Comme dans de nombreux villages de hauteur, le captage de l'eau nécessite des aménagements hydrauliques en pied du village, entre l'habitat et l’espace cultivé. Jusqu'en 1898 le principal approvisionnement en eau potable est le captage d'une source qui alimente la "fontaine-Fraîche", située en contrebas du village au quartier des jardins.
Le captage des sources
En 1820, la commune de Saint-Jurs, qui dispose d'un budget total de 516 Frs, consacre 5 Frs pour l’entretien des aqueducs, ponts et fontaines (Compte des recettes et dépenses de la Commune de Saint-Jurs, 1820).
En 1906, la conduite de la fontaine publique doit être renouvelée. Traversant le village, elle reçoit une partie des eaux sales et l'état de la conduite est associée aux cas de typhoïde. La commune sollicite un secours de 450 Frs à la Commission départementale pour le remplacement, sur 150 mètres, de la conduite en tuiles par des tuyaux en terre cuite. La canalisation serait à une profondeur de 1,50 m (Extrait du registre des délibérations du conseil municipal, séance du 15 avril 1906).
En 1924, on souhaite canaliser la source dite" mauvaise", désignée ainsi probablement pour les défauts de sa canalisation. (Lettre du Maire au Préfet, 10 avril 1924).
Un rapport de l'ingénieur subdivisionnaire Perrissoud daté du 13 mars 1924, précise que : “L'alimentation en eau de la commune est assurée au moyen de 2 sources captées aux abords immédiats du village : l'une dite "la bonne" analysée en 1918, a été reconnue de bonne qualité ; malheureusement son débit trop faible est loin d'être suffisant pour les besoins de la population. L'autre dite "la mauvaise" également analysée en 1918 est de très mauvaise qualité et à rejeter de l'alimentation. L'impureté des eaux provient certainement d'une mauvaise captation et d'une défectuosité dans la canalisation se trouvant aux abords immédiats des écuries”. L'ingénieur propose alors de rechercher la source un peu en amont des dernières maisons de la partie est du village.
Dans son rapport, un plan dessiné à main levée projette le tracé de la conduite reliant la fontaine à “la mauvaise” source. Le 23 novembre 1931, un rapport de l’ingénieur en chef Dupau souligne l’urgence d'un nouveau système d’adduction d’eau pour la fontaine publique. Il rappele que : “La commune n'est actuellement alimentée en eau potable que par une seule fontaine située en contrebas du village. Cette fontaine capte des eaux qui circulent sous des lieux habités et ne présentent aucune garantie contre les pollutions par ruissellement et infiltration. Son débit d'été est très faible et insuffisant pour les besoins de la population. Pendant la saison sèche, les habitants doivent faire la queue une partie de la nuit devant la fontaine afin de se procurer pour leurs besoins du lendemain une ration très mesurée d'eau de mauvaise qualité. Ces considérations suffisent à démontrer l'utilité du projet d'adduction d'eau demandé et l'urgence de sa réalisation. Le projet établi par le service du génie rural comporte le captage d'une source située à 3,5 km environ de l'agglomération et se trouve être la plus rapprochée de celles susceptibles d'être captées. Le montant de ce projet est de 515 000 Frs. Le captage de la source dite "de la Colle" a fait l'objet d'un avis favorable du géologue, les eaux ont été reconnues potable à l'analyse”.
En 1937, les travaux de captage de la source "de la Colle" sont terminés et sont l'objet du rapport de l'ingénieur directeur des travaux, M. Dufour, datant du 1 septembre 1937 (Extrait du registre des arrêtés de la Mairie de Saint-Jurs, 27 septembre 1937).
Les travaux d'adduction en eau potable
De premiers travaux d'adduction sont entrepris à initiative de la commune. Dans ce but, elle sollicite le secours du conseil d'arrondissement de Digne (Rapport de l'ingénieur ordinaire, 12 décembre 1898). La commune va conduire successivement des travaux d’adduction en eau potable et la construction des fontaines du village entre les années 1920 et 1940.
En 1922, des études géologiques prospectent une nouvelle source (Délibération du conseil municipal, séance du 31 octobre 1922). En 1930, le conseil municipal sollicite le concours gratuit du service du génie rural pour la recherche de source et l'étude d'un réseau de distribution d'eau potable susceptible de bénéficier des fonds de dotation du Pari Mutuel (Lettre du Préfet des Basses-Alpes au Ministre de l'Agriculture, 12 décembre 1930). Un projet d'ensemble, établi en 1931, prévoit “la mise en place d’une canalisation d'amenée reliant l'ouvrage de captage au réservoir de distribution, la construction de 6 rupteurs de charge, la construction d'un réservoir de 50 m3, l'installation du réseau de distribution, 3 bornes fontaines, 8 bouches d'incendie branchées sur le réseau et 2 fontaines avec lavoir et abreuvoir seront construites en béton de ciment et branchées sur le réseau également”.
Un arrêté préfectoral du 2 février 1935 déclare les travaux d'alimentation en eau potable de la commune de Saint-Jurs d'utilité publique. En 1936, la première tranche des travaux de captage est engagée (adjudication des travaux du 3 avril 1936). Cette même année, la commune vote un emprunt de 20 000 Frs destiné aux travaux d'adduction en eau potable auprès de la caisse des Dépôts, remboursable sur 30 ans (Extrait du registre des arrêtés de la Préfecture des Basses-Alpes, 27 août 1936).
Le 30 octobre 1937, l’ingénieur chargé d’étude M. Dufour dresse un plan d’ensemble d'adduction d'eau potable. Il trace le réseau de canalisations, l'implantation de robinets-vannes, bornes-fontaines, bouches d’incendie et de 2 lavoirs-abreuvoirs.
Le montant total des travaux s'élèvent à 460.000 Frs, qui se répartissent comme suit:
travaux de captage | 37.414,84 Frs | |
travaux d'adduction et de distribution d'eau potable | 497.500 Frs | |
deux lavoirs-abreuvoirs | 6039,40 Frs | |
Coût total | 460 000 Frs | |
subvention du ministère de l'Agriculture (60%) | 280 000 Frs | |
contribution du Département | 20 000 Frs | |
Nouveau tableau
Le reste à charge pour la commune s'élève à 160 000 Frs (Extrait de délibération du conseil municipal de la séance du 10 mars 1938). La vente de plusieurs hectares de bois par la commune lui permet de financer les travaux d'adduction d'eau potable et la construction de fontaines et lavoirs.
L'adjudication des travaux du 27 novembre 1938, retient l'offre de Modeste Sibilla d'Annot, pour un montant de 344.864,41 Frs. La collectivité sollicite un nouvel emprunt auprès de la Caisse Nationale de Crédit Agricole pour un montant de 180.000 Frs (Rapport de l'ingénieur du génie rural, 3 janvier 1939). Le marché étant aussitôt résilié par Modeste Sibilla, une nouvelle adjudication est attribuée le 23 juillet 1939 (Extrait du registre des délibérations, séance du 20 juin 1939). Le nouvel adjudicataire est la Coopérative des Anciens combattants des Travaux Publics de Marseille pour un montant des travaux s'élevant à 405.189,12 Frs (Procès-verbal d'adjudication, 23 juillet 1939). La réception provisoire des travaux a lieu en septembre 1941 (Lettre de l'ingénieur du Génie Rural au Préfet des Basses-Alpes, 8 juin 1942). Un extrait du registre des Arrêtés de la Préfecture des Basses-Alpes, daté du 20 janvier 1943, stipule que la commune reçoit une subvention départementale de 4430 Frs pour ses travaux d'adduction d'eau potable.
Chargée de la valorisation du patrimoine bâti et de la transmission des savoir-faire, Parc naturel régional du Verdon