Dossier d’œuvre architecture IA04003136 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
écart de la Colle Saint-Michel
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Thorame-Haute
  • Lieu-dit la Colle-Saint-Michel
  • Adresse
  • Cadastre 1838 A2 n° 5 ; 2020 060 I
  • Précisions anciennement commune de La Colle-Saint-Michel
  • Dénominations
    écart

Un territoire de moyenne montagne

1. Situation géographique

Le village, ancien chef-lieu d'une commune au territoire réduit (587 hectares), occupe un espace au pied d'un relief étagé, entre 1 430 et 1 470 m. d'altitude, en bordure de la plaine dite de Saint-Antoine, au sud et à l'est, qui constitue l'unique véritable zone plane du territoire. En somme, son implantation rappelle celle du chef-lieu Thorame-Haute, mais le climat y est plus froid, venteux, et, précise l'abbé Féraud, le sol y est aride. Le territoire collenc est dépourvu d'écart proprement dit.

L'ancien village de La Colle Saint-Michel devenu écart de Thorame-Haute. Vue aérienne oblique de l'écart depuis le nord-ouest.L'ancien village de La Colle Saint-Michel devenu écart de Thorame-Haute. Vue aérienne oblique de l'écart depuis le nord-ouest. Vue d'ensemble depuis le sud.Vue d'ensemble depuis le sud.

2. Jalons historiques

L'histoire de la Colle se confond évidemment avec celle de l'ancienne commune. Les seigneurs et co-seigneurs exerçant leurs droits féodaux sur la communauté se sont succédé durant la période moderne. Périodiquement, la communauté rachetait ses droits juridictionnels pour devenir indépendante, comme en 1697. Au 18e siècle, une famille de notable - la famille Blanc - "régna" à la Colle auprès de laquelle la communauté s'endetta. Cette famille de propriétaires bourgeois s'était en effet portée garante des dettes contractées sur les affouagements dus par la communauté et vint à occuper durablement les postes les plus "prestigieux" comme celui de maire. La pauvreté entraîna une dette auprès du créancier Joseph Blanc atteignant 3 140 livres, une somme équivalant au prix de vente de 2 740 brebis. Les archives notariales font état à l'époque d'"actes de déguerpissement" liés à la fuite d'habitants déclarés insolvables. Le mémoire pour l'affouagement de 1728 (c'est-à-dire le calcul de l'impôt) décrit la misère de la population locale, parfois réduite à la mendicité : il faut cependant faire la part d'une exagération coutumière dans ce type de document visant à susciter la pitié et donc la mansuétude des créanciers. Quoi qu'il en soit, la Colle était une communauté pauvre. Au milieu des années 1730, Joseph Blanc racheta les droits seigneuriaux à la communauté. La Révolution française correspondit à la fin de la domination Blanc, supplantée à partir de 1810 par la famille Balp, qui marqua sa suprématie durant plus d'un siècle et demi.

Malgré des liens évidents avec la commune de Peyresq, des conflits latents concernant l'emprise territoriale de chacune des communes perdura tout au long de la période moderne, que seul l'établissement des cadastres respectifs en 1838 permit de solder, avant la fusion des deux communes en 1964 sous le nom Saint-Michel-Peyresq, entérinant de fait la primauté administrative de la Colle sur Peyresq. A cette date, l'ancien village partiellement ruiné avait perdu toute sa population ou presque, malgré l'entreprise de "renouveau" orchestrée à partir de 1958. 1974 marqua une dernière fusion, la Colle étant absorbée par Thorame-Haute, décision définitivement actée en 1976.

II. Organisation du village devenu écart

1. Le village

La "Carte des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille" correspondant à l'ancien village de La Colle-Saint-Michel (1764-1769) ne permet pas d'apprécier la répartition du parcellaire, mais elle indique la faible densité du bâti. Le noir délimitant l'emprise au sol de l'agglomération ne doit pas être interprétée comme un rempart, puisqu'elle ne disposait d'aucun système défensif. La Colle, soixante-dix ans plus tard, ne s'était pas étoffée. Elle présentait une organisation extrêmement lâche de quelques îlots dont le plus important ne rassemblait pas plus de cinq parcelles. Jardins, aires à battre, terres labourables et prés entouraient chaque îlot ou parcelle. En contrehaut de la chapelle Saint-Michel, l'aire sur l'ancienne parcelle 1838 A 23 appartenant aux héritiers de Joseph Blanc (actuelle parcelle double 060 I 33-34) est assurément la plus remarquable : décaissée, partiellement enclose par un mur de soutènement en forme de fer à cheval, elle a conservé son sol empierré. On dénombrait 27 parcelles bâties au total sur le plan figuré du cadastre de 1838, dont la chapelle Saint-Michel construite en léger retrait sur les hauteurs de la petite agglomération (REF=IA04002355), le presbytère ainsi que le fournil (ancienne parcelle A 100) détruit à la fin des années 1960. L'écart était desservi par quelques axes, la Grande Rue ou rue Basse du sud-ouest au nord-est - qui n'est autre que la route départementale 12 reliant Colmars à Entrevaux -, prolongée au sud-ouest par la rue de la Fontaine, d'où part le chemin des Boeufs qui monte jusqu'à la chapelle Saint-Michel. La rue de l'Eglise relie celle-ci à la rue Basse en passant par le presbytère. La rue Haute ou plus haute Rue rejoint le chemin des Boeufs par l'extrémité nord-est, jusqu'au "village d'en haut", le "fief" de la famille Chaillan après achat aux Blanc en 1861. Rue Haute et rue de l'Eglise sont reliées parallèlement à la rue Basse par la rue du Milieu ou rue du Puits. Le cimetière occupe le haut de l'écart.

Plan cadastral de la commune de La Colle Saint-Michel, 1838, section A2, écart de la Colle.Plan cadastral de la commune de La Colle Saint-Michel, 1838, section A2, écart de la Colle.

Dans l'écart au bâti très lâche, les jardins potagers sont nombreux.Dans l'écart au bâti très lâche, les jardins potagers sont nombreux.

L'ancienne aire à battre Blanc (actuelles parcelles I 060 33-34), empierrée et en forme de fer-à-cheval.L'ancienne aire à battre Blanc (actuelles parcelles I 060 33-34), empierrée et en forme de fer-à-cheval.

La Colle, sujette comme de nombreuses localités du territoire au problème de l'alimentation en eau, particulièrement l'été, disposait en 1838 de deux puits, dont un communal (REF=IA04003066), et d'une fontaine attestée dès le second tiers du 18e siècle et donc plus ancienne encore (REF=IA04003064). Certaines habitations disposaient par ailleurs de citernes (voir la maison en 2021 060 I 50 et REF=IA04003047). La maison sur l'ancienne parcelle 1838 A 80 (actuelle 060 I 14) accueillait la chambrette, traditionnel lieu de réunion de la gent masculine, jusqu'au premier quart du 20e siècle.

L'histoire du bâtiment abritant le presbytère est intéressante. Aline Sarti la développe avec beaucoup de détails1. Résumons-en les principales étapes. Il fallut quatre années (de 1819 à 1824) pour s'entendre sur son emplacement, une maison située dans l'écart (ancienne parcelle 1838 A 79), après avoir pensé à construire un bâtiment ex nihilo. Mais aussitôt vint s'adjoindre le projet d'y inclure, en plus du presbytère et après travaux, une école et la maison commune. La question du financement, épineuse, finit par être tranchée et l'adjudication des travaux déclarée le 26 mai 1838 en faveur du maçon Antoine Féraud pour la somme de 2 913 francs et 9 centimes, le maître ouvrage ayant consenti un rabais de 600 francs. Le bâtiment existe toujours, mais a été modifié notamment au cours du 19e siècle, le curé, lorsqu'il y en avait un, souhaitant disposer des lieux dans leur intégralité, ce qui obligeait à louer de nouveaux espaces pour le logement de l'instituteur et la salle de classe. A la fin du 19e siècle, le curé itinère et ne réside plus à la Colle : la maison dispose dès lors d'une salle de classe et d'une salle de mairie. L'école a fermée une première fois entre 1931 et 1944, et définitivement en 1953. Il devient en 1971 gîte communal avec un appartement par étage, à l'exception du premier niveau réservée à l'éphémère mairie de Saint-Michel-Peyresq. La commune de Thorame-Haute le met en vente en 2008. La maison observable aujourd'hui traduit donc des mutations et des réorganisation successives de la distribution intérieure qui ont fait perdre le dessein du projet livré en 1840.

L'ancien presbyère, école et maison commune du village (parcelle I 060 15) désormais maison privée.L'ancien presbyère, école et maison commune du village (parcelle I 060 15) désormais maison privée.

2. La population

La population des Collencs est concentrée tout entière ou presque dans l'ancien village. Aussi les chiffres de la commune peuvent-ils être transposés à l'agglomération.

dates

1471

1765

1793

1800

1806

1821

1831

1836

1841

1846

population totale

9 feux

101

101

75

76

88

80

85

83

104

dates

1851

1856

1861

1866

1872

1876

1881

1886

1891

1896

population totale

91

98

60

58

70

65

61

46

51

46

dates

1901

1906

1911

1921

1926

1931

1936

1946

1954

1962

population totale

72 (ouvriers

compris)

51

51

30

31

28

24

38

11

14

Evolution démographique de l'ancienne commune de La Colle Saint-Michel (pour la période 1836-1936 [excepté 1911], source AD 04, 6 M 079).

Si la pauvreté de la commune apparaît patente au fil de l'histoire, notamment au 18e siècle où les archives de diverses natures mettent en évidence la précarité d'existence des habitants du village, endettés et parfois contraints à fuir leur habitation afin d'échapper à l'impôt (voir ci-dessus), on constate que la population dans la seconde moitié du 18e siècle atteint un plus haut niveau (environ 100 personnes recensées) avant celui enregistré en 1846 (104 individus) et une baisse générale et constante ponctuée de quelques fluctuations temporaires de hausse très modérée, conjoncturelles et non structurelles. Ainsi en un demi-siècle, entre 1846 et 1896 la population a-t-elle décru de 56 % (plus de la moitié donc) et entre 1896 et 1954 des trois-quarts (76 %). On observe une stagnation relative entre 1886 et 1911 mais surtout une forte hausse pour 1901, incongrue en temps normal et consécutive au chantier de la ligne des Chemins de fer de Provence. Les travaux préparatoires (REF=IA04000634) et le percement du tunnel de La Colle Saint-Michel s'étalent sur une quinzaine d'années entre 1889 et 1904, et même si les ouvriers étrangers, d'autres régions de France et du côté italien logent aux points d'entrée et de sortie du tunnel, la commune et l'agglomération en tirent avantage et profit. Par la vente de bois d'oeuvre issu de coupes dans la forêt communale de la Colle Baudet d'une part ; par la location de logements dans le village, d'autre part. Les chiffres du recensement précisent pour l'année 1901, outre les quatre "étrangers" sur les 49 habitants du village, 23 "ouvriers étrangers à la commune occupés aux chantiers temporaires de travaux publics"2. Il est d'ailleurs amusant de voir le chiffre 49 biffé et "remplacé" au crayon par le nombre total d'"occupants" (ouvriers compris donc), soit 72 personnes. Le chantier achevé, la baisse reprit son cours. Le premier conflit mondial y prit sa part, alors que le second, indirectement, eut l'effet inverse. Mais cela ne dura pas. Avec 14 habitants en 1962, il était logique de voir La Colle fusionner avec Peyresq, avant une nouvelle absorption plus large par Thorame-Haute.

Cette progressive et inéluctable dépopulation entraîna l'abandon de quelques bâtiments dont l'un des plus emblématiques est, dans le haut de l'écart, le "Jas", une vaste bergerie ruinée d'environ 150 m2 de superficie (ancienne parcelle 1838 A 53). Le bâtiment de deux niveaux se présentait intérieurement à l'étage de soubassement sous la forme d'un espace unique divisé longitudinalement par une série de quatre voûtes d'arêtes et par deux rangées de voûtes identiques dans la profondeur retombant sur trois piliers centraux. Encore debout au milieu du 20e siècle, il a perdu son toit et son couvrement s'est effondré. Une nouvelle construction (années 2010-2015) dépourvue de fonction agricole, entièrement dévolue au logement, s'est appuyée sur les vestiges en élévation côté est. Seule subsiste la partie occidentale ruinée.

Quelques habitations récentes ont été édifiées à la périphérie de l'écart, dans sa partie ouest et sud essentiellement (parcelles 060 I 104, 108, 109, 127, 133, 134 ou encore 137), témoignant d'une certaine attractivité corrélée au phénomène de la résidence secondaire, et ce dès l'après Seconde Guerre mondiale (ainsi avec le chalet "Canet", parcelle 137).

III. La vie économique

1. Agriculture et pastoralisme

La population était essentiellement composée d'éleveurs. L'essentiel de l'agriculture, hormis celle de subsistance à travers notamment l'aspect crucial des jardins potagers et de quelques emblavures et des fruitiers en terrasses, était dédiée à la production d'herbe pour le cheptel ovin. La surface agricole utile était réduite sur le territoire collenc et malgré cela, un notable, négociant et éleveur tel que Jean-Baptiste Blanc arrivait à spéculer sur le prix de l'herbe en la revendant en basse Provence l'été, lorsqu'elle y manquait3. La famille Blanc possédait le "Jas" dans le haut du village. En 1741, le cheptel de Joseph Blanc s'élevait à 790 bêtes soit plus de 26 trenteniers, ce qui est considérable. En réalité, les Collencs étaient avant tout des transhumants : leur activité principale tournait autour du mouton selon le rythme pendulaire de l'hivernage (dont un chemin marquant la limite communale avec Thorame-Haute portait encore le nom sur le cadastre de 1838) et de l'estive dans les montagnes locales. A ceci près que le territoire de La Colle Saint-Michel, réduit on l'a dit, ne possédait pas assez de foncier pour les besoins de cette pratique : Peyresq était bien mieux dotée sur ce point, et retirait plus d'argent en louant ses quartiers de montagnes.

Le 20e siècle ne modifie pas la donne : l'élevage prédomine, et les bêtes étaient vendues pour partie d'entre elles à la foire d'Annot. Aujourd'hui encore, la transhumance ovine perdure, c'est même l'activité principale.

Terrasses de cultures aménagées sur les pentes dans le quartier de la Blachoune au nord-est de la Colle-Saint-Michel. Vue depuis la route départementale 908 au sud.Terrasses de cultures aménagées sur les pentes dans le quartier de la Blachoune au nord-est de la Colle-Saint-Michel. Vue depuis la route départementale 908 au sud.L'entrée du village avec le gîte, anciennement auberge de jeunesse, à l'arrière-plan. L'écart reste une agglomération d'éleveurs ovins. L'entrée du village avec le gîte, anciennement auberge de jeunesse, à l'arrière-plan. L'écart reste une agglomération d'éleveurs ovins.

2. L'hôtellerie

Le village puis l'écart de la Colle, au 20e siècle, a aussi misé sur l'activité hôtelière à partir du second tiers du 20e siècle. Augusta Balp a ainsi dirigé d'une main de fer l'hôtel Balp (parcelles 060 I 83-85), mitoyen de la maison familiale "historique" (parcelle 060 I 50 et REF=IA04003047) jusqu'en 1980. L'établissement s'est agrandi par adjonctions successives dans la première moitié du 20e siècle (parcelle 060 I 55 et REF=IA04003048) à partir du milieu des années 1930 et jusqu'au milieu des années 19604. Une autre dépendance Balp (I 060 24 et REF=IA04002777) a fait l'objet d'une mutation et de modifications profondes pour transformer ce qui était initialement un entrepôt agricole en auberge et hôtel de voyageurs, à partir du milieu des années 1990 : "L'Oustalet". Citons encore l'auberge de jeunesse à l'entrée de l'écart, en partie liée au destin de la station de la Colle Saint-Michel (voir ci-dessous). Car l'ancien village fut et dans une certaine mesure reste un centre d'attraction local pour la pratique du ski, ce qui peut en partie expliquer sa conversion économique dans l'activité d'accueil.

L'ancien hôtel Balp en bordure de la route départementale 908 (parcelles I 060 84 et 85).L'ancien hôtel Balp en bordure de la route départementale 908 (parcelles I 060 84 et 85).

3. Une station de ski pour la Colle

Depuis le milieu des années 1930, on pratiquait le ski, mais de manière artisanale. Les années 1940 virent l'arrivée de sportifs autour du milieu de la décennie 1940 : le village ne disposait cependant alors d'aucune remontée mécanique. Le premier fil-neige motorisé apparut en 1950 mais tout restait artisanal et hormis une auberge de jeunesse il n'y avait pas de structure d'accueil dédiée et surtout pas de station à proprement parler : plutôt un lieu pour skier, dont l'attractivité restait sinon confidentielle, restreinte à un public très restreint.

L'aventure de la station de ski de la Colle se déroule donc en quatre temps. D'abord, au début des années 1960, par l'entremise d'une société de remonte-pentes ayant pour nom "Les Téléskis de La Colle et d'Annot", dont les actionnaires principaux étaient annotiens, ce qui prouve qu'à cette époque encore les liens et influences prenaient place du côté des vallées de la Vaïre et du Var, qui fonctionna jusqu'à l'hiver 1966-1967. La fusion avec Thorame-Haute ouvrit un deuxième chapitre de l'or blanc à la Colle, puisqu'un projet démesuré porté notamment par la nouvelle commune de rattachement à partir de 1975 qui se fondait notamment sur la certitude d'un enneigement suffisant les mois d'hiver, proposa l'aménagement d'une véritable station alpine avec remontées mécaniques, domaine skiable homologué et bien sûr capacité d'accueil transformant complètement le visage et la nature de l'ancien village. Il s'agissait, au-delà de Thorame, de dynamiser l'économie montagnarde en visant explicitement, d'après le Rapport municipal "Opération de la Colle" de mai 1977, à plus grande échelle des retombées sur les deux vallées voisines" (la haute vallée du Verdon et celle de la Vaïre-Var). Le surdimensionnement de l'entreprise (une capacité en lits totalement déconnectée du lieu d'implantation, la réticence des habitants de la Colle (dont l'association des Amis de la Colle" nouvellement créée en 1980 se faisait l'écho), le coût de travaux pharaoniques pour la commune, notamment pour les travaux d'adduction de l'eau nécessaire à la viabilité de l'opération, un hiver sans neige en 1980-1981 eurent raison du projet, abandonné en 1982. Troisième temps : de façon presque concomitante, vers 1981-1982 un troisième projet plus modeste, plus respectueux de l'environnement (il était porté par l'ONF) modifia la perspective vers la mise en place d'un centre de ski de fond, qui dispensait des remontées mécaniques coûteuses. Ici encore, la Colle était associée à Annot, mais la structure juridique chargée de l'encadrement et de la gestion ne résista pas aux dissensions entre municipalités : Annot décida construire sa propre station, ce qui conduisait à diminuer d'autant la clientèle déjà peu nombreuse. Quatrième et dernier temps : la station de la Colle, depuis 1986, fonctionne de façon autonome depuis lors, bon an mal an selon l'enneigement. Elle dispose d'un gîte d'étape, ouvert en 1992 et qui correspond à l'ancienne auberge de jeunesse entre-temps modernisée, ancien entrepôt agricole transformé pour l'accueil des touristes à la fin des années 1940. Ce bâtiment, dès cette époque et donc avant les débuts de la ruée vers l'or blanc, en plus de servir d'auberge de jeunesse, hébergeait le refuge de l'Union départementale des Skis Clubs Bas-Alpins (l'UDSCBA). Le centre de ski nordique, pour la location du matériel, occupe l'étage de soubassement d'un bâtiment racheté par la commune, et qui dispose de logements locatifs aux niveaux supérieurs (REF=IA04003048). Le fonctionnement et la gestion de la station de ski nordique (gîte, location du matériel, entretien des pistes, accueil des compétitions) sont assurés par l'association "La Colle Saint-Michel Pleine Nature".

L'ancienne ferme Balp, en bordure de la route départementale 908, devenue auberge, puis immeuble à logements, abrite également le centre de ski nordique dans son adjonction sud (parcelle I 060 55). Ici en contexte hivernal.L'ancienne ferme Balp, en bordure de la route départementale 908, devenue auberge, puis immeuble à logements, abrite également le centre de ski nordique dans son adjonction sud (parcelle I 060 55). Ici en contexte hivernal.

Panneaux indicateurs : l'écart de la Colle-Saint-Michel accueille une station de ski nordique.Panneaux indicateurs : l'écart de la Colle-Saint-Michel accueille une station de ski nordique.

1Aline Sarti, "La Colle Saint Michel. Des Bas-Alpins à la hauteur. Une Provence méconnue", p. 222-232. 2AD 04, 6 M 079 (1901).3Voir Aline Sarti, "Fragments de vie d'un village de montagne à l'époque du traité d'Utrecht".4Lire à ce propos SARTI, Aline, "La Colle Saint Michel...", op. cit., p. 344-352.

L'ancienne communauté de La Colle Saint-Michel dépendait du comte de Provence au Moyen Âge et était rattachée à la viguerie de Puget-Théniers. De fait, sa sphère d'influence était tournée vers la vallée de la Vaïre et du Var, et donc vers Annot et non pas Thorame-Haute. La Révolution française entérina cette distinction administrative. Entre 1793 et 1801 Thorame-Haute devint chef-lieu du canton de Thorame quand La Colle Saint-Michel relevait du canton d'Annot. De 1801 à 1985, La Colle fut rattachée à celui de Saint-André-les-Alpes. Le 1er novembre 1964 La Colle Saint-Michel fusionna administrativement avec Peyresq sous le nom Saint-Michel-Peyresq, La Colle occupant le statut de chef-lieu. La nouvelle commune était toujours rattachée au canton de Saint-André-les-Alpes. Cette fusion fut de courte durée puisque l'éphémère nouvelle commune fut elle-même absorbée par celle de Thorame-Haute le 1er mars 1974, décision définitivement entérinée en 1976. La Colle Saint-Michel perdit dès lors son statut de chef-lieu pour être rétrogradée au rang de simple écart du village de Thorame-Haute.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : Epoque contemporaine

Documents d'archives

  • Recensement de la population, commune de La Colle-Saint-Michel (1836-1936). Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 6 M 079.

Bibliographie

  • SARTI, Aline. La Colle Saint-Michel : des Bas-Alpins à la hauteur, une Provence méconnue. Digne-les-Bains : Aline Sarti, 2011, 399 p.

  • SARTI, Aline. Fragments de vie d'un village de montagne à l'époque du traité d'Utrecht. Dans Au coeur des Alpes. Utrecht, 1713-2013, actes du colloque de jausiers, Colmars et Entraunes, 14, 15, 16 septembre 2012. Puget-Rostang, Barcelonette, Colmars-les-Alpes : Roudoule, écomusée en terre gavotte, Sabença de Valéia, Maison-Musée et Forts Vauban du Haut-Verdon, 2013, 247 p.

    p. 28-40.

Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    Détail de la feuille 194-10 : écart de la Colle-Saint-Michel.
  • Plan cadastral de la commune de La Colle Saint-Michel, 1838. / Dessin sur papier à l'encre et au lavis par Martel et Geoffroy fils dit Cadet, 1838. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 060 / 001 à 007.

    Section A, deuxième feuille.
  • [Plans pour la rénovation du bâtiment devant servir de presbytère, école et maison commune.] / Dessin à l'encre et lavis, 1836, dans "La Colle Saint-Michel : des Bas-Alpins à la hauteur, une Provence méconnue" / Aline Sarti, Digne-les-Bains : 2011.

    p. 226
  • [Plan de masse du projet de station de ski à la Colle Saint-Michel.] / Plume et lavis d'encre noire sur papier, 1980, dans "La Colle Saint-Michel : des Bas-Alpins à la hauteur, une Provence méconnue" / Aline Sarti, Digne-les-Bains : 2011.

    p. 288
Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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