• enquête thématique régionale, patrimoine religieux de Provence Verte Verdon
Chapelle Saint-Roch, puis Saint-Enfant
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général, Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
  • (c) Provence Verte Verdon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de la Provence Verte
  • Commune Rians
  • Adresse 14bis rue Bel-Air
  • Cadastre 2017 AV 715  ; 1823 C2 1432
  • Dénominations
    chapelle
  • Vocables
    Saint-Enfant, Saint-Roch
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    ermitage, cimetière

Occupation de la chapelle Saint-Roch par les pénitents blancs : 1567 - 1683

La chapelle apparaît dans les archives de la communauté dès 1567 sous le titre de Saint-Roch, alors que le conseil autorise les frères pénitents, réunis en la congrégation des cinq plaies de notre Seigneur Jésus Christ, à s’y réunir (les archives de la confrérie débutent à cette même date). Elle est alors situé hors des murailles du bourg. Des réparations sont mentionnées en 1569, 1583 (chaux) et 1629 ("rabiller [la chapelle Saint-Roch] pour garder que ne vienne en ruine"). La visite pastorale de 1633 indique que le toit, le pavement et la porte de la chapelle sont en bon état. C'est durant cette période que le Père Antoine Yvan y réside en ermite (1613 - 1616).

En 1655, les pénitents blancs demandent l'autorisation à l'archevêque d'Aix de "bâtir une nouvelle chapelle plus grande, plus comode et plus decente dans le mesme lieu et dans l'enclotz dicelluy". Les raisons justifiant cette nouvelle fondation sont l'état de ruine de la chapelle Saint-Roch, sa situation inconfortable, "hors du lieu et en un pays fort rebattu (...) singulierement lhors [que les pénitents] y font leurs prossetions sur le tard". De plus, tous les habits des pénitents ont été dérobés, l'édifice a été volé à deux reprises. Malgré ces inconvénients, les pénitents indiquent vouloir conserver la chapelle Saint-Roch "tant qu'elle pourra subcister".

La première pierre de la nouvelle chapelle est posée le 6 juin 1657, suite à l'acquisition d'un jardin de la rue terre nègre appartenant à un prêtre (1659). La construction se poursuit toujours en 1661 alors que la communauté permet aux pénitents de tirer profit à cette fin des "banqz" (proclamations ?) lors des jours de foire. En 1676, elle n’est toujours pas achevée, la visite pastorale faisant état de la poursuite de la « continuation de la fabrique de la nouvelle chapelle », tandis que la chapelle Saint-Roch a ses « murailles du costé gauche » et « la sortie du toit du mesme coté » détériorés. Les archives de la communauté signalent la fourniture de tuiles pour l’achèvement du « presbitere » de la nouvelle chapelle en 1677. Les pénitents blancs quittent ainsi vraisemblablement la chapelle Saint-Roch vers entre 1679 et 1683, alors que le nouvel édifice, dédié à Notre-Dame-de-Pitié, est achevé : les pénitents se rassemblent toujours à Saint-Roch en 1679, puis à Notre-Dame-de-Pitié dès 1683 (le cahier de la confrérie reste muet pour les années 1680 à 1682). D'après Malausse, la nouvelle chapelle a été bénie en 1679 (information sans source).

Du titre de Saint-Roch à celui de Saint-Enfant

En 1684, le cahier de la confrérie des pénitents blancs indique que plusieurs particuliers de Rians ont demandé la permission à l'archevêque d'Aix d'ériger une "compagnie des bourras", soit de pénitents bourras (bourras étant le nom donné à la toile grossière composant l'habit de pénitent). Ces particuliers souhaitent utiliser la chapelle Saint-Roch, alors occupée par "une congrégation des jeunes hommes sous le titre du Saint Enfant Jésus". Les pénitents blancs s'y opposent. En 1698, la visite pastorale confirme que la chapelle sert aux « exercices de piété envers l’Enfant Jésus » des jeunes garçons de la paroisse, sous la direction d’un prêtre secondaire. Une messe y est dite le 25e jour de chaque mois. Le vocable de "Saint-Enfant" est associé à l'édifice dès cette période, sous l'appellation de "chapelle de l’Enfant Jésus".

Occupation par les pénitents bleus

La chapelle est par la suite régie par les pénitents bleus. Cette confrérie est citée dans les archives communales dès 1728, à l’occasion de réparations aux murailles et au cimetière, ce dernier étant de nouveau mentionné en 1740, 1746 (bénédiction le 27 avril d’après le registre paroissial), 1748 (enterrement d’un soldat du régiment de Galice espagnol d'après le même registre). En 1748, le conseil décide de construire un nouveau cimetière « pour les cas extraordinaires », « tout près de celui que les frères pénitents bleu ont bâti proche de leur chapelle au quartier de Saint-Roch et de joindre ensemble les deux cimetières ». En 1751, les stations de la paroisse de Rians qui doivent être visitées en procession à l’occasion du grand jubilé ouvert dans le diocèse d’Aix comportent les chapelles des pénitents blancs et des pénitents bleus. De nouvelles réparations au pavé et au couvert sont effectuées en 1756, comme en témoigne le registre paroissial : « du 29 février 1756 jour de dimanche de la quinquegesime j’ay béni solennellement la chapelle des penitens bleus qui avoit été réparée depuis le pavé jusques au couvert, et tout de suite j’y ay chanté la grande messe, les Penitens etant venus nous prendre et nous reconduire processionnellement à la paroisse. » Les pénitents bleus y font ériger un autel en marbre vers 1784.

La chapelle Saint-Enfant à l'époque contemporaine

La chapelle est vendue à un particulier à la Révolution, comme le signale l'inventaire des biens de la paroisse en 1906. En 1826, son nouveau propriétaire la restitue à l’ordre des pénitents bleus par une donation. Le culte n’y est plus célébré depuis le début du 20e siècle : vers 1942, le chanoine Malausse note son délabrement et indique qu’elle sert d’entrepôt à la commune. Sur une carte postale datée de 1914, on distingue trois baies rectangulaires sur la façade principale, au-dessus de la porte d’entrée. Aujourd’hui murées, leur emplacement est toujours visible à l’intérieur de l’édifice, restauré en 1988.

La chapelle est probablement construite vers 1567, date à laquelle elle apparaît dans les archives. De 1567 à 1683, elle porte le vocable de Saint-Roch et accueille les frères pénitents blancs de Rians. Un ermitage composé de deux cellules, aujourd’hui à l’état de ruines, est construit par les pénitents vers 1613 à l’angle nord-ouest de l'édifice, pour accueillir le Père Antoine Yvan, prêtre riansais fondateur de l’ordre Notre-Dame de la Miséricorde à Aix-en-Provence. Il y aurait vécu en ermite et recteur de la confrérie des pénitents blancs jusqu’en 1616. Les pénitents blancs abandonnent le lieu suite à l’achèvement de leur nouvelle chapelle. Après 1683, une congrégation de jeunes garçons y exerce une dévotion envers l’Enfant Jésus. Le vocable de Saint-Enfant lui est attribué dès la fin du 17e siècle. La chapelle est associée aux pénitents bleus à partir de 1728. Elle subit des réparations en 1756. Après la Révolution, elle est vendue à un particulier, qui la restitue aux pénitents bleus en 1826. Elle est abandonnée au début du 20e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 16e siècle
    • Secondaire : 3e quart 18e siècle , daté par source
  • Auteur(s)
    • Personnalité :
      Yvan Antoine
      Yvan Antoine

      Né à Rians au sein d’une famille modeste, il est enfant de chœur puis entre au service des religieux du couvent des Minimes de Pourrières. Il gagne ensuite sa vie comme percepteur jusqu’à son ordination. Il administre la paroisse de La Verdière, dont sa mère est originaire, de 1608 à 1610. Ordonné prêtre à 30 ans, il exerce cette fonction à Cotignac, puis à Rians, avant de choisir de se retirer dans l'ermitage de la chapelle Saint-Enfant situé dans cette commune, où il réside une dizaine d’années. Il entre dans la congrégation des révérends pères de l'Oratoire en 1613. Il s’installe ensuite à Aix-en-Provence et fonde, avec sœur Marie Madeleine de la Sainte Trinité, l’ordre Notre-Dame de la Miséricorde, qui reçoit les filles pauvres qui se destinent à la vie religieuse sans avoir une dot suffisante pour intégrer un autre couvent. Selon Roibaud, il meurt en 1633 et non en 1653.

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      personnage célèbre attribution par travaux historiques

La chapelle Saint-Enfant se situe sur une élévation à l’est du bourg, près des anciens moulins à vent et de l’aire à battre. L’édifice, bâti parallèlement à la pente, est construit à fleur de rocher. Le chevet est orienté nord-est.

Le bâtiment, de plan allongé avec une abside semi-circulaire, est couvert par un toit à long pans et contrebuté par cinq contreforts au sud et quatre au nord. Il est construit en maçonnerie de moellons, recouverts d’un enduit. Les vestiges d’un bâtiment subsistent à l’angle nord-ouest de l’édifice. La façade occidentale est composée d’une porte plein-cintre couronnée d’un entablement, surmonté par une niche plein-cintre. Elle est surmontée d'un clocher-pignon chantourné. On accède à la porte par un emmarchement extérieur à trois degrés. À droite de la porte, une croix en bois repose sur un piédestal en pierre de taille, sur lequel est gravée la date de 1739.

La chapelle se compose d’une nef unique à quatre travées dont trois voûtées d’arêtes séparées par des arcs doubleaux en anse de panier et terminée par une abside en cul-de-four. Les élévations nord et sud sont percées de trois baies segmentaires. Dans le mur nord de la travée de chœur est aménagée une niche. On accède au choeur par un emmarchement à un degré.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    tuile
  • Plans
    plan allongé
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • cul-de-four
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Inventaire sommaire des archives communales antérieures à 1790. Rians. 1560 - 1789. Archives départementales du Var : 2 MI 208 R1. Disponible en ligne : <https://archives.var.fr/arkotheque/consult_fonds/fonds_seriel_resu_rech.php?ref_fonds=19>. Date de consultation : 2021.

  • Délibérations du Conseil de la communauté de Rians, 1560 - 1569. Archives départementales du Var, Draguignan : BB 1.

    1567, f°303v°
  • Cahier de la confrérie des pénitents blancs de Rians, 1567 - 1683. Archives paroissiales, Rians : non coté.

  • Cahier de la confrérie des pénitents blancs de Rians, 1684 - 1737. Archives paroissiales, Rians : non coté.

  • Délibérations du Conseil de la communauté de Rians, 1618 - 1637. Archives départementales du Var, Draguignan : BB 7.

    1628, f°424v° ; 1629, f°475
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1627-1638. 1632. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1334.

  • Délibérations du Conseil de la communauté de Rians, 1653 - 1673. Archives départementales du Var, Draguignan : BB 9.

    1659, f°172 ; 1661, f°212v°
  • Procès-verbaux et sentences de visites pastorales du diocèse d'Aix, 1656-1672. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1339.

  • Délibérations du Conseil de la communauté de Rians, 1673 - 1689. Archives départementales du Var, Draguignan : BB 10.

    1677, f°150v°
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1674-1676. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1341.

  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1689-1700. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 G 1343.

  • Délibérations du Conseil de la communauté de Rians, 1729 - 1744. Archives départementales du Var, Draguignan : BB 20.

    1739, f°210 ; 1741, f°288v°
  • Délibérations du Conseil de la communauté de Rians, 1744 - 1753. Archives départementales du Var, Draguignan : BB 21.

    1748, f°134v°
  • Délibérations du Conseil de la communauté de Rians, 1754 - 1764. Archives départementales du Var, Draguignan : BB 22.

    1759, f°133
  • Registre paroissial de Rians, 1738 - 1762. Archives départementales du Var : E dépôt 43 GG 18.

    f°449v° (bénédiction de la chapelle), f° 312 v° (chapelles stationales du grand jubilé), f° 234 (enterrement d'un soldat), f° 48 (vocable de la chapelle).
  • Rapport de vérification et description d’un autel de marbre entre Joseph Antoine Gazele marbrier de la ville d’Aix et la confrairie des penitens blancs de Rians du 1er aoust 1786. 1er août 1786. N°11. Archives communales, Aix-en-Provence : BB 250.

    f°s 648 à 680.
  • Inventaire des biens dépendant de la fabrique paroissiale de Rians. 26 janvier 1906. Archives départementales du Var, Draguignan : 5 V 5

  • MALAUSSE, Louis. Rians, histoire de ses seigneurs, de sa communauté et de son église, 1938 - 1942. Tapuscrit. 2 tomes. Archives de la Société des Amis du Vieux Toulon : fonds Malausse.

  • Notes sur les chapelles et églises du Var, [vers 1970]. Archives de la Société des Amis du Vieux Toulon : Fonds Louis Malausse.

  • Propriété de la commune de Rians. Travaux de grosses réparations à la chapelle St Enfant. Plans - Coupes - Façades. / Dessin, par J-M. Dieudonné, éch. 1/100 - 1/50. s.d. [1980 ?] Archives communales, Rians : non coté.

Bibliographie

  • GONDON, G. L'imitateur de Jésus-Christ ou vie du vénérable père Antoine Yvan, prestre, instituteur de l'Ordre des Religieuses de Nostre-Dame de Miséricorde. Paris : Jean Boullard, 1662.

  • DE MONTIS, Abbé. La vie du vénérable Père Yvan, fondateur des religieuses de Notre-Dame-de-la-Miséricorde. Paris : Pierre-François Gueffier, 1787.

Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, depuis Grenoble jusqu'à Marseille. / Dessin plume et lavis, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, vers 1780. Echelle 1/28 800e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 190 à 192.

    Carte n°192-60
  • Plan cadastral de la commune de Rians, 1823. / Dessin à l'encre sur papier par les géomètres Fouque Léandre dit aîné, Fouque Esprit dit cadet, Caors, 1823. Archives départementales du Var, Draguignan : 3 P P 104.

  • Rians 1914, chapelle du St-Enfant en face les Alpes. J.-L. / Carte postale, éditeur inconnu, 1914. Dans "Le canton de Rians." / VERNE Elisabeth et al., Alan Sutton, Joue-les-Tours, 2000, p.26.

  • Rians, chapelle du Saint-Enfant. / Carte postale, éditeur inconnu, s.d. Archives départementales du Var : 2 Fi Rians, 27.

  • [Chapelle Saint-Enfant dans les années 1980.] / Photographie, auteur inconnu, vers le 3e quart du 20e siècle. Archives de la Société des Amis du Vieux Toulon : Fonds Malausse.

    fonds Malausse.
  • [Plan de la chapelle Saint-Enfant : vue partielle.] / Dessin par DIEUDONNE, s.d. [1980 ?]. Archives communales, Rians : non coté (Travaux de grosses réparations à la chapelle St Enfant.)

  • Façade SUD. [de la chapelle du Saint-Enfant de Rians.] / Dessin par DIEUDONNE, s.d. [1980 ?]. Archives communales, Rians : non coté (Travaux de grosses réparations à la chapelle St Enfant.)

  • Façade NORD. [de la chapelle du Saint-Enfant de Rians.] / Dessin par DIEUDONNE, s.d. [1980 ?]. Archives communales, Rians : non coté (Travaux de grosses réparations à la chapelle St Enfant.)

  • Façade EST. Façade OUEST. [de la chapelle du Saint-Enfant de Rians.] / Dessin par DIEUDONNE, s.d. [1980 ?]. Archives communales, Rians : non coté (Travaux de grosses réparations à la chapelle St Enfant.)

Annexes

  • Le Père Antoine Yvan, une figure religieuse de Rians
  • Transcription d'un extrait du cahier de la confrérie des pénitents blancs de Rians daté du 22 juillet 1655.
Date d'enquête 2019 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Provence Verte Verdon
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général