Dossier d’œuvre architecture IA00049882 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Demeure d'Entrepreneur de Roulage dite Maison Gravier
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grave (La)
  • Commune Villar-d'Arêne
  • Cadastre 1971 AB 354
  • Dénominations
    demeure
  • Genre
    d'entrepreneur de roulage
  • Appellations
    Maison Gravier
  • Parties constituantes non étudiées
    étable, grange, fenil, remise, logement

HISTORIQUE

Cette maison fut sous le Second Empire la demeure du plus riche entrepreneur de roulage de la commune (cf. B. Amouretti. De Briançon au Bourg d'Oisans, les hommes et la route au XIXe siècle. Aix-en-Provence, 1984).

La construction existe en partie sur le cadastre de 1810, mais elle a été profondément modifiée sous le Second Empire. Elle a été agrandie au nord, et certainement surélevée d'un étage. L'écurie (1) semble avoir été reconstruite et la façade sud également reconstruite ou profondément remaniée (le tracé de la façade sud actuelle n'est pas identique à celui du cadastre de 1810). Le porche en ressaut est postérieur à 1810. La construction semi-circulaire qui apparaît au nord de la construction du XIXe siècle a par contre disparu.

Le mur nord semble avoir été en partie enterré à la suite de la construction du chemin départemental 402.

Le chapiteau d'un des piliers de l'écurie porte l'inscription : V B G 1870.

La maison est fermée depuis le début du XXe siècle et n'a donc pas été transformée depuis (information orale).

Vue prise du nord.Vue prise du nord. Fenêtre du rez-de-chaussée de la façade sud.Fenêtre du rez-de-chaussée de la façade sud.

DESCRIPTION

Situation

Cette maison est située à l'est du village, à proximité du chemin départemental 402 et de la rue de la Chapellote qui tous deux rejoignent la route du Lautaret.

Contre le mur-pignon est s'étend un jardin clôturé par un mur, contre lequel s'appuie une fontaine publique datée de 1865.

La maison est construite au nord sur un remblai qui longe le chemin départemental 402 et forme une rampe d'accès à la porte de la grange. Au sud elle est également profondément enterrée. L'appui des fenêtres du rez-de-chaussée est presque au niveau du sol.

Matériaux

Murs : appareil irrégulier de moellons de pierres locales liées à la chaux. Enduit à la chaux.

Voûtes : blocage coffré de moellons de pierre locale.

Plafond : lattis plâtré ; plancher de mélèze sur solives apparentes ou lambris.

La partie du porche en ressaut sur la façade n'est pas voûtée mais couverte d'un plafond formé d'un lattis de bois cloué sur des madriers entre lesquels a été coulé un mélange de paille et de chaux.

Sols : -de l'écurie : dallage de grandes plaques d'ardoise

- des caves : terre battue

- des autres pièces : plancher de mélèze à l'exception de l'espace situé devant la cheminée de la cuisine (1) qui est carrelé.

Piliers de voûtement de l'écurie : en pierre calcaire grise taillée. Les fûts monolithes des colonnes sont cylindriques, la base et le chapiteau de section carrée.

Escaliers : -d'accès à la cave : en bois à partir de l'étable. En pierre à partir de la cuisine

- distribuant les pièces d'habitation : en bois.

Structure

On accède au rez-de-chaussée par un corridor voûté en berceau surbaissé qui distribue à gauche l'écurie et à droite des pièces d'habitation. Le sol du corridor s'incline en pente douce vers l'intérieur du bâtiment.

La maison comporte deux écuries couvertes de voûtes en pendentifs séparées par des arcs-doubleaux qui retombent sur deux piliers centraux dans la première écurie, sur les murs dans la seconde. La première écurie est beaucoup plus vaste et beaucoup plus haute (env. 3 m) que celle des autres maisons du village. Au nord se trouve une pièce voûtée en berceau dont la fonction na pas été identifiée (cave?) qui semble avoir communiqué par une porte aujourd'hui murée avec les deux caves en sous-sol. La partie ouest est formée de cinq pièces d'habitation. L'une est plafonnée (salle 5), les quatre autres voûtées d'arêtes. Il est à noter que les deux pièces rajoutées dans le courant du XIXe siècle sont voûtées.

Les deux caves en sous-sol (caves 3 et 4) ont deux accès : l'un par l'étable, l'autre par la cuisine 1. L'une est voûtée d'arêtes, l'autre en berceau.

Toute la partie est du bâtiment est sur deux étages formée de pièces d'habitation plafonnées desservies par un escalier rampe sur rampe. La partie ouest qui n'est pas divisée par un plancher est occupée par la grange. On accède à la grange par un plan incliné qui prolonge à l'intérieur la passa extérieure. 0• La grange est séparée du plan incliné par un arc assez élevé. Cette baie ne comporte pas de menuiserie.

Le voûtement de l'écurie.Le voûtement de l'écurie.

Élévation

La maison comporte deux étages. La façade sud est ordonnancée même au niveau de la grange qui comporte deux niveaux de fenêtres.

Les fenêtres, beaucoup plus grandes que celles que l'on rencontre sur la plupart des maisons du canton comportent six carreaux. Elles sont protégées par des grilles en fer. Les deux fenêtres du rez-de-chaussée à gauche du "porche" sont surmontées d'un arc en tuf. Les autres sont rectangulaires. Les appuis des fenêtres de la façade sud sont monolithes, en pierre calcaire, et débordants.

La porte d'entrée est percée dans un porche en ressaut sur la façade qui s'élève jusqu'au niveau du premier étage et masque l'une des fenêtres de la grange. L'angle sud-ouest est abattu pour permettre le passage des charrettes.

Les fenêtres de la façade ouest, qui donne sur une ruelle étroite, sont ordonnancées sur trois niveaux et trois travées. Elles sont surmontées d'un arc en pierre, ont un appui formé par une planche, et sont également protégées par une grille.

La façade est est percée de deux travées formées de deux niveaux de fenêtres surmontées par des oculus qui ventilent le grenier qui occupe le comble.

Les baies du mur nord semblent avoir été modifiées par suite d'un renivellement du sol. Des portes murées sont en partie enterrées.

On accède à la grange par un plan incliné parallèle au mur nord et formé d'un remblai de pierres et de terre.

Couverture

La toiture n'est pas parfaitement symétrique et comporte deux demi-croupes. Le pan nord est couvert d'ardoises de pays calées avec de la paille, le pan sud de tôle nervurée prélaquée de couleur bleue. Elle comporte deux épis de faîtage en tôle. La toiture déborde faiblement au-dessus des murs : 20 cm environ au-dessus de la façade sud. L'avancée de toit est fermée par un lambris sur la façade sud, d'un lattis de bois plâtré sur la façade nord.

Le porche est couvert de fibro-ciment (shingel).

Les fermes sont formées de deux arbalétriers unis par un poinçon, d'un entrait et d'un faux-entrait réunis au poinçon par deux aisseliers.

Distribution intérieure

L'aménagement de cette demeure est un bon exemple des transformations que les familles enrichies par le trafic routier sous le Second Empire ont voulu apporter à leur intérieur et à leur mode de vie. On notera en particulier le grand nombre de pièces d'habitation et l'importance accordée à leur décor.

a. Le porche

La porte du porche en ressaut sur la façade n'est pas doublée, comme c'est habituellement le cas, par une seconde menuiserie au nu du mur de façade. Le porche ne forme pas un sas d'isolation devant la porte d'entrée mais donne directement accès au corridor. Les murs et le voûtement du corridor sont peints en rose avec des plinthes grises.

b. Les écuries

La porte de l'écurie est formée de deux épaisseurs de planches cloutées. Elle était fermée par un loquet en fer forgé. Crèches et râteliers (a) occupent toute la longueur du mur nord. Dans l'abat-foin(b) qui se prolonge dans la grange par une cage en pan-de-bois se trouve une échelle pivotante. La fonction de l'abat-foin était donc double, comme on a déjà pu le noter dans la parcelle 715 au Pied-du-Col. Il servait à la fois de trappe à foin (dans ce cas on rabattait l'échelle) et de communication intérieure entre la grange et l'étable. Cette pièce dont la voûte est soigneusement enduite est extrêmement bien éclairée. Par son volume et sa clarté elle se démarque des écuries traditionnelles du canton.

Dans la seconde écurie au nord se trouvent des lieux d'aisances, constitué par un coffre en bois percé, enfermé dans une petite pièce fermée par une porte à laquelle on accède par un plan incliné.

Les râteliers se trouvent contre le mur sud de cette seconde écurie. Une trappe carrée servant d'abat-foin (c) est percée dans la voûte au-dessus des râteliers.

c. Les pièces d'habitation du rez-de-chaussée

Toutes les menuiseries des portes des pièces d'habitation sont à panneaux.

La cuisine 1 comporte une cheminée formée d'une hotte en maçonnerie, plâtrée et ornée de cannelures, et un potager en briques (d). La plaque de la cheminée en fonte est ornée de deux flambeaux renversés. Devant la cheminée le sol était carrelé.

Cette pièce comporte plusieurs petits placards et une armoire prise dans la cloison qui la sépare de la pièce 2 (e). Les portes de cette armoire qui comporte encore un fronton semi-circulaire et des montants ornés de cannelures ont disparu. La cuisine 1 était peinte en blanc avec des plinthes grises.

La pièce 2 qui comporte également une cheminée est peinte en rose, comme la pièce 4.

La pièce 5 est peinte en blanc avec des plinthes grises. Le plafond plâtré est orné en son centre d'une rosace en stuc.

La cheminée en bois est formée d'un manteau rectangulaire fixé sur les piédroits. En dehors des périodes d'utilisation, le foyer était fermé par un cadre tendu de toile de jute sur lequel était collée une gravure représentant l'Angélus de Millet (0, 51 x 0, 44) encadrée de frises de papier peint.

d. Les pièces d'habitation aux étages

L'escalier de distribution des pièces d'habitation.L'escalier de distribution des pièces d'habitation. Moulage en plâtre entourant le lustre de la salle du rez-de-chaussée.Moulage en plâtre entourant le lustre de la salle du rez-de-chaussée.

L'escalier d'accès aux pièces d'habitation aux étages est en bois, rampe sur rampe, et comporte une rambarde en bois fixée sur des piquets en fer, et ornée de boules de cuivre.

La pièce 6 a une menuiserie de porte identique à celle de la pièce située immédiatement au-dessus. Elle est ornée d'un cœur en bois découpé et rapporté. Elle comporte une cheminée en marbre et un grand placard mural. Le plafond plâtré est orné de moulures.

La chambre 7 ne comporte pas de cheminée mais un simple trou de poêle qui communique avec le couloir et avec l'étage supérieur. Le plafond en planches de mélèze sur solives apparentes est tapissé de papier journal qui a été peint. Les murs plâtrés sont peints en blanc avec des plinthes grises.

L'encadrement de porte de la chambre 8 est orné de cannelures. Le mur ouest de cette pièce est entièrement occupé par un ensemble mobilier formé de deux placards encadrant la cheminée (g). Cette pièce est peinte en jaune et comporte deux plinthes en bois, l'une au sol, l'autre à un mètre de hauteur.

Le plafond est formé d'un lambris. Une planche sur deux est moulurée et en ressaut.

La pièce 9 est peinte en rose à l'exception de la partie sud. Le plafond en planches sur poutres apparentes était tapissé de papier journal et peint en rose. Dans cette pièce se trouve un conduit de cheminée avec un trou pour le tuyau d'un poêle.

La chambre 12 au second étage a un plafond plâtré dont le périmètre est orné de moulures, et un grand placard dont il manque les portes. Elle est peinte en blanc et comporte deux plinthes en bois : l'une au sol, l'autre à un mètre de hauteur.

e. Les resserres à provisions

Elles sont dispersées dans toute la maison comme c'est habituellement le cas pour ce genre de demeure et non regroupées dans un bâtiment indépendant selon la coutume du canton.

Les caves sont en sous-sol et au rez-de-chaussée, une ou deux chambres ménagères (pièces 9 et 10 ?) se trouvent au premier étage. Le grenier occupe le comble. Il est possible que la pièce 11, utilisée comme remise à voitures ait également servi de chambre ménagère. On y trouve encore une claie à pain.

Séchoir à pain, pivotant sur un axe. Noter l'escabeau fixé sur l'entrait pour faciliter l'accès au séchoir.Séchoir à pain, pivotant sur un axe. Noter l'escabeau fixé sur l'entrait pour faciliter l'accès au séchoir.

Dans le grenier situé dans le comble au sud-est du bâtiment se trouve un séchoir à pain pivotant fixé entre l'entrait et le faux-entrait de la ferme de charpente. Les aménagements des autres pièces à provisions ont disparu.

f. La grange

Forme un vaste espace ouvert sur le comble. Elle comporte une aire de battage formé d'un solide plancher en bois.

La grange. Vue intérieure vers la porte d'entrée.La grange. Vue intérieure vers la porte d'entrée.

ANNEXE

Liste du matériel agricole contenu dans cette maison et qui devait être utilisé vers 1910 (information orale).

- Plusieurs tombereaux peints en bleu

- Herse en métal (1). Mc Cormick.

- Herse en métal (2). Machine agricole Fernand Veyret . Claix. Isère.

- Charrue en métal dite tourne-oreille (1) à mancheron double. La brabannette. Marque déposée.

- Charrue en métal dite tourne-oreille (2) à mancheron unique. Prat et Blanc Ingrs Constrs Btés. Grenoble.

- Charrue en métal dite tourne-oreille {3) à mancheron double. Pas de marque de fabrique.

Toutes les parties en bois de ces instruments aratoires sont peintes en bleu.

La construction existe sur le cadastre de 1810 à l'exception de l'angle nord-est ; elle semble avoir été profondément modifiée dans le 3e quart 19e siècle : les piliers de l'étable portent l'inscription : VBG 1870.

  • Murs
    • granite
    • schiste
    • tuf
    • enduit
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Toits
    ardoise, métal en couverture
  • Étages
    sous-sol, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte en berceau
    • voûte d'arêtes
    • voûte en pendentifs
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • demi-croupe
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier droit
  • Typologies
    maison bloc type A2 : entrée commune aux hommes et aux animaux et circulation horizontale
  • Techniques
    • décor stuqué
  • Représentations
    • rosace
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Image non communicable
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Date d'enquête 1986 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers