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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Entrevaux
  • Commune Entrevaux
  • Lieu-dit Saint-Jean-du-Désert
  • Cadastre 1816 F2 731, 732, 733  ; 2016 F2 313
  • Dénominations
    chapelle
  • Vocables
    Saint-Jean-du-Désert

La procession :

Carte figurant le circuit de la procession ainsi que les stations.Carte figurant le circuit de la procession ainsi que les stations.

La confrérie entrevallaise des Saint-Jeannistes a pour principale vocation de conduire le buste de saint Jean Baptiste en procession le jour de la Nativité du saint. Son existence est attestée par des bulles papales dont la première remonte à 1605 : la procession existe donc déjà à cette date et est suffisamment importante pour que le pape lui associe des indulgences.

Départ de la procession lors de la fête de la Saint-Jean.Départ de la procession lors de la fête de la Saint-Jean.La fête se déroule sur trois jours autour du 24 juin. Toutes les étapes importantes sont marquées par un chant : le capitaine des Saint-Jeannistes chante en effet au début de la procession vingt-neuf couplets, au fur et à mesure de l’avancement, des couplets sont retirés du chant.

Le premier jour a lieu la bénédiction du buste reliquaire de saint Jean Baptiste à la cathédrale d’Entrevaux, suivie des feux de la saint Jean. Le deuxième jour est celui de l’ascension depuis le village d’Entrevaux jusqu’à la chapelle Saint-Jean-du-Désert après la grand-messe du matin à la cathédrale. La procession a comme point de départ la petite chapelle saint Jean, en bordure de route. La procession fait neuf haltes à des oratoires et à la fontaine miraculeuse qui fait l’objet d’une bénédiction par le prêtre. Elle ne se trouvait pas là originellement mais en contrebas immédiat de la chapelle, à l’emplacement marqué par une croix. La source s’étant tarie, on en a trouvé une résurgence un peu plus bas, à sa place actuelle. La carte de Bourcet de la Saigne la mentionne sous l’appellation de « Source de Saint-Jean ». L’arrivée à la chapelle Saint-Jean-du-Désert est marquée de nouvelles cérémonies religieuses.

Le troisième et dernier jour s’ouvre par la messe des morts. Les moments de piété vont ici alterner avec des moments de festivités qui ancrent cette procession dans une tradition locale, lui conférant toute son identité entrevallaise. Le retour du buste à la petite chapelle Saint-Jean se fait à la tombée de la nuit.

A chaque étape de cette grande procession, le buste est offert à la dévotion des fidèles avec deux temps particulièrement marquants : à la cathédrale le premier soir et le lendemain matin à la petite chapelle Saint-Jean, au départ de la procession. Lors de ces deux moments en effet, les fidèles sont invités à baiser le buste ou à le toucher, à faire une offrande et à emporter un petit bouquet d’immortelles.

La perpétuation de cette procession est le fruit d’une transmission orale entre générations assurée par la confrérie des Saint-Jeannistes, qui au complet, compte à ce jour douze membres et a de nombreux postulants. Si les Saint-Jeannistes sont les principaux protagonistes de la procession, ils sont suivis, accompagnés, confortés par des entrevallais et habitants des environs qui ont une vénération particulière pour saint Jean Baptiste.

Historique de la chapelle Saint-Jean-du-Désert

Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille, 1764-1778. Détail de la planche 194-11 : St-Jean, source de St-jean et oratoire Saint-Jeannet.Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille, 1764-1778. Détail de la planche 194-11 : St-Jean, source de St-jean et oratoire Saint-Jeannet.Le recours aux archives ne permet pas de remonter très loin dans l’histoire de la chapelle. Le premier document connu, et conservé par la confrérie des Saint-Jeannistes, est une bulle du pape Paul V datée de 1605 : elle mentionne l’existence d’un pèlerinage à cette chapelle. Un peu plus tard, l'historien Honoré Bouche décrit la chapelle et sa procession en 1655. Puis elle apparaît sur les cartes de la 2e moitié du 18e siècle.

L’analyse architecturale amènerait plutôt à situer la construction au 17e siècle tout en conservant un style roman tardif. L’appareil est irrégulier, les baies en plein cintre pourraient être antérieures au 17e siècle en raison du traitement du linteau non clavé, mais cela pourrait être aussi une persistance d’usage. On observe que les entrées actuelles ont été percées au 19e siècle en raison de la typologie des encadrements. Deux autres entrées, avec encadrement en plein cintre, sans doute du 17e siècle et aujourd’hui murées mais bien lisibles, existaient : l’une, sans doute l’accès principal, côté ouest, ouvrait sous le porche actuel, l’autre en façade sud pour un accès latéral.

L’observation de la carte des frontières est de la France, dressée entre 1764 et 1778, montre la chapelle comme un édifice de plus petites dimensions, à chevet semi-circulaire. A proximité immédiate de la chapelle, à son angle sud-ouest, est dessiné un bâtiment étroit et allongé composé de quatre cellules ( ?) ouvertes sur le côté sud. Du côté du chevet, un autre bâtiment de plan rectangulaire. Il semble en fait que le lieu était lieu d’accueil, cela est attesté très tardivement par une adjudication du conseil municipal du 10 juin 1917 qui concède la location des cabanes existant à l'Hermitage de St Jean. Il est précisé que l’adjudicataire « ne devra pas changer la destination des lieux et en conséquence, il devra leur conserver l'usage d'hôtellerie en se conformant aux usages établis ». Cet acte est un exemple parmi d'autres d'une série d'actes conservés dans la même liasse aux archives.

Après la carte du 3e quart du 18e siècle, mais avant le cadastre napoléonien de 1816, l’édifice a été modifié et agrandi. Ces travaux concernent l'actuelle sacristie, et sa dépendance, qui prolonge l’édifice à l’est, lui conférant un chevet plat ; sur le cadastre napoléonien elle apparait d’ailleurs comme une parcelle distincte. L’accès à la nef, évoqué plus haut, date également de cette période tout comme la surélévation de l’édifice (visible dans la rupture d’appareil) et la reconstruction de la voûte corrélative. Cette dernière est cependant probablement plus tardive. En effet, dans une lettre datée du 3 septembre 1835, que le curé d'Entrevaux écrit au préfet pour le demander des secours, il écrit : "la voûte de l'église de st Jean Baptiste [...] a malheureusement croulé". Elle a dû être reconstruite peu après.

Dans cette même lettre, on apprend que la chapelle a été érigée en chapelle de secours par une ordonnance royale du 27 septembre 1835. Ce nouveau statut montre l'importance du sanctuaire. Saint Jean Baptiste, patron de la paroisse, est en effet considéré comme celui qui délivré le village d'Entrevaux du choléra de 1835.

Description

La chapelle, très isolée, est dédiée à saint Jean-Baptiste, particulièrement vénéré à Entrevaux. Les lieux difficilement accessibles, éloignés des habitations sont souvent associés à cette titulature, référence explicite à la retraite du saint, très jeune, dans le désert de Judée afin d’y mener une vie ascétique.

Vue générale éloignée depuis le sud.Vue générale éloignée depuis le sud.L’existence de l’édifice est par ailleurs à relier à celle d’une source dite miraculeuse ; saint Jean Baptiste étant également, en raison du Baptême du Christ dans le Jourdain, un protecteur des sources. La fontaine qui faut aujourd’hui l’objet d’une bénédiction au moment de la procession, même si elle apparaît sur la carte des frontières est de la France, n’est pas celle historiquement liée à la chapelle. Elle se trouvait en contrebas immédiat de la chapelle, à l’emplacement marqué de nos jours par une croix. La source s’étant tarie, on en a trouvé une résurgence un peu plus bas, à sa place actuelle.

La chapelle semble particulièrement longue, elle est implantée sur une bande de terrain assez étroite avec une déclivité nord-sud. Orientée, elle présente un plan allongé de trois travées soulignées à l'extérieur par des contreforts du côté sud. Ce corps principal se prolonge du côté est par une sacristie puis par une remise et du côté ouest par un porche. On accède à la nef par deux entrées étroites dans la première et dernière travée de la nef.

L'édifice est entièrement bâti en moellons grossièrement équarris et mortier de gypse, et en pierre calcaire grossièrement taillée pour les contreforts. Le tuf est utilisé pour les encadrements des fenêtres et des anciennes portes du corps principal ainsi qu'en amortissement de la toiture, alors que de la pierre de taille calcaire est utilisée pour les encadrements des portes actuelles. Les arcs plein-cintre du porche, dont la charpente en bois est visible, ont également été traités en tuf. L'édifice est couvert d'un toit à longs pans avec du ciment en couverture, de la tôle ondulée, puis des tuiles creuses. Il est éclairé par trois baies plein-cintre percées dans la façade sud et une baie en arc plein-cintre beaucoup plus tardive du côté ouest. Un banc extérieur en pierre calcaire a été ménagé le long de la première travée côté sud. A l'aplomb du passage entre le corps principal de la chapelle et la sacristie, est érigé un clocher-mur en arc plein-cintre abritant une petite cloche.

A l'intérieur, la nef est voûtée en berceau plein-cintre renforcé par trois arcs doubleaux qui retombent sur des pilastres. Du côté ouest, un escalier tournant maçonné donne accès à une tribune disposant d'un plancher. Le vaisseau s'achève par un choeur à chevet plat en voûte d'arêtes. Par une porte ménagée à l’arrière de l’autel, on accède à la sacristie qui est éclairée par deux petites baies rectangulaires du côté sud. Une seconde porte permet l'accès de la sacristie à une petite remise également éclairée par une baie rectangulaire percée dans le mur sud. Une troisième porte située du côté est de la remise ouvre sur l'extérieur. Le sol de la chapelle est couvert de carreaux de terre cuite vernissée.

Certains historiens datent la chapelle Saint-Jean-du-Désert du 10e siècle. C’est un lieu de pèlerinage très ancien, lié à l’existence, à peu de distance de la chapelle, d’une source miraculeuse réputée dès le Moyen Age guérir des écrouelles. La confrérie entrevalaisienne des saints Jeannistes, qui a toujours la haute main sur l’organisation et le déroulement de la procession du 24 juin, remonte au moins au 16e siècle.

L'historien Honoré Bouche mentionne la chapelle et sa procession en 1655. Elle apparaît également sur la carte des frontières est de la France, dressée entre 1764 et 1778. La chapelle telle qu'elle est aujourd'hui, tout en conservant un style roman très tardif, paraît plutôt remonter au 17e siècle. On peut néanmoins déceler deux phases de construction : l'une concernant le corps principal de la chapelle, le plus ancien, l'autre relative à une campagne d'agrandissements datant sans doute de la fin du 18e siècle ou du tout début du 19e siècle. Ces travaux sont en tout cas antérieurs au cadastre napoléonien (1816) et concernent l'actuelle sacristie du côté est, le porche du côté ouest et sans doute une reconstruction de la voûte.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age , (détruit)
    • Principale : 17e siècle , (incertitude)
    • Secondaire : 18e siècle
    • Secondaire : 19e siècle

La chapelle Saint-Jean-du-Désert est très isolée. Elle est située à 12 kilomètres d'Entrevaux. On y accède par le G.R. 4 depuis le quartier des Plans.

L'édifice d'une longueur impressionnante est implanté sur une bande de terrain assez étroite avec une déclivité nord-sud. Orienté, il présente un plan allongé de trois travées soulignées à l'extérieur par des contreforts du côté sud. Ce corps principal se prolonge du côté est par une sacristie puis par une remise et du côté ouest par un porche. L'édifice est entièrement bâti en moellons grossièrement équarris et mortier de gypse, et en pierre calcaire grossièrement taillée pour les contreforts. Il est couvert d'un toit à longs pans avec du ciment en couverture, de la tôle ondulée, puis des tuiles creuses.

A l'intérieur, la nef est voûtée en berceau plein-cintre renforcé par trois arcs doubleaux qui retombent sur des pilastres, le choeur, à chevet plat, en voûte d'arêtes. De choeur, on accède à la sacristie puis à une petite remise.

  • Murs
    • tuf moellon
    • calcaire moellon
  • Toits
    ciment en couverture, tuile creuse, tôle ondulée
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • voûte d'arêtes
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant en maçonnerie
  • État de conservation
    remanié, restauré
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Documents d'archives préfectorales concernant le choléra à Entrevaux. 1835. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 5 M 32.

    Lettre du curé Pascal d'Entrevaux au préfet, 3 septembre 1835.

Documents d'archives

  • Pape Paul V. Bulle accordant une indulgence plénière aux membres de la confrérie de Saint-Jean-Baptiste d'Entrevaux. 1607. Archives privées : non coté.

  • Pape Urbain VIII. Bulle accordant une indulgence plénière aux membres de la confrérie de Saint-Jean-Baptiste d'Entrevaux. 1639. Archives privées : non coté.

  • Pape Innocent X. Bulles accordant une indulgence plénière aux membres de la confrérie de Saint-Jean-Baptiste d'Entrevaux. 1645 et 1653. Archives privées : non coté.

  • Questionnaire sur l'état des paroisse du diocèse de Glandèves. Vers 1840. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V77.

    Mention de la chapelle, de la procession et du "patron secondaire" de la ville d'Entrevaux : "la nativité de saint Jean-Baptiste qui se célèbre d'une manière toute particulière. La solennité commence le 22 juin au soir et ne finit que le 24 à la même heure".
  • Commune d'Entrevaux. Expédition du procès-verbal d'adjudication de la location des cabanes de St Jean. 10 juin 1917. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 168.

Bibliographie

  • BERNARD, Albin. Essai historique sur Entrevaux et sur les privilèges et franchises dont cette ville a joui jusqu'à la Révolution. Castellane : A. Gauthier imprimeur, 1889, 87 p.

    p. 27-28
  • COLLIER, Raymond. La Haute-Provence monumentale et artistique. Digne: Imprimerie Louis-Jean, 1986, 559 p. : ill.

    p. 219
  • FERAUD, Jean-Joseph-Maxime. Souvenirs religieux des églises de la Haute-Provence. Digne : Vial, 1879, 346 p.

    p. 338
  • BOUCHE, Honoré. La chorographie ou description de Provence et l'histoire chronologique du mesme pays. Aix : Charles David imprimeur du Roy, 1664, 2 tomes et 2 fasc. de suppl. reliés en 2 vol.

    T. 1. p. 280

Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    Feuille 194-11
  • Plan cadastral de la commune d'Entrevaux, 1816 / Dessin à l'encre par Allemand, Aubert, Beaudun, Mathieu, 1816. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 076 / 001 à 028.

    105 Fi 076 / 021.
  • Pèlerinage de Saint-Jean-du-Désert - Entrevaux. / Carte postale, par P. Sue, 1910. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 Fi 1077.

Date d'enquête 2009 ; Date(s) de rédaction 2010, 2016
Articulation des dossiers