Dossier d’œuvre architecture IA00124908 | Réalisé par
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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  • inventaire topographique
église paroissiale Saint-Romain
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Aiguilles
  • Commune Molines-en-Queyras
  • Lieu-dit la Cure
  • Cadastre 1971 A1 455
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Romain
  • Parties constituantes non étudiées
    cimetière

HlSTORIQUE

La paroisse de Molines est évoquée au VIIIe siècle dans le testament d'Abbon. En1376, le compte des procurations mentionne un châtelain (G. Dartevelle, p. 99). Au XIVe siècle, l'église de Molines était sous la juridiction de l'archevêque d'Embrun. En 1448 est mentionnée une chapelle Sainte-Anne (ou Sainte-Anne-et-Saint-Barthélemy) fondée dans l'église paroissiale par Romain Hélis (J. Tivollier et P. Isnel, II, p. 357). Aujourd'hui isolée, l'église aurait été, «dans les temps anciens», entourée de maisons depuis longtemps disparues (J. Tivollier et P. lsnel, 1, p. 164).

L'édifice actuel semble dater de la deuxième moitié du XVe siècle, mais a été profondément mutilé pendant les guerres de religion.

En 1574, l'église fut ruinée par les troupes protestantes, les ornements pillés et les vases sacrés fondus pour battre monnaie (J. Tivollier et P. lsnel, 1, p. 164). En 1585,le clocher «qui était fort haut» fut détruit par les «chapeaux blancs» (nom que l'on donnait aux réformés du Queyras) parce que des catholiques s'y étaient barricadés (J.Tivollier et P. Isnel, 1, p. 165 et II, p. 370).

L'édifice fut reconstruit entre 1628 et 1637, date inscrite sur les doubleaux. Après 1680, une travée supplémentaire fut ajoutée à la nef pour accueillir les nouveaux convettis. Selon J. Tivollier et P. lsnel, le décor du chœur daterait de 1692 et serait dû au sculpteur Claude Gégout. Pourtant la date 1681 est gravée au revers de l'arc triomphal. Ce décor a probablement été repeint en 1754, date peinte dans un cartouche sur l'arc triomphal.

En 1839 (date peinte sur la voûte du chœur) l'église fut repeinte. Le badigeon de la nef cache-t-il d'autres peintures murales du XVe ou XVIe siècle ?

DESCRIPTION

Situation

L'église s'élève sur un replat aménagé en terrasse, entre le chef-lieu, au nord et la Rua, à l'ouest. Elle est entourée par le cimetière bordé au sud par l'ancienne cure. La porte occidentale ouvre directement sur l'extérieur. On a planté à proximité une croix de bois haute de 6, 37 m portant l'inscription : SOUVENIR DU JUBILE 5 NOVEMBRE 1854.

Composition d'ensemble

L'église forme un ensemble de volumes juxtaposés à la nef qui est l'élément le plus massif : porche au sud, chapelle et sacristie au nord, chœur à l'est et, attenant mais à l'écart au nord-est du chœur le clocher dont la faible hauteur est caractéristique d'un écroulement non réparé.

Matériaux

La complexité de l'édifice impose un décompte élément par élément.

- Nef

- élévation sud : chaîne de l'angle sud-ouest ; plinthe d'un bout à l'autre ; deuxième fenêtre appareillée ; travée en ressaut du portail, jusqu'aux deux tiers de la hauteur, avec le portail et les deux niches qui l'encadrent ; troisième fenêtre ; chaîne en ressaut de l'angle sud-est : appareil régulier en tuf en assises de 15 à 20 cm (travée du portail) et 35 cm (chaînes). Linteau du portail : marbre gris.

Mur de la première travée : blocage tout venant recouvert d'un enduit grossier. La fenêtre ébrasée est un percement simplement façonné (mortier sableux rougeâtre). Cette partie est collée contre le mur de la deuxième travée recouvert d'un enduit plus jaune, rustique, au nu de l'appareillage de la fenêtre. La maçonnerie est également un blocage tout venant. De même le mur de la quatrième travée. Une reprise concerne les deuxième, troisième et quatrième travée au-dessus des fenêtres et de l'appareil de la troisième travée (du portail).

- Porche : appareil irrégulier de tuf et calcaire avec remplois portant des fragments de décor peint.

- Chœur

- élévation sud : les deux contreforts plats (gauche et centre) ; la chaîne de l'angle sud-est ; la plinthe complète en ressaut sur les contreforts et l'angle sud-est : appareil en tuf arrêté brusquement au sommet. Les deux travées de mur et l'ébrasement des deux fenêtres est recouvert d'un enduit frottassé destiné à recevoir un décor gravé et blanchi.

- Chœur

- chevet : chaînes d'angles sud-est et nord-est avec bases et plinthe appareillées en tuf. Mur en blocage recouvert d'un enduit rustique. Dans la chaîne nord-est et au centre du mur, remploi d'une pierre portant un fragment de peinture murale.

- Chœur

- élévation nord : plinthe en tuf. Mur en blocage recouvert d'un enduit frottassé. Moitié gauche recrépie au ciment et soutenue par un talutage de blocs équarris moderne.

- Pignon est de la nef : chaînes d'angles en tuf. Mur en blocage enduit.

- Sacristie : chaînes d'angles, plinthe, fenêtres en tuf. Murs en blocage tout venant enduits frottassés.

- Chapelle nord : idem. Fenêtre ouest percée sans chaînage.

- Nef

- élévation nord : chaîne de l'angle nord-est et contrefort plat nord-est avec plinthe ; vestiges de plinthe au raccord première deuxième travées ; chaîne d'angle nord-ouest en tuf. Mur en blocage tout venant ; enduit frottassé. Reprise légèrement en retrait de la première travée.

- Nef

- élévation ouest : chaînes d'angles, porte en tuf . Mur en blocage tout venant ; enduit frottassé. Oculus sans chaînage. Plinthe enduite au ciment.

- Clocher : chaînes d'angle ; couronnement de la plinthe ; baies en tuf ; mur en blocage tout venant ; restes d'enduit frottassé.

- Nef

- intérieur : colonnes adossées ; cordons ; fenêtres des deuxième et quatrième travées ; embrasure de la porte sud ; porte de la sacristie en tuf. Murs enduits et blanchis. Voûte et doubleaux coffrés.

- Chœur - intérieur : décor de plâtre façonné et peint.

- Chapelle nord - intérieur : cordons en tuf. Murs et voûte enduits.

- Sacristie - intérieur : cordons en tuf ; murs enduits ; voûte coffrée.

Structure

L'église, orientée, a une structure simple qui comprend :

- une nef haute de 9 m de quatre travées voûtée en berceau en plein cintre sur quatre doubleaux retombant sur six colonnes adossées ; le quatrième doubleau est simplement amorti en quart-de-rond au-dessus des cordons, au fond de la quatrième travée. L'éclairement se fait par un oculus circulaire ouest et trois fenêtres en plein-cintre à double ébrasement, au sud. La porte sud (troisième travée) a une embrasure droite sous un arc en plein-cintre.

- Un chœur de plan rectangulaire voûté en berceau et éclairé par deux fenêtres en plein-cintre à double ébrasement au sud.

- Un porche adossé à l'élévation sud de la troisième travée de la nef. C'est une construction rectangulaire englobant le portail sud et pourvu d'une porte encadrée de deux fenestrons.

- Une chapelle adossée au côté nord de la deuxième travée de la nef sur laquelle elle ouvre par un arc en plein-cintre. Berceau en plein-cintre. Fenêtre ébrasée à l'ouest.

- Une sacristie adossée au côté nord de la quatrième travée de la nef sur laquelle elle ouvre par une porte en plein-cintre. Berceau en plein-cintre. Fenêtre ébrasée au nord.

- Un clocher de plan carré arasé à hauteur de la nef. Ce clocher, séparé de l'édifice, a un rez-de-chaussée voûté en berceau et éclairé au sud par une étroite fenêtre ébrasée. On y pénètre par un couloir oblique, voûté en berceau accessible par une porte percée dans l'angle nord-est du chœur.

Élévations

- Nef - élévation ouest

Mur-pignon percé d'une porte centrale en plein-cintre à impostes et clé saillantes et d'un oculus circulaire. Plinthe chanfreinée en retour aux extrémités. Enduit décoloré sans traces de décor.

- Nef - élévation sud

Elle se compose de quatre travées. La prem1ere est accolée à la seconde. Fenêtre ébrasée en plein-cintre. Plinthe chanfreinée inclinée vers l'ouest. La deuxième et la quatrième ont une fenêtre de mêmes formes et dimensions que la première, appareillée. La plinthe chanfreinée est horizontale, mais légèrement plus haute pour la quatrième travée. Cette dernière est amortie par un contrefort plat, autour duquel tourne la plinthe, sans couronnement.

La troisième travée est en ressaut d'une dizaine de centimètres. Elle comprend un portail central encadré de deux niches. Le portail se compose d'un ébrasement c0uvert d'une archivolte en plein-cintre à deux rouleaux retombant sur des frises de deux chapiteaux ornés de têtes humaines ; les quatre colonnettes ont disparu ; les bases reposent sur le prolongement oblique, en marbre gris, de la plinthe. Au-dessus du linteau, tympan vitré.

Les deux niches latérales sont couvertes en plein-cintre ; l'arête des arcs et des piédroits est profilée en forme de tore. Arcs et archivoltere tombent sur des impostres creusées d'un cavet.

Au-dessus de cet ensemble, le parement conserve la trace de l'ancrage martelé d'un ancien porche voûté.

Les deuxième, troisième et quatrième travées présentent une reprise de maçonnerie à hauteur de l'arc des fenêtres.

- Porche - élévation

C'est un mur-pignon percé d'une porte centrale en anse de panier chanfreinée encadrée de deux fenestrons rectangulaires aux arêtes profilées en tore. Le parement était recouvert d'un enduit sableux gris à pierre nue avec une surcharge de filets blancs passés au pinceau pour simuler des joints réguliers ; les rampants du pignon sont soulignés de cette façon par une bande de 10 cm.

- Chœur - élévation sud

Elle se compose de deux travées percées de fenêtres en plein-cintre ébrasées. La première travée est encadrée de deux contreforts plats sans couronnement. La plinthe chanfreinée, plus haute que celle de la nef, en fait le tour ; à l'angle sud-est, la plinthe a deux ressauts saillant : Un décor gravé et repassé au noir, ombré à certains endroits sur n enduit de plâtre lisse et blanchi, encadre les feux fenêtres et simule une travée corinthienne aux colonnes torses ornées de feuillages pour la première fenêtre et couronnée par un fronton ; dans le premier tympan apparaît une tête d'ange, dans le second, un cartouche entouré de fruits. Ce dernier décor servait de cadran solaire : des chiffres sont tracés en rouge sur l'entablement des pilastres et sur la moulure de l'arc.

Au-dessus, règne sur toute la longueur de l'élévation une frise tracée grossièrement au pinceau sur l'enduit frottassé. Elle se compose de bas en haut de petits traits verticaux imitant des denticules, d'une frise de demi-cercles opposés et entrecroisés parsemés de points, et d'une seconde frise de traits obliques entrecroisés. Cette frise est interrompue à l'aplomb du piédroit droit de la deuxième fenêtre parce qui semble être un retour vers le bas. Des lignes de denticules bordent les travées le long des contreforts.

Dans l'angle supérieur droit est peint sur un carré d'enduit lisse un cadran solaire (fond blanc, ocre rouge, ocre jaune, palmes croisées vertes). Il porte l'inscription :

I H S / 18 49 / ORA NE TE RAPIAT HORA

- Nef - pignon est

Presque entièrement masqué par le chœur. Au droit des contreforts plats des élévations sud et nord du chœur, le pignon de la nef est en ressaut d'une vingtaine de centimètres. Sur le sommet des deux chaînes d'angle dépasse l'extrémité profilée d'une poutre. Le haut du pignon est enduit et conserve deux bandes d'encadrement verticales avec des traits obliques peints en blanc.

- Chevet

Mur-pignon surélevé (reprise de l'enduit). Retour du massif d'angle de la plinthe et poursuite de celle-ci au niveau du côté sud. Cadran solaire symétrique du précédent mais d'un dessin différent.

- Chœur - élévation nord

Élévation aveugle partiellement masquée par un talutage de soutien et la reprise de l'enduit dans la moitié gauche. A droite, la plinthe réapparaît. Entre la chaîne d'angle et le ressaut du pignon est de la nef, le mur conserve des traces d'un décor peint : - en haut à gauche fragment d'une frise de ruban plié gris et rouge sur fond blanc.

- La moitié droite conserve un encadrement tracé en blanc au pinceau et constitué de l'extérieur vers l'intérieur d'une bande blanche de 10 cm, puis de chevrons sur le bord vertical, d'obliques alternant avec des points sur le bord horizontal souligné d'une répétition de A. A mi-hauteur du panneau subsiste la trace de la lettre M haute de 1 m tracée à la brosse de 10 cm de largeur.

- Nef - élévation nord

N'apparaissent que le haut de la troisième travée et la première entière.

- Troisième travée : la chaufferie récente en masque le bas. Le mur est couronné par les traces d'un décor peint en blanc sur l'enduit : des 8 pleins reliés par un trait continu.

- Première travée : près de l'angle de la chapelle apparaît la plinthe interrompue par un massif d'angle en ressaut à la suite duquel se poursuit, d'une manière très grossière, la plinthe vers l' angle nord-ouest.

Le mur présente une reprise en retrait à un mètre à droite de la chapelle. A la limite de cette reprise, la partie ancienne conserve une bande verticale de lignes ondulées croisées entre deux traits au pinceau blanc. Au sommet de la partie refaite, court une frise de rinceaux également tracés en blanc.

- Sacristie - Élévation est : entre l'angle en ressaut de la nef et la chaîne de l'angle nord-est se poursuit la plinthe, à la même hauteur que sur le choeur ; massif d'angle également à ce niveau. Le mur garde les traces du décor peint en blanc formant encadrement de bandes de demi cercles juxtaposés entre deux traits. Au centre restes d'un cadre formé de bandes de 7 cm.

- Élévation nord : fenêtre carrée dont seul l'appui est chanfreiné (remploi ?). Au-dessus, fenestron dont le linteau est découpé en arc en plein-cintre ; l'enduit qui recouvre l'obstruction de cette baie porte la date 1752. Remploi (en haut à gauche) d'une pierre portant un fragment de peinture mura le (drapé ? vert clair, fond ocre rose).

Poursuite de la plinthe encadrée de deux massifs d'angles.

- Élévation ouest : retour du massif d'angle et poursuite de la plinthe à ce niveau.

- Chapelle

- Élévation est : plinthe et massif d'angle au niveau de celle-ci.

- Élévation nord : la plinthe n'est plus chanfreinée mais profilée en cavet. Traces d'encadrement peint identique à celui de la première travée de l'élévation nord de la nef. Au centre traits de 7 cm de largeur constituant un motif illisible de grandes dimensions.

- Élévation ouest : poursuite de la même plinthe (cavet) arrêtée brusquement contre celle chanfreinée de la nef. Même trace d'encadrement.

L' angle sud-ouest de la chapelle (c'est- à-dire de son élévation ouest avec le mur nord de la nef) est souligné par une bande blanche partagée entre les deux murs.

- Clocher

Les quatre élévations sont identiques : plinthe chanfreinée (talutée au nord au-dessous des trois dernières assises) ; trous de boulins sur trois et quatre niveaux ; chaînes d'angles renforcées en largeur ; au sud, deux jours rectangulaires, le premier est constitué de remplois chanfreinés sur un appui également chanfreiné disposé pour une baie plus large ; à l'ouest, porte de l'étage en plein-cintre ouverte au centre de l'élévation.

Aucun couronnement.

D'une manière générale, les chaînes d'angles et les contreforts plats gardent les traces de joints tracés en blanc au pinceau, sur l'enduit à pierre nue. Ces traces forment un tracé d'appareil harpé qui déborde des véritables chaînes d'angles et butte contre les encadrements peints.

Couverture

Chaque partie est couverte de toits à deux versants sauf le clocher qui a un comble ouvert à quatre versants couronnant la tour. Bardeaux partout .

Distribution intérieure

- La nef : murs peints en blanc. Faux-appareil tracé en blanc sur les colonnes adossées, l'ébrasement des baies, la voûte et ses doubleaux. Il semble que la voûte et les doubleaux soient recouverts d'un badigeon gris. Sur le berceau de la première travée apparaît l'inscription peinte en blanc : LAUS : ILSU :

Au-dessus de l'entrée de la chapelle nord, cartouche ovale encadré d'une volute en plâtre peinte en ocre jaune ; au centre inscription peinte en rouge : STE MARIE PRIEZ POUR NOUS QUI RECOURONS A VOUS

Les chapiteaux des colonnes portent différents motifs sculptés : une fleur de lys sur le premier, côté droit ; IHS, premier côté gauche ; têtes, ailleurs. Sur les fûts adossés encadrant la troisième travée, deux croix de consécration superposées, peintes sur la pierre : croix tracée en rouge sur fond blanc parsemé de points rouges dans un cercle tracé en noir entouré de rayons noirs et blancs ; au-dessus simple croix de Malte peinte en blanc avec un liseré noir.

La tribune a un garde-corps à balustres tournés. Au-dessous, le tambour de la porte ouest a un décor peint récent sur fond noir inspiré de l'art africain. Sur le côté nord des troisième et quatrième travées, une niche en cul-de-four peinte en bleu, ornée d'un décor ouvragé de plâtre. A l'entrée de la chapelle nord (deuxième travée) barrière de choeur en bois tourné.

- Le chœur est entièrement recouvert d'un riche décor de plâtre : de part et d' autre, quatre colonnes (dont une sur la face ouest vers la nef) cannelées, à chapiteau corinthien , portent un lourd entablement sur lequel reposent piédestaux, volutes végétales et urnes d'où s'élèvent des corps d'anges soutenant le cadre central. L'ensemble est spectaculaire, riche, lourd et maladroit. La polychromie très clinquante peut dater de la réfection de 1839 indiquée sur la voûte. Au-dessus de l'arc triomphal, entouré d'une guirlande et recouvert d'un cartouche avec l'inscription : DOMINE / DILEXI DECORE / DOMVS TVAE / PS XXV / MDCCLIV soutenu par deux anges, figure une crucifixion mi-peinte (fond représentant Jérusalem) mi-façonnée en plâtre (saint Jean, la Vierge, Marie-Madeleine, peut-être le Christ en croix). Murs et entablement sont peints en faux-marbre ; le mur est du chœur est en grande partie occupé par un retable.

Le décor peint actuel remplace un décor plus ancien dont on aperçoit les traces par endroits (mur du fond, côté gauche) : quadrillage oblique peint en ocre jaune puis retracé en blanc ; au centre de chaque carré un motif illisible peint en rouge. Un décor équivalent mais en losange apparaît sur le côté gauche, entre la colonne et le mur de la nef.

La sacristie : la voûte porte le même décor peint de faux-appareil.

CONCLUSION

L'analyse morphologique seule fournit la chronologie relative de l'édifice.

De l'état primitif ne subsistent que les murs des deuxième, troisième et quatrième travées de la nef ainsi que ceux du chœur. Ces murs sont percés de baies appareillées (fenêtres de la nef ; portail). L'arasement de l 'édifice à hauteur de l'arc des fenêtres de la nef a supprimé tous les couronnements (corniches ou arcatures). Le chevet semble également avoir été réédifié (pas de pilastres d'angle, pas de fenêtre est, remploi de pierres peintes), peut-être plus long qu'à l'origine. Il semble que la sacristie, et peut-être la chapelle nord appartiennent à l'édifice primitif.

Celui-ci remonterait au XVe, début XVIe siècle. Le portail en effet en témoigne par son type, par la structure des frises de chapiteaux, par les vestiges visibles de décor peint dans la niche gauche. Il semble que ce portail était précédé d'un porche. Dans le parement le surmontant et partiellement conservé, on a entaillé une encoche en forme de courbe, par simple martellement. Cette courbe était l'ancrage d'une voûte. Voûte d'ogives ou berceau ? Pierre ou bois ? Rien en l'état ne permet de répondre à la question.

Quant à la façade ouest, elle semble avoir disparu, si l'on admet que l'église a été allongée. Sur la façade nord en effet, un massif à deux niveaux chanfreinés, poursuivant la plinthe de la deuxième travée, paraît être un massif d'angle ; rien ne lui correspond dans la poursuite actuelle de l'élévation de la première travée.

Les guerres de religion ont semble-t-il eu raison de l'édifice. On retrouve en effet des dates postérieures assez proches : 1637, 1681 qui relèvent de deux campagnes bien distinctes.

La première date est peinte sur au moins deux des doubleaux. Ceux-ci, et la voûte de la nef, ont alors été remontés, en maçonnerie de blocage sur coffrage ; les traces en sont manifestes dans toute la nef (et la sacristie). Cette reconstruction a certainement été faite sur le modèle de la voûte précédente, peut-être partiellement conservée, ce qui expliquerait que l'on n'ait pas utilisé de voûtes d'arêtes. Le berceau couvre donc aussi la première travée dont la reprise est claire à l'extérieur. On s'est contenté pour tout ornement de tracer à la peinture blanche un faux-appareil qui masque le coffrage tout en en suivant les lignes. Mais il est également possible que la première travée n'ait été ajoutée que plus tard. Les dates sont peintes en effet sur les deuxième et troisième doubleaux. Le premier ne porte aucune inscription. La facture de son faux-appareil, ainsi que celui de la voûte de la première travée, paraissent différents.

De cette première campagne daterait le décor peint extérieur qui s'est appliqué à unifier l'aspect de l'édifice et d'en masquer les reprises toutes fraîches. Dans le même esprit et de facture aussi grossière que sur la voûte de la nef, ce décor couvre toutes les chaînes d'angles, le porche, intérieur et extérieur, le portail et les fenêtres d'un faux-appareil qui ne suit qu'approximativement les véritables joints. Ce décor imitant la structure délimite un second décor formant frises et encadrements ornés de motifs tracés à l'oeil. Il en subsiste des traces à peu près partout. Ce décor pourrait présenter un argument supplémentaire pour voir dans la première travée de la nef une construction tardive. En effet, le motif qui en couronne l'élévation nord est un rinceau élaboré, bien tracé qui contraste avec la naïveté du reste. C'est peut-être ici qu'il faut rappeler la seconde date.

Celle-ci, 1681, est gravée dans le chœur au revers de l'arc triomphal. On doit lui rattacher la réalisation de l'ensemble du décor intérieur du chœur, riche ornementation baroque, très ambitieuse, mais dont les éléments figurés sont d'une grande maladresse. Il est fort possible que l' on ait alors donné à l'atelier de gypiers qui en est responsable, l'ornementation en trompe-l’œil des deux fenêtres du chœur qui est en effet parfaitement réalisée. Elle se superpose au décor précédent et l'on est par conséquent tenté de l'associer au rinceau du côté nord de la première travée, alors achevée. Rappelons que le style de la porte ouest de la nef correspond à cette période.

D'autres dates sont inscrites dans le chœur : 1754 (cartouche de l'arc triomphal) et 1839 (peint sur la voûte). Il s'agit certainement de travaux de réfection qui n'ont modifié que les couleurs. Nous avons en effet sous les yeux le résultat très criard des repeints du XIXe siècle.

L'église de Molines serait mentionnée dès le 8e siècle ; l'édifice actuel semble dater de la 2e moitié du 15e siècle mais a été profondément mutilé pendant les guerres de religion ; de l'édifice médiéval subsistent des traces de peinture à proximité du portail sud et le clocher dont la partie supérieure a été détruite en 1585 ; l'église a été reconstruite entre 1628 et 1637, date peinte sur 2 des arcs doubleaux de la nef ; en 1681, date gravée au revers de l'arc triomphal, ou, selon certains auteurs, en 1692, réalisation du décor du chœur par le sculpteur Claude Gégout et construction de la 1ère travée de la nef ; en 1752, date gravée, réaménagement de la sacristie ; les dates 1754 et 1839 peintes dans le chœur indiquent sans doute des réfections ; le cadran solaire est daté de 1849 ; la couverture en bardeau canadien est récente.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 15e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Secondaire : milieu 18e siècle
    • Secondaire : 2e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1637, porte la date
    • 1681, porte la date
    • 1752, porte la date
    • 1754, porte la date
    • 1839, porte la date
    • 1849, porte la date
  • Auteur(s)

La nef de 4 travées voûtées en berceau précède un choeur de plan rectangulaire également voûté en berceau ; la sacristie et le niveau inférieur du clocher sont voûtés en berceau

  • Murs
    • pierre
    • enduit
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Toits
    bardeau
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis massé
    • toit en pavillon
    • pignon couvert
  • Typologies
    choeur à l'est ; clocher tour
  • Techniques
    • peinture
    • décor stuqué
    • peinture
  • Représentations
    • ange
    • ordre corinthien
    • fronton
    • instrument de mesure
  • Précision représentations

    sujet : ange, support : vestiges de peintures du 15e siècle à proximité du portail ; sujet : frise de denticules, faux appareil, support : peint sur les murs de la nef ; sujet : 2 travées corinthiennes aux colonnes torses ornées de feuillages et surmontées d'un fronton triangulaire habité à gauche par un ange à droite par un cadran solaire, support : décor gravé dans l'enduit, repassé au noir et ombre par endroit autour des baies du choeur ; sujet : cadran solaire, support : peint sur la façade sud

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1977/03/28
  • Référence MH
  • GIORDANENGO, Gérard. La reconstruction des églises paroissiales dans le diocèse d'Embrun (XVe siècle - milieu du XVIe siècle). Dans : Congrès archéologique de France, Dauphiné, 1972. Paris : Société française d'archéologie, 1974, p. 162-181.

Bibliographie

  • DARTEVELLE, Guylaine. Églises médiévales des Hautes-Alpes. Taulignan : Plein Cintre éditions, 1990. 119 p.

    P. 99.
  • DESVIGNES-MALLET Chantal, ENAUD, François, PARAVY, Pierrette et al. Peintures murales des Hautes-Alpes XVe-XVIe siècles. Paris : Ministère de la Culture et de la Communication, Inventaire général des Monuments et Richesses artistiques de la France ; Briançon : Société d'Etudes des Hautes-Alpes ; Aix-en-Provence : Culture et Patrimoine en Provence, Edisud, 1987. Cahiers de l'Inventaire ; 7.

    P. 116.
  • ROMAN, Joseph. Répertoire archéologique du département des Hautes-Alpes. Paris : Imprimerie nationale, 1888.

  • ROMAN, Joseph. Tableau historique du département des Hautes-Alpes. Paris : Imprimerie Nationale, 1887-1890. 2 vol.

  • THIRION, Jacques. L'influence lombarde dans les Alpes françaises du sud. Dans : Bulletin monumental, n° 128, 1970, p. 7-40.

  • TIVOLLIER, Jean, ISNEL, Pierre. Le Queyras (Hautes-Alpes), 2 vol. Marseille : Laffitte Reprints, 1985.

    Tome 1, p. 164-165 ; tome 2, p. 351, 357, 370.
  • TIVOLLIER, Jean. Molines-en-Queyras. Marseille : Laffitte Reprints, 1981. Réimp. de l'édition de Lyon, 1913.

Date d'enquête 1986 ; Date(s) de rédaction 1994
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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