Dossier d’œuvre architecture IA04000030 | Réalisé par
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
batterie, ouvrage fortifié (batterie, poste défensif) dite batterie et postes de Vallon Claus, de l'organisation défensive de l'Ubaye.
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Alpes-de-Haute-Provence
  • Commune Saint-Paul-sur-Ubaye
  • Lieu-dit vallon Claus
  • Cadastre 1961 J 1080, 1081, 1082, 1083, 1089, 1184
  • Dénominations
    batterie, ouvrage fortifié
  • Précision dénomination
    batterie, poste défensif
  • Appellations
    batterie et postes de Vallon Claus, de l'organisation défensive de l'Ubaye
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    enceinte, fossé, caserne, casemate, poudrière, édifice logistique, corps de garde

Intérêt stratégique

Aucune trace d'édifice antérieur.

Après 1870, lors de la réorganisation d'ensemble du système de défense des frontières, on estime que la forteresse de Tournoux, achevée pourtant en 1866, est surclassée par la nouvelle artillerie rayée, apparue en 1858, et qui n'avait pas été prise en considération lors de la conception de la place : elle est incapable, donc, d'assurer sa double mission d'interdiction de la trouée de l'Ubaye et de contrôle de l'itinéraire col de Larche-col de Vars.

Le général Seré de Rivières, secrétaire du Comité de Défense qui préside l'œuvre de réorganisation, avance l'idée de construire un fort à Jausiers, mais l'Ubaye n'étant pas en première urgence, l'affaire est réservée. C'est le 24 mai 1878 que le plan de défense de l'Ubaye et des Alpes-Maritimes est arrêté par le Comité : dès l'année suivante commencent les travaux de la batterie des Caurres (opérationnelle en 1883) suivis en 1881 de ceux de la batterie de Vallon Claus.

Les travaux ont été précédés, évidemment, par l'aménagement d'une route d'accès. Les belles saisons de 1881 et 1882 sont consacrées au nivellement du terrain d'emprise et au creusement du fossé, puis, en 1883, par l'entreprise Spitalier, sous la direction initiale du capitaine Petit, chef de chantier (un chef de bataillon Petit est professeur de constructions à l'Ecole d'Application de l'Artillerie et du Génie de Fontainebleau en 1883 et signe un cours sur les ponts-levis et les mouvements des terres) et probablement auteur du projet, à la construction de l'enceinte et des casemates de la caserne (attachement des chapes : 20 septembre 1883). L'ouvrage - du moins sa version initiale - est achevé en 1884, pour 116.718, 68 F étalés sur les exercices 81 à 84.

En 1885, aucun travail n'est signalé; on aborde, d'ailleurs, la période de turbulence due à la crise de l'obus-torpille, au creux de la crise politique franco-italienne et au développement, en France, de l'armée des Alpes. Mais, en 1886 et 87, une nouvelle tranche de travaux dote l'ouvrage d'une grille défensive périphérique sur muret en béton, pour 48.600 F. Nouvelle pause en 1888, puis, sous la direction du capitaine Thouzellier, chef de chantier, reprise des travaux en 1889, à la fois pour des réparations (réfection en asphalte des chapes de la caserne : 25 juillet 1890), une extension des locaux de la caserne, la mise à l'abri des munitions dans un magasin caverne (1890-91) et l'amélioration des conditions de vie de la garnison, par la construction d'un casernement extérieur et la création d'une adduction d'eau à partir d'une source captée. De 1889 à 92, on dépense 159.547, 86 F, portant le total à 324.866,54 F, non compris ce qui a dû être exécuté par main-d’œuvre militaire.

On s'était simultanément préoccupé très tôt de la sécurité arrière de l'ouvrage, fortement dominé, et courant le risque d'être harcelé par des infiltrations et, en 1893, on dépense 13.649, 96 F à la construction des postes d'infanterie 2, 3 et 4 échelonnés sur l'arête rocheuse entre la batterie et le signal du Melezen, à la fois vigies et postes de garde.

En 1914, la batterie est armée de 6 pièces de 95 mm Lahitolle, sur affût de siège et place, disposés en 3 sections de 2 pièces : une braquée sur le col de Vars, les deux autres sur les zones à gauche et à droite de l'Ubaye, avec champs de tir se recoupant sur la vallée, prise d'enfilade par 4 tubes. L'infanterie de soutien est fournie par le 3e bataillon territorial de chasseurs alpins, l'artillerie par le 11e régiment d'artillerie à pied.

La neutralité italienne entraîne un allègement rapide des effectifs au profit du nord-est, suivi le 5 août 1915, du décret de dissolution des places fortes et la mise de leurs moyens à la disposition du général en chef. S'ouvre, alors, une période de léthargie qui se dissipe lentement avec la montée de la tension avec l'Italie.

Lors de la conception du nouveau système de défense des frontières, le tracé adopté pour la position principale de résistance en Ubaye est établi en avant de Vallon Claus : Roche la Croix-Saint-Ours-Plate Lombarde-Le Castellet. Mais, de par sa position, l'ancienne batterie a encore une certaine valeur d'ouvrage de soutien, d'autant que l'ouvrage envisagé au Castelet, ajourné, ne sera pas réalisé.

Aussi les positions de pièces font-elles l'objet de quelques travaux d'aménagement, avec installation de plateformes Arbel pour canons de 75 modèle 1897 : 2 pièces sont en place en 1940, servies par le 162e RAP (5e Bie) sous les ordres du lieutenant Maurin, avec l'indicatif K 14. Un observatoire bétonné, en "fortification de campagne renforcée" est construit par main-d’œuvre militaire, en 1939, à côté du poste n° 3 (indicatif 09 U) avec des vues très étendues sur la Haute Ubaye. Mais les combats de juin 1940 ne dépassent pas les avant-postes de Maljasset et il ne semble pas que la section de 75 ait eu à intervenir avant l'armistice.

L'ouvrage est alors évacué et restera désormais abandonné, jusqu'à son déclassement et à son aliénation au profit d'un particulier, ainsi que ses dépendances : postes, source et conduite d'eau. Il est aujourd'hui utilisé comme résidence de vacances.

En 1926, l'ouvrage était indiqué (réf. B.O. vol. 48 3 cité dans le rapport de la C.D.F. du 6.11.1926) comme classé en 1e série des places de guerre. Les postes, eux, n'ont jamais été classés.

Description

Situation

Sur un replat de l'extrémité nord-est d'un contrefort se détachant, à la tête de Vallon Claus, de la longue crête ouest-nord-ouest- est-sud-est issue du Grand Parpaillon et qui porte, à son extrémité est, la forteresse de Tournoux. Ce contrefort se trouve dans l'axe de la haute vallée de l'Ubaye, qui bifurque vers le sud-est à son pied, et borde, de son flanc nord, la vallée du Riou Mounal, qui constitue le versant sud-est du col de Vars. Ainsi placée en saillie, tant en plan qu'en niveau, la batterie se trouve dans de très bonnes conditions pour prendre d'enfilade la Haute Ubaye, débouché de cols frontières, débouchés possibles d'infiltrations d'éléments à pied, au moins en état, et pour interdire la montée du col de Vars, d'une autre importance stratégique.

Vue aérienne prise de l'est. Derrière, l'arête rocheuse portant les postes.Vue aérienne prise de l'est. Derrière, l'arête rocheuse portant les postes. Vue aérienne prise de l'est-nord-est sur l'avant.Vue aérienne prise de l'est-nord-est sur l'avant.

Accès : l'ouvrage, placé en balcon et adossé à une crête interdisant tout accès arrière défilé, est desservi latéralement par deux tronçons de route :

- l'un, nord, partant, à la cote 2022, du dernier virage de la route D 902 avant le col de Larche, avec un passage délicat à la traversée du Riou de l'Infernet

- l'autre, sud, partant du fort supérieur et de la batterie des Caures et suivant, à travers le bois de Tournoux, le versant est de la crête principale. Ce tronçon a été détruit à la traversée du Riou Sec, et se trouve constamment menacé par des chutes de pierres dans le contournement du pied des falaises sud et est de la Tête de Cassoun. Ce tronçon était suivi par la ligne télégraphique et téléphonique, sur poteaux de bois dont plusieurs subsistent encore, reliant l'ouvrage à Tournoux (une autre ligne le reliait à Saint-Paul).

De cette situation topographique, il résulte pour la batterie une situation très délicate en cas d'invasion italienne, non seulement la batterie aurait été sous le feu ennemi, mais en plus la route d'accès aurait été vue pratiquement sur l'ensemble de son tracé, et battue en fonction du nombre de positions utilisables par l'artillerie adverse. Ainsi encagé, l'ouvrage aurait vu son ravitaillement sérieusement compromis.

Soutien : l'ouvrage, du fait de sa position, est fortement dominé, à l'arrière, par les pentes descendant de la tête de Cassoun, donc susceptible d'être harcelé par la mousquetterie d'infiltration d'éléments à pied. On y a remédié en complétant la sécurité par l'implantation des quatre postes d'infanterie s'échelonnant en altitude le long de l'arête rocheuse.

Par ailleurs, l'ouvrage peut être soutenu, au nord, par de l'artillerie de défense mobile déployée au col de Vars, et, au sud, par les pièces de position mises en place à cet effet à la batterie des Caurres (2 x 95 mm de la "casemate de Bourges") et au fort supérieur.

La batterie

A une altitude moyenne de 2087 m, l'ouvrage s'inscrit dans un plan trapézoïdal irrégulier, dont le front de tête 3-5 (nord-est), dominant la vallée de l'Ubaye et Saint-Paul, comporte une légère brisure saillante et deux décrochements en crémaillère assurant un flanquement minimum.

La hauteur (sud-ouest) constitue la gorge, dominée par les hauteurs du signal de Mélézen (front 1-2) les deux autres côtés forment les bases où aboutissent, latéralement, les deux tronçons de route stratégique d'accès. Dimensions maxima : 60 m de front x 80 m de profondeur, avec une dénivellation d'une dizaine de mètres environ entre le sommet de l'ouvrage (terre-plein supérieur de la caserne de gorge) et le point le plus bas (terre-plein du saillant 5 du front de tête).

L'ouvrage est enfermé par une enceinte à escarpe revêtue, flanquée de bastionnets rectangulaires crénelés (1 et 2) et des décrochements de tracés (3-4). Le fossé est précédé par une grille défensive de contrescarpe scellée dans un soubassement en béton, et brisée en forme de place d'armes, devant l'entrée nord.

Vue intérieure du saillant 1 prise des dessus de la caserne.Vue intérieure du saillant 1 prise des dessus de la caserne.Face sud-est de la batterie prise depuis le saillant 1.Face sud-est de la batterie prise depuis le saillant 1.

Le centre de l'ouvrage est occupé par un cavalier d'artillerie portant un épaulement à trois faces correspondant chacune à une des sections de 95 mm constituant l'armement initial. La face centrale, en pan coupé par rapport aux deux autres, est divisée en deux par une traverse creuse recouvrant un abri voûté (bâtiment C), tandis que sous le retour d'extrémité de la face droite, se trouve un petit abri en maçonnerie formant niche aux fusées-détonateurs (bâtiment D). Le parapet a été en partie rasé (à une époque indéterminée) et on trouve encore, déversés en arrière, les cylindres métalliques à pivot des plateformes Arbel des 75.

La caserne (bâtiment A) est placée à la gorge et sa façade est constituée par l'escarpe, orientée, donc au sud-ouest. Elle est protégée, au-dessus, par une couche de terre, et, à l'avant (c'est-à-dire vers l'intérieur de l'ouvrage, face aux directions dangereuses du nord-est) par un massif de terre taluté de 10 m d'épaisseur à la base.

Ensemble du front de gorge pris d'enfilade depuis le saillant 1. En bas, à droite, fenêtres des casemates logements.Ensemble du front de gorge pris d'enfilade depuis le saillant 1. En bas, à droite, fenêtres des casemates logements.

La partie centrale - correspondant à la première phase de construction – est constituée de quatre casemates (une petite et trois grandes) accolées, en maçonnerie. Voûtées en berceau surbaissé, elles prennent jour par une fenêtre, chacune, sur le fossé de gorge, et sont séparées par des cloisons légères en partie vitrées d'un couloir de fond rectiligne qui en assure la desserte. Ce couloir comporte une sortie extérieure à chaque extrémité et assure, en outre, l'isolement des locaux par rapport aux massifs de terre de protection. Cette partie centrale a été prolongée, lors de la seconde campagne de travaux, au sud-est, par une boulangerie, avec four, et au nord-ouest par un local d'habitation occupant en partie le bastionnet du saillant 2 : ces adjonctions ne sont pas voûtées, mais couvertes en béton sur profilés métalliques. Sous le local nord-ouest se trouve la grande citerne; une petite citerne étant située sous la petite casemate du sud-est.

Les trois casemates du corps central sont des chambres de troupe et sont encore en partie équipées de lits de casemate modèle 1876 (4 lits, soit 16 hommes par casemate). Leurs fenêtres sont dotées de croisées ordinaires à deux vantaux à la française, vitrées, doublées, à l'extérieur, de volets en tôle retenus fermés par des bras de force, et percés de créneaux de fusillade.

Les cheminées des locaux émergent du terre-plein supérieur en souches carrées.

Le magasin à poudre sous roc "F" est situé sous le glacis de gorge avec accès par deux galeries parallèles, l'une débouchant dans la contrescarpe en fond de fossé, l'autre traversant le fossé pour remonter dans la caserne.

Ces deux galeries se referment en U sur une transversale parallèle à la contrescarpe desservant trois locaux voûtés, avec doublage en tôle parapluie, à savoir deux magasins avec vestibule et un atelier de chargement, avec niche aux artifices séparée dans la paroi de la transversale. Ces trois locaux sont dotés chacun d'une niche d'éclairage extérieur pour lanterne conforme aux règlements techniques de l'époque. La capacité totale de ce magasin était de 5.400 kg de poudre en caisses ou 7.200 kg en vrac, les locaux accusent de sérieux désordres (fissures, fractures etc.) dus sans doute à des mouvements de terrain.

Dans le bastionnet sud (saillant 1), sous le terre-plein de la banquette d'infanterie on trouve les latrines de l'ouvrage, avec fosse fixe maçonnée enterrée dans le fossé. A ces latrines s'appuie un assez bel escalier sur demi-berceau donnant accès au terre-plein supérieur du bastionnet et assurant la continuité de la circulation du chemin de ronde.

Les portes sont constituées comme suit :

- Au sud-est (porte de Tournoux) la route d'accès franchit le portail à deux vantaux de la grille extérieure, traverse de plain-pied le fond du fossé entre deux éléments de grille coupant celui-ci et dotés de portails latéraux, dispositif constituant un sas d'avant-porte. Elle franchit ensuite l'escarpe entre deux piliers carrés en pierre de taille de Serenne, en gros appareil harpé, piliers constituant les montants d'un portail à deux vantaux pivotants surmontés d'un linteau fixe en bois.

Le système de grilles et l'avant-porte sud prise depuis la batterie.Le système de grilles et l'avant-porte sud prise depuis la batterie. Porte nord et pont.Porte nord et pont.

- Au nord-ouest (porte de Vars) : la porte est encadrée de deux piliers identiques aux précédents mais moins hauts, avec tablette de couronnement en pointe de diamant. La route franchit le fossé sur un pont démontable et débouche, à l'extérieur, dans une place d'armes triangulaire entourée par la grille et donnant sur l'extérieur par un avant-portail métallique à deux vantaux à partie basse en panneaux de tôle ornés de rosaces en fonte.

Comme autres points singuliers, on peut signaler :

- Les parapets en maçonnerie, en partie percés de créneaux de fusillade en archère. Ces parapets sont surmontés de simples dalles de schiste feuilleté, sauf au-dessus de la caserne où l'on trouve des tablettes en dalles de pierre de Serenne bien dressée. Certains éléments ont eu le couronnement refait en béton.

- Les encadrements des fenêtres de la caserne, en pierre de Serenne soigneusement dressée, et couverts en arc segmentaire à claveaux rayonnants.

- La poterne du front de tête (4-5) s'ouvrant dans le fossé à partir d'une cour étroite, à parois verticales, adossée à l'escarpe, et où l'on descend par une échelle amovible.

- Les maçonneries courantes sont en moellons ordinaires, pris sur place, et hourdés au mortier.

- Dans l'ouvrage et à proximité, vestiges de travaux d'organisation du terrain 39-40 : tôles cintrées fortes, abris en rondins etc.

Casernement extérieur (bâtiment E)

Situé à un peu plus de 80 m de l'entrée sud-est de la batterie, le long de la route de Tournoux, c'est un bâtiment traditionnel rectangulaire de 50 x 20 à deux niveaux, dont un rez-de-chaussée de plain-pied avec la route, et un sous-sol en contrebas, disposition imposée par la déclivité du terrain. Le bâtiment est couvert d'une toiture à deux pans à forte pente.

Casernement extérieur.Casernement extérieur. Casernement extérieur. Face est.Casernement extérieur. Face est.

Quatre refends transversaux divisent l'intérieur en cinq travées, identiques aux deux niveaux :

- 3 travées étroites, dont la cage d'escalier centrale et les deux travées d'extrémité

- 2 travées plus larges, de part et d'autre de la cage d'escalier (chambres de troupe).

Des cloisons plus légères isolent les locaux d'un couloir central traversant le bâtiment en longueur. Fenêtres et soupiraux encadrés en briques rouges. Croisées à deux vantaux à la française, volets pleins en bois. Au sous-sol (local 1) cuisine encore équipée d'un fourneau en fonte daté de 1890.

En face du bâtiment, de l'autre côté de la route, le terrain est retenu par un mur de soutènement en moellons avec, au centre, une fontaine dans une niche en plein-cintre à claveaux rayonnants puis, en revenant vers la batterie, diverses installations, dont un "édicule Goux" (latrines en fer galvanisé) et un abreuvoir à mulets.

- A noter, le long de la route nord, à l'extérieur de la batterie, une fontaine construite par main-d’œuvre militaire en 1938-39 avec inscriptions gravées par des artilleurs du 154e RAP puis, après la mobilisation, du 162e RAP.

Les postes

Les quatre postes sont desservis par un sentier en lacets, à pente régulière, partant de la route militaire entre la batterie et le casernement extérieur. Le poste 1 est situé à 2129 m d'altitude, le poste 2 à 2152 m, le poste 3 à 2217 m et le poste 4 à 2275 m.

Poste 1 : petit bâtiment rectangulaire en maçonnerie grossière et toiture à deux pans, avec encadrement de porte en bois et deux petites fenêtres.

Il s'agit en fait d'un simple corps de garde ordinaire, sans rapport avec les plans types adoptés pour les autres postes, ainsi qu'à Serre de Laut et Cuguret.

A l'intérieur, sur l'enduit, figure cette inscription au crayon "Bourdin Antoine Caporal de Givors. Territorial de la classe 1896 a pris la garde le 27 août 1914. Il est tombé de la neige la nuit et le jour. Compte la durée de la guerre. La fuite ou on y crève. Sale pays. 3e Bon territorial de Chasseurs Alpins". Le bâtiment est en mauvais état, manquent les deux-tiers de la couverture.

Poste 2 : du type adopté par la chefferie de Gap comme "sonnettes" des ouvrages isolés. Capacité: 5 hommes. C'est une tour cylindrique de 5, 80 de diamètre, à murs en maçonnerie de moellons de 0, 50 d'épaisseur percés de 10 créneaux à fusil à double ébrasement (intérieur et extérieur). Hauteur: 3,50 m (jusqu'à 5 m ailleurs). Entrée par porte de 0,90 dont le seuil est surélevé. Sol intérieur à plancher sur vide sanitaire avec petite citerne alimentée par les eaux du toit collectées dans un chéneau. Poste n° 2.Poste n° 2.

Au centre, pilier cylindrique en maçonnerie creux, constituant à la fois la cheminée du poêle et les supports des profilés rayonnants qui supportent la dalle en béton de couverture. Cette dernière couverte en lauzes et revêtue d'un enduit d'étanchéïté s'épanouit extérieurement en cône très aplati autour de la mitre de la cheminée émergeant au centre.

L'édifice est ceinturé, extérieurement, à 2,50 m du mur, d'une grille défensive, constituée de 13 panneaux rectilignes de 2 m de haut et 2,50 m de long en barreaux de fer rond épointés assemblés par deux lisses en fer plat avec un ardillon entre chaque barreau. Les panneaux s'assemblent en cercle sur des poteaux en fer I à contrefiches scellées dans un soubassement en béton.

Poste 3 : identique au poste 2. Poste n° 3. Vue générale.Poste n° 3. Vue générale.

Poste 4 : analogue aux deux précédents, mais prévu pour 10 hommes, et à plan rectangulaire de 6 x 5 m à pans coupés et embase talutée. Poste n° 4.Poste n° 4.

Conclusion

Ensemble d'ouvrages intéressants placés dans un site élevé, en grande partie boisé, et offrant toute une série de points de vue admirables du nord-ouest à l'est. L'état général est assez bon et l'actuel propriétaire a entrepris la réhabilitation du casernement extérieur, mais ne souhaite ni visite ni ouverture au public.

Après 1870, on estime que la forteresse de Tournoux, récemment achevée, est surclassée par la nouvelle artillerie rayée et est incapable de jouer son rôle. A partir de 1878, le Comité de Défense lance le plan de défense de l'Ubaye. En 1881 commencent les travaux de la batterie de Vallon Claus, sous la direction du capitaine du Génie Petit, chef de chantier et probable auteur du projet. L'enceinte, les casemates et le fossé de l'ouvrage sont terminés en 1884. En 1886, une nouvelle tranche de travaux rajoute des éléments : locaux, magasins pour munitions, casernements extérieur. En 1893 sont construits trois postes défensifs à proximité de la batterie. En 1939 est construit un observatoire bétonné.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Petit
      Petit

      Capitaine du Génie. Un chef de bataillon Petit est professeur de constructions à l'Ecole d'Application de l'Artillerie et du Génie de Fontainebleau en 1883 et signe un cours sur les ponts-levis et les mouvements des terres. Auteur probable du projet de la batterie de Vallon Claus (Saint-Paul-sur-Ubaye)

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      ingénieur militaire attribution par source

L'ouvrage s'inscrit dans un plan trapézoïdal irrégulier, enfermé par une enceinte à escarpe revêtue, flanquée de bastionnets rectangulaires. Un cavalier d'artillerie occupe le centre de l'ouvrage. Une caserne, dont la façade est constituée par l'escarpe, est composée de quatre casemates maçonnées et voûtées en berceau surbaissé. Un magasin à poudre se trouve sous roc. Deux galeries conduisent à trois locaux cintrés à destination logistique (magasin et dépôts) . A l'extérieur se trouve un casernement, bâtiment maçonné, élevé sur deux niveaux de travées, un rez-de-chaussée et un étage de soubassement, couvert d'une toiture de tôles à deux pans. Le corps de garde est un petit bâtiment rectangulaire en rez-de-chaussée. Les trois postes, dont deux cylindriques et un de plan rectangulaire, sont en rez-de-chaussée, occupés en leur centre par un pilier soutenant une dalle en béton couverte de lauzes.

  • Murs
    • pierre moellon
  • Toits
    tôle ondulée, calcaire en couverture
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • roche en couvrement
    • voûte en berceau segmentaire
    • voûte en berceau plein-cintre
    • voûte plate, en béton armé
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Typologies
    poste cylindrique
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents figurés

  • Plan terrier du domaine militaire. 1e Batterie du Vallon Claus. 2e Postes et sentier des abrupts. / Dessin, 1898. Service historique de la Défense, Vincennes : Direction des Travaux du Génie de Briançon.

  • Plan terrier du domaine militaire. Conduite d'eau de Vallon Claus. / Dessin, 1899. Service historique de la Défense, Vincennes : Direction des Travaux du Génie de Briançon.

    Service Historique de la Défense, Vincennes : Direction des Travaux du Génie de Briançon
  • Les Alpes. Vallon Claus sous la neige. / Carte postale, sd. Richaud éditeur, Barcelonnette. Collection particulière.

  • Les Alpes. Entrée de la batterie de Vallon Claus. (Alt. 2080 m.) / Carte postale, sd., Favraud éditeur à Tournoux. Collection particulière.

  • Vallon Claus. Ravitaillement [de lard salé : mention manuscrite]. / Carte postale, [après 1904], imprimerie-librairie A. Astoin éditeur, Barcelonnette. Collection particulière.

  • Caserne de Vallon Claus. (2,000 mètres). / Carte postale, sd. [après 1904], imprimerie-librairie A. Astoin éditeur, Barcelonnette. Collection particulière.

Date d'enquête 1992 ; Date(s) de rédaction 1997
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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