Dossier collectif IA04003142 | Réalisé par
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
entrepôts agricoles ; bergeries ; cabanes pastorales ; ensembles pastoraux de Thorame-Basse
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur – Service mer

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    entrepôt agricole, cabane, ensemble pastoral, bergerie
  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Thorame-Basse

I. Contexte de l’enquête.

1. Le repérage

Ce dossier comprend les entrepôts agricoles de la commune de Thorame-Basse. Le terme d’entrepôt agricole correspond aux édifices destinés à stocker des denrées agricoles (foin notamment, produits de culture consommables tels que des fruits si l’entrepôt intègre un séchoir) ou de l’outillage (remise) et qui souvent possèdent une partie dévolue au bétail (étable, bergerie, …).

2. Les conditions de l’enquête

Le repérage s’est déroulé sur une campagne entre le printemps et l’été 2012. Le recensement s’est effectué à partir du cadastre le plus récent disponible, édition mise à jour pour 1986, ainsi que du cadastre napoléonien levé en 1827 comme point de comparaison.

Le repérage, exhaustif, a par conséquent concerné l’intégralité des constructions portées sur le cadastre actuel. Le déclin général de la commune, dont les activités agricoles ont périclité, joint à l’exode rural, ont provoqué une diminution importante de ce type de bâti non exploité et progressivement abandonné. La totalité des bâtiments a été vue au moins depuis l’extérieur. Les entrepôts ont été visités dans la mesure du possible.

Le repérage s’est basé sur une grille de description morphologique prenant en considération les questions :

- d’implantation du bâti (au sol)

- de répartition des fonctions par niveau

- du nombre d’étages visibles

- de matériaux principaux et secondaire(s) employés ainsi que leur mise en œuvre

- de décor extérieur éventuel

- de mode de couvrement

- d’aménagement intérieur (organisation spatiale, décor éventuel)

- de datation

- d’inscriptions historiques (dates portées, inscriptions éventuelles)

Cette grille de repérage a donné lieu à l’alimentation d’une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique.

Le repérage est toujours confronté à la question de l’état du bâti. Les ruines n’ont pas été automatiquement écartées dans la mesure où l’état subsistant n’empêchait pas de leur restituer une lisibilité d’ensemble, sur la base des exemples présents et « intacts » observables sur le territoire. Ont également été repérés les bâtiment ayant subi des modifications légères n’entraînant pas de dénaturation. En revanche ceux ayant subi des transformations trop importantes, entraînant une impossibilité à lire les caractéristiques architecturales fondamentales pour l’établissement d’une typologie ont été rejetés. Cela concerne les remaniements profonds et récents selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural trop éloignés de ceux de l’architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les aies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d’origine, restructuration intérieure totale ou dénaturante.

II. Caractères morphologiques des entrepôts

51 entrepôts agricoles ont été repérés ; 4 d'entre eux ont été sélectionnés (7,84 % du corpus).

Un seul bâtiment porte une date (1880). 7 pourraient dater du 18e siècle, 30, du 19e siècle, et 14, de la première moitié du 20e siècle.

1. Implantation et composition d’ensemble

Il existe deux types d'emplacement pour les entrepôts agricoles : associés à d'autres constructions dans les villages et les écarts, ou isolés dans les champs ou les pâturages.

Localisation des entrepôts repérés sur la commune

le Village

7

la Batie

15

la Valette

8

Saint-Antoine

1

le Moustier

8

les Condamines

2

les Combes

1

près de Château-Garnier

3

Château-Garnier

4

Cabane du Riou Blanc

1

le Barri

1

Les entrepôts situés au village et dans les écarts de la Bâtie, la Valette, le Moustier, Château-Garnier représentent 83,35 % du corpus. Les entrepôts agricoles isolés (non mitoyens) représentent 47,6 % du corpus.

2. Matériaux et mise en œuvre.

L'emploi d'un mélange de moellon de grès et de calcaire extrait localement apparaît dans prés de 96 % des cas. La proportion de calcaire et de grès varie en fonction de la nature du sol mais le principe du mélange est la règle. On observe parfois en complément de l'appareil de moellon, l'utilisation de la planche de mélèze au niveau des murs pignons ou gouttereaux (3 cas dont deux au hameau Le Moustier).

L'enduit à pierres vues apparaît dans 67% des cas, essentiellement dans ou autour des hameaux. 9 cas d'enduit rustique parfois associé à un enduit à pierres vues ont été observés, ainsi que 4 cas d'enduit lisse.

3. Structure, élévation, distribution.

Sur l'ensemble du corpus le nombre et le type de niveaux sont répartis de la façon suivante :

- 10 entrepôts ne possèdent qu'un niveau. 3 sont en étage de soubassement et 7 en rez-de-chaussée.

- 26 entrepôts ont deux niveaux. 4 possèdent un étage de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé, 10 un étage de soubassement et un étage de comble, 5, un rez-de-chaussée et un étage carré, et 7, un rez-de-chaussée et un étage de comble.

- 16 entrepôts ont trois niveaux. 1 possède deux étages de soubassements et un étage de comble ; 10, un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble, 2, un rez-de-chaussée et deux étages carrés, 3, un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble.

La répartition sur l'ensemble du territoire ne permet pas de distinguer des zones spécifiques en fonction du nombre de niveaux.

Dans la majorité des cas, la façade antérieure est située sur le mur pignon. Lorsque l'entrepôt possède une porte unique, celle-ci est située sur le mur pignon (28 cas) et plus rarement sur le mur gouttereau (13 cas). Les bâtiments avec deux portes sont rares (9 cas). Leur disposition peut être orthogonale (une porte sur le mur pignon et une seconde sur le mur gouttereau) ou face à face (une porte sur chacun des murs pignons ou des murs gouttereaux).

Analyse des fonctions par niveaux.

Le niveau inférieur abrite dans 73% des cas, une remise le plus souvent plafonnée (29 cas), et dans 42% des cas, une étable avec un couvrement en voûte d'arêtes (5 cas) ou en berceau (6 cas).

Les baies sont dépourvues d'encadrement. Seuls deux bâtiments situés dans le village présentent des encadrements en brique.

Le niveau intermédiaire lorsque l'entrepôt en comporte trois, ou le niveau sommital lorsqu'il n'en compte que 2, abrite un fenil. On dénombre 28 cas pour le niveau deux et 16 cas pour le niveau trois. On observe 2 cas de logement au niveau intermédiaire à la Bâtie. Ces pièces aménagées sommairement, parfois équipé d' une cheminée ou d'un placard permettent d'accueillir un travailleur saisonnier ou le propriétaire durant quelques jours.

4. Couverture.

Les toitures sont réalisées à partir d'une charpente à pannes dans 94% des cas. Les toits à longs pans avec des pentes douces sont majoritaires (71% des cas) ; les toits à un pan sont moins fréquents et ne représentent 25% du corpus. 77% des toitures se prolongent au delà des murs gouttereaux par une saillie de rive. Seulement 3 toitures sont soulignées par une génoise à un ou deux rangs. La plupart des couvertures ne sont plus d'origines et ont pour la plupart été restaurées en tôle (57% des cas) ou en bac acier (13% des cas) pour les plus récentes. La tuile plate mécanique est rare (10 cas) et la tuile creuse, exceptionnelle (6 cas).

5. Typologie des entrepôts agricoles.

Quatre hangars ont été repérés sur la commune : 2 au hameau Le Moustier, 1 au lieu-dit les Combes, 1 au hameau la Bâtie. Deux sont constitués de piliers, un partiellement fermé par des cloisons en brique et un autre, par des parois en planche.

a) Entrepôts agricoles unifonctionnels

1.1 – Entrepôt agricole unifonctionnel : fenil (0 repérés ; 0 sélectionné)

Un ou deux niveaux ; fonction unique de fenil

Sous-type hangar : structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

1.2 – Entrepôt agricole unifonctionnel : remise ou étable (14 repérés ; 0 sélectionné)

Un ou deux niveaux ; fonction unique de remise ou d’étable

Sous-type hangar : structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

b) Entrepôts agricoles multifonctionnels

2.1 – Entrepôt agricole multifonctionnel : fenil sur étable (17 repérés ; 0 sélectionné)

Deux niveaux ou plus : étable + fenil

2.2 – Entrepôt agricole multifonctionnel : polyvalent avec fenil (19 repérés ; 4 sélectionnés)

Deux niveaux ou plus : fonctions multiples + fenil

Sous-type hangar : possibilité d’un seul niveau : structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

2.3 – Entrepôt agricole multifonctionnel : polyvalent sans fenil (1 repérés ; 0 sélectionné)

Deux niveaux ou plus : fonctions multiples sans fenil

Sous-type hangar : possibilité d’un seul niveau : structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

III. Cabanes d'estive et ensembles pastoraux

Cinq ensembles pastoraux ont fait l'objet d'un repérage et cinq ont été étudiés. Leurs datations s'échelonne entre la seconde moitié du 18e siècle et la limite 20e siècle-21e siècle. Au moment de l'enquête, cinq étaient encore en activité et un à l'état de ruine.

1. Implantation, mise en œuvre, organisation d'ensemble et distribution

La plupart des cabanes appartenant à des ensembles pastoraux sont implantées dans la pente (5 cas) ce qui induit la présence d'un étage de soubassement (1 cas) ou d'un bâtiment en soubassement (3 cas). seuls 1 ensemble pastoral est situé sur un terrain plat (Abéurons). Outre les contraintes imposées par le relief, l'implantation dans la pente d'un bâtiment en soubassement offre l'avantage de réduire l'impact lors d'une avalanche et ainsi de limiter les dégâts.

Sur l'ensemble du corpus, trois cabanes sont en étage de soubassement, deux, en rez-de-chaussée et une avec trois niveaux : un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble.

Les murs sont construits en maçonnerie de moellon de calcaire et de grés. Les cabanes sont toutes coiffées de toitures à longs pans (6 cas). Les couvertures qui ne sont plus d'origine sont principalement en métal : tôle galvanisée, tôle ondulée, bac acier (5 cas). Il est probable que les couvertures d'origines aient été en planche de mélèze comme c'est le cas pour une cabane en ruine située prés du Défens.

L'entrée de la cabane est généralement située sur le mur pignon (4 cas) et plus rarement sur le mur gouttereau (2 cas).

On dénombre parmi les éléments constitutifs de ces ensembles pastoraux, la présence fréquente d'un enclos (5 cas). Celui-ci de plan rectangulaire (2 cas) ou irrégulier (3 cas) est constitué de murs en pierre sèche d'une hauteur d'environ 1 mètre, réalisés en moellon de calcaire et de gré. Sa surface varie en fonction de l'ampleur du troupeau. L'enclos peut être attenant à la cabane (1 cas) ou a un autre bâtiment (1 cas), ou disjoint de la cabane (1 cas) ou d'un autre bâtiment (2 cas). Au cours de la seconde moitié du 20e siècle, l'apparition des filets de parcage a entrainé la disparition des enclos bâtis.

Les enclos de Lachen et des Abéurons ont une surface avoisinant les 200 m² avec un sol empierré constitué de dalles plates. Dans certains cas ces enclos peuvent être compartimentés pour isoler certaines brebis du troupeau. Chaque compartiment possède alors une entrée indépendante (1 cas). Dans certains cas un enclos non compartimenté mais de grande surface peut posséder aussi plusieurs entrées. C'est le cas pour l'enclos des Abéurons qui en a une sur trois côtés.

La remise agricole qui peut être une ancienne cabane réaffectée (Clauvas, abéurons) est présente dans 4 ensemble pastoraux. La mise en œuvre est identique à celle de la cabane. Elle peut être mitoyenne (Lachen, Clauvas, Cheval Blanc) ou isolée (Abéurons). Elle peut être couverte par un toit à longs pans ou par un toit à un pan lorsqu'elle est adossée.

Trois ensembles pastoraux possèdent une étable à mulet qui peut être mitoyenne de la cabane ou isolée (Abéurons). Sa mise en œuvre est identique à celle de la cabane.

L'ensemble pastoral de Chalufy est le seul exemple d'un ensemble pastoral regroupant sous un même toit une étable indépendante voutée en berceau à l'étage de soubassement, un logis au rez-de-chaussée surélevé et un fenil dans le comble desservi par une porte haute.

Liste des combinaisons des parties constituantes associées à la cabane pastorale, par ensemble pastoraux étudiés.

ensemble pastoral (prés du Défens)

enclos

ensemble pastoral dit Cabane de Lachen

enclos

étable

remise

ensemble pastoral dit Cabane de Chalufy

enclos

étable

fenil

ensemble pastoral dit Cabane des Abéurons

enclos

étable

remise

ensemble pastoral dit Cabane du Clauvas

enclos

remise

ensemble pastoral dit Cabane de Cheval Blanc

remise

Liste des combinaisons de parties constituantes associées à la cabane pastorale, par ensembles pastoraux étudiés.

2. L'aménagement intérieur des cabanes

L'aménagement intérieur des cabanes varie en fonction de leur surface. On observe la présence d'une pièce unique (cabane de Lachen) ou de deux pièces contiguës séparées par une porte. Cette seconde pièce peut être aménagée en chambre comme c'est le cas à Chalufy, ou à Cheval Blanc. Le mobilier rare et rustique, parfois confectionné de façon artisanale, est limité à la présence d'une table avec chaises, d'un lit, d'une ou plusieurs étagères et souvent d'un garde-manger. L'ancienne cheminée a bien souvent laissé la place à un poêle à bois qui permet au berger de cuisiner et de se chauffer.

3. Typologies des ensembles pastoraux

Ia1 : logis avec enclos attenant (1 cas)

IIa2 : bloc en hauteur avec enclos disjoint (1 cas)

IIIa1 : dépendance agricole accolée et/ou disjointe avec enclos attenant (1 cas)

IIIa2 : dépendance agricole accolée et/ou disjointe avec enclos disjoint (2 cas)

IIIb : dépendance agricole accolée et/ou disjointe sans enclos (1 cas)

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 18e siècle
    • Principale : limite 18e siècle 19e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : limite 20e siècle 21e siècle
    • Principale : 2e moitié 19e siècle
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle
    • Principale : limite 20e siècle 21e siècle
  • Typologies
    1.2 : entrepôt agricole unifonctionnel : remise ou étable ; 2.1 : entrepôt agricole multifonctionnel : fenil sur étable ; 2.2 : entrepôt agricole multifonctionnel : polyvalent avec fenil ; 2.3 : entrepôt agricole multifonctionnel : polyvalent sans fenil ; Ia1 : logis avec enclos attenant ; IIa2 : bloc en hauteur avec enclos disjoint ; IIIa1 : dépendance agricole accolée et/ou disjointe avec enclos attenant ; IIIa2 : dépendance agricole accolée et/ou disjointe avec enclos disjoint ; IIIb : dépendance agricole accolée et/ou disjointe sans enclos
  • Toits
    fer en couverture, acier en couverture, tuile plate, tuile creuse
  • Murs
    • calcaire moellon
    • grès moellon
    • bois pan de bois
  • Décompte des œuvres
    • nombre d'oeuvres reperées 51
    • nombre d'oeuvres étudiées 4
    • nombre d'oeuvres reperées 5
    • nombre d'oeuvres étudiées 5

Bibliographie

  • DEL ROSSO, Laurent, MOSSERON, Maxence. Habiter l'alpage. Cabanes d'estive au fil du Verdon. Collection Parcours du Patrimoine, n° 396. Lyon : Lieux Dits, 2015, 88 p.

Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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