[Lettre du sous-lieutenant commandant l'arrondissement] :
"[...] Aujourd'hui, il existe à Entrevaux un bâtiment inoccupé, ayant servi autrefois de bureau principal à l'administration des douanes dans cette localité. Ce bâtiment est une véritable caserne, il est situé dans l'intérieur de la ville, sur la principale rue ; l'accès en est facile, il se trouve à la proximité des lieux où la surveillance de la gendarmerie doit le plus particulièrement s'exercer et offre toutes les garanties possibles pour la sûreté et le secret des opérations. Indépendamment des pièces principales, composant chaque logement, plus que suffisamment spacieuses et bien disposées, chaque ménage aurait sa cave, son bûcher et un grenier fermés, un grenier assez vaste pour servir de séchoir, resterait en outre en commun et une vaste pièce, située au rez-de-chaussée, servirait de chambre d'instruction ; il y aurait chambre de sûreté, salle de police, buanderie, un puits auquel le propriétaire ferait mettre une pompe, des lieux d'aisance, sans fosse, mais dans lesquels chaque ménage aurait son compartiment et pourrait tenir son vase renfermé, une cour fermée, derrière le bâtiment, et une écurie ; le tout serait mis à la disposition de la brigade, ainsi que quelques meubles renfermés dans ladite maison, lesquels pourraient être laissés, sur inventaire, à la disposition des gendarmes. Cette maison qui est sans contredit la plus convenable d'Entrevaux, servait précédemment d'école pour les filles et était occupée par les soeurs."
Source : Gendarmerie d'Entrevaux. 25e Légion de gendarmerie. Compagnie des Basses-Alpes. Arrondissement de Castellane. Proposition de changement de caserne à Entrevaux. 1872/05/25. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 4 N 21.
[Lettre du conseiller général au préfet de département des Basses-Alpes] :
"[...] J'ai visité en détail le bâtiment inoccupé proposé par M. le Lieutenant et je l'ai trouvé d'une disposition infiniment meilleure. L'apparence extérieure est digne de sa destination projetée. Sa situation répond à tous les besoins : accès facile, bien au soleil ; quartier fréquenté, dans la principale rue de la Ville, près du marché, de la porte d'Italie. Des étages supérieurs, la vue s'étend sur la route nationale 207 et l'endiguement en cours d'exécution.
Au rez-de-chaussée : caves séparées et commodes ; grande écurie ; greniers séparés et fermés ; salle de polisse et prison ; vaste bûcher facilement séparable en 5 parties par des claies en bois ; cour où manque une porte de sortie que le propriétaire s'engage à ménager ; écurie pour latrines ; cave commune immense ; salle où les gendarmes pourraient manoeuvrer ; puits que le propriétaire munirait d'une pompe, sans s'engager cependant à garantir la continuité de la source qui l'alimente ; escalier très large protégé par une rampe en fer d'un beau travail ; - Tel est le rez-de-chaussée, humide sans doute, comme le sont toutes les maisons d'Entrevaux, mais offrant des avantages immenses en étendue et en commodité.
Le 1er étage pourrait servir à loger le chef de la Brigade : 4 pièces bien aérées et vastes avec alcoves, cabinets et placards.
Le 2e étage, en murant une porte, logerait 2 familles de gendarmes (3 pièces par logement, également avec alcoves, cabinets etc.)
Le 3e étage fournirait aussi 2 vastes logements et, au besoin, trois, complètement indépendants les uns des autres, aussi avec leurs accessoires. Ce 6e logement aurait son importance en cas d'augmentation du personnel des Brigades.
Enfin le galetas, outre l'espace commun servant de séchoir pour le linge, est composé de plusieurs petites pièces ou cabinets qui pourraient tenir lieu à chaque gendarme de chambre de débarras.
Il y a quelques meubles dans les divers étages ; le propriétaire les laisserait à la disposition de la Brigade.
Tel est, Monsieur Le Préfet, le local dont il s'agit. - Ces longs détails suffiront, je pense, pour fixer votre opinion ; et, puisque vous daignez me faire l'honneur de me demander mon avis particulier sur ce projet, j'ose vous dire, que, dans la ville, on ne trouverait nulle part un logement si approprié et réunissant en même temps toutes les conditions voulues par l'hygiène. Cette maison que l'on pourrait décorer du nom d'édifice Princier, appartenait autrefois à un riche propriétaire d'Entrevaux qui l'avait construite dans des proportions correspondant à sa fortune. On ne pourrait lui mettre en parallèle, en ville, que la caserne de la troupe, que le canton désirerait voir occupée par une compagnie d'infanterie.
J'ai causé du prix avec l'oncle du Propriétaire, fondé de pouvoirs, il m'a assuré après des instances réitérées qu'il louerait toute la maison pour 500 f au lieu de 550. Ce ne serait donc que 150 f d'augmentation sur le loyer de la caserne actuelle ; chiffre qui paraît élevé, mais que contrebalancera avec avantage, l'installation commode et salubre de la Brigade.
Si l'autorité conclut au changement, il serait prudent à mon avis, quoique l'administration, liée par un bail avec le propriétaire de l'actuelle caserne occupée, ne puisse entrer en jouissance du nouveau local qu'au 1er juillet 1875, de traiter immédiatement avec le nouveau propriétaire, et pour le plus longtemps possible, car la maison pourrait être vendue et vouée à un autre objet. Il deviendrait dès lors très difficile, et j'ose dire impossible, malgré l'urgence, d'assurer un autre local."
Source : Gendarmerie d'Entrevaux - Bail à loyer pour casernement. 1872/06/24. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 4 N 21.
Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).