Dossier d’œuvre architecture IA04000486 | Réalisé par
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
église paroissiale Notre-Dame
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Barrême
  • Commune Clumanc
  • Lieu-dit le Château
  • Cadastre 1837 B 1145, 1147  ; 2000 WD 15
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Notre-Dame
  • Parties constituantes non étudiées
    cimetière

Apport des archives à la connaissance de l'édifice

L'église paroissiale

Il y a très peu de documents médiévaux concernant l’église paroissiale Notre-Dame de Clumanc. Elle a appartenu successivement aux chanoines réguliers de saint Augustin et au chapitre de Senez, qui n’ont, ni l’un, ni l’autre, laissé d’archives. Les seules mentions connues se trouvent dans les rares et tardifs comptes ecclésiastiques conservés pour le diocèse : dans un compte des décimes vers 1300, l’ecclesia de Clumanco est taxée pour un revenu annuel de 20 livres, ce qui la place au 23e rang des 48 bénéfices du diocèse ; en 1376, elle doit 4 florins de taxe des procurations (21e sur 36)1. Ces quelques données ne doivent pas faire illusion. Les contributions enregistrées n’étaient pas proportionnelles au nombre des paroissiens desservis, mais à l’importance du capital détenu par les bénéficiaires. L’église Saint-Honorat, comptabilisée parmi les plus gros bénéfices du diocèse, devait son rang aux droits seigneuriaux possédés par son prieur et non à la population qu’elle accueillait.

Un compte de la taxe synodale du XVIe siècle place Clumanc, avec 8 deniers de contribution, au 15e rang sur 36, sans distinguer les deux églises. Peut-on en déduire qu’à cette époque elles ne formaient qu’une seule paroisse ? Après la profonde dépression économique et démographique de la fin du Moyen-âge, la chose n’aurait rien de surprenant. Au début du XVIIIe siècle, le vicaire prétendait bien avoir la preuve de cette union, qui n’aurait pris fin que dans le courant du XVIIe siècle.

Le prieuré et les chapellenies

Le prieuré, à l’inverse, a été durablement uni à celui de Saint-Honorat au tout début du XVIIe siècle, alors qu’auparavant il appartenait à l’archidiacre de Senez : c’est l’évêque Jean Soanen qui nous l’assure dans le procès-verbal de sa visite du 22 juin 17032, après avoir enquêté dans les archives. Après la réunion, le prieuré désormais mis en commende et les dîmes sont partagés pour moitié entre le prieur et le chapitre cathédral. L’enquête, étendue aux 5 chapellenies fondées dans l’église, fait remonter leur érection avant 1560. Primitivement indépendantes, elles ont dû elles aussi mettre en commun leurs maigres revenus pour assurer correctement l’entretien des 5 autels latéraux : au nord, dans des chapelles, ceux de saint Jean-Baptiste et du Rosaire, au sud, ceux de saint Marc et de saint Joseph dans des chapelles et celui de saint Antoine et saint Paul dans la nef, que l’évêque fait supprimer parce qu’il est trop près de la porte. La chapelle Notre-Dame de Pitié a changé de vocable depuis la création, le 30 juillet 1649, de la confrérie du Rosaire. La chapelle Saint-Joseph (1ère du côté sud) est alors toute neuve : elle a été construite, avec la petite sacristie qui la sépare de la chapelle Saint-Marc, en 1693 par le maçon Giraud et a coûté 47 écus au luminier du Rosaire, gestionnaire commun des chapellenies3.

Les visites pastorales du 18e siècle

Lors de sa visite suivante, le 2 novembre 1717, le même évêque de Senez trouve la paroisse Notre-Dame, d’environ 350 communiants, administrée par un vicaire et un prêtre secondaire. L’église est en assez bon état, le chœur « fort propre, bien voûté, crépi et blanchi, excepté un petit coin du coté de l’Evangile », mais à l’extérieur le mur nord est fissuré et le toit dérangé par le vent ; la nef est « assez vaste et propre, avec une voûte de pierres de taille », mais le pavement présente des inégalités, le toit a besoin de réparations, l’arc triomphal, surchargé par le clocher-mur qui le surmonte, menace de s’affaisser et, surtout, il y a d’inquiétantes fissures dans les angles nord-ouest et sud-ouest « qui font juger que les deux murs du midy et du nord sont altérez, ou par la foiblesse des fondements, ou par la pesanteur de la voûte, et qu’il faut les appuyer de chaque costé ». Ce constat alarmiste a d’ailleurs déjà été fait au cours des visites précédentes, en 1693 et 1703, sans que les responsables (le chapitre de Senez, le prieur et la communauté) aient rien fait pour y remédier4.

Malgré les ordres donnés par l’évêque, la situation est à peu près identique en 1722. Les décimateurs n’ont rien fait, l’humidité pénètre à l’intérieur du chœur. La communauté a fait refaire le pavement et déplacé le clocher, mais les fissures des angles persistent et le toit reste est mauvais état5.

L’insistance du prélat et la saisie des revenus du prieuré ont fini par faire leur effet. De passage à Clumanc le 15 octobre 1750, l’évêque Louis-Jacques-François de Vocance trouve peu de choses à redire à l’état de l’édifice : boucher une fissure et recrépir les murs de la chapelle du Rosaire6. En 1764, l’évêque Antoine-Joseph d’Amat exprime de même sa satisfaction : « La nef de l’église est belle, toute en pierre de taille. Il y a sur les côtés quatre chapelles. Celle de saint Jean-Baptiste n’est guères décente, celle de saint Marc l’est assez (…). Celle de saint Joseph est bien (…). celle de Notre-Dame du Rosaire est très en état » . Constat identique le 7 novembre 1779 par monseigneur Jean-Baptiste-Charles-Marie de Beauvais, sauf à refaire le badigeon des chapelles de saint Joseph et du Rosaire7.

19e siècle

Il faut attendre ensuite presque le milieu du XIXe siècle, vers 1840, pour avoir de nouveaux renseignements. Questionné par circulaire sur l’état de sa paroisse, le curé note laconiquement : il y a une église en mauvais état et une chapelle sur le point de tomber et interdite8.

En 1867, le curé Amavet ouvre le registre de fabrique par une notice historique sur sa paroisse : « On ne connaît pas la date de l’érection de la paroisse, mais tout indique qu’elle est ancienne. (…) Quant à l’église, qui est sans contredit la plus belle de nos contrées, on ignore également l’époque de sa construction et de sa consécration. Elle a quatre chapelles latérales, mais qui n’ont pas été bâties en même temps. (…) En 1840, une réparation importante a été faite à l’église Notre-Dame, on a remonté tout le mur du levant qui menaçait ruine. En 1856, on a réparé les autels de saint Jean-Baptiste et de saint Marc, où l’on ne disait plus la messe depuis longtemps. En 1858, on a placé le tambour à la porte d’entrée, qui a coûté 85 francs. En 1861, l’église a été blanchie entièrement au pinceau ».

Dans les décennies suivantes, la chute démographique provoquée par l’exode rural fait sentir ses effets. L’église n’est plus entretenue. Sa situation devient critique dès le début des années 1880, au dire des marguillers de la paroisse. Le premier rapport d’expertise qu’ils dressent le 24 avril 1881 constate l’ampleur des dégâts. Les voûtes des chapelles menacent de s’effondrer, celle du chœur a perdu récemment un gros morceau d’enduit qui a brisé en tombant la table en pierre du maître-autel. La cause des désordres réside dans la couverture en lauses posée sur l’extrados des voûtes, qui manque de stabilité et laisse trop constamment passer l’eau de pluie. Une seule solution : relever les murs d’au moins 1 m pour poser une charpente qui recevra une couverture en tuiles plates mécaniques. Coût total de l’opération et de la remise état des parois endommagées : au moins 3827 francs. Une seconde expertise effectuée le 2 avril 1882 par les mêmes, avec l’assistance du maçon Basile Chailan, chiffre les travaux à 3922 francs et 45 centimes.

Ce programme n’a pas été exécuté. Les voûtes des deux premières chapelles et de la sacristie ont fini par s’écrouler. Le reste n’a été sauvé, dans la seconde moitié du XXe siècle, que par la pose d’un toit en charpente et fibro-ciment sur une surélévation des murs en béton banché.

Analyse architecturale

Situation

L’église Notre-Dame a été bâtie au pied du versant est du piton qui portait au Moyen-âge le bourg castral de Clumanc, près des quelques maisons qui perpétuent l’ancien village. Le terrain choisi, sur le col qui relie ce piton aux collines de la bordure orientale de la vallée de l’Asse, est peu pentu et jouxte au nord et à l’ouest le chemin d’accès au hameau. Le cimetière paroissial, clos de murs, longe les autres côtés de l’édifice.

Composition d’ensemble

L’édifice, de plan allongé et orienté, se compose d’une nef accostée de part et d’autre de quatre chapelles latérales et prolongée par une abside carrée. Le seul accès s’ouvre à l’ouest, sur le chemin qui mène au hameau.

Matériaux

Tout le gros-œuvre a été réalisé à l’aide des ressources minérales du terroir proche : moellons en calcaire marneux prélevés dans le substrat et dalles de grès extraites du gisement tout proche de la Lèche, dans le vallon qui longe au nord le piton. Les murs de la nef et de l’abside ont été montés en assises à peu près régulières de moellons équarris, ceux des chapelles latérales en blocage de moellons bruts, le tout lié et revêtu par endroits d’un enduit discontinu au mortier de chaux. Le grès, plus facile à tailler, a été utilisé pour les encadrements de certaines baies. Pour les arcs et cordons des voûtes, probablement aussi pour l’appareil des berceaux que l’enduit empêche d’observer, on a employé un calcaire marneux de meilleure qualité, sans doute venu d’une carrière un peu plus lointaine.

Structure

La nef, couverte d’un berceau en plein-cintre, est rythmée en trois travées par deux arcs doubleaux qui retombent sur des pilastres simples. De chaque côté des 2e et 3e travées, des chapelles latérales désaxées ouvrent sur la nef par des arcades en plein-cintre, entre lesquelles

1E. Clouzot, Pouillés des provinces d’Aix, d’Arles et d’Embrun…, p.2A. D. Alpes-de-Haute-Provence, 2 G 17.3A. de la paroisse, registre de fabrique du curé Amavet, qui a eu sous les yeux le prix-fait.4A. D. Alpes-de-Haute-Provence, 2 G 18, p. 425-434.5Ibidem, p. 654-666.6A. D. Alpes-de-Haute-Provence, 2 G 19, cahier 3.7Ibidem, cahier 4.8Ibidem, cahier 8.

Mentionnée seulement à partir du 14e siècle, l'église Notre-Dame a vraisemblablement été fondée en même temps que le bourg castral de Clumanc, au plus tard au 11e siècle. Mais la construction de la nef et de l'abside aujourd'hui visibles ne peut guère avoir eu lieu avant le 14e siècle. Au 16e siècle, la façade occidentale a subi une réfection, ainsi qu'en témoigne la mouluration de la porte. La construction des 2e chapelles latérales nord et sud a du intervenir vers le milieu du 16e siècle. Cette datation se base sur le style des armoiries de la famille d'Oraison, seigneurs de Clumanc, sculptées sur les clefs des croisées d'ogives et sur une indication fournie par la visite pastorale de 1717 à propos de l'érection des chapellenies. La 1ère chapelle latérale sud, avec la sacristie voisine, a été bâtie entre 1693 et 1697, la 1ère chapelle latérale nord sans doute dans les décennies précédentes. La déformation des doubleaux suggère une reprise au moins partielle de la voûte de la nef avant la fin du 17e siècle. En 1840, le mur du chevet est reconstruit et en 1861, le décor peint est complété ou repris. On situe entre ces deux dates l'aménagement de la sacristie du fond de l'abside. Le toit en ciment amiante et charpente posé sur une surélévation des murs en béton a remplacé vers la fin des années 1970 l'ancienne couverture en lauses de grès posée directement sur l'extrados des voûtes.

L'église Notre-Dame a toujours été entourée d'un cimetière. Mais le cantonnement de celui-ci sur les côtés sud et est ne date que du 19e siècle. Il s'étendait auparavant plutôt à l'ouest et au nord.

Edifice orienté, composé d'une nef accostée de 4 chapelles latérales et d'une abside rectangulaire. Une voûte en berceau brisé, soutenue par deux arcs doubleaux et soulignée par des cordons moulurés, couvre la nef, un berceau brisé identique, mais sans doubleau, couvre le choeur qui n'occupe que la partie antérieure de l'abside, dont le fond isolé par une cloison, est occupé par une sacristie et un réduit plafonnés. Les 2 premières chapelles latérales, ouvertes sur la nef par des arcades en plein-cintre, ont perdu leur couvrement, voûte en pendentifs au nord et voûte d'arêtes au sud. Les 2 autres chapelles latérales sont couvertes de voûtes d'ogives moulurées à clef sculptée d'armoiries. De chaque côté, une petite sacristie a été aménagée entre les chapelles, celle du nord aujourd'hui dépourvue de couvrement, celle du sud couverte d'un petit berceau segmentaire. L'unique porte, au plein-cintre mouluré taillé dans le grès, s'ouvre à l'ouest. Un clocher-mur à deux baies en plein-cintre couronne le mur de chevet.

  • Murs
    • calcaire
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Toits
    ciment amiante en couverture
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte en berceau brisé
    • voûte d'ogives
    • voûte en pendentifs
    • voûte d'arêtes
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
  • Techniques
    • sculpture
    • sculpture
    • peinture
  • Représentations
    • armoiries
  • Précision représentations

    Sur la clef de voûte de la 2ème chapelle latérale nord, armoiries de la famille d'Oraison : 4 fasces ondées ; sur la clef de 2ème chapelle latérale sud, armoiries non identifiées : parti, en 1 deux fasces ondées surmontées d'une étoile à 7 rais (branche de la famille d'Oraison), en 2 un lion rampant (Sabran ?).

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune, []

Documents d'archives

  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Senez, 1708-1723. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 G 18.

    Visites de Notre-Dame de Clumanc, 2 novembre 1717 et 19/20 juin 1722.
  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Senez, 1745-1753, 1764 à 1768, 1775, 1779 à 1781, 1785 à 1788. Registre tenu successivement par Louis Jacques François de Vocance (évêque de Senez de 1741 à1756), Antoine-Joseph D'Amat de Volx (évêque de Senez de 1757 à 1771), Étienne François Xavier des Michels de Champorcin (évêque de Senez de 1771 à 1773), Jean-Baptiste Charles Marie de Beauvais (évêque de Senez de 1774 à 1783), Sixte-Louis-Constance Ruffo (Roux) de Bonneval (évêque de Senez de 1783 à 1784), Jean-Joseph-Victor de Castellane-Adhémar (évêque de Senez de 1784 à 1788). Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 G 19

    Visites de Notre-Dame de Clumanc des 15 octobre 1750, 3 mai 1754, 7 novembre 1779.
  • Registre paroissial de fabrique, des 1eres communions et des confirmations de la paroisse de Clumanc. 2e moitié 19e siècle. Archives paroissiales de Clumanc, presbytère de Barrême : non coté.

    Le registre de fabrique porte sur la 2e moitié du 19e siècle. Il comporte des transcriptions partielles d'archives paroissiales de l'Ancien Régime et les dates de plusieurs travaux apportés à l'église aux 17e et 19e siècles, probablement extraites des archives paroissiales aujourd'hui disparues. Deux visites de l'église par les membres du conseil de fabrique en 1881 et 1882 énumèrent les travaux de réparation urgentes à engager. Construction de la chapelle de saint Joseph entre 1693 et 1697 par Giraud, maçon de Clumanc. Reconstruction du mur du chevet en 1840. Blanchiement de l'intérieur en 1861. Réparations à faire en 1881 et 1882.
  • Inventaire de l'église de Notre Dame à Clumanc. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 V 66

    Inventaire 1905 église Notre-Dame.
  • Direction générale des domaines. Inventaire des biens dépendant de la fabrique paroissiale de Notre-Dame, commune de Clumanc, dressé en exécution de l'art. 3 de la loi du 9 décembre 1905. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 V 66

    Inventaire descriptif et estimatif des biens de l'église paroissiale de Notre-Dame de Clumanc, 1906.

Annexes

  • Visite pastorale de Notre-Dame de Clumanc, 1717.
  • Visite pastorale de Notre-Dame de CLumanc, 19 et 20 juin 1722
  • Extrait du registre paroissial de la fabrique de Clumanc
Date d'enquête 2005 ; Date(s) de rédaction 2007
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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