Dossier d’œuvre architecture IA05001461 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Inventaire du parc naturel régional des Baronnies provençales
entrepôt agricole seigneurial dit Le Grenier, puis maison
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales
  • (c) Inventaire général, Région Provence-Alpes-Côte d'Azur

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional des Baronnies Provençales - Laragne-Montéglin
  • Commune Val Buëch-Méouge
  • Lieu-dit Ribiers
  • Adresse le Château , passage du Vieux Ribiers
  • Cadastre 1755 plan 7 1224, 1225  ; 1823 E2 408  ; 1998 E2 575  ; 2018 000E 575
  • Précisions anciennement commune de Ribiers
  • Dénominations
    entrepôt agricole, maison
  • Genre
    seigneurial
  • Appellations
    Le Grenier
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    étable, cellier, cuvage, séchoir, pigeonnier

Données historiques

Le bâtiment conserve quelques éléments qui pourraient indiquer une construction de la fin du 17e siècle ou du tout début du 18e siècle, notamment l'encadrement de porte en arc plein-cintre surmonté d'un jour de tympan et peut-être sa menuiserie, mais aussi quelques encadrements de fenêtres à arrêtes vives. On remarque que les chaînes d'angles sont en pierre de taille sur les deux premiers niveaux, alors qu'elles sont en moellons sur les deux niveaux supérieurs. Ceci témoigne d'une surélévation, possiblement effectuée au 18e siècle. Au dernier niveau du pignon sud, une baie remploie des jambages en doucine du 16e siècle.

Elévation est, premier niveau. Porte en plein-cintre.Elévation est, premier niveau. Porte en plein-cintre.Pignon sud, quatrième niveau. Petite fenêtre avec remploi d'encadrement à doucine.Pignon sud, quatrième niveau. Petite fenêtre avec remploi d'encadrement à doucine.

17e et 18e siècles

Dans le livre terrier de 1655 (AD05 1 E 6138, mentionné par D. Faure-Vincent, 2014), les biens seigneuriaux appartiennent à « Monseigneur le Marquis de Bressieux compte de Ribiers ». Dans le cadastre de 1737 (AD05 1 E 6139, mentionné par D. Faure-Vincent, 2014) ils appartiennent à Dame Thérèse Félix Créquy et ce bâtiment est indiqué comme « greniers à bled » et « vollalier ». Dans le terrier de 1755 (AD05 F 2214), l'édifice est désigné comme des « greniers » (parcelle 1225) appartenant « au Seigneur Marquis du Muy Comte de Ribiers », auxquels une « lapinière » est accolée au sud (parcelle 1224).

Plans visuels de la terre et seigneurie du Bourg de Ribiers, 1755. Détail du plan 7 : le château.Plans visuels de la terre et seigneurie du Bourg de Ribiers, 1755. Détail du plan 7 : le château.

1793 : lotissement et vente des biens seigneuriaux

Le 19 octobre 1793, lors de la « division des biens provenant de l’émigrée Marie Thérèse Felix femme Créqui (…) cy devant comtesse dudit lieu » (AD05 1 Q 253), le bâtiment est séparé en deux lots.

Le premier lot (n° 54) concerne l' « ancienne lapignière et volatier » pour un prix estimé à 67 livres. Cette construction – aujourd'hui disparue – faisait environ 4 m de haut (« deux toises au dessus de la terre ») pour une surface totale d'environ 100 m² (27 « toises quarrées »). L'édifice est manifestement abandonné puisque « les murs [sont] en moyen etat sans etre couverts ».

Le second lot (n° 55) comprend le « batiment appellé le batiment neuf ou grenier », d'une surface totale d'environ 130 m² (35 toises carrées) et dont le prix est estimé à 1 300 livres. La description de la construction correspond à l'organisation générale du bâtiment actuel. L'état des maçonnerie est correct, puisque les « maîtres murs se trouvent en bon état, les angles desquels sont en pierre taillée » mais la couverture a « besoin d’urgentes reparations » et les aménagements intérieurs sont « en très mauvais état ».

L'étage de soubassement est manifestement uniquement accessible depuis le rez-de-chaussée par un escalier intérieur. Il est occupé par « une cave vouté contenant deux cuves en pierre chaup et sable en bon état » – ces cuves étant très probablement des cuves vinaires. Dans ce cellier, 9 tonneaux sont stockés qui forment un lot à part (n° 63), estimé valoir 144 livres. Parmi ces tonneaux, trois « sont hors d’usage par leur vetusté » et « les six autres étant garnis la chacun de quatre cercles en fer contenant environ sept charges vin le chacun en bon état actuellement remplis de vin ».

L'accès au rez-de-chaussée se fait par une porte ouverte côté est, munie d'une menuiserie en noyer, qui ouvre sur un « coridor ». Ce vestibule distribue la porte « de la cave en bois noyer fermant à clef en bon état » et accueille « l’escalier qui conduit dans le haut dudit batiment, prenant sa direction du levant au couchant ». C'est aussi là que s'ouvre « la porte d’entrée dudit grenier (...) fermant a clef en bon état », grande pièce qui occupe la quasi intégralité du rez-de-chaussée, hormis le « coridor ». Ce grenier « se trouve divisé en différentes portions pour contenir les diférantes especes de grains qu’on veut y mettre » et il est éclairé « par une fenetre ou pierre taillée garnie [de] quatre barraux fer assez fort de la hauteur de trois pieds six pouces sur deux pieds de large » (soit environ 1 m de haut par 0,7 m de large).

Le premier étage est occupé par une vaste « chambre » – « de la meme grandeur que les greniers » – « fermant a clef par une porte bois blanc en mediocre état ». Elle est éclairée par « une fenetre du coté du levant à l’instard de celle des greniers sauf qu’elle n’est point garnie en fer » et son couvrement ou « plancher superieur » a « besoin de beaucoup de reparations ».

Au second étage, sont installées 6 « petites chambres ou jacobines [chambres mansardées] divisées par un coridor tirant du midy au septentrion ». Ce couloir orienté nord-sud distribue donc 3 chambres à l'est et 3 autres à l'ouest, vraisemblablement éclairées par les actuelles baies visibles au troisième niveau des façades est et ouest.

Ces deux bâtiments sont bordés à l'est par la « terrasse du cy devant château complantée de muriers sur lequel emplacement l’eau qui arrose le jardin traverse, de même que le chemin pour aller auxdits jardins ». Côté nord, le bâtiment principal est séparé de la grande dépendance agricole par « un hangard ».

1823 : cadastre de Ribiers

Dans le cadastre de 1823, ce bâtiment est désigné comme une maison (E2 408, 125 m²) partagée entre trois propriétaires : VIGUIER Louis, IMBERT Jean et MAZAN Antoine. Ceux-ci possèdent également la « lapinière » de 1755, désormais cadastrée comme « mazure » (1823 E2 408bis, 52 m²). Aujourd'hui, cette dernière a disparu, remplacée par une petite cour qui se développe au pied du pignon sud.

Plan de masse et de situation d'après le plan cadastral de 1823, section E2. Echelle d'origine 1/1250e.Plan de masse et de situation d'après le plan cadastral de 1823, section E2. Echelle d'origine 1/1250e.

parcelle (section E2)

lieu-dit

nature

superficie (m²)

propriétaire

408

le Château

maison

125

VIGUIER Louis, dit Chatillon ; IMBERT Jean ; MAZAN Antoine

408bis

le Château

maison

52

VIGUIER Louis, dit Chatillon ; IMBERT Jean ; MAZAN Antoine

Le bâtiment de l'ancien grenier seigneurial et sa « lapinière » d'après le cadastre de 1823.

Description architecturale

Située à l'extrémité sud-est du bourg de Ribiers, entre la rue du Barri et le passage du Vieux Ribiers, cette maison comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et deux étages. La partie sud de l'étage de soubassement, anciennement occupée par une étable, dispose d'une mangeoire installée sur une banquette maçonnée. La partie nord est un cellier servant également de cuvage, où est conservée une grande cuve vinaire maçonnée d'environ 4,5 m3 (h = 200 cm, diam. = 170 cm). Son parement intérieur est en carreaux de terre cuite glaçurés. Il est possible que cette cuve vinaire corresponde à l'une des deux « cuves en pierre chaup et sable » mentionnée en 1793.

Etage de soubassement, étable. Mangeoire sur banquette maçonnée.Etage de soubassement, étable. Mangeoire sur banquette maçonnée.Etage de soubassement, cellier. Cuve vinaire, vue de volume.Etage de soubassement, cellier. Cuve vinaire, vue de volume.

Le rez-de-chaussée et le premier étage, réservés au logis, conservent quelques menuiseries de portes et de placards en noyer, à panneaux moulurés. Ces étages communiquent par un escalier à retour dont les marches sont en carreaux de terre cuite avec nez en bois, et la main courante en maçonnerie et bois. Les pièces sont couvertes par des planchers sur solives – certaines portant une marque frappée consistant en un M surmonté d'une croix latine. Si ces poutres marquées datent probablement de la construction du bâtiment seigneurial, l'escalier semble plus récent.

Le dernier étage accueillait, outre le séchoir, un pigeonnier dont subsiste la baie d'envol ouverte dans le pignon sud, équipée d'une grille façonnée au mortier de gypse

Premier étage, cage d'escalier.Premier étage, cage d'escalier.Premier étage, cuisine. Mur ouest, placard mural.Premier étage, cuisine. Mur ouest, placard mural.Deuxième étage, chambre. Poutre portant une marque : M surmonté d'une croix latine.Deuxième étage, chambre. Poutre portant une marque : M surmonté d'une croix latine.

Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons calcaires et galets, avec des chaînes d'angles en pierre de taille – cette mise en œuvre étant similaire à celle décrite en 1793. L'élévation ouest conserve un enduit à pierres vues.

Au premier niveau de la façade orientale, l'encadrement de la porte du logis en pierre de taille calcaire avec couvrement en arc plein-cintre est surmonté d'un jour de tympan également en pierre de taille. La menuiserie conservée, avec ses renforts saillants verticaux moulurés, pourrait être celle qui est déjà décrite en 1793, à savoir « une porte en noyer, doublée de même avec ses pannes gonds et serrure parroissant assez solide ».

Sur les élévations est et ouest, quelques fenêtres possèdent également des encadrements en pierre de taille calcaire, avec linteau droit monolithe. Les encadrements des autres ouvertures sont façonnés au mortier de gypse avec un linteau droit en bois.

Le toit à longs pans est couvert en tuile plate mécanique ou en plaques ondulées de fibro-ciment. L'avant-toit est constitué de trois rangs de génoise.

Elévation est.Elévation est.Elévation ouest, fenêtres.Elévation ouest, fenêtres.Pignon sud, baie du pigeonnier avec lauze d'envol en schiste.Pignon sud, baie du pigeonnier avec lauze d'envol en schiste.

Mentionné comme un grenier seigneurial au milieu du 18e siècle et lors de sa vente en 1793, l'origine de ce bâtiment paraît remonter à la fin du 17e siècle ou au début du 18e siècle, avec diverses reprises dans les deux siècles suivants.

  • Période(s)
    • Principale : limite 17e siècle 18e siècle
    • Secondaire : 18e siècle
    • Secondaire : 19e siècle
    • Secondaire : 20e siècle

Disposant d'un étage de soubassement, d'un rez-de-chaussée surélevé et de deux étages carrés, cette maison comporte une étable, un cellier et cuvage – avec une cuve vinaire circulaire maçonnée –, un séchoir et un pigeonnier. Elle est construite en maçonnerie de moellons calcaires et galets, avec des chaînes d'angles en pierre de taille et conserve partiellement un enduit à pierres vues. Le toit à longs pans est couvert en tuile plate mécanique ou en plaques ondulées de fibro-ciment.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • calcaire galet enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte en berceau segmentaire
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours en maçonnerie
  • Typologies
    A3a : maison avec parties agricoles en parties basses et hautes ;
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Procès verbal de consistance estimation et division des biens provenant de l’émigrée Marie Thérèse Felix femme Créqui situés dans la commune de Ribiers, ladite émigrée cy devant comtesse dudit lieu. 19 octobre 1793. Registre papier. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap. 1 Q 253.

    Division et estimation des batimens formant le cy devant château et autres batimens dependant d’iceluy le tout situé dans le vilage de Ribiers et à l’extremité dudit vilage du coté du levant.

Bibliographie

  • FAURE-VINCENT, David, FAURE, Pierre. Le Terrier de Ribiers, 1755. Lettre aux amoureux du patrimoine n° 63-64. Serres : Association départementale de sauvegarde du Pays du Buëch & des Baronnies, 2014.

Documents figurés

  • Plan de la terre et seigneurie du bourg de Ribiers, 1755 / Encre et aquarelle sur papier, 1755-1758. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : F 2214.

  • Plan cadastral de la commune de Ribiers. / Dessin, encre et lavis par Martel et Martin, géomètres, 1823. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 1167 à 3 P 1168.

Date d'enquête 2018 ; Date(s) de rédaction 2018, 2021
(c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général