Dossier d’œuvre architecture IA04001265 | Réalisé par
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
mairie ; école primaire
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
  • (c) Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Barrême
  • Commune Senez
  • Lieu-dit
  • Cadastre 1986 E 27-28
  • Dénominations
    mairie, école primaire
  • Destinations
    mairie, école primaire
  • Parties constituantes non étudiées
    logement

I. HISTORIQUE

1. L’école avant l’école

L’histoire de la mairie-école de Senez est complexe car elle mêle différentes fonctions qui n’ont pas toujours été réunies. Les vicissitudes des diverses écoles, dans les hameaux mais aussi dans le chef-lieu mériteraient un développement à elles seules. À Senez, l’école de garçons a très longtemps été dissociée de celle des filles, et l’édifice rassemblant en 1902 la mairie, le prétoire pour la justice de paix et l’école de garçons et de filles, s’il a enfin accueilli les enfants des deux sexes sous le même toit, a tout de même conservé jusque tard dans le siècle une stricte séparation physique. Ce n’est bien évidemment plus le cas aujourd’hui. À la rentrée scolaire 2008-2009 l’école primaire mixte de Senez comptait dans ses effectifs 14 élèves.

Au début du 19e siècle le chef-lieu disposait d’un bâtiment unique pour la mairie, la justice de paix et la classe de garçons, les filles disposant d’un autre lieu dans une salle louée à un particulier, dans l’ancienne école de latinité (parcelle 82 actuelle). Il s’agissait de la maison sise place de la Fontaine sur l’ancienne parcelle bâtie 77 qui a aujourd’hui disparu. Le village ne parvint pas à entretenir puis à assumer les travaux de réparation rendus indispensables par la vétusté des lieux et un devis trop élevé pour les maigres finances publiques à disposition (1855). En réalité, l’idée de réunir dans un même ensemble la mairie, l’école et un prétoire remonte à 1853, quand le sous-préfet demanda un local convenable pour servir de prétoire. À condition que la commune reçoive des subventions grâce aux crédits alloués par l’empereur Napoléon III aux communes désirant construire ou restaurer les maisons d’école, ce qui était le cas de la parcelle 77. Mais Senez n’en fut pas bénéficiaire, et l’opération échoua. La maison qui appartenait à la commune fut mise en vente.

2. Le projet d'implantation d'une école spécifique

Dès lors la commune chercha un terrain public où implanter une école, et se décida pour le Courtil, près de l’église paroissiale. Un architecte fut désigné en 1863 pour établir les plans et les devis mais le projet fut trop onéreux (8 100 francs) : la commune ne disposait que de 2 400 francs (400 pour la vente de la maison commune, 800 prélevés sur les ressources ordinaires et 1 200 équivalant au produit de la coupe du bois de la forêt de la Farge et des Mastres. Le projet échoua.

Entre 1866 et 1875 la gendarmerie, momentanément privée de sa brigade montée affectée à Manosque, accueillit la salle de mairie, le prétoire, l'école de garçons et le logement de l'instituteur, mais le retour des gendarmes entraîna un nouveau départ. Pierre Féraud, ancien gendarme à la retraite, loua sa maison, l’ancienne sacristie, à la commune, pour une durée de 19 ans. Elle servit à la fois d’école au premier étage et de prétoire, moyennant la somme annuelle de 50 francs.

En 1881 on déclara d’utilité publique la construction d’un bâtiment rassemblant enfin les classes des deux sexes. La construction d’une maison d’école fut approuvée par le préfet le 12 mars 1882, mais le devis établi à 27 300 excédait de beaucoup les finances communales. La même année l’inspecteur d’académie proposa l’achat d’un terrain en-dessous du château mais son éloignement tout relatif par rapport au cœur du village se heurta au mécontentement de la population. Dès lors la commune envisagea de faire construire sur un terrain proche de la Bonde et de l’Asse, mais les conditions sanitaires firent échouer le projet. On continua donc à louer des maisons privées en essayant d’en acquérir une susceptible de réunir les deux classes. Finalement la maison Féraud fut vendue pour 2 500 francs en 1894 mais l’état déplorable de l’ensemble nécessita des travaux (le mur nord de la classe des garçons menaçait ruine) et une autre maison fut louée. L’architecte choisi pour réaliser les réparations suggéra de démolir le bâtiment et de reconstruire selon les circulaires ministérielles, seule façon d’obtenir les subventions de l’État. Mais le devis établi à 20 000 francs fit reculer la commune et rien ne se fit.

Hippolyte Isnard loua sa maison place du Coulet, avec possibilité de vente ultérieure pour réaliser le grand projet de mairie, de prétoire et d’école, mais l’inspecteur d’académie s’y opposa, arguant de conditions sanitaires insuffisantes, ainsi que de la proximité immédiate sur la place d’une boutique de maréchal-ferrant et d’un cabaret, contraires au calme et à la moralité requis pour l’étude de jeunes écoliers. La mairie demeura dans le lieu tout de même, la classe de garçons étant transférée dans une salle de l’ancien palais épiscopal, qui accueillait déjà la classe enfantine ainsi que le logement de l’institutrice. Simultanément, la classe des filles demeurait dans une autre maison qui servait également de boulangerie, au premier étage, sans les commodités d'usage (actuelle parcelle bâtie 82).

3. L'école actuelle

Ce n’est qu’en 1898 que fut décidé d’un lieu d’implantation public au bord de la Bonde, sur la place où se tenait la foire. Il était initialement prévu que la classe enfantine se joignît à l’école des garçons et des filles, mais sa suppression permit finalement d’intégrer au groupe scolaire la mairie et le prétoire pour la justice de paix. Émile Bongarçon, architecte départemental établi à Digne fut désigné pour établir les plans et un devis estimé à 24 415 francs, que la commune régla grâce à un crédit contracté le 31 juillet 1899 au Crédit Foncier de France et courant sur trente années. Les travaux de construction furent conduits par l’entrepreneur de Barrême Louis Roustan pour une livraison définitive en mars 1902. L’école est toujours en activité, et la bâtiment accueille également toujours la mairie.

II. DESCRIPTION

Le plan est des plus simples : il réunit les trois fonctions de groupe scolaire (avec deux classes à l’origine, une pour les garçons au nord-est, l’autre pour les filles au sud-ouest), le prétoire pour la justice de paix et la mairie. Le bâtiment comprend trois niveaux dont un de caves, un rez-de-chaussée et un étage carré. Il présente une élévation à travées et toit à longs pans autour d’un corps central non saillant à deux travées surmonté d’un fronton triangulaire percé d’un oculus et flanqué de part et d’autre d’un corps à trois travées. Le fronton devait se détacher contre le toit relativement haut, sans le dépasser. En réalité il le surplombe, la liaison avec les longs pans s’effectuant par un appentis formant croupe. Le plan d’origine laisse apparaître une entrée unique dans le corps central. Le vestibule desservait les deux classes et ouvrait sur deux escalier symétriques menant à l’étage. Cette entrée existe toujours mais deux portes symétriques dans chacun des bâtiments latéraux ont été percées depuis, conduisant directement à l’école primaire et aux services administratifs de la mairie. L’élévation sud-est est uniforme et se compose de six travées régulières percées de hautes fenêtres. Les extensions servaient de préau (avec une entrée depuis l’extérieur) pour les deux cours au sud-est : elles ont été remplacées par des bâtiments de plain-pied ayant fonction de remise (au sud-ouest) et d’extension pour l’école primaire actuelle.

La symétrie prévaut : au rez-de-chaussée le corps central accueillait le prétoire et de part et d’autre on trouvait l’école de garçons (au nord-est) et l’école de filles (au sud-ouest), chacune se limitant à une salle rectangulaire d’une superficie de 27 m2. Aujourd’hui le corps central et la partie sud-ouest tiennent lieu de mairie, la partie nord-est d’école primaire mixte. Au premier étage, la salle de la mairie, centrale, séparait deux appartements identiques, pour les deux instituteurs, au-dessus des deux classes respectives. Le parti d’origine n’a pas changé.

On se reportera en annexe pour la description détaillée de l’édifice établie par l’architecte Émile Bongarçon dans son rapport du 18 novembre 1898 accompagnant ses plans, coupes et élévations.

La construction d'un édifice conjuguant les fonctions de mairie, de prétoire pour la justice de paix et de groupe scolaire avec logement pour l'instituteur clôt de longues tergiversations depuis 1855, alors que le village cherchait à se doter d'un bâtiment qui permettrait enfin d'en finir avec les itinérances successives de ces diverses institutions. Le lieu dont disposait le chef-lieu place de la Fontaine (ancienne parcelle 77, aujourd'hui détruite) pour ce faire au début du 19e siècle était tombé en ruine suite à l'incurie de l'administration locale. Les devis établis en 1855 pour entreprendre des réparations étant en effet trop élevés, la municipalité laissa choir. Entre 1866 et 1875 la gendarmerie, momentanément privée de sa brigade montée, accueillit la salle de mairie, le prétoire, l'école de garçons et le logement de l'instituteur. En août 1875, après le retour des gendarmes, elle ne put réintégrer son précédent lieu d'attache, place de la Fontaine, devenu trop vétuste. Dès lors l'école de garçons erra de place en place, entre projets d'aménagements caducs du fait de tarifs trop élevés pour la commune et de volontés avortées de rachat de maisons particulières nécessitant des travaux onéreux. L'école de garçons occupa ainsi temporairement une salle de l'ancien palais épiscopal, à côté de la classe enfantine, avec logement pour l'institutrice, alors que la mairie, avec ses archives, demeura dans une maison place du Coulet, et que l'école des filles restait dans une autre maison qui servait également de boulangerie, sans les commodités d'usage. Ce n'est qu'en 1898 que l'actuel emplacement, au bord de la Bonde, fut définitivement arrêté. Le projet de l'architecte départemental des Basses-Alpes Emile Bongarçon fut mis en oeuvre par l'entrepreneur Louis Roustan, établi à Barrême, et finalement achevé en 1902, réunissant enfin les deux classes de garçons et de filles. L'école est aujourd'hui mixte, et la mairie partage toujours les lieux avec elle.

Le plan est des plus simples : il comprend trois niveaux dont un de caves, un rez-de-chaussée et un étage carré. Le bâtiment présente une élévation à travées et toit à longs pans autour d'un corps central très légèrement saillant à deux travées surmonté d'un fronton triangulaire percé d'un oculus et flanqué de part et d'autre d'un corps à trois travées. Le fronton devait se détacher contre le toit des deux corps latéraux relativement haut, sans le dépasser. En réalité il le surplombe. Les quatre longs pans de la couverture dessinent ainsi une croix : deux longs bras longitudinaux reliés par l'avant-corps central perpendiculaire formant un pignon. Les extensions côté chemin servaient de préau dans les deux cours : elles ont été remplacées par des bâtiments de plain-pied ayant fonction de remise et d'extension pour l'école primaire actuelle. La symétrie prévaut : le corps central accueillait le prétoire et de part et d'autre on trouvait l'école de garçons (au nord-est) et l'école de filles (au sud-ouest). Aujourd'hui le corps central et la partie sud-ouest tiennent lieu de mairie, la partie nord-est d'école primaire mixte. Au premier étage, la salle de la mairie, centrale séparait deux appartements identiques, pour les deux instituteurs, au-dessus des deux classes respectives. Le parti d'origine n'a pas changé.

  • Murs
    • enduit
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse, ciment amiante en couverture
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune, []

Documents d'archives

  • Commune de Senez. Bâtiments et biens communaux (1856-1930) : Projet d'école communale, mairie, prétoire de justice de paix. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 224/20.

    Voir en annexe : 26 documents du 1875/10/24 au 1904/02/01
  • Registre des délibérations du conseil municipal de la commune de Senez. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : AD E DEP 204 53/6.

    Voir en annexe : deux documents du 1878/05/19 et du 1881/02/06.

Bibliographie

  • HERMELIN, Juliette. Senez en Haute-Provence. Chronique d'une cité épiscopale aux 17e-19e siècles. Dans : Cahiers de Salagon, n°7, Les Alpes de Lumière, 2002.

    p. 98-101 : Histoire et description de l'école publique de Senez et de la construction d'une mairie et d'un groupe scolaire entre 1899 et 1902.

Documents figurés

  • Travaux communaux Senez : écoles (1880-1911). "Construction d'un groupe scolaire à Senez. Travaux supplémentaires. Assainissement des caves. Plan d'ensemble et profils de l'aqueduc d'assainissement", dessin à l'encre et au crayon sur papier calque, échelles de 0,005 p.m. 1901/10/20. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 450.

    Plans et coupes de l'acqueduc d'assainissement pour le groupe scolaire de Senez. Plan de situation.
  • Travaux communaux Senez : écoles (1880-1911). "Construction d'une mairie, d'un prétoire pour la justice de Paix et d'un groupe scolaire. Plans, coupes et élévations", dessin à l'encre et au crayon sur papier calque, échelle de 0,005 p.m. 1898/11/18. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 450.

    Plan des élévations côté chemin et côté cour.
  • Travaux communaux Senez (1880-1911). "Construction d'un groupe scolaire à Senez. Travaux supplémentaires. Assainissement des caves. Plan d'ensemble et profils de l'aqueduc d'assainissement", dessin à l'encre et au crayon sur papier calque, échelles de 0,001 et 0,05 p.m. 1901/10/20, Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 450.

    Plans et coupes de l'aqueduc d'assainissement pour le groupe scolaire de Senez. Coupes transversale et longitudinale.
  • Travaux communaux Senez : écoles (1880-1911). "Construction d'une mairie, d'un prétoire pour la justice de Paix et d'un groupe scolaire. Plans, coupes et élévations", dessin à l'encre et au crayon sur papier calque, échelle de 0,005 p.m. 18 novembre 1898. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 450.

    Plan des caves et du premier étage + Plan du rez-de-chaussée + Coupe transversale de l'élévation nord-est + Coupe transversale de l'élévation sud-ouest.

Annexes

  • Senez : projet d'école communale, mairie, prétoire de justice de paix
Date d'enquête 2008 ; Date(s) de rédaction 2009
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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