Dossier d’œuvre architecture IA04001899 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
demeure anciennement palais épiscopal, puis douane et école, actuellement immeuble
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Entrevaux
  • Commune Entrevaux
  • Adresse rue de l'Eglise
  • Cadastre 1816 G 206  ; 2020 G 73
  • Dénominations
    demeure
  • Appellations
    palais épiscopal
  • Destinations
    douane, école, immeuble
  • Parties constituantes non étudiées
    cellier, lavoir

L'édifice date du 17e siècle. Malheureusement, nous ne disposons pas de document relatif à la vente des biens nationaux pour ce bâtiment, alors qu'il fut la propriété de l'évêque d'Entrevaux. En 1816 il appartenait à l'avocat entrevalais Pierre François Bernard, qui possédait aussi les anciennes parcelles 204 et 207 à proximité immédiate, ainsi qu'un bâtiment rural passage de la Chouette. L'édifice a rempli plusieurs fonctions successives au 19e siècle : bureau principal pour l'administration des douanes, puis école de filles. On projeta d'y installer ensuite la brigade de gendarmerie à pied, dans le dernier tiers du 19e siècle, mais ce dessein n'aboutit pas. Les aménagements intérieurs liés à l'allotissement de la demeure en appartements privés, vraisemblablement au tournant du 20e siècle, ont entraîné notamment au rez-de-chaussée surélevé des altérations dans la distribution et dans les décors en stuc peint des salles de réception, qui continuent à se dégrader, mais il est certain que l'accueil de plusieurs institutions dès le 19e siècle a conduit à des modifications préalables.

Il est possible que cet édifice ait été lié au bâtiment mitoyen (ancienne parcelle 205, actuellement 74), avant d'en être dissocié à la Révolution. De même, les deux parcelles occupant les anciens numéros 209 et 210 (actuellement 72 et 71) désignées en 1816 comme des écuries dont l'une - la 209 - appartenait alors au propriétaire de l'ancienne parcelle 205, étaient très vraisemblablement des dépendances de l'ancienne demeure épiscopale. Dans ce cas, il s'agirait d'un ensemble composite mais ramassé dépendant d'un même propriétaire au 18e siècle, avant que la Révolution ne vienne rebattre les cartes.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle
    • Secondaire : 19e siècle
    • Secondaire : limite 19e siècle 20e siècle , (incertitude)

L'édifice, un bâtiment d'angle inscrit perpendiculairement à la pente, se présente sous la forme d'une demeure imposante de six niveaux : un sous-sol, un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, deux étages carrés et un étage de comble. La maçonnerie recourt au moellon calcaire et au galet avec de la brique concassée en complément ponctuel, le tout lié au mortier de chaux et de sable avec un enduit de couvrement bicolore pour protéger les façades : couleur ciment à hauteur d'homme, ocre ensuite, pour la façade principale rue de l'Eglise. La façade latérale donnant sur l'Andraune reçoit quant à elle un enduit au ciment, à l'instar de la façade postérieure sur cour, irrégulière avec des ressauts. La façade principale, régulière à trois travées, présente une porte centrée en bois à deux battants avec imposte protégée par une grille en fer forgé, dans un encadrement en pierre de taille calcaire avec arc segmentaire. Une marquise moderne, plutôt un larmier très saillant de structure métallique avec appuis en fer forgé, reçoit une couverture en ciment amiante. Les deux fenêtres de part et d'autre de l'entrée sont également cintrées, contrairement aux autres. La façade est décorée sobrement d'un faux appareil - une chaîne d'angle harpée à l'angle - très effacé. Les appuis de fenêtres sont récents.

L'entrée ouvre sur un vaste vestibule donnant sur la cage d'un ample escalier en maçonnerie avec mur d'échiffre sur la première volée, puis suspendu. Il est de forme tournante à retours avec jour (deux volées droites opposées séparés par un palier intermédiaire). Les deux premières marches de départ sont en pierre. De part et d'autre du vestibule, deux portes ouvrent sur deux pièces voutées en arc segmentaire surbaissé, l'une plus grande que l'autre, qui conservent au plafond un décor de plâtre ou de stuc peint imitant un marbre vert veiné dessinant un cadre mouluré et une corniche également traitée. Dans la pièce de gauche, la plus petite, prolongée par une sorte de cellier, on identifie aussi au centre du plafond une décoration en gypserie de forme circulaire figurant une guirlande de vigne avec feuilles et grappes de raisin qui accueillait un lustre aujourd'hui disparu. Cette pièce, avec son décor, pouvait servir occasionnellement de salle à manger. La pièce de droite, plus grande car s'étendant sur toute la profondeur de la parcelle, servait d'espace de réception. Elle a été entièrement réaménagée avec des cloisons qui ont ruiné l'appréciation originelle de la volumétrie de l'ensemble.

L'accès au sous-sol s'effectue par une porte dans le mur d'échiffre et donne sur un escalier quart tournant. L'ensemble y est divisé en trois celliers : un central et deux latéraux, plus volumineux, ces derniers éclairés côté rue de l'Eglise par un soupirail en abat-jour. Chaque cellier est voûté en berceau segmentaire. Le cellier situé à l'ouest, par ailleurs doté d'un puits situé à l'angle sud-ouest, est prolongé dans son angle nord-ouest par un quatrième, surélevé, auquel on accède par un degré de cinq marches. Egalement voûté en berceau segmentaire, il a été aménagé sous la parcelle 74 mitoyenne. Le sol de chacun de ces espaces reçoit un carrelage en terre cuite. On remarque un dispositif ingénieux observé dans certaines fermes du terroir entrevalais dont la tradition dit qu'il servait à la fois à évacuer les eaux de ruissellement en même temps qu'à assurer humidité et fraîcheur régulées à ces espaces pour la bonne conservation du vin et des autres denrées. Il s'agit de rigoles aménagées, mais il n'est pas certain que toutes aient rempli la même fonction, entraînant une mise en oeuvre spécifique selon l'usage. Dans le cellier central, ce dispositif prend la forme d'une rigole dans une banquette maçonnée qui suit une pente douce contre les parois, avant de s'interrompre. Dans les deux celliers extrêmes, les banquettes suivent une pente très douce vers le sud. Pour les rigoles alimentées en eau, le fond est pourvu de tuiles canal emboîtées pour assurer l'étanchéité du dispositif. Seul le cellier oriental est en outre pourvu d'une banquette (contre le mur est), avec rigole centrale entre deux parois maçonnées servant d'appui de part et d'autre pour faire rouler aisément et serrer les fûts de vin. Dans ce cas précis, le fond n'est pas étanchéifié, contrairement à ceux des rigoles de la banquette du mur opposé, et de celle située contre la paroi est du cellier occidental, dont on peut penser, en l'état du dispositif observable, qu'elles servaient uniquement de système de régulation hygrothermique. Dans ce même cellier oriental, doté d'un regard aménagé dans la voûte, on observe enfin dans le mur côté rue de l'Eglise l'entrée d'un souterrain dont la légende dit qu'il permettait d'accéder au Var en contrebas. S'il est endigué par les boues accumulées au fil du temps, il est de fait suffisamment large et haut pour assurer la circulation d'une personne sur au moins une vingtaine de mètres voire davantage. Par ailleurs, si les murs sont maçonnés en moellons calcaire, la voûte a été façonnée - ou renforcée tardivement - par du ciment banché. Au fur-et-à-mesure que le souterrain se rétrécit, le couvrement passe du berceau segmentaire au berceau plein-cintre.

Les différents étages d'habitation sont desservis par un escalier tournant. Ils n'ont pas pu être visités. L'ampleur de la cage d'escalier et le traitement de l'escalier lui-même attestent la qualité du propriétaire initial. Le garde-corps est en fer forgé à rinceaux végétaux stylisés. Sur le palier intermédiaire menant du rez-de-chaussée surélevé au premier étage carré, une porte ouvre sur un autre escalier de distribution intérieur tournant en maçonnerie qui conduit à un ou plusieurs logements à l'arrière de l'édifice. C'est aussi un moyen d'accéder à la cour (premier étage carré), dont le sol a été cimenté et qui dispose d'un bac de lavoir comblé par du ciment.

L'intérêt de l'édifice repose sur cette disposition particulière qui n'a pas été observée ailleurs dans le village : la présence d'un escalier d'honneur et d'un escalier secondaire destiné selon toute vraisemblance à la domesticité. Il y a donc dissociation fonctionnelle et sociale. Au troisième et dernier étage carré, une porte ouvre sur une dernière volée droite qui conduit à l'étage de comble : les marches sont traitées de la même manière que dans le reste de l'escalier : avec du carreau de terre cuite et un nez en bois.

Le plan relativement complexe du bâtiment induit une toiture également complexe : les longs pans, avec une noue pour le traitement de l'angle, sont les plus visibles, mais à l'arrière, on aperçoit une rupture dans la hauteur du toit. Les avant-toits sont traités à triple rang de génoise. Sur la cour, la génoise devient irrégulière : un voire trois rangs de génoise. La toiture est couverte en tuile creuse.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • galet enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 2 étages carrés, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans noue
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant en maçonnerie
  • Typologies
    B : maison sans partie agricole, artisanale ou commerciale
  • Techniques
    • décor stuqué
  • Représentations
    • ornement géométrique, vigne symbole profane,
  • Précision représentations

    Guirlande de vigne avec feuilles et grappes de raisin en gypserie.

  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Gendarmerie d'Entrevaux. 25e Légion de gendarmerie. Compagnie des Basses-Alpes. Arrondissement de Castellane. Proposition de changement de caserne à Entrevaux. 1872/05/25. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 4 N 21.

    Lettre du sous-lieutenant commandant l'arrondissement décrivant les avantages d'un nouveau bâtiment pour servir de caserne de gendarmerie à Entrevaux.
  • Gendarmerie d'Entrevaux - Bail à loyer pour casernement. 1872/06/24. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 4 N 21.

    Lettre du conseiller général au préfet des Basses-Alpes, favorable à un accueil de la brigade de gendarmerie à pied dans l'ancienne demeure de l'évêque. Il décrit le bâtiment comme un "édifice princier" répondant aux exigences fonctionnelles d'une caserne.

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune d'Entrevaux, 1816 / Dessin à l'encre par Allemand, Aubert, Beaudun, Mathieu, 1816. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 076 / 001 à 028.

Annexes

  • Gendarmerie d'Entrevaux - Nouvel emplacement pour accueillir la caserne d'Entrevaux.
Date d'enquête 2009 ; Date(s) de rédaction 2011
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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