Dossier d’œuvre architecture IA84000051 | Réalisé par ; ;
Sauze Elisabeth (Contributeur)
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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Bonan Aurélie (Rédacteur)
Bonan Aurélie

Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.

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  • inventaire topographique
Église paroissiale Saint-Jean-Apôtre dite Saint-Jean-Baptiste
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis - Pertuis
  • Commune Beaumont-de-Pertuis
  • Adresse place de la Colonne
  • Cadastre 2013 H1 134  ; 1943 H1 134  ; 1838 H1 162
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Jean-Apôtre
  • Appellations
    Saint-Jean-Baptiste

HISTORIQUE DÉTAILLÉ :

La date de fondation de l'église paroissiale de Beaumont, sous le vocable de Saint-Jean, ne peut être fixée avec certitude. Elle est probablement contemporaine de la fondation du village lui-même, au tout début du Moyen Âge central.

La première mention fournie par les textes remonte aux dernières années du 11e siècle (1092) : l'église Saint-Jean de Beaumont figure dès cette date comme siège d'un prieuré rattaché à la mense canoniale de Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence, appartenance confirmée par la suite dans trois privilèges pontificaux de 1175, 1186 et 1191. Hormis ces preuves de son existence, nous n'avons aucun renseignement sur l'édifice original (probablement construit au 12e siècle).

Dès son apparition dans les documents cités ci-dessus, le prieuré Saint-jean semble avoir été une fondation importante et l'une des plus grasses prébendes du chapitre cathédral d'Aix-en-Provence : en 1264 déjà, il est partagé entre deux chanoines et le restera jusqu'à la Révolution ; en 1274, il paye 4 livres, 5 sous, 10 deniers de décime pour la part du vicaire et 6 livres, 5 sous, 4 deniers pour celle des prieurs, ce qui constitue une contribution très élevée ; en 1351, la décime s'élève encore à 60 sous pour le vicaire et 6 livres pour les prébendés ; en 1511 encore, la première des deux prébendes est arrentée pour la somme annuelle de 135 florins d'or. Cet état de fait est en relation étroite avec la situation de Beaumont, bourgade peuplée et prospère pendant tout le Moyen Âge.

Nous n'avons aucun renseignement concernant la construction de l'édifice.

Toutefois, un document de 1372 mentionne une réparation du clocher (et des cloches) de l'église.

Un autre, le procès-verbal de la visite pastorale du 12 octobre 1486, signale que l'église est en bon état.

En 1583, les syndics de la communauté se trouvent en procès avec les prieurs prébendés au sujet du paiement des travaux ordonnés par l'archevêque d'Aix dans sa visite pastorale du 31 août 1582 : la couverture de bards (dalles de pierre) en très mauvais état laisse infiltrer les eaux de pluie, la voûte et les murs sont abîmés en plusieurs endroits, le clocher-arcades, qui comporte alors quatre baies, menace ruine : l'ensemble a un besoin urgent de réparations ce que confirment les trois maçons convoqués séance tenante pour expertise. Ces divers travaux furent sans doute exécutés peu après. Le clocher reconstruit ne comprit plus par la suite que trois cloches.

Après cette affaire et pendant toute la durée du 17e siècle, on ne s'est apparemment plus guère soucié de l'entretien de l'église : les délibérations communales ne contiennent rien à ce sujet et il est probable que c'est en partie à cette carence que l'église doit sa ruine au début du 18e siècle.

La chapelle latérale au nord a toutefois été construite dans la première moitié du 17e siècle.

Le procès-verbal d'une enquête effectuée le 7 novembre 1639 par le vicaire général de l'archevêché d'Aix permet d'affirmer que le presbytère se trouvait alors à l'emplacement de l'actuelle sacristie.

Le 5 octobre 1704, les consuls de Beaumont font approuver par le conseil de ville le prix-fait donné par eux à Jérôme Long, maçon du lieu, pour la réparation du couvert de l'église. Ce n'est probablement pas suffisant, car le tremblement de terre du 14 août 1708 ouvre de telles lézardes dans les murs et la voûte que le conseil se décide à convoquer des experts. Maître Jean Barrière, maçon réputé de Pertuis , dresse un devis des réparations nécessaires, qu'il offre d'exécuter pour la somme de 800 livres. La dépense fait hésiter les consuls, qui se bornent à faire boucher les fentes au mortier et étayer la muraille sud, la plus atteinte, ainsi que la tribune. Le prix-fait donné au maçon Jérôme Long (qui comprend également quelques réparations aux toitures des fours et moulin à huile communaux et de la maison de ville) s'élève plus modestement à 16 livres 10 sous.

Les consuls nouvellement élus pour l'année 1709 ne manifestent d'abord guère plus d'inquiétude : les 5 et 6 février, trois gros peupliers sont abattus et transportés sur la place de l'église pour étayer le mur sud de celle-ci mais, en même temps, ils ont fait prévenir le prieur prébendé, le chanoine Defargue, qui a envoyé pour expertise l'entrepreneur aixois Arnaud Escursan et son fils. Le rapport des experts est assez alarmant pour que l'ordre soit donné d'évacuer tout le mobilier, autels et retables de l'église. Le vicaire célèbre les offices à la chapelle Notre-Dame-de-Beauvoir et le Saint-Sacrement est transféré dans une maison voisine. Le 18 février, alors que l'on procède à la descente des cloches, toute la voûte, le mur sud et la moitié sud de l'abside s'effondrent, écrasant dans leur chute plusieurs maisons (dont le moulin à huile et le four à pain communaux) : il ne peut plus s'agir de réparations mais d'une véritable reconstruction.

Pour la petite communauté de Beaumont, désormais grevée de dettes et de faibles ressources, l'affaire est d'importance et il faudra plus de neuf ans pour en venir à bout.

On commence par un procès contre les chanoines prébendés qui refusent de payer leur part des dépenses (juridiquement, ils doivent le tiers). Pendant ce temps, la communauté entreprend les opérations les plus urgentes dont la protection sommaire des restes de l'église et le déblaiement des décombres qui obstruent la place.

Au début de l'année 1710, on fait construire un four à chaux et abattre ce qui reste du clocher et qui menace de tomber. Cependant, à la suite d'un accord avec les prieurs, l'architecte aixois Vallon a été chargé de dresser le plan et le devis de reconstruction. En janvier 1711, lasse d'attendre, la communauté décide de commencer les travaux de déblaiement, charroi des matériaux et construction de nouveaux fours à chaux, avec la contribution obligatoire d'une journée de travail par famille, contribution renouvelée (et augmentée pour les plus riches) à la fin du mois. Après de longues tergiversations, le prix-fait de reconstruction est enfin passé à Aix, le 22 avril 1714, entre la communauté et les prieurs, d'une part et les maçons aixois Claude Joseph Silvy et Jean Farruel, moyennant la somme totale de 4000 livres. A cette occasion, la voûte de la nef est surélevée et la couverture en dalles de pierre, remplacée par une couverture en tuile creuse.

Le bâtiment n'est achevé qu'en 1718. En juin 1718, maître Ravel d'Aix pose les vitres et Claude Silvy blanchit à la chaux les murs du sanctuaire.

Signalons la présence à quelques mètres du chevet, comme clé d'arc de la porte d'une maison voisine, d'un corbeau sculpté d'un masque fantastique, utilisé en remploi, et qui pourrait provenir de la partie sud de l'église primitive (la nature du matériau et les traces d'outils qu'il porte l'apparente à l'appareil du mur nord).

L'entretien de l'église paraît avoir été mieux assuré par la suite : les délibérations communales font état, à diverses reprises, de travaux de réfection du bâtiment, principalement la toiture mais aussi les escaliers de l'entrée.

En 1812, un nouveau tremblement de terre vient ébranler l'édifice : la voûte est crevassée, la corniche de pierre et la toiture du clocher se sont écroulées, ainsi que le plafond de la chapelle de la Vierge. Les réparations, effectuées aux frais du département, se bornent aux travaux de consolidation les plus urgents et la corniche du clocher est remplacée par une génoise à deux rangs de tuiles.

Malgré de menus travaux exécutés en 1825 et 1828, l'état de la toiture demeure alarmant, d'autant plus que deux nouvelles secousses telluriques se font sentir en 1833 : un devis, dressé en 1839, envisage une réfection totale dont le coût monte à près de 2000 francs de l'époque. La dépense reste trop élevée pour la commune, qui se contente, cette fois encore, de réparations partielles concernant uniquement la toiture du clocher. En 1849, la réfection de la toiture est toujours à l'ordre du jour, mais le problème n'est résolu de façon sérieuse qu'en 1867.

Les décors peints de la nef, du chœur et des chapelles latérales, de même que les lambris du chœur et des chapelles, ainsi que les vitraux des chapelles, datent de la seconde moitié du 19e siècle.

Les sols datent eux du début du 20e siècle.

DESCRIPTION DÉTAILLÉE :

1) Situation :

Le village de Beaumont est édifié sur une butte calcaire dont il épouse la forme : l'église est bâtie au sommet du versant oriental. La masse de ses bâtiments, dominée par la tour du clocher, forme le point culminant de l'étagement des maisons auquel elle s'intègre parfaitement tant par ses volumes que par l'aspect de ses matériaux.

On note un double dénivelé du sol sur lequel l'édifice est implanté :

- 4 m d'ouest en est

- 1,5 m du nord au sud.

La roche, lentille de calcaire lacustre de l'Helvétien, affleure :

- au nord, dans l'angle oriental de la chapelle latérale et de la nef

- au sud-est, dans l'angle de la sacristie et de l'abside.

2) Composition d'ensemble :

L'édifice très massif par ses formes ramassées, où les pleins prédominent sur les vides, ne présente aucun décor ; l'appareil de moellons calcaires occupe la majeure partie des parements. Cet effet est accentué en perspective rapprochée par l'enserrement des constructions avoisinantes qui interdit toute vision d'ensemble.L'édifice n'admet aucune mitoyenneté mais les circulations sont très étroites (0,80 m à l'ouest) et ne constituent pas de véritables dégagements, excepté la place de la Colonne au sud.

3) Les matériaux et leur mise en œuvre :

L'édifice est entièrement construit en pierre ; ce matériau, apparent à l'extérieur, est recouvert à l'intérieur par un enduit épais. La toiture et la génoise sont en tuiles creuses.

Les matériaux pierreux appartiennent à trois types :

- un calcaire dur à granulation fine. D'une coloration jaune avec oxydation grise en surface, il tend à se déliter superficiellement et est apparenté à la roche en place (calcaire lacustre de l'Helvétien) : type a

- une molasse coquillière assez tendre de coloration jaune : type b

- un calcaire crayeux jaunâtre : type c.

Au type a, correspond l'ensemble du gros-œuvre mais avec des différences et des irrégularités dans la mise en œuvre :

- moyen appareil (L = 0,30 m à 0,70 m ; l = 0,20 m à 0,45 m) en lits réguliers, à joints serrés laissant peu paraître le mortier ; les arêtes en sont épannelées, le parement dressé au pic. Sont concernés le mur nord de la nef (jusque et y compris la rangée de dalles située à 0,25 m sous la génoise), avec retour sur le mur oriental de la nef jusqu'au contrefort y compris, la moitié nord de l'abside, le mur occidental de la nef jusqu'à la fissure à 3 m de l'angle sud-ouest.

A ce mode de mise en œuvre correspondent trois baies en plein-cintre soigneusement appareillées : la fenêtre haute de la façade occidentale, la porte murée de la première travée ouest, au mur nord de la nef et la fenêtre nord-est de l'abside.

Le parement intérieur des parties de l'édifice citées ci-dessus, d'après ce que l'on peut voir aux endroits où l'enduit est arraché ainsi que dans les deux niches situées l'une dans la première travée de la nef (porte murée), l'autre dans la troisième travée (armoire murale), semble être analogue.

- moellons de dimensions identiques, mais mis en œuvre avec beaucoup moins de régularité. Les lits changent d'épaisseur ou sont interrompus par des moellons plus gros ; des moellons bruts sont mêlés aux moellons piqués, les joints lâches, emplis de mortier. Sont concernés le mur sud de la nef, avec retour sur la façade occidentale jusqu'à la fissure, les murs de la sacristie, le niveau inférieur du clocher et le niveau supérieur, jusqu'à hauteur de l'appui des baies, la moitié sud de l'abside et les murs de la chapelle nord.

En outre, dans les parements extérieurs et intérieurs du clocher, ainsi que dans la première travée de l'élévation sud (au-dessus du portail et dans le contrefort sud-ouest), des moellons ont été réemployés : ils sont ornés d'un tore analogue à celui de la fenêtre haute du mur occidental de la nef.

- blocage de moellons bruts et moellons piqués en remploi, noyés dans un mortier. Sont concernés l'étage supérieur du clocher au-dessus du niveau de l'appui des baies et le mur oriental de la nef, au dessus de l'abside.

Le type b correspond à des moellons soigneusement taillés, à joints irréguliers et concerne l'appareil de la majorité des baies de l'édifice :

- le portail (façade sud)

- les fenêtres hautes de la nef (façades sud et nord)

- les baies du clocher (fenêtres du niveau inférieur éclairant la chapelle latérale sud et baies du niveau supérieur)

- les fenêtres de la chapelle latérale nord

- la fenêtre de l'étage de la sacristie (façade sud).

Les matériaux de type c ont seulement été affectés à la réalisation des pierres utilisées pour murer la porte de la première travée nord de la nef. il s'agit de moellons épais (0,50 m à 0,70 m) ; le parement de la porte porte de nombreuses traces d'outils, disposées en stries parallèles ou en arêtes de poisson (traces d'escudo). Les deux moellons au-dessus de la plinthe portent chacun une marque de tâcheron (les deux seules relevées sur l'édifice).

Ces moellons sont visiblement utilisés en remplois.

Il est à noter que par leur matériau, leurs dimensions, leurs traces d'outils et leurs marques, ils s'apparentent de très près à ceux utilisés pour la construction de la chapelle Notre-Dame-de-Beauvoir (IA) dont ils pourraient provenir.

4) Parti général, plans, coupes et élévations intérieures :

4.1 Parti général :

Cet édifice possède un vaisseau unique et une abside semi-circulaire voûtés.

4.2 Plans :

Au rez-de-chaussée, le vaisseau est flanqué, au milieu de ses murs nord et sud, de deux chapelles latérales, la chapelle sud constituant l'étage inférieur de la tour du clocher. Le périmètre du bâtiment présente donc la forme d'une croix, rendue irrégulière par la présence de la sacristie dans l'angle sud-est, entre la chapelle sud et la nef.

L'accès se fait de l'extérieur par un portail percé dans le mur sud de la première travée de la nef et précédé extérieurement d'un degré carré. Une porte murée existe dans le mur nord de la même travée.

La nef a trois travées barlongues voûtées d'arêtes séparées par des arcs doubleaux. Les piles1 I sont engagées dans le mur occidental. Les piles II et III sont plus larges (1,30 m contre 0,80 m) et flanquées d'un pilastre portant l'arc doubleau.

L'organisation liturgique de l'espace intérieur ne coïncide pas avec les divisions architecturales : le chœur, dont l'entrée est marquée par un degré à deux marches, annexe la moitié orientale de la troisième travée de la nef.

Contre le mur occidental, un autre degré à deux marches s'élargit dans l'angle nord-ouest pour former le soubassement pentagonal des fonts baptismaux.

L'angle sud-ouest est occupé par la cage de l'escalier de la tribune (bois et maçonnerie).

La chapelle latérale sud est voûtée d'arêtes, celle du nord, voûtée sur ogives.

La chapelle basse est logée sous le chœur ; son plan reproduit celui de l'abside, mais il empiète à l'ouest sur la troisième travée de la nef. L'accès se fait par une porte précédée d'un degré de trois marches. Deux fenêtres sont situées de part et d'autre de la porte.

Entre les moitiés sud et nord de l'édifice, on note des dissymétries concernant :

- l'épaisseur des murs de la nef (de 1,10 m à 1,20 m au nord et de 1,10 m à 0,60 m au sud),

- les systèmes de contrebutement,

- la liaison entre les corps de bâtiments latéraux et la nef : au nord, les murs de la chapelle sont collés sur les deuxième et troisième contreforts ; au sud, les murs de la tour du clocher et de la sacristie sont cohérents avec le mur de la nef,

- le tracé du mur occidental, dévié extérieurement à 3 m de l'angle sud et la présence d'une fissure sur ce même mur, coïncidant avec un changement d'appareil.

En outre, sur le plan de la chapelle basse :

- la porte est décentrée vers le sud,

- les fenêtres ne sont pas situées symétriquement par rapport à l'axe est-ouest et leurs embrasures sont de formes différentes,

- sur le mur nord, près de l'angle nord-ouest, trois niches de profondeurs diverses sont pratiquées dans le mur. Si l'on excepte les cloisons latérales qui sont collées sur le parement du fond, on retrouve à ce niveau le tracé de la quatrième pile nord. Cette disposition ne se retrouve pas sur le mur sud.

4.3 Coupes transversales et longitudinales :

Le voûtement :

- la nef : une voûte d'arêtes prend appui sur les murs ouest et est, et sur les deux arcs doubleaux en plein cintre retombant sur des corbeaux (piles II) ou sur des pilastres (piles III). Deux murs édifiés au-dessus des arcs doubleaux portent la toiture. La présence d'un enduit à l'intérieur et de gravats sous le comble ne permet pas d'en analyser l'appareil.

- l'abside présente une voûte en cul-de-four renforcée par un arc doubleau en plein cintre.

En ce qui concerne l'épaulement transversal :

- du côté nord, chaque pile est épaulée par un contrefort ancré en harpe dans le mur ; de plus, la chapelle latérale nord renforce les contreforts des piles II et III,

- du côté sud, seule la pile I est dotée d'un contrefort analogue à ceux du mur nord, bien que d'un appareil différent.

Pour les piles II et III, les murs latéraux du clocher remplissent ce rôle. La pile IV est épaulée par le mur oriental de la sacristie que surmonte, pour la partie haute, un contrefort deux fois moins large que ceux du mur nord (0,80 m).

En ce qui concerne l'épaulement longitudinal, à l'est, il est assuré par l'abside renforcée elle-même dans sa moitié nord par trois contreforts. Le mur oriental de la nef, au-dessus de l'abside, est épaulé de côté nord par un contrefort prenant appui sur le mur de l'abside. il n'a pas son symétrique du côté sud.

Nous n'avons pas d'information sur les fondations. Les affleurements de la roche en place laissent à penser qu'elles sont peu profondes.

La dénivellation d'ouest en est est compensée :

- sous le chœur, par la présence de la chapelle basse couverte d'un plafond

- sous la nef, par un remblaiement important, puisque même à l'ouest, le sol intérieur se trouve à un niveau supérieur à celui du sol extérieur.

Une tribune de bois avec plancher maçonné est édifiée contre le mur occidental et repose sur trois poutres transversales.

4.4 Les élévations intérieures :

Le mur oriental et l'abside :

Le mur oriental de la nef forme au-dessus de l'abside un mur diaphragme aveugle (une fenêtre murée, visible de l'extérieur, est située dans la partie supérieure).

L'abside s'ouvre dans ce mur par un arc en plein cintre, renforcé par un doubleau en ressaut. Tous deux sont portés par des culs-de-lampe. Leur moulure supérieure, un quart-de-rond, se prolonge à l'est par un bandeau de même forme régnant tout autour de l'abside, à l'ouest sur les piles IV par les impostes des grandes arcades.

L'abside est aveugle. Dans l'épaisseur du mur sont pratiquées deux niches hémicylindriques couvertes en cul-de-four, symétriques.

Le mur occidental :

Ce mur est coupé à mi-hauteur par la tribune. Au-dessous de celle-ci, dans l'angle sud, se situe sa cage d'escalier d'accès. Au-dessus de la tribune, se trouve une fenêtre axiale plein cintre, à châssis dormant vitré.

Les murs nord et sud :

Il s'agit d'une élévation à deux niveaux : celui des grandes arcades et celui des fenêtres hautes.

Ces deux niveaux sont séparés par un cordon en forme de quart-de-rond analogue à celui de l'abside (h = 0,19 m ; p = 0,14 m). Ce bandeau fait un ressaut formant imposte sur les deux doubleaux et dans l'angle nord-ouest.

On a déjà noté la dissymétrie des piles au-dessous de ce bandeau : sur les piles II, le doubleau est porté par un cul-de-lampe formé de trois quarts-de-rond superposés en encorbellement les uns par rapport aux autres. Dans l'angle nord-ouest, se trouve un cul-de-lampe analogue à celui de la pile II, mais formé seulement de deux quarts-de-rond ; il n'a aucune fonction structurale et n'est pas engagé dans le mur occidental. il n'a pas son symétrique sur le mur sud.

Les grandes arcades, de largeur identique (5,50 m), sont formées d'arc en plein cintre à double rouleau ; le parement du rouleau inférieur et de son piédroit se trouve en retrait de 0,25 m sur le nu du mur. La naissance des deux rouleaux est soulignée par une imposte faisant retour sur le parement extérieur du rouleau inférieur, mais s'arrêtant au nu du mur. Seule exception à cette règle, l'imposte des piles IV fait retour pour se prolonger sur les culs-de-lampe de l'arc triomphal, puis par le cordon de l'abside.

La modénature de ces impostes appartient à deux types :

- quart-de-rond pour les piles IV

- doucine droite pour les autres.

Seules les grandes arcades de la deuxième travée sont ouvertes : elles donnent sur les chapelles latérales. Chacune des chapelles est éclairée par deux fenêtres percées dans le mur opposé à l'entrée (murs sud et nord) ; ce sont des baies en plein cintre à double ébrasement munies d'un châssis dormant.

Du côté sud :

- les murs sous les grandes arcades des première et troisième travées sont percés respectivement par le portail d'entrée et par la porte de la sacristie,

- dans le mur de la troisième travée, à droite et au-dessus de l'imposte ouest, se trouve une fenêtre murée qui donnait sur l'étage au-dessus de la sacristie.

Du côté nord, le mur sous les arcades de la première travée possède une porte murée.

Les fenêtres hautes sont des baies en arc en segment à faible rayon de courbure, à double ébrasement (l'ébrasement intérieur étant peu marqué).

Les fenêtres des première et troisième travées sont garnies de châssis dormant avec vitraux modernes. Celles de la deuxième travée sont aveugles : la fenêtre nord n'était ouverte qu'au tiers supérieur (au-dessus du toit de la chapelle latérale), aujourd'hui muré (dans la partie inférieure, une embrasure d'une dizaine de centimètres de profondeur complète le volume de la baie) ; la fenêtre sud est feinte (embrasure de 0,10 m de profondeur).

La tour du clocher :

La tour du clocher fait corps dans sa partie inférieure avec la sacristie et le mur sud de la nef auquel l'une et l'autre sont accolées ; l'ensemble résulte d'un même programme de construction.

Le plan est rectangulaire. L'épaisseur des murs à la base (1,25 m en moyenne) s'explique par la double fonction d'assise de la tour et l'épaulement latéral de la nef.A hauteur de la génoise du toit de la nef, les murs perdent 0,25 m d'épaisseur au détriment du périmètre extérieur, ce qui se traduit par une retraite du parement ; cette retraite est soulignée par un lit de pierres bien appareillées formant saillie en forme de tore au-dessus du niveau inférieur.

Le corps du bâtiment comporte un rez-de-chaussée et deux étages :

- le rez-de-chaussée (chapelle latérale) est voûté d'arêtes.

- le premier étage est séparé du second par un plancher que soutiennent trois poutres engagées dans les murs nord et sud. Trois fenêtres (murs est, sud et ouest), rectangulaires très étroites (0,15 m) à ébrasement intérieur, l'éclairent.

- le second étage, sous combles, s'ouvre largement sur l'extérieur par quatre grandes baies en plein cintre.

Entre le rez-de-chaussée et le premier étage, la tour n'a pas d'escalier propre : l'accès se fait par l'escalier desservant l'étage au-dessus de la sacristie. A partir de ce niveau, cet escalier se prolonge par une volée droite à pente très raide pratiquée dans l'épaisseur du mur oriental de la tour qu'elle traverse perpendiculairement.

L'accès au second étage se fait par un escalier en vis (bois et plâtre) aménagé dans le volume intérieur de la tour entre les murs nord et est et une cloison de plâtre. Cet escalier effectue une révolution et demie en tournant sur la gauche. Au dernier quart de la première révolution, à un mètre au-dessus des marches, un passage pratiqué dans le mur nord, donne accès aux combles de la nef.

Le corps de bâtiment de la sacristie :

Ce corps de bâtiment comporte un rez-de-chaussée plafonné (niveau 0,70 m au-dessus de l'imposte des grandes arcades) et un étage voûté d'arêtes. Un escalier intérieur logé dans l'angle sud-ouest permet l'accès à l'étage de ce corps de bâtiment et au premier étage du clocher.

5) Les élévations extérieures :

5.1 La façade :

La façade occidentale, du fait de l'enserrement des maisons voisines, ne comporte qu'une seule baie placée immédiatement sous l’égout du toit (elle empiète sur la génoise interrompue à cet endroit). C'est une fenêtre en plein cintre dont le pourtour extérieur est souligné par un tore dégagé par une incision dans le parement de la façade.

On a noté la fissure verticale courant de la génoise au sol, à 3 m de l'angle sud-ouest. Ce dernier est lui aussi garni d'un tore dégagé par incision des faces sud et ouest du contrefort (diamètre : 12,5 cm).

5.2 L'élévation sud :

L'élévation sud est la seule qui soit parfaitement cohérente : un seul type d'appareil (si l'on excepte la partie supérieure du clocher), pas de collages ni de reprises de construction. Elle est en grande partie occupée par l'avant-corps de la tour du clocher et de la sacristie. A sa base, règne une plinthe dont la face supérieure est horizontale.

Le mur de la nef apparaît entre l'angle sud-ouest et la tour du clocher, et au-dessus du toit de la sacristie.

A l'ouest, figure une travée d'ouvertures :

- au niveau inférieur, le portail architecturé avec entablement est porté par deux pilastres (ordre toscan), la baie, en arc en segment, est entourée d'un chambranle appareillé à refends qui cache aux deux-tiers les pilastres et empiète sur l'architrave, l'arête interne de ce chambranle est soulignée par une moulure, la base est constituée par la plinthe,

- au niveau supérieur, se trouve une fenêtre haute en arc de segment à faible rayon de courbure.

A l'est, une fenêtre haute, identique à la première, est masquée dans sa partie inférieure par le toit de la sacristie.

Les élévations extérieures de la tour du clocher présentent deux niveaux séparés par le tore soulignant la retraite du parement :

- le niveau inférieur (correspondant au rez-de-chaussée et aux deux-tiers du premier étage) ne présente que deux élévations : l'élévation ouest aveugle et l'élévation sud, percées des deux fenêtres en plein cintre de la chapelle latérale.

- le niveau supérieur est percé sur ses quatre faces par les grandes baies en plein cintre du second étage, avec tablettes d'appui formant saillie en forme de tore. Sous ces baies, sur les faces ouest, sud et est, l'ouverture des fenêtres du premier étage, simples fentes dans le parement (0,15 m x 0,50 m) est peu visible.

Le corps de bâtiment de la sacristie présente :

- sur l'élévation sud, deux baies : la porte de l'escalier et la fenêtre de l'étage,

- sur l'élévation orientale, la fenêtre du rez-de-chaussée.

5.3 L'élévation nord :

L'élévation nord est constituée essentiellement par l'élévation de la nef avec, au centre, l'avant-corps de la chapelle latérale.

Le mur de la nef possède un rythme régulier de quatre contreforts de largeur semblable (1,70 m, hormis pour le contrefort ouest d'1,90 m) ; ils divisent verticalement cette élévation en trois travées régulières d'une largeur de 4,50 m.

Ces contreforts sont couverts d'une dalle de pierre inclinée vers l'extérieur. Le contrefort est s'élève 0,25 m au-dessus du niveau supérieur des autres.

A la base du mur, règne une plinthe formant saillie d'une dizaine de centimètres sur le nu du mur ; sa face supérieure est taillée en biseau à 45°. Cette plinthe fait ressaut sur chaque contrefort. Du fait de la forte dénivellation du sol d'ouest en est, elle s'étage en segments horizontaux à une hauteur moyenne d'un mètre au-dessus du sol.

Dans la partie supérieure de chaque travée, immédiatement sous la génoise, s'ouvre une fenêtre haute en arc en segment. La fenêtre centrale s'interrompt au-dessus du toit de la chapelle latérale nord. L'appareil de ces baies tranche nettement tant par la nature du matériau que par sa mise en œuvre, sur le parement de la façade dans lequel elles sont maladroitement insérées.

Quinze centimètres en moyenne au-dessus des contreforts, une rangée de dalles de pierre, épaisses d'une dizaine de centimètres, fait saillie de 0,20 m. Au-dessus, l'appareil régulier du parement fait place à un blocage. Cette rangée est interrompue par les trois fenêtres hautes et au-dessus des contreforts est et ouest. C'est le vestige de la toiture primitive.

Dans la partie inférieure de la travée ouest, se note une porte murée dont l'arc en plein cintre est très bien appareillé en claveaux concentriques longs et étroits. Cet appareil est parfaitement cohérent, par la nature et le travail du matériau, avec celui du parement de la façade. L'ouverture de cette porte interrompait la plinthe sur laquelle elle empiétait de 0,40 m. Elle a été murée à l'aide de moellons de remploi.

La chapelle latérale nord possède deux fenêtres en plein cintre. Les élévations latérales sont aveugles. La plinthe du mur de la nef ne fait pas retour sur ce corps de bâtiment.

5.4 L'élévation orientale :

L'élévation orientale est formée par l'étagement de l'abside et de la nef ; l'ensemble présente une dissymétrie entre les moitiés nord et sud, résultant des différentes anomalies signalées lors de l'étude du plan et de la coupe de l'édifice.

L'abside est divisée en deux par une fissure verticale située approximativement dans l'axe :

- sur la moitié nord se trouvent trois contreforts à angles abattus par un chanfrein, ancrés en harpe dans le parement. Le premier à l'ouest, construit dans l'angle du mur oriental de la nef et de l'abside est moins large que les deux autres (0,25 m contre 0,33 m). En outre, il s'arrête à 3 m au-dessus de la plinthe et repose sur un corbeau. Les deux autres contreforts descendent jusqu'à la plinthe qui règne tout autour de l'abside et qui fait ressaut en forme de soubassement sous ces contreforts. La face supérieure de cette plinthe est taillée en biseau comme sur le mur nord de la nef.

Ces trois contreforts sont visiblement tronqués à leur sommet : ils s'interrompent à 1 m sous la génoise ; les quatre lits de moellons qui les surmontent ne sont pas appareillés comme cette moitié nord de l'abside (ce sont des moellons piqués de forme plus irrégulière à joints lâches masqués par du mortier).

Dans la portion nord-est de l'abside (délimitée par les deuxième et troisième contreforts), s'ouvre une fenêtre en plein cintre à l'embrasure très étroite (l = 0,20 m) et double ébrasement. Son appareil est cohérent avec celui du parement. L'allège s'est effondrée et été reconstituée grossièrement avec des moellons de remploi.

- sur la moitié sud, il n'y a pas de contreforts et les deux baies de la chapelle basse, porte et fenêtre, sont rectangulaires.

La fente médiane suit un tracé particulier à droite de la porte : elle dessine un quart de cercle que l'on pourrait interpréter comme l'arrachement de l'appareil d'une baie axiale analogue à la fenêtre de la section nord-est (même niveau et dimensions semblables).

Le mur oriental de la nef, outre une dissymétrie liée à la présence d'un contrefort, présente, dans l'axe de l'abside et empiétant sur la génoise, une baie, intérieurement murée, dont l'appui est ébrasé extérieurement à ressauts.

6) Combles et couvertures :

Le matériau utilisé pour toutes les toitures de l'édifice est la tuile creuse. L'égout des toitures est soutenu par une génoise à trois rangs de tuiles (deux seulement pour le clocher).

La nef possède une toiture à deux croupes droites. il n'y a pas de fermes, le support des pannes et des arêtiers de croupes étant assuré par deux murs (blocage) édifiés au-dessus des arcs doubleaux de la voûte ; chacun d'entre eux est allégé par deux ouvertures aux formes irrégulières.

L'abside est couverte d'un toit en demi-cône reposant sur la voûte.Le clocher est pourvu d'un toit à deux croupes droites, porté par deux fermes reposant sur les murs nord et sud.

Le toit de la chapelle latérale sud est en demi-pyramide. Le volume sous comble étant inaccessible, la charpente n'a pu être analysée.

7) Éléments de distribution intérieure :

7.1 Nef et chœur :

La voûte de la nef ainsi que les doubleaux sont entièrement recouverts d'un enduit blanchâtre. Le cul-de-four du chœur est peint en bleu avec un semis d'étoiles dorées.

Les murs de la nef sont recouverts du même enduit que la voûte. Sur le mur occidental, sous la tribune, un décor a été peint : un faux-marbre pour la partie inférieure et au-dessus, en trompe-l’œil, une grotte entourée de guirlandes de fleurs roses, s'ouvrant sur un ciel.

Le mur du chœur est recouvert dans sa partie inférieure par un lambris. Entre ce lambris et le bandeau régnant à hauteur d'imposte, ont été peints en trompe-l’œil de faux-marbres et des tentures.

Le sol est composé de carreaux ciment ; les degrés du chœur sont marbre blanc.

7.2 Chapelles latérales :

Les ogives de la chapelle nord retombent sur quatre culs-de-lampe identiques.

Les murs des chapelles sont lambrissés jusqu'à hauteur de l'appui des fenêtres. Ce lambris est interrompu entre les deux fenêtres par un autel adossé et le retable qui le surmonte.

Sous chacune des fenêtres, derrière le lambris, une niche hémicylindrique couverte en cul-de-four sert de placard auquel on accède par une porte aménagée dans un panneau. Dans la niche ouest de la chapelle nord, a été apposé un graffiti à la peinture rouge sur le côté gauche, à la naissance du cul-de-four : "1777".

Les murs au-dessus du lambris sont décorés de peintures murales en trompe-l’œil (architectures et draperies).

Les sols sont recouverts de carreaux ciment. La marche d'accès à la chapelle et aux degrés de l'autel sont en marbre blanc.

7.3 Chapelle basse :

Cette chapelle a récemment été aménagée en chapelle d'hiver. Son plafond est de plâtre, ses poutres et ses murs sont enduits. L'éclairage est assuré par deux fenêtres situées de part et d'autre de la porte. Le sol est recouvert de carreaux ciment.

7.4 Corps de bâtiment de la sacristie :

Au rez-de-chaussée se trouve la sacristie, à l'étage, une pièce de rangement.

La sacristie a deux accès :

- par l'église, grâce à une porte située dans le mur sud de la troisième travée de la nef,

- par l'escalier situé dans l'angle sud-ouest conduisant, un demi-étage plus bas, à la porte ouverte dans la façade sud (cet accès n'est plus utilisé). Cet escalier dessert également l'étage et sert d'accès au premier étage du clocher. il est logé dans une cage de plâtre prise sur le volume intérieur du corps de bâtiment. C'est un escalier à moitié tournante autour d'un mur d'échiffre plein en plâtre, ses marches sont à nez de bois et giron mallonné.

La sacristie a un plafond de plâtre, ses murs sont enduits. L'éclairage se fait par une fenêtre à ébrasement intérieur percée dans le mur oriental. Son sol est mallonné.

La salle de l'étage possède une voûte enduite et un sol mallonné.

Dans l'angle nord-ouest, une cloison élevée entre la cage de l'escalier et le mur nord détermine une petite pièce utilisée comme placard. A l'intérieur de ce réduit, une fenêtre murée dans le mur nord donnait sur la nef et le chœur.

7.5 Tour du clocher :

Au rez-de-chaussée de cette tour se trouve la chapelle latérale sud, au premier étage, une pièce actuellement sans destination et au deuxième étage, la chambre des cloches.

En ce qui concerne la composition de la chapelle du rez-de-chaussée, se référer à celle de la chapelle latérale sud.

Le plafond de la pièce du premier étage est formé par le revers du plancher du second étage. Ses murs sont en blocage, d'un enduit grossier. Dans l'angle sud-ouest, se trouve la cage des contre-poids de l'horloge. Son sol est composé de gravats couvrant les reins de la voûte du rez-de-chaussée.

La chambre des cloches, au deuxième étage, est une pièce sous combles. Son sol est fait de mallons.

NOTE DE SYNTHÈSE :

1. Conclusions archéologiques :

Tel qu'il nous est parvenu, l'édifice est essentiellement le fruit de la reconstruction du début du 18e siècle ; il est toutefois possible d'avoir une idée assez précise de son état primitif grâce à la conservation de la partie nord.

1.1 L'édifice avant 1709 :

L'absence de tout décor sculpté (exceptée la clé d'arc de la porte d'une maison voisine, éventuellement décor déplacé) rend difficile une datation précise.

De structure romane, cet édifice comporte une abside de plan semi-circulaire, voûtée en cul-de-four et une nef unique à trois travées couverte vraisemblablement par un berceau longitudinal que renforçaient trois arcs doubleaux : deux correspondant aux piles2 II et III, plus un troisième accolé au mur occidental comme en témoigne le cul-de-lampe dans l'angle nord-ouest.

L'accès se faisait par deux portes : la grande porte du côté sud et une porte secondaire dans la première travée du mur nord. Des fenêtres primitives, seule a été conservée celle du mur occidental. Le mur nord ne pouvait primitivement en comporter que dans la seconde travée, sous la grande arcade, ouverte postérieurement sur la chapelle Saint-Eucher. Quant au chœur, s'il fut jamais éclairé, ce ne pouvait être que par une fenêtre axiale.

Le volume sous clocher fut sans doute dès l'origine aménagé en chapelle. Il était en tous cas désigné comme tel en 1639. On ignore quel était son mode de plafonnement. Trois fenêtres l'éclairaient. On y accédait depuis l'église par un passage voûté.

Le clocher arcade surmontait vraisemblablement le mur occidental (en pignon). La narration de la démolition du clocher et de l'arasement du mur qui le portait jusqu'à la "vitre" (1710) ne peut s'appliquer qu'au mur ouest qui était resté debout dans sa plus grande partie et qui présente une fenêtre aujourd'hui sous l'égout de la croupe du toit.

L'édifice était couvert en dalles de calcaire ("bardes") dont la bordure est encore visible sur le mur nord.

On sait qu'il y avait déjà au début du 18e siècle une tribune qu'il fallut étayer d'urgence après le tremblement de terre.

Un "presbytère" fut-il accolé dès l'origine du côté sud ? C'est douteux, mais il est attesté en 1639.

Du côté nord, la chapelle latérale, fut édifiée au 17e siècle comme l'indique l'examen de la modénature des ogives et des culs-de-lampe. Elle est signalée en 1704 parmi les parties de l'édifice dont la toiture est à réparer.

1.2 La reconstruction (1714-1718) :

La faiblesse des moyens financiers conduisit à conserver au maximum les éléments encore debout du côté nord. le volume et l'ordonnance intérieure de l'édifice ne furent donc pas sensiblement modifiés. La modernisation porta essentiellement :

- sur le voûtement : une voûte d'arêtes remplaçant le berceau écroulé,

- sur l'éclairage : percement de fenêtres hautes, ce que permettait la voûte d'arêtes ; cela entraîna le rehaussement du mur nord,

- sur le matériau de couverture : la tuile creuse se substituant aux "bardes".

- en outre, la tour du clocher édifiée au sud vint contrebuter la partie reconstruite.

1.3 Les modifications ultérieures :

Les réparations diverses faites aux bâtiments, notamment après le tremblement de terre de 1812, en ont peu marqué l'aspect. Seules modifications apparentes :

- le remplacement de la corniche du clocher par une génoise,

- la réfection des sols et du décor mural peint de l'abside et des deux chapelles latérales (dates imprécises).

2. Place de l'édifice dans l'évolution historique et archéologique :

2.1 L'édifice roman :

Son appareil soigné, notamment celui des baies conservées du côté nord (abside, porte murée de la première travée ouest) et surtout sa structure d'ensemble l'apparentent aux édifices romans provençaux du milieu ou de la seconde moitié du 12e siècle. On y retrouve les caractéristiques habituelles de cette école :

- une nef à trois travées pratiquement obscure, si l'on excepte l'éclairage par le mur occidental,

- un bandeau régnant à la naissance de la voûte et faisant retour en forme d'impostes sur les piles,

- les grandes arcades à double rouleaux dans les murs latéraux,

- une abside voûtée en cul-de-four,

- la couverture en dalles de pierre.

2.2 Les architectes aixois Vallon et la reconstruction de l'édifice :

Les plans de la reconstruction de l'édifice furent établis par l'"architecte aixois Vallon" à la demande des prieurs ; il n'est pas surprenant de voir des chanoines de Saint-Sauveur faire appel à l'Architecte de la Province pour être sûr que les travaux seraient effectués dans les meilleures conditions techniques et financières.

Laurent II Vallon était alors le titulaire de cette charge ; mais peut-être se fit-il représenter à Beaumont par son fils Georges qui était son collaborateur direct et s'était vu confirmer, dès 1705, la survivance des charges d'Architecte de la ville d'Aix et de la Province.

Quoiqu'il en soit, l'influence stylistique des Vallon ne put être que très limitée, compte tenu des conditions financières dans lesquelles les travaux furent effectués. Tout au plus peut-on remarquer que le parti adopté pour le voûtement et l'éclairage de la nef, qui constitue la modification la plus importante, est une adaptation modeste de celui qu'ils appliquent aux églises aixoises édifiées à cette époque, à savoir :

- la chapelle des Jésuites (Laurent II, vers 1680)

- l'église Saint-Jean-Baptiste du Faubourg (Laurent II, 1697)

- et l'église du Saint-Esprit (plans de Laurent II, achevée par Georges, 1704-1727).

1Les piles sont numérotées d'ouest en est.2Les piles se numérotent d'ouest en est.

L'église paroissiale est fondée avant 1092, sous la dépendance du chapitre cathédral d'Aix-en-Provence.

L'édifice probablement construit au 12e siècle était surmonté alors d'un clocher mur à quatre baies ; la chapelle latérale nord fut construite dans la première moitié du 17e siècle. Partiellement détruit par un tremblement de terre en 1708, l'édifice fut reconstruit en sa moitié sud et augmenté de la tour clocher et de la sacristie, de 1714 à 1718, par Claude Joseph Silvy et Jean Farruel, maçons, sur les plans de l'architecte aixois Laurent II Vallon ; à cette occasion, la voûte de la nef fut surélevée et la couverture en dalles de pierre, remplacée par une couverture en tuiles creuses.

Son vocable pose problème : il semble que la titulature de l'église ait subi un glissement non validé par les autorités ecclésiastiques, de Saint-Jean-Apôtre à Saint-Jean-Baptiste (au 20e siècle ?).

  • Remplois
    • Partie déplacée à Commune : Beaumont-de-Pertuis Adresse : place de la Colonne
  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle , (incertitude)
    • Principale : 1ère moitié 17e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 1er quart 18e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1714, daté par source
  • Auteur(s)

Édifice orienté, l'église possède une nef unique de trois travées, voutée d'arêtes.

Son abside en cul-de-four est assise sur une chapelle basse en soubassement plafonnée. Sa chapelle latérale nord est voûtée d'ogives. Le rez-de-chaussée de sa tour de clocher, au sud, forme chapelle latérale ; il est flanqué à l'est d'une sacristie contenant escalier.

Les élévations nord et est sont rythmées par des contreforts. La porte d'entrée au sud présente un décor architecturé.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • calcaire moellon
    • calcaire moyen appareil
    • molasse
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte d'ogives
    • cul-de-four
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ordre toscan
  • Précision représentations

    Le portail sud est architecturé avec entablement porté par deux pilastres (ordre toscan).

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Levadou de taille de Beaumont-de-Pertuis du 18 mars 1372. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : CC 8.

  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1485-1486. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1330.

    f°31 (1486)
  • Arrentement de la première des deux prébendes du prieuré Saint-Jean de Beaumont. Dans minutes de Maître De Camaret Jean, substitut de Parcatoris Honorat, notaire à Aix-en-Provence. 1511. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 308 E 929.

    f°86 v° (1511)
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1582-1583. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1332.

    f°231 et suiv. (1582)
  • Procès entre les prieurs prébendés et les syndics de Mirabeau et de Beaumont, 1583-1608. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 2 G 1972.

    Eglise paroissiale de Beaumont
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil de la communauté de Beaumont-de-Pertuis, 1704-1717. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : BB 8.

    f°34 (1704), f°194 (1708), f°199v°-200 (1708), f°208 (1709 ?), f°217 (1709), f°211v°-213r° (1709), f°262 (1710), f°267 (1710), f°270v° (1710), f°297v°-298 (1710), f°306v°-307 (1711), f°312 (1711), f°448 (1714)
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil de la communauté de Beaumont-de-Pertuis, 1717-1730. 1717-1718. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : BB 9.

    f°28 (1718)
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil de la communauté de Beaumont-de-Pertuis, 1730-1736. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : BB 10.

    Réparations faites au bâtiment et aux escaliers de l'église
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil de la communauté de Beaumont-de-Pertuis, 1736-1743. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : BB 11.

    Reconstruction du four de la tuilière
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil de la communauté de Beaumont-de-Pertuis, 1768-1770. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : BB 16.

    Réparations du couvert de l'église
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil de la communauté de Beaumont-de-Pertuis, 1781-1784. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : BB 19.

    Construction d'un placard de la sacristie
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil de la communauté de Beaumont-de-Pertuis, 1784-1787. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : BB 20.

    Reconstruction des escaliers à l'entrée de l'église
  • Administration communale, Beaumont-de-Pertuis, 1813-1940. [1812 ?]. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : 2 O 15.

    Eglise, pièce 6 (1813-1899)

Bibliographie

  • ALBANES, Joseph-Hyacinthe. Gallia Christiana Novissima. Tome 1 : Aix, Apt, Fréjus, Gap, Riez et Sisteron. Montbéliard : Société anonyme d'imprimerie montbéliardaise, 1899.

    Instrumenta II (1092 ?), XII (1175), XIV (1186), XV (1191), XXXI (1264), XL (sd, 14e s.)
  • CLOUZOT, Etienne. Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun. Diocèse d'Aix-en-Provence, dir. Maurice Prou, Paris : Imprimerie nationale, 1923.

    Comptes des décimes, p.9 et suiv. (1274), p.41 et suiv. (1351)

Documents figurés

  • Vue de Beaumont du côté nord. / Dessin colorié, [fin 18e siècle-début 19e siècle ?]. Collection particulière, Beaumont-de-Pertuis.

  • Plan cadastral de la commune de Beaumont-de-Pertuis. / Dessin à l'encre par Joseph Beynet, géomètre du cadastre, 1838. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : 3 P 2-014/31.

    Section H, feuille 1, parcelle n°162, 1/1000

Annexes

  • Extraits du registre des délibérations du Conseil de la communauté de Beaumont-de-Pertuis, 24 février 1709
Date d'enquête 1969 ; Date(s) de rédaction 2013
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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Bonan Aurélie
Bonan Aurélie

Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.

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