Occupation de la chapelle Saint-Roch par les pénitents blancs : 1567 - 1683
La chapelle apparaît dans les archives de la communauté dès 1567 sous le titre de Saint-Roch, alors que le conseil autorise les frères pénitents, réunis en la congrégation des cinq plaies de notre Seigneur Jésus Christ, à s’y réunir (les archives de la confrérie débutent à cette même date). Elle est alors situé hors des murailles du bourg. Des réparations sont mentionnées en 1569, 1583 (chaux) et 1629 ("rabiller [la chapelle Saint-Roch] pour garder que ne vienne en ruine"). La visite pastorale de 1633 indique que le toit, le pavement et la porte de la chapelle sont en bon état. C'est durant cette période que le Père Antoine Yvan y réside en ermite (1613 - 1616).
En 1655, les pénitents blancs demandent l'autorisation à l'archevêque d'Aix de "bâtir une nouvelle chapelle plus grande, plus comode et plus decente dans le mesme lieu et dans l'enclotz dicelluy". Les raisons justifiant cette nouvelle fondation sont l'état de ruine de la chapelle Saint-Roch, sa situation inconfortable, "hors du lieu et en un pays fort rebattu (...) singulierement lhors [que les pénitents] y font leurs prossetions sur le tard". De plus, tous les habits des pénitents ont été dérobés, l'édifice a été volé à deux reprises. Malgré ces inconvénients, les pénitents indiquent vouloir conserver la chapelle Saint-Roch "tant qu'elle pourra subcister".
La première pierre de la nouvelle chapelle est posée le 6 juin 1657, suite à l'acquisition d'un jardin de la rue terre nègre appartenant à un prêtre (1659). La construction se poursuit toujours en 1661 alors que la communauté permet aux pénitents de tirer profit à cette fin des "banqz" (proclamations ?) lors des jours de foire. En 1676, elle n’est toujours pas achevée, la visite pastorale faisant état de la poursuite de la « continuation de la fabrique de la nouvelle chapelle », tandis que la chapelle Saint-Roch a ses « murailles du costé gauche » et « la sortie du toit du mesme coté » détériorés. Les archives de la communauté signalent la fourniture de tuiles pour l’achèvement du « presbitere » de la nouvelle chapelle en 1677. Les pénitents blancs quittent ainsi vraisemblablement la chapelle Saint-Roch vers entre 1679 et 1683, alors que le nouvel édifice, dédié à Notre-Dame-de-Pitié, est achevé : les pénitents se rassemblent toujours à Saint-Roch en 1679, puis à Notre-Dame-de-Pitié dès 1683 (le cahier de la confrérie reste muet pour les années 1680 à 1682). D'après Malausse, la nouvelle chapelle a été bénie en 1679 (information sans source).
Du titre de Saint-Roch à celui de Saint-Enfant
En 1684, le cahier de la confrérie des pénitents blancs indique que plusieurs particuliers de Rians ont demandé la permission à l'archevêque d'Aix d'ériger une "compagnie des bourras", soit de pénitents bourras (bourras étant le nom donné à la toile grossière composant l'habit de pénitent). Ces particuliers souhaitent utiliser la chapelle Saint-Roch, alors occupée par "une congrégation des jeunes hommes sous le titre du Saint Enfant Jésus". Les pénitents blancs s'y opposent. En 1698, la visite pastorale confirme que la chapelle sert aux « exercices de piété envers l’Enfant Jésus » des jeunes garçons de la paroisse, sous la direction d’un prêtre secondaire. Une messe y est dite le 25e jour de chaque mois. Le vocable de "Saint-Enfant" est associé à l'édifice dès cette période, sous l'appellation de "chapelle de l’Enfant Jésus".
Occupation par les pénitents bleus
La chapelle est par la suite régie par les pénitents bleus. Cette confrérie est citée dans les archives communales dès 1728, à l’occasion de réparations aux murailles et au cimetière, ce dernier étant de nouveau mentionné en 1740, 1746 (bénédiction le 27 avril d’après le registre paroissial), 1748 (enterrement d’un soldat du régiment de Galice espagnol d'après le même registre). En 1748, le conseil décide de construire un nouveau cimetière « pour les cas extraordinaires », « tout près de celui que les frères pénitents bleu ont bâti proche de leur chapelle au quartier de Saint-Roch et de joindre ensemble les deux cimetières ». En 1751, les stations de la paroisse de Rians qui doivent être visitées en procession à l’occasion du grand jubilé ouvert dans le diocèse d’Aix comportent les chapelles des pénitents blancs et des pénitents bleus. De nouvelles réparations au pavé et au couvert sont effectuées en 1756, comme en témoigne le registre paroissial : « du 29 février 1756 jour de dimanche de la quinquegesime j’ay béni solennellement la chapelle des penitens bleus qui avoit été réparée depuis le pavé jusques au couvert, et tout de suite j’y ay chanté la grande messe, les Penitens etant venus nous prendre et nous reconduire processionnellement à la paroisse. » Les pénitents bleus y font ériger un autel en marbre vers 1784.
La chapelle Saint-Enfant à l'époque contemporaine
La chapelle est vendue à un particulier à la Révolution, comme le signale l'inventaire des biens de la paroisse en 1906. En 1826, son nouveau propriétaire la restitue à l’ordre des pénitents bleus par une donation. Le culte n’y est plus célébré depuis le début du 20e siècle : vers 1942, le chanoine Malausse note son délabrement et indique qu’elle sert d’entrepôt à la commune. Sur une carte postale datée de 1914, on distingue trois baies rectangulaires sur la façade principale, au-dessus de la porte d’entrée. Aujourd’hui murées, leur emplacement est toujours visible à l’intérieur de l’édifice, restauré en 1988.
Né à Rians au sein d’une famille modeste, il est enfant de chœur puis entre au service des religieux du couvent des Minimes de Pourrières. Il gagne ensuite sa vie comme percepteur jusqu’à son ordination. Il administre la paroisse de La Verdière, dont sa mère est originaire, de 1608 à 1610. Ordonné prêtre à 30 ans, il exerce cette fonction à Cotignac, puis à Rians, avant de choisir de se retirer dans l'ermitage de la chapelle Saint-Enfant situé dans cette commune, où il réside une dizaine d’années. Il entre dans la congrégation des révérends pères de l'Oratoire en 1613. Il s’installe ensuite à Aix-en-Provence et fonde, avec sœur Marie Madeleine de la Sainte Trinité, l’ordre Notre-Dame de la Miséricorde, qui reçoit les filles pauvres qui se destinent à la vie religieuse sans avoir une dot suffisante pour intégrer un autre couvent. Selon Roibaud, il meurt en 1633 et non en 1653.