Dossier d’œuvre architecture IA84000069 | Réalisé par ;
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
Chapelle dite Grotte et jardin de Saint-Eucher
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune Beaumont-de-Pertuis
  • Lieu-dit Saint-Eucher
  • Cadastre 1943 F 176
  • Dénominations
    chapelle
  • Appellations
    Grotte et jardin de Saint-Eucher
  • Parties constituantes non étudiées
    terrasse agricole, citerne

HISTORIQUE

La grotte dite de saint Eucher, la plus grande de celles qui se trouvent dans la falaise, au-dessus de la chapelle, n'est mentionnée dans aucun des documents consultés, ce qui peut faire douter assez sérieusement de l'ancienneté du culte qui y est établi.

Certes, des vestiges d'habitat préhistorique y ont été relevés, mais aucune trace d'occupation plus récente n'est venue étayer la tradition locale qui en fait le lieu de retraite de saint Eucher, mort archevêque de Lyon en 530. Cette localisation paraît liée, dans la légende à l'affiliation, également suspecte, à ce même personnage de sainte Tulle, honorée dans le village, peu éloigné de Beaumont, qui porte son nom (canton de Manosque, 04) 1.

La seule mention ancienne provient de l'ouvrage de l'historien manosquin Jean Colombi (paru en 1662) qui déclare avoir été témoin de la découverte de cette grotte, identifiée comme celle de saint Eucher 2. Cette découverte - ou redécouverte? - paraît coïncider avec la reconstruction, en 1648, de la chapelle et avec un renouveau du culte de saint Eucher. L'aménagement de la grotte en lieu de culte ne serait donc pas antérieur au milieu du XVIIe siècle - la statue de pierre qui s 'y trouve pourrait provenir des ruines de la chapelle antérieure. Il n'est, du reste, pas impossible que le nom et la légende de l'évêque lyonnais du VIe siècle, dédicataire de la chapelle, aient été, dès avant ce moment, rattachés au lointain souvenir d'une authentique occupation de la grotte par un ermite dans le courant du haut moyen-âge - dans cette hypothèse, on peut penser que les moines de Villeneuve, possesseurs du prieuré, auraient, sinon suscité, tout au moins encouragé ce rattachement en vue d'augmenter le nombre et la foi des fidèles à leur chapelle.

DESCRIPTION

La grotte dite de Saint Eucher

Elle est constituée par un réseau complexe qui comporte deux orifices connus dans la falaise (à 160 m au nord de l'ermitage Saint-Eucher) ; l'orifice supérieur s'ouvre une cinquantaine de mètres au-dessus de la route ; le second est situé à 12 m à la verticale sous le premier et est inaccessible de l'extérieur.

C'est dans l'orifice supérieur (où l'on aurait relevé des traces d'habitat préhistorique) que la tradition situe la retraite de l'ermite Eucher. L'entrée en a été aménagée en chapelle à une date indéterminée. Le chemin d'accès part du sommet de la falaise et descend à flanc de falaise par des voies très étroites. L'orifice est un trou circulaire d'environ 3, 50 m de diamètre. Il donne accès à une galerie d'une vingtaine de mètres de profondeur, haute de 4 à 5 m. Son extrémité est fermée par un mur de maçonnerie percé d'une porte. Le sol, irrégulier et en pente ascendante, a été nivelé (par taille de la roche et remblais) dans la partie postérieure qui constitue la chapelle.

Un autel de maçonnerie (blocage grossier, table cimentée) est adossé au mur du fond ; il est surmonté d'une niche hemi-cylindrique couverte en cul-de-four creusée dans le mur et encadrée par un décor architectural en plâtre : deux pilastres cannelés se terminant en pinacles, et fronton triangulaire ; trois boules servent d'amortissements. Pilastres et niche reposent sur une base en forme de gradin. A la jonction du mur et de la voûte, une croix de ciment surmonte l'ensemble.

Dans la niche, statue de pierre d'un personnage en habits épiscopaux, dite de saint Eucher (cf. sous-dossier STATUE-en- PIED).

La terrasse dite "Jardin de saint Eucher"

Elle est située une cinquantaine de mètres à la verticale au-dessus de l'ermitage, à 10 m environ au-dessous du sommet de la falaise. Son niveau correspond à celui d'un lit de calcaire particulièrement attaqué par l'érosion qui l'a évidé en une série de cavités. On y accède du sommet de la falaise par un sentier en forte pente (utilisant une faille). Un trou percé dans le rocher en constitue l'entrée.

Aménagée dans une anfractuosité du rocher dont les parois sont percées tout autour de petites cavités (la plus profonde ne dépasse pas trois mètres et est très étroite), la terrasse présente, en plan, la forme d'un croissant d'une largeur maximale de 3 ou 4 m. Elle est constituée d'un remblai de terre et de débris de rocher, contenus à l'à-pic de la falaise par un muret de pierres sèches concave.

Ce mur a, en élévation, la forme d'un triangle (h. : 5 m) ; il est percé de petites ouvertures servant au drainage des eaux d'infiltration. A l'extrémité nord-est de ce mur, des dalles engagées dans le parement formaient un escalier : il débouche actuellement sur le vide, sans doute à la suite de l'effondrement du rocher en contrebas.

Dans le sol de la terrasse s'ouvre une citerne cylindrique dont la partie encore visible est appareillée en pierres sèches. La partie inférieure (comblée) était sans doute creusée dans la roche et retenait les eaux de ruissellement.

NOTE DE SYNTHESE

Grotte

L'aménagement de la grotte en chapelle date vraisemblablement de la fin du XVIIe siècle. La statue qui a été placée au-dessus de l'autel est beaucoup plus ancienne et provient peut-être de la chapelle de l'ermitage.

"Jardin de saint Eucher"

L'appareil du mur - en pierres sèches - est impossible à dater. Mais ce mode de construction, notamment l 'escalier suspendu, appartient à un type traditionnel très ancien que l'on retrouve en particulier dans le Luberon (région de Bonnieux). On ignore quelle était la destination primitive de cette terrasse. S'agissait-il d'une sorte de refuge en pleine falaise (avec abri précaire mais possible dans les grottes et réserve d'eau) ? Il est vraisemblable en tous cas que, comme le veut la tradition, elle ait servi de jardin : son exposition au sud-est à l'abri des intempéries et la possibilité d'arrosage grâce à la citerne l'y prédisposaient.

1ERMITE DE LURE (L'), Les Eglises rupestres de Haute-Provence ,pp. 54-64. Quant à l'appellation de grotte de sainte Tulle donnée par Robert BAILLY (Répertoire des prieurés et chapelles..., 1966, p. 85), elle paraît n'appartenir qu'à cet auteur et n'avoir aucun fondement historique ou traditionnel.2COLOMBI (Jean), Histoire de Manosque , écrite en latin par Jean Colombi et traduite en français par Henry Pellicot en 1799 , Apt, 1808.

Aménagements médiévaux remaniés au 17e siècle (?).

Grotte naturelle dont la partie antérieure à été aménagée en chapelle et ornée d'une statue de Saint-Eucher (15e siècle) ; jardin en terrasse suspendu au flanc de la falaise avec citerne creusée dans le rocher.

  • Couvrements
    • roche en couvrement
  • Techniques
    • sculpture
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date d'enquête 1969 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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