Dossier d’œuvre architecture IA00124770 | Réalisé par
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
  • inventaire topographique
église paroissiale Saint-Jean-Baptiste et chapelle du Sacré-Coeur (chapelle de pénitents)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Aiguilles
  • Commune Aiguilles
  • Cadastre 1827 I1 134  ; 1967 AB 297
  • Dénominations
    église paroissiale, chapelle
  • Genre
    de pénitents
  • Vocables
    Saint-Jean-Baptiste, du-Sacré-Coeur

Avertissement

Les deux édifices décrits dans ce dossier occupent depuis le début du XIXe siècle (le cadastre de 1827 en fait foi) une unique parcelle attenante à celle du cimetière. Ils ont donc été groupés dans un unique dossier.

HISTORIQUE

Selon J. Tivollier et P. Isnel, en 1260 les habitants d' Aiguilles payaient les décimes à leur église. L'église paroissiale aurait été, à l'origine, construite plus bas, plus près du ruisseau du Lombard. Ruinée par la crue de 1431 (ou 1408?) 1, elle aurait été reconstruite les années suivantes à son emplacement actuel. En 1433 l'église était encours de reconstruction 2.

Une chapelle Notre-Dame-de-Pitié existait dans l'église en 1496. Une chapelle Saint-Lazare, Sainte-Marie et Sainte-Marthe y aurait été fondée par Jean Jouve dit Obert avant 1506.

L'église a sans doute été reconstruite à plusieurs reprises. Selon J. Roman, le clocher date du XVIIe siècle. Le bâtiment actuel a été rebâti dans le courant du XIXe siècle.

La chapelle des Pénitents, sous le vocable du Sacré-Cœur, date probablement de la deuxième moitié du XVIIIe siècle.

DESCRIPTION

Situation

Les deux édifices occupent le sommet du village, sur un replat aménagé où s'étend aussi le cimetière. L'ensemble est isolé, entre le parvis bordé par des murs de soutènement au sud et l'abrupt de la montagne au nord.

La masse principale est celle de l'église à laquelle correspondent les trois-quarts occidentaux du volume d'ensemble.

A. Eglise paroissiale Saint-Jean-Baptiste

Composition d'ensemble

L'édifice constitue un vaste volume massif d'où n'émerge que le clocher.

Matériaux

Maçonnerie de blocage tout venant enduite ; n'en apparaît que le pignon est non enduit au-dessus de la chapelle du Sacré-Cœur. Plinthe, chaînes d'angles, cordons, arcs et flèches du clocher sont en tuf.

Structure

L'église a un parti très homogène nettement défini dirigé vers l'ouest : nef et chœur forment un volume unique, un cul-de-four termine le berceau en plein cintre. Deux collatéraux symétriques de trois travées voûtées d'arêtes séparées par des doubleaux retombant sur des piliers adossés ouvrent sur la nef par des arcs en plein-cintre. L'éclairage se fait par une fenêtre en plein cintre percée à chaque travée du collatéral sud et par trois fenêtres percées dans l'axe du chœur.

Deux sacristies encadrent l'abside avec laquelle elles communiquent :

- Au nord, c'est une pièce rectangulaire couverte d'un berceau en plein cintre ; deux arcs en plein cintre évident le mur sud ; c'est dans un de ces arcs que se trouve la porte.

- Au sud, c'est une pièce de plan carré voûtée d'arêtes. Dans les deux pièces une fenêtre ébrasée en plein cintre, du côté ouest.

L'ensemble des deux sacristies et du chœur est inscrit dans un chevet plat.

- L'entrée de l'église se fait par une sorte de vestibule, plus étroit que la nef et plafonné. Au-dessus, sous une voûte d'arêtes assez pointue, est aménagée une tribune, soutenue, du côté de la nef, par deux colonnes. L'ouverture de la tribune sur la nef se fait par un arc brisé. L'accès à la tribune se fait par un escalier tournant à droite aménagé dans un réduit trapézoïdal entre le collatéral nord et le mur ouest de la chapelle du Sacré-Cœur. On y pénètre par une porte ouverte face à la porte d'entrée.

- Le clocher est calé entre le collatéral et la sacristie sud. C'est une tour de plan carré surmontée de deux étages percés de fenêtres géminées, doubles puis triples à doubles colonnettes de marbre gris. L'entrée se trouve au sud ; une ancienne porte murée dont l'ébrasement est appareillé se trouve à l'est. La flèche est évidée en forme de cône. On monte jusqu'à l'étage des cloches par des échelles de meunier superposées. L'éclairage de la tour se fait par des jours rectangulaires ébrasés.

Élévations

- Façade antérieure sud

Elle se compose de quatre parties d'ouest en est

- Mur aveugle de la sacristie.

- Clocher percé d'une porte en arc segmentaire non appareillée au-dessus de la plinthe chanfreinée, d'un jour rectangulaire, d'une fenêtre double et d'une triple à colonnettes sans chapiteau ; arcs en plein cintre. Sous ces fenêtres, cadran de l'horloge peint sur enduit en ocre rouge dans un cadre ocre jaune en trompe-l’œil. Aux quatre angles quatre chiffres forment la date 1883.

- Élévation du collatéral percée de trois fenêtres en plein-cintre, badigeonné de beige ; deux contreforts plats rythment la partie droite.

- Élévation en retrait du vestibule, percée de la porte d'entrée rectangulaire surmontée d'un oculus circulaire ; les deux étant au fond d'un vaste ébrasement dont l'arc en plein-cintre est peint d'un faux appareil de marbre alternant des bandes grises et ocre jaune. Deux plinthes en marbre gris de 1, 60 m de haut couronnées par une corniche moulurée ont été ajoutées dans cet ébrasement ; elles portent l 'inscription gravée : j - j / 1922. L'ébrasement était auparavant peint en bleu avec des motifs. L'ensemble avait été recrépi en 1956. Auparavant il y avait un enduit rustique.

- Le chevet est rythmé par deux contreforts plats encadrant la partie centrale du chœur.

Fenêtres en plein cintre et oculus central. La triple fenêtre du chœur s'inspire des serliennes. Enduit rustique sur l'ensemble.

- L'élévation nord est masquée par le talus que soutient un mur de protection délimitant un étroit couloir le long de cette élévation.

Couverture

Comble non visité. On y accède par une porte ouvrant dans l'élévation nord. Tôle ondulée.

Distribution intérieure

C'est l'aménagement du mobilier et du décor qui fait le partage entre la nef et le chœur liturgique et non l'architecture : le chœur fermé par une barrière ajourée en pierre blanche et colonnettes grises couronnées de chapiteaux de pierre blanche occupe l'abside et une travée droite correspondant à la largeur du clocher. Le décor est entièrement homogène et cohérent avec l'architecture qu'il complète.

- Le vestibule une corniche peinte en faux marbre gris entoure le plafond blanc. Elle est en ressaut au droit des quatre pilastres d'angle également peints en faux marbre gris. Murs beiges. A l'est, une niche en cul-de-four, peinte en marron a un encadrement et un culot de plâtre peints en faux marbre gris ; coquille de couronnement encadrée de roses peintes. Dans l'angle nord-est, la cuve baptismale est entourée d'une grille. Du côté de la nef, entablement en faux marbre gris soutenu par deux colonnes toscanes en faux marbre vert.

- La tribune a ses murs beiges. La voûte est peinte à l'éponge dans des tons beiges. Petite rosace en plâtre au centre. Main-courante en bois à balustres carrés. L'arc ouvrant sur la nef peint en appareil de faux marbre gris est orné d'une frise de feuilles d'eau en plâtre ; au sommet une tête d'ange. Couleur blanche.

- La nef. Elle présente des élévations symétriques de trois travées séparées par des pilastres corinthiens soutenant un entablement où règnent perles, cannelures et oves. Les pilastres sont en faux marbre vert ; chapiteaux et entablement blancs.

Les arcs ouvrant sur les collatéraux et les piles sont en faux marbre gris ; clés avec mascarons identiques dorés. Intrados à panneau central en faux appareil ocre jaune piqueté de beige. La voûte est traitée de même ; des doubleaux à caissons ornés d'une rosace séparent les travées au centre desquelles se trouvent des rosaces entourées de feuilles d'eau de couleur blanche se détachant sur un fond brun. La partie des murs latéraux au-dessus des arcs est peinte en brun avec un semis de fleurs de lys dorées au pochoir. Deux pilastres jumelés (et les doubleaux correspondants) encadrent les élévations de la nef.

- Le chœur comprend donc une travée droite traitée comme le reste de la nef. Seule la rosace centrale de la voûte, ornée de têtes d'anges blanches sur fond bleu diffère. Le cul-de-four est entièrement recouvert de rosaces de taille décroissante vers le sommet marqué par une demi rosace de feuilles. Fond rose, rosaces blanches à pistil jaune (marguerites). Deux pilastres encadrent la triple fenêtre. Les murs de la travée droite et de l'abside ont un semis de fleurs au pochoir sur un fond gris vert. Deux niches en cul-de-four bleu étoilé dans l'abside.

- Les collatéraux ont leurs murs beiges. Encadrement des fenêtres, pilastres, piles de la nef et doubleaux sont en faux marbre gris. Voûtes peintes à l'éponge dans des tons beiges, arêtes blanches encadrées de filets rouges. Rosaces centrales. Niches en cul-de-four bleu étoilé aux extrémités (trois autres niches semblables remplacent les fenêtres dans le collatéral nord).

Carrelage industriel dans le chœur et les collatéraux. Plancher dans la nef.

B. Chapelle du Sacré-Cœur

Composition d'ensemble

Elle forme un volume homogène dégagé sur les trois côtés nord, est et sud.

Matériaux

Maçonnerie enduite à l'intérieur et à l'extérieur.

Structure

Elle comprend une nef de deux travées voûtées d'arêtes et un chœur semi-circulaire de même largeur couvert d'une voûte d'arêtes et de trois voûtains rayonnants. Le doubleau de la nef et l'arc triomphal retombent sur des piliers adossés, les nervures du chœur sur des culots. L'éclairage se fait par trois fenêtres en plein cintre sous les voûtes. Une tribune sous laquelle ouvre la porte d'entrée occupe la moitié de la surface de la première travée.

Élévations

L'ensemble de l'élévation est rythmé par des contreforts plats montant jusqu'à la corniche en cavet façonnée, dont il subsiste des vestiges sur la face nord. Tout est enduit et badigeonné de beige. Porte et fenêtres en plein cintre, celles-ci barrées d'une grille. Devant la porte, degré semi-circulaire de quatre marches.

Couverture

Le comble est rénové, ce qui a entraîné sa légère surélévation au nord par rapport à la corniche et la suppression de celle-ci au sud. On accède au comble par une porte ouverte au sommet d'un des contreforts du côté nord. Tôle ondulée.

Distribution intérieure

Murs et voûtes sont peints en beige. Trois fausses niches peintes en bleu et encadrées de faux marbre gris servent de fond, dans le chœur à des statues posées sur des consoles. Un filet rouge souligne lunettes et arêtes. Piliers, doubleaux et nervures sont peints en faux marbre gris en moyen appareil aux joints tracés en rouge. Un cartouche figurant la colombe du Saint-Esprit est peint à la clé des nervures. Un lambris règne autour de l'édifice (1, 80 m). Plancher refait.

La tribune a un garde-corps à balustres tournés ; elle est soutenue par un poteau central sommé d'un chapeau.

CONCLUSION

A. Eglise Saint-Jean-Baptiste

De l'édifice primitif il semble ne rester que le clocher intact. Sa position dans l'édifice actuel indique que l'édifice primitif se trouvait davantage à l'ouest, et qu'il en était complètement dégagé (position de l'ancienne porte). On a donc peut-être gardé une partie de l'ancienne église (la nef sans doute) pendant la construction de la nouvelle.

Reste à expliquer la présence de l'arc brisé de la tribune. Celui-ci n'a rien à voir avec le beau décor néo-classique de l'église et pourrait être un vestige conservé. Mais quelle cohérence pouvait-il y avoir avec l'ancienne église?

Le décor néo-classique pourrait dater de la première moitié du XIXe siècle (abside, chapiteaux, rosaces). Ses couleurs ont pu être rafraîchies ou modifiées ensuite.

B. Chapelle du Sacré-Cœur

Cet édifice homogène, construit selon toute apparence d'un trait, ne semble pas remonter au-delà du XVIIIe siècle.

1Les auteurs indiquent la date de 1431 T. 1 p. 86 et celle de 1408 T. Il p. 355.2Selon la révision des feux d'octobre 1433 citée par J. Tivollier et P. Isnel, T. II, p.114.

L'église paroissiale d'Aiguilles aurait été au moyen âge construite à proximité du Guil ; détruite par une crue au 15e siècle elle aurait alors été rebâtie à son emplacement actuel ; comme toutes les églises du canton, celle d'Aiguilles a probablement eu à souffrir des guerres de religion ; des réfections du 17e siècle ne subsistent que le clocher et peut-être une partie des murs de la nef ; l'église a été profondément remaniée dans le courant du 19e siècle ; la chapelle du Sacré-Coeur, qui a peut-être été une chapelle de confrérie de pénitents, semble du milieu du 18e siècle

L'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste est mitoyenne de la chapelle du Sacré-Coeur ; le choeur de l'église est constitué par une travée voûtée en berceau plein-cintre et un cul-de-four, sa nef par 3 travées voûtées en berceau et par 2 collatéraux voûtés d'arêtes ; l'une des sacristies est voûtée en berceau, la 2e d'arêtes ; la chapelle du Sacré-Coeur comporte une nef à 2 travées voûtées d'arêtes et un choeur à 3 pans couvert de voûtains rayonnants

  • Murs
    • pierre
    • enduit
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Toits
    tôle ondulée, pierre en couverture
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    3 vaisseaux, 1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte en berceau plein-cintre
    • cul-de-four
  • Couvertures
    • flèche en maçonnerie
    • toit à longs pans
    • pignon couvert
  • Typologies
    choeur à l'est ; clocher tour en demi hors-oeuvre
  • Techniques
    • peinture
    • décor stuqué
    • vitrail
  • Représentations
    • instrument de mesure
    • fleur de lys
    • fleur
    • étoile
    • feuillage
  • Précision représentations

    sujet : cadran solaire, support : peint sur la face sud du clocher ; sujet : fleurs de lys, guirlande de fleurs, faux marbre, faux appareil, étoiles, support : peints sur les murs de la nef et du choeur ; sujet : chapiteaux à feuillages, motifs végétaux, support : décor stuqué de la voûte du choeur et des pilastres de la nef

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Bibliographie

  • ROMAN, Joseph. Répertoire archéologique du département des Hautes-Alpes. Paris : Imprimerie nationale, 1888.

  • TIVOLLIER, Jean, ISNEL, Pierre. Le Queyras (Hautes-Alpes), 2 vol. Marseille : Laffitte Reprints, 1985.

    T. I, p. 86 ; T. II, p. 114, 350, 355.
Date d'enquête 1987 ; Date(s) de rédaction 1994
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.