Dossier d’œuvre architecture IA84000204 | Réalisé par ;
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
demeure (bastide)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune Ansouis
  • Lieu-dit Martialis
  • Cadastre 1934 C 96, 97, 109, 110 ; 1836 C 198, 199, 202
  • Dénominations
    demeure
  • Précision dénomination
    bastide
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle, chai, cellier

HISTORIQUE

Le cadastre de 1578 ne mentionne pas Martialis, qui apparaît en 1605 : c'était alors une ferme seigneuriale, appartenant à Marguerite de Forbin, femme d'Honoré de Sabran 1. Le 26 janvier 1632, Sextius d'Escalis, baron d'Ansouis, donna à prix-fait à Claude Brun, Jean Figuière, Marc et Esprit Mouret, tous maçons de Cucuron, la construction d'un corps de logis de deux étages sur cave, en blocage enduit avec deux portes et deux fenêtres en pierre de taille. L'ouvrage fut achevé en avril 1634 et coûta 300 livres 2.

La bastide de Martialis est encore mentionnée comme propriété seigneuriale en 1649 3. Elle fut ensuite vendue au sieur de Michaelis, qui la fit ériger en fief et devint baron de Martialis avant 1753 4.

Pendant la Révolution, la commune d'Ansouis fit saisir la bastide comme bien d'émigré. D'abord donnée à ferme, la propriété fut ensuite vendue 5. Elle appartint à un membre de la famille de Portalis.

DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

Construit en terrain en légère pente vers le sud au pied des chaînons montagneux qui limitent la terrasse de piémont du Luberon, l'édifice (50 x 65 m. ), type de la bastide aristocratique, comprend plusieurs corps de bâtiment disposés en L sur les côtés nord et est d'espaces libres :

- au nord : le corps de logis, flanqué à l'est de la chapelle et de dépendances, donne au sud sur une terrasse ombragée (sophoras, tilleul) que prolonge un jardin. Cette terrasse a été amputée après 1836 de la surface de la cour B par la construction d'un bâtiment de dépendance (aujourd'hui, garage). La terrasse est séparée du jardin par un mur-bahut portant des piles maçonnées qu'interrompt une porte cochère sans couvrement identique à celle qui constitue son entrée à l'ouest.

- à l'ouest : la maison du fermier, flanquée au nord et dans son prolongement d'un corps de bâtiment de dépendance est en retour d'équerre sur les dépendances de la maison de maître. La cour A, accessible par un portail en anse de panier est fermée au sud par un groupe de bâtiments de dépendances en partie postérieurs à 1836.

Corps de logis

Matériaux et mise en œuvre

Pierre locale : molasse calcaire (le prix-fait de 1632 indique que les "pierres de blocage" seront "prises sur place".).

Maçonnerie de moellons crépie ; chaînes d'angle, encadrement des baies, bandeaux de niveau en pierre de taille ; quelques assises de pierre de taille sont également visibles par endroits sous le crépi, au bas des murs.

Parti général, plan, coupes

Corps de bâtiment de plan massé, flanqué de tourelles hors-œuvre sur les angles antérieurs. L'étage inférieur, qui est un étage de soubassement, porte un rez-de-chaussée surélevé et un étage (carré ou de comble ?). Corps double en profondeur organisé selon une double dissymétrie : la partie antérieure est plus profonde et la cage d'escalier détermine une travée étroite, désaxée vers l'ouest.

Élévations extérieures

Les élévations antérieure et postérieure sont ordonnancées

- Élévation antérieure : L'ordonnance de la façade antérieure intègre parfaitement les tourelles à la composition. Toutes les baies sont identiques : segmentaires à chambranle et à clé saillante, elles reposent aux trois niveaux sur un bandeau continu régnant à hauteur d'appui. L'inégalité des trumeaux, qui rompt la rigidité de cette ordonnance, ne fait que reproduire la dissymétrie du plan : de part et d'autre de la travée de l'entrée, chaque volume entre refends et chaque tourelle étant éclairés aux étages supérieurs par des baies jumelées.

Cadran solaire, au deuxième niveau, à droite de la travée centrale.

- Façade postérieure

Cette façade est plus simple : dépourvue de bandeaux, elle ne présente que deux niveaux. Les baies de la partie droite, porte d'entrée et fenêtres sont identiques à celles de la façade antérieure ; celles de la partie gauche, qui ont été remaniées, sont couvertes d'une plate-bande.

La chapelle, qui semble par le type de ses baies contemporaine du logis, a été à l'évidence collée sur celui-ci.

Combles et couvertures

Corps principal couvert d'une toiture à coupes (coupe incomplète à l'est) reposant sur une génoise à trois rangs. La couverture des tourelles est cachée par la partie haute du mur. Chacune d'elle est dotée d'une gargouille en pierre.

Distribution intérieure

A l'étage de soubassement - le seul qui ait été visité - les pièces d'habitation, cuisine à gauche, salle à droite, sont disposées symétriquement de part et d'autre du vestibule et de la cage d'escalier ; elles sont couvertes de voûtes d'arêtes crépies. La porte de la salle, couverte d'un arc en segment, présente un chambranle et une clé saillante en pierre de taille.

Dans la salle, un grand placard mural occupe tout le mur septentrional. A droite de la salle, remise voûtée en berceau plein cintre. Sol en terre battue.

La partie postérieure du bâtiment est occupée par une série de trois caves : à gauche, cave voûtée d'arêtes occupée en grande partie par les restes d'une cuve revêtue de carreaux de terre cuite vernissée ; à droite grande cave couverte d'un berceau en plein cintre longitudinal. Cuve à vin accessible par une volée droite de sept marches. Sol en terre battue.

Le rez- de-chaussée des tourelles est couvert d'une coupole crépie. Sol en terre battue.

Le vestibule ouvre sur la cage d'escalier par un arc en anse de panier à clé saillante sur impostes en pierre de taille. Escalier tournant autour d'un jour étroit sur repos et paliers. Rampe en fer forgé de type traditionnel à alternance de barreaux droits et ondulés sous une frise de volutes. Contre-marches malonnées à nez de bois.

NOTE DE SYNTHESE

Une visite trop rapide des lieux et la nature de la maçonnerie, uniformément crépie, ne permettent pas d'interroger très avant le bâtiment.Tel qu'il est parvenu à nous, sans grandes modifications récentes, le corps de logis ne saurait en raison de ses dimensions, plus de six fois supérieures à celles de la construction mentionnée dans le prix-fait de 1632, correspondre à la bastide seigneuriale du XVIIe siècle. La très forte unité de la construction, le type uniforme des baies, l'absence de collage apparent, sinon entre le corps de logis et la chapelle, semblent en revanche témoigner d'une seule campagne de travaux, très vraisemblablement ceux exécutés vers le milieu du XVIIIe siècle par le sieur de Michaëlis lors de la transformation de cette demeure en bastide aristocratique. La construction d'une chapelle est à cet égard significative. Rien ne permet de dire s'il s'est alors agi d'une complète reconstruction ou d'un agrandissement avec rhabillage de l'édifice initial.

1A.C. Cabrières-d'Aigues, FF 3 : saisie de la bastide de Martialis, 1er avril 1605 ; levée du séquestre, 23 juillet 1605.2A.D. Vaucluse, Série E Notaires, Etude Enjoubert de Pertuis, n° 168, f° 61-64 v°.3A.C. Ansouis, CC 3.4A.C. Sannes, CC 1.5A.C. Ansouis, BB 20, f° 170, 177.

Edifice antérieur : ferme seigneuriale, construite au début du 17e siècle et agrandie en 1632 ; érection en fief pour la famille de Michaelis et reconstruction intégrale dans la 1ère moitié du 18e siècle ; ensemble remanié et agrandi au 19e siècle

Corps de logis rectangulaire cantonné au sud de tours rondes ; étage de soubassement voûté en partie d'arêtes et en partie en berceau plein-cintre à lunettes, ouvert au sud sur une terrasse ; rez-de-chaussée et étage desservis par un escalier rampe sur rampe ; élévation antérieur à 11 travées de baies segmentaires ; chapelle, logis du fermier et corps de bâtiments agricoles groupés à l'est autour d'une cour fermée

  • Murs
    • molasse
    • enduit
    • moellon
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    étage de soubassement, 1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte en berceau plein-cintre
    • à lunettes
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date d'enquête 1968 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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