Dossier d’œuvre architecture IA84000067 | Réalisé par ;
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
chapelle, Ermitage Sainte-Croix
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune Beaumont-de-Pertuis
  • Lieu-dit Sainte-Croix
  • Cadastre 1943 A 447
  • Dénominations
    chapelle, ermitage
  • Vocables
    Sainte-Croix

HISTORIQUE

Construction de l'édifice

Les premières mentions de la chapelle Sainte-Croix remontent au XIVe siècle : l'ecclesia Sancte Crucis figure sur la table synodale du diocèse d'Aix établie vers 1300 1 et, en 1351, paye la faible somme de 8 sous pour les décimes 2.

La date de construction de la chapelle est donc antérieure à 1300 - dans le courant du XIIIe siècle, probablement, car elle ne semble pas avoir jamais pris rang parmi les possessions d'une abbaye ou d'un chapitre cathédral, comme c'est le cas pour toutes les églises apparues aux XIe et XIIe siècles. Peut-être s'agit-il, dès l'origine, d'un simple sanctuaire de pèlerinage appartenant à la communauté de Beaumont et desservi par le clergé paroissial. C'est, du moins,la situation qui ressort, pour la période moderne, des quelques documents rassemblés ci-dessous.

A l'extrême fin du XVIe siècle, la communauté de Beaumont fait construire un bâtiment, contigu à la chapelle, pour y loger un ermite 3. L'ermitage, en 1704, est sans doute déserté car la chapelle, profanée dans des circonstances inconnues, fait l'objet d'une délibération du conseil de la communauté qui, sur la plainte formulée par le vicaire de la paroisse, décide de faire appel à l'archevêque d'Aix pour le rétablissement du culte 4.

Une autre délibération, extraite du même registre à la date du 21 Mai 1713 nous éclaire sur le rôle cultuel de Sainte-Croix, but d'un pèlerinage annuel de la jeunesse de Beaumont : "Remontrent lesdits sieurs maire et consuls que le sieur vicaire de ce lieu voulant tacher de faire perdre la coutume ancienne ou la jeunesse se trouve le jour des Roys, d'aller avec des fossailles a la chapelle Sainte Croix, parmy lesquels celuy qui encherit au profit de la luminaire de ladite chapelle est la Belle-Etoille, c'est-à-dire le roy, et marche le premier, auquel ledit sieur vicaire est obligé de conter un ecu, ce qui refusa le jour des Roys dernier au prejudice de ladite coutume et obligation, ne scachant a quelle fin, mais, comme il apprehendoit qu'on le poursuivit, il se seroit, sur la deliberation contre luy prise par le conseil de la communauté, rendu facile a payer ledit ecu a Jean-Joseph Feraud, requerant approbation. Le conseil approuve tout ce quy a esté fait" 5.

Par la suite, mise à part une mention - indirecte - d'existence dans le cadastre de Beaumont de 1718 6, nous n'avons plus aucun renseignement sur la chapelle, qui n'apparait pas même dans les listes de biens nationalisés par la révolution.

DESCRIPTION

Situation

La chapelle est édifiée sur le sommet oriental de la colline de Sainte-Croix qui domine Beaumont au sud-ouest. Le versant nord, en pente douce dans sa partie supérieure, devient abrupt à partir de la courbe de niveau 500. Cette rupture de pente forme un ressaut qui s'interpose entre la chapelle et le village, mais d'où l'on domine directement ce dernier. Sur ce belvédère naturel, à cinquante mètres au nord-est de la chapelle, une croix de bois a été érigée.

La végétation (pins et chênes-verts) qui couvre les versants se réduit au sommet à quelques touffes d'arbres clairsemées. L'édifice n'est pas orienté : le chevet est tourné vers le sud-ouest. On accède à la chapelle par un chemin carrossable qui s'embranche sur l'ancien chemin de Beaumont à Pertuis, et escalade le versant nord-est de la colline.

Matériaux et leur mise en oeuvre

Le gros-œuvre de l'édifice est construit en pierre (sans doute tirée de la roche en place : calcaire du jurassique supérieur). Les moellons bruts sont utilisés en blocage ; seules les chaînes d'angle sont appareillées en moellons grossièrement équarris. Sur les façades extérieures, ce matériau était primitivement recouvert d'un crépi (très dégradé). Intérieurement, un enduit épais recouvre l'appareil. La seule partie où il est visible est l'arc médian et ses piédroits qui sont les seuls éléments de l'édifice présentant un appareil soigné. Les toitures sont constituées de tuiles creuses.

Parti général, plan, coupes et élévations intérieures

A. Parti général

Édifice à nef unique et une abside hémi-cylindrique voûtée en cul-de-four.

B. Plan

Le périmètre du bâtiment a la forme d'un rectangle flanqué, sur son côté sud-ouest, par le demi-cercle de l'abside. La nef est formée de deux parties qui diffèrent essentiellement par la nature du couvrement

- berceau en mitre (en plâtre) pour la partie antérieure,

- berceau plein cintre (appareillé) pour la partie postérieure. En fait, la partie antérieure est une adjonction, ce qu'attestent les collages visibles dans les murs latéraux. Dans le mur latéral droit, ce collage s'accompagne d'un changement d'épaisseur du mur qui se traduit par une retraite (6 cm) du parement extérieur du mur de la partie antérieure.

C. Coupes et élévations intérieures

a) Coupe longitudinale

La séparation des deux parties de la nef est marquée intérieurement par un arc diaphragme en plein cintre dont les piédroits font saillie sur le nu des murs latéraux d'une trentaine de centimètres. Au-dessus de l'arc, le mur diaphragme est percé dans son axe d'un oculus appareillé à double ébrasement.

b) Élévations intérieures

Les murs latéraux de la nef sont divisés verticalement en deux parties par le mur diaphragme. Les arêtes de l'arc et des piédroits sont chanfreinées. Les piédroits comportent une base (h. : 102 cm) et une imposte moulurée. Dans la partie postérieure des murs latéraux, à 35 cm du mur diaphragme, petite fenêtre en plein-cintre à ébrasement intérieur.

Le mur antérieur est percé dans son axe par deux baies disposées entravée :

- au niveau inférieur, porte en plein-cintre ; les piédroits sont appareillés, l'arc est en briques creuses ; la baie est fermée par une menuiserie formée d'un vantail et d'une imposte semi-circulaire dormante ;

- au niveau supérieur, petite fenêtre carrée.

Le mur postérieur s'ouvre sur l'abside, voûtée en cul-de-four, elle-même aveugle.

Élévations extérieures

- Façade antérieure : en pignon percée de deux baies disposées en travée

- Façades latérales : l'arrachement du crépi permet de lire clairement le collage de la partie antérieure de la nef, souligné par les chaînes d'angle appareillées de la partie postérieure. Une fenêtre s'ouvre dans chaque façade :

- celle de la façade latérale droite a eu son pourtour refait en ciment

- celle de la façade latérale gauche est éventrée.

- Chevet : l'élévation est composée par l'étagement de l'abside et du mur pignon de la nef, tous deux aveugles.

Combles et couvertures

Les combles, inaccessibles, n'ont pu être étudiés.

Toitures en tuiles creuses : - à deux versants pour la nef,

- en demi-cône pour l 'abside.

Distribution intérieure

La division liturgique de l'espace intérieur correspond à la structure de l'édifice : le chœur est limité à l'abside, son entrée étant marquée par un degré d'une marche.

Voûtes et murs sont enduits et peints (en gris pour le soubassement, en ocre pour les autres surfaces). Le sol est cimenté.

Dans le chœur, autel de maçonnerie adossé. Sur la face antérieure de la table, au centre, date peinte :"1553". Le tabernacle et les gradins sont modernes. Sur la face antérieure du mur diaphragme, trois petites croix en relief (plâtre peint) entourent l'arc : l'une à la clé, les deux autres légèrement au-dessus des impostes (croix de consécration?).

NOTE DE SYNTHESE

L'analyse architecturale ne livre pas d'éléments permettant une datation précise de l'édifice. La date de 1553 peinte sur l'autel est sans doute celle d'une restauration de celui-ci ou de la chapelle elle-même ; on ne possède aucune documentation sur les travaux effectués à cette date.

Il ne reste aucune trace du bâtiment annexe construit à la fin du XVIe siècle pour servir de logis à un ermite.

Tel qu'il nous est parvenu, l'édifice appartient par sa structure à un type de chapelles de pèlerinage dont on trouve plusieurs exemples dans la région ; bien que d'époques différentes, ces chapelles sont comparables par leurs dimensions réduites et, surtout, par l'ouverture du mur occidental sur l'extérieur, généralement par un arc en partie fermé dans sa partie inférieure par un muret. Cette disposition, encore en place à la chapelle Saint-Pierre-de-Pomerol de la Bastide-des-Jourdans, permettait aux pèlerins trop nombreux pour pénétrer dans la nef, d'assister à l'office de l'extérieur. Un auvent sur piliers, construit contre la façade occidentale, fournissait parfois un abri extérieur (Saint-Julien de la Bastidonne, Saint-Marc de Villelaure, Notre-Dame-des-Anges à Cadenet...).

Le mur diaphragme séparant la nef de la chapelle Sainte-Croix en deux parties correspond bien à ces dispositions : ancien mur de façade, il s'ouvrait sur l'extérieur par son arc en plein-cintre ; le soubassement visible sur les piédroits de cet arc suggère, par sa hauteur et par sa différence d'appareil avec l'arc, le départ d'un muret.

La nef a été allongée, sans doute au siècle dernier, transformant ce sanctuaire ouvert en édifice clos. Ce type d'agrandissement - et, partant, de mutation de l'édifice - se rencontre également à Saint-Marc de Villelaure et à Notre-Dame-des-Anges à Cadenet où il s'est effectué en murant l'auvent construit à l'ouest de la chapelle.

1CLOUZOT (H.), Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun, p. 17.2Ibidem, p. 41, et G.C.N., I, Instrumenta, XL.3 A.C. Beaumont, B B 3 (1587-1607).4A.C . Beaumont, BB 8, f° 10 v° , conseil du 18 février 1704 :" Remonstrent lesdits sieurs conseulx quy ont receu plainte du sieur vicaire comme la chapelle de Sainte-Croix ce treuve interdite pour des inreverances comises dans icelle... Le conseil... a donné pouvoir aux sieurs conseuls de ce pourvoir par devant monseigneur l'archevesque ou son grand vicaire pour le restablissement de ladite chapelle". 5Ibid., f° 399 v°.6A.C. Beaumont, CC 7, f° 24 : "... une terre au quartier de Picanier, confrontant... le viol (= sentier) qui va a Sainte-Croix".

Chapelle de pèlerinage construite au sommet de la colline dominant le village avant 1300 ; ermitage établi (ou rétabli ?) dans le 4e quart du 16e siècle, désaffecté au début du 18e siècle, détruit avant 1789 ; chapelle allongée d'une travée probablement vers la fin du 16e siècle

Petit édifice à nef unique de 2 travées inégales couvertes, la 1ère d'une fausse voûte en berceau en mitre, la 2e d'une voûte en berceau plein-cintre appareillée ; abside en cul-de-four

  • Murs
    • calcaire
    • enduit
    • moellon
    • moyen appareil
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • fausse voûte en berceau
    • cul-de-four
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents d'archives

  • [Beaumont-de-Pertuis] Délibération du conseil de la communauté, 1587-1607. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : BB 3.

  • Extraits du registre des délibérations du Conseil de la communauté de Beaumont-de-Pertuis, 1704-1717. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : BB 8.

    f° 10 v° et f° 399 v°.
  • [Beaumont-de-Pertuis] Cadastre, 1718. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : CC 7.

Bibliographie

  • CLOUZOT, Etienne. Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun. Diocèse d'Aix-en-Provence, dir. Maurice Prou, Paris : Imprimerie nationale, 1923.

    P. 17 et 41.
  • ALBANES, Joseph-Hyacinthe. Gallia Christiana Novissima. Tome 1 : Aix, Apt, Fréjus, Gap, Riez et Sisteron. Montbéliard : Société anonyme d'imprimerie montbéliardaise, 1899.

Date d'enquête 1970 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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