Dossier d’œuvre architecture IA04000043 | Réalisé par
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
citadelle
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Alpes-de-Haute-Provence
  • Commune Seyne
  • Cadastre 1983 H 23
  • Dénominations
    citadelle
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    enceinte, corps de garde, citerne, caserne, casemate, fossé, ouvrage extérieur, pont

La citadelle

(historique détaillé à consulter dans le dossier place forte IA04000040) Profils de la citadelle de Seyne. 1704. Détail.Profils de la citadelle de Seyne. 1704. Détail.

Construite de 1693 à 1705 environ sur un projet de l'ingénieur Creuzet de Richerand, elle s'allonge sur la pente sud-est de la crête de la Roubine sans en occuper, cependant, le sommet situé 250 m environ en avant du front de tête : elle est donc dominée et on a l'impression que Richerand a cherché à compenser cette situation défavorable en utilisant la masse imposante de la grosse tour, englobée dans l'avant du nouvel ouvrage, comme masque, pour défiler l'intérieur complètement pris en enfilade.

Vue générale prise de la crête de la Roubine. Au premier plan, le front de tête et, derrière, la grosse tour A. A droite demi-bastion 39.Vue générale prise de la crête de la Roubine. Au premier plan, le front de tête et, derrière, la grosse tour A. A droite demi-bastion 39.

Dès 1692, beaucoup de projets ont proposé - en vain - d'occuper le sommet au moins par une solide redoute à mâchicoulis et, faute de fonds pour la réaliser, on peut supposer qu'en cas de menace de siège, la garnison aurait tenté d'y suppléer par un ouvrage "du moment". Par ailleurs dès 1700, et longtemps après, on a demandé les fonds pour bastionner le front de tête, mais sans succès. Plan et profils de la redoute pour la teste de la citadelle de Seyne proposé pour faire en 1705. 1704Plan et profils de la redoute pour la teste de la citadelle de Seyne proposé pour faire en 1705. 1704

Citadelle de Seyne. Elévation de la face et flanc droict du bastion A. Elévation de la face et flanc gauche du bastion B. Profils et élévations du front des bastions A-B proposéz à faire à la teste A de la citadelle. 1706Citadelle de Seyne. Elévation de la face et flanc droict du bastion A. Elévation de la face et flanc gauche du bastion B. Profils et élévations du front des bastions A-B proposéz à faire à la teste A de la citadelle. 1706

Plan de la ville et citadelle de Seyne pour servir au projet de l'année 1700.Plan de la ville et citadelle de Seyne pour servir au projet de l'année 1700.

Le plan de l'ouvrage s'inscrit dans un rectangle de 200 m de long sur une trentaine de large, à grand axe légèrement brisé. Front de tête triangulaire avec pan coupé où s'ouvrait une porte de secours (deux pilastres portant un pont-levis à bascule supérieure) supprimée par la suite. Les deux faces sont casematées et pourvues d'embrasures à canon (quatre à gauche, deux à droite) battant obliquement les versants de la crête. On descend à ces galeries casematées par un escalier partant du rez-de-chaussée de la grosse tour et en capitale, un second escalier en galerie descend à une caponnière double et crénelée à gauche qui conduit, en fond de fossé, aux casemates à feux de revers construites au XIXe siècle.

Front de tête. Casemates à feux de revers vues du sud. Au centre, double caponnière de jonction.Front de tête. Casemates à feux de revers vues du sud. Au centre, double caponnière de jonction.

Celles-ci sont constituées par un rang de neuf locaux accolés, adossés à la pente du terrain, voûtés, à deux niveaux tirant à revers par des créneaux de fusillade vers le front de tête de la citadelle. C'est une résurgence des casemates à feux de revers de la lunette d'Arçon, et la préfiguration du coffre double de contrescarpe généralisé après 1885. On notera que la face gauche de la double caponnière est percée d'une poterne, à un vantail clouté, permettant une sortie discrète de l'ouvrage.

Les deux grands côtés (sud-ouest et nord-est) sont flanqués :

- à gauche (sud-ouest) par un bastion (5) et un demi-bastion (39) ce dernier ajouté tardivement

- à droite (nord-est) par un petit bastion (4).

Ensemble de l'entrée (15). A gauche, demi-bastion 39. A droite, en arrière, la queue d'hironde.Ensemble de l'entrée (15). A gauche, demi-bastion 39. A droite, en arrière, la queue d'hironde.

Disposé, donc, en plan incliné, l'ouvrage est barré, au tiers inférieur, par une muraille "en queue d'hironde'' constituant retranchement intérieur tourné vers la ville, et séparant la partie haute de la "citadelle basse".

Le front sud-est, qui domine la ville, plat à l'origine, a été organisé tardivement (XIXe siècle) en ouvrage à cornes par adjonction des deux demi-bastions casematés 34 et 36 reliés par une "galerie majeure" logée dans la courtine et desservant cinq embrasures pour artillerie légère.

Les casemates 34 et 36 sont des petites pièces voûtées en plein-cintre, avec dans le mur de masque, trois créneaux de fusillade.

Front sud-est. Courtine et embrasures de la galerie 8 avec, à droite, le demi-bastion 34.Front sud-est. Courtine et embrasures de la galerie 8 avec, à droite, le demi-bastion 34.

Les branches sud-ouest et nord-est de cette "citadelle basse" comportent, chacune, un petit décrochement permettant de flanquer, d'un côté la porte principale de la citadelle et, de l'autre, le grand côté nord-est vers le bastion 4. Au sud-ouest, le flanc est percé d'une poterne donnant, à 2 m de haut, sur l'extérieur.

Front sud-est. Vue extérieure oblique vers le demi-bastion 36.Front sud-est. Vue extérieure oblique vers le demi-bastion 36. Echauguette du bastion 5.Echauguette du bastion 5.

L'escarpe est surmontée d'un parapet en pierre, terrassé par endroits mais après coup, à plongée en pierres de taille échancrée d'embrasures à canon. Par ailleurs, le bastion 5 est doté de petits flancs bas (simples tronçons de galerie très courts) à droite et à gauche, et le bastion 4, du même dispositif mais à droite seulement. Le même bastion 5 a son saillant surmonté d'une échauguette polygonale reposant, par l'intermédiaire d'une embase profilée en boudin, sur un cul-de-lampe à trois ressauts profilés en doucine et cavet et amorti, à la base, en bouton. Cette échauguette, arasée à niveau d'allège, devait probablement à l'origine, et comme la quasi-totalité de ses congénères s'élever à hauteur d'homme et être coiffée d'une couverture en pierre, à ressauts, surmontée d'une fleur de lys. (Le cul-de-lampe est pratiquement le même que ceux de Saint-Vincent et de Château-Queyras, contemporains, et réalisés par des ingénieurs de la même direction). Une élévation de 1704 (Vincennes, art. 8, section 1, carton 1) fait apparaître d'autres échauguettes aujourd'hui disparues.

Dans la courtine sud-ouest de la citadelle basse, au pied de la queue d'hyronde, s'ouvre la porte de la citadelle (15) reconstruite au XIXe siècle, de manière assez étriquée après deux projets plus ambitieux rejetés sans doute pour des raisons de prix de revient.

Accessible de l'extérieur par une route en rampe assez raide, à parois maçonnées, puis un pont dormant à deux travées en charpente à rambarde métallique à deux lisses. Ce pont repose sur deux piles rectangulaires en maçonnerie grossière. La troisième travée correspond au pont-levis à bascule en dessous (à fosse comblée). Le passage de la porte est encadré de deux piliers, à pilastre extérieur à dosseret, en pierres de taille en assises réglées, sans aucune ornementation, reposant, par l'intermédiaire d'un gros cordon en boudin, sur un soubassement taluté saillant.

Cette porte donne accès de plain-pied au terre-plein central de la "citadelle basse" et, à gauche, par une rampe, à la baie du passage voûté traversant la "queue d'hironde" pour accéder à la partie haute. Sur ce passage s'embranche à gauche la galerie à escalier descendant à la casemate intérieure du bastion 39.

Cette casemate, à plan trapézoïdal, est voûtée en berceau parallèlement et fermée, à chaque extrémité, par l'escarpe des flancs du bastion, percée, par direction, de trois créneaux de fusillade à double ébrasement. Le vaisseau était divisé intérieurement en deux niveaux par un plancher, dont les poutres d'appui (disparues) reposaient sur des corbeaux (5 d'un côté, 6 de l'autre) dans les piédroits. Aération assurée par un évent de façade au-dessus de chaque série de créneaux.

Comme autres points particuliers, on notera une grande traverse longitudinale en maçonnerie, qui divisait en deux la citadelle basse et qui a été rasée.

Les bâtiments intérieurs de la citadelle

- La grande tour

Origine inconnue, que certains font remonter aux environs de 1220. L'édifice semble avoir toujours été un tout en lui-même, sorte de maison forte, et non un élément - par exemple donjon - d'un ensemble disparu. Remanié à plusieurs reprises, ce bâtiment, dont Vauban a dit que "c'était ce qu'il y avait de meilleur à Seyne" avait été laissé en dehors de l'enceinte de 1691 et on avait alors envisagé d'en entourer le pied d'une petite enceinte tenaillée pour la transformer en une sorte de redoute.

Grosse tour A. Vue générale prise du sud.Grosse tour A. Vue générale prise du sud. Grosse tour A. Plateforme supérieure. Vue postérieure du parapet nord-est.Grosse tour A. Plateforme supérieure. Vue postérieure du parapet nord-est.

C'est le souci de l'englober dans le système de défense qui conduisit à donner à la citadelle son plan allongé : la grosse tour est alors enfermée dans le front de tête du nouvel ouvrage et va y être incorporée à la fois comme casernement, comme cavalier d'artillerie légère (rôle actif) et comme traverse, ou parados, assurant le défilement de l'intérieur de la citadelle contre les vues et les coups du sommet de la crête de la Roubine.

C'est un bâtiment rectangulaire de 14 x 8 hors œuvre, haut de 12, 8 m jusqu'à la crête du parapet, et dont le grand axe est perpendiculaire à celui de la citadelle dont il occupe presque toute la largeur du terre-plein.

Murs extérieurs de 1, 50 m d'épaisseur environ en moyen appareil assisé dont la face sud pourrait conserver les arrachements de mâchicoulis (sauf le parapet supérieur) renfermant trois niveaux de locaux :

- un rez-de-chaussée plafonné

- un premier étage voûté en berceau terminé à chaque extrémité par une voûte en cul-de-four

- un étage supérieur de combat, actuellement sans toiture, constitué par une terrasse portée par la voûte du premier étage.

Le rez-de-chaussée est séparé du premier étage par un plancher sur poutres de bois.

En plan, l'intérieur est divisé en deux par un refend transversal, à proportion de 1/5-4/5 en partant du sud-ouest, à savoir une cage renfermant un escalier tournant à volées droites et palier à chaque niveau, plus un palier intermédiaire entre niveaux.

Cet escalier est en bois pour la majeure partie, sauf la dernière volée traversant la voûte pour accéder à la terrasse et qui est en pierre.

Entrée au rez-de-chaussée du pignon sud-ouest. Cette entrée donne directement accès à la cage d'escalier d'où une porte, percée dans le refend, dessert la grande pièce du rez-de-chaussée. Du même vestibule part l'escalier descendant à la galerie à canons des faces du front de tête.

Selon une élévation de 1704, la tour est représentée sans toiture. Celle-ci fut ajoutée au XIXe siècle mais a été en grande partie détruite par la foudre dans les années 1980. Seul le débouché supérieur de l'escalier est encore protégé.

On sait, par ailleurs, que le parement de la façade nord-ouest s'était effondré en 1750 et ne fut reconstruit qu'en 1785.

Les ouvertures consistent :

Rez-de-chaussée : en une porte rectangulaire à linteau droit (entrée) dans le pignon sud-ouest. A côté et au-dessus on remarque une sorte d'archère, puis un peu plus loin, la trace d'une porte murée en plein-cintre, dont l'arc est resté ajouré pour éclairer la partie basse de la cage d'escalier. (Il s'agit, peut-être, de l'entrée primitive). La grande pièce comporte un petit jour dans le pignon nord-est.

Premier étage : dans la face nord-ouest, deux embrasures à canon et, à l'opposé, deux fenêtres hautes (sans doute pour évacuer la fumée des pièces). Ces ouvertures ont été percées après 1827 car elles ne figurent ni sur le plan de l'atlas de 1785, ni sur le grand atlas de 1824. Il devait s'agir de petites pièces de canon.

Deuxième étage (terrasse) : dans le parapet (e : 1 m environ) deux autres embrasures à canon encadrées de créneaux de fusillade du type archère, qu'on trouve également dans les pignons nord-est et sud-ouest.

A noter que sur la façade sud-est - qui n'a pas été reconstruite comme celle du nord-ouest - on remarque, à la partie inférieure, des lits de pierre de taille grise clair de gros appareil, et au niveau du deuxième étage, des pierres verticales de couleur sombre arasées au parement de la tour, et suggérant l'hypothèse de corbeaux pour mâchicoulis, supprimés à une époque indéterminée.

Cette disposition ne se rencontre évidemment pas au nord-ouest, dont le parement a été reconstruit en 1785.

- Caserne B

Casernement à la Vauban, à deux cellules accolées en plan mais décrochées en niveau, pour suivre la pente du terrain d'assiette (comme la caserne Binot, à Montdauphin). A l'origine strictement conforme au plan type de Vauban, avec deux escaliers distincts par cage, quatre chambres par niveau et par cellule, ce casernement a été modifié au fil des temps, par la suppression, par cellule, d'un escalier par cage (pour gagner de la place), suppression des cheminées des chambres pour percer à la place des portes de communication entre chambres adossées etc. Le bâtiment comporte deux niveaux habitables et un comble qualifié de "galetas". Place de Seyne. Etat des lieux de la caserne B pour servir aux projets pour 1844. Place de Seyne. Etat des lieux de la caserne B pour servir aux projets pour 1844.

En 1785, l'atlas indique un four, hors œuvre, avec une capacité de 300 rations d'une livre et demie de pain et une capacité totale de logement de 160 à 192 hommes, à raison de 10 à 12 hommes par chambre, selon le type de lit installé.

Un des derniers petits atlas (1896) représente le four installé dans une chambre de l'angle nord du bâtiment et les portes de la façade sont transformées en fenêtres.

Occupé, semble-t-il, pour la dernière fois en 1873 (soit sept ans après la suppression de la garnison) pour héberger des habitants de Seyne restés sans abri à la suite d'un incendie.

Depuis, et surtout après sa vente en 1907, l'édifice n'étant plus entretenu s'est dégradé et n'est plus aujourd'hui qu'une ruine irréparable (fig. 38 à 40), dont le rasement jusqu'au soubassement est envisagé, en raison du danger présenté par les murs.

Vue axiale prise vers le sud-est depuis la grosse tour. Au premier plan, vestiges de la caserne B. A gauche, bastion 4 et, plus loin, la tour E.Vue axiale prise vers le sud-est depuis la grosse tour. Au premier plan, vestiges de la caserne B. A gauche, bastion 4 et, plus loin, la tour E.

- Latrines, citerne, tour E, casemate 26, corps de garde

- Latrines C. Petit édifice bien construit, en légère saillie sur l'escarpe sud-ouest, en face de la caserne dont il constitue le complément indispensable. L'édifice a perdu sa toiture.

- Citerne D. Enterrée dans le terre-plein du bastion 5, elle est donnée, dans l'atlas de 1785, pour une contenance de 6.110 pieds cubes, et en 1896, pour 252 m3. N'apparaît en surface que par le tampon en pierre fermant le regard.

- Tour E. Une mention particulière doit être faite pour ce bâtiment, situé à l'arrière de la partie haute de la citadelle et tournant le dos au revers de la "queue d'hironde". Il s'agit, en fait, d'une des tours de l'enceinte de 1691 qui s'est trouvée englobée ensuite dans la citadelle, à la construction de celle-ci, et utilisée au mieux des besoins.

Son sous-sol est voûté en plein-cintre et approprié à l'usage de magasin à poudre, aucun bâtiment spécial n'ayant pu être construit ni dans la ville, ni dans la citadelle, bien que dûment prévu dans les projets. L'atlas de 1785 lui attribue une capacité de 176 quintaux de poudre, mais note que la voûte n'ayant qu'un pied et demi d'épaisseur devra être renforcée en cas de siège.

Les deux niveaux supérieurs, simplement planchéiés, sont les étages de combat, à murs percés de créneaux de fusillade en archère, et même une embrasure à canon dans chaque flanc. Le deuxième niveau était utilisé en magasin d'armes (pour 700 fusils) et une porte percée à cet effet dans la face gauche.

La tour elle-même est un bâtiment rectangulaire à pignon nord profilé en biseau à deux faces (on pourrait dire "pentagone rectangle"). C'est, donc, une tour bastionnée du type appliqué à Niquet à Seyne et Colmars (longueur 15 m, largeur 5,60 m hors œuvre).

Murs minces, de l'ordre de 0,70 m, avec porte percée, initialement, dans le pignon sud, tourné vers la ville. La toiture et le plancher ont disparu.

Tour E (14). Vue plongeante sur l'avant prise depuis la grosse tour A.Tour E (14). Vue plongeante sur l'avant prise depuis la grosse tour A. Tour E (14). Vue avant gauche.Tour E (14). Vue avant gauche.

- Casemate 26. Située entre la caserne et la tour 34, elle semble avoir été construite au XIXe siècle comme magasin aux cartouches. C'est une simple pièce carrée de 8 m de côté, voûtée, avec porte au sud-ouest et deux meurtrières dans la paroi sud-est.

- Corps de garde F. Situé dans la citadelle basse, en face de la porte et au pied de l'escarpe de la queue d'hironde, ce petit bâtiment était conforme au plan type en usage aux XVIIe et XVIIIe siècles avec division en deux pièces inégales par refend portant les cheminées.

Tombé en ruine, il a été partiellement rétabli comme abri pour le personnel assurant les visites. Derrière, sur l'escarpe de la face nord-est de l'enceinte, on trouvait, en annexe les latrines f.

Conclusion

Ouvrage bizarre, plus pittoresque qu'intéressant, construit aux moindres frais, presque précipitamment, pour répondre, a posteriori, à un danger immédiat. Depuis un abandon déjà lointain, l'édifice a été gravement détérioré par les effets conjugués des intempéries et du vandalisme, au point qu'on peut estimer que sa restauration pourrait coûter aussi cher que la construction initiale.

Une association locale en a courageusement entrepris la réhabilitation et la promotion touristique, mais sans grands moyens, et la restauration laisse apparaître des maladresses répétées : tablettes de couronnement et plongées de parapets refaites en béton, alors que les belles pierres d'origine gisent au pied des murailles. Or, comme les encadrements des embrasures, ces belles pierres "nobles", bien dressées, constituaient, avec l'échauguette du bastion 5 et les chaînes d'angle, des éléments de quelque valeur architecturale et contrastaient heureusement avec la mauvaise maçonnerie courante en cailloux roulés d'alluvions gris foncé ou moellons de schiste brun foncé sommairement équarris. Le tout donnant, globalement, une couleur triste et un aspect peu attrayant à cette forteresse classique à allure médiévale.

Autre conséquence de cette situation : l'état de délabrement ayant dépassé le point de non retour, a incité, pour des raisons de sécurité, mais peut-être aussi de commodité, à raser la traverse centrale de la partie basse (pour libérer l'espace nécessaire à un théâtre en plein air) et, bientôt, les vestiges de la caserne B. Les moyens n'existant pas pour reconstruire à l'identique, cette politique ne saurait conduire qu'à la réanimation d'un grand invalide, amputé de tous ses édifices rappelant une vie humaine. Or une forteresse, c'est d'abord une garnison, donc des hommes.

La grosse tour, dont le gros-œuvre est en bon état après quelques travaux, a, sur le plan local, une grande valeur symbolique en tant que témoin d'une longue histoire. C'est, en outre, un élément constitutif important du paysage. De plus, ses deux premiers niveaux offrent des volumes abrités importants pour les expositions qui agrémentent et complètent heureusement la visite.

Mais ceci étant dit, tous ses attributs d'origine - si elle en a jamais possédé ayant disparu, à l'exception de sa masse imposante et bien proportionnée, il faut beaucoup d'imagination pour y déceler une forteresse féodale, même modeste, et d'aucuns non avertis pourraient n'y voir qu'une sorte de grange ou de grenier, sans plus.

On ne peut, bien sûr, que souhaiter la réussite des efforts tentés pour ce sauvetage. Mais force est bien de reconnaître qu'ils relèvent d'un "acharnement archéologique" plus fondé sur des motivations sentimentales louables que sur la froide analyse de la valeur artistique.

Une grosse tour rectangulaire existe depuis le Moyen Age ; certains font remonter son origine aux environs de 1220. Lors des guerres de la ligue d'Augsbourg, face à la menace que représente le duc de Savoie, on entreprend le renforcement des fortifications des Alpes. En 1692, l'ingénieur Creuzet de Richerand présente le projet, approuvé par Vauban, d'une citadelle englobant la sus-dite tour. L'ouvrage est construit de 1693 à 1705. D'autres projets sont élaborés au cours du 18e siècle mais n'aboutissent pas. Après 1817, des travaux de fortification sont réalisés. La grosse tour est restructurée, la porte de la citadelle est reconstruite, des casemates à feux de revers reliées à l'enceinte par une double caponnière sont construites. Entre 1830 et 1840, on organise un ouvrage à cornes dans le front sud-est par la construction de deux demi-bastions casematés. La citadelle est vendue en 1907 et connaît une période d'abandon et de délabrement.

  • Période(s)
    • Principale : limite 17e siècle 18e siècle
    • Principale : 1ère moitié 19e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Creuzet de Richerand Guy
      Creuzet de Richerand Guy

      Ingénieur militaire, ingénieur en chef de la place de Sarrelouis de 1683 à 1692. Directeur des fortifications du Dauphiné en 1690, il dirige le renforcement des fortifications décidé à la suite de l'invasion savoyarde de 1692, à Saint-Vincent-les-Forts, Seyne et Colmars. Construit le fort Saint-Vincent, le fort Joubert et la tour dite Vauban à Saint-Vincent-les-Forts, la citadelle à Seyne, les forts de France et de Savoie à Colmars, réalise d'importants travaux au château de Guillaumes.

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      ingénieur militaire attribution par source

L'enceinte de la citadelle s'inscrit dans un plan allongé et est disposé en plan incliné. Elle est flanquée de bastions. Les deux faces du front de tête sont composées de casemates percées dans l'escarpe. De là, une double caponnière conduit aux casemates à feux de revers percées dans le fossé. Le front opposé est organisé en ouvrage à cornes composé de deux demi-bastions reliés par une galerie. Cette partie est séparée du reste de la citadelle par une muraille en queue d'hironde. La grande tour, de plan rectangulaire, est élevée sur trois étages reliés par un escalier tournant à volées droites et repos intermédiaire en charpente. Les deux niveaux inférieurs sont séparés par un plancher. Le premier étage est voûté en berceau terminé à chaque extrémité par une voûte en cul de four. L'étage supérieur est à ciel ouvert. La caserne est en ruine. Une citerne est installée dans un bastion. Une autre tour est élevée sur deux niveaux planchéiés, auxquels s'ajoute un sous-sol voûté en plein cintre. Un corps de garde est en rez-de-chaussée. L'entrée de l'ouvrage est précédée d'un pont.

  • Murs
    • pierre moellon
  • Étages
    en rez-de-chaussée, 2 étages carrés, sous-sol
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • cul-de-four
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en charpente
  • Typologies
    double caponnière
  • État de conservation
    mauvais état
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Éléments remarquables
    tour, bastion
  • Protections
    classé MH, 1978/08/23
    inscrit MH, 1978/08/23
  • Référence MH

Documents figurés

  • Plan de la ville et citadelle de Seyne pour servir au projet de l'année 1700. / Dessin, signé Vauban, 1700. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 1, pièce 11, feuille 4.

  • Seyne. Elévation du front du cornichon au-dessus de la citadelle cotté sur le plan 13. / Dessin, signé Vauban, 1700. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 1, pièce 11, feuille 5.

  • Plan pour servir au projet de la ville et citadelle de Seyne. / Dessin, par Bertrand, 1701. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 1, pièce 15.

  • Profils de la citadelle de Seyne [...] / Dessin, 1704. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 1.

  • Plan et profils de la redoute pour la teste de la citadelle de Seyne proposé pour faire en 1705. / Dessin, 1704. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 1, pièce 17.

  • Citadelle de Seyne. Elévation de la face et flanc droict du bastion A. Elévation de la face et flanc gauche du bastion B. Profils et élévations du front des bastions A-B proposéz à faire à la teste A de la citadelle. / Dessin, signé Delangrune [Hercule Hüe de Langrune], 1706. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 1, pièce 19, feuille 3.

  • Plan de détail des batiments et souterreins de la citadelle et de la ville de Seyne avec leurs cotes de nivellement. / Dessin, 1786. Service historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1.

  • Place de Seyne. Projet pour l'an 1820. Fortifications. Réparations intérieures à la grande tour de la citadelle de Seyne. / Dessin, 1819. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 2, pièce 575.

  • Place de Seyne. Projet pour 1820. Bâtiments militaires. Pour placer les chevaux à la grande tour cotée 9. / Dessin, 1819. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 2, pièce 579.

  • Place de Seyne. Projet pour 1820. Fortifications. Porte d'entrée de la citadelle. / Dessin, 1819. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 2, pièce 579.

  • Pont dormant de la porte d'entrée de la citadelle de Seyne. / Dessin, 1819. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 2, pièce 579.

  • [Citadelle de Seyne] Plan d'ensemble. Plan de la galerie. Coupe de la galerie suivant la ligne ABC du plan. / Dessin, 1825. Service Historique de la Défense, Vincennes : Direction des Travaux du Génie de Briançon. Atlas des bâtiments militaires.

  • Place de Seyne. Etat des lieux de la caserne B pour servir aux projets pour 1844. / Dessin, 1844. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 4, feuille 5.

Date d'enquête 1993 ; Date(s) de rédaction 1997
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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