Dossier d’œuvre architecture IA06002584 | Réalisé par ;
Aliotti Jean-Marc (Enquêteur)
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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  • recensement du patrimoine balnéaire
Ensemble de 4 maisons de villégiature (villas balnéaires), actuellement maison de retraite des sœurs Missionnaires Catéchistes du Sacré-cœur, dite Maison de la Vierge
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Menton
  • Commune Menton
  • Lieu-dit les Vignasses
  • Adresse 24 rue des Soeurs-Munet
  • Cadastre 2013 BI 477
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de villégiature, villa balnéaire
  • Appellations
    Maison de la Vierge
  • Destinations
    maison de retraite
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    grotte de Lourdes, jardin d'agrément, mur de soutènement, portail, rampe d'accès

HISTORIQUE

Les quatre villas à présent réunies dans un même ensemble on été construites dans le 4e quart du 19e siècle (avant 1884). A partir de 1892, Adrien Munet, magistrat lyonnais, prend en location la villa la plus à gauche de l'alignement, pour venir y passer les hivers avec sa famille dont ses filles Alice (1870-1924) et Marie-Thérèse (1876-1973). Il s'agit vraisemblablement de la villa Cottin qui est mentionnée dans ce secteur. Le couronnement en fer forgé du portail sur la rue porte le monogramme L. C. (L. Cottin ?). D'un milieu très catholique, Munet avait été procureur impérial puis de la République à Belley (01) de 1866 à 1878, date à laquelle il avait démissionné par désaccord avec la politique de la IIIe République à l'égard de l’Église. Pour des raisons liées à la santé de Marie-Thérèse, il loue la villa du quartier des Vignasses à partir de 1892. Adrien Munet achète la villa en 1904 et la famille s'installe à Menton. La maison prend le nom de villa de la Vierge en référence à la guérison d'Alice après une invocation de la Vierge vers 1890. Une partie du soubassement est constituée d'une grande citerne. Celle-ci est transformée en chapelle. Adrien Munet achète des terrains plantés de pins et d'oliviers à l'arrière de la villa. Après son décès en 1906, les deux sœurs et plus particulièrement Alice, vont se consacrer à la religion et aux bonnes œuvres. Elles reçoivent et aident les nécessiteux et les malades de Menton. Alice fait réaliser dans le rocher une réplique de la grotte de Lourdes qui sera bénie par l'évêque le 11 février 1908.

Dès novembre 1914, Menton reçoit de très nombreux blessés de la guerre. Ses hôtels, le casino, sont transformés en hôpitaux militaires. On y accueille entre autre d'important contingents de tirailleurs sénégalais en raison du climat favorable. Alice, infirmière-major depuis 1911 et Marie-Thérèse interviennent comme infirmières jusqu'à la fin de la guerre, affectées à l'hôpital militaire complémentaire 65 (Hôtel du Louvre) réservé aux Sénégalais. Cette rencontre avec les Africains déclenche chez elles une vocation de missionnaires. Après de nombreuses difficultés, l'institut des "Petites Servantes du Sacré-cœur Missionnaires Catéchistes des Noirs en Afrique" est fondée en 1922. Elle s'installe à la villa. Alice Munet décède en 1924. Une nouvelle grande chapelle est construite à une date inconnu, vraisemblablement dans les années 1930.

La Maison de la Vierge, dont les capacités d’accueil avaient été augmentées par l'achat de trois autres villas (des plaques en marbre sur le mur de soutènement du jardin sur la rue portent les noms de Villa Duhoux et Villa Montsouris qui pourraient être les noms de deux de ces villas), est à présent devenue une maison d’accueil des sœurs âgées ou malades. Toutes les villas ont été reliées entre elles par l'ajout de travées comblant les espaces.

DESCRIPTION

1.2. Situation et composition d'ensemble

Grotte de Lourdes.Grotte de Lourdes.Les quatre villas forment un alignement au pied de la colline des Vignasses, en balcon au-dessus de la voie ferrée qu'elles dominent. Le dénivelé est important entre le jardin qui est contenu par un haut mur de soutènement surmonté d'une balustrade en terre cuite et la rue. L'entrée se fait par une porte cochère sans couvrement dont le couronnement en fer forgé porte le nom de la villa et le monogramme LC.

Le terrain à l'arrière est boisé (pinède), sec et très accidenté, retenu par un mur de soutènement nord-sud en pierre de taille, creusé d'une succession de voûtes en plein cintre en moellons de calcaire et de grès. La grotte de Lourdes a été aménagée dans le prolongement de ce mur, adossée à un banc de grès. Elle réutilise une grotte naturelle recouverte de ciment et d'enduit imitant la roche. A l'entrée se trouve une petite fontaine en pierre portant l'inscription "Aller boire à la fontaine et vous y laver." Une autre petite chapelle réutilise une voûte du mur. Le terrain est accessible par des rampes et des escaliers. Il a conservé des bancs en rocaille très abîmés.

L'ensemble forme un alignement continu d'environ 90 mètres. La grande chapelle a été construite entre la villa de la Vierge et les autres villas. Un jardin d'agrément s'étend devant les élévations.

3. Matériaux

Le matériau de construction des villas est masqué par un enduit blanc. Elles sont couvertes de tuiles plates mécaniques.

Villa de la Vierge. Façade antérieure.Villa de la Vierge. Façade antérieure.4. Structure

La structure des quatre villas est relativement semblable, caractérisée par la régularité des plans (rectangulaires) et des volumes (parallélépipèdes). La villa de la Vierge s'élève sur trois niveaux, dont un niveau de soubassement. On accède au rez-de-chaussée surélevé par un degré convexe montant à une terrasse en couverture d'une galerie au soubassement. Le sol de la terrasse et revêtu de granito. Au centre se trouve un décor floral en mosaïque. L'escalier de distribution intérieur, en façade arrière, est légèrement en saillie.

5. Élévations extérieures

Les élévations des quatre villas sont assez similaires. Elles présentent quatre travées ordonnancées à partir d'un avant-corps central en légère avancée, délimité par des pilastres et surmonté d'un fronton cintré ou triangulaire. Les façades sont couronnées d'une corniche plus ou moins ornée. A la deuxième villa (villa Bellais ?), l'échancrure du fronton porte au centre un médaillon avec la lettre B. Les fenêtres du rez-de-chaussée y sont surmontées de clefs ornées de visages féminins. A la troisième villa (villa Duhoux ?), le fronton triangulaire porte en son centre un cuir surmonté d'une coquille. Le fronton cintré brisé de la quatrième villa (villa Montsouris ?) est sculpté en son centre d'une guirlande de fruits surmontée de la lettre B. Les balcons à l'étage des villas ont des garde-corps en fer forgé ou en fonte. Ceux de la villa de la Vierge ont un décor de visages féminins de profil, en médaillon, au centre de volutes ornées de motifs végétaux et de rubans. On retrouve ce décor aux balcons de la façade latérale au sud-ouest.

6. Distributions intérieures

Seule la villa de la Vierge a été visitée.

L'entrée se fait sur la façade arrière, au rez-de-chaussée surélevé, dans un vestibule précédant l'escalier (une volée tournante en marbre, autour d'un jour occupé par un monte-charge) montant du soubassement à l'étage. Les plans du rez-de-chaussée et de l'étage sont identiques et parfaitement symétriques. Un espace de distribution central dessert un salon et deux chambres à l'avant (sud-est) et deux chambres à l'arrière (nord-ouest). La destination des pièces semble ne pas être totalement celle d'origine. Au rez-de-chaussée, la porte d'accès au salon est surmontée d'un mufle de lion sculpté au centre d'un cuir entouré de deux guirlandes. Au soubassement, on a la cuisine, la salle à manger, une chambre et l'ancienne citerne transformée en chapelle.

La chapelle occupe toute la largeur nord-est du soubassement. Elle est constituée d'un vaisseau de plan allongé, voûté de deux travées d'arêtes. Le chœur, de plan semi-circulaire est séparé de la nef par un arc triomphal à trois arcades retombant sur des chapiteaux à feuilles d'eau. La nef est précédée par un narthex séparé par un arc aux écoinçons sculptés de grandes palmes et d'une inscription latine. La nef et le narthex prennent jour au sud-est par trois baies jumelées. On accède à la chapelle par une galerie sous la terrasse du rez-de-chaussée, galerie rythmée par quatre arcs où l'on retrouve le même décor sculpté de branches de palmier.

Petite chapelle aménagée dans le soubassement de la villa de la Vierge. Petite chapelle aménagée dans le soubassement de la villa de la Vierge.

Les quatre villas ont été construites dans le 4e quart du 19e siècle (avant 1884). La grotte de Lourdes date de 1908. La grande chapelle date vraisemblablement des années 1930.

Le matériau de construction des villas est masqué par un enduit blanc. Les toitures, à longs pans à croupes, sont couvertes de tuiles plates mécaniques.

La villa de la Vierge s'élève sur trois niveaux, dont un niveau de soubassement. La façade principale est ordonnancée. On accède au rez-de-chaussée surélevé par un escalier extérieur, droit, en maçonnerie. Au soubassement, l'ancienne citerne, voûtée d'arêtes a été transformée en chapelle d'un seul vaisseau. L'escalier intérieur (une volée tournante en marbre, autour d'un jour occupé par un monte-charge) monte du soubassement à l'étage.

  • Murs
    • enduit
  • Toits
    tuile plate mécanique
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, 1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • Autres organes de circulation
    monte-charge
  • Typologies
    plan-masse régulier ; volumétrie symétrique ; élévation avec axe ; caractère éclectique
  • Techniques
    • sculpture
    • mosaïque
  • Représentations
    • tête de femme, guirlande, fruit, mufle de lion, ornement végétal
  • Précision représentations

    A la deuxième villa, les fenêtres du rez-de-chaussée sont surmontées de clefs ornées de visages féminins. Le fronton de la quatrième villa est sculpté en son centre d'une guirlande de fruits. Au rez-de-chaussée de la villa de la Vierge, la porte d'accès au salon est surmontée d'un mufle de lion sculpté.

    Au centre du sol de la terrasse de la villa de la Vierge se trouve un décor floral en mosaïque.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une association cultuelle

Bibliographie

  • ESSERTEL, Yannick. L'aventure missionnaire lyonnaise 1815-1962. Paris : Les éditions du cerf, 2001.

    P. 85-88.
  • SIGAUT, Marie-Hélène, LESCUYER, Thierry. Alice Munet et les Missionnaires Catéchistes du Sacré-cœur. Paris : Éditions Fleurus, 1990. 48 p., ill., 15 cm.

Date d'enquête 2013 ; Date(s) de rédaction 2013, 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Aliotti Jean-Marc
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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