Dossier d’œuvre architecture IA04000720 | Réalisé par ;
Sauze Elisabeth (Enquêteur)
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
église paroissiale Notre-Dame-d'Entraigues
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Barrême
  • Commune Tartonne
  • Lieu-dit Notre-Dame
  • Cadastre 1837 B 874, 875  ; 1987 ZB4 415, 417
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Notre-Dame-d'Entraigues
  • Parties constituantes non étudiées
    cimetière

Les origines

Dans l’état actuel de la documentation, on ne possède pas de mention de l’église de Tartonne avant le milieu du XIVe siècle. Encore n'est-on pas bien sûr de l'identité de l'édifice désigné à cette époque comme siège de la paroisse, sans indication de son vocable. S'agissait-il de Notre-Dame d'Entraigues ou de l'église Saint-Jean, dont on voit les vestiges sur le site du castrum médiéval ?

Un compte de décimes de l’évêché de Senez, daté par son éditeur des environs de 1300 mais plus probablement proche de 1350, attribue à cette église un revenu annuel de 30 livres qui la place au 14e rang des 48 bénéfices ecclésiastiques taxés du diocèse. Ce rang, remarquable pour la paroisse d’une très petite communauté rurale, est sans doute dû, comme à Saint-Honorat de Clumanc, à l’importance du domaine prieural, bien doté en terres et peut-être aussi en droits seigneuriaux. Le compte des procurations de 1376 cite l’église sans la taxer, car cette année-là, en raison de la personnalité de son possesseur, le cardinal de Glandèves, l’évêque de Senez renonça à y exercer son droit de visite.

XVIe siècle

D’après un autre compte synodal établi au XVIe siècle, l’église de Tartonne, avec 8 deniers de taxe, venait au 15e rang des paroisses du diocèse1.

L'église comportait alors au moins un autel secondaire, dédié à saint Blaise, dont la dotation fut augmentée le 8 septembre 1503 en faveur de son recteur, Peire Infern.

L'autel de saint Blaise prenait appui contre l'un des murs latéraux de la nef, probablement du côté sud. La construction de la chapelle latérale destinée à abriter cet autel ne peut, en effet, avoir eu lieu qu'après la construction du clocher, que la date gravée sur la porte qui débouche dans la travée droite du choeur situe en 1564.

Jusqu'à cette date, les cloches devaient, conformément à la coutume, se trouver dans un clocher-mur bâti au-dessus de l'arc triomphal ou au-dessus de la façade occidentale.

Le clocher tour resta longtemps inachevé. L'interruption du chantier eut sans doute pour cause principale les guerres de religion, particulièrement virulentes en Haute-Provence dans les années 1570 et 1580.

XVIIe siècle

Le 1er octobre 1618, la communauté de Tartonne chargea le maître maçon Pierre Reboul, de Courchon (paroisse absorbée par la commune de Saint-André-les-Alpes), de "rabilher l'esglize dudit Tartonne en tout ce qui luy sera nécessère et est rompeu au dheour et couvert d'icelle, excepté le clocher et pinacle". Les termes du prix-fait et la somme, assez modique (12 écus), ne permettent pas d'envisager une reconstruction, mais de simples réparations des parements extérieurs et de la couverture, pour lesquels le maçon fut autorisé à prendre des pierres dans les ruines de l'église Saint-Michel située dans l'ancien bourg castral.

Les travaux ne furent sans doute pas exécutés ou tout au moins achevés, car le 17 mars 1621, deux maçons dignois, Jean Roubaud et Pierre Lavigne, promettaient à la communauté de Tartonne de "rabilher l'esglize Notre-Dame et parochialle de cedit lieu suivant les murailhages ja commancés et à proportion et mesure d'icelle et de mesme hauteur et largeur ; barder le couvert d'icelle ansin comme s'apartient ; de plus rédiffier le presbytère à pierres de tailhe et les courdons autour de ladite esglize nécessères et comme estoient cy devant faitz et encore parties en estat". Le programme des travaux laisse entendre une reconstruction partielle que le précédent prix-fait n'avait pas envisagée et que confirme le coût, d'un montant de 40 écus. La découverte d'un décor peint médiéval sur la voûte de l'abside oblige à relativiser les termes du contrat. La réédification prévue n'a probablement concerné que les parties externes des murs et du couvrement. Pour l'essentiel, les maçons devaient refaire l'ensemble de la toiture en lauses. La seconde partie du même acte prévoit par ailleurs qu'ils devront "rellever le clocher de ladite esglize ansin qu'est commancé, à quatre fenestrage et à deux courdons pierres ou thuves, talhés iceux courdons, et mettre la pointe dudit clocher à piramaide avec une croix au dessus ; de plus mettre les cloches avec leurs basuques en façon que puissent sonner à vent ; de mesme fere la crotte 2et rabilher la sacristie quy est au dessoubz le clocher"3.

De la surélévation du clocher réalisée en 1621, nous n'avons plus sous les yeux que deux étages : l'étage supérieur et la flèche ont été refaits au 19e et au 20e siècles.

Le prix-fait du 17 mars 1621 a bien été exécuté : deux autres actes passés le mois suivant en attestent, l'un pour réclamer sa contribution à l'évêque de Senez, prieur de Tartonne, l'autre pour donner quittance aux consuls de Tartonne du paiement d'une partie du prix fixé.4

En complément des travaux de maçonnerie, les consuls et l'évêque passèrent commande, le 30 août 1627, au menuisier François Viret, de Castellane, de deux portes en noyer pour les deux entrées de l'église, la grande à l'ouest et la petite au sud, "avec les chambranles et moulures tout à l'entour et (...) avec les clous à pointe de diaman de pan en pan au dessus des mollures, avec ses parnes, goufons et ferrements".5

Le 30 juin 1630, les consuls et les recteurs de la chapellenie Saint-Michel confièrent au maçon Grégoire Roubaud la reconstruction de la chapelle "quy esty dans l'esglize Notre-Dame qui est soubz le titre de monsieur saint Blaize, soubz la mezsme grandeur, autheur de la houlte de courdon de l'antrée de ladite chapelle, crotte à la mesme forme qu'est celle de ladite esglize, de touve, avec une petite fenestre devers couchant ou autre lieu plus propre qui sera advizé tailhe de tuvves, fère une petite murailhe à l'antrée de ladite chapelle de l'auteur de quatre pans avec son ballustre de bois blanc et les murailhes de ladite chapelle dedans et dehors rebouchées à chaux et sable"6.

Cette chapelle, qui abritait l'autel de saint Michel, se trouvait au sud de la nef, contre la base du clocher. Sa construction avait probablement suivi de peu celle du clocher en 1564. Elle devait alors être la seule de ce côté, car le contrat prévoit l'ouverture d'une fenêtre à l'ouest. Les travaux furent ans doute plus longs que prévus, les dernières quittances datent respectivement du 10 octobre et du 8 décembre 1648, 7 au moment même où la communauté faisait procéder à une nouvelle réfection de la toiture en lauses par les maçons Jacques Féraud, de Castellane et Pierre Silve, de Tartonne.8

La documentation conservée ne mentionne, dans la deuxième moitié du 17e siècle, que la reconstruction du mur de clôture du cimetière, oeuvre du maçon tartonnais Jacques Maurel en 1680 et la commande du retable du maître-autel, de la chaire à prêcher, et d'une cloche.

La deuxième moitié du 17e siècle vit sans doute l'édification des chapelles mentionnées dans les visites pastorales du début du 18e siècle : la chapelle du Purgatoire, à l'ouest et à côté de la chapelle Saint-Blaise et Saint-Michel et la première chapelle latérale nord, dédiée à Notre-Dame du Rosaire, dont la confrérie avait été créée en 1637. La chapelle saint-Jean-Baptiste, deuxième du côté nord, qui abritait le banc et le tombeau des seigneurs de Tartonne, était probablement plus ancienne. L'aménagement de la sacristie au fond de l'abside, derrière le maître-autel, date aussi probablement de cette période, avant la construction du retable du maître-autel en 1678.

XVIIIe siècle

Le 1er novembre 1717, l’évêque de Senez Jean Soanen trouve l’église en mauvais état. Les voûtes du choeur et de la nef sont fendues sous le poids des lauses qui couvrent le toit aux pentes trop faibles. Les murs ont été mis à l’abri des crues du torrent proche, mais la porte menace de s’effondrer, l’intérieur est sale, noirci par la fumée des cierges, la nef très obscure ne prend la lumière que d’un petit oculus. La sacristie, située au fond de l’abside, et le choeur ne disposent chacun que de la moitié de la petite fenêtre ouverte au sud. Le clocher, qui contient 3 cloches, n’a pas d’escalier et son rez-de-chaussée n’est qu’un débarras plein d’ordures. Des deux chapelles latérales du côté de l’Evangile (au nord), la 1ère, dédiée au Rosaire, a son toit enfoncé, ses murs pourris par l’humidité qui vient du terrain adjacent ; la 2e, sous le vocable de saint Jean-Baptiste, appartient au seigneur, qui la laisse dans un état « indécent », sans même un rideau pour la cacher aux yeux des fidèles. Au sud, la « petite nef» formée par les chapelles Saint-Michel, Sainte-Barbe et du Purgatoire avait commencé à s’effondrer et a été réparée, mais son sol est très inégal et les autels manquent du mobilier le plus élémentaire. Monseigneur Soanen menace de mettre en interdit l’église et le cimetière si les réparations indispensables ne sont pas faites et autorise le procureur fiscal du diocèse à saisir le tiers des revenus du prieuré, que se partagent l’évêque lui-même et le prieur Gassendi, chanoine de Riez et frère du seigneurs de Tartonne9 .

De retour le 21 juin 1722, le même évêque constate avec satisfaction que la nef principale et la petite nef ont été réparées, mais le choeur donne toujours du souci avec sa voûte fendue sous un toit trop plat et son sol sans pavé. La chapelle du seigneur a été remise en état, mais elle est trop petite et dépourvue de mobilier. Les autres chapelles ont reçu le mobilier qui leur manquait, celle du Rosaire continue à avoir ses murs humides et sa voûte crevassée. Le cimetière n’a toujours pas de clôture suffisante10 .

Le 25 mai 1732, Honoré Giraud, maçon de Clumanc, fut chargé par les consuls de Tartonne de "reboucher et crépir les murailles du cimetière de ce lieu, d'abattre parties desdites murailles où besoin sera et de les faire de neuf de la même hauteur et épaisseur des autres ; de faire trois portes de bois blanc en forme de grille pour fermer ledit cimetière et y mettra les pantures, gonds et verrouil nécessaires pour qu'elles se puissent commodément fermer. De plus faira de neuf la petite porte d ladite église de bois de noyer doublée de bois blanc et la posera en place et y mettre la même serrure, pantures et agons qui sont à celle qui est à présent, laquelle appartiendra audit Giraud ; réparera la grande porte de ladite église aux endroits où besoin sera. Retouchera tout le couvert de ladite église et fournira toutes les pierres plates vulgairement appelées lauses qui pourrait y manquer"11.

Nouvelles réparations commandées le 17 avril 1747 au maçon tartonnais Philippe Maurel : réfection d'une partie de l'élévation nord, de l'angle sud-ouest et du toit, en tuf et en lauses, dui clocher ; réparation du toit en lauses et de la corniche en tuf de l'église ; réfection partielle du mur de clôture du cimetière, couronné de lauses.

Le procès-verbal de la visite effectuée le 19 octobre 1750 par Louis-Jacques-François de Voconce ne signale rien quant au bâtiment et se borne à prescrire quelques réparation au mobilier, en particulier pour l’autel Sainte-Barbe et l’autel du Purgatoire12 . Son successeur Antoine-Joseph d’Amat, présent le 4 mai 1764, juge la nef en bon état, sauf le pavement qui a besoin de réparations. Le choeur et la sacristie donnent satisfaction, mais il faut réparer la porte du clocher et boucher les fentes de la voûte de la chapelle du Rosaire. Il n’est plus question de la chapelle Saint-Jean-Baptiste. Dans la petite nef, la chapelle Saint-Michel a besoin d’être repavée, il faut acheter un crucifix et des chandeliers pour l’autel du Purgatoire. Il faut aussi combler quelques brèches au mur du cimetière et mettre un verrou à la porte. 13

Nouvelle visite le 6 novembre 1779 par monseigneur de Beauvais. Le choeur est en état, de même que la sacristie qui est derrière le maître-autel. Dans la nef, une fente règne dans la voûte depuis l’arc triomphal jusqu’au 1er doubleau et le rein sud s’est affaissé, l’évêque prescrit de consulter à ce sujet un architecte. Tous les murs et ceux des chapelles ont besoin d’un blanchiment. Le cimetière est bien clos, mais a besoin d’une nouvelle porte et d’une croix14 .

XIXe siècle

Le 4 février 1833, répondant à un questionnaire de l’évêché, le curé de Tartonne affirme que le vaisseau de l’église, réparé 3 ans auparavant, est en très bon état, mais déplore l’irrégularité du pavement, la vétusté des autels et de la clôture du choeur, la pauvreté des vêtements liturgiques.15 Il faut donc situer en 1830 la réfection partielle de la voûte de la nef, dont le tracé n'est pas identique à celui des arcs doubleaux. Ceux-ci accusent un affaissement très marqué du côté sud, que la voûte elle-même ne reproduit pas. La reconstruction n'a affecté que cette dernière, sans toucher aux doubleaux.

En 1860, un projet de reconstruction du clocher, dressé par Joseph Chaillan, maçon de Barrême, est approuvé par le conseil municipal16. Le projet, remanié par Arnaud, agent-voyer d'arrondissement à Digne, est approuvé en 1863 par l'architecte diocésain Raymond, puis par le préfet. La réception des travaux est faite en 1868 par Fournier, agent-voyer à Thorame-Haute, mais les travaux ont du être achevés en 1865 : en visite le 24 octobre 1865, l’évêque constate que le clocher a été doté d'un étage supplémentaire, avec une flèche carrée et deux cloches.

Il dénonce cependant toujours le mauvais état du toit et du pavement, trouve les fenêtres trop petites et la sacristie étroite. Il recense 4 chapelles latérales, dédiées respectivement au Rosaire, à saint Joseph, à saint Michel et saint Blaise et aux Ames du Purgatoire. 17 . Même description en 1870, il faut remplacer les portes du cimetière18.

En 1884, le clocher ayant été foudroyé, la flèche s'est écroulée en partie et la partie restante menace de s'effondrer sur l'église. Le conseil municipal adresse une demande de secours au préfet pour financer les réparations dont le coût s'élève à 395 francs. Les archives n'ont pas conservé trace des travaux effectués à ce moment. Quelques années plus tard, de nouvelles réparations sont devenues nécessaires.

Le 9 avril 1891, Joseph Cressy, maçon à Tartonne, donne le devis de réparations pour un montant de 2000 francs :

1° démolition de 50 m3 de murs, la petite nef jusqu’aux fondations, l’élévation ouest jusqu’au niveau de la petite fenêtre au dessus de la porte, la partie supérieure du mur sud sur toute sa longueur pour donner plus de pente au toit, le mur qui sépare l’abside de la travée droite du choeur ;

2° réfection totale du toit, d’une superficie totale de 240 m², en tuiles creuses sur des chevrons espacés de 0,25 m et des pannes assises sur des piliers au dessus des doubleaux, avec génoise à 2 rangs ;

3° construction de cloisons en maçonnerie enduite pour fermer les arcades qui ouvraient la petite nef et la 2e chapelle latérale nord sur la nef ;

4° réfection partielle des enduits extérieurs, blanchissage au lait de chaux de la totalité des parois intérieures ;

5° aménagement d’une nouvelle sacristie au rez-de-chaussée du clocher, dont la voûte sera remplacée par un plancher, et de 2 placards, l’un dans la cloison de fermeture de l’arcade de la 2e chapelle latérale nord, l’autre, pour les fonts baptismaux, contre le mur ouest de la nef ;

6° réfection totale du pavement avec les lauses provenant du toit démoli, avec des degrés de la même pierre devant la porte d’entrée et sous l’arc triomphal ;

7° déplacement du maître-autel au fond de l’abside ;

8° réparation et réfection partielle du mur de clôture du cimetière.

Le décompte des travaux effectués par l’entrepreneur tartonnais Jules-André Roux, signé le 2 novembre 1892 par le maire, garantit l’exécution du devis, à deux détails près : le rez-de-chaussée du clocher a conservé sa voûte et la sacristie a finalement été aménagée dans la 2e chapelle latérale nord désaffectée19.

Les travaux étaient en cours au moment de la visite pastorale du 29 septembre 1891. L’évêque note : « Une quantité considérable de terre, prise dans le cimetière attenant à l’église, a été trouvée sur la voûte. Mr le curé et les ouvriers employés à ce déblaiement constatent que des ossements humains en grande quantité ont été retrouvés dans cette terre et même, à un endroit, les os sont un cadavre encore en ordre ».

XXe siècle

En 1928, la foudre ayant de nouveau frappé le clocher, des lézardes menacent la flèches et les pyramidions. Le conseil municipal charge le service des Ponts et Chaussées de la conduite des travaux de réfection. En 1929, un projet de réfection est conduit par Parat, ingénieur des Travaux publics de l'Etat. Il préconise la "... démolition de la flèche et de la partie supérieure du clocher sur une hauteur de 1m,00 environ et des clochetons ébranlés et lézardés par la foudre ; la reconstruction en maçonnerie au mortier de chaux hydraulique de ces mêmes ouvrages. Les ouvrages ainsi reconstruits devront être absolument identiques à ceux existant précédemment ...". Sont également prévus le remplacement des tuiles et des chevrons cassés sur la toiture ; la réfection des voûtes. Quant aux matériaux : le sable doit être pris dans l'Asse ; les moellons proviendront de la démolition des maçonneries ou pris dans l'Asse ou dans des ravins de Tartonne ; la chaux hydraulique d'une usine française.

Le 21 mars 1931 est dressé le procès-verbal de réception définitive des travaux de réparation de l'église exécutés par Etienne Arniaud, entrepreneur à Digne.

L’église a fait l’objet d’une campagne de restauration (toit, voûte, enduits) en 1976 sous la conduite de l’architecte en chef des Monuments Historiques J.-P. Ehrmann.

Synthèse historique

La petite travée droite qui précède l’abside et l’appareil réglé de celle-ci pourraient faire croire à une oeuvre du XIIe siècle. Mais le décor sculpté et le tracé brisé de l’arc triomphal annoncent plutôt le XIIIe siècle. Dans la courte notice qu’il a consacrée en 1980 à Notre-Dame d’Entraigues, Jacques Thirion décrit la figure sculptée qu’on ne distingue plus du tout aujourd’hui sur l’imposte nord du premier rouleau de l’arc triomphal : « un atlante en buste, la chevelure disposée en rangées de bouclettes sur le front » et date ce décor sculpté du XIIIe siècle.20

La nef est probablement contemporaine du choeur, mais reprend peut-être les bases d’un édifice plus ancien, auquel elle devrait son plan légèrement trapézoïdal (4,60 m de large à l’extrémité est, 5 m à l’extrémité ouest).

L’édifice médiéval a subi quelques remaniements. La voûte de la nef a probablement été partiellement reconstruite en 1830, de même que l’élévation occidentale avec la porte d’entrée, signalée en très mauvais état à plusieurs reprises au XVIIIe siècle.

La base du clocher porte la date gravée 1564, mais les étages et la flèche n'ont été élevés qu'en 1621. Les étages ont été reconstruits entre 1863 et 1865, puis réparés en 1884 et 1929.

Les chapelles latérales ont sans doute été bâties dans le courant du XVIIe siècle. La date de création de la confrérie du Rosaire, 1637, peut constituer un terminus pour la 1ère du côté nord. La 2e du même côté, qui fut celle des seigneurs de Tartonne, était probablement plus ancienne. Dans l’état où elle nous est parvenue, on ne peut plus en dire grand chose et le constat vaut pour les deux chapelles communicantes qui formaient la « petite nef » au sud. Le plan cadastral de 1837 nous indique cependant le développement de cette dernière, dont le mur sud était aligné sur celui du clocher. Le devis des travaux effectués en 1891 et 1892 n’a pas besoin de commentaire. Il confirme ce que laissent entendre les visites pastorales du XVIIIe siècle au sujet de la sacristie de cette époque, isolée par une cloison au fond de l’abside.

Date

Nature des travaux

Auteurs des travaux

13e siècle

construction de l'église

1564

construction du clocher

1618

réparation aux parements extérieurs et à la couverture

Pierre Reboul, maître maçon de Courchon

1621

reconstruction partielle : parties extérieures des murs et des couvrements, toiture en lause

surélévation du clocher et construction de la flèche

Jean Roubaud et Pierre Lavigne, maçons de Digne

1627

réalisation de deux portes en noyer

François Viret, menuisier de Castellane

1630-1648

reconstruction de la chapelle Saint-Blaise

Grégoire Roubaud, maçon

1648

réfection de la toiture en lause

Jacques Féraud, maçon de Castellane et Pierre Silve, maçon de Tartonne

1680

reconstruction du mur de clôture du cimetière

Jacques Maurel, maçon de Tartonne

2e moitié 17e siècle

construction de la chapelle du Purgatoire et de la chapelle du Rosaire, aménagement de la sacristie derrière le choeur

entre 1717 et 1722

réparation de la nef et de la chapelle Saint-Jean-Baptiste

1732

réparation du mur du cimetière et des portes de l'église

Honoré Giraud, maçon de Tartonne

1747

réfection de l'élévation nord, de l'angle sud-est, du toit du clocher et de l'église, du mur et du retable de la chapelle du Purgatoire

Philippe Maurel, maçon de Tartonne

1830

réparation de la voûte de la nef

1860

1er projet de reconstruction du clocher

Joseph Chaillan, maçon de Barrême

1863 - 1865

2e projet et travaux de reconstruction et surélévation du clocher

Arnaud, agent voyer

1884

dommages au clocher causés par la foudre

1891 - 1892

démolition de la "petite nef" formées par les chapelles latérales sud, de l'ancienne sacristie derrière le choeur, remplacement des lauses de la toiture par des tuiles creuses, arasement du mur sud, réfection de l'élévation ouest, aménagement d'une nouvelle sacristie au rez-de-chaussée du clocher

Joseph Cressy maçon faisant fonction d'architecte, Jules-André Roux, entrepreneur à Tartonne

1929

démolition et reconstruction à l'identique de la partie supérieure du clocher, de la flèche et des pyramidions, après dommages causés par la foudre

Parat, ingénieur TPE, Etienne Arniaud, entrepreneur à Digne

1976

restauration

J.-P. Ehrmann, architecte en chef des Monuments Historiques.

Tableau récapitulatif des travaux documentés

Analyse architecturale

Situation

Au fond de la cuvette centrale du territoire de Tartonne, sur un coteau en pente douce, près du confluent du Rivet et du torrent de la Salaou. L’église se trouve complètement isolée, à environ 250 m du château et 700 m du chef-lieu. Elle est directement dominée, au nord, par le piton de Saint-Jean, site de l’ancien bourg castral de Tartonne. On y accède par un chemin qui s’embranche à l’ouest sur la route D 19 et remonte ensuite le vallon de la Salaou.

Composition d’ensemble

Edifice massé et orienté, composé d’une nef unique prolongée par une abside semi-circulaire et accostée au nord de deux chapelles latérales, au sud d’un clocher-tour. Le cimetière l’entoure sur trois côtés, sauf à l’ouest où un parvis gazonné précède la porte d’entrée.

Matériaux

Le côté nord de la nef a conservé son parement en moellons équarris et assisés de calcaire marneux gris d’origine locale, avec des chaînes d’angle en pierre de taille du même matériau. Du côté sud et sur la majeure partie de l’élévation occidentale, le parement a été refait en blocage de moellons bruts. Le même blocage, assorti de chaînes d’angle en pierre de taille, a été utilisé pour les chapelles latérales et le clocher. Le calcaire marneux gris a été taillé pour les parements de l’abside, en moyen-appareil réglé, ainsi que pour les doubleaux et les cordons de la nef, dont les murs sont masqués par un enduit. Le tuf qui a servi à tailler les encadrements des baies, les cordons, les pinacles et la flèche du clocher vient probablement du territoire communal, mais les constructeurs sont allés chercher à Clumanc le grès molassique de la porte d’entrée, de la corniche et de la fenêtre de l’abside.

Structure

La nef a trois travées, les 2 premières carrées, la 3e plus courte, voûtées en berceau brisé sur 2 doubleaux retombant sur des pilastres à simple rouleau. Le mur sud des 2 premières travées est évidé d’une grande arcade aveugle en plein-cintre, celui de la 3e travée est percé de 2 portes, l’une ouvrant sur le cimetière, l’autre sur le clocher-tour. Celui-ci a des murs très épais et comporte, au dessus du rez-de-chaussée voûté en berceau plein-cintre, 3 étages plafonnés. Du côté nord, la 1ère chapelle latérale, couverte d’un berceau en plein-cintre, communique avec la 2e travée de la nef par une grande arcade et à l’est avec la 2e chapelle, qui ouvrait jadis sur la 3e travée de la nef par une grande arcade en plein-cintre qui a été murée. L’abside semi-circulaire, éclairée au sud par une fenêtre à ébrasement intérieur, est précédée d’une très courte travée droite voûtée en berceau brisé et ouverte sur la nef par un arc triomphal à double rouleau.

Elévations

Elévation ouest : mur-pignon parementé à la base par 5 assises de moellons équarris, au dessus par un blocage de moellons bruts rejointoyé au ciment. L’angle nord est chaîné en blocs taillés de calcaire gris, l’angle sud en simples moellons équarris. Au centre, légèrement désaxée vers le sud, la grande porte en plein-cintre a son seuil, ses piédroits et ses claveaux taillés dans le grès, avec une clef très étroite. Au dessus, grande fenêtre rectangulaire sans ébrasement, couverte d’un linteau en bois sur des piédroits et un appui en moellons et protégée par une grille en fer forgé à 5 barreaux et 5 traverses entrecroisés. Le pignon porte la trace d’une surélévation d’environ 0,60 m.

Elévation sud : le mur sud de la nef, entièrement en blocage, est couronné d’un rang de génoise. Le rejointoiement grossier au ciment laisse apparaître deux grandes arcades en plein-cintre appareillées en tuf et murées et des lambeaux de l’ancien enduit discontinu en plâtre rose. Une petite fenêtre en fente rectangulaire encadrée de tuf est percée dans le mur de l’arcade occidentale (fig. 6). A l’extrémité est, contre le mur en retour du clocher, s’ouvre une porte en plein-cintre également encadrée de tuf, transformée en fenêtre par un muret en maçonnerie et une grille en fer forgé à 5 barreaux et 7 traverses entrecroisés.

Clocher : toutes les élévations sont en blocage rejointoyé au ciment avec des chaînes d’angle taillées en calcaire gris sur la hauteur du 1er niveau et en tuf au dessus. Des cordons chanfreinés en tuf couronnent les 3 niveaux supérieurs. Les 1er et 2e niveaux sont percés d’un jour en fente au sud, le 3e niveau d’un jour en fente à l’est. Le 4e niveau prend jour sur chaque face par une fenêtre en plein-cintre murée et repercée à sa partie supérieure d’un oculus rond. Le 5e niveau ouvre de chaque côté par une baie en plein-cintre encadrée, comme les précédentes, de tuf. Au dessus du dernier niveau s’élève la flèche pyramidale appareillée en tuf, cantonnée de 4 pyramidions ou pinacles et ajourée sur chaque face de 2 baies en plein-cintre superposées, surmontées chacune d’un cordon chanfreiné. Un cadran solaire peint, à demi effacé, orne le 3e niveau de l’élévation sud.

Chevet : entièrement parementé en moyen-appareil réglé de calcaire gris et couronné d’une corniche en quart-de-rond en tuf. Au sud a été percée une petite fenêtre étroite dont l’arc brisé monolithe, les piédroits et l’appui sont taillés dans le grès. Le clocher masque l’épaulement sud de la travée droite, qui reste visible du côté nord.

Elévation nord : la nef a gardé ici son parement en moellons équarris et assisés, visible sur la longueur de la 1ère travée et partiellement au dessus du toit des chapelles latérales. Une corniche en quart-de-rond en tuf, identique à celle du chevet, et une génoise à 2 rangs couronnent le mur, qui a été percé à son extrémité est, au dessus du toit de la 2e chapelle, d’une fenêtre rectangulaire encadrée de moellons. Les chapelles latérales ont au nord une même élévation, parementée, comme les retours à l’est et à l’ouest, en blocage rejointoyé au ciment (fig. 12). Le pignon nord de la 1ère chapelle est percé d’un oculus rond et ébrasé, en tuf, que surmonte un petit bas-relief également en tuf figurant une croix pattée inscrite dans un cercle. Du côté ouest, la fenêtre de la 1ère chapelle, ébrasée, a son encadrement en plein-cintre taillé aussi dans le tuf. A l’extrémité ouest du mur de la nef apparaît une ancre de tirant en fer plat boulonnée.

Couverture

Le toit de la nef, à longs pans, est légèrement dissymétrique, le pan nord a été allongé pour placer la pointe du pignon dans l’axe de la porte. La surélévation visible sur le pignon correspond à la pose, au dessus des reins de la voûte, d’une charpente constituée de pannes et de chevrons qui soutient la couverture en tuiles creuses. Un seul toit couvre les deux chapelles latérales, à longs pans au dessus de la 1ère, en appentis au dessus de la 2e, formée et couverte comme celle de la nef. La travée droite de choeur, aussi à longs pans, et celui de l’abside, de forme conique, paraissent reposer directement sur l’extrados des voûtes.

Distribution intérieure

Nef : le sol est pavé de grandes lauses en grès, les murs et la voûte recouverts d’un enduit au mortier de chaux ocre claire, repris par endroits au ciment gris.

1ère travée : à l’ouest, la porte a une embrasure droite, couverte d’un arc segmentaire, entièrement enduite. Au dessus de la porte, le mur fait une retraite, au dessus de laquelle s’ouvre l’embrasure ébrasée de la grande fenêtre rectangulaire. Du côté sud, grande arcade aveugle en plein-cintre, dont l’ouverture a interrompu le cordon mouluré en bandeau et quart-de-rond qui souligne le départ du berceau. Sous l’arcade, petite fenêtre en fente rectangulaire ébrasée, à appui droit et plafond incliné. Dans le mur nord, totalement aveugle, se retrouve le même cordon mouluré, interrompu au centre sur une longueur d’environ 0,80 m. Le 1er arc doubleau repose sur 2 pilastres simples que contournent les cordons du berceau (fig. 18). L’arc brisé est appareillé avec un joint de tête ; un tirant métallique a été posé pour maintenir son rein sud déformé par un affaissement des claveaux.

2e travée : dans le mur sud s’ouvre une grande arcade aveugle en plein-cintre identique à celle de la 1ère travée. Il ne reste du cordon qui soulignait la retombée du berceau qu’un court fragment attaché au pilastre du 2e doubleau. La chute de l’enduit permet de voir à la base du mur 4 assises en moellons équarris. Au nord, une autre arcade, plus large et plus haute, pénètre dans la voûte et ouvre sur la 1ère chapelle latérale, portée de chaque côté par un pilastre plat appareillé en tuf et couronné d’une imposte à retours moulurée en filet et quart-de-rond. Le 2e doubleau est identique au 1er, avec la même déformation, mais ses angles et ceux des pilastres sont chanfreinés.

3e travée : le sol est surélevé d’une marche. La voûte est ornée en son centre d’un petit motif peint figurant la colombe du Saint Esprit entourée d’une gloire aux rayons rouges et jaunes. Sur le mur sud, un fragment de cordon subsiste entre le pilastre du 2e doubleau et l’embrasure droite de la porte du cimetière transformée en fenêtre ; au delà, vers l’est, le cordon qui reprend et s’interrompt à l’aplomb du milieu de la porte du clocher est taillé dans le tuf, avec la même mouluration.

La porte du clocher a ses piédroits et son arc en anse-de-panier à 3 claveaux taillés dans le calcaire gris, sans aucun décor, mais avec la date 1564 gravée sur la clef. Les pierres en saillie qui apparaissent entre les deux portes du cimetière et du clocher correspondent vraisemblablement au support d’une chaire à prêcher. Le mur nord est évidé par la grande arcade en plein-cintre qui ouvrait sur la 2e chapelle latérale et qui a été murée, à l’exception d’une porte rectangulaire sans décor ; dans l’écoinçon est, contre l’arc triomphal, est percée une petite fenêtre rectangulaire dont l’embrasure droite pénètre dans la voûte.

L’arc triomphal, à double rouleau, appareillé avec un joint de tête, retombe sur des pilastres dotés de bases, très abimées, à mouluration complexe (de bas en haut : bandeau, quart-de-rond renversé, filet, cavet, double filet) et d’impostes sculptées également très érodées. Du côté nord, l’imposte du 1er rouleau, très saillante et posée sur une assise débordante en grès, est en calcaire gris, profilée en bandeau sur un large chanfrein qui porte un motif (mascaron ?) en bas-relief très usé et complètement indistinct. L’imposte du 2e rouleau est en grès, orné sur ses 3 faces d’une frise de feuilles nervurées à pointe recourbée (une sur chaque angle et une sur chaque face) entre deux moulures, simple filet en bas, deux doubles filets séparés par une gorge en haut. Du côté sud, l’imposte du 1er rouleau, également en calcaire gris, a sa face ouest moulurée de bas en haut en bandeau, quart-de-rond et double filet. L’imposte du 2e rouleau, en grès, porte sur ses 3 faces une frise à peine distincte qui paraît composée, comme celle du pilastre nord, de feuilles nervurées entre un filet simple en bas et 2 doubles filets séparés par une gorge en haut.

La travée droite de choeur , très courte, est couverte d’un berceau en plein-cintre dont l’appareil en tuf est revêtu d’un enduit à la chaux badigeonné en bleu ciel. Ce berceau retombe de part et d’autre sur un cordon en grès mouluré d’un bandeau sur un large cavet. Les murs sont parementés en moyen-appareil de calcaire gris, dans celui du nord est percée une niche rectangulaire dont l’encadrement formé de 4 monolithes en grès est creusé d’une feuillure. Le sol, surélevé d’une marche et pavé d’une seule dalle de grès, a été abaissé et dégage une assise de fondation sous les bases de l’arc triomphal et sous l’appareil des murs. Sur les côtés, entre l’arc triomphal et les épaulements de l’abside, on voit des restes de l’ancien dallage en pierre posé sur une épaisse semelle de mortier. L’abside a son mur parementé comme celui de la travée droite et couronné d’un cordon en grès mouluré en cavet entre un filet simple (en bas) et un double filet (en haut) et orné à chaque extrémité d’un motif sculpté en bas-relief, bouton de feuilles au nord, volutes affrontées au sud. Du côté sud est ouverte une fenêtre dont l’embrasure, dotée d’ébrasements intérieurs, d’un appui taluté et d’un plafond dallé, est cohérente avec le parement du mur. Sous la fenêtre, un bloc du parement a été enlevé pour ménager une petite niche au sol de plâtre. L’appareil en tuf du cul-de-four est habillé d’un enduit à la chaux badigeonné en bleu ciel et décoré au sommet d’une petite rosace à 3 rangs de pétales en gypserie. Le sol, au même niveau que celui de la travée droite, est pavé de carreaux en ciment à décor de quadrilobes et de bouchons carrés en camaïeu de gris.

La 1ère chapelle latérale nord est voûtée en berceau plein-cintre, probablement en blocage sous l’enduit à la chaux. Le sol est dallé comme celui de la nef. Une balustrade en bois à double vantail ferme l’entrée. Dans le mur ouest sont percées une grande niche rectangulaire appuyée sur le sol et couverte d’un plafond en planches et une fenêtre en plein-cintre, ébrasée intérieurement, avec un appui droit, une voûte en canonnière enduite et un châssis vitré que protège une grille en fer forgé à 5 traverses et un barreau. Un oculus ébrasé est ouvert au ras de la voûte dans le mur nord. A l’est, l’arcade en plein-cintre qui ouvrait sur la 2e chapelle a été fermée par une cloison en parpaings repercée d’une petite porte rectangulaire.

La 2e chapelle latérale, qui sert de débarras, a perdu sa voûte d’arêtes, dont les arrachements apparaissent du côté nord. Le couvrement est assuré par le toit en appentis formé de 5 poutrelles et de plaques de ciment qui portent les tuiles. Le sol a conservé son carrelage en terre cuite (carreaux de 0,17 m). Les murs nord et est sont en blocage recouvert d’enduit à la chaux, celui de l’est creusé, à environ 1 m de hauteur, d’une cavité qui a probablement contenu un retable. Au sud, l’arcade en plein-cintre appareillée en grès qui ouvrait sur la nef a été fermée par une cloison en briques creuses. Dans l’angle sud-est, on voit un vestige de la chaîne d’angle de l’épaulement de la nef.

Le clocher : le rez-de-chaussée a son sol en terre battue et pour couvrement un berceau en plein-cintre en blocage. Une étroite fenêtre rectangulaire, à peine ébrasée, percée dans le mur sud, l’éclaire. Dans l’embrasure de la porte, au nord, une ouverture murée donnait accès à la chaire. Une simple échelle et une ouverture zénithale dans l’angle nord-est donnent accès au 1er étage.Le 1er étage est couvert d’un plafond en bois de confection récente. L’extrados de la voûte du rez-de-chaussée forme son sol. Le mur nord, ancienne élévation sud de la nef, est parementé en moellons assisés et couronné d’une corniche en calcaire moulurée en bandeau et quart-de-rond. L’ouverture pratiquée dans la voûte du rez-de-chaussée pour accéder à l’étage laisse voir dans ce mur deux fragments de piédroits appareillés qui ont peut-être appartenu à une fenêtre qui éclairait la 3e travée avant la construction du clocher. Les autres murs sont construits en blocage de moellons bruts. On y observe, à l’est et à l’ouest, des trous de boulins qui ont probablement servi à ancrer les poutres d’un plancher intermédiaire qui a été supprimé. Un jour ébrasé, à appui et plafond droits en dalles de pierre, est percé dans le mur sud, un autre jour semblable, mais sans ébrasement, dans le mur est. Une échelle conduit à l’étage supérieur.Le 2e étage est couvert d’un plafond identique au précédent. Dans les murs en blocage, des trous de boulin indiquent comme précédemment l’existence d’un plancher intermédiaire supprimé. On voit aussi les extrémités sciées de 2 poutres du précédent plafond du 1er étage, qui était ancré 0,30 m au dessus de l’actuel. Dans chaque mur, une grande baie en plein-cintre appareillée en tuf a été murée et remplacée par un oculus rond également encadré de tuf.Le 3e étage est la chambre des cloches, couverte comme les étages précédents d’un plafond en bois et ajourée par 4 grandes baies en plein-cintre appareillées en tuf. Le 4e étage est situé à l’intérieur de la flèche. La partie inférieure, de plan circulaire, est percée de 4 petites fenêtres en plein-cintre ; à la partie supérieure, de plan carré, les embrasures des 4 oculus, voûtées en plein-cintre, se touchent.

LE CIMETIERE

Le cimetière de Tartonne entoure l’église paroissiale sans doute depuis la construction de celle-ci.

Dans sa configuration actuelle, il remonte au moins au 18e siècle, le plan cadastral de 1837 lui donne le même développement qu'aujourd'hui.

L’enclos, de forme irrégulière, possède deux accès, l’un,piétonnier, à l’ouest, l’autre, pour les véhicules, à l’est. Les tombeaux sont disposés de manière assez désordonnée de part et d’autre d’une unique allée qui fait le tour de l’église, le long du mur de clôture et des élévations de l’édifice.

1Etienne Clouzot, Pouillés des provinces d’Aix, d’Arles et d’Embrun2(la voûte) 3A.D. 04 2 E 1040, f°304ibidem, f° 59v°, 60v°.5A.D. 04 2E 10466A.D. 04 2E 1049, f°85.7A.D. 04 2E 10628A. D. 04 2E 10629A. D. Alpes-de-Haute-Provence, 2 G 18, pp. 418-425.10Ibidem, pp. 667-674.11A. D. 04 2E 107912A. D. Alpes-de-Haute-Provence, 2 G 19, 3e cahier.13Ibidem, 4e cahier14Ibidem, 8e cahier.15A. D. Alpes-de-Haute-provence, 2 V16A. D. 04 1 O 47517A. D. Alpes-de-Haute-provence, 2 V18Ibidem19Ibidem, 1 O 475.20Alpes romanes, la Pierre qui Vire, 1980, (collection Zodiaque), p. 64.

D'après leur morphologie et leur décor sculpté, la nef et le choeœur paraissent avoir été construits au 13e siècle. Le clocher, version fidèle du modèle alpin dont le prototype est le clocher de la cathédrale d'Embrun, porte la date 1564 mais n'a été achevé qu'en 1621 par les maçons dignois Jean Roubaud et Pierre Lavigne. Au 17e siècle ont été édifiées les chapelles latérales. La voûte de la nef a été partiellement reconstruite en 1830 et le clocher surélevé d'un étage entre 1863 et 1865, sur un projet de l'agent-voyer Arnaud. En 1891 et 1892 a eu lieu une importante campagne de travaux effectués par l'entrepreneur Jules-André Roux sous la direction de Joseph Cressy, maître maçon faisant fonction d'architecte, qui a substitué un toit en tuiles creuses sur charpente à la couverture initiale en lauses, démoli la petite nef que formaient les 2 chapelles latérales sud et supprimé la cloison qui isolait, au fond de l'abside, une petite sacristie. En 1931, le clocher, lézardé par la foudre, a de nouveau fait l'objet de travaux de restauration, sous la direction de l'ingénieur des Travaux publics Parat. Exécutés par Etienne Arniaud, entrepreneur à Digne, les travaux consistaient en une démolition, puis reconstruction à l'identique de la partie supérieure de la flèche et des pyramidions. L'architecte en chef J.-P. Ehrmann a conduit en 1976 une autre campagne de restauration.

L'édifice orienté est composé d'un choeur et d'une nef accostée au nord de 2 chapelles latérales et au sud d'un clocher-tour. Le chœoeur, entièrement parementé en moyen-appareil, comprend une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four et une courte travée droite couverte d'un berceau brisé. La nef est couverte d'un berceau brisé et comprend 3 travées séparées par des doubleaux. Des 2 chapelles latérales ouvertes au nord, seule la 1ère a conservé sa voûte en berceau plein-cintre, l'autre, fermée par une cloison, n'a plus qu'un toit en appentis à la place de sa voûte d'arêtes. Au sud, on voit encore les 2 arcades, murées, qui ouvraient jadis sur 2 autres chapelles latérales. Le clocher ouvre au sud de la 3e travée par une porte en anse-de-panier où a été gravée la date 1564. Son rez-de-chaussée est voûté en plein-cintre. Sa flèche carrée, ajourée sur 2 niveaux de fenêtres en plein-cintre, est cantonnée de pyramidions en tuf.

  • Murs
    • calcaire moyen appareil
    • calcaire moellon enduit
    • grès pierre de taille
    • tuf pierre de taille enduit
  • Toits
    grès en couverture, tuile creuse, tuf en couverture
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte en berceau brisé
    • cul-de-four
    • voûte d'arêtes
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • flèche carrée
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
    • décor stuqué
  • Représentations
    • feuille
    • volute
    • homme
    • en buste
    • colombe
    • rosace
  • Précision représentations

    Sur les impostes de l'arc triomphal : frise de feuilles nervurées et buste d'homme (illisible). Aux extrémités du cordon qui souligne le cul-de-four de l'abside : volutes affrontées et bouton. Au sommet du cul-de-four : rosace en gypserie. Peinture sur la voûte de la 3e travée de la nef (ancien choeur) : colombe du Saint-Esprit dans une gloire.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune, []
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 1972/04/12
  • Référence MH

Documents d'archives

  • Prix-fait de réparation de l'église paroissiale de Tartonne passé à Pierre Reboul, maçon. Minutes du notaire Antoine Mariaud, 1er octobre 1618. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 E 1037, f° 286.

  • Prix-fait de reconstruction partielle et d'achèvement du clocher de l'église paroissiale de Tartonne, passé à Jean Roubaud et Pierre Lavigne, maçons. Minutes du notaire Antoine Mariaud, 17 mars 1621. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 E 1040, f° 30

  • Prix-fait pour la confection des portes de l'église paroissiale de Tartonne passé à François Viret, menuisier. Minutes du notaire Antoine Mariaud, 30 août 1627. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 E 1046

  • Prix-fait pour la reconstruction de la chapelle Saint-Blaise dans l'église paroissiale de Tartonne, passé à Grégoire Roubaud, maçon. Minutes du notaire Antoine Mariaud, 30 juin 1630. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 E 1049, f° 85.

  • Prix-fait pour la réfection du toit de l'église paroissiale de Tartonne, passé à Jacques Féraud et Pierre Silve, maçons, Minutes du notaire Antoine Mariaud, 8 décembre 1648. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 E 1062

  • Prix-fait pour la construction du mur du cimetière paroissial de Tartonne, passé à Jacques Maurel, maçon. Minutes du notaire Fabre, 3 février 1680. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 E 1069.

  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Senez, 1708-1723. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 G 18.

    folio 418-425 : 1er novembre 1717 ; folio 667-674 : 21 juin 1722
  • Prix-fait pour diverses réparations à Tartonne : mur du cimetière, portes et toit de l'église paroissiale, oratoire Saint-Sébastien, fontaine de la Salaou et moulin communal, passé à Honoré Giraud, maçon. Minutes du notaire Fabre, 25 mai 1732. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 E 1079.

  • Prix-fait pour diverses réparations à l'église paroissiale et au presbytère de Tartonne, passé à Philippe Maurel, maçon. 17 avril 1747. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 E

  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Senez, 1745-1753, 1764 à 1768, 1775, 1779 à 1781, 1785 à 1788. Registre tenu successivement par Louis Jacques François de Vocance (évêque de Senez de 1741 à1756), Antoine-Joseph D'Amat de Volx (évêque de Senez de 1757 à 1771), Étienne François Xavier des Michels de Champorcin (évêque de Senez de 1771 à 1773), Jean-Baptiste Charles Marie de Beauvais (évêque de Senez de 1774 à 1783), Sixte-Louis-Constance Ruffo (Roux) de Bonneval (évêque de Senez de 1783 à 1784), Jean-Joseph-Victor de Castellane-Adhémar (évêque de Senez de 1784 à 1788). Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 G 19

    3e cahier : 19 octobre 1750 ; 4e cahier : 4 mai 1764 ; 8e cahier : 6 novembre 1779
  • Questionnaire sur l'état des paroisses du diocèse de Digne. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 75

    Questionnaire sur l'état de la paroisse de Tartonne, réponse du curé R. Blanc, 4 février 1833.
  • Délibérations du conseil municipal de la commune de Tartonne. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 475

    Le 18 août 1860, le conseil décide la reconstruction du clocher de la paroisse, après avoir consulté le projet dressé par Joseph Chaillan, maître maçon à Barrême.
  • Approbation des travaux de réparation du clocher de l'église paroissiale de Tartonne par l'architecte diocésain, 7 janvier 1863. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 475

    Le 7 janvier 1863, Raymond, architecte dicésain, valide la projet de réparation du clocher dressé par Arnaud, agent-voyer.
  • Approbation des travaux de reconstruction du clocher de l'église paroissiale de Tartonne par le préfet des Basses-Alpes, 5 mars 1863. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 475

  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché de Digne, doyennés d’Allos, Annot, Banon, Barcelonnette, Barrême, de 1840 à 1879. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 86

    Visites du 24 octobre 1865 et du 22 mai 1870
  • Lettre de l'agent-voyer en chef au préfet des Basses-Alpes à propos de la réception des travaux de reconstruction du clocher de l'église paroissiale de Tartonne, 5 mai 1868. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 475

    5 mai 1868 : le maire de Tartonne demande que la réception des travaux soit confiée à M. Fournier, agent-voyer de canton à Thorame-Haute, vu la mort de M. Arnaud, agent-voyer d'arrondissement à Digne, qui était chargé de la direction des travaux.
  • Echange de correspondance entre le maire de Tartonne et le préfet des Basses-Alpes au sujet des dommages causés par la foudre au clocher de l'église paroissiale, août 1884. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 475

  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Digne, 1884 - 1891. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 93

    Visite du 29 septembre 1891.
  • Commune de Tartonne. Réparation de l'église de Tartonne. Devis, avant-métré des travaux et détail estimatif dressé par Joseph Cressy maître-maçon à Tartonne le 9 avril 1891, approuvé par le conseil municipal le 17 mai 1891, approuvé par le préfet des Basses-Alpes le 6 novembre 1891. Devis supplémentaire dressé le 28 décembre 1891 et approuvé par le préfet le 3 mars 1892. Réception des travaux, 25 octobre 1892. Décompte des travaux effectués dressé par l'entrepreneur Roux et l'architecte (sic) Cressy le 2 novembre 1892. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 475

  • Délibérations du conseil municipal de la commune de Tartonne. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 475

    23 décembre 1928 : le conseil municipal charge le service des Ponts et Chaussées de dresser un projet de réparation au clocher de l'église paroissiale, endommagé par la foudre. 7 avril 1929, le conseil municipal approuve le projet.
  • Rapport de l'ingénieur des Ponts et Chaussées en charge du projet de réparation du clocher de l'église paroissiale de Tartonne, 12 mars 1929. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 475

    Le 12 mars 1929, Parat, ingénieur TPE transmet au préfet le projet de réparation au clocher comprenant la démolition et la reconstruction de la partie supérieure du clocher et de sa flèche.
  • Soumission d'Etienne Arnaud, entrepreneur à Digne, pour les travaux de refection du clocher de l'église paroissiale de Tartonne, 5 août 1929. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 475

Annexes

  • Visite pastorale de la paroisse de Tartonne, 1er novembre 1717
  • Visite pastorale de le paroisse de Tartonne, 21 juin 1722
  • Visite pastorale de l'église Notre-Dame d'Entraigues à Tartonne, 19 octobre 1750
  • Visite pastorale de l'église paroissiale Notre-Dame d'Entraigues à Tartonne, 4 mai 1764
  • Visite pastorale de la paroisse de Tartonne, 6 novembre 1779
  • Questionnaire sur l'état de la paroisse de Tartonne, 4 février 1833
  • Devis, avant-métré des travaux et détail estimatif des travaux à faire à l'église de Tartonne, 9 avril 1891
  • Devis supplémentaire des réparations à faire à l'église de Tartonne, 28 décembre 1891
  • Décompte des travaux effectués à l'église de Tartonne, 2 novembre 1892
Date d'enquête 2005 ; Date(s) de rédaction 2007
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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