Dossier de présentation du mobilier IM83001361 | Réalisé par
  • inventaire topographique
le mobilier de la collégiale Saint-Paul, collégiale Saint-Paul
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hyères
  • Parties constituantes non étudiées
    cloche, chandelier d'église, chandelier d'autel, chandelier d'acolyte, bourse de corporal, manipule, étole, pale, voile de calice, bougeoir, calice, patène, statue, vase à fleurs, cache-pot, chasuble, reliquaire-monstrance, croix d'autel, sonnette d'autel, burettes, bassin à burettes, livre, pupitre d'autel, ex-voto, tableau de broderie, tableau de tapisserie, tableau, estampe, bas-relief, photographie, dessin, chaire à prêcher, verrière, clôture de choeur, orgue, siège de célébrant, prie-Dieu, stalle, lutrin à armoire, porte-chape, autel, maquette, tabernacle, confessionnal

Réalisé pour l'accomplissement d'un vœu ou à la suite d'une protection obtenue, l'ex-voto, abréviation de la formule latine « ex-voto suscepto », signifie littéralement « suivant le vœu fait ». Déposés au sanctuaire de la divinité invoquée, les ex-voto peuvent prendre l'aspect d'objets symboliques évoquant directement le miracle tels béquilles, attelles orthopédiques, chaînes de prisonniers libérés, poissons en argent ou maquettes de bateau. Absents sous ce type à la collégiale Saint-Paul où ils ont tous la forme de petits tableaux votifs de supports et de techniques variés, ils illustrent des scènes de la vie quotidienne face à une situation de danger.

Se révélant d'une grande richesse grâce à leur valeur de témoignage sur une société et son rapport au sacré, les ex-voto de la collégiale Saint-Paul constituent un des plus importants ensembles de Provence avec 432 exemplaires inventoriés, parmi lesquels près de 400 possèdent un réel intérêt historique et iconographique.

La plupart proviennent de la chapelle de pèlerinage Notre-Dame de Consolation, érigée au 11e siècle sur la colline de Costebelle, éloignée du centre de la ville. Après la destruction de ce sanctuaire en août 1944, les ex-voto ont été transférés dans le narthex de la collégiale Saint-Paul où ils sont présentés actuellement. La majorité d'entre eux a été nettoyée et restaurée en 1950.

Cette collection toujours vivante - elle ne cesse de s'enrichir - témoigne de la longévité de la pratique votive, qui se perpétue depuis quatre siècles.

De l'Ancien Régime à nos jours

Les ex-voto réalisés sous l'Ancien Régime sont peu nombreux (38 sur 432). La fragilité de certains supports utilisés, les conditions peu favorables à une bonne conservation ainsi que les vols, les pertes et les destructions permettent d'expliquer cette faible quantité d’œuvres parvenue jusqu'à nous.

D'après une étude réalisée en 1964 par Claude Nicolas, l'ex-voto le plus ancien, aujourd'hui disparu, aurait été daté du 16e siècle. Seuls le siècle et l'année (15 [.] 9) ont pu être déchiffrés par l'auteur de l'étude, qui mentionne cette œuvre sans la décrire. Il est donc aujourd'hui impossible de préciser davantage sa datation.

A l'heure actuelle, l'ex-voto le plus ancien est daté de 1613 ; le peintre de ce tableau semble probablement être l'auteur d'une autre œuvre non datée dont la composition est assez semblable. Les quatre autres tableaux du 17e siècle ont été réalisés entre 1675 et 1700. Contrairement à certains ensembles provençaux qui connaissent leur plein essor au 17e siècle, telles Notre-Dame de Rochefort et Notre-Dame de Lumières (dans le Vaucluse), la production hyéroise est faible durant cette période.

Aucun ex-voto n'est daté du 1er quart du 18e siècle. C'est à partir de 1725 que l'ensemble se développe progressivement jusqu'à la fin du siècle, témoignant ainsi de l'enracinement de la dévotion en Provence.

Le 19e siècle est le grand siècle de l'ex-voto. Ainsi à Hyères, les tableaux datés de cette période représentent 63% du corpus, pourcentage identique à la moyenne provençale. Cependant les périodes de production sont inégales au cours même du siècle.

A partir de 1800, leur nombre est multiplié par deux par rapport au quart de siècle précédent.

L'apogée se situe entre 1830 et 1875. Cette rapide expansion s'explique par la démocratisation de l'ex-voto et de celle des donateurs ainsi que par l'évolution du sentiment populaire avec la reconquête catholique des années 1830 ; c'est l'époque des apparitions, du succès de la piété mariale et du renouveau des retables des âmes du Purgatoire. C'est à partir de 1830 également que les ex-voto sont fréquemment datés, permettant ainsi de déterminer précisément leur période de réalisation.

A partir de 1875, leur nombre régresse de moitié par rapport aux cinquante années précédentes. Cette fin de siècle correspond au recul de la religion catholique en France ainsi qu'à de nouvelles pratiques gratulatoires telles que les inscriptions en lettres dorées sur fond bleu et les plaques de marbre stéréotypées. Les dernières années du 19e siècle témoignent de l'essoufflement de la dévotion qui se prolonge au 20e siècle.

L'ensemble s'enrichit encore dans la 1ère moitié du 20e siècle, mais la production décroît pour devenir très faible à partir des années 1950. La 2e moitié du siècle voit le triomphe des lithographies et des plaques de marbre votives réalisées en série. L'ex-voto étudié le plus récent est daté de 2001.

Les techniques

Les ex-voto sont généralement de taille réduite, les plus petits atteignent à peine une quinzaine de centimètres de hauteur, les plus importants peuvent dépasser 60 centimètres de côté. La majorité mesure une trentaine sur une quarantaine de centimètres.

Ils sont réalisés sur des supports variés ; les œuvres sur toile sont les plus nombreuses (42%), devançant le bois (24%), le papier (23%), le carton (11%) et les motifs brodés ou tissés(3%). La technique picturale la plus utilisée est la peinture à l'huile (75%).

Les ex-voto les plus anciens sont réalisés sur panneaux de bois, matériau peu coûteux et solide, très fréquent aux 17e et 18e siècles.

Puis leur utilisation devient moins habituelle au 19e siècle et le bois est remplacé petit à petit par la toile. Les peintures votives sur toile, fortement représentées à Hyères où elles sont plus nombreuses que la moyenne en Provence, demeurent surtout fréquentes dans les sanctuaires importants, comme à Notre-Dame de la Garde à Marseille.

Les ex-voto sur papier, support utilisé pour seulement neuf dessins, apparaissent à la fin du18e siècle. Les lithographies sont assez fréquentes aux 19e et 20e siècles, reproduisant en série des images pieuses.

Les œuvres sur carton, matériau peu onéreux, sont relativement abondantes dès le milieu du 19e siècle, servant ainsi de transition entre bois et toile.

La broderie en laine de couleurs et la tapisserie apparaissent dès le milieu du 19e siècle et perdurent au 20e siècle (deux tableaux de tapisserie et neuf tableaux de broderie).

A la fin du 19e siècle apparaissent les ex-voto épigraphiques à fond bleu sur papier avec dédicaces en lettres d'or.

De rares tableaux sont peints sur plaques de métal ou sur verre à la fin du 19e siècle.

Les plaques de marbre votives qui apparaissent dans le dernier quart du 19e siècle sont nombreuses à la fin du 20e siècle.

Les cadres, quand ils existent, sont généralement en bois et de technique très simple.

Certaines œuvres présentent des procédés mixtes, tels les tableaux peints à l'huile avec collage de lithographies représentant la Vierge à l'Enfant ou de photographies de victimes d'accident fixées en haut de la toile.

Trois tableaux présentent des combinaisons d'éléments peu banales avec paperoles 1, fausses pierres en verre et tissu pour l'un daté du 17e siècle, tandis que les deux autres réalisés à la fin du 19e siècle, combinent lithographie et travaux d'aiguilles ou broderie.

Un ex-voto, daté de 1936, est formé d'une photographie en noir et blanc représentant un accident de chemin de fer, fixée au centre du support en carton.

Un tableau daté de 1840 utilise un réemploi : tandis que la face visible représente un accident de charrette, le revers de la toile figure un portrait de soldat romain non achevé, de datation antérieure.

Les thèmes représentés

Les scènes représentées témoignent du danger affronté ou d'une menace encourue. Les thèmes les plus fréquemment abordés peuvent être classés en différentes catégories en sachant que cette répartition est variable en fonction des époques. Les ex-veto étudiés sont conformes à la répartition des thèmes traités par Bernard Cousin dans son ouvrage intitulé Le miracle et le quotidien. A l'instar de cet auteur, nous distinguerons les accidents de la circulation des autres types d'accidents : l'ensemble hyérois comporte 20% d'ex-voto relatifs à la 1ère catégorie et 34 % illustrant d'autres genres d'accidents.Les œuvres concernant la maladie sont les plus nombreuses avec 37% du corpus et sont supérieures à la moyenne provençale (30%).

Le thème de la maladie, très prégnant au 19e siècle avec 24,5% de l'ensemble des ex-veto traitant de ce motif, est en récession au début du 20e siècle avant de disparaître après 1950. Cette variation importante en l'espace de moins de deux siècles seulement peut notamment s'expliquer par les progrès de la médecine. Comme Bernard Cousin, nous incluons aussi dans cette catégorie les ex-voto liés aux complications post-natales ayant mis en danger la mère ou le bébé ; dix-huit ex-voto montrent ce type de représentation.

Quand la maladie est identifiée par une inscription gratulatoire, il s'agit souvent du croup, nom populaire de la diphtérie. Absents avant 1750, les accidents de la circulation, de la charrette à l'automobile, apparaissent à la fin du 18e siècle, période marquée notamment par l'essor économique, le développement des échanges et de la circulation. Ce type d'accident est en forte progression de 1825 jusqu'à la fin du 19e siècle. Puis au 20e siècle, leur nombre diminue considérablement. Chutes, noyades, foudroiements, accidents de chasse, incendies, éboulements, morsures et brûlures, tous ces événements dramatiques, témoins de la vie d'une société rurale traditionnelle, sont fréquemment représentés au 19e siècle, avec des œuvres majoritairement datées entre 1825 et 1875.

Absents avant 1725, les ex-voto marins ne représentent que 6 % du corpus ; cette faible quantité peut s'expliquer par le caractère majoritairement rural de la population et une pratique peu développée des métiers de la mer. De plus, ce type d'ex-voto, fortement apprécié des collectionneurs et des antiquaires, a souvent fait l'objet de vols. Alors que trois tableaux sont réalisés entre 1725 et 1775, aucun ex-voto marin n'est daté de la fin du 18e siècle. Comme pour d'autres ensembles provençaux, la disparition de cette catégorie peut s'expliquer par le blocus maritime qu'a subi la France pendant la crise révolutionnaire et impériale. C'est à partir de 1825 que les scènes marines réapparaissent pour devenir un thème fréquent entre 1825 et 1875 : 61 %des ex-voto marins sont exécutés pendant cette période qui voit notamment se développer les échanges maritimes dans la 2e moitié du siècle.

Les scènes de guerre sont peu fréquentes (14 ex-voto). Seule la guerre de 1939-45 est représentée. La Première Guerre mondiale n'a pas fait l'objet d'ex-voto figuratifs mais les plaques de marbre votives qui apparaissent dès 1918 sont peut-être liées au retour des soldats du front. En outre, un ex-voto en tableau de broderie daté de février 1919, fait clairement référence à la protection accordée à Notre-Dame de Consolation pendant la guerre ; la croix de guerre à quatre branches et épées croisées, fixée sur le support, symbolise ainsi le motif du don votif.

Thèmes anciens, les actions de grâce sont attestées dès le 17e siècle. Représentant 6 % de la collection hyéroise, ces ex-voto figurant les personnages en prière disparaissent au 18e siècle, excepté à la fin du siècle. Ils demeurent peu présents au 19e siècle, et quasi-absents au 20e siècle. Cette faible quantité peut s'expliquer par leur dégradation, voire leur disparition à cause de leur plus grande ancienneté. Les actions de grâce représentent aussi une certaine période dans l'iconographie des ex-voto à laquelle a succédé celle où les mises en scène d'événements l'ont emporté.

Les tableaux religieux sans scène humaine sont peu fréquents (14 ex-voto, ce qui correspond à la moyenne provençale). La majorité est produite dans la 2e moitié du 19esiècle ; les thèmes de la Vierge à l'Enfant, du Christ en croix sont les plus habituels. La lithographie, procédé peu coûteux, réalisée en série, est souvent le support de ce type d'image pieuse aux 19e et 20e siècles.

A cette classification, on peut ajouter certains thèmes rares, représentatifs des dangers d'autrefois comme un accident dans une mine en 1785, ou des préoccupations actuelles telles que les remerciements à la suite de la réussite à un examen ou d'un accident évité en parapente.

Quelques ex-voto demeurent difficiles à interpréter car leur iconographie ne permet pas de déceler le motif de leur réalisation. Ainsi, certains tableaux représentent-ils un tombeau familial, des personnages au milieu de paysages ou seulement des vues urbaines ou campagnardes.

Ainsi, les ex-voto les plus anciens de la collection sont les actions de grâce. Puis au milieu du 18e siècle, ce type devient rare tandis que les maladies et les accidents sont en forte progression. C'est au 19e siècle que ces deux thèmes (en particulier les accidents de circulation) se développent. Au 20e siècle, les actions de grâce disparaissent alors que les thèmes des accidents et maladies se maintiennent. Dès 1918-20, la plaque de marbre votive réalisée en série tend à supplanter la forme traditionnelle de l'ex-voto. Petit à petit les scènes narratives disparaissent et sont remplacées par des textes votifs ou des motifs non anthropomorphiques qui représentent la quasi-totalité de la production actuelle.

L'iconographie et son évolution

Caractéristiques d'une pratique populaire, les ex-voto présentent de nombreux poncifs, tels que la présence de l 'intercesseur 2 et des orants 3 dans un décor en constante évolution.

La place accordée au médiateur céleste

L'intercesseur est présent sur 95% des ex-voto. C'est la Vierge qui est la représentation céleste la plus fréquente, comme dans la plupart des ensembles d'ex-voto. Occupant généralement un angle supérieur du tableau, elle peut figurer dans un halo de nuages ou de lumière, les bras tendus vers les orants, ou en prière. Seule ou avec l'Enfant, elle est souvent représentée de taille supérieure aux personnages terrestres.

Dès le milieu du 19e siècle, la Vierge apparaît le plus souvent en buste et non plus en pied comme aux périodes antérieures. Sur certains tableaux, elle est couronnée ou représentée sous forme de statue sur un socle. A la fin du 19e siècle, la place accordée à l'intercesseur tend à se réduire, laissant une plus grande part à la scène terrestre.

Au 20e siècle, la prédominance de l'image de Notre-Dame de Consolation, reproduction de la statue représentant la Vierge à l'Enfant placée dans le collatéral nord de la chapelle, marque l'attachement à ce particularisme local. D'autres personnages célestes figurent sur les ex-voto (5% de l'ensemble) parmi lesquels les plus fréquents sont les évêques, associés à la Vierge ou seuls tel saint Clair invoqué pour soigner les maladies oculaires.

Quelques ex-voto ne présentent pas d'intercesseur mais un halo lumineux évoquant la présence surnaturelle.

La représentation des orants

Les orants sont présents sur les ex-voto d'actions de grâce ainsi que sur ceux figurant des scènes narratives. Au cours des siècles, leur représentation et leurs attitudes évoluent en fonction des changements sociaux. Très présents aux 17e et 18e siècles, occupant le 1er plan du tableau, les orants tiennent autant d'importance que l'intercesseur et les personnages représentés ; c'est le moyen le plus démonstratif d'évoquer l'action de grâce. Petit à petit ils se font plus discrets au profit de la représentation événementielle (maladie,accident, ... ).

Contrairement aux siècles précédents où la plupart des personnages sont en prière, dès le 19e siècle, les hommes sont plutôt regroupés au chevet du malade ou de la victime, tandis que les femmes restent dans des attitudes de prière. Cette évolution peut s'expliquer par la déchristianisation plus précoce de la population masculine en Provence.

Au 20e siècle, les orants et l'intercesseur sont absents sur la grande majorité des ex-voto. Alors que sous l'Ancien Régime, les orants appartiennent manifestement à la bourgeoisie, dès le 19e siècle, on assiste à la démocratisation de l'usage des ex-voto. A partir de cette période, le don de l'image devient une pratique populaire.

De l'évocation à la théâtralisation

Au fil des siècles, l'iconographie évolue de façon manifeste. Simple évocation à l'origine, l'ex-voto tend à devenir la représentation d'un événement précis avec une mise en scène de plus en plus détaillée. De 1730 à la fin du 18e siècle, le décor apparaît très sommaire, l'espace céleste n'étant largement dominant, signe manifeste de l'importance accordée à la relation de protection et de remerciement.

Dès le début du 19e siècle, la représentation de l'événement prend le pas sur l'action de grâce, apportant plus de précisions sur les circonstances du danger affronté ou de l'accident. Ainsi, la pièce représentée se meuble, se peuple davantage, le paysage familier plus souvent rural qu'urbain gagne en réalisme.L'ensemble de la composition s'organise autour du malade ou de la victime et se structure grâce à l'utilisation, parfois maladroite, de la perspective. Le décor précise les détails quotidiens.

Certains personnages apparaissent tel le médecin, absent aux siècles précédents, témoin de la médicalisation de la société à partir du 19e siècle. Les personnages, désormais issus de milieux populaires, sont figurés dans leurs vêtements de travail, dans des attitudes de plus en plus dramatiques.

Face à cette évolution du décor, les scènes marines paraissent en avance sur les autres ex-voto avec la représentation détaillée des différents gréements, même pour les tableaux les plus anciens. Ce phénomène s'applique à de nombreux ensembles votifs de ce genre et peut être rapproché de la pratique ancienne des graffiti marins, où les navires sont figurés avec une grande précision.

A partir du 20e siècle, la représentation se simplifie et tend de plus en plus vers l'abstraction, à l'instar de l'évolution picturale générale, signe manifeste et général d'un changement des mentalités.

La place de l'écrit

A travers l'ensemble hyérois, on peut noter un parallélisme entre l'évolution du nombre d'ex-voto comportant une légende et l'alphabétisation en Provence. La quasi-totalité d'entre eux (94 % du corpus) présente une formule écrite. Les inscriptions les plus fréquentes sont la formule votive (parfois mal orthographiée), l'année, le nom de la victime ou du malade représenté.

Au 17e siècle, les tableaux mentionnent seulement le terme « ex-voto ». Dès le milieu du 18e siècle, la formule votive apparaît puis, au début du 19e siècle, les noms de famille.

C'est à partir de 1830 que le motif de l'ex-voto est rédigé, apportant ainsi une précision supplémentaire ou permettant la compréhension de la scène représentée. A ces inscriptions principales peuvent être ajoutés le jour et le mois de l'événement, l'âge de la victime, la mention du personnage céleste invoqué, fréquente au 19e et se généralisant indéniablement au 20e siècle, afin de compenser la perte croissante de la représentation figurée.

La présence de l'écrit s'accentue au cours des siècles, allant de simples mentions votives avec date aux 17e et 18e siècles à des récits détaillés ou des poésies inventées dans la 2e moitié du 19e siècle.

La formule écrite est généralement distincte de l'image ; elle se place souvent sur une bande, à la partie inférieure du tableau. La séparation nette entre l'écrit et l'image apparaît dès 1830, pour disparaître au 20e siècle. Certains peintres utilisent parfois un élément du tableau pour intégrer l'inscription dans la scène représentée.

Les ex-voto marins comportent souvent une inscription développée, donnant souvent avec précision le nom du navire, la date et le lieu du naufrage, les conditions de l'accident et du sauvetage, la profession de la victime et la durée de la catastrophe. Ainsi l'écrit, comme le décor, précise les conditions de l'événement.

Une vingtaine de tableaux réalisés au 19e siècle présentent des graffitis souvent peu lisibles, crayonnés sur la toile, mentionnant la date et la formule votive.

L'évolution de l'écrit peut supplanter l'image votive comme en témoignent les dons votifs purement épigraphiques à partir du milieu du 19e siècle, telles les inscriptions en lettres dorées sur fond bleu ou les plaques de marbre nombreuses qui l'emportent sur toute autre forme d'ex-voto au 20e siècle. De plus, le caractère sériel dû à la fabrication quasi mécanique de ces types récents induit un coût modique.

Les peintres d'ex-voto

Sous l'Ancien Régime, les donateurs font généralement appel à des peintres spécialistes d'ex-voto, artisans exerçant en atelier et se déplaçant de sanctuaire en sanctuaire.

A partir du 20e siècle, le donateur a dorénavant recours à un talent familial ou personnel, ou à un peintre non professionnel. Dès cette période, le donateur étant dans la plupart des cas l'auteur de l'ex-voto, on assiste ainsi à une ré-interprétation personnelle de la structure de l'ex-voto traditionnel, comme en témoignent les tableaux de broderie et de tapisserie. La plupart des peintres sont anonymes avant 1830.

C'est à partir de la 2ème moitié du 19e siècle que les œuvres signées apparaissent : 57 ex-voto sont signés aux 19e et 20e siècles, ce qui représente 15 % de l'ensemble du corpus. Ces auteurs, qui semblent exercer leur talent de manière occasionnelle, sont des peintres amateurs, tels Hilarion Allègre, poissonnier à Solliès-Pont, qui signe 2 ex-voto sur papier en1833 ou Alexandre Vérignon, pharmacien à La Crau, auteur de 4 ex-voto entre 1848 et1875.

Certains peintres exercent une activité professionnelle proche de la peinture, comme Victor Martin, peintre en bâtiment, qui signe un seul ex-voto mais à qui on peut attribuer, par rapprochement stylistique, dix tableaux entre 1850 et 1855. De profession identique, Pancrace Paul Gondran, originaire de Manosque, peint une huile sur carton en 1905. Décorateur et peintre autodidacte, Charles Giraudon réalise en 1922 et 1940 trois ex-voto sur papier. M. Solis, encadreur à Hyères, est l'auteur de 3 ex-voto, réalisés entre 1905 et 1908.

D'autres peintres, dont on ne possède aucun renseignement sur leur profession, peuvent être mentionnés pour avoir réalisé plusieurs ex-voto. Peintre de qualité, Victor Otton (ou Othon) réalise 9 ex-voto sur panneaux de bois entre 1871et 1888. Tandis qu'Albert Clavel réalise deux ex-voto en 1906 et 1908, Vittini est l'auteur de deux scènes religieuses, peintes au milieu du 20e siècle. Spécialiste des scènes de la Deuxième Guerre mondiale, Jean Fauchery signe 4 œuvres sur toile.

Certains ex-voto non signés peuvent être regroupés comme œuvres d'un même exécutant. Ainsi, on peut mentionner l'auteur de 12 ex-voto entre 1830 et 1838, peintre anonyme reconnaissable notamment dans la représentation identique des attitudes de la Vierge à l'Enfant. Quelques auteurs anonymes sont spécialisés dans un genre ou une technique, comme le peintre travaillant à l'encre et à l'aquarelle sur papier entre 1913 et 1937, reconnaissable à la représentation de la Vierge à l'Enfant semblable à la statue de Notre-Dame de Consolation.

Certains peintres se distinguent par une facture particulière, tel F. Manoyer, qui évoque la scène de l'accident plutôt que de la représenter de manière anecdotique, comme la majorité des auteurs d'ex-voto.

A noter : l'ex-voto anonyme, offert en remerciement d'une réussite à un examen de droit, daté 1988, (liste supplémentaire, fig. 18) est de la même main qu'un ex-voto offert pour le même motif, étudié à la chapelle Notre-Dame des Anges de Pignans (Cf. IM83000291 ). Au-delà des poncifs de cet art populaire, certains peintres réalisent des copies de tableaux de maîtres. La Vierge à l'Enfant réalisée par P. Millet, est une copie d'après Vierge à l'Enfant du peintre italien Pompeo Batoni (1708-1787), conservée au musée des Beaux-Arts de Nice.

On peut également noter qu'une autre Vierge à l'Enfant est une copie d'après la Madone de Saint Sixte de Raphaël (l’œuvre originale est conservée à la Gemaldegalerie de Dresde). Une troisième Vierge à l'Enfant a été exécutée d'après la Vierge et l'Enfant du tableau La grande Sainte Famille de François 1er peint par Raphaël en 1518, conservé au musée du Louvre.

La représentation de la Vierge placée sur l'autel du tableau Femme en prière est une copie de la statue de l'Immaculée Conception qu'Edme Bouchardon (1698-1762) a réalisé pour l'église Saint-Sulpice de Paris, gravée par Dominique Sornique (1708-1756).

Certains ex-voto témoignent aussi de l'influence stylistique de grands maîtres, tel le tableau intitulé Saint Joseph réalisé dans le goût du peintre Hippolyte Flandrin (1809-1864) ou Le repentir de saint Pierre, dans le goût de Guido Reni.

1Paperoles : bandes de papier finement enroulées qui permettent de former des décorations autourd'un objet de piété afin d'imiter l'orfèvrerie, la ferronnerie ou le bois sculpté.2Intercesseur : personnage céleste invoqué pour la réalisation d'un voeu ou en reconnaissance d'une faveur obtenue. 3Orant : personnage représenté dans une attitude de prière.

Le mobilier de l'église a été modifié et déplacé, notamment en ce qui concerne les autels, les statues et les tableaux. En 1802, l'église compte le maître-autel, l'autel de la Vierge, l'autel de saint Pierre, l'autel du Purgatoire, l'autel de saint Maur et l'autel de Notre-Dame-de-Piété qui n'est plus mentionné en 1883 ; en revanche, à cette date est noté l'autel de saint Louis de Gonzague. Concernant les statues-reliquaires et les bustes-reliquaires, en 1807 sont notés les statues-reliquaires de la Vierge et de sainte Madeleine, les bustes-reliquaires de saint Maur, de saint Pierre, de saint Paul et de sainte Agathe (actuellement disparu). La plupart des tableaux et des statues ont conservé leur emplacement depuis 1883. Cependant, certaines oeuvres ont été déplacées depuis. En 1883, trois tableaux (Sacré-Coeur de Jésus, Immaculée Conception, Sainte Philomène) étaient dans la chapelle de la Vierge (1ère chapelle latérale gauche), le tableau représentant saint Louis de Gonzague était sur l'autel consacré au saint, dans la 1ère chapelle latérale droite ("à son autel, à droite, au fond") et la statue de la Vierge à l'Enfant ("statue de la Vierge") était sur l'autel consacré à la Vierge. En 1905, le tableau représentant saint Louis de Gonzague est toujours sur son autel, mais les trois tableaux (Sacré-Coeur de Jésus, Immaculée Conception, Sainte Philomène) sont dans la 3e chapelle latérale gauche, alors qu'un retable complété par le tableau représentant saint Pierre entre saint Jean l'Evangéliste et saint Jacques est placé dans le collatéral ouest ("nef unique"), que la statue de sainte Madeleine et la statue de procession de la Vierge ("petite statue sainte Vierge") sont dans le collatéral ouest ("nef unique"), et que les statues de saint Joseph et d'une sainte martyre ("sainte Philomène") sont dans la 3e chapelle latérale gauche. Cependant, certaines mentions d'oeuvres en 1905 posent aujourd'hui problème : un tableau intitulé "tableau plusieurs saints" est dans "la nef unique" (s'agit-il du tableau représentant saint Antoine entre saint Vincent et un saint évêque ?), un tableau noté "tableau Vierge" est indiqué "placé dans la chapelle gauche" (il s'agirait vraisemblablement de la copie d'Andrea del Sarto ou alors de la Pietà), et "2 petits tableaux placés dans le sanctuaire" n'ont pu être identifiés. Certains tableaux, actuellement dans l'église Saint-Paul, étaient placés dans l'église Saint-Louis au début du 20e siècle : il s'agit de la Montée au Calvaire, de l'Ecce Homo, de Jésus au Jardin des Oliviers, de la Mise au Tombeau, de la Multiplication des pains, des 2 tableaux représentant saint Louis donnés par l'état en 1858, de la Pietà ou la copie d'Andrea del Sarto.

Documents d'archives

  • Registre des recteurs du luminaire Corporis Christi, comptes 1760-1769, 1er janvier et 31 juillet 1765. Archives communales, Hyères : GG 51 (3).

    Cahier 64 f.
  • Inventaire du mobilier du chapitre pour l'église Saint-Paul et la chapelle de La Crau, 11-12 octobre 1790. Archives communales, Hyères : GG 52.

  • État des ornements et vases sacrés qui se trouvent dans la sacristie de la paroisse Saint-Paul d'Hyères, 1794. Archives communales, Hyères : 5 N (10).

  • Inventaire des objets existants à l'église paroissiale, 1802. Archives communales, Hyères : CC 56.

  • Inventaire des meubles et objets affectés au culte des églises Saint-Paul et Saint-Louis, 1883. Archives communales, Hyères : 1 P 1 (5).

  • Inventaire des meubles et objets affectés au culte dans l'église Saint-Paul d'Hyères, 10 juillet 1905. Archives communales, Hyères : 1 P 6 (2).

  • Edifice de culte, église Saint-Paul, 1789-1964 : correspondance entre J. Vroomans-Leclercq et l'adjoint au maire, avril 1920. Archives communales, Hyères : 2 M 1 (4).

  • Extrait de l'ordonnance de l'archevêque d'Aix et d'Arles sur les reliques de l'arrondissement de Toulon pour l'église paroissiale d'Hyères, 16 octobre 1807. Archives paroissiales, église Saint-Paul, Hyères.

Bibliographie

  • TURC, Paul. La collection hyéroise d'ex-voto. Hyères : Editions Centre Départemental de Documentation Pédagogique, 1998.

  • TURC, Paul. Regards sur les ex-voto hyérois. Dans Bulletin de la Société des Amis du Vieux Toulon et de sa région.

  • ROQUEBRUN, Richard. A propos de deux tableaux hyérois. Dans Bulletin de la Société des Amis du Vieux Toulon et de sa région, n° 120, 1998.

  • MARCEL, L.-E. L'église collégiale Saint-Paul. Saint-Etienne, 1957.

  • VROOMANS-LECLERCQ, J. Histoire et archéologie du Vieux Château d'Hyères. Toulon, 1925.

  • COUSIN, Bernard. Le miracle et le quotidien. Les ex-voto provençaux, images d'une société. Aix-en-Provence : Université de Provence, 1983.

  • NICOLAS, Claude. Les ex-voto peints de l'arrondissement de Toulon. Mémoire de l’École du Louvre, 1964.

Annexes

  • Liste du mobilier de la collégiale Saint-Paul étudié.
  • Liste des ex-voto étudiés de Notre-Dame de Consolation.
Date d'enquête 2004 ; Date(s) de rédaction 2004
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Édifice
collégiale Saint-Paul

collégiale Saint-Paul

Commune : Hyères
Adresse : 2 place Saint-Paul