Dossier collectif IA04003123 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
maisons
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Thorame-Haute

I. Contexte de l'enquête

Le repérage

Ce dossier concerne les maisons de la commune de Thorame-Haute (canton de Castellane, ancien canton d'Allos-Colmars jusqu'en 2014, Communauté de communes Alpes Provence Verdon - Sources de Lumière, ancien Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var, département des Alpes-de-Haute-Provence). Le terme "maison" comprend les édifices totalement dévolus à la fonction de logement ainsi que ceux comprenant une partie logis et une partie agricole (étable, remise, fenil…) réunies sous un même toit.

Les conditions de l'enquête

Le repérage des maisons sur la commune de Thorame-Haute a été effectué au cours des mois d'été 2011. Le recensement s'est fait à partir du cadastre le plus récent disponible, édition mise à jour pour 1987. Le plan cadastral dit "napoléonien", levé en 1827, a servi de point de repère et de comparaison pour les bâtiments antérieurs à cette date ; l'ensemble des états de section de ce cadastre a été consulté. Toutes les constructions portées sur le cadastre actuel ont été vues, au moins de l'extérieur. Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux maisons et décrivant :

- la ou les fonction(s) visible(s) du bâtiment,

- la présence éventuelle et la caractérisation des espaces libres,

- la mitoyenneté,

- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,

- la forme du toit et la nature de la couverture et de l'avant-toit,

- le nombre d'étages visibles,

- la description des élévations et des baies,

- les décors extérieurs,

- les aménagements intérieurs (escalier, cheminée, cloisons…),

- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions…

Cette grille de repérage a donné lieu à l'alimentation d'une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique. Le repérage est toujours confronté à la question de l'état du bâti. Ainsi, ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. Les bâtiments ruinés mais dont le parti pris architectural d'origine restait lisible ont également été repérés. En revanche, les bâtiments ayant subi des transformations majeures rendant illisibles leurs caractères architecturaux n'ont pas été retenus. Les bâtiments non repérés sont principalement ceux qui ont été très remaniés à une période récente, selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural très éloignés de ceux de l'architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde… Ils sont nombreux dans le chef-lieu.

II. Caractères morphologiques et implantation

Sans surprise, dans la commune de Thorame-Haute, les maisons ont été repérées en milieu aggloméré, et d'abord au sein du chef-lieu lui-même qui rassemble 80 % du total (97 maisons dont 71 dans le village et 26 au Riou, un quartier limitrophe). Suivent les écarts d'Ondres (11 maisons), de Peyresq (9), de la Colle-Saint-Michel et de Thorame-Gare (1 maison). A Ondres et à Peyresq, la reconstruction de l'habitat selon des normes qui diffèrent des critères de l'architecture vernaculaire locale, sous des aspects divers, rend le repérage complexe ; même s'il reste du bâti traditionnel, les modifications expliquent en grande partie des chiffres bas. L'ancien village de la Colle-Saint-Michel est davantage préservé d'une manière générale, mais très clairsemé en matière d'habitat.

Sur l'ensemble de la commune, 13 maisons ont été sélectionnées et fait l'objet d'un dossier d'inventaire (soit environ 11% du corpus). Dans la mesure où ces maisons prennent place en contexte aggloméré, la mitoyenneté est largement représentée : sur un côté (environ 26,5%), deux (environ 44%) voire trois (environ 18%). A l'inverse, les maisons isolées restent minoritaires (moins de 11%). Un espace libre (cour, jardin, voire les deux a été identifié dans 29 % des cas (35 maisons), ce qui relativise la densité de l'ensemble. Dans le chef-lieu l'articulation au nord avec le quartier du Riou et au sud avec la rue de l'Eglise qui borde les terres de la Condamine a laissé la place à des espaces libres et favorisé l'implantation de jardins potagers. La reconstruction d'Ondres et de Peyresq, en grande partie, répond à des critères d'implantation moins "denses", surtout à Ondres, qui n'a jamais été un village. De ce fait, les espaces libres sont davantage représentés (plus de 50 % des cas sur le repéré à Ondres). La Colle-Saint-Michel et Thorame-Gare s'inscrivent dans des problématiques similaires.

47. Haute Vallée du Verdon. - / THORAME-HAUTE (B.-A.) - Station / estivale, altitude 1.100 m. Vue générale.47. Haute Vallée du Verdon. - / THORAME-HAUTE (B.-A.) - Station / estivale, altitude 1.100 m. Vue générale.

Maisons bordant la place de Peyresq. L'implantation dans l'écart témoigne d'un bâti relativement lâche.Maisons bordant la place de Peyresq. L'implantation dans l'écart témoigne d'un bâti relativement lâche.

Les maisons du chef-lieu telles qu'elles nous apparaissent aujourd'hui ne remontent pas au-delà du 17e siècle. Certaines présentent un certain nombre de dates portées crédibles qui viennent apporter du crédit aux fouilles préventives réalisées au milieu des années 1980. Ces dernières tendent en effet à attester l'existence d'une forme villageoise médiévale concentrique dont témoignerait l'îlot sud de la place principale, de forme arrondie en rive sud. De fait, une date portée sur un linteau en bois, comme pyrogravée, mentionne la date 1614 (actuelle parcelle E 236). D'autres maisons, notamment autour de la Grande Rue et des rues Saint-Pierre et du Subret, indiquent des dates plus tardives mais relativement anciennes encore, du 18e siècle (1719 en E 219, 1723 en E 155, mais l'inscription est gravée sur un linteau délardé un remploi, 1761 en E 2551 ou encore 1778 sur la maison située en E 258). Plusieurs dates sur des encadrements de portes "standardisés" en pierre de taille désignent des interventions plus récentes sur le bâti existant (ainsi en E 236 ["BA/18852] ou en E 240 ["1929/BL"], les deux sur la place principale). Les dates portées des maisons du quartier du Riou, d'une manière générale, sont plus récentes (19e siècle pour l'essentiel) ; une d'entre elles fait cependant exception, sur la chaîne d'angle de la maison occupant la parcelle E 67, indique 1704.

Le Village (quartier du Riou). Date portée sur une chaîne d'angle (parcelle E 64) : "WP.S1704".Le Village (quartier du Riou). Date portée sur une chaîne d'angle (parcelle E 64) : "WP.S1704".

Le Village. Date portée (parcelle E 219) : "A./17+19/B."Le Village. Date portée (parcelle E 219) : "A./17+19/B."

Plusieurs maisons ont été réaménagées en immeubles, même si le nombre des maisons indépendantes reste important. L'organisation ancienne a été modifiée puisque aujourd'hui on contourne le village par le sud grâce à la route départementale n° 2 puis route départementale n° 52. De ce fait, les maisons les plus imposantes qui se déploient autour de la Place et le long de la Grand Rue, restent désormais en second rideau. On relèvera l'apparition d'un bâti pavillonnaire récent qui s'est développé à partir du dernier quart du 20e siècle, à la périphérie est et sud du chef-lieu, selon un angle aigu nord-est/sud-est, ainsi qu'au sud-ouest. Cet habitat spécifique n'a pas été pris en compte dans le repérage, mais témoigne d'une nouvelle phase dans l'histoire de la commune, qui se traduit par un accroissement limité mais réel de la population.

A Peyresq, les maisons "préservées" se situent dans la frange nord de l'ancien village, rue des Chanières. Elles sont bordées au sud par des jardins potagers. Autour de la place, le bâti ancien, bien que partiellement remanié, a moins été l'objet d'une entreprise de reconstruction systématique. L'exposition avantageuse des maisons a donné lieu au déploiement contemporain de terrasses-belvédères orientées vers le fond de vallée de la Vaïre qui prend sa source à proximité, au sud et au sud-est. On retrouve ce principe de manière moins marquée à Ondres, qui bénéficie également d'une situation agréable en surplomb de la vallée du Verdon.

Ecart de Peyresq. Remarquer les balcons et terrasses orientés au sud.Ecart de Peyresq. Remarquer les balcons et terrasses orientés au sud.

Matériaux et mise en oeuvre

Le gros-oeuvre est réalisé en maçonnerie mixte de moellons calcaire et de grès (ou de calcaire gréseux) peu équarris, montés au mortier de chaux et de sable... Le galet en provenance du lit du Verdon tout proche intervient en complément dans plus de la moitié des cas (63 occurrences, soit environ 52% du total repéré). La pierre de taille n'est employée que de façon minoritaire, notamment pour certains encadrements d'ouvertures (16 cas recensés, soit 13,2%). Elle n'a été identifiée qu'à de rares reprises pour la chaîne d'angle, dans le village (1987 E 250) ou dans une maison située à Ondres. La solidité de la structure peut être renforcée par un système d'ancres en bois, comme on en trouve aussi à Beauvezer et Villars-Colmars, mais cela reste marginal sur le territoire communal (ainsi en 1987 E E 241, 273 dans le chef-lieu, en 2021 I 060 14 à la Colle-Saint-Michel ou en 2011 D 215 à Peyresq). Le bois, de production locale, est utilisé pour les charpentes et les planchers.

Ondres. Rochers intégrés à la maçonnerie de moellon de grès et de calcaire. Ondres. Rochers intégrés à la maçonnerie de moellon de grès et de calcaire.

Les toits présentent une pente forte dans 84% des cas (102 occurrences), mais cette proportion était originellement plus importante encore. En effet, pour les 19 cas restants, on remarque parfois une modification dans l'inclinaison de la couverture de manière à gagner un étage d'habitation, dans l'optique de transformer un espace agricole de type séchoir ou fenil en pièce à vivre, parfois d'ailleurs ouverte sur l'extérieur pour profiter de l'ensoleillement. Plusieurs maisons situées dans le quartier villageois du Riou notamment, mais pas seulement (voir par exemple la maison occupant la parcelle 1987 E 148 rue du Peyran), témoignent de cette intervention qui peut entraîner une dissymétrie dans la pente du toit lorsque le rehaussement n'intervient que sur une seule façade. On a dénombré sept façons de couvrir les toits, en fonction de matériaux divers (voir tableau ci-dessous). La tôle (plate davantage qu'ondulée car elle résiste mieux au froid) et le bac acier à eux seuls rassemblent 81% du total repéré. L'usage de la tuile plate artisanale et de la tuile écaille, alors même que subsiste la tuilerie dans le quartier du Riou (désaffectée depuis la seconde moitié du 20e siècle), a donc presque entièrement disparu du village. On l'observe de manière résiduelle (par exemple en 1987 E 38 [ancienne douane et maison profondément remaniée], 343 et 345, non repérées). Cela étant, les cartes postales anciennes du début du 20e siècle montrent des couvertures où la tuile plate mécanique côtoyait déjà la tuile plate artisanale. Une délibération municipale de 1860 aurait interdit l'utilisation du mélèze en couverture afin de préserver les forêts communales, la tuile plate artisanale devint alors omniprésente, avant l'apparition de la tôle et de la tuile mécanique.

Le Village. Maisons au quartier du Riou (parcelles 2020 E 57-59). Le Village. Maisons au quartier du Riou (parcelles 2020 E 57-59).

Maisons fusionnées sous une parcelle unique à la sortie est du village (parcelle E 38).Maisons fusionnées sous une parcelle unique à la sortie est du village (parcelle E 38).

bac acier

bardeau

ciment amiante

tôle

tuile plate mécanique

tuile creuse

mixte

TOTAL

56

4

2

42

12

2

3

121

46,3 %

3,3 %

1,65 %

34,7 %

9,9 %

1,65 %

2,5 %

100 %

Représentation des matériaux de couverture.

Structure, élévation, distribution

Niveaux

Une distinction doit à ce stade être faite entre les maisons du chef-lieu et les autres. Les statistiques générales confirment celles plus fines qui différencient les différents lieux communaux, y compris au sein du village lui-même, entre l'emplacement central et le quartier périphérique du Riou. En somme, les maisons à quatre niveaux dominent, puisqu'elles apparaissent dans près de deux-tiers des cas. Toutefois, on observe que si ces dernières représentent environ 6 maisons sur 10 dans le village, elles sont proportionnellement plus nombreuses dans le quartier du Riou (près des trois-quarts), où l'on enregistre une répartition moins étendue qu'au village. Si l'on s'intéresse à l'écart d'Ondres et à l'ancien chef-lieu de Peyresq, les différences sont bien plus remarquables encore. En effet, à Ondres, les maisons n'ont jamais moins de trois et plus de quatre étages. A Peyresq (REF=IA04003132), le même principe s'applique, mais dans des proportions plus fortes, puisque la répartition ne répond plus à une balance un tiers/deux tiers, mais presque un cinquième/quatre cinquièmes.

Le Village. Maison de quatre niveaux de type logis entre parties agricoles (parcelle E 157).Le Village. Maison de quatre niveaux de type logis entre parties agricoles (parcelle E 157).

Ondres. Maison restaurée comportant quatre niveaux (parcelle B 346).Ondres. Maison restaurée comportant quatre niveaux (parcelle B 346).

Une des clefs de compréhension de cette relative uniformisation réside évidemment dans la campagne de reconstruction à partir des années 1960 pour l'un et l'autre lieu qui modifie les critères morphologiques de l'architecture vernaculaire locale. Dans le village entendu au sens large, la variété est davantage de mise. Il y en a certainement d'autres. Car si la tendance à l'écart entre le village d'un côté, Ondres et Peyresq de l'autre, se confirme lorsqu'on se penche sur la nature des différents étages, il faut aussi y lire une différence entre les sites d'implantation. A Peyresq, 80% des maisons repérées disposent d'au moins un étage de soubassement. A Ondres, cette proportion atteint 100%. Or, à Ondres notamment, le terrain est uniformément pentu. Construire exige donc de ménager un voire deux étages de soubassement (55 % des maisons repérées). Dans le chef-lieu lui-même, le quartier du Riou, plus au nord, investit les pentes de la montagne de Chamatte, avec des conséquences similaires. De sorte que si dans le village environ une maison sur deux s'appuie sur un étage de soubassement, c'est près de neuf maisons sur dix au Riou. En revanche, aucune maison avec deux étages de soubassement. Ceci a une conséquence : dans une commune où le nombre de niveaux est très majoritairement de quatre (environ deux-tiers des cas), la très faible représentation des maisons à deux étages carrés à Ondres et à Peyresq (à peine plus d'un cas sur dix pour le premier, et aucune occurrence pour le second) s'explique par l'existence d'un voire de deux étages de soubassement.

Niveaux

Village

%age

Riou (Village)

%age

Ondres

%age

Peyresq

%age

Total communal3

%age

2

0

0%

0

0%

0

0%

0

0%

1

0,8%

3

8

11,4%

2

7,7%

4

36,4%

2

22,2%

18

14,9%

4

44

61,9%

19

73,1%

7

63,6%

7

77,8%

78

64,5%

5

17

24,3%

5

19,2%

0

0%

0

O%

23

19%

6

2

2,8%

0

0%

0

0%

0

0%

1

0,8%

TOTAL

121

100%

Répartition des niveaux dans le chef-lieu et dans les autres écarts (et anciens villages).

étages

SS

1 soub.

2 soub.

RDC

RDC surél.

1 EC

2 EC

3 EC

comble

Village

3

35

0

34

35

22

39

7

59

%age

4,3%

49,3%

0%

48,6%

49,3%

31,4%

54,9%

10%

84,2%

Riou (Village)

0

23

0

3

23

15

9

0

22

%age

0%

88,5%

0%

11,5%

88,5%

57,7%

34,6%

0%

84,6%

Ondres

0

5

6

0

10

3

0

0

10

%age

0%

45,4%

54,5%

0%

90,9%

27,2%

0%

0%

90,9%

Peyresq

0

5

2

2

7

4

1

0

7

%age

0%

55,5%

22,2%

22,2%

77,8%

44,4%

11,1%

0%

77,8%

Total communal

(120 maisons)

4

69

8

40

79

46

49

7

98

%age

3,3%

57%

6,7%

33,3%

65,3%

38,3%

40,5%

5,8%

81,7%

Répartition des étages dans le chef-lieu et dans les autres écarts (et anciens villages).

Elévations - Typologie des façades

Les façades irrégulières dominent très largement (82% du corpus). Les maisons à façade régulière ne sont pas concentrées en une zone unique du village : on les trouve autour de la Place, Grand Rue, rue du Subret et rue Saint-Pierre, mais également au quartier du Riou. Les façades à travées uniques représentent la moitié des occurrences (61 cas) ; celles dépassant deux travées (jamais au-delà de quatre), environ 20 % (25 cas).

Le Village. Maison de type logis entre parties commerciale et agricole sur la place principale, présentant deux travées régulières (parcelle E 244).Le Village. Maison de type logis entre parties commerciale et agricole sur la place principale, présentant deux travées régulières (parcelle E 244).

Les encadrements de portes témoignent de la supériorité écrasante des linteaux à près de 90% (108 occurrences). Quelques cas (5) de modifications modernes ne permettent pas une identification fiable. Seuls 8 arcs ont été repérés, dont 6 dans le village. Parmi eux, un seul en plein-cintre et un en anse de panier (1987 E 219). La pierre de taille, calcaire ou en grès est présente à 18 reprises, un peu plus si l'on considère quelques maisons où elle est employée sur plusieurs façades. Ainsi en 1987 E 240, où la façade sur Place reçoit un encadrement en pierre de taille finement bouchardée avec plate-bande et clef de voûte datée 1929 et une étoile en réserve, alors que l'encadrement de la porte façade opposée est traité avec un arc segmentaire délardé. Même chose pour la maison occupant la parcelle 1987 E 219 (voir ci-dessous).

On notera la présence de nombreux balcons orientés au sud (ainsi le long de la route départementale 52, en 1987 E 219 et 220), mais pas seulement, parfois superposés, de façon à prendre l'air et le soleil. Ainsi autour de la Place notamment, au quartier du Riou, où des maisons donnent sur des jardins potagers, avec des balcons voire des terrasses (1987 E 38, 39, 97, 98), mais aussi le long de la route départementale 52, au sud-est du village, voire en coeur d'îlot (1987 E 227, 300). Ils sont souvent filants et datent pour beaucoup d'entre eux du premier quart du 20e siècle. Les plus anciens sont à structure métallique avec des planches pour la circulation. La maison occupant la parcelle 1987 E 241 présente deux balcons superposés de chaque côté de la façade sur gouttereau : celui de l'étage intermédiaire est de portée réduite, celui du dernier étage carré est filant, et protégé par le débord important la saillie de rive de l'avant-toit, selon un procédé récurrent en zone alpine où les hivers sont traditionnellement neigeux. Le principe est le même pour les balcons des parcelles 1987 E 38, 39, 40 et 283 (balcon filant sur les deux parcelles), 219 ou encore 220. La parcelle 143 répondait au même principe, tel qu'on le voit sur une carte postale du début du 20e siècle, avant la modification liée à l'enfouissement du Riou et aux travaux de réaménagement dans cette partie du village. Le débord du toit par la saillie de rive pour protéger le balcon n'était toutefois pas omniprésent, comme on peut en juger pour la parcelle 144 avant sa modification à la suite de ces mêmes travaux, toujours d'après carte postale. La présence de balcons filants n'est pas réservée au village : on la retrouve ailleurs dans les différents écarts de la commune.

Peyresq. Maison préservée avec balcon filant orienté au sud au dernier étage d'habitation (parcelle C 575).Peyresq. Maison préservée avec balcon filant orienté au sud au dernier étage d'habitation (parcelle C 575).

Il convient toutefois ici de dire un mot sur l'organisation du village, en particulier de son réseau de circulation, relativement à la question des façades. L'ancienne voie de communication pour relier Thorame-Basse à Colmars traversait le village par la rue du Peyran, prolongée par la Grand Rue. Elle fut remplacée dans le deuxième quart du 20e siècle par la route départementale 2 puis 52 (elle change de nom dans le village), qui contourne le chef-lieu par le sud en faisant un crochet devant l'église paroissiale. L'axe principal, la Grand Rue, fut dès lors rétrogradé en axe secondaire. Cela joua un rôle non pas sur l'organisation de certaines façades mais plutôt sur leur mise en valeur, dans la partie sud-est du village. En effet, l'inversion du centre d'intérêt, d'une rue à l'autre, faisait basculer le point d'appréciation des façades. Prenons le cas de la maison sur la parcelle 1987 E 219. Côté Grand Rue, en façade nord principale, l'entrée reçoit un encadrement en pierre de taille calcaire à arc en anse de panier et date portée (1787) flanquée de part et d'autre par deux initiales (A.B.). Côté jardin au sud, la façade est régulière. Une porte à encadrement façonné imitant la pierre de taille et linteau à plate-bande distribue l'étage de soubassement vers le rez-de-chaussée surélevé par une volée droite. Or, au début du 20e siècle, les cartes postales anciennes ne montrent pas encore de balcon. De même, on ne discerne encore aucun égout retroussé étayé par des aisseliers, puisqu'il n'y a pas de balcon à protéger. La maison occupant la parcelle 226 répond à la même problématique : l'encadrement de la porte à deux battants en façade sud est en pierre de taille, avec une date portée au-dessus d'une étoile sculptée en bas-relief (1906). Mais un balcon-terrasse important (près de 4 mètres de profondeur) a été ajouté plus tard, vraisemblablement dans le deuxième quart du 20e siècle. La façade en retrait laisse la place à un petit jardin clos d'un mur bas, avec une grille métallique dont les deux battants sont fixés sur des poteaux en pierre de taille calcaire sommés chacun d'une boule. L'ensemble donne accès à la route départementale. On observe ainsi à une sorte d'inversion des façades. La façade d'agrément devient façade principale et articule des travées régulières : elle dispose de son accès indépendant pour desservir le logis, et se tourne vers le nouvel axe de circulation. Le même phénomène est à l'oeuvre pour la façade sud de la maison occupant la parcelle 1987 E 220 : l'escalier tournant en béton s'achève sur une terrasse, protégée par un égout retroussé. Mais la modification est intervenue un peu plus tard, au début de la deuxième moitié du 20e siècle. Il s'agit donc d'un mouvement général lié à l'évolution de l'organisation villageoise.

Le Village. Maisons en léger retrait de la route départementale 2 à l'extrémité est du village. L'aménagement de la route départementale 2 a entraîné une modification de leur orientation. La façade postérieure est devenue façade principale, avec balcons voire terrasse au sud, tournant le dos à la Grande Rue délaissée.Le Village. Maisons en léger retrait de la route départementale 2 à l'extrémité est du village. L'aménagement de la route départementale 2 a entraîné une modification de leur orientation. La façade postérieure est devenue façade principale, avec balcons voire terrasse au sud, tournant le dos à la Grande Rue délaissée.

On remarque l'emploi quasi systématique de la saillie de rive en avant-toit (107 occurrences). Prononcé, ce dernier montre parfois un traitement en égout retroussé étayé par des aisseliers métalliques ou en bois, qui sert par sa profondeur à protéger les circulations extérieures (balcons) des intempéries. En conséquence, la génoise demeure marginale (8 cas, moins de 7%) et cantonnée au village (par exemple en 1987 E 226 ou encore 231). Cet état de fait est intrinsèquement lié aux conditions climatiques régnant à Thorame-Haute puisque ce dispositif permet de protéger efficacement les murs (en tout cas la partie supérieure) des intempéries. La commune est déjà sur ce plan soumise aux influences du Haut-Verdon.

Toit

La plupart des toits sont à longs pans (73 occurrences soit 60,3%), puis à un pan (35 cas, soit 28,9%). On trouve ensuite des cas résiduels de formes mixtes (7, soit 5,8%) et quelques occurrences de croupes (6, soit 5%, comme en 1987 E 226). Toutefois, les documents figurés anciens de type cartes postales témoignent de croupes plus nombreuses. Certains bâtiments importants et représentatifs dans le village en étaient pourvus comme la mairie-école (en 1987 E 139), ou l'ancien hôtel de la parcelle 1987 E 231 au bord de la route départementale 52, mais aussi des maisons trop modifiées pour être repérées (1987 E 38, 143).

Voûtements

Sur les 121 maisons repérées, 30 sont demeurées fermées pour tout ou partie de leur intérieur, et il n'a pas été possible de déterminer la présence ou l'absence d'une voûte dans les parties basses. 30 également étaient dépourvues de voûtes. La moitié des maisons, par conséquent, en disposent (61). On dénombre 33 voûtes en berceau segmentaire (dont quelques-unes avec lunettes en pénétration, par exemple en 1987 E 130 et 270 dans le village, ou 2011 D 183 à Peyresq), 20 voûtes d'arêtes, 5 voûtes en berceau (sans plus de précision) et 3 cas de voûtements mixtes (berceau et arêtes, par exemple en 1987 E 272 ou en 2011 D2 249 à Peyresq). On peut trouver dans les parties agricoles des systèmes mixtes mêlant plancher et voûte en berceau dans la profondeur (ainsi en 1987 E 273).

Le Village. Etable à mulet, voûtée en arc segmentaire et lunette en pénétration avec mangeoire et abat-foin (parcelle E 386).  Le Village. Etable à mulet, voûtée en arc segmentaire et lunette en pénétration avec mangeoire et abat-foin (parcelle E 386).

Escaliers

Sur la commune, les escaliers extérieurs occupent une part non négligeable puisqu'on en dénombre 33 occurrences (environ 27%), dont 20 dans le Village, 9 à Ondres et 4 à Peyresq. Ils sont droits (5 escaliers en équerre seulement), et essentiellement parallèles à la façade (21 cas). Ceux qui se prolongent en terrasse (5) sont également tous parallèles. Les escaliers intérieurs s'observent dans 106 maisons (environ 88% du corpus) ; 11 maisons (situées pour la plupart à Ondres et Peyresq) en sont dépourvues, et jouent sur la déclivité du terrain pour permettre les accès aux différents niveaux. En outre, dans 8 maisons, l'absence d'escalier de distribution intérieur est compensée par la présence d'un escalier extérieur. 5 cas n'ont pu être identifiés de manière satisfaisante et restent indécis.

Le repérage a permis de mettre en évidence l'emplacement de l'escalier dans 84 cas soit environ 7 maisons sur 10. A 26 reprises, l'impossibilité d'entrer a empêché une localisation certaine. Les 11 cas restants correspondent évidemment aux maisons sans escalier intérieur. Pour les occurrences dûment identifiées, l'escalier se situe très majoritairement en front de parcelle (62 cas, soit environ 74%) ; dans une bien moindre mesure et de façon presque équivalente, en milieu (12 cas soit environ 14%) et en fond de parcelle (10 cas soit 12%).

Le Village. Entrée avec escalier de distribution droit desservant les niveaux supérieurs (parcelle E 351).Le Village. Entrée avec escalier de distribution droit desservant les niveaux supérieurs (parcelle E 351).

Le Village. Escalier de distribution en vis (parcelle E 238).Le Village. Escalier de distribution en vis (parcelle E 238).

Le Village. Escalier de distribution tournant à retours avec jour central (parcelle E 378).Le Village. Escalier de distribution tournant à retours avec jour central (parcelle E 378).

Les escaliers sont en maçonnerie de plâtre, avec des nez de marche en bois. Dans de rares cas, qu'illustre parfaitement la maison Brieu en tant que demeure bourgeoise, la marche de départ est en pierre et la rampe en fer forgé (REF=IA04003039). L'escalier y affecte une forme tournante à retours avec jour. Dans l'ancien presbytère (1987 E 161), il est rampe sur rampe. Nous avons affaire à des escaliers majoritairement droits (50% du total), tournants dans plus d'un tiers des cas (près de 36%). On dénombre un escalier en équerre et deux escaliers en vis, tous deux dans le village (1987 E 238 et 337 [REF=IA04003051]) : ces derniers devaient être plus nombreux autrefois. 38 n'ont pu être analysés. On notera que si la répartition entre escaliers droits et tournants est sensiblement équivalente dans le chef-lieu, on n'aura repéré que des escaliers droits (à l'exception d'un escalier en équerre), et très peu, à Ondres (REF=IA04002105 et REF=IA04002773) et à Peyresq. Deux explications éclairent cette lacune : la reconstruction très lourde du bâti dans ces lieux empêche d'assurer un repérage toujours fiable sur l'organe de distribution, d'où des incertitudes. Par ailleurs, la réfection voire la mise en oeuvre de nouveaux escaliers en lien avec la reconstruction est plus aisée pour des escaliers droits que tournants.

Dans le village, dans le cas de maisons inscrites dans la pente, disposant donc d'un étage de soubassement, et lorsque la parcelle est traversante, on a fréquemment identifié une distribution spécifique qui permet d'accéder au logis depuis chaque rue. Une première volée droite conduit à un palier correspondant au niveau de la rue au-dessus, en rez-de-chaussée surélevé. Dans ce cas, l'escalier est tournant à volées droites, au moins pour les deux premiers étages (1987 E 219, 236, 243, 247 ou encore 255).

Parfois, et pour des raisons de circulation au sein du tissu "urbain", un escalier extérieur a pu être modifié, mais l'étroitesse des rues exigeait d'emblée d'adapter une forme adéquate. Il y a ainsi des escaliers extérieurs droits perpendiculaires à la façade dans la rue du Peyran, qui constitue encore l'unique artère d'accès au coeur du village. Pour ce faire, l'escalier se réduit à un degré de quelques marches et n'empiète pas sur la chaussée. Dans les cas d'escalier plus développés, la disposition parallèle s'impose. Certains escaliers apparaissent plus complexes qu'il n'y paraît de prime abord et peuvent changer de forme. Citons quelques cas, dans le chef-lieu : sur la parcelle 1987 E 156, l'escalier d'abord droit entre le rez-de-chaussée et premier étage carré devient tournant par la suite. Même remarque pour la maison occupant la parcelle 1987 E 270 (REF=IA04002623), mais le changement de forme intervient entre le rez-de-chaussée surélevé et le premier étage carré. Sur la parcelle 1987 E 260, l'escalier tournant entre l'étage de soubassement et le rez-de-chaussée surélevé change de forme pour devenir droit sans palier pour desservir les deux étages carrés puis le fenil. Ces exemples ne sont sûrement pas les seuls, mais sans visite exhaustive, il apparaît impossible d'être plus précis.

Distribution intérieure

Les maisons de Thorame-Haute présentent dans leur immense majorité des fonctions agricoles en parties haute, basse, et surtout en parties haute et basse. Sur le plan de la typologie fonctionnelle, elles ne diffèrent pas des maisons de hameaux malgré le caractère développé du village. Par ailleurs, sur les 5 maisons sans aucune partie agricole (type B), 4 sont dans le chef-lieu, la cinquième correspondant à une maison de garde-barrière le long de la voie du chemin de fer de Provence (train des Pignes) à Thorame-Gare. En revanche et en toute logique eu égard à la nature de ce petit centre urbain, la fonction artisanale et surtout commerciale s'avère limitée. Les deux tableaux ci-dessous traduisent les données statistiques :

Typologie

A1

A2

A3

A

B

Occurrences

15

5

96

116

5

%age

12,4%

4,15%

79,3%

95,85%

4,15%

Typologie des maisons haut-thoramaises.

Fonctions repérées dans les maisons intra muros

Occurrences

%age

atelier

5

4,1%

bergerie

1

0,8%

boutique

10

8,3%

bûcher

7

5,8%

cellier

31

25,6%

étable

100

82,6%

fenil

96

79,3%

forge

1

0,8%

fournil

3

2,5%

porcherie

2

1,6%

remise

34

28%

rucher-placard

2

1,6%

séchoir à loggia

13

10,7%

Fonctions repérées dans les maisons intra muros. Les %ages dépassent 100% car les fonctions peuvent être cumulées.

La distribution intérieure répond à une répartition des fonctions sans juxtaposition. Le schéma le plus répandu consiste en une partie agricole voire artisanale ou commerciale en partie basse, surmonté par un, deux voire trois étages d'habitation, puis un dernier étage à fonction agricole, qui a pu être aménagé de façon à étendre les capacités d'habitation. Dans ce cas, deux possibilités existent : un équipement succinct avec l'ouverture de l'ancien séchoir à loggia accompagné parfois d'un garde-corps à barreaudage en bois, ou le rehaussement de la charpente de la toiture dans le sens d'un adoucissement de la pente, le volume récupéré servant à la nouvelle pièce fermée. Beaucoup de chiens assis résultent d'intervention récentes (par exemple en 1987 E 245), ce que confirment les cartes postales anciennes, qui montrent qu'ils étaient quasi inexistants au début du 20e siècle. De fait, 5 seulement ont été identifiés comme fiables. On a repéré encore 2 cas de portes superposées et 3 dispositifs mixtes (porte haute et chien assis). Mais les portes hautes sont de très loin les plus nombreuses (91 occurrences).

Le Village. Rue Saint-Pierre. Maison avec baie fenière en bande, fermée par une vitre pour aménager la partie agricole en pièce d'habitation (Parcelle E 275).Le Village. Rue Saint-Pierre. Maison avec baie fenière en bande, fermée par une vitre pour aménager la partie agricole en pièce d'habitation (Parcelle E 275).

Le Village. Maison avec chien assis pour un double niveau agricole rue Saint-Pierre (parcelle E 273).Le Village. Maison avec chien assis pour un double niveau agricole rue Saint-Pierre (parcelle E 273).

Les étages d'habitation n'excèdent pas deux pièces, parfois une seule doublée par une alcôve. Il n'y a pas de cuisine proprement dite, mais un coin de dimensions réduites (environ 2 à 3 m2 peut être isolé par une cloison : c'est le lieu non pas de la cuisson des aliments, réservée au potager près de la cheminée, mais où l'on serre la vaisselle sur des étagères, où l'on trouve aussi la pile de l'évier. Les dispositions anciennes n'ont pour la plupart pas survécu aux modifications liées au confort moderne. Les maisons situées en 1987 E 270 (REF=IA04002623) et 337 (REF=IA04003051), largement préservées, permettent de se faire une idée des dispositions intérieures, et pour la première, d'un décor datant de la première moitié du 20e siècle, avec des papiers peints. Un vestibule voûté d'arêtes a été repéré au quartier du Riou : il dessert les parties agricoles des parcelles 1987 E 35 et 36.

Le Village. Réduit avec l'évier en terre cuite (parcelle E 300).Le Village. Réduit avec l'évier en terre cuite (parcelle E 300).

Les maisons d'Ondres et de Peyresq ont subi des modifications trop profondes pour donner lieu à une analyse pertinente, même si des éléments ponctuels ont pu être conservés. Les premières semblent à première vue répondre aux principes des maisons locales, mais une lecture plus approfondie laisse apparaître le pastiche, et la distribution intérieure notamment révèle des incongruités patentes. Quant aux secondes, elles s'inscrivent pour beaucoup dans un principe en rupture complète avec l'architecture vernaculaire. A Ondres, on remarque toutefois que les principes généraux mis en évidence ci-dessus sont respectés pour les maisons préservées ou repérables, mais dans des volumes qui dénotent parfois des agrandissements, comme l'intégration d'anciennes parcelles pour une seule maison, en abattant le mur mitoyen afin de créer des espaces uniques (ainsi en 2015 B2 279, REF=IA04002773).

Ondres. Cheminée traditionnelle préservée (parcelle B 375).Ondres. Cheminée traditionnelle préservée (parcelle B 375).

Ondres. Parquet du salon en point de Hongrie. Au fond : la cuisine (parcelle B 277).Ondres. Parquet du salon en point de Hongrie. Au fond : la cuisine (parcelle B 277).

Décor

Il n'y a pas de règle en ce qui concerne les enduits, si ce n'est, pour les parcelles traversantes, une tendance à une dissociation entre la façade principale et la façade postérieure, voire davantage lorsque la maison est isolée ou que la mitoyenneté se réduit à un côté. D'où des combinaisons quasi systématiques. L'enduit à pierres vues a été repéré à 58 reprises (soit 47,9%), rustique à 18 reprises (soit 14,9%), tyrolienne à 7 reprises (soit 5,8%). L'enduit récent n'intervient que dans 22 cas, soit 18% du corpus. A contrario, l'absence d'enduit a été relevée dans 118 cas, soit 97,5 du corpus. De ce fait, la statistique, une fois posée, n'est pas vraiment significative, si ce n'est pour rendre compte de l'évolution d'un corpus, ce dont témoigne d'ailleurs des vues comparatives du village depuis le début du 20e siècle à travers les cartes postales. Un même édifice, manifestement enduit à tel moment, ne le sera plus, ou présentera une façade délavée par le temps quelques décennies plus tard, et inversement.

Toutefois, certaines façades disposent d'un décor, qui a d'ailleurs pu être l'objet d'une restauration récente. 18 occurrences de façades "décorées" ont été repérées, toutes, à l'exception d'une seule, dans le chef-lieu. Il s'agit principalement de faux encadrements peints ainsi que de fausses chaînes d'angle harpées ou droites, et de bandeaux pour souligner les élévations. Quelques enduits moulés ont été identifiés, mais ils ne sont pas anciens. Par ailleurs, 6 façades présentent des cadrans solaires, dans le coeur du village, sur la Place et alentour (en 1987 E 161, 241, 246, 251, 252 et 261), dans des états de conservation différents. Celui de la façade sur la Place en 1987 E 241 a été restauré en 1990. Pas celui de la parcelle 246, daté de 1815 et accompagné d'une devise traditionnelle à l'époque sur le modèle du "memento mori" : "MORTELS, VOS PLAISIRS SANS NOMBRE/SE PERDENT AVEC MON OMBRE". Certains décors intérieurs ont subsisté, comme en 1987 E 240, où le plafond de la pièce donnant sur la Place, au premier étage carré est orné d'un décor de peinture (témoignage oral). Au quartier du Riou, le vestibule de la maison en 1987 E 4 reçoit un faux appareil peint. Enfin, la "maison Brieu", demeure de riches bourgeois thoramais au 19e siècle, les Boyer, était décorée dans le salon du premier étage carré d'une tenture en papier peint illustrant les aventures de Télémaque (REF=IA04003039). Des réaménagements réalisés à la fin des années 1970 ont malheureusement entraîné la perte de cet ensemble important.

Le Village. Cadran solaire non restauré (daté 1815) avec devise, sur la façade d'une maison de la place principale (parcelle E 246) qui présente par ailleurs une ancre en bois. Remarquer la chaîne d'angle harpée peinte sur la façade mitoyenne (parcelle 245).Le Village. Cadran solaire non restauré (daté 1815) avec devise, sur la façade d'une maison de la place principale (parcelle E 246) qui présente par ailleurs une ancre en bois. Remarquer la chaîne d'angle harpée peinte sur la façade mitoyenne (parcelle 245).

III. Typologie

Typologie pour l'ensemble de la commune (121 maisons repérées, 12 sélectionnées, soit 10%du corpus total) :

A1 : Maison avec partie agricole, commerciale ou artisanale en partie basse (12,4% du corpus total)

(15 repérées ; 3 sélectionnées (20%))

Logis au-dessus ou à côté d'une partie agricole, artisanale ou commerciale

A2 : Maison avec partie agricole en partie haute (4,15% du corpus total)

(5 repérées ; 0 sélectionnée (0%))

Logis en dessous ou à côté d'un fenil

A3 : Maison avec parties agricoles en parties basses et hautes (79,3% du corpus total)

(96 repérées ; 8 sélectionnées (8,3%))

Logis entre les parties agricoles

B : Maison sans partie agricole, commerciale ou artisanale (4,15% du corpus)

(5 repérées ; 1 sélectionnées (20%))

Absence de partie agricole

1Mais également 1802 sur le claveau central de l'encadrement en arc segmentaire d'une porte menant à une partie agricole. 2On lit également, non plus sur l'encadrement de l'entrée mais sur celui de la baie commerciale, la date 1865.3Avec les deux maisons supplémenatires, l'une à la Colle-Saint-Michel, l'autre à Thorame-Gare.

Les maisons de Thorame-Haute ont été construites entre le 17e et le 20e siècles.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Typologies
    A1 : maison avec partie agricole, artisanale ou commerciale en partie basse ; A2 : maison avec partie agricole en partie haute ; A3a : maison avec parties agricoles en parties basses et hautes ; A3b : maison avec parties agricoles ou commerciales en partie basse et parties agricoles en partie haute ; B : maison sans partie agricole, artisanale ou commerciale
  • Toits
    tuile en écaille, tuile plate mécanique, acier en couverture, fer en couverture
  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • grès moellon enduit
    • galet enduit
  • Décompte des œuvres
    • bâti INSEE 497
    • repérées 118
    • étudiées 13
Image non consultable

Documents d'archives

  • Arrondissement de Castellane. Enquête sur le nombre de maisons de l'arrondissement couvertes en chaume ou en bois, 6 avril 1922. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 Z 39.

Documents figurés

  • 47. Haute Vallée du Verdon. - / THORAME-HAUTE (B.-A.) - Station / estivale, altitude 1.100 m. Vue générale. / Carte postale, 1er quart du 20e siècle. Collection particulière : non coté.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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