Dossier d’œuvre architecture IA04001857 | Réalisé par
  • inventaire topographique
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
maison, puis ouvrage d'entrée dit Porte du Brec, Porte de Guillaumes puis Porte de France
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Entrevaux
  • Commune Entrevaux
  • Lieu-dit le Bourg
  • Cadastre 1816 G 84, 85 et non cadastré ; 2006 G 2, 7 et non cadastré
  • Dénominations
    maison, ouvrage d'entrée
  • Appellations
    Porte du Brec, Porte de Guillaumes, Porte de France
  • Destinations
    ouvrage d'entrée
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    ouvrage extérieur

Porte ouest de la ville dite Porte du Brec (1600), Porte de Guillaumes (1693-1814), Porte de France (1814- )

La porte de ville ouvrant vers le hameau du Brec, en amont d'Entrevaux sur la rive gauche du Var, n'existait peut-être pas encore vers la fin du XVIe siècle. Sa position topographique sur le socle rocheux de la ville dominant de plus de 10m le cours du Var, une rampe d'accès était nécessaire pour atteindre le front des maisons formant enceinte depuis le chemin du Brec en fond de vallée. Cette rampe a été assise sur le débord de l'escarpement rocheux du front ouest de la ville, assez peu abrupt dans ce secteur.

La porte proprement dite (n°9) a été, comme celle du sud, aménagée dans le front des maisons en un point ou l'une d'elles formait un redan orienté au nord. Un passage charretier coudé en chicane est aménagé au rez-de-chaussée de cette travée carrée de maison. La reconstruction du flanc du redan sous forme d'une façade d'entrée avec pont-levis à flèches précédé d'une fosse taillée dans le roc (mentionnés par Vauban en 1700) ne date probablement que de 1693, et serait l'œuvre de Niquet et ses adjoints, agissant à la suite du premier projet de Vauban. La façade actuelle est analogue à celle de la porte de ville est, excepté son parement en pierres de taille de moyen appareil, peu représentatif de la mise en œuvre "économique" des ouvrages dus à Niquet ; il faut préciser que cette façade, jugée fort délabrée en 17841, a vraisemblablement été entièrement reparementée ou reconstruite l'année suivante. L'arcade d'entrée en plein-cintre inscrite dans le tableau en retrait recevant le tablier du pont-levis en position relevée, et les saignées verticales des flèches encadrant un créneau desservi depuis la chambre d'étage sont des poncifs de l'architecture militaire, ici traités très sobrement. Le soin apporté à la mise en œuvre se signale toutefois par le parement entièrement en pierre de taille de moyen appareil et la forme savante de l'arrière-voussure.Porte 8 - 10. Façade d'entrée à pont-levis de la porte 9, et rampe.Porte 8 - 10. Façade d'entrée à pont-levis de la porte 9, et rampe. Les flèches du pont-levis, leur charpente intérieure faisant contrepoids en croix de Saint-André sont conservés avec les chaînes et le tablier (restauré) dans leur état contemporain du déclassement de la place-forte. Les deux portes sur la face ouest du passage correspondent à d'anciennes latrines du XIXe siècle. L'arcade de sortie sur la Place du Planet, couverte d'un arc segmentaire, est biaisée pour adoucir la chicane. Elle voisine avec un escalier en pierre adossé à une maison mitoyenne qui dessert l'étage de la travée d'entrée et, au-delà, la travée de maison immédiatement au sud, ces étages ayant servi de corps de garde.

Le segment de la rampe d'accès qui précède immédiatement le pont-levis, bordé d'un parapet crénelé formant mur de terrassement, aboutit cinquante mètres plus bas à une avant porte anciennement dite l'Avancée. Cet ouvrage avancé est plus ancien que la création de la façade à pont-levis de la porte haute, et constituait avant les années 1690 le véritable ouvrage d'entrée fortifié de la Porte du Brec. Il s'agit d'un petit bâtiment construit en blocage de petits moellons sans chaînes d'angle à flanc de rocher : sa face ouest, la plus bas fondée, en saillie sur le parapet crénelé de la rampe et arrondie à l'angle nord-est, produit l'effet d'une tour, mais plus d'un tiers de son élévation est un soubassement plein. Du côté est, l'édifice est entièrement adossé à l'escarpement rocheux, taillé à la verticale en partie supérieure pour dégager l'emprise de la rampe. La façade d'entrée, au nord, s'ouvre par une arcade plein-cintre à larges claveaux saillants un sur deux, surmontée par les saignées verticales murées de l'ancien pont-levis à flèches, encadrant une baie qui pourrait avoir été la porte d'accès à une bretèche détruite. Cette élévation fruste, dépourvue de feuillure pour le rabattement du pont-levis, annonce une œuvre antérieure à la génération de Vauban et Niquet, mais assurément post médiévale. Le passage d'entrée, percé de 4 créneaux d'orientations divergentes a l'ouest /nord-ouest est voûté en berceau, et débouche par une grande arcade en plein-cintre dans la façade de gorge, comme à la redoute du pont du la porte sud (n°2), dans une version plus rustique. La voûte aurait été substituée à un plancher en exécution d'un article du projet de Vauban de 1693 qui envisageait d'aménager un corps de garde dans l'étage défensif, assez spacieux puisque plus étendu à l'est aux dépends du rocher. Cet étage, facilement accessible à la gorge par une petite rampe piétonne desservant sa porte (escalier demandé par Vauban en 1700), n'a sans doute jamais eu les commodités d'un corps de garde, puisqu'il n'est percé que de créneaux (3 en face de gorge, 4 en face ouest) et d'une bretèche (détruite). Il est couvert d'un toit en appentis versant à l'ouest, revêtu de tuiles-canal.

La rampe se prolonge en dessous de cette avancée, toujours défendue par un mur parapet crénelé, mais la barrière qui la terminait une trentaine de mètres plus bas (n°11) a disparu dès la fin du XIXe siècle.

Porte 8 - 10. Sas d'intérieur en chicane de la porte 9.Porte 8 - 10. Sas d'intérieur en chicane de la porte 9. Porte 8 - 10. Façade extérieure de l'avancée 10 de la porte ouest.Porte 8 - 10. Façade extérieure de l'avancée 10 de la porte ouest.

1Vincennes SHAT, Article 8 section 1, Entrevaux, carton I, n° 26

Cet ouvrage ne semble pas remplacer en lieu et place un ouvrage défensif précédent, même si une porte existait au 16e siècle (la Porte du Brec). Il ne date probablement que de 1693, réalisé par l'ingénieur général Antoine Niquet et ses collaborateurs selon les plans du premier projet de Vauban. La façade extérieure, donnant sur la rampe d'accès, a très certainement été entièrement reparementée voire reconstruite en 1785, suite à un rapport de 1784 mettant en exergue son état de délabrement. Un ouvrage d'entrée plus en amont sur la rampe constituait auparavant l'unique point défensif du village côté ouest. Vraisemblablement construit dans le courant du 17e siècle, il témoigne en effet d'une réflexion sur l'architecture fortifiée datable des débuts de l'époque moderne mais antérieure à la génération de Vauban. Cet ouvrage disposait d'un pont-levis jusqu'en 1722. Pour construire la rampe caladée entre les deux ouvrages il fallut, comme le rappelle l'historien Roger Greaves, démolir une maison, une boucherie, une partie du vieux mur d'enceinte, plusieurs jardins, et enlever plus de 250 m3 de roc. La Porte a pris plusieurs appellations au fil de l'histoire : Porte du Brec à partir de 1600, puis Porte de Guillaumes entre 1693 et 1814, et Porte de France à compter de cette date.

  • Période(s)
    • Principale
    • Principale : 4e quart 17e siècle
    • Secondaire : 4e quart 18e siècle

La porte prend place au bout d'une rampe d'accès rendue nécessaire par la topographie des lieux, dans la mesure où elle occupe un socle rocheux situé une dizaine de mètres au-dessus du Var, là où les maisons constituaient avant sa construction l'unique front défensif du village côté ouest. La rampe dessert le chemin conduisant au hameau du Brec. La porte s'inscrit dans une ancienne maison qui formait redan : un passage charretier coudé en chicane est aménagé au rez-de-chaussée de cette travée carrée de maison. La porte présente une façade d'entrée avec pont-levis à flèches précédé d'une fossé taillé dans le roc. Le parement en pierre de taille de moyen appareil ne ressemble pas à la manière de Niquet qui opta souvent pour une mise en oeuvre économique en moellons grossiers (voir par exemple la Tour de la Caserne, IA04001854) au grand dam de Vauban : il résulte peut-être d'une reconstruction de 1785 venant renforcer une maçonnerie défaillante. L'ouvrage reprend les principes de l'ouvrage d'entrée défensif, (arcade d'entrée en plein-cintre, saignées verticales des flèches) avec une touche de raffinement dans la forme savante de l'arrière-voussure. Le système défensif (pont-levis et contrepoids intérieur en croix de Saint-André, chaînes et tablier restauré) témoigne d'un état préservé (celui du déclassement de la place forte). Les deux portes sur la face ouest du passage correspondent à d'anciennes latrines du 19e siècle. L'arcade de sortie sur la Place du Planet, couverte d'un arc segmentaire, est biaisée pour adoucir la chicane. A côté, un escalier droit maçonné en pierre adossé à une maison mitoyenne (parcelle 2006 G 3) permet d'accéder à la fois aux étages de la travée d'entrée qui servaient de corps de garde ainsi qu'à l'étage carré de la maison directement au sud (parcelle 2006 G 126). Cet ouvrage d'entrée est précédé, plus bas sur la rampe, d'un premier ouvrage défensif. Il s'agit d'un petit bâtiment construit en blocage de petit moellons à flanc de rocher, avec en façade d'entrée nord une arcade en plein-cintre à larges claveaux saillants un sur deux formant passage voûté en berceau, surmontée par les saignées verticales murées de l'ancien pont-levis à flèches. Au-dessus une pièce accessible par une rampe piétonne décidée par Vauban a pu tenir lieu de corps de garde, malgré son faible caractère défensif (7 créneaux sur les façades sud et ouest) et une bretèche détruite, bien loin des ambitions de l'ingénieur militaire qui envisageait un espace empiétant sur le rocher.

  • Murs
    • enduit
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1937/12/23

Documents d'archives

  • Fortification des places françaises, place d'Entrevaux. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives techniques du génie, série 1V, art 8, section 1, Entrevaux.

    carton I, n° 26
Date d'enquête 2003 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général