Dossier d’œuvre architecture IA04001858 | Réalisé par
  • inventaire topographique
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
ouvrage d'entrée dit Porte d'Ausol, du scel ou du sceau puis Porte du Puget puis Porte de Savoye puis Porte d'Italie
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Entrevaux
  • Commune Entrevaux
  • Lieu-dit le Bourg
  • Cadastre 1816 G 8, 9, 10 ; 2006 G 51, 256
  • Dénominations
    ouvrage d'entrée
  • Appellations
    Porte d'Ausol, du scel ou du sceau, Porte du Puget, Porte de Savoye, Porte d'Italie
  • Destinations
    ouvrage d'entrée
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    mur défensif, bastion, corps de garde, poterne, écurie

Porte est dite Porte d'Ausol, du scel ou du sceau (1600-1693), Porte du Puget (1693-1709), Porte de Savoye (1709-1814), Porte d'Italie (1814- )

La tour-porte (n°15) de plan presque carré (c. 5, 20m / 6m), est attenante par son angle sud-ouest à la haute tour clocher carrée de la cathédrale, non directement mais par l'intermédiaire d'un pan de mur fermant l'espace de 1m qui sépare les deux tours. La construction de la souche du clocher, du mur de raccord et de la tour-porte est manifestement simultanée, à en juger par la continuité des maçonneries (pas de raccords ni de chaînes d'angle dans la partie d'élévation concernée), les étages campanaires du clocher de la cathédrale paraissant seuls avoir été édifiés dans une seconde phase. Ces indices permettent de dater à coup sûr la construction de la tour-porte vers 1624, période de construction de la cathédrale. Cette tour-porte est appuyée au nord sur un épaulement rocheux aménagé en terrasse, à l'extrémité des principaux axes viaires est-ouest de la ville : basse rue, venant de l'ancienne porte sud, rue de l'église, venant de la place du marché et de la place Saint-Martin. Ces deux rues convergeaient avant 1620 à la gorge de l'ancienne porte ; depuis la construction de la cathédrale, elles se prolongent par une place rectangulaire allongée, étroite pour une place, large pour une rue, calée entre le mur gouttereau nord de la cathédrale et le mur de soutènement des terrasses nord, terminée à l'est par la tour-porte construite en même temps que la cathédrale. Le passage d'entrée sous la tour-porte ne suit pas cet axe est-ouest, mais forme une chicane à angle droit qui place la façade extérieure de la tour-porte sur sa face sud, en retour d'équerre de la face est du clocher de la cathédrale. Porte 15. Vue de la tour porte 15 façade côté ville.Porte 15. Vue de la tour porte 15 façade côté ville. Porte 15. Façade à pont-levis de la tour porte 15, fossé et corps de garde 16.Porte 15. Façade à pont-levis de la tour porte 15, fossé et corps de garde 16.

Si le caractère originel du passage en chicane ne fait pas de doute, la façade d'entrée et son pont-levis à flèches portent l'empreinte d'une reconstruction bien postérieure à 1624. En atteste la mise en œuvre des parements et surtout des pierres de taille employées tant pour l'angle sud-est de la tour que pour l'arcade plein-cintre de la porte à pont-levis inscrite dans un tableau rectangulaire en creux, ou pour les encoignures des saignées des flèches de ce pont-levis. Cette mise en œuvre est beaucoup plus soignée (taille des pierres, finesse des joints) que celle du reste des maçonneries de la tour-porte, singulièrement de l'angle nord-est, chaîné aussi en pierres de taille et couronné d'une petite échauguette cylindrique construite de même, mais sans régularité. Non seulement le plan de 1683 et le projet de Vauban de 1700 ne mentionnent aucun pont-levis à cette façade d'entrée, mais ce pont-levis n'est toujours pas porté sur le plan de 1723, pas plus que sur celui de 1774 ! Il faut en conclure que la façade d'entrée actuelle, avec son pont-levis à flèches reproduisant les modèles en vigueur dans les années 1690 et jugés obsolètes par Vauban en 1700, n'a été reconstruite, et son fossé créé, que dans la décennie 1780, comme celle de la porte ouest de la ville (n°9) qui lui ressemble beaucoup, quoi qu’édifiée en pierres de taille.

Porte 15. Détail nord est de la porte et de son échauguette.Porte 15. Détail nord est de la porte et de son échauguette. Porte 15 - 17. Vue plongeante de la porte de ville est.Porte 15 - 17. Vue plongeante de la porte de ville est. Porte 15. Face est de la tour porte 15 avec échauguette, tour de l'église.Porte 15. Face est de la tour porte 15 avec échauguette, tour de l'église.

Dans son état antérieur, cette tour-porte n'était barrée que de vantaux jouant sous l'arrière-voussure des deux portes sud et ouest de son passage d'entrée, dont seule la porte intérieure (ouest) est conservée dans son état 1624. L'élévation de cette tour comporte un premier étage planchéié qui abritait le corps de garde, percé de deux petites fenêtres symétriques dans la face est (anciens créneaux en fente agrandis au début du XXe siècle) entre lesquelles est aménagée une cheminée murale ; de deux autres jours analogues sur la face nord, une est condamnée (XXe siècle), un dernier, à l'ouest, regardant vers la place de la cathédrale. Le second étage, éclairé d'une grande fenêtre en façade sud (au dessus du pont-levis) est couvert d'une voûte en berceau d'axe nord-sud dont les reins portent directement les deux versants du toit revêtu de tuiles canal. Ces dispositions ont été créées en même temps qu'on reconstruisait la façade sud, dans la décennie 1780. Auparavant, ce second étage n'était qu'un étage de couronnement défensif avec mur parapet crénelé et sans doute deux échauguettes aux angles de la face est, dont seule subsiste celle du sud-est. A l'angle nord-est s'ouvre la porte d'accès au chemin de ronde dit "galerie de communication" sur la courtine n°14, réaménagé sur ordre de Vauban après 1700. On ne sait pas quelle était la forme du toit d'origine (quatre versants ? appentis ?), mais il n'y avait pas de pignons. Des créneaux d'origine sont maintenus deux des trois de la face est, tandis que les trois de la face nord sont condamnés.

L'escalier distribuant les étages et la galerie de communication n°14 est aménagé en majeure partie hors œuvre à l'ouest de la tour, dans le terrassement nord, entre la face intérieure du mur de soutènement et celle de la courtine 14, à laquelle il s'aligne : il s'amorce par une porte percée dans ce mur de soutènement et forme deux volées droites voûtées dont le palier du premier étage est défendu par un assommoir. Il est relayé au-dessus du sol du terrassement par une volée droite dans œuvre, côté ouest, reliant le premier et le second étage. Cet escalier est sans doute une réalisation consécutive au projet Vauban de 1700, car il est conditionné avant tout par la nécessité de procurer une bonne desserte à la "galerie de communication" n° 14.

Ouvrage 17. Vue extérieure de l'ouvrage 17 et de son pont dormant sur le fossé.Ouvrage 17. Vue extérieure de l'ouvrage 17 et de son pont dormant sur le fossé. Ouvrage 17. Courtine et porte à pont-levis du cornichon 17 vu de dehors.Ouvrage 17. Courtine et porte à pont-levis du cornichon 17 vu de dehors.

Le "cornichon" n°17, œuvre de Niquet réalisée en 1691 est un petit ouvrage à cornes flanqué de deux demi-bastions symétriques, conçu pour assurer la protection avancée de la porte, à la manière d'un tambour (ouvrage attenant au corps de place) non d'une barbacane (ouvrage détaché). Sa conception est parfaitement logique et habilement adaptée à l'existant, en restant économe de moyens : ses deux flancs extérieurs parallèles s'alignent l'un au mur gouttereau sud de la cathédrale (incorporant la sacristie), l'autre au mur nord de la tour-porte, en sorte que la position de la porte de cet ouvrage est à la fois parfaitement centrée entre les demi-bastions et axée sur la tour de la cathédrale qui domine l'arrière-plan, tout en créant une première chicane bien tracée pour aborder la face d'entrée de la tour-porte abritant la seconde chicane. Cette porte du "cornichon" est très simple, composée d'une arcade en plein-cintre surmontée des rainures des flèches du pont-levis à ciel ouvert (flèches, charpente du contrepoids en croix de Saint André, chaînes et tablier en place, état fin XIXe s) encadrée de deux pilastres délimitant le tableau de rabattement du tablier. Un pont dormant de deux arches, avec chaussée en calade, précède le pont-levis pour franchir le fossé à contrescarpe revêtue; le pont, les garde-corps du pont et de la contrescarpe ont été restaurés récemment. La défense active de ce cornichon est essentiellement conçue pour l'infanterie, c'est à dire assurée par des créneaux de fusillade à fente courte encadrée en pierre régulièrement percés sur les faces et les flancs des demi-bastions. Sur la courtine intermédiaire, deux créneaux de chaque côté de la porte (le plus proche de la porte condamné) encadrent symétriquement une embrasure d'action frontale pour pièce d'artillerie de petit calibre. Compte tenu de l'épaulement rocheux qui règne au nord, le niveau de tir unique desservi de plain-pied depuis l'aire intérieure de l'ouvrage ne peut s'appliquer au flanc nord et à la face du demi-bastion nord. Les créneaux règnent donc sur ces face et flanc 2m plus haut qu'ailleurs, ce qui a nécessité l'établissement d'un chemin de ronde porté sur arcades en maçonnerie , avec escalier en pierre, en adossement intérieur de ces deux murs du demi-bastion. Par ailleurs, ces deux murs sont surhaussés d'autant par rapport aux autres fronts du cornichon, pour assurer un meilleur défilement. La restauration de cet ouvrage a commencé récemment par les parements intérieurs de ce demi-bastion, et les tablettes de briques.

Le demi-bastion sud, plus bas fondé sur le terrain naturel, initialement proche du cours du Var, a donc un soubassement terrassé. Les créneaux de son long flanc sud se continuent dans l'emprise de la sacristie adossée (dont un supplémentaire à l'étage supérieur); cette sacristie reconstruite en 1693 était donc accessoirement annexée au dispositif défensif. Deux embrasures à canon de petit calibre comme celles de la courtine d'entrée s'intercalent entre les créneaux de ce flanc. A l'intérieur est adossé à ce mur parapet un hangar qui servait d'écurie au XIXe siècle, construction médiocre aux murs maigres en briques à demi couverte en tuiles mécaniques et en voile de ciment.

Ouvrage 17. Vue intérieure du cornichon 17 et de sa porte à pont-levis.Ouvrage 17. Vue intérieure du cornichon 17 et de sa porte à pont-levis. Ouvrage 17. Vue intérieure du bastion de droite du cornichon 17 et chemin de ronde.Ouvrage 17. Vue intérieure du bastion de droite du cornichon 17 et chemin de ronde.

Dans le demi-bastion nord adossé au mur nord et à la face est de la tour-porte, un petit bâtiment rectangulaire d'une travée sans étage (n°16) a été construit dès 1774. Il répondait à la nécessité de disposer d'un corps de garde en rez-de-chaussée dans le "cornichon", celui préexistant étant à l'étage de la tour-porte (étage désormais affecté à un dépôt de lits militaires). La porte du corps de garde, couvert en arc segmentaire avec encadrement en belle pierre de taille, est percée côté sud (elle est condamnée), mais une autre porte percée à l'ouest le met en communication directe avec le sas en chicane de la tour-porte. Ce petit corps de garde est aujourd'hui très dénaturé, couver d'une dalle béton en faible pente versant à l'est.

Le système défensif général des accès comporte d'autres organes : une embrasure / judas percé dans le court pan de mur reliant la tour-porte au clocher de la cathédrale, offrant des vues et des possibilités de tir sur la première chicane dans le "cornichon". Cette ouverture couverte en plein-cintre, avec feuillure de volet à l'extérieur, peut-être interprétée comme une ancienne embrasure à canon antérieure à 1690, rendu caduque par la construction du "cornichon" et adaptée à un autre usage.

L'autre organe défensif, créé seulement au XIXe siècle, est une poterne. Il s'agit d'une galerie percée en soubassement du "cornichon" pour mettre en communication la fosse de pont-levis créée vers 1785 devant la façade d'entrée de la tour-porte, avec le fossé du cornichon, dans lequel elle débouche à côté du flanc sud du demi-bastion nord. L'usage de cette poterne imposait a priori de descendre dans la fosse du pont-levis avec une échelle, mais un relevé de 1899 semble indiquer qu'un escalier en dur aujourd'hui entièrement condamné et insoupçonnable, avait été percé à partir de la "place de la cathédrale", sous l'embrasure entre tour-porte et clocher, pour descendre commodément dans ce fossé.

La construction de la tour-porte est liée à l'édification de la nouvelle cathédrale, entre 1620 et 1630, et plus précisément autour de 1624. Il n'en reste presque plus rien de visible aujourd'hui, si ce n'est une échauguette cylindrique à l'angle nord-est du corps de garde. Car ce qui subsiste témoigne d'un travail postérieur à 1624, et ce même si la base de la tour originale demeure en place. D'ailleurs ni le plan de Vauban de 1683 ni son projet de 1700, pas plus que le plan de 1723 ni même celui de 1774 ne mentionne un pont-levis, qui ne peut donc avoir été mis en oeuvre, au sein d'un ensemble remanié, avant la décennie 1780. Le pont-levis à flèches, qui témoigne d'un modèle obsolète en vigueur dans les années 1690 et déjà critiqué comme tel par Vauban dans son projet de 1700, ainsi que le fossé furent donc exécutés à cette époque, tout comme la mise en oeuvre des parements en façade sud et le réaménagement intérieur de la tour-porte, suite à son exhaussement d'un étage. En revanche le cornichon à cornes (il est flanqué de deux demi-bastions), avec son pont-levis, est contemporain des travaux de Niquet (automne 1690 et printemps 1691), sous l'impulsion de Vauban. La poterne, une galerie percée en soubassement du cornichon reliant la fosse de pont-levis créée vers 1785 devant la façade d'entrée sud de la tour-porte au fossé du cornichon, est un ajout du 19e siècle. La porte a porté plusieurs appellations : Porte d'Ausol, du scel ou du sceau (1600-1693), puis Porte du Puget (1693- ), puis Porte de Savoye (1709-1814) et Porte d'Italie depuis 1814.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 17e siècle
    • Secondaire : 4e quart 18e siècle
    • Secondaire : 19e siècle
  • Dates
    • 1624, daté par source

La tour-porte, d'un format proche du carré (c. 5,20 x 6m) est presque contiguë à la tour-clocher de la cathédrale : un mur d'environ 1 mètre comble l'espace séparant les deux ensembles. Le passage sous la tour-porte forme une chicane à angle droit aboutissant à un pont-levis à flèches en façade sud. Cette dernière révèle une mise en oeuvre particulièrement soignée - parement, utilisation de la pierre de taille pour la chaîne d'angle sud-est, l'arcade en plein-cintre de la porte à pont-levis, les encoignures des saignées des flèches du pont-levis - qu'on ne retrouve pas ailleurs, particulièrement le reste des maçonneries de la tour-porte, au parement irrégulier. La tour comporte deux étages carrés. Le premier abritait le corps de garde, éclairé en façade est de part et d'autre d'une cheminée murale par deux anciens créneaux en fente agrandis au début du 20e siècle, en façade nord par deux jours analogues, et à l'ouest par un autre. Le second étage carré, voûté en berceau selon un axe nord-sud, reçoit la lumière d'une grande fenêtre en façade sud. Le toit à longs pans est recouvert en tuile creuse. A l'angle nord-est s'ouvre la porte d'accès au chemin de ronde dit "galerie de communication", réaménagé sur ordre de Vauban après 1700. Un escalier distribue les deux étages ainsi que la galerie de communication. Situé à l'ouest de la tour, il est hors-oeuvre entre le rez-de-chaussée et le premier étage (tournant à deux volées droites voûtées), puis dans-oeuvre jusqu'au deuxième étage carré (une volée droite). L'ouvrage d'entrée est complété par un "cornichon" prolongé par deux demi-bastions symétriques. Ses deux flancs extérieurs parallèles prolongent le mur sud de l'ancienne cathédrale (la sacrisite) et le flanc nord de la tour-porte, ménageant ainsi un axe de symétrie en façade est, percée d'une porte dans l'alignement de la tour de la cathédrale. Cette porte présente une conception simple : avec une arcade en plein-cintre surmontée des rainures des flèches du pont-levis à ciel ouvert et contrepoids en bois affectant une forme en croix de Saint-André. Un pont dormant de deux arches, avec chaussée en calade, précède le pont-levis. La défense du "cornichon" était dévolue à l'infanterie, comme le montrent les créneaux de fusillade perçant régulièrement l'enveloppe, ainsi que les deux embrasures (une de part et d'autre de la porte est) pour pièce d'artillerie de petit calibre. Contre la façade est de la tour-porte a été greffé un petit bâtiment rectangulaire sans étage, dénaturé par une couverture en dalle de béton : il était destiné initialement à accueillir un corps de garde dans le "cornichon". Contre le mur-parapet sud on observe également un appentis couvert en tuile creuse ayant servi d'écurie au 19e siècle. S'ajoute au système défensif une embrasure percée dans le mur reliant la tour-clocher à la tour-porte, rendue caduque par la construction du cornichon, ainsi qu'une poterne percée en soubassement du "cornichon" et reliant le fossé du pont-levis de la tour-porte à celui du "cornichon".

  • Toits
    tuile creuse
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier hors-oeuvre : escalier droit en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1937/12/23
Date d'enquête 2003 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général