Le Mas Flofaro est un site important pour l'agrumiculture. On y assure depuis plusieurs décennies une production agricole de très haute qualité, entre autres à travers la culture de citrons de la variété Citron de Menton. L'ensemble de l'exploitation comporte cinq bâtiments. La vocation agricole du site, très ancienne, s'est perpétuée et est toujours attestée par la présence de la remise, du verger (Référence du dossier : IA06002953) et des aménagements hydrauliques (Référence du dossier : IA06003101).
I. DESCRIPTION
I.1 Composition générale
Depuis l'entrée de la propriété, corniche André-Tardieu, on accède tout d'abord à un garage, non loin duquel a été érigée la remise. L'aire de stationnement, réalisée devant le garage, communique directement avec les aménagements du jardin qui permettent de gagner les différentes maisons qui s'échelonnent le long de la diagonale Nord-Ouest/Sud-Est formée par le terrain : maison d'invités, maison principale et à l'autre extrémité du jardin, le poolhouse, en bordure du chemin des Mulets. A l'exception de la remise, tous les bâtiments sont en maçonnerie et recouverts d'un enduit de couleur blanche, masquant les matériaux du gros-oeuvre. Les toits à pignons couverts, majoritairement à deux pans symétriques, sont pour l'essentiel revêtus de tuiles creuses et la plupart des contrevents et des huisseries extérieures sont en bois peint en noir. Dans l'ensemble, les baies, de formes variées, ont été percées en fonction des besoins, de sorte qu'il y a très peu de façades ordonnancées, ce qui contribue à donner aux divers bâtiments un caractère pittoresque. Les intérieurs n'ont pas été visités.
I.2 Garage
Le garage de plan carré, recouvert d'un enduit texturé, est composé d'un étage de soubassement pouvant accueillir plusieurs voitures et d'un rez-de-chaussée surélevé occupé par un logement. La façade principale, à élévation ordonnancée à travées, occupe le mur-pignon Est, où les deux portes du garage sont surmontées de deux des fenêtres du logement et constituent ainsi les travées de la façade. Cette façade est couronnée par le pignon couvert du toit à deux pans très légèrement asymétriques. Ce pignon est souligné d'une génoise et agrémenté en son centre d'un pigeonnier comportant deux trous d'envol géminés. La partie supérieure de ces trous d'envol est formée de deux tuiles creuses qui dépassent de la verticale du mur et viennent ainsi protéger une petite plate-forme d'envol formée de quatre briques en saillie. Cette façade est agrémentée de différents cultivars de bougainvillées à fleurs violettes ou rouges, qui forment un véritable encadrement autour des portes du garage. Le logement est accessible depuis un escalier extérieur. Cet escalier droit en pierre, à une seule volée, est parallèle au mur gouttereau Nord, où se trouve la porte du logement. Cette porte est desservie par une petite passerelle perpendiculaire à l'escalier. L'escalier se prolonge au-delà de la passerelle et permet d'accéder à façade Ouest. Escalier et passerelle comportent des rampes d'appui en fer forgé peint en noir.
Garage (vue d'ensemble de la façade principale).
I.3 Remise
La petite remise, de plan carré, a été construite en bois. Elle est en partie recouverte d'un lambris rustique, constitué de cannes de bambous. Ce lambris couvre aussi les deux vantaux de la porte d'accès des véhicules, percée dans le mur-pignon Ouest. La toiture est en tôle (c'est l'unique toiture en tôle de toute la propriété).
I.4 Maison d'invités
La maison d'invités, tout comme la maison principale, occupe la partie inférieure des terrasses de culture Nord. Elle est composée de deux corps de bâtiment de plan carré, à enduit lisse. Bien qu'ils soient parfaitement alignés, ces corps de bâtiment sont séparés par un mur de refend qui dépasse largement les toitures du côté Ouest. Ce mur, couronné de tuiles creuses, est allégé par une grande baie ouverte, à partie supérieure en plein cintre. La maison comporte un étage de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé. Le pignon Sud, souligné d'un léger ressaut, est percé d'une petite niche à partie supérieure en plein cintre. Cette niche, dont l'intérieur est peint en bleu vif, abrite une statuette de saint François d'Assise. L'accès à la maison s'effectue par le côté Nord. La souche cheminée, de section carrée, est protégée par une petite toiture à deux pans couverte de tuiles creuses.Maison d'invités (détail du pignon Est : niche abritant une statuette de saint François d'Assise).
I.5 Maison principale
La maison principale a été réalisée au pied des terrasses de culture Nord à partir d'un petit édifice préexistant, probablement construit en moellons. Cet édifice initial constitue le corps de bâtiment Sud-Est de la maison actuelle, qui comporte cinq corps de bâtiment. Ces corps de bâtiment, de dimensions relativement réduites, sont entièrement recouverts d'un enduit lisse et sont alignés du Sud-Est vers le Nord-Ouest. Ils sont de tailles variées et sont tous très légèrement décalés les uns par rapport aux autres, de sorte que la composition générale de la maison se révèle particulièrement complexe, d'autant plus que l'ensemble a été érigé en partie sur l'une des anciennes terrasses agricoles. Cette terrasse agricole étant trop étroite pour réaliser les constructions de plain pied, le dénivelé est compensé à l'Est par deux étages de soubassement, complété par un rez-de-chaussée surélevé, sauf pour le quatrième corps de bâtiment, érigé sur un seul niveau constitué d'un unique étage de soubassement, qui est cependant contigu au deuxième étage de soubassement des autres parties. Ce quatrième corps de bâtiment, le plus petit, couvert d'un toit à un pan en tuile creuses, est complété côté Est par une terrasse en terre-plein qui a été entièrement couverte d'une grande verrière à un pan. Le premier étage de soubassement de l'édifice initial et celui du deuxième corps de bâtiment présentent des plafonds à voussures en briques sur armature de poutrelles métalliques. Ces plafonds attestent de l'antériorité de ces structures, probablement aménagées ou remaniées à la fin du 19e siècle ou au début du 20e siècle (anciennes caves pour l'entreposage de la production agricole ?). A l'extérieur, au niveau du premier étage de soubassement du deuxième corps de bâtiment, une niche a été aménagée dans le mur formant un décroché par rapport à celui de la partie ancienne. Cette niche, à partie supérieure en plein cintre, présente une morphologie qui reprend celle des oratoires urbains aménagés à l'angle des rues dans les vieilles villes provençales. Elle est ornée d'une statue de la Vierge. Le corps de bâtiment ancien, dont la toiture est souligné de ressauts, est complété au niveau du second étage de soubassement par une petite terrasse d'agrément, accolée à la façade Sud-Est de la maison.
Maison principale (vue depuis le sommet de l'escalier d'accès).
Cette terrasse d'agrément, présentant deux niveaux reliés par un petit escalier droit ne comportant que quelques marches, semble en partie contemporaine de l'édifice initial. Elle est aujourd'hui recouverte d'un dallage moderne formé de grande pierres irrégulières et bordée d'une balustrade en maçonnerie comportant des balustres piriformes de section circulaire. Elle est abritée sous une tonnelle en métal peint en noir qui est couverte d'une énorme glycine, visiblement très ancienne, qui colonise aussi une petite pergola réalisée en cannes de bambous. La terrasse d'agrément de la maison, qui a pour particularité d'intégrer quelques plates-bandes plantées, communique avec l'escalier muletier et la grande terrasse du jardin, située légèrement en contrebas. Elle accueille un édicule, adossé à la terrasse agricole qui la surplombe. Cet édicule, qui ouvre sur la terrasse d'agrément par une grande baie à partie supérieure en plein cintre, abrite une véritable cuisine extérieure avec cheminée et four (ancien four à pain ?), comportant le même revêtement de pierre que la terrasse. L'édicule est dominé par la petite souche de la cheminée. Cette souche de section carrée, toute simple, ne comporte aucun élément décoratif. Cette partie de la terrasse d'agrément communique avec un passage couvert traversant l'édifice initial. Ce passage débouche sur un étroit couloir à ciel ouvert, qui longe le deuxième corps de bâtiment. Ce couloir de circulation, apparenté à une cour anglaise, est encaissé entre le mur Ouest de la maison principale et le mur de soutènement en pierre de la terrasse de culture qui est juste au-dessus. Une section a ultérieurement été couverte d'une verrière à un pan et un petit escalier de quelques marche, abrité dans le troisième corps de bâtiment, le relie au sentier dallé occupant la terrasse de culture, avec lequel il communique par une porte vitrée.Maison principale (la terrasse d'agrément et l'édicule qui abrite la cuisine extérieure).
La terrasse d'agrément de la maison comporte par ailleurs une importante ornementation, constituée d'éléments en fer forgé peint en noir. Parmi ces éléments à décor de volutes, on dénombre entre autres certains gardes-corps du second niveau de la terrasse, les deux vantaux du petit portail qui sépare la terrasse d'agrément de l'escalier muletier, le grand vantail de la baie de l'édicule, la grille d'une fenêtre ouvrant sur la terrasse d'agrément et le garde-corps de la baie qui surmonte la porte d'entrée de la maison. Cette baie, dont la forme à partie supérieure en plein cintre est calquée sur celle de la porte d'entrée, anime la façade Sud-Est au niveau du rez-de-chaussée surélevé. Elle est complétée par une lanterne en fer forgé à volutes, peinte en noir, qui est assortie au reste du décor métallique.
Les autres ornements notables du bâtiment sont constitués par les structures en maçonnerie émergeant des toitures. Le deuxième corps de bâtiment est en effet dominé par un lanternon de plan carré, particulièrement ouvragé, qui évoque un petit pigeonnier. Ce lanternon, qui se détache du versant Est du toit, comporte six petites baies vitrées à partie supérieure en plein cintre. Chaque côté du lanternon héberge alternativement une ou deux baies. Au-dessus de ces baies, un cordon en maçonnerie ceinture la structure. Sur chaque côté, ce cordon est surmonté d'un panneau à décor de chevrons ajourés. L'ensemble est couronné d'un petit toit en pavillon couvert de tuiles creuses et sommé d'un épis de faîtage en terre cuite vernissée.
Ce lanternon est accompagné d'une souche de cheminée tout aussi ouvragée. Cette souche de cheminée, de section carrée, surplombe la petite terrasse dite tropézienne, intégrée au versant Est de la toiture du troisième corps de bâtiment. C'est la structure la plus élevée de la maison. Elle reprend de façon simplifiée la composition du lanternon. Une baie à partie supérieure en plein cintre occupe chacun des côtés et sert à l'évacuation de la fumée. La partie inférieure de chaque baie est formée d'un carreau en terre cuite, ce qui apparente formellement ces baies aux trous d'envol d'un pigeonnier. Au-dessus de ces baies, un cordon en terre cuite ceinture la souche. Ce cordon est surmonté de trois tuiles creuses sur chaque côté. L'ensemble est couronné d'un toit à deux pans couvert de tuiles creuses.
I.6 Poolhouse
Le poolhouse est un petit édifice en rez-de-chaussée, construit dans l'angle Sud-Est de la salle de verdure abritant la piscine. De plan rectangulaire, il est recouvert d'un enduit très légèrement texturé et coiffé d'un toit à deux pans asymétriques. La façade principale occupe le mur-pignon Nord et ouvre sur la piscine. Cette façade, couronnée d'une génoise décorative dont le tracé ne reprend pas celui du pignon mais adopte la silhouette d'un fronton régulier, est percée d'une grande porte fenêtre et de plusieurs petites baies de formes variées disposées sans souci de symétrie. La façade opposé est accessible depuis le chemin des Mulets.
II. NOTE DE SYNTHESE
Bien que relativement récents dans leur ensemble (seconde moitié du 20e siècle), les bâtiments qui constituent Le Mas Flofaro apportent au site un caractère pittoresque, en accord avec l'irrégularité du terrain, au tracé complexe et au relief abrupt, et avec la fonction agricole de la propriété. De conception traditionnelle par leurs formes et leurs volumes, ces bâtiments présentent par ailleurs une apparence néo-provençale, apportée par l'utilisation des matériaux (enduits variés, tuiles creuses) et par la physionomie de certains éléments constitutifs : génoises, souches de cheminée, niches, lanternon, pigeonnier... C'est ainsi qu'ils complètent harmonieusement les aménagements anciens intégrés à La Citronneraie (Référence du dossier : IA06002953).
Photographe de l'Inventaire, région Sud-Paca.