Dossier d’œuvre architecture IA84000615 | Réalisé par ;
  • inventaire topographique
chapelle Notre-Dame-des-Vignères
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cavaillon - Cavaillon
  • Commune Cavaillon
  • Lieu-dit les Vignères
  • Cadastre 1982 AE 64
  • Dénominations
    chapelle
  • Vocables
    Notre-Dame-des-Vignères

HISTORIQUE

La chapelle Notre-Dame-des-Vignères, qui fut un temps l'ancienne église du hameau des Vignères, aurait été construite à l'emplacement d'un ancien fanum. Si cette hypothèse n'est pas avérée avec certitude, le lieu a cependant connu une occupation révélée par la découverte de vestiges, comme par exemple, cette dalle de 108 cm x 48 cm (stèle funéraire ou votive ?) remployée dans le sens de la longueur, dans la maçonnerie derrière l'autel et portant une inscription fragmentaire et difficilement lisible, sur 3 ou 4 lignes, en latin, où l'on déchiffre peut-être le vocable "MERCURIO".

Elle apparaît dans les textes en 1216 avec une mention dans le testament de Giraud Amie, seigneur du lieu 1. Mais, d'après l'observation, il semblerait que les parties les plus anciennes aient été édifiées plus d'un siècle auparavant (cf CONCLUSIONS). A la fin du 13ème siècle, un hôpital (refuge pour voyageurs) appartenant aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, existait à ses côtés 2. Au 14ème siècle, elle fut unie à la chartreuse de Bonpas par le pape Jean XXII 3. Elle connut ensuite divers remaniements : réparations au 15ème siècle et agrandissement en 1626 avec en particulier l'aménagement de chapelles entre les contreforts nord 4. C'est peut-être aussi à cette date ou plus tardivement qu'ont été restauré le porche vraisemblablement ruiné, ouverte la porte occidentale (actuellement murée) et construite la chapelle sud.

Après l'édification de la nouvelle église des Vignères, à la fin du 19ème siècle, la chapelle des Vignères qui appartenait à la Société Civile des Vignères était louée comme bâtiment agricole. On observe encore à l'intérieur des traces de ces agencements : anneaux pour attacher les animaux, rainures dans les murs pour recevoir des cloisons de bois...*

Nef, vue d'est en ouest.Nef, vue d'est en ouest. Elle fut rachetée en 1962 par Madame de Lamothe, qui la céda à la municipalité ces dernières années. Elle a été classée Monuments Historiques en totalité le 8 mars 1982.

DESCRIPTION

Situation

A la périphérie sud du hameau des Vignères, sur la route qui relie celui-ci à Cavaillon.

Matériaux

Gros-œuvre en calcaire local, en pierre de taille bien appareillée, moellons assisés ou blocage dans certaines parties de l'édifice.

- Extérieur

Élévation ouest : parties basses appareillées irrégulièrement, parties hautes en blocage au mortier de sable, chaînes appareillées.

Élévation sud : porche à l'origine appareillé en moellons de calcaire blanc d'environ 35 cm x 44 cm et 30 cm x 43 cm. Elévation sud prise de l'ouest.Elévation sud prise de l'ouest.

Élévation est : mur oriental de la nef en blocage au mortier de terre, chaînes d'angles en calcaire jaune, corniche en dalles calcaires. Chevet en petit appareil irrégulier de calcaire blanc ou plus jaune lié au mortier de terre portant des restes d'enduit. Corniche et corbeaux en calcaire blanc plus dur. Chevet sud en moellons assisés.

Élévation nord : mur de la nef appareillé en calcaire blanc, mur des chapelles en blocage de moellons équarris, à couronnement de dalles de pierre, contreforts en moyen appareil de calcaire blanc décoré de taille en chevrons.

Clocher en calcaire blanc régulièrement appareillé.

- Intérieur

Porche : voûte et arcs en petit appareil régulier mêlant un calcaire blanc et un calcaire jaune plus friable avec tailles décoratives : taille oblique, taille croisée, taille en chevrons.

Nef : voûte en petit appareil régulier. Arcs et piliers en moyen appareil régulier portant des marques de taille oblique.

Abside en blocage au mortier de terre, enduit. Stylobate en pierres de taille liées au mortier, ruts des colonnes en calcaire jaune, chapiteaux en calcaire plus dur.

Chapelles nord : élévations en blocage au mortier de chaux, voûtes en brique. Chapelle sud en blocage, arcs et piliers en pierre de taille.

Sols en carreaux rouges très clairs, très abîmés.

Couvertures de tuiles creuses. Absidiole couverte d'un blocage de galets.

Structure

Édifice orienté, constitué d'une nef de deux travées voûtées en berceau brisé, prolongée par une abside en cul-de-four. L'ensemble est divisé par deux arcs doubleaux et est épaulé au nord par trois contreforts entre lesquels se trouvent deux chapelles. Au sud, la nef communique avec un porche et avec une chapelle à demi-voûte déprimée et à absidiole en cul-de-four.

Élévations

Élévations intérieures

Porche : dans l'angle nord-ouest, une colonne au chapiteau orné de feuilles d'acanthe soutient un cordon faisant retour. Marques gravées chevauchant sur plusieurs moellons : + et *. Traces de peinture ocre-rouge.

Nef : le doubleau oriental retombe sur deux culots, l'un représentant une figure monstrueuse à caractères félins tenant entre ses pattes un visage humain, l'autre orné de feuilles d'eau.

Nef, imposte recevant la retombée de doubleau de l'arc triomphal à droite.Nef, imposte recevant la retombée de doubleau de l'arc triomphal à droite.

Abside rythmée par une arcature aveugle dont les six colonnes reposent sur un stylobate continu. Les fûts sont lisses, légèrement galbés et supportent des chapiteaux dont les corbeilles sont décorées de feuilles d'acanthe, d'entrelacs ou d'ornements géométriques, et les tailloirs de damiers denticules ou simples moulures galbées en talon.

Vestiges de peintures dans tout le chœur : sur les stylobates, panneaux de faux marbre bleu à encadrement noir cerné de marron-rouge, marron que l'on retrouve sur les colonnes et les arcs, traces de peinture bleue sur la voûte.

Élévations extérieures

La façade du porche est la plus intéressante. Elle conserve les traces du pignon et l'ancienne ouverture (à présent rétrécie) en plein-cintre dont l'arc est légèrement mouluré. A gauche de la porte, une pierre gravée porte le chrisme, une enseigne, un cadran solaire et une inscription difficilement déchiffrable.

La menuiserie actuelle est recouverte d'un placage de feuilles de métal très fines et très rouillées au motif chantourné formé par les têtes des clous.

Chevet couronné d'une corniche. Autres élévations.

Couvertures

Tuiles creuses. Chevet sud : couverture conique en galets noyés dans un mortier.

Distribution intérieure

Le mobilier a disparu. Ne subsistent que deux gradins et le tabernacle, en bois, de qualité médiocre.

CONCLUSIONS

La chapelle Notre-Dame-des-Vignères apparaît, après étude, constituée d'éléments d'époques diverses repérables dans les différences de mise en œuvre des matériaux. L'abside, avec ses chapiteaux à la corbeille étroite, au tailloir très développé, à l'astragale saillante pourrait être le vestige d'un édifice primitif de la fin 11ème ou du début 12ème siècle. Une première reconstruction serait intervenue à la fin du 12ème siècle ou au début du 13ème siècle avec l'édification d'une nouvelle nef voûtée et épaulée de contreforts, et du porche. Aux petits moellons irréguliers du chevet s'oppose la mise en œuvre plus régulière de la pierre de taille de ces nouvelles parties. A l'extérieur, la liaison entre le chevet et le mur oriental de la nouvelle nef se fait de façon maladroite. De cette époque pourrait dater l'inscription du porche (qui ne serait alors pas un remploi) et les peintures du porche et de l'abside.

Abside, vue d'ensemble.Abside, vue d'ensemble. Clocher.Clocher.

En 1626, les chapelles nord sont aménagées entre les contreforts. Est­-ce aussi à la même époque ou plus tardivement que l'on a percé le mur sud pour donner accès à une chapelle édifiée au sud? Des similitudes entre la nouvelle porte du porche et la fenêtre de cette dernière chapelle pourraient faire penser que celui-là a été reconstruit également à cette époque mais le placage métallique de la menuiserie semble par son décor être plutôt du 18ème siècle. Ce placage a pu être effectué un siècle après. Des modifications dans les percements sont également intervenues à une époque indéterminée avec l'ouverture d'une porte dans la façade occidentale.

Le clocher ressemble fort à la nouvelle église (cf. IA84000599) édifiée à proximité à la fin du 19ème siècle. Cela semble contradictoire avec la désaffectation de la chapelle à ce moment, mais peut-être que l'édification du nouveau clocher a précédé le projet d'édification de la nouvelle église.

1Bailly, R. Les chapelles rurales en Provence, 1969, p. 79.2Ibidem.3Ibidem.4Ibidem.

La chapelle Notre-Dame-des-Vignères qui fut un temps l'ancienne église du hameau des Vignères, aurait été construite à l'emplacement d'un ancien fanum. Cette hypothèse n'est pas avérée avec certitude, cependant le lieu a connu une occupation révélée par la découverte de vestiges. L'abside pourrait être le vestige d'un édifice primitif de la fin du 11e ou du début du 12e siècle. Une première reconstruction serait intervenue à la fin du 12e siècle ou au début du 13e siècle avec l'édification d'une nouvelle nef voûtée et épaulée de contreforts et du porche. A la fin du 13e siècle, un hôpital (refuge pour voyageurs appartenant aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem) existait à ses côtés. Au 14e siècle elle fut unie à la chartreuse de Bonpas par le pape Jean XXII. Elle connut ensuite divers remaniements : réparations et agrandissement avec l'aménagement de chapelles entre les contreforts nord en 1626. C'est peut-être aussi à cette date ou plus tardivement qu'ont été restauré le porche, ouverte la porte occidentale et construite la chapelle sud. Après l'édification de la nouvelle église elle a été louée comme bâtiment agricole ; on en observe encore les traces à l'intérieur. Elle a été rachetée en 1962 par Mme de Lamothe qui la céda ensuite à la municipalité.

L'église est située au sud du hameau. Elle est à peu près régulièrement orientée. Elle se compose d'une nef unique de deux travées voûtées en berceau brisé, prolongée par un choeur en cul-de-four agrémenté d'une arcature plein-cintre retombant sur six colonnes avec des chapiteaux à tailloir très haut ; chapiteaux tous différents (au centre une niche plein-cintre à fond plat). La nef est divisée par deux arcs doubleaux et épaulée au nord par trois contreforts. Sur la gauche, deux chapelles étroites entre les deux contreforts, à fond plat et plafonnées. Au sud la nef communique avec un porche voûté en berceau, et avec une chapelle à absidiole en cul-de-four à côté du chevet, voûtée en demi-voûte déprimée. Gros-oeuvre en calcaire local, en pierre de taille bien appareillée, moellons assisés ou blocage dans certaines parties de l'édifice ; ouest : parties basses appareillées irrégulièrement, parties hautes en blocage, chaînes appareillées. Sud : porche à l'origine appareillé en moellons de calcaire blanc. Est : mur oriental de la nef en blocage, chaînes d'angles en calcaire jaune, corniche en dalles calcaires. Chevet en petit appareil irrégulier. Chevet sud en moellons assisés. Nord : mur de la nef appareillé en calcaire blanc, mur des chapelles en blocage de moellons et à couronnement de dalles de pierre, contreforts en moyen appareil décoré de taille en chevrons. Clocher en calcaire régulièrement appareillé. Couvertures en tuiles creuses et abisdiole couverte en cône d'un blocage de galets. Vestiges de peinture dans tout le choeur. La façade du porche est la plus intéressante. Elle conserve les traces du pignon et l'ancienne ouverture (à présent rétrécie) en plein-cintre dont l'arc est légèrement mouluré. A gauche de la porte une pierre gravée porte le chrisme, une enseigne, un cadran solaire et une inscription indéchiffrable.

  • Murs
    • calcaire
    • enduit
    • moellon
    • galet
    • maçonnerie
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse, pierre en couverture
  • Plans
    plan massé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte en berceau
    • voûte en berceau brisé
    • voûte en demi-berceau
    • cul-de-four
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
    • croupe ronde
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • acanthe
    • feuille d'eau
    • billette
    • entrelacs
    • denticule
    • rinceau
    • tête
    • homme
  • Précision représentations

    Dans la nef : doubleau oriental retombant sur deux culots, l'un représentant une figure monstrueuse à caractère félin tenant entre ses pattes un visage humain, l'autre orné de feuilles d'eau. Chapiteaux du choeur tous différents, ornés de feuilles d'acanthe et surmontés d'un bandeau orné : entrelacs, rinceau, feuille ; le tailloir porte parfois un décor : billettes, denticules.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Protections
    classé MH, 1982/03/08
  • Référence MH

Bibliographie

  • BAILLY, Robert. Les chapelles rurales en Provence. Avignon : Imprimerie F. Orta, 1969, 202 p.

    p.79
Date d'enquête 1992 ; Date(s) de rédaction 2002
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers