces à tir courbe ou tendu de cet étage étaient déterminées non par visée directe, mais depuis les PC appropriés, et communiqué à l’artilleur par un appareil à cadran de pointage « transmetteur d’ordres ». Les douilles utilisées sont rejetées au sol dans des gaines toboggan de récupération.

Le niveau 2 ( étage -1), de même plan, est défilé à l’extérieur par le fossé-diamant qui borde la façade du bloc ; il est équipé de deux mortiers de 81 (tirs paraboliques d’axe fixe) également bien conservés en place dans les deux casemates médianes cuirassées, avec leurs accessoires (étagères à bombes de 81, appareil mural de vissage de la fusée et des ailettes des bombes). La bouche extérieure des deux embrasures, contre-plongeante car adaptée au tir à 45°, est à trémie sur ses côtés et son couvrement. Les deux autres casemates desservent l’une (est) un dépôt de munitions, l’autre (ouest) une salle de ventilation éclairée par un créneau de flanquement du fossé diamant, suivie d’un accès au puits de la cloche VDP. Dans le dernier redan sud-est passe une poterne ou issue de secours dans le fossé-diamant. Bloc 2, enfilade extérieure de la façade à 3 niveaux actifs de 4 casemates en épi sur le fossé-diamant, vue en face de la batterie de flanquement.Bloc 2, enfilade extérieure de la façade à 3 niveaux actifs de 4 casemates en épi sur le fossé-diamant, vue en face de la batterie de flanquement.

Le niveau 4 est un étage d’infanterie limité aux trois travées les plus orientales des étages inférieurs ; celle du centre dessert un jumelage de mitrailleuses (JM) ; elle est protégée à l’extérieur par une lourde visière ; à sa droite est un local percé de créneaux de transmissions optiques (vers les ouvrages du Mont-Agel et de Roquebrune), à sa gauche est un puits d’accès à une cloche lance-grenade (VDP) qui couronnait le dernier redan est du bloc.

En soubassement, le niveau 1 (étage -2) n’était qu’un magasin récepteur des douilles de 135 et de 75 qui descendaient des postes de tir du niveau 3 par un toboggan à douilles (gaine fermée carrée, oblique puis verticale).

Par son armement diversifié cumulé, ce bloc 2 de l’ouvrage de Sainte-Agnès est le plus puissant de la ligne Maginot des Alpes.

Le bloc 3

Le Bloc 3 émerge du flanc nord du piton rocheux 50 au-dessus du niveau du rez-de-chaussée de l’ouvrage, en sorte que pour accéder à ses étages actifs, il faut emprunter un escalier de 265 marches à volées droites montant au carré autour d’un mur d’échiffre, couplé avec un monte-charge contigu. Le vestibule d’accès à cette distribution verticale, constituant le niveau 1 du bloc, est le point d’aboutissement de la galerie de distribution principale de l’ouvrage et de son chemin de fer de 60. Celui-ci se termine au pied de l’escalier, de manière à permettre le transfert aisé dans le monte-charge des munitions tirées des magasins de munitions de 75 voisins et des approvisionnements amenés sur wagonnets. Un dégagement est réservé à côté du monte-charge. L’escalier monte la plus grande partie de son développement sans desservir de palier, puis accède (après 193 marches, 33 m plus haut) au niveau 2 du bloc, qui n’est qu’un étage aveugle formé de deux petites pièces de la largeur cumulée de l’escalier et du monte-charge, échelonnées en profondeur, la première abritant le central téléphonique du bloc, la seconde le PC des canons-mortiers de 75. Le niveau 3 est en soubassement du bloc émergeant actif dont il reproduit la partition interne de trois travées casematées disposées en épi. La travée directement attenante à l’escalier et au monte-charge est un magasin à munitions de 81mm ; celle située immédiatement à droite est un local de ventilation ; encadrant de part et d’autres ces deux travées, on trouve les volumes de récupération des douilles utilisées de 75, qui y descendent par des toboggans hélicoïdaux.

Le niveau 4 du bloc, comme le premier niveau d’artillerie actif du bloc 2, est armé d’un mortier de 81 dans chacune des deux casemates médianes (celle en vis-à-vis de l’escalier et la première à droite), les embrasures étant couvertes de la même manière à l’extérieur par le classique fossé-diamant. A gauche de l’escalier, la travée au dessus du récupérateur de douilles est affectée à un petit dortoir pour 8 hommes rendu nécessaire par l’isolement de ce bloc (trop de marches à descendre et remonter pour communiquer avec le casernement).

Ce dortoir communique au puits toboggan hélicoïdal des douilles usagées.

A l'autre extrémité de ce niveau 4 la travée en épi qui fait suite à la seconde casemate active est subdivisée deux petits locaux : le PC d'infanterie de bloc et une chambre pour transmission optique (vers l'ouvrage d'infanterie du col des Banquettes). A la suite est une poterne ou issue de secours dans le fossé-diamant (comme au bloc 2), juxtaposé à un cabinet de latrines logé dans le soubassement circulaire du puits de cloche GFM de l’étage supérieur.

Le niveau 5 est armé dans les deux casemates cuirassées médianes en épi de pièces de 75, complétées dans l’épi suivant à droite par une casemate d’infanterie pour jumelage de mitrailleuses, qui croise son feu avec celui, flanquant, d’un créneau de fusil mitrailleur desservi depuis la travée contiguë (au-dessus de la poterne). Au bout de cette travée est l’accès au puit de la cloche GFM, tandis qu’à l’autre extrémité de cet étage on trouve la même chambre de repos qu’à l’étage en dessous, communiquant au puits d’accès à une cloche lance-grenade (VDP). Au dehors, le bloc 3 offre un aspect comparable –en plus simple- à celui du bloc 2, avec son front festonné encadré d’organes semi cylindriques en saillie portant les cloches, et ses visières sur les embrasures.

Le bloc 4

Le bloc 4 n’est qu’un petit bloc d’infanterie au bout d’une galerie étroite qui le dessert par l’intermédiaire d’un puits carré avec échelle fixe montante ; la galerie dessert un peu avant une série de trois petites pièces de service de ce bloc : PC, local téléphone et dortoir.

Le bloc proprement dit n’a qu’un niveau actif très étroit desservant deux créneaux de flanc opposés pour fusils mitrailleurs. Dans son front renforcé de plan en amande est réservé le puits d’accès d’une cloche GFM qui permet de surveiller Menton et la frontière sur 10km de long.

L’ensemble des infrastructures est réalisé en béton armé avec finitions au ciment grenu (extérieur des blocs) ou lissé (intérieurs casemates et galeries). Les parois extérieures des blocs avaient reçu une peinture de camouflage qu’on devine encore au bloc 2. Les espaces intérieurs en ciment sont pour la plupart revêtus d’un badigeon blanc, avec plinthe sombre. Les cuirassements, en plaques d’acier des casemates d’artillerie, leurs plafonds en poutrelles de fer, de même que les affûts des pièces, sont peints en blanc. Les portes et portes-grilles en fer, certaines machines (boites électriques) sont peintes en gris. Des couleurs conventionnelles sont employées sur certaines tuyauteries, notamment pour différencier l’air gazé de l’air pur. La plupart des sols et radiers sont en dalle béton. Certains (cuisine) sont carrelés, ainsi qu’une partie des parois. Quelques sols sont en plaques de fer sur vides techniques (centrale électrique, sols sous les affûts des pièces d’artillerie, tablier du pont-levis, passerelle des hommes).

L'ouvrage de Saint Agnès est l’un des dix gros ouvrages mixtes (d’artillerie et d’infanterie) du Secteur fortifié des Alpes Maritimes (S.F.A.M.) jalonnant la « Position de résistance » mise en place entre 1930 et 1935 dans le cadre d’une loi-programme par la Commission d’organisation des régions fortifiées (C.O.R.F.), sur une zone nord-sud longue de 22 km et distante de 5-8 km de la frontière italienne.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Bibliographie

  • CIMA, Raymond, CIMA, Bernard. Ouvrage de Sainte-Agnès. – Menton : auto-édition, 1991, 64 p.

  • GARIGLIO, Dario, MINOLA, Mauro. Le fortezze delle Alpi occidentali [Les forteresses des Alpes occidentales]. Cuneo : L'Arcière, 1995.

    vol. II, Dal Monginevro al Mare. p. 274-277.
  • MARY, J.-Y. La ligne Maginot, ce qu’elle était et ce qu’il en reste. – Paris : Sercap, 1985.

  • PANICACCI, J.L. La ligne Maginot dans les Alpes-Maritimes. Dans : Vauban et ses successeurs dans les Alpes-Maritimes. Paris : Association Vauban, 2004, p. 97-107.

  • PANICACCI, J.L. La bataille pour Menton (10-25 juin 1940). Dans : Guerres et fortifications en Provence. Mouans-Sartoux, 1995, p. 215-220.

  • RAY, B. L’ouvrage de Sainte-Agnès. Dans : Vauban et ses successeurs dans les Alpes-Maritimes. Paris : Association Vauban, 2004, 318 p.

  • SPIRAL, P. La ligne Maginot de l’Est et des Alpes, 1939-1945. Dans : Guerres et fortifications en Provence. Mouans-Sartoux, 1995, p. 199-214.

  • TRUTTMANN, Philippe. La muraille de France ou la ligne Maginot. – Thionville : édition Gérard Klopp, 1988, 627 p.

Documents figurés

  • L’ouvrage de Sainte-Agnès [plan général]. / Dessin, par Raymond Cima. Dans : Cima (Raymond), Cima (Bernard). Ouvrage de Sainte-Agnès. – Menton : auto-édition, 1991, 64 p.

  • Piante del blocco 2 d'artiglieria della Grossa opera Maginot di Sainte Agnès. [Plans des trois niveaux du bloc 2]. / Dessin, 1995. Dans : "Le fortezze delle Alpi occidentali. Vol. II. Dal Monginevro al Mare"/ D. Gariglio, M. Minola, Cuneo : L'Arcière, 1995.

Documents multimédia

  • CIMA, Raymond, CIMA, Bernard. Ouvrage de Sainte-Agnès, SFAM. [en ligne] [1996, mise à jour 2006]. La ligne Maginot. Accès internet : <URL : http://www.maginot.org/home-02.htm>

Date d'enquête 2005 ; Date(s) de rédaction 2011
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
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