Dossier d’œuvre architecture IA06002944 | Réalisé par
Buffa Géraud (Contributeur)
Buffa Géraud

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.

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  • patrimoine industriel
cité ouvrière du Rioublanquet
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Alpes-Maritimes
  • Commune Grasse
  • Lieu-dit Le Rioublanquet
  • Adresse avenue du Bon Marché
  • Cadastre 2017 AY 70-77, 109-110, 90-95, 344, 347-353
  • Dénominations
    cité ouvrière
  • Appellations
    cité ouvrière du Rioublanquet

Synthèse historique et descriptive

Historique

En juin 1905 est créée la Société grassoise des Habitations à bon marché, sous l’autorité du docteur Eugène Perrimond, qui devient maire de la ville après la Première Guerre mondiale. Les premières années, la société s’essaie à l’achat de vieux immeubles du centre-ville qu’elle entend rénover. Rapidement, elle abandonne cette politique d’acquisition pour se recentrer sur son objectif principal, la construction de logements neufs. Les premiers programmes de construction sont vite lancés. Au mois d’août 1905, la société acquiert des terrains à bâtir à l’est de la ville, au quartier du Rioublanquet, non loin des nouvelles usines construites dans le vallon de Rastiny. Pour ce terrain d’environ un hectare, elle fait immédiatement établir le plan de six maisons individuelles et, en octobre, adjuge le chantier à l’entreprise de travaux publics Joseph Cresp. Ce premier lot est livré dès 1906.

Le groupe 1.Le groupe 1.

Jusqu’en 1911, plusieurs programmes de constructions sont lancés qui aboutissent chacun à la construction d’un groupe d’habitation. Les 2e, 3e et 4e groupes font la part belle à l’habitat individuel, sous la forme de petites maisons accolées en enfilade ou deux par deux.

Avec les groupes suivants, la Société des HBM de Grasse se tourne vers le logement collectif. Un immeuble qui se trouvait sur la propriété avant 1905 et qui servait d’annexe au Grand Hôtel est ainsi transformé en six appartements. À dix mètres de là, le parfumeur Chiris fait construire un bâtiment à son nom. Ce nouveau froupe, commencé en 1911, est conçu par l’architecte Célestin Disdier et les travaux réalisés par l’entrepreneur Aiglin.

L'ancienne annexe du Grand Hôtel.L'ancienne annexe du Grand Hôtel.

Dans les années 1920, une extension significative du lotissement est envisagée par la société, grâce à des acquisitions foncières qui portent la superficie de son terrain du Rioublanquet, désormais connu sous le nom du quartier du Bon Marché, à près de trois hectares. Ce nouveau programme n’est que partiellement réalisé. Conçu pour favoriser la construction de maisons individuelles, il aurait dû s’organiser de manière linéaire autour de deux voies d’accès en cul-de-sac, malgré la forte pente du sol. Les deux voies d’accès sont construites et le terrain est loti, mais seule une poignée de maisons voit le jour.

En revanche, en 1929, un autre programme est lancé avec plus de succès. L’architecte grassois Gilbert Baudoin est chargé de concevoir, pour le compte des HBM, les plans de nouveaux ensembles d’habitations collectives.

En tout, dix groupes sont construits entre 1905 et 1929, représentant une cinquantaine d’appartements, quasiment tous agrémentés d’un petit jardin. Cet ensemble peut alors héberger quelques centaines d’habitants. Toutes ces habitations ont été vendues à leurs occupants à la fin des années 1960. Elles forment encore aujourd’hui à Grasse un quartier à l’architecture originale, qui est resté dans la mémoire locale comme le seul quartier ouvrier de la ville, malgré le développement des ensembles HLM à partir des années 1960.

Description

Le premier groupe affiche les ambitions de la société, qui fait le choix de la maison individuelle avec jardin. Chaque maison comporte une cave, un rez-de-chaussée avec cuisine, salle à manger et salon et un étage pouvant compter trois chambres ainsi que les toilettes. Le cahier des charges précise la qualité des finitions. Les cheminées sont en marbre, les carreaux au sol sont des tomettes de Salerne (Var) et la cuisine est équipée d’un vaste potager et d’un évier en pierre de taille. Enfin, les façades sont traitées avec soin. Les encadrements des baies sont soulignés de larges reliefs sobrement décorés et la monotonie de l’alignement des six maisons est en grande partie rompue par la présence de petits frontons ornés en leurs centres de décors géométriques.

Le groupe Chiris reprend les dispositions traditionnelles de l’immeuble collectif dont l’unique étage sur rez-de-chaussée est desservi par des coursives extérieures, ce qui permet de concentrer un plus grand nombre de personnes sur un terrain plus petit. La politique de bienfaisance de la plus grande maison de parfum de la ville, qui s’adresse en priorité à ses propres ouvriers, s’affiche de manière très visible sur le bâtiment lui-même. D’un peu moins de 40 m de longueur, ce 5e groupe développe douze travées sur une façade scandée par les ressauts d’un avant-corps central et ceux de l’avant-toit. Formellement, l’élément de décor le plus marquant se trouve au sommet des deux élévations principales donnant sur la rue, couronnées chacune d’une surélévation centrale à volutes formant une sorte d’attique partiel. En son milieu, un cartouche est barré de l’inscription monumentale GROUPE CHIRIS.

Le groupe chiris.Le groupe chiris.

Une des principales caractéristiques formelles des premiers groupes concerne leur toit. Qu’il s’agisse des maisons ou des immeubles collectifs, on retrouve pour la plupart d’entre eux les frontons déjà adoptés par les six premières maisons et très fréquemment observés pour du logement ouvrier. La pente assez forte de leurs toits a donné à ce petit quartier en plein développement une allure assez atypique dans la région.

Les deux derniers groupes sont des ensembles symétriques de quatre logements chacun, construits en contrebas des précédents. Ces deux bâtiments s’organisent autour d’une cour intérieure semi-fermée où se trouvent l’escalier de distribution, les lavoirs et les bûchers. Les deux groupes sont identiques. Les seuls éléments distinctifs concernent quelques variations dans le programme décoratif, notamment dans la composition des baies du porche central et dans les matériaux employés pour les encadrements et les appuis de fenêtre.

Le groupe 10. Vue de l'entrée.Le groupe 10. Vue de l'entrée.

On peut déjà observer quelques évolutions par rapport aux premiers programmes, car la législation en matière de logements HBM est modifiée en 1928. Curieusement, l’architecte ne semble pas avoir parfaitement respecté ces modifications, en particulier en ce qui concerne la superficie des appartements, puisqu’il manque 6 m2 pour atteindre les 58 m2 prescrits par la réglementation pour les trois pièces cuisine. Chaque appartement, équipé de toilettes, d’eau, de gaz et d’électricité, comprend trois chambres et une cuisine faisant chacune une bonne dizaine de mètres carrés. Le salon-salle à manger qui existait encore avant la guerre a disparu et c’est la cuisine qui fait office de pièce à vivre.

Les logements des HBM de Grasse sont construits entre 1905 et 1929. Le groupe Chiris a été conçu par l'architecte Célestin Disdier et construit par l'entrepreneur Aiglin. Les derniers groupes ont été conçus par l'architecte Gilbert Baudoin.

Des premiers logements, de type maison individuelle sur jardin construites en moellons de calcaire, aux derniers, qui prennent la forme de logements collectifs en béton, de nombreuses caractéristiques sont constantes. Le terrain en pente a rendu la composition rez-de-chaussée surélevé sur étage de soubassement quasi systématique et les toits sont presque tous à croupe ou à demi-croupe, ce qui confère un air de famille à l’ensemble des constructions des HBM.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • béton
  • Toits
    tuile plate mécanique
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, étage de soubassement
  • Couvrements
  • Couvertures
    • croupe
    • demi-croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
    • escalier de distribution extérieur
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Fonds Cresp, dossiers de construction des HBM, 1905-1929. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 248 J 168.

  • Société grassoise des habitations à bon marché. Premiers résultats et programme nouveau, 1907. Collection particulière.

  • Bulletin trimestriel de la Société grassoise des Habitations à bon marché, décembre 2010 - novembre 2011. Collection particulière.

Documents figurés

  • Société grassoise des habitations à bon marché. Premiers résultats et programme nouveau, plans , coupes, élévations, des groupes 1, 2, 3 et 4, 1907. Collection particulière.

  • [Logements ouvriers, plan de distribution, projets d'élévation, 1929.] / Dessin à l'encre sur papier, 1929, signé Baudoin. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 248 J 168.

Date d'enquête 2015 ; Date(s) de rédaction 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Buffa Géraud
Buffa Géraud

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.

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