Dossier d’œuvre architecture IA00124863 | Réalisé par
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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  • inventaire topographique
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
château fort dit Fort Queyras
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Aiguilles - Aiguilles
  • Commune Château-Ville-Vieille
  • Lieu-dit Château-Queyras
  • Cadastre 1976 AB 279
  • Dénominations
    château fort
  • Appellations
    Fort Queyras

Historique

(d'après la monographie de A.et O. Golaz : "Fort-Queyras")

Le fort vu du nord-est.Le fort vu du nord-est.

Du château féodal à la fin du 17e siècle

- En 1265, il existe un château dont l'entretien est réparti entre plusieurs communautés.

- 1339 : première description du château dans les comptes de châtellenie d'Humbert II.

- 9.10.1587 : prise du château par Lesdiguières qui avait amené, par Ceillac, de l'artillerie démontée en fardeaux.

- 1608 : plan et dessin par l'ingénieur J. de Beins (chargé des places du Dauphiné).

- 1613 : une commission instituée par Lesdiguières rend compte du très mauvais état du fort. Quelques travaux sont exécutés en 1614 et 1628.

- En 1633, pour réduire le grand nombre de petites places fortes, le Conseil du Roi ordonne le rasement de Fort-Queyras. Mais on se ravise et, le 24 avril, de Servien, Secrétaire d’État à la Guerre fait savoir que "le roi a résolu de conserver le château de Queyras comme une place importante à son service et à la sûreté de sa frontière". Mais les populations locales, à forte proportion protestante, supportent mal la présence du château, perçu comme un instrument d'oppression, et une source de corvées et de réquisitions de toutes sortes : de 1634 à 1642, à tous les niveaux d'instance, les habitants de la région essaient d'obtenir l'exécution de l'arrêt de rasement de 1633. En vain.

- 10 avril 1638 : rapport du duc de Créqui (le futur maréchal, et gendre de Lesdiguières) rendant à nouveau compte du mauvais état du château. 6310 livres d'améliorations sont ordonnées mais la mauvaise volonté des habitants fait traîner les choses jusqu'en 1642.

- Trois ans après la révocation de l’Édit de Nantes (1685), la guerre de la ligue d'Augsbourg s'ouvre en 1688. En 1680, le duc de Savoie Victor Amédée II, jusque-là notre allié - presque vassal - change brusquement de camp, et adhère à la coalition liguée contre la France. L'évènement change profondément les données stratégiques en faisant surgir une menace non négligeable sur une longue frontière dont l'organisation défensive reposait surtout sur des places (Fenestrelle, Exilles, Pignerol, Casa!) situées sur le versant oriental des Alpes. En deçà, Briançon, Embrun, Guillestre, Gap étaient de vieilles bicoques surannées où rien n'avait été fait depuis Lesdiguières et dont on semblait croire qu'elles n'auraient jamais à servir. Montdauphin n'existe pas encore.

Bien renseigné, Louvois avait pris des précautions et prescrit une série de travaux d'améliorations de première urgence mais il meurt subitement en juillet 1691. Un premier projet est dressé par Hüe de Langrune le 14 août 1691 et prévoit une caserne à construire. Le 1er septembre, son collègue Delabat, en chef à Briançon, propose, outre la caserne, un ravelin devant l'entrée, suivi, le 14 octobre, d'un second projet de Langrune qui prévoit une enceinte nouvelle autour du château.

Mais la procédure des projets et des travaux est une chose, la situation tactique en est une autre. L'insécurité s'est développée dans la région, avec l'agitation des "barbets" et les infiltrations savoyardes. Le lieutenant général marquis de Larray, qui commande le secteur, a fait à la hâte remettre en état les chemins de ronde en planches du château, et mettre en place un minimum d'approvisionnement en vivres et munitions (29 août 1691). En avril, M. de Lesches a été confirmé au commandement de la garnison, en fait, une cinquantaine de miliciens dauphinois.

L'offensive de 1692

Hormis ces mesures d'urgence, aucun travail important n'a été réalisé au château lorsque se déclenche l'offensive savoyarde. A la tête d'une armée composite, comprenant des contingents allemands et des "religionnaires" français, Victor-Amédée passe les Alpes au col de Larche - alors dans ses états - puis (28-31 juillet 1692) le col de Vars et tombe sur Guillestre qu'il réduit en trois jours avant de se tourner vers Embrun et Gap qu'il prend et dont il va dévaster les environs. En même temps, une flanc garde, commandée par Schomberg (le fils du maréchal) franchit la crête aux cols de Lacroix et Saint-Martin, descend dans la vallée du Guil et investit Château-Queyras. Le village est occupé le 4 août, et depuis les maisons, les coalisés harcèlent le château et entament des travaux d'approche. Sommé de se rendre, M. de Lesches rejette l'injonction. Schomberg a amené, à dos de mulet, de l'artillerie légère, mais ne peut s'en servir en raison des angles trop forts dus à la pente. Serrée de près - rappelons que le "château" n'est toujours rien d'autre que la bâtisse médiévale et les défenseurs en nombre dérisoire - la garnison joue alors d'un expédient : un défenseur (un jeune garçon) se glisse discrètement hors du château, gagne le village et met le feu. Attisées par le vent, les flammes embrasent les habitations, obligeant les coalisés à en sortir et à se faire tirer au mousquet par les défenseurs du château : 5 ou 6 officiers et une cinquantaine de soldats sont tués ou blessés (5 août). Les assaillants se replient sur Ville-Vieille, sans doute pour se reformer et préparer une nouvelle attaque mais le maréchal de Catinat, qui commande l'armée des Alpes, marche sur Château-Queyras qu'il atteint le 7. Schomberg s'est replié le 6 sur le gros de l'armée par Molines, Ceillac et Guillestre.

Catinat inspecte le château, fait un premier bilan des améliorations à apporter et prescrit en premier lieu de réparer la citerne, dont Larray s'était déjà plaint peu avant. Le retentissement de cette défense a sans doute été déterminant dans la conservation de Château-Queyras comme place de guerre.

La première intervention de Vauban

Cette campagne de 1692, par sa soudaineté, son ampleur et la profondeur de sa pénétration à l'intérieur du royaume, a causé un émoi considérable à la Cour. Aussi Louis XIV, désormais privé de Louvois, décide-t-il d'envoyer Vauban inspecter la frontière du sud-est et dresser les projets des améliorations indispensables pour combler les lacunes de notre organisation. Le Commissaire général des fortifications est alors à Namur qu'il a pris et dont il remet en état les ouvrages. Au reçu de l'ordre royal, il passe le service à Cladech et part le 1er septembre pour une longue tournée. Quittant Pignerol le 17 novembre, c'est au retour, à la fin du même mois qu'il arrête le choix de la position du futur Montdauphin et qu'il traite le cas de Château-Queyras. Le projet en est daté du 3 décembre, élaboré avec l'ingénieur Richerand. Critiquant l'expédient de l'incendie volontaire du village (qui a pourtant été déterminant) il définit assez bien l'utilité de la petite place, comme "une des plus avancées vers le Piémont" - donc avec un rôle d'avant-poste ou d'élément de couverture. De plus le fort est au milieu d'une région non dépourvue de ressources et qui rapporte 180.000 livres annuellement au trésor royal : il est indispensable à sa protection, en particulier contre les incursions des"barbets".

Enfin, compte tenu des doutes pesant sur la fidélité d'une partie de la population nouvellement convertie, et toute proche des Vaudois, la présence d'une garnison s'appuyant sur un poste solide permettra de "contenir" les habitants religionnaires : mission de maintien de l'ordre.

Ceci dit, l'édifice est tout petit, dépourvu du minimum d'établissements nécessaires à une place : caserne, magasin à poudre, arsenal, etc. La minceur des murs, conçus avant l'invention du canon, le met seulement à l'abri de la mousquetterie, même si l'amenée du canon à pied d’œuvre est aléatoire. En plus, l'accès au fort est très difficile. Aussi convient-il de construire, autour, une enceinte digne de ce nom, avec porte, englobant, à titre d'extension, la partie ouest du plateau. En outre, il faut agrandir la caserne, créer une boulangerie, améliorer la citerne, aménager des magasins à poudre voûtés dans deux tours, une chapelle, avec logement du chapelain (pour éviter que la garnison ne soit obligée de sortir du fort pour aller à la messe en ne laissant la garde qu'à quelques sentinelles).

De plus pour dégager les champs de tir aux abords immédiats, raser l'église et la reconstruire plus loin, indemniser les habitants des maisons brûlées ou expropriées, etc. Le tout est estimé à 53.390 livres, dont 35.070 pour les ouvrages, 3.700 pour l'église et les bâtiments à raser et 14.620 livres pour les dommages de guerre. Sur cette somme, la première urgence représente 35.470 livres dont 1.4.850 furent accordées par le Peletier le 11 janvier 1693 : Vauban en accuse réception, par lettre datée de Nice le 23 janvier.

Les travaux commencent, donc, conduits par l'ingénieur Ricord, sous la direction de Richerand, directeur des fortifications du Dauphiné. Le plan du 29.10.16931 fait apparaître la nouvelle enceinte en construction. Le même Ricord donne, à la date du 17 janvier 1696, une "carte de la vallée du Queyras et de ses environs", annotée "bonne dans son vieux genre" 2 ainsi qu'un plan du village d'Abriès, avec le projet de deux redoutes à mâchicoulis proposées (non exécutées).

Le traité de paix signé en 1696 avec le duc de Savoie, puis la paix de Ryswick en 1697, améliora certainement les conditions de travail. Le 19 octobre 1699, Richerand signe le projet pour 1700 sans rien changer aux dispositions antérieures.

Deuxième intervention de Vauban

La paix revenue depuis trois ans, Vauban put, à loisir cette fois, faire une nouvelle tournée d'inspection sur les Alpes, pour contrôler les travaux en cours. C'est par les gorges de la Combe, dont le passage a été remis en état, qu'il arrive le 6 septembre à Château-Queyras. Son projet, daté d'Embrun le 23 septembre, avec additif du 25 affine certaines dispositions du projet précédent, en modifie d'autres, et insiste beaucoup sur la qualité des matériaux et les précautions d'exécution. Il demande l'affectation d'un ingénieur "à dix écus par mois" pour la conduite des travaux. Ce nouveau projet est estimé - sans indemnités aux propriétaires - à 62.392livres, susceptibles de s'étaler sur quatre ans.

La lente transformation du fort

L'ouverture, au printemps 1701, de la guerre de succession d'Espagne, suivit de peu la seconde tournée de Vauban, qui n'était donc probablement ni fortuite ni de routine. Après une trop courte paix de quatre ans, c'était une nouvelle suite de treize ans de campagnes qui allait achever de ruiner l'économie du royaume. Aussi le programme de modernisation du fort ne progressa-t-il que très lentement, en raison surtout du manque de fonds et sans doute aussi du caractère de poste secondaire de la place, en quelque sorte avancée de l'élément principal : Montdauphin. Or, on sait que Vauban, à l'appui de la demande des fonds de son projet de 1692 pour Montdauphin, avait avancé que la nouvelle place permettrait de se passer de Gap, Embrun et Château-Queyras. Il n'en fut rien et Château-Queyras continua à recevoir des allocations, mais à vrai dire modiques.

D'autre part, la situation militaire et politique ne tarda pas à se détériorer : comme précédemment, Victor-Amédée de Savoie, d'abord notre allié, ne tarda pas à changer de camp (1703), réactivant le théâtre d'opérations du sud-est, confié à nouveau à Catinat. Mais, excédé par le comportement de Victor-Amédée, le maréchal quitta son commandement après avoir été placé en sous ordre de Villeroy. De 1704 à 1706, le sort des armes nous fut d'abord favorable : Montmélian et Nice furent prises et rasées, la plupart des places du Piémont conquises. Mais, sous le commandement de l'incapable La Feuillade, nous subîmes un grave revers devant Turin, dont le siège dut être levé : les coalisés envahirent la Provence mais furent arrêtés par le maréchal de Tessé sous les murs de Toulon (1707) et durent, à leur tour, battre en retraite. Mécontent de la mollesse de la poursuite, Louis XIV confia alors le commandement au brillant Villars, qui, peu familier avec la guerre de montagne, se laissa manœuvrer et perdit Exilles et Fenestrelle. Relevé à son tour, il passa enfin son commandement (1709) à l'habile et prudent Berwick qui réussit, avec des effectifs réduits, à défendre victorieusement la frontière en 1709 et 1710. En particulier, il arrêta, en 1710, près du col de Larche une réédition de l'offensive de 1692, couvrant ainsi Montdauphin et Château-Queyras encore fragiles. Les opérations se mirent ensuite en veilleuse jusqu'à la paix d'Utrecht, en 1713, qui amena un important changement de tracé de la frontière, en la ramenant à la crête topographique des Alpes, modifiant ainsi les données stratégiques de la guerre en Briançonnais et Queyras.

En ce qui concerne Château-Queyras, on note qu'en 1703, la garnison se révèle trop faible pour empêcher les "Barbets" de rançonner le Queyras. Il semble que la "fausse-braie" (en fait, plutôt l'enveloppe) et, en particulier, le front bastionné nord aient bien été construits entre 1700 et 1705. En 1704 on paie les deux échauguettes du front est.

De 1706 à 1712, en raison de l'état des finances ruinées par la guerre, les crédits alloués annuellement tombent de 4.849 à 1.786 livres. De 1715 à 1723 - au moment où vont démarrer les grands chantiers des forts extérieurs de Briançon - on n'a guère exécuté que des réparations : à ce moment, la place a indéniablement gagné en puissance (avec les bastions du front nord) mais manquait toujours de locaux à l'épreuve et, en particulier, d'un magasin à poudre.

La guerre de succession d'Autriche ralluma les hostilités sur la frontière des Alpes en 1743. L'ingénieur Milet de Monville, en chef à Toulon et détaché, un temps, en Dauphiné, rédige un projet prévoyant une redoute sur la pente nord du Sommet Bûcher. Les projets successifs de cette époque (Bourcet 1751) portent tous sur l'extension de l'enceinte enveloppe ou plateau ouest et aux escarpements sud, et son bouclage. De même l'indispensable magasin à poudre revient régulièrement, et à juste titre.

C'est à la suite du projet de 1782 de l'ingénieur Godinot de Vilaire que ces travaux seront exécutés (sauf l'hôpital militaire) et une boulangerie construite, le tout entre 1782 et 90. En 1791, les généraux Rostaing et d'Arçon passent à Fort-Queyras lors de leur inspection générale des places frontières : ils estiment nécessaires nombre d'aménagements : démolition de la partie haute du donjon, trop vulnérable, dont l'effondrement paralyserait toute circulation dans le fort - casemater une partie des casernements et magasins contre les bombes ; de même aménager et voûter une partie des rampes - doter l'ouvrage de canons de 16 et 24 pour lui donner la supériorité du feu.

Un siècle après 1692 - à la veille des guerres de la Révolution et de l'Empire, qui n'affecteront pas directement Fort-Queyras - la place a ses poudres à l'abri, une citerne convenable, une alimentation en eau extérieure, mais susceptible d'être coupée dès l'investissement, une protection relative par traverses contre le tir fichant de la mousqueterie. Tout le sommet du plateau est ceinturé par une enceinte crénelée, mais le manque de places logées limite les effectifs de la garnison, donc sa capacité opérationnelle et son rayon d'action sur la vallée. Aucun des logements existants n'est à l'épreuve et les toitures en sont très combustibles.

En 1792-93, on a remanié la face gauche du ravelin d'entrée 5 pour augmenter l'angle du saillant. Paradoxalement, le XIXe siècle - donc une période où, du fait des progrès réguliers de la mobilité et de la précision d'une artillerie, même lisse, font régresser la capacité défensive du fort -va se montrer un peu plus généreux avec l'ouvrage. Les années 1820-1830 voient s'exécuter de nombreuses réparations et surtout d'améliorations des conditions de vie parfaitement justifiées au cœur d'une région très dure, sans grandes ressources et isolée une bonne partie de l'année. Par remaniement des locaux, la capacité du logement est portée à 100 hommes - soit une compagnie (83 à la caserne 30, 17 à la caserne 19), 3 poêles installés, la literie renouvelée, les locaux blanchis à la chaux, planchers et escaliers refaits, des lanternes d'éclairage posées. La conduite d'eau extérieure, de même, est refaite en tuyaux de fonte ou de poterie, au lieu des bourneaux de bois. Une horloge est installée dans un campanile en 1835.

Cette première phase fut suivie d'une seconde portant cette fois sur l'amélioration de la fortification proprement dite, justifiée par des motifs connus depuis longtemps (commandement de l'intérieur de la place par les hauteurs proches) mais pris en compte par une délibération du comité des fortifications en date du 20 mars 1838.

C'est ainsi qu'en 1841-42 est construite, sur la courtine du front bastionné nord, la batterie 59 constituée par 5 casemates à la Haxo, destinée à agir sur le plateau du Rouet, puis, de 1842 à 41, sur le front sud, un ouvrage identique, la batterie 60 à 4 pièces, destiné à agir sur les replats dangereux de la rive gauche du Guil. Une autre batterie, à ciel ouvert, fut simultanément aménagée, à 2 pièces, au-dessus de la batterie 59, bordant la cour dite de l'artillerie.

Ces onze positions de pièces - dont neuf sous casemates venaient s'ajouter aux diverses positions à ciel ouvert aménagées antérieurement depuis 1692 : cinq au bastion 1, deux au bastion 3, quatre à l'ouvrage 55, soit un total de 18 pièces, qui correspond à l'estimation de 17 pièces (12 canons, dont 8 de siège et 4 de campagne- 2 obusiers et 3 mortiers) formulée par le capitaine Fontaine, successeur du capitaine Massillon, - qui fit construire la célèbre charpente de la caserne Rochambeau, et mort en 1834 - chef du génie à Montdauphin, dans un mémoire du 15 février 1835.

Ces travaux sont, en fait, les dernières améliorations du fort en tant qu'ouvrage fortifié. En 1858, la crise de l'artillerie rayée accroît brusquement les capacités de l'artillerie, face à la fortification existante, dont l'artillerie de montagne premier adversaire de l'ouvrage. Celui-ci devrait normalement être complètement réorganisé et, compte tenu de son rôle secondaire, il n'en est pas question. Par contre, on y maintient une garnison, d'autant que la route de la combe du Queyras est ouverte en 1855.

La période 1870-1914

Après 1870, les rapports se tendent assez vite entre la France et l'Italie. Les Italiens créent des compagnies alpines, nous amenant à des mesures analogues (bataillons de chasseurs alpins, 157e, 158e et 159e régiments d'infanterie alpine) qui, par le jeu d'une sorte d'escalade, conduisent à l'organisation, dès le temps de paix, d'une véritable armée des Alpes (la VIIIe armée) dont les effectifs de guerre atteignent plus de 200.000 hommes.

Sous la haute autorité des généraux baron Berge (1889-93), Ferron (93-1898) puis Zedé (1898-1902), nos forces, initialement constituées par des troupes banalisées chargées de défendre le débouché des vallées, font place à des unités spécialisées, bien entraînées, qui poussent notre dispositif de sûreté le plus haut et le plus loin vers la crête frontière, avec permanence en hiver. Toute une infrastructure se crée, de routes et de chalets essentiellement construits l'été par la main-d’œuvre militaire des unités alpines. Dans ce cadre, Château-Queyras gagne en valeur en tant que poste et voit s'ouvrir en 1892 la route stratégique du Sommet Bûcher construite par le 6e groupe alpin, dont le noyau est le 14e B.C.A., d'Embrun, qui permettra, à la première heure, d'amener troupes, artillerie et munitions sur cette position clé du Queyras. L'année suivante, c'est la route de l'Izoard, qui va constituer une rocade avancée entre Queyras et Briançonnais, favorisant le désenclavement de la vallée et les possibilités de manœuvre de la défense. Un projet de "chiuse" - non réalisé - a été étudié au pont du Roi pour verrouiller les gorges du Guil en aval de Château-Queyras (calque non daté retrouvé en 1988 dans les archives de l'A.T.G. de Briançon). De plus, il semble qu'on ait également envisagé de créer deux casemates à canon dans le demi-bastion 55 et deux autres sous la face droite de la demi-lune d'entrée.

Mais toutes ces précautions n'auront pas à servir - et certainement parce qu'on les avait prises - la tension politique retombe à partir de la chute de Crispi (1896) et jusqu'aux accords secrets de juillet 1902, où l'Italie s'engage à rester neutre en cas de guerre, si la France n'est pas l'agresseur. Ce n'est qu'en 1909 que le ministre de la Guerre en aura connaissance, et en 1911, le général Joffre prend la décision d'affecter les 14e et I5e corps d'armée au théâtre d'opérations du nord-est.

Les événements d'août 1914 confirment cette évolution : l'Italie reste neutre. Dès le fait acquis, toutes les unités - désormais en majorité de réserve et de territoriale - de l'armée des Alpes et les garnisons des places du sud-est partent peu à peu vers le nord-est, avec le matériel d'artillerie : la frontière est mise en sommeil, Fort-Queyras fermé, avec clés déposées au bureau du Génie de Montdauphin.

La situation reste en l'état jusqu'en 1922, avec le retour du 23e B.C.A. à Gap et l'installation d'un "poste d'hiver" à Fort-Queyras, embryon d'un centre d'instruction de montagne à l'effectif de 70 hommes. Le fort est doté de 2 vénérables pièces de 90 mm mie 1877 et 2 de 65 mm de montagne. Avec l'arrivée au pouvoir de Mussolini en Italie, la tension politique renaît et, avec elle, de nouvelles missions de surveillance et de défense. Château-Queyras détache même un groupe avancé à Abriès.

En 1930 le 23e B.C.A. devient 11e, et le centre d'instruction section d'éclaireurs skieurs remplacée, en 1931, par une section du 159e RIA. En 1935, avec l'organisation des secteurs fortifiés, la garnison est alors constituée par la 2e compagnie du 72e bataillon alpin de forteresse, renforcé d'un détachement du 154e régiment d'artillerie de position, soit plus de 120 hommes.

Pour faire face à cette nouvelle situation, et loger ce personnel - et le matériel - dans des conditions convenables, on va construire sur le plateau ouest plusieurs bâtiments sans aucun caractère : un bâtiment-logement (G), une cuisine (P), un réfectoire (H), un mess des sous-officiers (Q). Le long de la rampe d'accès, au pied des escarpements extérieurs nord, s'élèvent les hangars 0 et écurie N (pour mulets). La branche gauche du fossé du front nord, devant la face du bastion 3, est couverte d'une toiture en tôle sur fermes métalliques pour constituer un garage (R).

De plus, en bas du petit village, sur la route de Château-Ville-Vieille, on construit une cité-cadres à plusieurs pavillons de meilleure facture, pour le logement des officiers et sous-officiers mariés. Jusque là, comme entre 1815 et 1830, il ne s'agit que d'un programme de logement supplémentaire et d'amélioration des conditions de vie, occultant l'ancienne fonction défensive de la forteresse.

En ce qui concerne la fortification proprement dite, la C.D.F., chargée de concevoir la nouvelle réorganisation du système de défense des frontières, expose ses idées dans ses deux rapports au ministre, le premier du 6 novembre 1926 pour l'ensemble des frontières terrestres, le second du 12 février 1929 consacré à la frontière des Alpes. Compte tenu de l'absence de cols praticables et de communications, le Queyras y est considéré comme une "zone d'intervalle", une "annexe" du Briançonnais ne justifiant pas l'organisation d'une zone fortifiée permanente. Le tracé de la position de résistance est déterminé, mais on n'envisage de n'y établir qu'un centre de résistance en fortification passagère avec à la rigueur l'aménagement dans l'escarpement est du piton du fort, d'une batterie d'interdiction sous roc prenant d'enfilade l'amont de la vallée du Guil.

Cette vision des choses est tout à fait raisonnable. En fait, la modicité des crédits alloués par la loi, dite Maginot, du 14 janvier 1930, et même la rallonge obtenue par le maréchal Pétain ( 15 8 MF venant s'ajouter aux 204 accordés en janvier 1930 pour former un "programme restreint" de 362 MF (au lieu des 400 escomptés), première urgence d'un "programme d'ensemble" estimé à 700 millions.

Or, dès la fin de la première année, il apparut qu'un dépassement de 140 MF était à prévoir : on dut procéder à de nouvelle réductions, par transfert en deuxième urgence des travaux initialement prévus en première) n'aurait permis aucune réalisation lourde en Queyras : déjà l'élément de front de Briançon était mis à la portion congrue.

La dernière mise au point du programme d'ensemble des organisations à réaliser pour constituer la position de résistance, est contenue dans le "programme d'avenir" arrêté par le général Mittelhauser, en juin 1938, au moment où, atteignant la limite d'âge, il allait quitter le commandement de l'armée des Alpes. La situation politique continuant à se détériorer, c'est en 1938 et surtout 1939 qu'on entreprit la réalisation des organisations de campagne, à l'aide de la main d'oeuvre militaire accrue par les réservistes rappelés à l'occasion des alertes successives, puis de la mobilisation de 1939. En mai 1940, l'essentiel était fait ou en cours et, entre le Pic de Rochebrune - limite nord avec le Briançonnais - et Ceillac, au sud, une cinquantaine de "Pilules" (petits blockhaus cylindriques en béton, type S.F.D. pour mitrailleuse ou F.M.), d'abris alpins ou en rondins, tourelles par éléments mle 37, observatoires et épaulements légers, groupés en points d'appui, étoffaient les points essentiels du terrain.

Malgré la faiblesse des effectifs (toutes les unités d'active des 27e, 28e et 29e divisions - sauf les sections d'éclaireurs-skieurs avaient été expédiées sur le front du nord-est) on avait quand même réussi à organiser et occuper quelques avant-postes, dont le point d'appui d'Abriès (on note là la résurgence, à plus de deux siècles d'intervalle, du projet de redoute envisagé à Abriès dès 1696, puis en 17 46) très en avant de la position de résistance.

Après avoir déclaré la guerre le 10 juin, c'est après une période d'attente d'une dizaine de jours que l'Italie prend l'offensive le 21 : la supériorité numérique des Italiens est - en principe - écrasante, mais l'artillerie n'a pas eu le temps, en raison de la hâte de Mussolini, de se mettre en place ni de préparer ses tirs. Par contre l'artillerie de position française est en place depuis longtemps, renforcée des éléments de C.A. et d'armée, avec tirs bien préparés et munitions approvisionnées. L'amalgame s'est normalement effectué au sein des unités, entre éléments d'active et réservistes, en majorité de recrutement local, donc motivés et, en majorité, bien familiarisés avec la montagne. Le temps est exécrable ce qui joue en faveur de la défense.

Du côté français, l'infanterie est constituée par le 92e bataillon alpin de forteresse, deux compagnies du 87e B.C.A. (45e demi-brigade alpine de forteresse de la 64e division d'infanterie) renforcés des sections d'éclaireurs skieurs des 92e, 87e et 107e B.C.A., petites unités d'élite. S'infiltrant par les cols frontières, les Italiens du 3e Alpini et des Ier et IIe bataillons de Chemises Noires presque sans appui d'artillerie ni soutien logistique parviennent à s'emparer des hameaux - évacués - des têtes de vallée, mais contenus de front par la résistance acharnée des alpins de forteresse et manœuvrés par les S.E.S.. Ils viennent buter contre le point fort d'Abriès et ne pourront pas le dépasser. Les temps forts de cette bataille de cinq jours seront l'action du lieutenant Blanchard, chef de la S.E.S. du 87e B.C.A., grièvement blessé en défendant Abriès, et, le 23 juin, la capture d'une compagnie italienne, avec son matériel, par l'aspirant Goeury, du 87e B.C.A., et le maréchal des logis chef Woerhle, chef de la brigade de gendarmerie d'Abriès : l'un et l'autre seront cités à l'ordre de l'armée et décorés de la médaille militaire. ·

Le bilan, lorsque l'armistice intervient le 25 juin, est le suivant :

- du côté français, sur 7500 hommes engagés, on compte 3 tués, 3 blessés, 9 prisonniers ou disparus

- côté italien, sur 12500 hommes, 25 tués, 67 blessés, 55 prisonniers ou disparus.

L'attaque italienne a été stoppée très en avant de Château-Queyras, et le vieux fort n'a à aucun moment été abordé, ni même inquiété. Réoccupé un temps après la Libération par une colonie de vacances du service social des Armées, il fut finalement abandonné, et remis aux Domaines en 1960, puis vendu à un particulier, M. Creuzevault, qui en avait entrepris la réhabilitation avant de décéder prématurément en 1971.

Analyse architecturale

Situation

Situé entre le Briançonnais, au nord, et l'Ubaye, au sud, le Queyras constitue une région spécifique, formée par la vallée du Guil et le réseau palmé de ses affluents, encagés dans un système orographique très accusé. Au nord la chaine Pic de Rochebune - Bric Froid (environ 3300 m) sépare Queyras et Briançonnais, avec un seul passage praticable du col de l'Izoard, et encore aménagé à la fin du XIXe siècle seulement. A l'est, la chaine frontière Bric Froid - Mont Viso forme barrière avec le versant piémontais, avec quelques cols élevés praticables à pied seulement, tandis qu'au sud la chaîne Viso - pic de Crevoux, formant en partie frontière, est échancrée de quelques passages utilisables, dont le col d'Agnel, doté tout récemment d'une route carrossable de liaison avec le Piémont, les cols Tronchet et Girardin communiquant avec la Haute-Ubaye. Pays fermé, donc, ouvert récemment au sud-ouest seulement sur la vallée de la Durance, à Guillestre, au débouché d'une longue gorge étroite et profonde dite "combe du Queyras", constituant le principal accès du pays mais resté longtemps d'une circulation difficile et risquée.

Ces caractéristiques géographiques en font une région en cul-de-sac, en dehors des grands axes d'invasion, et du point de vue militaire, une zone d'opérations tout à fait secondaire : zone d'infiltration, mais pas d'invasion. Vue générale prise du nord-est. A gauche, versant nord du mont de Bramousse.Vue générale prise du nord-est. A gauche, versant nord du mont de Bramousse.

Dans son état actuel, qui résulte, donc, d'une assez longue évolution surtout connue depuis 1693, le fort est constitué :

- d'une enceinte extérieure, ou enveloppe, parfois appelée "fausse-braie", constituant l'enceinte de combat, et renfermant divers bâtiments

- du château primitif, renfermant le "donjon", et prolongé, à l'est, par sa basse cour.

L'enceinte extérieure

Le sommet du piton rocheux portant l'ouvrage est bordé sur trois côtés (est, sud et ouest) par des escarpements verticaux inabordables, dont le pied est baigné, au sud, par le Guil. Par contre, la face nord est constituée par un glacis herbu à forte pente, mais accessible, descendant jusqu'aux maisons du village, et à flanc duquel est aménagée la route d'accès en épingle à cheveu et d'ailleurs améliorée à plusieurs reprises. Le tracé de l'enceinte extérieure et sa consistance ont été déterminés, à l'origine, en 1692, en concertation par Vauban et Richerand, en fonction de la nature du terrain. Son achèvement a demandé près d'un siècle. Son rôle était d'englober dans un périmètre défensif inabordable tout l'espace disponible du plateau sommital afin de "donner de l'air" à une garnison jusque là confinée dans un édifice trop petit, et de permettre, tant que faire se pouvait, de déployer de l'artillerie et ainsi de pouvoir combattre dans des conditions de moindre infériorité, face à certaines directions.

Sur la moitié sud du périmètre, elle consiste en un simple mur percé de créneaux de fusillade, servant de mur de fond, à l'ouest à plusieurs bâtiments, et à l'est descendant en gradins (redans 42-43-44 et 45) pour épouser la déclivité du rebord du plateau avant de se refermer contre un ressaut de falaise : vaille que vaille, on a profité des irrégularités du bord pour en briser les alignements afin de permettre un minimum de flanquement. On notera qu'en certains tronçons, on trouve deux étages de créneaux, tandis que la face ouest du redan 42 comporte deux embrasures à canon flanquant vers l'ouest et la courtine 49 trois autres orientées au sud et masquées, intérieurement, par le bâtiment Q.

- Le front nord-ouest, couronnant également des escarpements rocheux, comporte, cependant, des flanquements plus réguliers, avec le redan 23, le demi-bastion 24 (couvert d'un toit constituant le hangar L) et le flanc gauche du bastion 3, charnière avec le front nord. Contrairement aux précédents, le front nord est un front bastionné à peu près régulier - le seul de l'ouvrage - de 75 m entre saillants. A signaler au préalable la singularité, due à la pente du terrain, d'une contrescarpe constituée par un mur en élévation percé de créneaux de fusillade formant une première ligne de défense, au lieu d'être, comme dans le cas habituel, un mur de soutènement des terres du glacis.

En venant du village, la rampe d'accès arrive à un replat au pied du bastion 3 (devant l'écurie N) et effectue un angle aigu pour monter le long de la contrescarpe pour pénétrer dans la place d'armes 54, sorte de place de rassemblement extérieure construite en balcon et bordée par un mur garde-fou. Cette dernière est séparée par un court tronçon de fossé de la face gauche du ravelin 5 tenant lieu de demi-lune du front. Porte et pont-levis de la demi-lune 5. Derrière, le front de gorge.Porte et pont-levis de la demi-lune 5. Derrière, le front de gorge.

Un pont-levis à flèches en bois - en état de marche - équipe un portail grossier à deux piliers (une porte monumentale figurait dans un projet, mais ne fut pas exécutée) et permet de pénétrer dans le ravelin 5, dont les deux faces sont couronnées d'un parapet en pierre, avec, à droite, deux embrasures à canon murées. Toujours compte tenu de la pente du terrain, ce ravelin, dont le tracé a été remanié à la fin du XVIIIe siècle, est construit en élévation et comporte, en sous-sol, un niveau de casemates accessibles, à l'arrière, par une porte donnant dans le fossé principal. Il semble avoir été envisagé, à plusieurs reprises, d'aménager ces casemates pour deux pièces de canon, et quelques travaux sans importance exécutés, semble-t-il, un peu avant la seconde guerre mondiale.

Le ravelin traversé, on rencontre un -curieux pont coudé, en pierre, à deux arches qui franchit, en rampe, le fossé principal pour aboutir à la porte du fort, dans le flanc gauche du bastion 1. Celui-ci a une largeur moyenne de 8 m et sa branche gauche (en se plaçant à l'intérieur de la place) devant la face droite du bastion 3, est couverte d'une toiture en tôle ondulée sur fermes métalliques afin de constituer un hangar aux véhicules aménagé entre 1930 et 1940. Front de gorge. Demi bastion 1, entrée et pont.Front de gorge. Demi bastion 1, entrée et pont.

Sa branche droite, plus courte (devant la face du bastion 1) est fermée, à l'est, par un retour de la contrescarpe crénelée formant batardeau et venant se raccorder à l'escarpe du saillant 1. Ce retour était percé, au niveau du fond du fossé, de deux embrasures à canon (visibles sur des photos anciennes) derrière lesquelles a été construit, à la veille de la guerre, un blockhaus léger en béton, avec réduction des embrasures. Cette même branche droite du fossé est traversée, au milieu de la face du demi-bastion 1, par un aqueduc rampant en pierres, en arc surbaissé constituant l'entrée dans la place de la conduite d'eau de 8 cm venant d'une source extérieure : on trouve le même dispositif à Montdauphin et à la batterie des Caurres, à Tournoux.

Au revers de la contrescarpe, on remarque les potences de fer qui portaient le plancher (disparu) de la coursière desservant les créneaux de fusillade du sommet. Deux de ces créneaux, tracés en archère, comportent à la base un élargissement pour le lancement, dans le fossé du ravelin, de grenades et de bombes de mortier pour battre une zone non vue.

Le front est, qui fait face à l'axe de la vallée du Guil en amont de la place, est formé, extérieurement de la face droite du bastion 1 et de la face gauche du redan 55 se raccordant en saillant très ouvert. Ces deux composants, et la face droite du redan 55, sont dotés, chacun, de deux embrasures à canon à ébrasement extérieur, découpées dans un fort parapet en maçonnerie, porté par un cordon de magistrale en forme de boudin.

Le front est encadré de deux échauguettes en maçonnerie polygonales identiques en pierre de taille, portées par des culs-de-lampe à ressauts, ceinturées à mi-corps d'un bandeau et surmontées d'une toiture en pierre à voussoirs légèrement débordants et profilés en doucine renversée. Chaque face en est percée, au tiers supérieur, d'une petite ouverture d'observation verticale. Si elles en ont réellement été munies, ces deux échauguettes ont perdu la boule ou la fleur de lys qui, à l'origine, surmontait ces édicules.

Saillant 55. Echauguette.Saillant 55. Echauguette. Manutention D. Fours à pain.Manutention D. Fours à pain. Batterie 60. Vue d'enfilade de la descente aux redans du front sud.Batterie 60. Vue d'enfilade de la descente aux redans du front sud.

La face droite du redan 55, extrémité du front est, vient buter contre le mur de soutènement de la cour du magasin à poudre qui domine l'ensemble. Revenant du front nord, en franchissant le pont du fossé principal, puis la travée levante du pont-levis à bascule en dessous (système assez en faveur dans la Direction du Dauphiné (cf Briançon : portes d'Embrun et de Pignerol, Montdauphin : porte de Briançon, et qui tend à s'employer, en France, à la fin du XVIIIe siècle, à la place du traditionnel pont à flèches), on aborde la porte principale du fort percée dans le flanc gauche du bastion 1.

Toute l'escarpe du front, fruitée, est couronnée d'un cordon de magistrale en boudin, surmontée d'un fort parapet en maçonnerie, non terrassé, échancré d'embrasures à canon ainsi disposées :

- bastion 1 : face gauche : 1

flanc gauche : 2

- courtine 1-3 : 5 (celles de la batterie-casemate 59)

- bastion 3 : flanc droit : 1

face droite : 3 .

Muraille en maçonnerie de moellons. Chaînes d'angle en pierre de taille en gros appareil.

En ce qui concerne la porte, la baie couverte en arc très surbaissé s'ouvre dans l'escarpe entre deux piliers adossés verticaux, dont le fruit de l'escarpe augmente la forte saillie. Ces piliers comportent des pilastres doriques soutenant un entablement à corniche moulurée et surmontés d'un amortissement à boule. Cette baie est fermée par une porte à deux vantaux pivotants en bois, à panneaux cloutés dont celui de droite (vu de l'intérieur vers le dehors) comporte un portillon à personnel. Elle donne accès à un passage voûté coudé, sous le terreplein du demi-bastion, débouchant dans l'étroite cour intérieure du front est. Celle-ci est coupée en deux par une traverse en maçonnerie 4, percée de deux passages en plein-cintre, l'un pour la route précitée montant vers le cœur du château, l'autre pour une seconde rampe montant, en sens inverse, au terre-plein du demi-bastion 1, lui-même recouvert d'une toiture à trois versants constituant un hangar à matériel.

A la sortie du passage voûté, la route passe devant le bâtiment E, contourne la tour lb, passe sous la traverse 4, et aboutit au mur d'enceinte de la basse cour du château dans laquelle s'ouvre la seconde porte du fort 16 (voir plus loin).

Bâtiments compris dans l'enceinte extérieure

On citera simplement pour mémoire les bâtiments Ca et b (infirmerie, construite avant 1914), G (caserne), H (réfectoire), P (cuisine), Q (mess des sous-officiers), ces quatre derniers construits entre 1930 et 1940, situés sur le plateau ouest, et ne présentant aucun intérêt architectural autre que l'usage qui pourrait être fait de leurs locaux. De même pour le hangar L, simple couvrement du demi-bastion 24.

De cette zone, on ne retiendra que le bâtiment D (manutention) adossé à un saillant du front sud de l'enceinte et dont la façade donne sur la rue du Rempart en tranchée en ce point.

Bâtiment à plan pentagonal, à avant-corps central abritant au rez-de-chaussée voûté, la boulangerie et les deux fours, encadré de deux ailes servant de magasins aux farines. A droite, on trouve une cave et une citerne de 15 m3. Le corps central comporte un premier étage, désigné comme magasin au bois, desservi par une passerelle en bois lancée par dessus la tranchée de la rue du Rempart.

On note que les fours portent, dans les plaques de façade, la marque moulée "Terrassier, à Tain-l'Hermitage (Drôme)", constructeur ayant fourni la quasi-totalité des fours des établissements militaires du sud-est.

On notera que la construction entre 1930 et 40 des bâtiments P, G et H a fait disparaître la batterie 6, batterie à air libre juchée sur une bosse du plateau et jouant un rôle de cavalier.

En arrière de l'enceinte du front sud, on trouve la batterie casematée 60. Il s'agit d'un groupement de quatre petites casemates à la Haxo, desservies à l'arrière par une galerie voûtée dont le piédroit nord borde le pied des fondations de la courtine 25 du château.

L'extrémité gauche de cette galerie communique avec la cour du magasin à poudre par l'intermédiaire du sous-sol du bâtiment Kb. A droite, cette galerie, après une brisure d'alignement, débouche dans le fond de la cour du plateau ouest, par un mur-pignon construit entre le pied de la tour e du château et le rentrant droit du redan 42. Dans cette galerie s'embranchent, dans l'axe de chaque casemate, les cheminées d'évacuation des gaz des tirs. Le tout est enrobé d'un massif de terre, échancré du délardement des embrasures. Ce massif, profilé en glacis à terre coulante, vient mourir dans la plateforme basse 45-48.

A l'extrémité droite de la batterie, sur la galerie principale, s'embranche perpendiculairement une galerie voûtée ascendante, menant à la plateforme 45-48, avec, à droite, trois sorties desservant au passage les redans 42, 43 et 44.

Les casemates à canon, à directrices parallèles, ont été fermées, à l'arrière vers 1930, par des cloisons destinées à les approprier à l'usage de magasins.

De l'autre côté du château, la batterie casemate 59 occupe le terre-plein de la courtine 2 du front nord. C'est un groupement de 5 casemates à la Haxo, à directrices parallèles, desservies, à l'arrière par une galerie voûtée rectiligne accessible, à droite, par le terre-plein du bastion 1, et débouchant, à gauche, sur celui du bastion 3.

Faute d'espace en profondeur, les embrasures des casemates débouchent dans le parapet de la courtine 2 et le massif de terre protecteur ne recouvrait que l'extrados des voûtes des casemates. Ce massif de terre était soutenu, à l'arrière, par le mur du parapet de la batterie supérieure de la cour d ; il était, d'ailleurs, échancré du délardement des deux embrasures de cette batterie.

Que ce soit pour des raisons d'humidité et d'infiltrations d'eau dans les casemates, soit pour des raisons de glissement de terrain en raison de la pente, ce matelas de terre a aujourd'hui disparu ; les chapes d'extrados de l'ouvrage sont à nu.

Enfin, comme autres bâtiments, on trouve :

- le hangar F : toiture sur charpente couvrant le terre-plein du demi-bastion 1

- le bâtiment E (corps de garde de l'entrée principale) attenant à la sortie du passage voûté d'entrée. Ce bâtiment, ancien, comporte deux niveaux, dont le premier étage comporte, en façade, une coursière extérieure en encorbellement. On y accède par un escalier à volée courbe plaqué à la tour b. Le rez-de-chaussée correspond au corps de garde proprement dit et comporte une cheminée. Le tout est couvert d'une toiture en bâtière avec couverture actuelle en tôle ondulée.

La basse cour (ou avant-cour)

Au terme des multiples modifications, cette zone correspond au plateau est, devant le château. Elle est fermée, au nord, par le parapet de la batterie haute, à l'est par le bâtiment Ia et la tour lb et la muraille se prolongeant au sud pour envelopper le magasin à poudre J avant de se refermer sur l'angle sud-est du château.

Cet espace est divisé en deux par un grand mur, orienté ouest-est et formant parados, pour défiler chaque moitié contre les coups fichants venant, à revers, de la direction opposée. Au nord, la cour d, dite de l'artillerie, au sud, la cour du magasin à poudre, longtemps appelée "cour au bois".

Le pied de ce parados longe la rampe montant de la porte 16, elle-même bordée, au nord, par le mur de soutènement du terre-plein de la cour d, et qui aboutit, à l'ouest, au front est du château et à sa porte. Porte 16. Vue extérieure.Porte 16. Vue extérieure.

L'accès à cet enclos se fait par la porte 16 percée dans la muraille est, en contrebas du bâtiment la : la baie, voûtée en arc segmentaire, s'ouvre dans une feuillure encadrée de deux pilastres doriques en pierre de taille à bossage continu en table et joints creux. Ceux-ci, surmontés d'un entablement mouluré portent une corniche en plein-cintre encadrant un tympan sculpté où l'on distingue, très érodé, les traces d'un écu, surmonté d'une couronne (?) et encadré d'attributs militaires (drapeaux, canons etc.). De chaque côté, des amortissements en pots à fleur surmontent les pilastres.

La baie est fermée par une porte à deux vantaux pivotants en bois, à cadre et panneaux cloutés. L'ensemble, seul élément ornemental véritable de la place, construit à la suite du projet de Vauban fin XVIIe ou début XVIIIe, ne manque pas d'allure malgré sa dégradation par les intempéries.

Mais il appelle la remarque suivante : la largeur du passage entre montants est nettement plus faible que celle de la porte principale du fort, d'où un goulot d'étranglement fâcheux pour les mouvements de matériel et spécialement des pièces de canon. Les archives font état de l'obligation faite à la garnison, en cas de transfert, de démonter les vantaux ; d'autre part on remarque qu'un montant a été retaillé et des encoches faites dans les joues de la baie et même le cadre des vantaux pour permettre le passage des fusées d'essieu ; il y a là, manifestement, une fâcheuse erreur d'appréciation du gabarit nécessaire.

Cette porte se prolonge par un court tronçon de passage voûté, à travers la muraille, puis se continue par la rampe évoquée plus haut, pour déboucher dans la cour d et parvenir au château.

Les édifices inclus dans cette zone consistent en :

- Bâtiment la : simple bâtiment d'habitation sans caractère spécial, avec cage d'escalier centrale, deux niveaux et toiture à quatre pans.

-Tour lb : tour cylindrique, vestige du château primitif et servant d'annexe au bâtiment la à l'arrière duquel elle est accolée.

- Le magasin à poudre J : dans une cour particulière, au sud. C'est un magasin "à l'épreuve" construit vers 1782, et s'appuyant, au nord, au mur parados. La chambre à poudre, voûtée en plein-cintre a 11,58 m de long, 8,40 m de large et 4,10 m de hauteur sous clef, ce qui lui confère une capacité de stockage variant de 15.900 kg à 21.400 kg de poudre, selon le conditionnement. Les murs latéraux sont épais de 2,33 m, tandis que la voûte à extrados en bâtière varie d'1 à 2, 10 m d'épaisseur. Magasin à poudre J. Façade ouest.Magasin à poudre J. Façade ouest.

Entrée dans le pignon ouest par porte couverte en arc en anse de panier, surmontée d'une fenêtre en plein-cintre, l'une et l'autre à claveaux rayonnants en gros appareil, fermée par des vantaux en bois ferrés en bronze, pour éviter la formation d'étincelles.

L'édifice, muni en pignon ouest des barbacanes règlementaires, est couvert par une toiture en bâtière et comporte un paratonnerre installé au XIXe siècle.

En face du pignon ouest du magasin J, de l'autre côté de la cour pavée, on trouve un groupe de bâtiments anciens mais sans intérêt particulier, comprenant :

- Kd : magasin d'artillerie. Ce bâtiment avait été établi, à l'origine, comme boulangerie : deux fours à pain de 200 rations chacun sont encore visibles au rez-de-chaussée, mais cette fonction fut supprimée vers 1783 et reportée sur le bâtiment D, en raison de la proximité du magasin à poudre.

- Kb : salle d'armes pour 600 fusils construite à la suite du précédent pour constituer, en fait, l'arsenal de la place.

Enfin, on notera, bordant au nord la cour d, le parapet de la batterie haute, qui surmonte le mur de fond de la batterie-casemate 59. Ce parapet en maçonnerie est percé de deux embrasures à canon tirant vers le nord et comporte, au revers, les trois étages de gradins desservant une banquette d'infanterie desservant une ligne de créneaux de fusillade.

Le château

Au centre du fort, et dominant l'ensemble, se trouve le château, partie la plus ancienne.

Le plan en dessine un trapèze isocèle de 30 x 25m dont la petite base - face est - se double, en avant, d'un second mur à redan à deux faces asymétriques. Seul le front ouest comporte un fossé creusé dans le roc après 1693, couvrant la courtine et la porte de secours.

L'enceinte est cantonnée, à chaque angle, de tours, dont deux cylindriques : b au nord-est, c au sud-est , une allongée perpendiculairement à la diagonale : d au nord-ouest ; une allongée selon la diagonale : e au sud-ouest. En fait la tour b est commune au château et au donjon, et ses locaux accessibles à partir de celui-ci.

Le "donjon" B occupe à peu près la moitié de la cour centrale, dans l'angle nord-est de l'enceinte, sans faire saillie à l'extérieur de l'enceinte.

En ce qui concerne l'enceinte :

-le front ouest est occupé par la caserne Aa, substituée, après 1693, à deux petits bâtiments alignés et séparés. Il s'agit d'un bâtiment rectangulaire à trois niveaux (rez-de-chaussée+ 2 et combles) dont les locaux s'appuient au revers de la courtine avec interposition d'une coursive desservant les créneaux de fusillade. L'aile gauche est constituée par un module simple de caserne à la Vauban, avec cage d'escalier centrale. Au centre, au rez-de-chaussée, on trouve le passage de la porte de secours à baie voûtée en anse de panier sans aucune ornementation. Front ouest du château. Fossé et porte.Front ouest du château. Fossé et porte.

La porte est munie d'un pont-levis "à la Derché", dont le mécanisme, assez grossier, construit en 1839 à la place d'un précédent système, est logé à l'intérieur du passage. L'ensemble est complet et il ne manque que les chaînes de manœuvre et celles d'attelage.

La travée mobile, en bois, s'abat sur une pile en pierres de taille, et se prolonge par une travée dormante également en bois.

L'aile gauche, à la distribution plus confuse est fractionnée par des refends transversaux en locaux accolés.

La façade principale est, sur la cour centrale - la seule visible - est percée de baies rectangulaires sans encadrement, s'ouvrant dans une maçonnerie enduite : le tout, très banal, est surmonté d'un toit en bâtière à arête parallèle à la courtine. Il n'est pas à exclure que ce bâtiment ne soit, en réalité, que le résultat du fusionnement des deux précédents, exhaussé, ensuite, d'un deuxième étage.

Le front sud est constitué par une courtine sur arcs de décharge portant un chemin de ronde desservant une ligne de créneaux de fusillade.

Au parement extérieur de cette courtine s'est appuyé un temps un bâtiment S (logement pour 30 hommes) construit en 1930 et démoli en 1968 par l'acquéreur de l'ouvrage pour faire place à une agréable terrasse.

Le front est était donc, à l'origine, constitué par une courtine rectiligne prolongeant le mur du donjon doublée, en avant, par un second mur en redan. On ne sait trop à quoi correspondait à l'origine l'espace à ciel ouvert inclus entre ces deux murailles, sinon un redoublement de la défense lié à la présence de l'entrée de la place, percée dans la face droite du redan.

C'est l'ingénieur Richerand qui eut l'idée de couvrir cet espace pour y aménager une chapelle afin d'éviter que l'obligation d'aller suivre l'office à l'église du village ne vidât le fort, en laissant sa sécurité reposer sur les seules sentinelles. On aménagea, également, un logement pour le chapelain et divers locaux dont certains furent, ensuite, rattachés au donjon. Au fil des temps, les locaux changèrent d'affectation et le bâtiment devint la caserne Ab. C'est ce bâtiment qui inclut la tourelle de l'horloge construite en 1835-36. Château : front est et porte d'accès au donjon.Château : front est et porte d'accès au donjon.

Dans la face droite de ce front, on trouve près du saillant un cadran solaire peint au mur extérieur et surmonté de la phrase "ego temporis mensura sum". Près du rentrant gauche de la tour C, se trouve la porte 17 d'entrée du château, dans l'axe de la rampe venant de la porte 16. Précédée d'un haha aujourd'hui comblé, cette porte consiste en une baie en plein-cintre, surmontée d'une seconde de même dans laquelle pivote l'unique flèche d'un pont-levis, dont le contrepoids est constitué par un quartier de roc (on comprend mal la raison de cette seconde baie alors qu'une simple rainure eût suffi). La défense en est assurée par une ligne de trois créneaux de fusillade en haut de courtine et, dans le flanc gauche de la tour, par trois créneaux superposés (deux en archère, un à ébrasement extérieur).

Cette porte est suivie, dans le bâtiment Ab, d'un court vestibule coudé (où se manœuvrait la flèche du pont-levis) débouchant de plain-pied dans la cour du château.

Au centre de celte-ci, on trouve le poste de puisage de la citerne f (antérieure à 1691) d'une capacité approximative de 90 m3, avec margelle en maçonnerie surmontée d'un bâti en fer forgé à trois branches se rejoignant au sommet et portant une poulie.

A proximité, adossée au revers de la courtine 25, et sous un arc de décharge, on trouve une fontaine, très simple, antérieurement installée dans la demi-lune d'entrée et transportée à son emplacement actuel en 1782. Alimentée par la conduite d'eau extérieure, cette fontaine coule dans une auge en pierre de taille, dont le trop plein s'évacue dans la citerne.

Le "donjon"

Ce gros bâtiment à plan légèrement en losange et à quatre niveaux + grenier occupe l'angle nord-est de l'enceinte du château. Il est cantonné de deux tourelles, l'une au nord-est commune à l'enceinte, mais avec locaux rattachés, à chaque niveau, à ceux du bâtiment principal, l'autre au sud-ouest enfermant l'escalier à vis desservant les étages.

L'appellation "donjon" est d'ailleurs discutable : elle a été entérinée, sinon donnée, par les ingénieurs militaires de la fin du XVIIe siècle, dans le sens conventionnel de réduit ultime dominant l'ensemble de la place. Cette appellation est ainsi utilisée à la partie centrale du fort du Randouillet à Briançon, construit entre 1724 et 1784, et n'ayant, donc, rien de médiéval. La cour centrale vue du haut de la courtine sud du château. A gauche, le bâtiment B du donjon, à droite, le bâtiment Ab et la tour de l'horloge.La cour centrale vue du haut de la courtine sud du château. A gauche, le bâtiment B du donjon, à droite, le bâtiment Ab et la tour de l'horloge.

En fait, les termes "bâtiment d'habitation principal" ou "tour maîtresse d'habitation" conviendraient mieux, d'autant que seule la silhouette de l'ouvrage, son volume avec ses deux tourelles, et la ligne supérieure des corbeaux amènent à évoquer le concept de donjon. Les nombreuses fenêtres ouvertes lors des aménagements successifs, l'absence de dispositifs de défense bien caractéristiques de l'entrée tendent au contraire à conforter une fonction résidentielle fixée depuis longtemps.

Mais le terme "donjon" étant plus commode dans sa concision, autant le conserver.

Un refend médian divise le bâtiment en deux. Les autres divisions, à chaque niveau, sont constituées par des cloisons qui ont certainement été déplacées à de multiples reprises. Ainsi, à l'origine, le bâtiment est un véritable capharnaüm abritant pèle-mêle magasins, chambres d'officiers et de soldats, situation imposée par le manque de place dans un fort dont la raison d'être était, au moins pour la moitié, la capacité de rayonnement extérieur de la garnison. Accessible directement depuis la cour par deux portes récentes, le rez-de-chaussée comporte deux locaux voûtés, dont l'un était encore désigné, en 1939, comme magasin à munitions d'artillerie.

L'entrée normale se fait à la base de la tourelle sud-ouest, par une porte rectangulaire s'ouvrant, en entresol, au bout d'un escalier extérieur à volée droite de 7 marches. Cette porte donne accès à la cage d'un escalier à vis à noyau et marches de bois très raide conduisant aux étages supérieurs aménagés en logements. Les différents niveaux sont constitués par des planchers sur poutres. Les combles comportent, sur chaque face, des ouvertures sur ce qu'on peut supposer avoir été une galerie de mâchicoulis disparue, mais dont subsiste la ligne de corbeaux en bois sortant du mur. Donjon. Grande salle du deuxième étage.Donjon. Grande salle du deuxième étage.

Le tout est surmonté d'une toiture à quatre pans, à faible pente, en ardoise à arêtiers en zinc, dont émergent de nombreuses souches de cheminées parallélépipédiques.

On citera, pour mémoire, comme autres singularités des bâtiments de la place :

- deux corbeaux en pierre à deux ressauts émergeant du mur est de la cour centrale, et dont la destination est inconnue

- une bretèche en capitale de la tour nord-ouest du château.

Organisations fortifiées de campagne et de "fortification de campagne renforcée"

On a vu que, après la grande guerre, on avait procédé, sur un plan d'ensemble arrêté par la C.D.F. et mis en œuvre, à partir de 1930, par la CORF, à une réorganisation du système de défense des frontières, dont celle du sud-est. On sait qu'en 1893 une route stratégique avait déjà été construite vers le Sommet Bûcher.

Compte tenu de son caractère secondaire en 'tant que zone sensible d'une part, de la modicité des crédits d'autre part, le Queyras n'avait reçu aucun ouvrage permanent. Du même coup, c'est sur les troupes d'occupation que retombait la charge de réaliser, le moment venu, les organisations - fatalement légères - entrant dans la constitution de la. ligne principale de résistance (L.P.R.) et des positions d'avant-postes.

On notera qu'aucun ouvrage d'avant-poste du programme Degoutte n'a été construit en Queyras. Tout ce qui a été fait l'a été tardivement, entre 1938 et 1940, sous la pression de la tension politique concrétisée par le maintien ou le rappel de réservistes, par les bataillons alpins ou alpins de forteresse.

Techniquement, ces travaux relèvent :

- de la fortification de campagne traditionnelle : tranchées, épaulements, abris en rondins recouverts de terre, etc. .

- de la fortification de campagne "renforcée" : petits blockhaus en béton armé pour mitrailleuses ou fusils-mitrailleurs, observatoires bétonnés, abris alpins.

Conclusion

A peu près au centre du bassin du Guil, la petite forteresse de Château-Queyras, désignée sous le nom de "fort Queyras" n'a jamais prétendu au rôle d'ouvrage d'interdiction.

L'édifice couronne le sommet d'un piton rocheux de 80m de haut, à parois très escarpées, sauf au nord-ouest, et se dressant au fond de la vallée du Guil, à son intersection avec deux talwegs venant l'un du nord-ouest, l'autre du sud-est (vallon de Bramousse).

Simple héritage du moyen-âge, son principal mérite est d'avoir existé en 1691, sur une frontière alors notoirement sous-organisée, et d'avoir été mis en lumière par une assez belle défense. Cela lui valut, par la suite et jusqu'au milieu du XIXe siècle, au lieu de l'abandon envisagé, une remise à hauteur lui permettant de jouer, jusqu'en 1940, le rôle de poste défensif, avec mission de contrôler à la fois les habitants et de s'opposer aux infiltrations venant du Piémont.

Sa position en hauteur lui confère un bon commandement sur les abords immédiats, bien qu'assorti de nombreux angles morts dus aux escarpements : situation favorable très courante pour un château médiéval. Mais l'étroitesse de la vallée, prise entre des hauteurs très élancées, l'amène à être dominé et "plongé" fortement à courte distance, ce qui tendit, à partir de l'apparition de l'artillerie, à lui ôter en théorie l'essentiel de sa capacité défensive : mais la quasi impossibilité d'amener de l'artillerie sur place d'une part, faute de communications, et, d'autre part, la construction de quelques casemates ou bâtiments à l'épreuve, purent assez longtemps maintenir à son profit un équilibre relativement favorable par rapport aux possibilités réelles de l'attaque.

Dans un cadre de montagne particulièrement pittoresque, juché sur son piton dominant le torrent, la petite forteresse constitue globalement un élément de valeur du patrimoine fortifié.

Évidemment, le "château" proprement dit, et le "donjon", noyau primitif de l'ensemble, ayant perdu depuis longtemps la majorité de leurs attributs défensifs au profit des nécessités du logement, n'évoquent plus l'architecture militaire médiévale que par leurs volumes.

Par contre, l'enceinte extérieure, modernisée au XIXe siècle, a conservé son caractère militaire malgré les verrues ajoutées, par nécessité, vers 1930, et cet aspect a été discrètement renforcé par les quelques blockhaus et organisations de fortification de campagne renforcée ajoutées en 1939-40 sur les pentes est et qu'on ne saurait négliger.

L'acquisition par un nouveau propriétaire privé, en 1992, de l'ensemble relance la réflexion sur le devenir de cet ensemble évolutif, monument principal au coeur d'une région particulière.

L'ouvrage est globalement en bon état, malgré des brèches dans les parements de l'enceinte extérieure (front est).

L'essentiel du problème réside dans la conservation ou non des bâtiments et verrues diverses ajoutés au fil des temps (latrines) et, en particulier, des bâtiments 1930-40 du plateau ouest, en contradiction absolue avec l'aspect défensif de la place : problème de choix entre des besoins fonctionnels - à déterminer exactement - et le rétablissement des structures défensives.

Sans avoir, en tant que monument, la même valeur d"'ouvrage de synthèse", selon le terme que j'avais jadis donné au château de Clisson et au fort de Joux, Fort-Queyras ajoute une valeur de monument évolutif à une silhouette très pittoresque, logée dans un cadre de grande beauté : tout cela concourt à en faire un monument de grande qualité, on ne peut mieux placé dans un pays reculé dont le tourisme devient la seule chance de survie.

Vue de situation prise du nord.Vue de situation prise du nord.

1Vincennes, art. 8, Son 1, pièce 6 2Art. 8, Son 1, pièce 13

Un château dont l'entretien est réparti entre les communautés du Queyras est attesté en ce lieu en 1265. En 1587 il est pris par Lesdiguières qui ordonne des travaux qui seront réalisés entre 1614 et 1628. Nouveaux travaux au milieu du 17e siècle. En 1692, siège par les troupes du duc de Savoie, la résistance victorieuse du fort contribue à son maintien malgré la construction 30 kilomètres en aval de Montdauphin. De 1693 à 1723, exécution des projets de Vauban : construction de la grande enceinte ou fausse braie englobant l'ensemble du plateau ainsi que d'un certain nombre de bâtiments dont la chapelle sous le vocable de Saint-Louis roi de France. De 1782 à 1790, construction du magasin à poudre et de la boulangerie sur le projet de l'ingénieur Godinot de Vilaire. En 1791, démolition de la partie haute du donjon jugée trop vulnérable. De 1820 à 1830 travaux d'amélioration des conditions de vie. En 1841 construction de 2 batteries de 5 casemates à la Haxo. Vers 1930 construction de casernes sur le plateau ouest.

  • Période(s)
    • Principale : 13e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 1er quart 18e siècle
    • Secondaire : 4e quart 18e siècle
    • Secondaire : 1ère moitié 19e siècle
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle
  • Auteur(s)

Le fort est constitué d'une enceinte extérieure, constituant l'enceinte de combat, et renfermant divers bâtiments et du château primitif, prolongé, à l'est, par sa basse cour.

Enceinte : sur la moitié sud du périmètre, l'enceinte consiste en un simple mur percé de créneaux de fusillade, descendant à l'est en gradins pour épouser la déclivité du rebord du plateau. Le front nord-ouest comporte des flanquements plus réguliers, le front nord est un front bastionné.

Les bâtiments contenus dans l'enceinte : infirmerie, caserne, réfectoire, cuisine, mess des sous-officiers, manutention, deux batteries constituées par 4 et 5 casemates à la Haxo dont les couloirs sont voûtés d'arêtes, une tour cylindrique, vestige du château primitif, le magasin à poudre, voûté en berceau.

Le château, partie la plus ancienne, a un plan trapézoïdal flanqué d'une tour à chaque angle. Le "donjon" occupe à peu près la moitié de la cour centrale, dans l'angle nord-est de l'enceinte, sans faire saillie à l'extérieur. Ce gros bâtiment à plan légèrement en losange et à quatre étages occupe l'angle nord-est de l'enceinte du château. Il est cantonné de deux tourelles, l'une au nord-est commune à l'enceinte, l'autre au sud-ouest enfermant l'escalier à vis desservant les étages.

  • Murs
    • pierre moellon sans chaîne en pierre de taille enduit
    • pierre pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    4 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte en berceau
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit à longs pans croupe
    • flèche polygonale
    • appentis massé
    • toit conique
  • Escaliers
    • escalier demi-hors-oeuvre : escalier en vis suspendu
  • Techniques
    • peinture
  • Représentations
    • instrument de mesure
  • Précision représentations

    Sujet : cadran solaire, support : peint sur la façade est du bâtiment triangulaire de l'avant cour.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 1948/11/29
  • Précisions sur la protection

    Fort de Château-Queyras (remparts et extérieur des bâtiments) , au sommet du verrou barrant la vallée du Guil, à l'entrée de la gorge de la Combe : inscription par arrêté du 29 novembre 1948.

  • Référence MH

Le Château Queyras est l’un des rares exemples conservé d’ouvrage médiéval adapté et remanié par Vauban et ses successeurs.

Bibliographie

  • FOUILLOY-JULLIEN (I.), Fort Queyras. Dans "Vauban et ses successeurs en Briançonnais". Paris : Association Vauban, 1995, 173 p. Acte du colloque, Briançon 20-23 mai 1993.

  • GOLAZ André, GOLAZ Odette. Fort Queyras. Gap : Société d'études des Hautes-Alpes, 1971. 215 p.

Documents figurés

  • Carte des vallées de Queyras et Château-Daufin. De Beins, Jean (ingénieur) / Dessin plume et lavis, 1608. British library, Londres.

  • Plan du Château Queyras. / Dessin au lavis, signé Delangrunes [Hercule Hüe de Langrune], à Grenoble 14 août 1691. Service historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, article 8, section 1, carton 1.

  • Plan du château Quairas. / Dessin plume et lavis, signé Delabat, 01 octobre 1691. Service historique de la Défense, Vincennes, Archives du Génie, article 8, section 1, carton 1, pièce 2.

  • Plan de Fort-Queyras. / Dessin, lavis par Sébastien Le Prestre de Vauban, 03 décembre 1692. Service historique de la Défense, Vincennes, Archives du Génie, article 8, section 1, carton 1, pièce 41.

  • Plan du château Queyras pour servir au projet de l'année 1700. / Dessin plume et lavis, signé Richerand [Guy Creuzet de Richerand] 19 octobre 1699. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, article 8, section 1, carton 1, pièce 15.

  • [Plan de Fort-Queyras.] / Dessin, plume et lavis, par Sébastien Le Prestre de Vauban, 1700. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, article 8, section 1, carton 1, pièce 16.

  • Plan du château de Queyras pour servir au projet de l'année 1700. / Dessin, plume et lavis, par Sébastien Le Prestre de Vauban, 23 septembre 1700. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, article 8, section 1, carton 1, pièce 16, feuille 1.

  • Chasteau de Queyras. Profil pris sur la longueur du Chasteau [...]. Dessin, plume et lavis, signé Vauban [Sébastien Le Prestre de Vauban], 1700. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, article 8, section 1, carton 1, pièce 16, feuille 3.

  • Elévation du front de l'attaque du Chau de Queyras [...]. / Dessin, plume et encre, signé Vauban [Sébastien Le Prestre de Vauban], 01 septembre 1700. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, article 8, section 1, carton 1, pièce 16, feuille 2.

  • Chateau Queyras. [Elévation]. / Dessin, plume et lavis, 1705. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, article 8, section 1, carton 1, pièce 20, feuille 2.

  • Place de Queyras. 1827. [Hangar, hôpital militaire, manutention des vivres...]. / Dessin, plume et encres, 1827. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, atlas des bâtiments militaires.

  • Fort Queyras. [Plan d'ensemble]. Dessin, plume et encre, 1827. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, atlas des bâtiments militaires.

  • Fort Queyras. Magasin à poudre [...]. / Dessin, plume et encre, 1833. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, atlas des bâtiments militaires.

  • Fort Queyras. Projets pour 1836. Pour rectifier le pont-levis de la porte 3. / Dessin, lavis, 1836. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, article 8, section 1, carton 3, feuille 1.

  • Fort Queyras. Projets pour 1836. [Plans et coupes du pont-levis, plan masse avec les toitures]. Dessin, plume et lavis, 1836. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, article 8, section 1, carton 3, feuille 2.

  • Fort-Queyras vu de l'ouest. En contrebas, le Guil et la chapelle Notre-Dame. / Gravure, par Berthoud, 1836. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : Z Guill, 8510 (3).

  • Le fort vu de l'entrée de la vallée d'Arvieux. Val Queyraz from the Entrance of the Valley of Arvieux. Gravure de J. Redaway d'après un dessin de W. H. Bartlett, 1837. Dans : "The Waldenses protestant Valleys of Piedmont and Dauphiny"/ W. Beattie, Londres, 1837.

  • Chateau Quiras. [Le village de Château-Queyras et le fort vus de l'est.]. / Lithographie, vers 1838. Par Louis Hague d'après un dessin de Lord Monson.

  • Fort de Queyras. [Vu du sud-est et pont sur le Guil]. / Lithographie, par Esper (?), 1853. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : Z Guill, 8510

  • [Fort-Queyras (?), vu de l'ouest. Au premier plan, loup attaquant un voyageur et troupeau de moutons]. Dessin, par Levasseur, 1854., Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap, Z, Guill, 8510 (8).

  • Génie. Direction de Grenoble. Place du Fort de Queyras. Croquis annexé au rapport du chef du Génie [...]. / Dessin, 1864. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, atlas des bâtiments militaires.

  • Rochers escarpés. [Interprété comme la silhouette de Fort Queyras par Guillemin.] Estampe, par Louis Marvy et [.] Harrison. Dans : "Les plantes alpines. Excursions au Mont-Viso". Paris : Verlot, 1875. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : Z, Guill. 8510.

  • Château Queyras. [Vu de l'ouest]. Estampe, dans : "bulletin du Club Alpin français" 1875 (?). Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : Z, Guill. 8510.

  • Château du Queyras. [Vu de l'ouest. Au premier plan chapelle Notre-Dame, tour circulaire en ruines et pont sur le Guil]. Dessin d'après nature et lithographie par L. Sabatier (?), 1887. Imprimé à Paris par Lemercier.

  • Fort Queyras. [Vu de l'ouest. Au premier plan chapelle Notre-Dame et pont sur le Guil]. Lithographie, 13 novembre 1887. Dans : "L'illustration dauphinoise".

  • Fort de Queyraz. Vu de l'ouest. / Gravure de Skelton fils d'après un dessin de Rauch [s.d.].

  • Château Queyraz. Vu de l'ouest. / Lithographie de Pegeron d'après un dessin de Victor Cassien. Dans : "Album du Dauphiné", 3e année, pl. 110. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap.

  • Fort de Queyras [Vu de l'ouest. En contrebas, le Guil et la chapelle Notre-Dame.] Lithogrphie de Desaulx d'après un dessin de Doussan. Dans : "La France pittoresque". Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : Z Guill. 8510.

  • Fort de Queyras. [Vu du sud-est, et le pont sur le Guil]. / Lithographie. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : Z Guill, 8510.

  • [Château-Queyras en hiver, entrée est.]. Lithographie de C. Pegeron d'après un dessin de Victor Cassien. Dans : "Album du Dauphiné", 3e année, pl. 112.

  • Château-Queyras. [Vu du sud-est ?]. / Lithographie. Dans : "Dictionnaire universel illustré de la géographie et des voyages, sous la direction de C. Huard. Paris : Boulanger. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap, Z Guill. 8510 (5).

  • Queyras. Le château vu de la route de Souliers. Carte postale, collection Jean et Peyrot, édit, Gap. Cliché Froment.

  • Route des Alpes. Château Queyras-The Road of the Alpes. Castle Queyras. Carte postale, édition Giletta.

  • Vallée du Queyras. Château-Queyras. Le Fort, en amont du Guil. Carte postale. V. Fournier, édit., Gap.

  • Vallée de Queyras. Château Queyras. Le Fort (1340 m) construit par Vauban. Carte postale, V. Fournier, édit., Gap, cliché L. Dupuis.

  • Vallée de Queyras. Château-Queyras. Le fort (1340 m) construit par Vauban. Carte postale, réédition en couleur de la carte postale éditée par V. Fournier.

  • Route des Alpes : la Vallée et les Gorges du Queyras. Station estivale de Château-Queyras et le Fort XVIe siècle (alt. 1384 m). Carte postale.

  • Laiterie Briançonnaise. Le Queyras. Château Queyras. Affiche publicitaire.

Date d'enquête 1993 ; Date(s) de rédaction 1994
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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