Dossier d’œuvre architecture IA84000336 | Réalisé par ; ; ;
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
demeure (bastide) dite Château Val Joanis
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune Pertuis
  • Lieu-dit Val de Joanis
  • Cadastre 1937 I 1071 A 1073 ; 1837 I 120 A 125
  • Dénominations
    demeure
  • Précision dénomination
    bastide
  • Appellations
    Château Val Joanis
  • Parties constituantes non étudiées
    colombier

HISTORIQUE

Le nom de Val de Joanis ou Val Joanis est assez récent : le quartier s'appelait autrefois les Vaux, et c'est sous ce nom (légèrement déformé en le Vaux) que la carte de Cassini, à la fin du XVIIIe siècle, signale la bastide.

En 1567, il y avait dans le quartier de Les Vaus quatre bastides : la première appartenait à Honnorat Michel, la deuxième à Elzias Pascal, la troisième à Jean Arnaud et la quatrième, dont le domaine touchait la limite d'Ansouis et qui parait la plus importante, à Antoine de Moullans 1. L'identification, en l'absence de tout autre élément de comparaison, est difficile à faire.

Le cadastre de 1730 2 recense aussi, au quartier des Vaux, quatre bastides. La plus grande appartient à Monsieur de Joannis, procureur général du Roi au Parlement de Provence. Il s'agit certainement, cette fois, de la bastide qui nous occupe et dont le nom est donc issu de celui de son ancien propriétaire.

Le domaine est, à cette date, important (l'un des plus considérables du territoire de Pertuis, qui compte 20 bastides de plus de 400 mètres carrée de surface) : les bâtiments - maison d' habitation, écuries, greniers à foin, four à pain, bergerie, étables et cour - sont évalués à 190 cannes carrées, c'est-à-dire environ 742 mètres carrés. Quant aux terres, elles s'étendent largement jusqu'au chemin de Villelaure, au sud, à la limite d'Ansouis, au nord, à la limite de Villelaure, à l'ouest, et jusqu'au vieux chemin d' Ansouis, à l'est.

La bastide et son domaine furent, en 1754, érigés en fief par le roi en faveur de leur propriétaire 3.

La famille de Joannis appartenait à la noblesse de robe aixoise. Le Nobiliaire de Provence d' Artefeuil lui donne pour origine un certain Jean Joannis, secrétaire du roi Louis III de Naples en 1433, et pour armoiries : "d'or à un lion de sable, armé et lampassé d' argent, au chef d'azur chargé de trois étoiles d'or".

DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

A l'endroit où, entre deux rétrécissements, le Val de Joanis forme une large cuvette à fond plat, bien drainée par un réseau orthogonal de canaux et soigneusement cultivée, l'édifice occupe une petite éminence boisée, dont le versant méridional porte un jardin en terrasses, agrémenté de bassins. La bastide proprement dite occupe deux côtés d'une cour, fermée par un mur percé d'une porte cochère en anse de panier, dont l'angle nord-ouest est marqué par un pigeonnier isolé. A l'extérieur de ce périmètre, au nord, le logis est fermé et des bâtiments d'exploitation délimitent une seconde cour, ouverte, dont le centre est occupé par un vaste bassin carré.

Le domaine recèle un site archéologique assez riche, à 300 m environ au nord de la bastide, où ont été trouvés, outre du matériel de surface (tessons de poterie, tuiles), des substructions importantes, des canalisations en terre cuite et une stèle, conservée sur place.

Matériaux et mise en œuvre

Édifice entièrement recrépi à neuf. Aile sud. Façade sur cour vue du nord.Aile sud. Façade sur cour vue du nord.

Parti général, plan, coupes

La remise en état complète et récente de l'édifice accompagnée de profondes modifications des élévations et de l'affectation des pièces, parfois même du parti de distribution, amoindrit considérablement la portée de l'analyse ; on se limitera donc ici à quelques observations essentielles.L'analyse du gros-œuvre de l'édifice, une bastide aristocratique caractéristique, révèle une construction par étapes : les ailes méridionale et occidentale sont jointes par un collage, bien visible sur l'élévation méridionale ; de même, l'aile occidentale a été construite en deux campagnes dont le raccord est mis en évidence par un changement d'axe et un collage sur l'élévation occidentale.

L'aile méridionale (A), à un étage carré, semble, compte-tenu de sa distribution intérieure - escalier d'honneur et décor de la chambre Ac notamment - constituer le logis des maîtres, l'aile occidentale (B), simple en profondeur, à un étage carré et un étage de surcroît, où se trouvent des pièces de service - cuisine Ba et office -, une écurie Bd, un atelier Bc et un appartement complet, doté d'une circulation verticale indépendante, correspond à celui des fermiers.

Aile sud. Façade sur cour vue du nord.Aile sud. Façade sur cour vue du nord. Aile sud. Façade sur jardin (sud) et pignon de l'aile ouest.Aile sud. Façade sur jardin (sud) et pignon de l'aile ouest.

Les bâtiments indépendants au nord sont en effet liés à une extension tardive, en partie postérieure à 1837.

Élévations extérieures

Ce sont elles qui ont subi les altérations les plus profondes. Les élévations sur cour sont ordonnancées. L'aile méridionale (A) présente un parti symétrique classique à trois travées de baies rectangulaires ; sur l'aile occidentale (B), un niveau de baies segmentaires est compris entre deux niveaux de baies rectangulaires, l'une et l'autre dotées d'une porte à décor architecturé.

- Aile méridionale (A)

L'encadrement à grosse moulure torique repose sur un socle nu ; la clé saillante et deux modillons portent une corniche droite.

- Aile occidentale (B)

Chambranle à crossettes à cru, constitué d'un large corps de fines moulures sur une corniche droite.

Aile sud. Façade sur cour. Porte.Aile sud. Façade sur cour. Porte. Aile ouest. Façade sur cour. Porte à crossettes.Aile ouest. Façade sur cour. Porte à crossettes.

Les élévations externes ont perdu tout intérêt archéologique. On peut néanmoins opposer l'élévation occidentale, peu et irrégulièrement percée - la loggia est un aménagement récent - à l'élévation méridionale, beaucoup plus ouverte sur le jardin et ordonnancée.

Distribution intérieure

L'aile A comprend au rez-de-chaussée, de part et d'autre de la cage d'escalier, à gauche une ancienne remise Ab et à droite, commandés par un couloir, une salle Aa et un petit salon.

Les pièces Aa, Ab et Ba ont été chacune dotées lors des travaux récents d'une cheminée en pierre provenant du Quercy.

à l'étage, les chambres sont commandées par un couloir. La chambre Ac a gardé un décor de gypseries complet, exceptionnellement bien conservé comprenant une cheminée engagée à manteau de marbre blanc à hotte droite, un trumeau, une alcôve avec cabinets latéraux et un dessus de porte ; de même les vantaux de la porte ont été conservés ainsi que d'autres, notamment à cet étage.

Escalier : escalier tournant à trois volées de marches maçonnées, carrelées à nez de bois. Rampe en fer forgé à alternance de barreaux droits et ondulés sous une frise de volutes.

Escalier. Rampe en fer forgé.Escalier. Rampe en fer forgé.

NOTE DE SYNTHÈSE

En dépit de conditions défavorables à une étude approfondie, ce que l'on a pu observer du Val de Joanis révèle un processus de formation que l'on peut qualifier de classique, compte-tenu de son caractère quasi systématique en Pays d'Aigues : à un noyau initial modeste -vraisemblablement l'aile A - a été ajoutée très rapidement, dès le XVIIe siècle, si l'on en juge d'après les portes ouvrant sur la cour, l'aile B pour constituer une bastide aristocratique complète. Au XVIIIe siècle l'ensemble fut complété par la construction du pigeonnier actuel et peut-être la clôture de la cour ; ce qui subsiste du décor de l'appartement suggère un réaménagement à l'extrême fin du XVIIIe siècle.

L'unité fonctionnelle résidentielle-agricole est enfin rompue, sans doute au XIXe par le rejet des dépendances et du logis des fermiers hors de l'enceinte.

1A. C. Pertuis, CC 8, cadastre de 1567.2A. C. Pertuis, CC 45, cadastre de 1730.3A. C. Pertuis, FF 28.

Bastide fondée au 16e siècle (avant 1567) et possédée jusqu'au 17e siècle par la famille Arnaud ; doit son nom au procureur général de Joanis, propriétaire en 1730, en faveur de qui la bastide fut érigée en fief en 1754 ; édifice du 17e siècle limité à l'actuelle maison de maître, partagée entre logis (aile sud) et ferme (aile ouest) et entièrement remaniée au 18e siècle (distribution et décor intérieur) ; ensemble remanié et agrandi dans le 3e quart du 20e siècle.

Edifice composé de 2 groupes de bâtiments séparés : la ferme au nord, composée de 4 corps de bâtiment disposés en U autour d'une cour ; la maison de maître au sud, disposée en L autour d'une cour fermée et ouvrant au sud sur un jardin en terrasses agrémenté de bassins ; cette maison comporte un corps de bâtiment sud à plan symétrique, doté d'un escalier tournant suspendu, et un corps de bâtiment ouest irrégulier, desservi par 3 escaliers, dont 1 extérieur, et décoré de gypseries ; colombier de plan carré à boulins en plâtre dans l'angle nord-est de la cour

  • Murs
    • molasse
    • enduit
    • moellon
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan symétrique
  • Étages
    étage de soubassement, 1 étage carré, étage en surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour suspendu
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour suspendu
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • Techniques
    • ferronnerie
    • menuiserie
    • décor stuqué
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date d'enquête 1968 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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