Dossier d’œuvre architecture IA04003048 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Rédacteur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique
Ferme dite maison Balp puis auberge aujourd'hui immeuble à logements
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Thorame-Haute
  • Lieu-dit la Colle Saint-Michel
  • Adresse Grande Rue
  • Cadastre 1838 A2 114  ; 2019 I 060 55
  • Précisions anciennement commune de La Colle Saint-Michel
  • Dénominations
    ferme
  • Appellations
    maison Balp
  • Destinations
    immeuble à logements
  • Parties constituantes non étudiées
    étable, fenil

Le bâtiment est porté sur le cadastre de 1838 et peut dater de la seconde moitié du 18e siècle. A l'initiative de Jean-Baptiste Victor Balp, il a fait l'objet d'une "addition de construction" en 1853, selon l'expression du registre cadastral des augmentations-diminutions. Il est cependant impossible de déterminer si cette "addition de construction" concerne un hangar couvert d'un toit à pan unique situé devant la façade sud-est de la ferme ou l'aménagement d'une citerne surmontée, peut-être, d'une pièce de logement sous un toit à longs pans, contiguë à la façade nord-est de l'édifice. Une photographie de 1918 témoigne bien de la présence de ces deux bâtiments, toujours en place sur un autre document photographique datable vers 1925. Par ailleurs, le conduit de cheminée présente une date portée au premier niveau du fenil : 1869.

Dans la décennie 1930, les locataires de l'édifice effectuèrent des travaux et firent aménager une terrasse en bois, entraînant la destruction du petit bâtiment ajouté en 1853. Ils transformèrent la ferme en auberge, "Mon chez moi". Elle fut reprise à leur départ de La Colle Saint-Michel au début de la Seconde Guerre mondiale pour servir d'auberge jusqu'en 1965. La vocation d'accueil de l'édifice, racheté à cette date, perdura, par la location de chambres, sous le nom "La bergerie", mais il fut mis fin à l'activité de restauration. En 1989, la commune de Thorame-Haute racheta le bâtiment pour y aménager des gîtes communaux. En 1992, la municipalité fit construire une pièce sous la terrasse pour l'accueil des skieurs, les bergeries tenant lieu d'espace de stockage pour le matériel de location. Le "Centre de ski nordique" (ski de fond) poursuit à ce jour son activité saisonnière.

En 2012, la couverture en tuile plate artisanale, dégradée, a été restaurée dans le respect de la tradition locale, dont cet édifice constitue le dernier représentant au hameau de la Colle.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 18e siècle , (incertitude)
    • Secondaire : 3e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1853, daté par source
    • 1869, porte la date

Le bâtiment est une vaste bâtisse de près de 200 m2 au sol. Il présente une mise en oeuvre traditionnelle en maçonnerie de moellon calcaire avec du mortier dissocié en fonction des façades : chaux (nord-ouest et sud-ouest) ou gypse (nord-est et sud-est), recouvert pour la chaux d'un enduit partiel au ciment sur la façade nord-ouest (laissé brut), peint en ocre sur la façade sud-ouest. Sur cette dernière apparaissent encore, sous l'avant-toit et peintes en réserve sur un fond sang-de-boeuf, deux anciennes fonctions de l'édifice, une ferme à l'origine : "HOTEL / RESTAURANT". Le bâtiment se déploie sur cinq niveaux : un étage de soubassement correspondant aux bergeries et aux étables, deux étages destinés au logis (rez-de-chaussée surélevé et étage carré) ainsi que deux étages de comble (fenil).

L'étage de soubassement comprend trois pièces, les deux principales, contiguës et communicantes, voûtées d'arêtes, la plus petite, voûtée en berceau segmentaire. Une double porte permet d'accéder à chacune des deux bergeries depuis l'extérieur, c'est-à-dire l'ancienne cour devant la ferme (à l'ouest), aujourd'hui aménagée en aire de pique-nique. La bergerie située à l'angle nord-ouest du bâtiment ne traverse pas l'intégralité de l'étage de soubassement. On peut encore voir la présence de deux conduits d'alimentation en fourrage entre le fenil et l'étage de soubassement, localement appelés "dounaires". La pièce a subi quelques transformations secondaires (évier, point de cuisson) liés à la fonction actuelle d'accueil du matériel de location de ski, qui n'ont toutefois pas altéré la structure ni l'organisation de l'espace intérieur. La seconde bergerie, la plus proche de la route départementale 908 qui traverse le hameau, est actuellement entièrement consacrée à l'entreposage du matériel de ski (motoneige, panneaux de signalisation, skis, bâtons, chaussures...), mais ici encore, la structure n'a pas été modifiée. Elle est plus grande que la précédente, puisque le volume occupe l'ensemble de la profondeur de l'étage de soubassement. Un "dounaire" est toujours identifiable. Le couvrement en voûte d'arêtes apparaît particulièrement soigné : il s'organise en deux travées séparées par un arc doubleau central. Au fond de cette bergerie, une porte mène à une pièce qui se situe derrière la première bergerie. Une banquette maçonnée atteste sa vocation ancienne d'étable à mulets, et là encore, un "dounaire" permettait d'alimenter les bêtes directement depuis le fenil. Un jour assure l'éclairage de l'espace intérieur, sur l'ancienne Grande Rue. A l'extérieur, la citerne prend place à l'angle nord-est du bâtiment. Elle présente un toit-terrasse.

L'accès au rez-de-chaussée supérieur s'effectue depuis l'ancienne Grande Rue par un degré droit maçonné parallèle à la façade principale sud-ouest, avec un palier sur lequel prend appui un balcon (qui s'apparente à une coursière) initialement en bois filant jusqu'au mur-pignon sud-est, face à la route départementale. La terrasse qui y a été aménagée, et sous laquelle prend place le magasin de location de ski ou "Centre de ski nordique", est une adjonction du second quart du 20e siècle remplaçant le bâtiment à pan unique ajouté en 1853 (voir l'historique), d'abord en bois, puis en béton, à l'instar de la coursière rénovée qui s'appuie sur trois piliers de béton. Un escalier maçonné en ciment, droit et parallèle à la face sud-est de la citerne, permet aussi d'accéder directement à la terrasse surplombant la route départementale. Les deux niveaux d'habitation, qui ont fait l'objet d'aménagements successifs liés à la fonction d'hôtellerie puis de gîte, n'ont pas été visités, mais la distribution initiale a de toute façon été entièrement modifiée. Aujourd'hui, l'édifice dispose de deux logements ayant chacun son entrée privative, l'une en façade sud-ouest, l'autre en façade nord-est. La façade sur gouttereau sud-ouest présente trois travées dont celle de l'angle nord-ouest est dévolue à des fonctions agricoles : on trouve ainsi à l'étage carré une porte haute à deux battants. La pièce sur laquelle elle ouvre dispose d''une échelle de meunier qui permet d'accéder aux deux étages de comble, dont le premier est partiellement carrelé en mallons (carreaux de terre cuite). Le vaste espace intérieur sous charpente a un temps été compartimenté en deux espaces : il reste des traces en élévation d'un mur en plâtre avec des raidisseurs en bois verticaux. Le conduit de la cheminée principale (une autre, moderne, a été ajoutée lors de l'aménagement des étages d'habitation en gîte) présente une date portée (1869). Le fenil (ou grange) constitue un volume unique mais la double porte haute sur le mur-pignon nord-ouest, ainsi qu'une mezzanine faite de planches de bois posées sur des poutres transversales (faux-entrait) attestent qu'il était scindé en deux niveaux, en fonction de la hauteur de fourrage engrangée. La charpente est simple, à fermes avec arbalétrier, poinçon jusqu'au sol et faux-entrait. Le toit est à pente forte. Il présente une croupe au sud, un pignon au nord. La couverture est constituée de tuile plate artisanale et partiellement de tuile en écaille (partie nord-est de la toiture) avec disposition en quinconce et prend appui sur les lattes auxquelles elles s'accrochent grâce à un ergot en terre cuite. La restauration a respecté ce mode traditionnel de mise en oeuvre.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit partiel
  • Toits
    tuile plate, tuile en écaille
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, 2 étages de comble
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte en berceau segmentaire
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : en maçonnerie
  • Typologies
    F2 : ferme en maison-bloc en hauteur ; accès double au logis par la pente et escalier extérieur, avec coursière(s)
  • État de conservation
    restauré
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Département des Basses-Alpes/Arrondissement de Castellane/Canton de Colmars/Commune de La Colle Saint-Michel/Cadastre/Registre Présentant les Augmentations et les Diminutions survenues dans les Contenances et les Revenus portés sur les Matrices cadastrales [1841-1914]. 1853. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 3 P 0242.

Bibliographie

  • SARTI, Aline. La Colle Saint-Michel : des Bas-Alpins à la hauteur, une Provence méconnue. Digne-les-Bains : Aline Sarti, 2011, 399 p.

    p. 341 sq.

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de La Colle Saint-Michel, 1838. / Dessin sur papier à l'encre et au lavis par Martel et Geoffroy fils dit Cadet, 1838. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 060 / 001 à 007.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2019
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Dossiers de synthèse