Dossier collectif IA83001422 | Réalisé par
  • recensement du patrimoine balnéaire
maisons de villégiature (villas)
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Saint-Raphaël
  • Adresse
    • Commune : Saint-Raphaël

La dénomination de maison de villégiature est considérée ici comme équivalente du terme villa. C'est-à-dire que l’élément déterminant est la présence d’un jardin, y compris en ville. Jusqu’à la fin des années 1930, la forme « villa » recouvre essentiellement un habitat saisonnier lié à la villégiature. Après la guerre, la villa devient aussi de l’habitat permanent. Nous avons cependant inclus dans le corpus des maisons de villégiature l’ensemble des villas, privilégiant ainsi l’aspect formel, plus facilement identifiable, sur la fonction. Parmi ces maisons, il existe un sous-groupe, celui des villas balnéaires. Nous n’avons pas appliqué cette dénomination aux villas d’hivernants, en retrait par rapport à la mer et n’entretenant pas avec elle un véritable rapport. C’est le cas par exemple à Valescure. A partir des années 1920, presque toutes les maisons de villégiature peuvent être considérées comme des villas balnéaires.

L’étude porte sur un corpus de 312 maisons repérées, parmi lesquelles 94 ont été étudiées. Parmi les maisons repérées 106 ont été construites entre 1880 et 1919, 122 entre 1920 et 1945, 81 entre 1946 et 1970. Trois sont postérieures à 1970. Nous avons réparti ces villas en trois types :

- villa-château aristocratique ou bourgeoise (36)

- villa « moyenne » à traitement architectural soigné (271)

- villa à traitement architectural médiocre (5)

I. HISTORIQUE

A Saint-Raphaël, la construction de villas ne commence véritablement qu’à partir de 1880. Avant, les premiers villégiateurs, souvent issus du milieu artistique ou intellectuel, s’installent dans des constructions existantes, plutôt du type cabanon. Ils cherchent à fuir leur milieu urbain pour s’immerger dans des paysages et un habitat « authentique », proche de la nature. Les deux exemples principaux sont l’Oustalet dou Capelan (AW 664) et Maison Close (AW 634). Le compositeur Charles Gounod loue l’Oustalet en 1865 et ce au moins jusqu’en 1885. Le journaliste Alphonse Karr s’installe en 1864 dans une ancienne fabrique de soude qu’il baptise Maison Close. Il y meurt en 1890. Les deux maisons, situées en bord de mer, pas très loin l’une de l’autre, présentent des similitudes : un toit à longs pans couvert de tuiles creuses, une façade principale en mur pignon, une génoise. Maison Close est entourée d’un jardin luxuriant où Alphonse Karr exerçait ses talents de jardiniers et acclimatait de nombreuses variétés exotiques.

Les années 1880 voient l’explosion du nombre de constructions. La villa prend alors ses références dans les modèles aristocratiques de villégiature, le palais, le château, voire l’hôtel particulier. La clientèle aussi a changé. Les commanditaires sont également les acteurs du développement économique local. Ils achètent et spéculent sur les terrains et se font construire des maisons de villégiature pour leur propre usage. Le Bulletin de l’Association de Boulouris nous indique qu’en 1888, il est difficile de trouver à louer.

Villa Beau RivageVilla Beau RivageLa première construction de ce type est Beau Rivage (AW 450), édifiée en 1879, pour Marc-Maximin Martin banquier marseillais.

Dans la période 1880-1919, le nombre de villas-château repérées est de 33, celui de villas « moyennes » de 72, et une maison médiocre. Les architectes les plus actifs sont : Laurent Vianay, Sylvain Ravel, Henri Lacreusette et Pierre Aublé.

Villa Les MyrtesVilla Les MyrtesLaurent Vianay (Lyon 1843 – Cannes 1928) s’établit à Cannes en 1863. Après avoir travaillé sur des édifices religieux, il acquiert une grande renommée. C’est un architecte de talent, qui travaille dans des styles très variés, éclectisme classique, pittoresque… Il reçoit un très grand nombre de commandes privées entre 1870 et 1880. On le retrouve à Saint-Raphaël à partir de 1879, où il fait partie de l’entourage lyonnais du nouveau maire Félix Martin. Ce dernier lui commande l’élaboration du nouveau plan de la ville et les plans d’alignement de rues et places existantes. Vianay réalise deux « villas-châteaux » d’un éclectisme classique, Les Myrtes (AW 225) en 1881 et Marguerite (AM 779) en 1882.

Le CastelletLe CastelletSylvain-Joseph Ravel (né en 1851) est architecte de la ville dans les années 1880. En 1889, il donne les plans du nouveau cimetière Alphonse Karr. Il agit également en tant que promoteur privé. En 1894 il dessine le plan d’un lotissement de terrains lui appartenant à Boulouris. Sur les 7 villas que nous avons repérées, les plus importantes sont Magali (AM 1096) et Le Castellet (AX 528). Nous n’avons pas pu étudier la villa Magali (inscription MH 1989/12/14) à cause du refus du propriétaire. Elle a été construite à Valescure en 1888, en collaboration avec Henri Lacreusette, pour Léon Carvalho, chanteur et directeur de l’Opéra Comique. C’est une villa d’un éclectisme classique italianisant dont la façade sud est animée de corps en arrondi, de loggias à colonnes de marbre, d’une balustrade de couronnement, d’un porche monumental. La villa Magali est aussi notable pour son parc aménagé avec d’importants remplois du palais des Tuileries, détruit en 1871. Le Castellet (AX 528), construit à Arène Grosse en 1889 pour le comte écossais d’Harcoust, est d’un éclectisme plus « nordique », proche des hôtels particuliers d’Auteuil ou du Vésinet : toits à pans brisés couverts de tuiles en écailles rouges, jaunes ou noires, faux chaînages d’angles à imitation brique et pierre (disparus), garde-corps des balcons d’inspiration gothique. La Villa Amélie (AV 305), Notre-Dame, 1883, quoique plus modeste est tout à fait dans le même esprit. La Villa Victor (AY 252), Boulouris, 1883, est éclectique italianisante. La Péguière (AX 541), 1896, intègre des éléments plus pittoresques, comme des baies outrepassées ou des colonnettes à chapiteaux dans le goût égyptien. Le Chalet des Cigales (AM 125), est, comme son nom l’indique, une petite maison, surmontée dans sa partie centrale d’un pignon couvert d’un toit à fortes pentes. Il a été conçu en collaboration avec Henri Lacreusette, en 1886.

Henri Lacreusette (né en 1852) a été essentiellement rencontré comme collaborateur de Ravel à Magali, 1888, et au Chalet des Cigales, 1886. Il assure en 1890, la direction des travaux du cimetière Alphonse Karr, conçu par Ravel. En 1924, il donne les plans de la maison du jardinier (détruite) de Sainte-Baume (AM 400), pour Lord Aschcombe.

Mais l’architecte le plus fécond dans la période 1881-1913, celui qui marque véritablement de son empreinte le style de Saint-Raphaël, c’est Pierre Aublé (Rhodes 1842 – Saint-Raphaël 1925). La famille d’Aublé est originaire du Lyonnais. Son père, employé des Messageries Maritimes de Rhodes avait épousé une Grecque, Marie Clidion. Pierre nait à Rhodes en 1842. Après des études à l’École Polytechnique de Lyon, il travaille comme ingénieur en Turquie à partir de 1869, puis à Saint-Raphaël à partir de 1879, appelé par Félix Martin. Aublé et Martin s’étaient connus lors de leurs études communes à l’École Polytechnique. Ils s’étaient aussi retrouvés en Turquie, lors d’un voyage d’étude de Félix Martin. En 1879, l’architecte de la ville est déjà un Lyonnais, Laurent Vianay. La première grande réalisation de Pierre Aublé est Le Grand Hôtel (AV 257), à Notre-Dame, premier « palace » de Saint-Raphaël. En 1882, ce sera l’Hôtel Beau-Rivage (détruit), puis en 1882 et 1883, deux édifices d’enseignement, le pensionnat de jeunes filles de Valescure (AM 910) et le collège de garçons de Boulouris (AY 93). Le grand chantier d’Aublé, c’est la nouvelle église paroissiale Notre-Dame-de-la-Victoire, de 1883 à 1887. Son agence compte alors 20 employés. Il construit dans le même temps une soixantaine de villas à Notre-Dame, Valescure, ou Les Cazeaux. Nous en avons repéré 26, toutes majoritairement construites entre 1881 et 1885, avec un pic en 1883 (8 villas repérées). Parmi celles-ci, 12 peuvent être considérées comme des villas-châteaux, l’autre moitié (14) étant plus moyenne. Son style est quasiment toujours éclectique (24), à tendance classique (19). Ce classicisme se décline cependant chez lui sous une forme bien particulière qui fait référence à l’héritage de Palladio. C’est le cas pour 11 villas repérées, dont 8 sont des villas-châteaux, programme pour lequel il peut vraiment donner libre-cours à son désir créateur. Ces constructions se caractérisent par des plans réguliers. Escaliers extérieurs, terrasses, galeries et loggias à colonnades jouent un grand rôle. En 1882, il réalise sa propre villa (AV 267) qui abrite également ses bureaux. C’est une œuvre pour lui-même. Il a donc toute liberté de choix du vocabulaire. Cela peut également être considéré comme un catalogue, une vitrine en direction de sa clientèle. Il s’agit d’un volume régulier où domine l’horizontalité. La villa n’est en effet constituée que d’un rez-de-chaussée surélevé sur un soubassement, plus un étage de comble qui n’est pas visible de l’extérieur. Du côté de la façade sur jardin, le rez-de-chaussée est en retrait par rapport au soubassement dégageant l’espace d’une terrasse cantonnée par deux loggias en avancées. La façade est rythmée par des pilastres et des colonnes cannelées, les arcades serliennes des loggias sont directement transposées de la cathédrale de Vicence. A côté de ce classicisme, Aublé a cependant introduit des éléments plus pittoresques, comme les deux niches-fontaines de la façade sur rue, avec leur décor de fausses concrétions. L’aspect d’origine était plus orientaliste avec le couronnement de l’ensemble des façades par un décor de palmettes vraisemblablement en bois, la balustrade et la pergola qui abritait la terrasse. Aublé emploie ces mêmes décors de palmettes aux angles des toits d’autres villas : La Petite batterie (AT 500), Saint-Antoine (AV 466), Beguin (AR 1062). La Villa Call (AM 854), construite en 1898, à Valescure pour Charles Call, colonel écossais, présente des caractères plus septentrionaux (bow-windows, toit à pente plus forte, avant-toit à chevrons apparents et aisseliers, utilisation du bois pour lambris, escalier et cheminée, à l’intérieur), tout cela mélangé à des éléments d’autres origines lui conférant son caractère éclectique. Deux villas présentent un caractère régionaliste normand (ou anglo-normand) beaucoup plus affirmé. Ce sont les villas Estérel (AR 466), de 1883 et Les chênes (AM 782), de 1890. Elles ont toutes deux été construites pour des Anglais. Nous voyons là l’adaptation d’Aublé à la commande. La dernière villa qu’il construit en 1913, La Lanterne (AY 487), est importante car elle se singularise dans son œuvre. C’est la seule construction qu’il réalise en bord de mer, à Boulouris, et quoique encore d’un éclectisme classique, elle assure une transition avec les villas balnéaires construites dans l’entre-deux-guerres, entre autres celles de René Darde.

Villa AubléVilla Aublé Villa CallVilla Call Villa EstérelVilla Estérel Villa Les chênesVilla Les chênes

Villa ElberonVilla ElberonPour cette époque, (1920-1945), 120 maisons ont été repérées. Parmi celles-ci, une seule s’apparente encore aux villas-châteaux d’avant-guerre. C’est la villa Elberon (AV 288), construite à Notre-Dame vers 1924, par René Darde pour M. et Mme Weeks. Darde (1883- 1960), est un élève de l’architecte parisien Henri Sauvage. Il s’installe à Sainte-Maxime (83) au début des années 1920. Il est toujours en activité en 1948. A Saint-Raphaël, sa période d’activité va de 1924 à 1931. En 1924, il mène deux grands chantiers : le Golf Hôtel et le nouveau Grand Casino (AT 538) qui sera inauguré en 1926. Il construit également la villa Elberon. Il est alors considéré comme le chef de file du mouvement néo-régionaliste en Provence. Elberon se rattache encore à la tradition éclectique. On y retrouve tous les éléments formels de la période précédente : certaine régularité du plan-masse malgré une volumétrie composite, élévation sud axée, alternance des pleins et des vides par le jeu des galeries et loggias, colonnades de la galerie et du porche, terrasses à balustrade, toit couvert de tuiles plates mécaniques. La façade sud, avec sa galerie à colonnes jumelées supportant une terrasse à balustrade et sa loggia fait tout à fait penser aux réalisations de Pierre Aublé. Elle annonce cependant le style régionaliste qui sera celui de Darde avec ses baies en plein-cintre et la pergola de couronnement de l’angle sud-ouest, ce régionalisme qui fait d’ailleurs pour nous plus référence au pays niçois ou à l’Italie qu’à la Provence. C’est le cas par exemple de Virginia (AW 882), vers 1926-1930. La villa qu’il réalise en 1929, à Boulouris pour René Baschet, directeur du journal l’Illustration, La Terrasse (AY 322), est beaucoup plus « provençale » avec ses tuiles creuses, sa génoise, sa façade en pignon, ses contreforts… Il s’agit en fait de l’agrandissement et de la surélévation d’un ancien mas. Toujours pour Baschet, Darde transforme l’ancien poste de douane de Boulouris (AY 323) auquel il rajoute une tour « pigeonnier » et une pergola sur colonnes toscanes sur toutes la longueur de la façade sud. Il réalise à Saint-Raphaël d’autres maisons qui n’ont pas été repérées.

Villa et immeuble Le Belvédère. Vue d'ensemble prise du sud-ouest. Saint-Sébastien. Saint-Sébastien (boulevard) 169.Villa et immeuble Le Belvédère. Vue d'ensemble prise du sud-ouest. Saint-Sébastien. Saint-Sébastien (boulevard) 169.Octave Evard est né en Suisse en 1895. Il est installé à Fréjus. A Saint-Raphaël, il réalise en 1932 une maison (boulevard Saint-Sébastien), encore éclectique d’inspiration avec ses bow-windows, ses élévations couronnées d’un auvent plâtré et l’encadrement en brique de l’entrée. La villa du quartier Notre-Dame (AV 287) dont le permis de construire date de 1940 est plus proche du régionalisme niçois.

Georges Giger (1886-1976), grenoblois d’origine, avait son agence au 38, traverse Jeanne-d’Arc. Ses premières réalisations, dans la première moitié des années 1920, sont encore éclectiques : Les Rossignols (AV 221), Mylène (AR 558) ou bien l’Hôtel de la Baumette. Il construit en 1928 Casa Toscana (AN 577), à Vaulongue, dans un style régionaliste niçois. C’est le seul architecte de cette période à réaliser des œuvres influencées par le mouvement moderne et ceci dès 1927, avec le Grand Garage des Bains (AT 525, rue Jules-Barbier). Sa réalisation Villa ClartéVilla Clartéla plus intéressante et la plus homogène est la villa Clarté (AT 480, 5, avenue Paul-Doumer) qu’il construit en 1932 pour le docteur Stagnaro en même temps qu’un sanatorium pour enfants (également moderne), 218, boulevard Saint-Exupéry. La villa Clarté, réalisée en béton armé, est couverte d’un toit terrasse débordant. Les fenêtres rectangulaires horizontales sont fermées par des volets roulants, les façades sont sans décor, hormis quelques moulures. En 1933, il complète l’Hôtel de la Baumette d’une aile moderne. Novateur dans les années 1927-1935, Giger revient, dans la seule villa d’après-guerre que nous ayons repérées, Maria-Cristina, dont le permis de construire date de 1950, à une proposition plus éclectique. Ici cohabitent des éléments modernes comme les fenêtres en bande ou les fenêtres d’angle de l’élévation sud, et un classique toit de tuiles creuses à croupe.

Le Mas Notre-DameLe Mas Notre-DameL’architecte le plus actif dans la période 1936-1953 est Albert Marquisan. Il travaille dans un style tout à fait homogène, régionaliste provençal. Il y a ainsi très peu de différences entre la villa qu’il réalise en 1936, 177, boulevard des Myrtes (à présent modifiée) et celle du Domaine des Mimosas (AN 389) en 1953. Dans les deux cas, on a un soubassement en pierre de taille, un toit de tuile creuse à génoise faisant retours sur la façade pignon, un faux pigeonnier signalé par un placage de céramique. En 1953, un arc-boutant a remplacé le contrefort de 1936. Les plans sont également très proches : une distribution symétrique de part et d’autre d’un hall et d’une salle de bains, avec cuisine et living-room à l’avant et chambres à l’arrière. Pigeonniers et contreforts sont des constantes de sa production comme au Mas Notre-Dame. Seule dans son genre, une villa réalisée en 1941 (AV 280), d’un régionalisme plutôt niçois, c’est à dire plus « classicisant » avec sa galerie et son porche à colonnes et son décor de ferronnerie Art Déco.

Après la guerre, l’autre architecte notable est le fils de Georges Giger, Guy Giger, surtout pour sa production moderne des années 1960 (par exemple Franchaphil, une maison à Estérel-Plage et une villa à Saint-Sébastien). Il se caractérise là par l’emploi du béton armé, du toit terrasse, des porte-à-faux et l’absence de décor en façade.

Villa à Estérel-PlageVilla à Estérel-Plage Villa FranchaphilVilla Franchaphil

II. DESCRIPTION

1. Situation

L’ensemble des villas repérées se situent en ville, sur toute la frange côtière en continue jusqu’à Aigue Bonne, puis de façon discontinue, regroupées en station (Camp Long, Agay, Anthéor, Le Trayas). A l’arrière de la voie ferrée, ce sont Notre-Dame, Les Cazeaux, Le Rebori, Les Plaines, Estérel-Plage, Boulouris. Plus en retrait, ce sont Vaulongue et Valescure.

Les quartiers qui ont fourni les échantillons les plus importants sont : Notre-Dame (82), la ville (26), Estérel-Plage (22), Le Rebori (22) et Santa-Lucia (20). La localisation des villas-châteaux correspond aux lieux-dits peuplés dès l’origine de la station, ceux aussi les plus valorisés qu’ils soient situés sur des « reliefs » en retrait par rapport à la mer comme Valescure (8), Notre-Dame (8), Les Cazeaux (3) Le Rebori (3) ou en bord de mer comme Arène Grosse (4), la ville (3) ou Boulouris (3). Toutefois de nombreuses villas-châteaux ont été détruites en bord de mer, boulevard Général-de-Gaulle, ce qui fausse les statistiques. Elles ont été remplacées par des immeubles dans les années 1970-1980.

2. Composition d’ensemble

Parcellaire

Sur 307 villas, 49 ont été construites sur du grand parcellaire (plus de 4000 m2), 114 sur du parcellaire moyen (1000 à 4000 m2 ) et 146 sur du petit parcellaire (400 à 1000 m2 ). La répartition selon les époques se fait ainsi :

Parcellaire 1880-1919 1920-1945 1946-1970 Post. à 1970

Grand 39 9 1 0

Moyen 30 42 42 0

Petit 31 68 44 3

Nous constatons que le grand parcellaire est majoritaire dans la première période. Il ne fait que décroître ensuite. Inversement le petit parcellaire ne fait que croître. Il est majoritaire à partir de 1920 et toutes époques confondues. Cela recoupe le fait qu’à quelques rares exceptions près on ne construit plus de villas-châteaux après la guerre de 1914. La villégiature a aussi tendance à se démocratiser et à devenir plus modeste. Un exemple de cette atomisation croissante du parcellaire est donné par le morcellement du découpage initial avec le lotissement des parcs des villas-châteaux du 19e siècle. C’est le cas des parcs des villas Les Myrtes, Notre-Dame ou Saint-Jacques.

La forme des parcelles est différente suivant les quartiers. En ville, le parcellaire se plie au carroyage des rues. Dans les foyers de peuplement de la première période (antérieure à 1914), comme Notre-Dame, les parcelles sont grosses, irrégulières, plutôt massées, les contours suivent les tracés d’anciens chemins ruraux ou de cours d’eau. A Valescure, les formes semblent aléatoires. Nous sommes loin de la ville, l’appropriation de l’espace se fait sur un mode extensif. Le découpage n’est pas lisible dans l’espace. Les villas semblent se répartir dans un même parc paysager parcouru d’allées au tracé sinueux. En bord de mer, de l’Hôtel de la Plage jusqu’à Santa Lucia puis jusqu’à Boulouris et Arène Grosse, le parcellaire d’origine est allongé, perpendiculaire à la mer, subissant la double contrainte de la route et de la voie de chemin de fer. La limite des terrains en bord de mer peut être rocheuse et escarpée.

En ce qui concerne les lotissements concertés, comme à Estérel-Plage, les voies de circulations sont conçues préalablement. Elles délimitent des îlots de forme variable où les parcelles sont plutôt rectangulaires, massives et de taille moyenne (1000 à 3000 m2). Aux Cazeaux, les superficies sont inégales et les tracés sont influencés par les chemins ruraux préexistants (avenue Marguerite-Audoux, boulevard Saint-Nicolas, traverse du Tigre).

Quelle que soit la dimension de la parcelle, le bâti est toujours majoritairement positionné en milieu de parcelle. La solution « en avant de parcelle » est elle même plus utilisée que le fond de parcelle, mis à part pour les maisons situées sur le côté nord de la rue. Cela permet alors d’avoir une façade sud donnant sur toute l’étendue du jardin.

En avant de En fond de En milieu de

parcelle parcelle parcelle Total

Côté nord de rue 18 30 63 111

Côté sud de rue 33 2 51 86

Côté est ou ouest 31 10 72 113

Total 82 42 186 310

Portails et clôtures

Villa Bon Port.Villa Bon Port.Les vues de la fin du 19eme siècle nous montrent la présence de clôtures, murets maçonnés surmontés de grilles en fer forgé -Villa Notre-Dame, Bon Port- ou de balustres de terre cuite –Roquefeuil, Villa Louise. En bord de mer, elles jouent le rôle de contreforts contre les assauts de la mer et de murs de soutènement pour les terrasses en terre-plein, belvédères sur la mer. Elles jouent alors à la fois un rôle de clôture par rapport à l’extérieur et de mise en relation visuelle avec celui-ci. Ce sont par exemple les clôtures du Vent du Large, de la villa Pax, du Castellet ou de la plage d’Arène Grosse.

Villa Argentina. Aigue Bonne.Villa Argentina. Aigue Bonne. Villa ElberonVilla ElberonLes portails sont parfois de véritables morceaux d’architecture et de ferronnerie comme à la Villa Louise. Parfois la villa a disparu mais le portail a été conservé. Ils sont en général en accord avec le style architectural de l’époque. Ainsi dans la période 1880-1919, ils sont éclectiques, classiques, comme dans ces deux derniers exemples, avec deux piliers séparés à couronnements et amortissements sculptés rocaille. La version palladienne de l’éclectisme s’exprime à la Villa Pax : portail à trois baies rythmé par des pilastres et des colonnes toscanes supportant un entablement mouluré, couvert d’un toit de tuiles plates en écailles. Le toit de tuiles peut être remplacé par une pergola de béton : villa Argentina. Dans l’entre-deux-guerres, la Villa Elberon ouvre sur le boulevard par un portail néo-classique asymétrique aux vantaux de ferronnerie Villa balnéaire. Portail. Péguière (la). 882 boulevard Christian-Lafon.Villa balnéaire. Portail. Péguière (la). 882 boulevard Christian-Lafon.Art Déco. L’Art Déco s’exprime, de façon plus modeste, dans le dessin de l’entrée de Milagrado au Rébori. Vers 1930, René Darde dessine dans le style régionaliste « provençal » les deux portails du Vent du large et de La Terrasse. Ils reprennent le thème du triplet avec une porte cochère centrale en plein-cintre cantonnée de deux petites arcades en quart de cercle qui servent de support à des jarres en terre cuite. L’aspect provençal est renforcé par le crépi moucheté ocre. Le style provençal continue dans l’après-guerre par exemple avec ce portail monumental (Photo) appareillé en grès rouge de l’Estérel, au linteau couvert de tuile creuse et cantonné d’une tour. Les portails sont en général en accord avec le style de la maison, parfois dessinés par le même architecte : moderne (Franchaphil, Flandria, villa AP 393) ou régionaliste (Fig. 40).

Jardins d’agrément

Villa PaxVilla PaxPar définition toute villa est située dans un jardin. Ils sont plus ou moins grands selon la surface de la parcelle. C’est dans la période 1880-1919, époque de la construction des grosses villas-châteaux, que les jardins sont les plus vastes. Leur superficie est en moyenne de 4000 à 5000 mètres carrés. Elle peut être beaucoup plus importante comme par exemple aux Cistes et à la Villa Marguerite (2 hectares) ou aux Asphodèles (2 hectares et demi). Bien que leurs commanditaires ne soient pas toujours britanniques, ils sont inspirés par la tradition anglaise du jardin avec un réseau d’allées sinueuses et de sentiers pittoresques épousant les courbes des reliefs. Ces plans sont particulièrement visibles sur la carte du Service Géographique de l’Armée levée en 1913. Ils seront conservées lors du lotissement des parcs à partir des années 1930. Cet aspect pittoresque est cependant urbanisé par l’aménagement de balustrades, escaliers, vases sculptés, lampadaires. Tel Casa della SeraCasa della Seraest le cas par exemple du parc de la Villa Notre-Dame, aménagé pour le prince Bariatinsky. L’influence des anglais s’exerce également dans la pratique de l’horticulture et donc la présence de serres. C’est par exemple le cas aux Asphodèles avec Théodore Bentall. On note d’autres serres dans les villas Pax, Sainte-Baume ou Terre Sauvage.

Le jardin de Casa della Sera, du tout début des années 1920, a été jugé suffisamment intéressant pour être étudié avec son jardin d’eau et son théâtre.

Pour les périodes suivantes, à partir de 1920, le parcellaire, et donc les jardins, diminue (moins de 4000 m2) pour devenir tout à fait petit après la dernière guerre (400 à 1000 m2).

Par leur végétation, ces jardins sont tous de type méditerranéen, qu’ils utilisent des essences locales (pins, cyprès), ou originaires d’autres rives de la Méditerranée (palmiers, eucalyptus). En fait, lorsque la superficie le permet, les parcs sont en général partagés en plusieurs zones. Dans la partie « sauvage », on se contente de domestiquer la végétation qui poussait naturellement sur le terrain et de rajouter quelques essences. Ce sont alors des pinèdes auxquelles se mêlent des cyprès, des eucalyptus et quelques arbousiers et oliviers. Le jardin composé est en relation directe avec la villa. Les palmiers y sont dominants, utilisés en allées, complétés parfois par des chamærops. Il est à noter la quasi absence d’essences comme les chênes ou les cèdres, pourtant fréquents dans les parcs des villas du 19e ou du début du 20e siècle.

A ces deux zones d’agrément s’ajoute parfois un jardin potager (5 repérés).

Sur 25 jardins repérés, les essences les plus fréquentes sont :

- pins : 17

- palmiers : 16

- cyprès : 10

- eucalyptus : 7

- chênes : 3

- arbousiers : 3

- oliviers :3

- aloès : 2

Autres parties constituantes

Sur 321 villas, les parties constituantes les plus fréquemment notées sont :

- garage : 52 (nous n’avons décompté que les garages constituant un corps de bâtiment indépendant et non ceux intégrés dans le soubassement des villas).

- conciergerie : 42

- communs : 9

- écurie : 6

Conciergerie. Villa Saint-Jacques.Conciergerie. Villa Saint-Jacques.Les conciergeries sont de petites maisons d’habitation situées à proximité du portail d’entrée, comportant en général un logement pour le gardien et sa famille à l’étage et une remise au rez-de-chaussée. Certaines sont, par leurs proportions et leur décor, presque des villas comme à la Villa Saint-Jacques (la conciergerie porte la date 1886). Plus des trois quart d’entre elles ont été construites entre 1881 et 1913 (exemples : Les Mimosas, Marjolaine …). Un quart date des années 1923-1938 (Fig. 27). Nous n’avons plus identifié de conciergeries après la dernière guerre.

Six écuries ont été notées, toutes datant de l’époque 1883-1896. On ne construit plus d’écuries après cette date mais des garages pour automobiles. Les plus anciens sont ceux de la Villa Pax (1904) et de La Bourrasque (1905). Ils ont été construits en même temps que la demeure. Dans les archives, nous trouvons de nombreuses demandes de permis de construire des garages pour des villas existantes, dans la période 1922-1934. C’est le cas par exemple aux Anthémis et à Farfalla. Ils sont construits avec un accès direct sur la rue.

Nous avons mis sous l’appellation de communs des édifices de plus grande dimension regroupant plusieurs fonctions : logement de domestiques, remise, écuries puis garages etc… C’est le cas par exemple à Roquefeuil (1883), aux Mimosas (1883), au Castellet (1889), aux Amaryllis (1893) ou à la Villa Pax (1904). En 1929, René Darde lors du réaménagement du mas qui donnera La Terrasse, conserve les anciens communs transformés en garage et maison de garde. Il les relie à la villa par un mur percé d’arcades. En 1924, le même René Darde avait réalisé des communs à la Villa Elberon.

3. Matériaux

Villa Manon. Détail de la façade est. Jean-Jaurès (boulevard) 1. 1981 AT 255.Villa Manon. Détail de la façade est. Jean-Jaurès (boulevard) 1. 1981 AT 255.La majorité des maisons - 287/312 – est enduite. Ce qui veut dire que les matériaux de structure ne sont pas visibles. Il s’agit en fait essentiellement d’un blocage de matériaux locaux liés au plâtre et à la chaux. Les maisons en pierre de taille sont rares : les villas Louise et Manon, toutes deux du début du 20e siècle, sont réalisées en moellons de porphyre ; La Roseraie et La Suzeraine ont leurs murs en moellons de grès irréguliers. Pour La Suzeraine, la galerie en avancée sur la façade n’est pas en pierre de taille. 117 villas ont le soubassement ou le rez-de-chaussée en pierre de taille. La pierre peut être laissée apparente pour certains éléments de structure ou de décor : pilier (12), contrefort (7), porche (7), encadrement de baie (5), galerie (4), mur de refend (2), chaîne d’angle (2). Quelques maisons en béton armé ont été étudiée (Alfédonia, Franchaphil, AP 393) de la période 1958-1965. Le béton est toujours masqué par un enduit.

Enduit lisse Crépi Crépi moucheté

1880-1919 91 10 0

1920-1945 64 39 7

1946-1970 58 12 0

Post.1970 1 1 0

L’enduit lisse est le mode de revêtement le plus usité quelle que soit les époques. C’est cependant dans la période 1880-1919 qu’il est le plus employé, alors que le crépi connait sa plus forte vogue entre 1920 et 1945. C’est d’ailleurs seulement entre ces deux dates que nous avons repéré des crépis moucheté (à la tyrolienne). Par exemple Bastide de l’Enclos, Villa Saint-François ou Mazet Ed-Ly.

4. Structure

Aussi bien pour les plans-masses que pour les volumes, l’irrégularité est dominante : 180 pour 123 (plans-masses), 175 pour 128 (volumes). Si l’on opère un croisement entre plan et volumétrie, on constate que régularité ou irrégularité vont de pair. Les plans réguliers induisent des volumes réguliers, l’irrégularité du plan appelle l’irrégularité du volume. Les solutions les plus fréquentes sont :

- plan-masse irrégulier / volume irrégulier : 134

- plan-masse régulier / volume régulier : 82

- plan-masse irrégulier / volume régulier : 46

- plan-masse régulier / volume irrégulier : 41

La cohérence est prédominante.

Étages

La villa type à Saint-Raphaël se compose d’un étage carré (186) sur rez-de-chaussée surélevé sur un étage de soubassement (173). La présence du soubassement vient du fait que nous sommes rarement ici en terrain plat et qu’il y a très souvent nécessité de racheter une déclivité. Les véritables sous-sols sont exceptionnels (2). 22 maisons sont en rez-de-chaussée et 58 en rez-de-chaussée surélevé ; 43 ont deux étages ; 36 ont un étage de comble.

5. Élévations

Régulières Irrégulières Sans objet ?

Façades sur rue 65 122 108 17

Façades sur jardin 117 98 10 87

Façade principale :

- Traitement homogène des façades : 163

- Sur jardin, visible de la rue : 51

- Sur rue : 31

- Sur jardin, non visible de la rue : 10

- ? : 46

Les façades sur rue sont majoritairement irrégulières alors que les façades sur jardin sont majoritairement régulières. La façade à laquelle on accorde un véritable souci de composition est donc la façade sur jardin. Cela recoupe l’observation suivante : la façade principale, cet à dire celle qui est la mieux traitée sur le plan de la composition et du décor, est plutôt la façade sur jardin (61 cas pour 31), nombre qu’il faut majorer par le fait que de nombreuses façades sur jardin n’ont pas pu être vues. Bien qu’à Saint-Raphaël, on ait plutôt un traitement homogène de l’ensemble des façades, traitement par ailleurs assez sobre quant au décor.

Techniques de décor :

- Sculpture ou élément façonné : 104

- Ferronnerie : 72

- Céramique : 54

- Maçonnerie : 28

- Peinture : 14

- Mosaïque : 3

- Fonderie : 2

- Vitrail : 2

- Menuiserie : 1

- Rocaille : 1

Répartition des techniques de décor les plus fréquentes selon les époques :

1880-1919 1920-1945 1946-1970

Sculpture ou élément façonné 76 28 0

Ferronnerie 33 30 9

Céramique 24 21 9

Maçonnerie 6 7 15

Peinture 12 2 0

C’est dans la période 1880-1919 que le décor a le plus d’importance, cela va de pair avec le règne de l’éclectisme. Il s’agit principalement d’éléments sculptés ou beaucoup plus fréquemment façonnés au ciment. Une publicité parue dans « Les Tablettes de la Côte d’Azur » du 30 avril 1924, décrit ainsi ce matériau : « Le ciment blanc est fait avec du sulfate et du carbonate de chaux. Il s’emploie gâché comme le plâtre, mais la prise est plus rapide et il est plus dur. Il est utilisé pour les travaux d’application décorative de façade. Les ornements peuvent être moulés à l’avance ou sculptés sur place. Il y a similitude avec la pierre blanche d’Arles. La matière première provient de carrières à Saint-Jean-de-Garguier. ».

Le décor demeure cependant assez sobre. Il s’agit surtout d’ornements architecturaux : colonnes et pilastres, en général d’ordre toscan, balustres, frontons. On peut citer à titre d’exemples représentatifs trois villas des années 1880, Le Vallon, Reichenberg et Les Asphodèles. Lorsqu’il y a décor figuré, les motifs les plus fréquents sont les fleurs. A cette époque on trouve également quelques décors peints, des frises d’ornements végétaux soulignant le rebord du toit, par exemple aux villas Saint-Antoine, Miette ou Les Amaryllis. Décor sculpté et décor peint disparaissent totalement après 1945.

Vantail de la porte d'entrée en ferronnerie décorée. Arènes (les). Jules-Ferry (rue). 1981 AS.Vantail de la porte d'entrée en ferronnerie décorée. Arènes (les). Jules-Ferry (rue). 1981 AS.Les ouvrages de ferronnerie, garde-corps de fenêtres, parfois portes entières, occupent une place importante. C’est l’élément de décor principal dans l’entre-deux-guerres.

Dans les années 1880-1919, les frises peintes peuvent être remplacées par des frises de carreaux de céramique à ornement géométrique. Parfois, les carreaux forment des panneaux en milieu de façade. Trois villas, dont l’une plus tardive, de 1927, ont des garde-corps à balustres de céramique bleue ou verte. Certains garde-corps sont constitués d’éléments de terre cuite formant un décor géométrique ajouré. A partir de 1920, si l’on trouve encore quelques frises à ornement géométrique et quelques garde-corps ou claustras en tuiles, le décor de céramique est essentiellement un marqueur de régionalisme. On utilise les carreaux vernissés en encadrement de faux pigeonniers, les jarres et les larmiers en tuiles creuses.

A partir de 1946, le décor est essentiellement donné par la maçonnerie, le jeu sur les matériaux.

6. Couvertures

Terrasse Tuile plate mécanique Tuile en écaille Tuile creuse Ardoise

1880-1919 4 85 3 2 2

1920-1945 5 33 3 63 0

Post. 1945 17 2 0 69 0

Les deux matériaux de couverture les plus fréquemment employés sont la tuile plate mécanique et le tuile creuse. La fréquence de leur emploi est inversée dans le temps. Jusqu’à la guerre de 1914 la tuile plate est dominante. Dans les deux occurrences de tuiles creuses qui apparaissent, une toiture a vraisemblablement été refaite et l’autre constitue une intéressante exception. La Lanterne, construite par Pierre Aublé en 1913, est en effet une construction charnière entre deux périodes. Elle est déjà dans l’esprit des villas balnéaires des années 1920. N’oublions pas aussi que les villas de Palladio, qui est l’inspirateur d’Aublé, sont couvertes de tuiles creuses, aussi appelées romaines.

La tuile creuse devient prépondérante après la guerre de 1914. Elle va de pair avec l’importance prise par le régionalisme.

7. Distributions intérieures

103 intérieurs ont pu être analysés, soit par une visite, soit par la consultation du permis de construire. Le permis de construire présente plus d’intérêt car il permet d’avoir accès à la totalité des dispositions, dans leur état initial, avec les dénominations des différentes pièces. En fonction des différentes époques, l’échantillon se répartit ainsi :

- 1880-1919 : 33

- 1920-1945 : 51

- 1946-1970 : 19

La période de l’entre-deux-guerres est la mieux représentée, car l’on possède les permis de construire. Avant 1920, ce n’est que très exceptionnellement le cas et les villas ont souvent été remodelées, parfois partagées en différents appartements. Les distributions relèvent donc un peu de la reconstitution. Après 1946, le corpus est plus faible car le repérage a été plus sélectif.

Datation et surface au sol :

1880-1919 1920-1945 1946-1970

jusqu’à 100m2 1 16 5

entre 100 et 200m2 14 29 9

entre 200 et 500m2 18 6 4

Jusqu’à la guerre de 1914, les villas sont majoritairement de grosses constructions (de 200 à 500 m2) au sol. Elles correspondent souvent à la catégorie des villas-châteaux. A cette époque la villégiature est encore le fait de l’aristocratie ou de la grande bourgeoisie. A partie de 1920, la villas moyenne a une superficie au sol de 100 à 200 m2.

Datation et organisation générale du plan considéré à l’étage principal:

1880-1919 1920-1945 1946-1970

plan dissymétrique 19 33 16

plan symétrique / division bipartite 9 13 1

plan symétrique / division tripartite 5 21 2

Quelle que soit l’époque, la dissymétrie est dominante. La symétrie dans les plans devient même quasiment inexistante à partir de 1946. Cela est à rapprocher de l’irrégularité que nous avions constatée dans les plans-masses et les volumes. Lorsqu’il y a symétrie, la partition peut se faire soit en largeur, soit en profondeur. La division peut être bipartite comme à Marjolaine (vers 1905, à Arène grosse), où une entrée centrale de toute la profondeur de la maison dessert à droite et à gauche, deux groupes de pièces. La division tripartite s’observe par exemple à la Casa della Sera (1919), à Estérel-plage, où nous avons un plan pratiquement carré, partagé en trois alignements de façon presque égale. Parfois la symétrie est presque parfaite, comme dans ce curieux plan en V de l’architecte parisien Robert Lebout, dessiné en 1924 pour la villa L’Étrave, à la Baumette-est. Deux ailes forment un angle obtus de part et d’autre d’une grande salle à l’italienne. Symétrie parfaite également pour une villa de l’architecte Octave Evard (1929) qui ordonne des pièces en décrochement autour d’un vaste hall de réception de 90 mètres carrés, ou à L’Ondine (Anthéor), que l’ingénieur-architecte Jean Féa dessine pour lui-même en 1932.

En ce qui concerne l’organisation verticale, nous avons dit que la villa type à Saint-Raphaël se compose d’un étage carré sur rez-de-chaussée surélevé sur un étage de soubassement. L’entrée principale se fait alors au rez-de-chaussée surélevé (62 cas), au rez-de-chaussée (26 cas) ou au premier étage (15 cas). On pénètre dans un vestibule d’où part également l’escalier principal, visible depuis l’entrée. Les circulations internes se font par le biais d’un espace de distribution.

Présence d’un escalier secondaire :

- non : 70

- oui : 20

par époque :

oui non

1880-1919 12 18

1920-1945 6 41

1946-1970 2 11

C’est dans la première période que la présence ou l’absence d’un escalier secondaire est la plus équilibrée. Nous avons à cette époque un double système de circulation lié à la présence de la domesticité dans la maison. L’entrée des maîtres est séparée de l’entrée de service. Un escalier relie le soubassement aux chambres de bonnes des étages.

Quelles que soient les époques, les fonctions (jour/nuit/services) sont séparées (77 cas pour 23). Ceci est la règle pour la période 1880-1919 (30 cas pour 2) et va en s’équilibrant au fil du temps (37 pour 13 en 1920-1945, 10 pour 8 en 1946-1970). Quelles que soient les époques, c’est la hiérarchie verticale qui domine (53), parfois combinée à la hiérarchie horizontale (18) qui reste minoritaire (4).

Répartition verticale des fonctions en fonction des époques :

1880-1919 : - soubassement : pièces de services (10) – cuisine (5) – chambre séparée (de domestique) (4) – logement annexe (2)

- rez-de-chaussée : cuisine (25) – salle à manger et salon contigus (21) - office (11) – plusieurs salons (9) – salle à manger et salons séparés (8)

- étages : chambres (29), en général 4 (9) ou 3 (7), leur nombre peut cependant varier de 2 à 6.

1920-1945 : - soubassement : pièces de service (12) – garage (8) – chambre séparée (de domestique) (4) – chambre indépendante (d’ami) (3)

- rez-de-chaussée : cuisine (36) – office (15) – salle à manger (13) – 2 chambres (13) – garage (12)

- étages : sans objet (17) – 1 (5) ou 2 (12) chambres – cuisine (11) – living-room (5)

1946-1970 : - soubassement : sans objet (10) – garage (6) – pièces de service (4) – logement annexe (1) – espace de séjour annexe (1)

- rez-de-chaussée : cuisine (17) – living-room (10) – garage (6) – 3 chambres (5) – office (3) – pièces de service (3)

- étages : sans objet (15) – cuisine (3) – 2 (1) à 3 (2) chambres – office (1) - salle à manger et salon contigus (1) – salle à manger (1) – living-room (1)

Nous pouvons observer des différences assez marquées dans le type d’organisation à l’intérieur des villas suivant les époques considérées. Dans la première période, les villas ont une surface au sol moyenne de 200 à 500 mètres carrés. Elles s’organisent sur trois niveaux : un étage de soubassement abritant des pièces de service (caves, chaudière…), parfois la cuisine (alors reliée à l’étage supérieur par un monte-plat), une ou plusieurs chambres de domestiques et même parfois un logement annexe, de domestiques également ; le rez-de-chaussée surélevé, étage noble réservé aux activités diurnes avec la cuisine et son complément, l’office, la salle à manger contigüe au salon ou séparée, souvent plusieurs salons ; l’étage est l’espace de nuit, des chambres, en général 3 ou 4, leur nombre peut cependant varier de 2 à 6. On peut également trouver dans les étages des espaces de séjour annexes (boudoirs, bureaux…) et des pièces de service (lingerie). Les étages de comble, lorsqu’ils existent sont occupés par des chambres de bonnes. C’est donc un habitat aux fonctions très hiérarchisées verticalement. Il y a également une forte présence des domestiques qui vivent de façon permanente à l’intérieur de la maison. Dans leur fonctionnement, ces villas sont peu différentes de formes plus anciennes comme les hôtels particuliers urbains ou les maisons de campagne aristocratiques. On peut citer à titre d’exemple, Le Maquis et Les Chênes à Valescure et La Lanterne à Boulouris.

Dans l’entre-deux-guerres, les villas sont plus petites (100 à 200 m2 au sol). Elles s’organisent plutôt sur deux niveaux : étage de soubassement et rez-de-chaussée surélevé ou bien rez-de-chaussée surmonté d’un étage. Le soubassement abrite encore les pièces de service et des chambres de domestiques, mais nous notons l’apparition du garage et de chambres indépendantes (d’ami). Au rez-de-chaussée il y a la cuisine, encore complétée par l’office, et la salle à manger. Il n’y a plus de salons. Lorsque le rez-de-chaussée est surélevé, il constitue un logement complet, c'est-à-dire que l’on y trouve également 3 chambres. Inversement s’il est au niveau du sol, c’est là que se trouve le garage. C’est à l’étage, lorsqu’il existe, qu’est rassemblée la totalité de l’appartement (le rez-de-chaussée étant alors occupé par le garage et des pièces de service) : la cuisine, le living-room, 1 ou 2 chambres. La séparation des fonctions qui prévalait à l’époque précédente n’a donc plus cours. Mis à part en ce qui concerne les pièces de service, la totalité de l’espace de vie est plutôt rassemblée sur un même niveau. Nous notons également que lorsque l’appartement est situé en rez-de-chaussée surélevé, l’espace de réception est la salle à manger et que l’on a 3 chambres, alors que lorsqu’il est en étage, l’espace de réception est qualifié de living-room sur les plans d’architecte et que le nombre de chambres est inférieur (1 ou 2). Nous n’avons pas d’explication probante à donner sur ces changements de caractéristiques.

Parmi les villas à soubassement nous pouvons donner deux exemples pris à Notre-Dame, Campanella (AV 203) et la maison AV 287. Campanella (1936 – Georges Giger), comporte un soubassement avec des pièces de service et un rez-de-chaussée surélevé avec une cuisine complétée d’un office, une salle à manger à salon contigüe et 2 chambres. Dans la maison AV 287 (1940 – Octave Evard), nous avons le garage et des pièces de service au soubassement, la cuisine, la salle à manger et deux chambres à l’étage. D’autres exemples dont nous avons pu consulter le permis de construire : les villas de M. Cavallo (1936 – Georges Giger) ou de M. Couppel du Lude (Jean Sémichon). Parmi les villas constituées d’un étage sur rez-de-chaussée, nous avons La Galéjade (Les Tasses, vers 1935), avec le garage, la chaudière et un logement annexe (d’amis) au rez-de-chaussée, la cuisine, la salle à manger à salon contigüe, un boudoir et deux chambres à l’étage, un belvédère en deuxième étage abritant un bureau. Madiana, 1943 – Albert Marquisan, a son garage en rez-de-chaussée, la cuisine, la salle à manger, le living-room et deux chambres à l’étage. Du même type, on peut citer, le Mazet Ed-Ly, Floralia (AW 217) et les maisons AR 586, AV 280 et AW 975.

Nous retrouvons exactement les mêmes dispositions dans la période 1946 et 1970. Les chambres de domestiques ont cependant disparu ainsi que la salle à manger qui est alors qualifiée de living-room. Fréquemment, un logement annexe, destiné à accueillir la famille ou les amis se trouve au soubassement. On peut également avoir là des espaces de séjour annexes comme une salle de jeu (ping-pong, salle de jeu pour les enfants etc…).

En ce qui concerne l’orientation et l’ouverture des différents espaces à l’intérieur du volume d’habitation, les résultats sont les suivants :

Orientation :

1880-1919 :

Fac.ant.(A) Faç.d’agrém.(B) Autres(C) A=B A+B A+C B+C A=B+C A+B+C

Pièces de services 3 1 13 0 1 8 2 3 0

Pièces de réception 0 8 1 2 4 1 10 3 4

Pièces de nuit 0 2 0 0 2 0 3 6 17

1920-1945 :

Fac.ant.(A) Faç.d’agrém.(B) Autres(C) A=B A+B A+C B+C A=B+C A+B+C

Pièces de services 6 0 25 5 0 9 0 1 2

Pièces de réception 0 11 1 4 8 0 17 7 3

Pièces de nuit 1 3 5 2 4 2 15 6 9

1946-1970 :

Fac.ant.(A) Faç.d’agrém.(B) Autres(C) A=B A+B A+C B+C A=B+C A+B+C

Pièces de services 1 0 8 0 1 5 1 1 2

Pièces de réception 0 2 0 1 2 0 7 5 3

Pièces de nuit 1 0 0 0 1 0 6 6 4

Ouverture (réelle par le biais d’une porte) des pièces de réception :

1880-1919 1920-1945 1946-1970

Terrasse 15 21 14

Galerie ouverte 7 3 0

Véranda 3 0 0

Balcon 4 9 4

Perron 2 1 0

Jardin 1 2 0

Loggia 1 5 2

Porche 0 7 1

Balconnet 0 1 0

Terrasse-pergola 0 1 0

Solarium 0 0 1

Patio 0 0 0

Sans objet 3 10 1

Ouverture (réelle par le biais d’une porte) des pièces de nuit :

1880-1919 1920-1945 1946-1970

Terrasse 10 8 4

Galerie ouverte 3 1 0

Véranda 0 0 0

Balcon 20 11 5

Perron 0 0 0

Jardin 0 0 1

Loggia 3 4 0

Porche 0 1 0

Balconnet 2 6 0

Terrasse-pergola 0 0 0

Solarium 0 0 0

Patio 0 0 0

Sans objet 2 24 9

Dans les villas des années 1880-1919, les pièces de réception donnent toujours sur la façade d’agrément, qui est également la façade sud et la façade sur jardin, soit exclusivement sur cette façade (8/33), soit avec une autre orientation sur une façade en retours (10/33). Elles ouvrent sur la terrasse (15/33) ou sur une galerie ouverte (7/33), caractéristique de cette époque. Les pièces de nuit sont orientées sur toutes les façades. Cela reflète leur nombre important (3 ou 4). Elles ouvrent sur un balcon (20/33) car elles sont en étage, ou sur une terrasse (10/33), qui est alors une terrasse en couverture de la galerie ou du porche. Les pièces de services ne sont pratiquement jamais sur la façade d’agrément, elles sont sur des façades secondaires. Cette orientation demeure la même quelles que soient les époques.

Dans les années 1920-1945, l’orientation est la même pour les pièces de réception. Elles ouvrent toujours sur la terrasse (21/51) mais lorsqu’elles sont situées en rez-de-chaussée surélevé ou à l’étage elles peuvent n’avoir pas de débouché extérieur et n’être ouvertes que par de simples fenêtres (10/51). Les pièces de nuit privilégient la façade d’agrément complétée par une autre façade (15/51). Elles ne sont ouvertes que par des fenêtres (24/51) ou ouvrent sur un balcon (11/51).

Dans les années 1946-1970, l’orientation des pièces de réception est sensiblement la même, B+C (7/19). Les façades antérieures et d’agrément ont plus souvent tendance à être confondues, ce qui donne la combinaison A=B+C (5/19). Elles ouvrent sur une terrasse (14/19), parfois un balcon (4/19). Les pièces de nuit ont les mêmes caractéristiques d’orientation et d’ouverture qu’à la période précédente.

III CONCLUSION

Analyse typologique stylistique

1880-1919 1920-1945 1946-1970

Éclectique 96 51 8

Pittoresque 5 0 0

Régionaliste provençal 0 47 50

Régionaliste niçois 0 10 2

Régionaliste normand 5 1 0

Régionaliste basque 1 0 0

Méditerranéen 2 3 0

Moderne 0 7 26

Total 109 119 84

Cette typologie est essentiellement un outil de repérage permettant le classement et la caractérisation des éléments rencontrés. Elle peut cependant prêter à commentaires et interprétations. Des clivages forts apparaissent en fonctions des trois périodes considérées.

Le caractère éclectique est la règle jusqu’à la première guerre mondiale. Par éclectisme nous entendons le mélange d’éléments structurels et/ou décoratifs empruntés à des styles passés ou d’origine géographique différente. Il s’agit principalement d’un éclectisme à tendance « classique » faisant référence au 17e siècle ou à l’architecture française urbaine du 19e siècle, ou à l’architecture italienne Renaissance ou baroque. Dans le premier groupe on peut donner comme exemples Les Palmiers (69, avenue Paul-Doumer), Le Castellet (Arène grosse) ou Roquefeuille (Notre-Dame). Ces villas s’assimilent à l’hôtel particulier parisien. Elles se caractérisent surtout par leurs toits en pavillon ou à longs pans brisés, aux brisis percés de lucarnes, aux couvertures d’ardoise ou de tuiles en écaille, à la présence de tourelles. A ceci s’ajoute le vocabulaire habituel de l’architecture éclectique (consoles, volutes, palmettes et mascarons). Roquerousse (167, boulevard de le Libération) et La Modeste (Terre Ménude) utilisent un décor Art Nouveau, Les Charmettes (151, avenue des Chèvrefeuilles) et La Péguière (La Péguière) des éléments plus exotiques (acrotères à volutes, arcs outrepassés).

Villa Les Palmiers. Avant 1885.Villa Les Palmiers. Avant 1885. Roquerousse - 1904 -Roquerousse - 1904 - Villa Janszen - 1881 -Villa Janszen - 1881 -

Mais l’éclectisme qui définit alors vraiment le style des villas de Saint-Raphaël peut être qualifié de « palladien »avec l’emploi des escaliers extérieurs, terrasses, galeries superposées à colonnades. S’y rattachent toutes les plus belles villas alors construites : Janszen (Notre-Dame), Notre-Dame (Notre-Dame), Villa Marguerite (Valescure) etc… Elles caractérisent le style de l’architecte Pierre Aublé, qui offre avec sa villa-agence (à Notre-Dame), un exemple parfait de cet éclectisme palladien.

La Villa Louise (Camp Long) avec ses murs appareillés en moellons de porphyre polygonaux laissés apparents, ses baies plein-cintre géminées et son décor sculpté, en particulier l’entablement orné de guirlandes de roses et rubans en ciment modelé, est un exemple un peu atypique.

Gaïla - avant 1884 -Gaïla - avant 1884 -Sémiramis - vers 1890 -Sémiramis - vers 1890 -A cette époque, on rencontre, de façon marginale quelques exemples d’architecture régionaliste normande (la villégiature sur la côte normande étant plus ancienne que sur la côte d’Azur, l’architecture de ses villas a joué un temps comme modèle) : la Villa Estérel (Les Cazeaux), Les Chênes ou Le Maquis à Valescure. Le pittoresque est représenté par le mauresque, dont Gaïla, à Arène grosse, et la villa dite babylonienne, Sémiramis, à présent disparue.

L’éclectisme reste largement représenté dans l’entre-deux-guerres. Il est cependant beaucoup plus sobre qu’à la période antérieure et mêle des éléments venus du classicisme, de la modernité et du régionalisme. Le modèle le plus simple est constitué d’un volume régulier, au toit à croupes ou en pavillon couvert de tuiles plates mécaniques, sans véritable décor, avec parfois des bow-windows et des jardinières en maçonnerie partie prenante de la façade. C’est le cas par exemple de Chez nous et de la villa Vosges-Alsace, toutes deux à Estérel-Plage. Dans la même veine, on peut citer Les Lys rouges, de 1924 également, architecte : Lions, et Les Rossignols (Notre-Dame), vers 1920, architecte : Georges Giger. Parfois ne subsiste que le porche ou la galerie à colonnes.

Une villa, Elberon, construite par René Darde en 1924, seule villa-château de cette époque est encore très proche des villas palladiennes avec son porche à colonnes, la galerie et la loggia de la façade sud et les balustrades. Elle appartient à la modernité par la sobriété de son décor épuré des ornements du 19e siècle et la pergola de la terrasse supérieure qui l’apparente à l’architecture méditerranéenne. Nous qualifions de Méditerranéens, des édifices construits au cours du 20e siècle, liés à la villégiature d'été, constitués à partir d'éléments structurels et/ou décoratifs empruntés le plus souvent à l'architecture savante des pays de la Méditerranée européenne (Italie, Grèce, Espagne…). Dès 1908, une villa publiée dans la Vie à la Campagne, œuvre de l’architecte parisien L. Sézille annonçait ce courant stylistique. Dans le texte de présentation de l’architecte celui-ci affirme clairement son intention : il s’agit de faire une architecture qui s’harmonise avec la nature méditerranéenne, sans pente raide pour les toits, créer des espaces abritées du soleil, des terrasses pour la vie extérieure, des pièces ouvertes. La maison qu’il dessine est donc agrémentée de terrasses abritées de pergolas qui lui donnent un caractère méditerranéen. Se rattachent à ce courant, la Villa Florentina, à Santa-Lucia, de 1928 et La Pergola, au Trayas, construite dans l'entre-deux-guerre.

Toutefois l’époque est dominée par le régionalisme, qu’il soit d’inspiration provençale ou plus niçoise. Le caractère niçois est encore empreint de classicisme, les plans-masses sont simples ou réguliers, la volumétrie est sobre, les enduits sont de couleur ocre jaune ou rouge, on a un mélange d’éléments puisés dans l’architecture savante et vernaculaire. C'est par exemple Casa Toscana à Vaulongue.

Le caractère provençal fait référence à l’architecture rurale de la Basse-Provence :

- plan et volumétrie composites, produits par la juxtaposition de plusieurs volumes de formes et de hauteurs différentes pour simuler les agrandissements successifs des maisons rurales,

- enduit rugueux parfois ponctué de moellons,

- contrefort,

- arcs en plein cintre,

- larmiers en tuiles creuses,

- toiture en pente douce couverte en tuile creuse, soulignée par une génoise parfois en retour sur le pignon,

- pigeonnier simulé par la présence d’alvéoles (vraies ou fausses), disposées le plus souvent sur le pignon ou aménagées sur une tour,

- présence d’éléments de décor originaires du monde rural, détournés de leur fonction d’origine : jarre, cadran solaire, banc en maçonnerie adossé à la façade.

Le Mas Notre-DameLe Mas Notre-DameParmi celles-ci : La Terrasse (Boulouris), architecte : René Darde, le Mas Notre-Dame (architecte : Albert Marquisan) et la Bastide de l’Enclos, toutes deux boulevard Pierre-Coulet. Marquisan est adepte du style provençal. On lui doit par exemple encore le Mazet-Ed-Ly.

Les années 1920-1945 voient aussi les débuts de l’architecture moderne à Saint-Raphaël avec Clarté (5, avenue Paul-Doumer) de Georges Giger ou Aile blanche (Camp Long).

Après la deuxième guerre mondiale, le régionalisme provençal devient très largement dominant. Le régionalisme niçois a presque totalement disparu. Les villas modernes sont plus nombreuses mais il est assez rare que le style soit pur. Il est en général toujours mâtiné de régionalisme. Guy Giger, fils de Georges, réalise à Estérel-Plage Franchaphil et la villa située 447, avenue Edouard-VII, et une villa à Saint-Sébastien. Flandria, à Beaurivage, est l’exemple d’une villa conçue en 1959 par un entrepreneur de peinture en bâtiment pour lui-même, dans un esprit moderne et original malgré les maladresses dues à son non professionnalisme.

Villa à Estérel-PlageVilla à Estérel-Plage Villa FranchaphilVilla Franchaphil

Parmi les maisons repérées, 106 ont été construites entre 1880 et 1919, 122 entre 1920 et 1945, 81 entre 1946 et 1970. Trois sont postérieures à 1970.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Typologies
    plan-masse simple ; plan-masse régulier ; plan-masse composite ; volumétrie simple ; volumétrie régulière ; volumétrie symétrique ; volumétrie composite ; élévation avec axe ; élévation sans axe ; caractère éclectique ; caractère pittoresque ; caractère moderne ; caractère régionaliste provençal ; caractère régionaliste niçois ; caractère régionaliste normand ; caractère méditerranéen
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérées 312
    • étudiées 99

Documents d'archives

  • [Saint-Raphaël.] Statistiques de population. 1793-1946. Archives communales, Saint-Raphaël : 1 F 4.

  • Saint-Raphaël. [Anciens] permis de construire. Archives communales, Saint-Raphaël : Série W.

  • Saint-Raphaël. Matrices cadastrales. 1827-1914, 1921-1966. Archives communales, Saint-Raphaël : série N.C.G4.

Bibliographie

  • JEANNIN-MICHAUD, Emilie. Saint-Raphaël, naissance d'une station. Étude architecturale. Th. doct. : Paris 10 : 1983.

  • PASQUALINI, Frédéric. Saint-Raphaël. Formation d'une ville balnéaire. Diplôme : Unité pédagogique d'Architecture de Marseille : 1984.

  • Storez M. Les villas provençales d'aujourd'hui. Dans : Les tablettes de la Côte-d'Azur, 19 juin 1923.

    Article illustré par 3 photos
  • Les Tablettes de la Côte d'Azur, revue bimestrielle, années 1919-1933.

    En particulier le numéro du 15 novembre 1930 (Numéro spécial "La construction sur la Côte d'Azur")

Documents figurés

  • Villa La Badine. Saint-Raphaël. État en 1944. / Dessin original à la plume par Georges Giger, 1944. Collection particulière.

    Portail, plan de l'étage, coupe sur living-room, façades sud, est et nord, plan du rez-de-jardin et du rez-de-chaussée, coupe sur cuisine et salle à manger, façade ouest.
  • Villa La Badine. Saint-Raphaël. Projet d'agrandissement et de transformation. / Dessin original à la plume par Georges Giger, 1929. Collection particulière.

    Plans de l'étage de soubassement, plan du rez-de-chaussée surélevé, élévation extérieure ouest, élévation extérieure est
  • Saint-Raphaël. Plans de la maison de villégiature La Pinatta. / Plans originaux à la plume, par Georges Giger, 1930. Collection particulière.

    Collection particulière
    Plans du sous-sol, du rez-de-chaussée, de l'étage,coupe longitudinale et élévation extérieure ouest.
  • Saint-Raphaël. Plans de la villa de monsieur Véry. / Dessin original à la plume par Georges Giger, 1926. Collection particulière.

    Dessin en volume à parir de l'angle sud-ouest, élévation extérieure sud, plan de l'étage de soubassement, plan de l'étage.
  • Villa Tibur. Saint-Raphaël. État actuel, projet d'agrandissement et de transformation. / Dessin original à la plume par Georges Giger, 1931. Collection particulière.

    Plan-masse, plan de l'étage de soubassement (projet d'agrandissement), plan du rez-de-chaussée, plan du rez-de-chaussée (projet d'agrandissement), plan du premier étage, plan du premier étage (projet de transformation, plan du deuxième étage, dépendances.
  • Villa Dermigny. M. Giger, Architecte. Saint-Raphaël. / Dessin imprimé par Georges Giger, 1924. Dans : Les tablettes de la Côte-d'Azur, 13 mai 1924.

  • La villa du Français moyen édifiée par l'entreprise Grolée, de Saint-Raphaël - Fréjus. / Dessin imprimée, 1929. Dans : Les tablettes de la Côte-d'Azur, 26 octobre 1929.

    Elévation antérieure et plan.
  • [Villa La Pomme de pin]. / Photo, auteur inconnu, 1er quart 20e siècle (?). Médiathèque, Saint-Raphaël : Fonds Carlini.

  • Saint-Raphaël. Villa des Lions. / Carte postale, de Suzy, 1er quart 20e siècle. Médiathèque, Saint-Raphaël : Fonds Carlini.

  • St-Raphaël. Maison close - Habitation d'Alphonse Karr. / Carte postale, Giletta phot., entre 1880 et 1904. Collection particulière.

  • Saint-Raphaël (Var) - intérieur de Maison close. / Carte postale, E. Stehelin, St Raphaël, début du XXe siècle. Collection particulière.

  • [Mazet Ed-Ly. Saint-Raphaël]. Élévation angle des avenues. / Tirage de plans par Albert Marquisan, 1940. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 12 (cote provisoire).

    Pierre-Coullet (boulevard). 1981 AT 4
  • [Mazet Ed-Ly]. Élévation avenue F. Mistral. / Tirage de plans par Albert Marquisan, 1940. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 12 (cote provisoire).

    Pierre-Coullet (boulevard). 1981 AT 4
  • Edmond Daime prop. à Saint-Raphaël. Enclos Notre-Dame. Plan du rez-de-jardin. / Tirage de plans par Albert Marquisan, 1940. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 12 (cote provisoire).

    Mazet Ed-Ly. Pierre-Coullet (boulevard). 1981 AT 4
  • Madame et Mons. Edmond Daime prop. à Saint-Raphaël. Plan de l'étage. [Mazet Ed-Ly]. Tirage de plans par Albert Marquisan Albert,1940. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 12 (cote provisoire).

    Pierre-Coullet (boulevard). 1981 AT 4
  • [Villa Plein Ciel. Saint-Raphaël]. Plan de situation au 1 : 2000. / Tirage de plans par A.L. Henry et J.G. Narkisian, 1952. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 10 (cote provisoire).

  • Propriété de Mr Chasseloup. Enclos Notre-Dame. St.-Raphaël. [Villa Plein Ciel. Dessin de volume, angle sud-ouest]. / Tirage de plans par A. L. Henry A. L. et J. G. Narkisian, 1952. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 10 (cote provisoire).

    1952
  • [Villa Plein Ciel. Saint-Raphaël. Plan du rez-de-chaussée surélevé]. Tirage de plans par A. L. Henry et J. G. Narkisian, 1952. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 10 (cote provisoire).

  • Agay (Var). Villas Trissard Fayolle. / Carte postale, A. Bandieri, Saint-Raphaël, début du XXe siècle. Collection particulière.

    Collection particulière
  • Boulouris-sur-Mer. Villa L'Armitella. / Carte postale, Bandiéri, éditeur, Saint-Raphaël, 1er quart 20e siècle. Médiathèque, Saint-Raphaël : Fonds Carlini.

  • Boulouris.- Villa "Le Manoir". / Carte postale, Maison de Suzy, 1er quart 20e siècle. Médiathèque, Saint-Raphaël : fonds Carlini.

  • Boulouris-sur-Mer. Villa La Paisible. / Carte postale, Bandiéri, éditeur, St-Raphaël, 1er quart 20e siècle (avant 1916). Médiathèque, Saint-Raphaël : Fonds Carlini.

  • [Villa du Commandant Chauveau. Saint-Raphaël.] La façade sud. / Tirage de plans par Albert Marquisan, 1941. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 10 (cote provisoire).

    Notre-Dame. Myrtes (boulevard des). 1981 AV 280.
  • [Villa du Commandant Chauveau]. Façade sud-est. / Tirage de plans par Albert Marquisan, 1941. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 10 (cote provisoire).

    Notre-Dame. Myrtes (boulevard des). 1981 AV 280.
  • [Villa du Commandant Chauveau]. Plan de l'étage. / Tirage de plans par Albert Marquisan, 1941. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 10 (cote provisoire).

    Notre-Dame. Myrtes (boulevard des). 1981 AV 280.
  • La façade. Le plan. [Villas jumelles de M. Crinier. Saint-Raphaël.] / Tirage de plans par Établissements Lapeyrère, Beuzon, Supron, 1928. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 12 (cote provisoire).

    Notre-Dame. Saint-Exupéry (boulevard) 245, 2 1981 AV 330, 331.
  • A St.-Raphaël Plateau Notre-Dame. La façade nord sur le boulevard. / Tirage de plans par Albert Marquisan, 1943. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 12 (cote provisoire).

    Villa balnéaire Madiana. Notre-Dame. Saint-Exupéry (boulevard) 412. 1981 AV 115.
  • Monsieur Court prop. à St.-Raphaël. La façade sud. [Villa balnéaire Madiana]. Tirage de plans par Albert Marquisan Albert, 1943. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 12 (cote provisoire).

    Notre-Dame. Saint-Exupéry (boulevard) 412. 1981 AV 115.
  • Monsieur Court prop. à St.-Raphaël. Plan de l'étage. [Villa balnéaire Madiana]. / Tirage de plans par Albert Marquisan, 1943. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 12 (cote provisoire).

    Notre-Dame. Saint-Exupéry (boulevard) 412. 1981 AV 115.
  • Pavillon Viollet Le Duc à Saint-Raphaël. Façade principale. [Élévation sud]. / Tirage de plans par J.-L. Huot, 1923. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 9 (cote provisoire).

    [Elévation sud]. Rebori (le). Parc des Myrtes (avenue du). 1981 AW 230.
  • Pavillon Viollet Le Duc à Saint-Raphaël. Plan du premier étage. / Tirage de plans par J.-L. Huot, 1923. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 9 (cote provisoire).

    Rebori (le). Parc des Myrtes (avenue du). 1981 AW 230.
  • Saint-Raphaël. La Plage des Corailleurs où autrefois débarquaient les pêcheurs de Corail au second Plan, la Villa Le Mas [actuellement Le Mas du Corail]. Carte postale, Photo-Salon (Saint-Raphaël), 2e quart 20e siècle. Médiathèque, Saint-Raphaël : Fonds Carlini.

    Santa-Lucia. Corniche (route de la) 100. 1981 AW 587.
  • "La Vigie" Parc Santa Lucia - Saint-Raphaël (Var). Carte postale, 2e quart 20e siècle., Médiathèque, Saint-Raphaël, Fonds Carlini.Carte postale, 1ère moitié 20e siècle.

    Santa-Lucia. Pointe des Moines (allée de la) 1 1981 AW 837.
  • Mons. Cuvelier. Parc Santa-Lucia. Perspective sud-est. [Villa balnéaire Maria-Cristina]. / Tirage de plans par Georges Giger, 1950. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 12 (cote provisoire).

    Santa-Lucia. Pointe des Moines (allée de la) 2 1981 AW 570.
  • Mons. Cuvelier. Parc Santa-Lucia. Rez-de-chaussée. [Villa balnéaire Maria-Cristina]. / Tirage de plans par Georges Giger,1950. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 12 (cote provisoire).

    Santa-Lucia. Pointe des Moines (allée de la) 2 1981 AW 570.
  • Vers Saint-Raphaël. [Maison de villégiature dite Château Calvet, puis casino Santa-Lucia (œuvre détruite). Élévation ouest]. / Tirage de plan par G. Arduin, 1924. Archives communales, Saint-Raphaël : 4M 11 1.

    Santa-Lucia. 1981 AW.
  • Madame et Mons. Charbonnet propriétaires à Saint-Raphaël. Estérel-Plage. La façade sud. La façade nord. [Villa dite Le Val de l'Air]. / Tirage de plans par Albert Marquisan Albert, 1942. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 10 (cote provisoire).

    Tasses (les). Val de l'Air (avenue du) 1 1981 AW 9.
  • Domaine du soleil. Groupe 1. La perspective. Le plan. [Villas jumelées. Saint-Raphaël]. / Tirage de plans par P. Mollet P, 1954. Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 10 (cote provisoire).

    Terre Ménude. Domaine du Soleil (boulevard du) 2.
  • Le Trayas. Les villas, au fond pointe de L'Esquillon. / Carte postale, Primo, édit., avant 1915. Médiathèque, Saint-Raphaël : fonds Carlini.

  • Propriété de Monsieur A. Courousse. Lotissement de "Trayas Esterel" au Trayas (Var). / Tirage de plans par L. Molinier, 1952., Archives communales, Saint-Raphaël : 2004-1 W 12 (cote provisoire).

    Façade côté mer. Façade côté avenue. Façade postérieure. Façade côté ouest. Plan du rez-de-chaussée. Plan du rez-de-jardin. Coupe suivant A.B. Plan de masse.
  • Corniche de l’Estérel. Le Trayas. Calanque du Maupas et la Pointe de L'Esquillon. / Carte postale, Neurdein (photographe), 1er quart 20e siècle (avant 1918). Médiathèque, Saint-Raphaël : fonds Carlini.

    Médiathèque, Saint-Raphaël : Fonds Carlini
    Maison dite villa balnéaire Primo. Trayas (le). R.N. 98 de Toulon à Cannes (). 1981 BN.
  • [Saint-Raphaël. Villa de l'architecte Sylvain Ravel. Ph. 82.] / Tirage photographique sur papier, auteur inconnu, sans date, Archives départementales du Var, Draguignan : 4 O FI.

  • [Saint-Raphaël. Villa de l'architecte Sylvain Ravel. Ph. 81.] / Tirage photographique sur papier par H. Ferrari, sans date, Archives départementales du Var, Draguignan : 4 O FI.

Annexes

  • Définition des caractères typologiques
Date d'enquête 2004 ; Date(s) de rédaction 2007
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général