Dossier collectif IA05000808 | Réalisé par
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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  • inventaire topographique
fermes
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    ferme
  • Aires d'études
    Briançon
  • Adresse
    • Commune : Villar-Saint-Pancrace

DESCRIPTION

Bien que l'on retrouve ici - chef-lieu et hameaux - les mêmes composantes que dans les maisons des autres communes du canton, il apparaît que la disposition générale est ici particulière, avec certaines caractéristiques des maisons des communes voisines, mais en moins grand nombre.

Situation

Il ne semble pas qu'on ait voulu profiter de la pente pour disposer les maisons autant qu'à Névache par exemple. En effet, bien que les accès de granges situés en façade postérieure soient de plain-pied avec l'extérieur, la disposition des accès en façade antérieure est très complexe car elle est mixte (écurie + grange) dans de très nombreux cas.

- On observe le plus souvent une disposition perpendiculaire à la plus forte pente, avec remblais ou montée construite vers les granges. D'autre part, la surélévation des sols par recharge renouvelée, peut-être pour atténuer les effets de la boue (neige ou pluie), a profondément enterré les rez-de-chaussée aujourd'hui presque considérés comme des caves.

- Outre la pente, on a cherché aussi l'ensoleillement pour les façades antérieures et un certain abri des intempéries par les renfoncements et les auvents. Enfin, certaines maisons, surtout celles qui sont isolées, sont précédées, au sud, ou au sud-ouest, par une cour ou un jardin clos d'un haut mur. Cela n'existe pas dans les villages, sauf en bordure. Les jardins y sont plutôt clos de barrières de bois.

Matériaux

- Les murs

Les remarques sont les mêmes que dans les communes de Puy-Saint-André et Puy-Saint-Pierre, les matériaux paraissant être les mêmes,ainsi que leur mise en œuvre. On observe très peu de cloisons en pans de bois avec remplissage coffré (à Sachas, à la Mourande) selon les procédés de Val-des-Prés. Le bois est relativement peu utilisé pour les parois ; même les pignons sont le plus souvent en maçonnerie ; deux d'entre eux (Chef-lieu, Sachas) sont (ou étaient) en bâtière et recouverts de lauzes. On note la présence de triangles d'aération assez nombreux dans les maçonneries, de jours rectangulaires dans les remplissages des pans de bois (Sachas).

- Les planchers

Il s'agit de ceux des granges. Pour les aires à battre, il a fallu construire des planchers solides. La plupart sont simplement cloués sur le solivage. Parfois les planches sont embrevées dans les rainures de solives dont le dessus est de niveau sur l'ensemble du plancher ; ces planches sont bouvetées à l'aide d'une languette métallique si leur épaisseur est de 4 cm. Au-dessus (7 cm), le bouvetage est à rainure et languette. On utilise pour ces planchers le pin cimbro qui résiste à la frappe du battage et ne fait pas d'échardes comme le mélèze ; tout autour on a disposé un cadre de sablières non équarries, sortant à demi des murs ; elles peuvent être doublées en hauteur par une planche maintenue sur le dessus par un épaississement de l'enduit au plâtre.

- Les autres sols

On trouve ici quelques pavages de cailloux (Villard-Saint-Pancrace, maisons 205, IA05000767, 231) bordés de lauzes ou de rebords de bois qui affleurent. Dans les courts ou dans les renfoncements qui y conduisent, subsistent parfois des pavés de bois, ronds ou carrés, cloutés à l'occasion (à Sachas). Il existe enfin des sols de béton grossier (Villard-Saint-Pancrace, maison 352), aussi bien dans les granges que dans les pièces d'habitation. On faisait des sols très solides avec de la terre glaise mélangée aux déchets de fours à chaux.

Chef-lieu. Maison 205. Sol de la galerie. Les galets forment les initiales L C et la date 1850.Chef-lieu. Maison 205. Sol de la galerie. Les galets forment les initiales L C et la date 1850.

- Les voûtes

Il n'y a rien à en dire de plus que dans la vallée de Névache.

Parti général

C'est dans la distribution des maisons que réside ou non leur originalité. Si l'on trouve quelques maisons du type le plus répandu dans la vallée de Névache (type B se développant en largeur : Villard-Saint-Pancrace, maisons 389, 352, 231, 229), la plupart ont une distribution bien différente qui se développe plutôt en profondeur que l'on a pu compléter par addition d'éléments d'accès et de distribution.

- Le type le plus répandu semble être à l'origine dépourvu de court et ne comporter qu'une cuisine, une cave et une écurie sans communication avec l'étage. (chef-lieu, maison 106)

On trouve aussi des bâtiments à l'origine sans cuisine (Villard-Saint-Pancrace, maison 227 IA05000768 ; le Paroir, bât. est 368 IA05000781). S'agissait-il de bâtiments appartenant à un ensemble ou bien la cuisine se trouvait-elle d'emblée dans l'écurie ?

- La seconde étape s'apparente au type A de Val-des-Prés, car on trouve une court distribuant les pièces déjà mentionnées : écurie, cuisine, court, cave (chef-lieu, maison 227 IA05000768)

Le plan ne présente pas de reprises mais il y manque un élément essentiel de la distribution, l'escalier : les étages sont indépendants. Ces deux sortes de distribution ont le plus souvent été complétées par addition, en avant de la façade antérieure, d'un dispositif complémentaire, donnant une court ou une cave (ou les deux) au rez-de-chaussée et un accès pratiquement de plain-pied à l'étage, sorte de trottoir, de passage, de terrasse plus ou moins régulière, que l'on eut vite fait d'aménager en galerie à plusieurs étages (Villard-Saint-Pancrace, maison 263 IA05000773). Cet élément peut donc être considéré comme extérieur à la maison.

Il semble que c'est l'étroitesse du parcellaire qui a, au moins dans certains cas, incité les propriétaires à grouper leurs accès. Ainsi voit-on deux et même trois (Villard-Saint-Pancrace, maisons 189-194) maisons disposant d'une court fermée commune ; parfois la court est bâtie dans l'une des maisons (Villard-Saint-Pancrace maison 249 IA05000770), parfois elle est exactement à cheval entre les deux (Villard-Saint-Pancrace, 148-149).

Reste le problème le plus complexe, représenté par les courts ouvertes. Elles sont de deux sortes, simples et mixtes :

- Les courts ouvertes simples sont finalement les moins nombreuses. Elles ouvrent sur les pièces du rez-de-chaussée (le Paquier, 136) tout en donnant jour parfois à des pièces d'étage. Elles s'apparentent à celles de Puy-Saint-André.

Le Paquier. Ferme parcelle 136. Pignon sud. Vue de volume de l'entrée des deux "courts" ouvertes.Le Paquier. Ferme parcelle 136. Pignon sud. Vue de volume de l'entrée des deux "courts" ouvertes.

- Les courts ouvertes mixtes sont nombreuses dans cette commune. Situées en façade antérieure, elles donnent accès à la fois au rez-de-chaussée et à l'étage de grange par deux cheminements juxtaposés ou superposés. Ces dispositifs, contrairement aux courts classiques, présentent une grande variété d'aspects et de disposition bien que le principe en soit toujours le même. L'exemple le plus complexe est représenté par la maison 227 (IA05000768) de Villard-Saint-Pancrace dont les deux courts se chevauchent mais ne coïncident pas : une court fermée au rez-de-chaussée, une court ouverte à l'étage. La maison 136 du Paquier possède elle aussi deux courts jumelées et disposées symétriquement sur le pignon antérieur ; celle de gauche dessert la grange celle de droite, plus profonde, conduit à l'écurie.

On est donc en présence d'un phénomène de complexité croissante d'un habitat conçu au départ de manière élémentaire et ne possédant :

- ni dispositif de distribution

- ni communications entre le rez-de-chaussée et l'étage.

On a donc compensé l'absence de ce dispositif

- sous forme de court, accompagnée d'une pièce (cave), au seul rez-de-chaussée (maisons 108, 109, Villard-Saint-Pancrace IA05000765 et IA05000766)

- cet additif peut être surmonté d'une galerie ouverte sur plusieurs étages (Chef-lieu, maison 263 IA05000773) ou d'un simple auvent (Chef-lieu, maison 205, IA05000767) sous forme complexe, doublant un ou plusieurs étages carrés (Villard-Saint-Pancrace, maisons 252 IA05000771, 227 IA05000768) avec intégration de nouvelles pièces

- en groupant les accès sur la façade antérieure, quitte à créer des servitudes (accès communs à plusieurs maisons) ou à compliquer les parcours.Un autre aspect important de ces maisons est la présence d'une montée conduisant toujours au deuxième plan de grange.

Les maisons de Villard-Saint-Pancrace et des hameaux possèdent en effet deux étages de grange, le second étant celui où l'on battait au fléau. En effet la paille était au deuxième plan pour être battue puis montée à la fourche au pailler (troisième plan) à l'automne. A la même saison, lorsqu'on engrangeait le regain, on recommençait l'opération de battage et on mélangeait le résultat avec la paille hachée (la mêlée) pour l'hiver. Le foin est ici sec et engrangé au premier plan. Dans de nombreuses maisons, cet étage est accessible par une passerelle (montoirou passée), simple passage de rondins porté par deux poutres, qui enjambe généralement les ruelles et prend appui de l'autre côté sur une levée de terre maintenue par des murs, le plus souvent creuse et servant de cave. Ces montées peuvent être groupées par deux ou par trois (maisons 816-817-818 à la Mourande) si les portes sont assez rapprochées. La plus grande, celle de la maison 70 à Villard-Saint-Pancrace repose sur deux arches de maçonnerie et bifurque vers la gauche pour rattraper le niveau de la rue ; sous une des arches passe la voie publique, sous la seconde est installée une cave. Quelquefois une porte ouvre, sous la montée, au premier plan de la grange.

En général, l'accès à la grange se fait par l'un ou l'autre côté, apparemment jamais à la fois sur les deux façades antérieure et postérieure, mais parfois sur la façade postérieure et une façade latérale (Sachas, maison 1128).

Sachas. Ferme parcelle 1128. Entrées des deux étages de granges. Vue prise du nord-est.Sachas. Ferme parcelle 1128. Entrées des deux étages de granges. Vue prise du nord-est.

Comble et couverture

Toutes les maisons ont une toiture à deux versants ; rares sont les croupes ou fausses croupes (maison 1124 à Sachas).

Les charpentes sont légères (pièces de bois de 10 à 15 cm de section), assez bien taillées et assemblées. Les fermes sont complètes ; on note l'existence d'un contreventement systématique par croix de Saint-André lorsqu'il y a trois fermes. Cependant, comme beaucoup de maisons sont étroites et profondes (largeur de 5 à 7 m), le nombre des fermes est limité ou remplacé par des murs-pignons. Dans certains cas, une même pièce horizontale peut traverser plusieurs maisons sur une longueur d'une quinzaine de mètres.

La présence en façade antérieure des dispositifs extérieurs d'accès a incité les constructeurs à disposer des auvents de grande portée. Ces auvents sont fréquemment le fait de l'ajout de pannes supplémentaires, mais aussi d'un parti distinct de celui de la charpente, avec des supports extérieurs (poteaux). On observe que la plupart des maisons qui possèdent ces dispositifs possèdent aussi des balcons. Il arrive de pouvoir vérifier que certaines pièces de charpente sont des remplois. Ainsi le faîtage de la maison 109 à Villard-Saint-Pancrace, daté 1699, et celui de la maison 70 à la Tour, daté 1715.

Élévations extérieures

Les dispositifs d'accès ayant un rôle prépondérant dans l'agencement des façades antérieures, il serait vain de chercher sur la plupart d'entre elles une ordonnance stricte ou un souci décoratif. Ces façades sont pittoresques, sans plus. Rares sont les balcons dotés de rampes décorées ; ce sont en général des barreaux droits ; aucun décor de ferronnerie. Les deux seuls décors peints sont un cadran solaire conservé (Villard-Saint-Pancrace, maison 148) et une ordonnance de fenêtres en trompe-l’œil sur les bâtiments d'exploitation de l'ensemble 70-71-72 à la Tour.

Chef-lieu. Maison parcelle 148. Façade antérieure ouest. Vue d'ensemble.Chef-lieu. Maison parcelle 148. Façade antérieure ouest. Vue d'ensemble.

On trouve, bien sûr, un essai de régularisation sur des maisons dont la distribution est symétrique : maison 389 et 229 à Villard-Saint-Pancrace couronnées d'oculi circulaires ; maison 259 à Villard-Saint-Pancrace, d'aménagement récent (1910).

Distribution intérieure

Toutes les maisons qui ont été visitées ont perdu leurs fonctions d'origine, soit par abandon soit par modification ou remplacement. Ces fonctions, sauf pour l'écurie, ne peuvent donc plus être reconnues, mais devinées.

Tel est le cas pour les cuisines. On trouve dans la plupart des maisons deux cuisines :

- l'une au rez-de-chaussée, abandonnée apparemment depuis longtemps, invivable et asphyxiée, la fenêtre étant obstruée par les montées de terre,

- l'autre, au-dessus, c'est-à-dire au premier étage, actuellement de plain-pied avec la rue. Il ne reste le plus souvent que le trou de la cheminée dans la première transformée en cave ou en remise. Une seule conserve un potager à côté de sa cheminée, aménagé dans l'épaisseur du mur (Villard-Saint-Pancrace, maison 205).

Chef-lieu. Maison 205. Premier étége. Cuisine. Vue d'ensemble.Chef-lieu. Maison 205. Premier étége. Cuisine. Vue d'ensemble.

Mais, d'après les observations (Villard-Saint-Pancrace, maisons 108-227) et les relations orales des habitants, une cuisine, c'est-à-dire la pièce où on vivait et où on dormait, était aussi installée, sur un plancher, dans un coin des écuries, avec ou sans séparation. Cette cuisine servait surtout l'hiver (de la Toussaint à Pâques) sinon toute l'année ; l'on pouvait, à la belle saison, utiliser la cuisine du haut ou une cuisine dite d'été aménagée dans un bâtiment annexe, situé à proximité. Les chambres ne devaient guère servir, sauf peut-être en été, mais plus sûrement faisaient-elles office de garde-robe.

Dans nombre de maisons, un système de drain récupère les eaux de ruissellement venant des rues ou des cours et court sous les écuries et les cuisines. Ce sont des canalisations en bois (tons) couvertes de dalles de pierre et passant de maison en maison. Des travaux dans la maison 252 à Villard-Saint-Pancrace en ont mis au jour.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle , (incertitude)
    • Principale : 18e siècle , (incertitude)
    • Principale : 19e siècle , (incertitude)

Ensemble de maisons-fermes présentant les mêmes caractéristiques générales : matériaux (blocage de moellons enduit, toit de bardeaux ou de tôle ondulée quand ils ont été refaits ; peu de pans de bois) et structure mixte où l'habitat et les fonctions de la ferme sont réunies, selon une typologie fixe, avec quelques variantes. Maisons-fermes construites dans la pente, avec un ou plusieurs étages de soubassement dans lesquels sont installés l'écurie, la cuisine et une ou deux chambres voûtées. De plain-pied de l'autre côté et accessible par une montée, l'entrée de la grange, souvent sans communication interne et qui a plusieurs niveaux dans le comble. La distribution se développe plutôt en profondeur, et que l'on a pu compléter par addition d'éléments d'accès et de distribution. Le type le plus répandu semble être à l'origine dépourvu de court, rajoutée par la suite, parfois commune à plusieurs maisons, étant donné l'étroitesse du parcellaire. Les courts sont ouvertes, simples ou mixtes, les plus nombreuses dans cette commune. Les élévations extérieures sont rarement décorées ; elles sont pittoresques, sans plus.

  • Typologies
    maison-ferme ; court ; grange dans les étages de comble
  • Toits
    bardeau, tôle ondulée
  • Murs
    • enduit
    • maçonnerie
  • Décompte des œuvres
    • étudiées 23
Image non communicable
Date d'enquête 1977 ; Date(s) de rédaction 2001
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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