Dossier d’œuvre architecture IA83003170 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
batterie dite ouvrage ouest du Mont Caume
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Le Revest-les-Eaux
  • Lieu-dit Caume ouest
  • Dénominations
    batterie
  • Appellations
    ouvrage ouest du Mont Caume
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

HISTORIQUE ET TYPOLOGIE GENERALE

Le contexte stratégique fin XIXe siècle

Au mois de mai 1867, le comité des fortifications avait défini un projet général de vaste camp retranché autour de la place forte de Toulon contribuant à mettre ses établissements maritimes à l'abri d'un bombardement. Ce programme de défense terrestre prévoyait d'occuper les hauteurs du nord-est, du Cap Brun au Faron, et celle de l'ouest : Bau de Quatre Aures, Chartreuse, Six-Fours. Sa réalisation été avait lancée avec la redoute de La Croix-Faron, conçue en 1870 et réalisée à l’échelle d’un fort à partir de 18721. Cette même année, une instruction du 30 mai 1872 instituait une commission mixte de révision de l'armement du littoral de l’arrondissement maritime de Toulon, pour la mise aux normes des batteries de côte.

La défense terrestre éloignée de la place de Toulon fit l’objet d’un rapport rédigé en mars 1873 par le colonel Le Masson, directeur des fortifications, renouvelant complètement le précédent projet général de camp retranché de mai 1867, en intégrant les enseignements tirés, entre temps, de la guerre de 1870 qui avait révélé les faiblesses de l'artillerie française. Le rapport Le Masson préconisait d’occuper solidement les points principaux d’où (l’ennemi) pourrait opérer un bombardement, faisant en sorte d’élargir le rayon d’investissement, d’isoler et de rendre bien plus difficiles les attaques par l’est et par l’ouest… Dès le mois suivant, le comité des fortifications proposait de renforcer les défenses du Mont Faron, et d’occuper les hauteurs autours de Toulon, avec un espacement d’un ouvrage à l’autre pouvant aller jusqu’à 6 km (portée normale des canons de gros calibre de cette génération), soit, du nord à l'ouest, Mont Caume, Cap Gros, Croupatier, Gros Cerveau et Six-Fours et, dans le secteur nord-Est, à partir de la redoute en construction à La Croix-Faron : Mont Coudon, Thouars et La Colle-Noire. La ceinture des ouvrages de défense terrestre ainsi définie couvrait d’est en ouest une amplitude de plus de 30 km.

Toujours en 1873, à l’échelle nationale, le Comité de Défense créé l’année précédente pour programmer la réorganisation défensive des frontières terrestres et maritimes de la France était placé sous la direction du général Raymond-Adolphe Séré de Rivières, commandant et grand ingénieur du génie. On lui doit une instruction datée du 9 mai 1874, fondatrice d’une nouvelle typologie de forts et batteries détachés à distance des places fortes, armés de canons permettant des tirs à longue portée (6-9km).

Un nouveau plan de défense de la rade de Toulon approuvé le 4 avril 18772 et révisé le 27 aout, était mis en œuvre à partir de l’année 1878, en appliquant les normes du « système Séré de Rivières », pour les batteries de côte et pour une partie des ouvrages de la défense terrestre, complétant les forts déjà réalisés ou en cours d'achèvement de la Croix-Faron et de Six-Fours. Ces réalisations terrestres concernent le secteur est, avec les forts du Coudon et de la Colle Noire, l'occupation de la hauteur intermédiaire de Thouars par un troisième fort étant finalement abandonnée. On notera que dans les deux cas, le programme comportait un fort et un ouvrage d'appui voisin fermé et resserré qualifié de "fortin", construit dans un second temps mais avant achèvement du fort : s'agissant du Coudon (1879-1882), le fortin du Bau Pointu (1882-1884), et s'agissant de la Colle-Noire, le fortin de la Gavaresse, à vocation annexe de batterie de côte.

S’agissant du secteur ouest, la décision d’implantation et la réalisation du programme avaient connu une première étape plus précoce par la construction du fort de Six-Fours, programmée en 1874 et réalisée de 1875 à 1880. Dans le cas de Six-Fours, le projet du fort fut complété de celui d’un ouvrage annexe d’appoint qui n’est pas un fortin mais une batterie de côte ouverte dite du Claffard.

Comme celle de Six-Fours ou celles du massif du Cerveau, la position du Mont-Caume, la plus septentrionale et la plus haute du dispositif, avait été choisie dès le programme Le Masson de 1873 pour un fort, et confirmée en 1877, le projet d'occupation de la hauteur dite du Cap Gros, plus au sud/sud-ouest, ayant été en revanche abandonné. La mise en œuvre des travaux de construction fut différée jusqu’en 1887, commençant toutefois deux ans avant celle des ouvrages du Cerveau, avec lesquels le programme du Mont Caume présente des analogies. Il s’agissait dans les deux cas d’équiper un site de hauteur à la topographie contraignante d'arête rocheuse de deux ouvrages d’artillerie distincts, en principe d’importance égale, échelonnés d’est en ouest sur l'arête, à une distance d'un peu plus de 1km dans le cas du Mont Caume. Comme au Cerveau, aucun des deux ouvrages Est et ouest du Mont Caume n’a le statut d’un fort et n’est une simple annexe de l’autre. L’un et l’autre sont conçus comme des batteries fermées adaptées à des canons de 120mm (modèle 1878), mais l'ouvrage ouest, qui abritait un moins grand nombre de plates-formes d'artillerie, est associé à une batterie annexe ouverte, que la route stratégique reliant les deux ouvrages dessert au passage. Sur cette même route, entre les deux ouvrages étaient aménagées deux petites batteries intermédiaires de deux plates-formes chacune, et, plus près de l’ouvrage Est, deux plates-formes isolées.

L'ouvrage Est, le plus étendu en surface et plus haut situé en altimétrie, fut conçu pour accueillir deux batteries de 5 plates-formes d'artillerie chacune, la première orientant ses tirs vers le nord/nord-est, au-dessus de la seconde dont les tirs faisaient face au nord/nord-ouest. A l'extrémité nord-ouest de cet ouvrage Est étaient aménagées 3 à 4 plates-formes plus sommaires (pour canons ou pour poste d'observation ?) face au nord-ouest, d'après une copie d'un plan d'atlas des années 1900.

Conception et construction de l'ouvrage ouest

L'ouvrage Ouest fut équipé d'une batterie de 6 plates-formes, tirant vers le nord/nord-ouest tandis que 6 autres, analogues et tirant dans la même direction, équipaient la batterie annexe ouverte contiguë. La répartition de l'armement sur ces différentes batteries comptant au total 22 sections d'artillerie de même type, dont 16 dans les batteries fermées (26 à 28 en comptant les petites batteries intermédiaires) et peut-être 3 à 4 autres, doit être déduite de la confrontation avec les données des sources contemporaines, qui donnent un armement global de 14 canons de 120mm, de 8 canons de 95mm et de 2 mortiers de 15cm : les canons de 120mm et de 95mm se répartissaient-ils entre les deux batteries, y compris la batterie ouverte ouest, occupant toutes les plates-formes d'artillerie des quatre batteries majeures, les mortiers pouvant être placés dans l'ouvrage est ? Une source indirecte place l'ensemble des 8 pièces de 95mm et les deux mortiers dans les batteries ouvertes (6 + 2x2 plates-formes), ce qui invite à répartir les 14 pièces de 120mm entre les deux batteries fermées, induisant que deux de leurs plates-formes n'étaient pas armées 3.

On observe d’après les plans conservés que les 6 plates-formes de chacune des deux batteries de l’ouest, tant la batterie fermée de l’ouvrage ouest que la batterie ouverte voisine, sont exactement du même type, avec plates-formes taillées en réserve par déroctage et reliées entre elles sous les traverses par une étroite galerie casematée abritant de petites niches à munitions, ce perfectionnement n’existant dans l’ouvrage Est que pour la plus haute des deux batterie de 5 plates-formes.

D'après la légende d'une copie de plan d'atlas postérieure à 1900 (Fig. 1), la construction des deux ouvrages Est et Ouest, y compris les batteries ouvertes intermédiaires, conduite entre 1887 et 1890, coûta 164.168 francs, et les améliorations (non précisées) apportées entre 1891 et 1896, 12.000 francs.Mt Caume ouest. [Plan général de l'ouvrage du Mont Caume]. vers 1920.Mt Caume ouest. [Plan général de l'ouvrage du Mont Caume]. vers 1920.

A la différence des deux ouvrages du Cerveau, ceux du Mont Caume n'intègrent pas de casernement important, mais seulement, pour chacun des deux, un baraquement d'une capacité réduite (39 hommes de troupe en temps de paix 47 en temps de guerre + 8 sous-officiers) complété en temps de guerre par les abris des souterrains en caverne, pouvant accueillir jusque 60 hommes.

Dans l'ouvrage Ouest, le baraquement (bâtiment a sur les plans d'atlas début XXe siècle)4 est implanté à l'entrée de l'ouvrage, au bout du chemin d'accès, mais en saillie à l'extérieur du périmètre clos et en contrebas du chemin, ce qui explique qu'il ait un caractère défensif (crénelage); il dispose d'une citerne de 100m3 creusée sous le chemin.

L'enceinte de l'ouvrage, de plan polygonal complexe et très irrégulier, se décompose en deux sous-ensembles : Le premier est l'enceinte "basse" de la batterie de 6 pièces de 120mm, à l'est, en terrain plat, de plan parallélépipédique, retranchée par un fossé sur trois côtés, d'un simple mur en bordure du chemin. Le second sous-ensemble, a l'ouest/sud-ouest, séparé du premier par un petit fossé est une enceinte "haute" plus étroite, très irrégulière, défendue à l'entrée par un "coffre" flanquant casematé; cette enceinte enveloppe un secteur occupé par de hauts rochers aux formes tourmentées, bordé à la gorge par une terrasse entre deux revêtements, ce qui lui donne l'aspect d'un réduit défensif. Elle abrite des bâtiments annexes à ciel ouvert (Fig. 2) : un magasin à munitions non à l'épreuve des bombes adossé au revêtement haut (bâtiment n ou f) , et deux petits magasins (à pétrole et lampisterie). Elle donne surtout accès au souterrain en caverne creusé sous le principal rocher, à entrée unique, dont la galerie principale desservait latéralement, de part et d'autre selon le schéma classique, les magasins (à poudres et à munitions, l'atelier de chargement) et des abris pour les hommes de troupe. Dans la plupart des autres ouvrages de fortification contemporains, comme l'ouvrage Est ou ceux du Cerveau, la fonction de magasin aux munitions n'existe que dans un magasin du souterrain-caverne, associé au magasin à poudres et à l'atelier d'armement, pour des raisons de sécurité, notamment en cas d'explosion accidentelle. Il est probable que le magasin extérieur de l'ouvrage Ouest était aussi au service de la batterie annexe ouest, et de autres plates-formes d'artillerie jalonnant la route stratégique.Petit atlas. Mt Caumes ouest [plans des bâtiments dépendant de l'ouvrage ouest du Mont Caume]. vers 1900.Petit atlas. Mt Caumes ouest [plans des bâtiments dépendant de l'ouvrage ouest du Mont Caume]. vers 1900.

Le XXe siècle

La feuille du petit atlas des bâtiments militaires du début du XXe siècle concernant l'ouvrage ouest du Mont Caume compte au nombre des bâtiments au service de cet ouvrage un baraquement (bâtiment d) affecté au logement du gardien de batterie, construit en contrebas au bord du dernier lacet de la route militaire, distant d'environ 500m de l'ouvrage, 350m de la batterie annexe. Deux autres citernes font partie des annexes distantes, une sous le logement du gardien de batterie, une autre sous le croisement de la route stratégique.

Les deux ouvrages semblent avoir été laissés à l’abandon dès l’entre-deux guerres, et non réoccupés durant la seconde guerre mondiale. Leur réutilisation stratégique est un peu postérieure.

En décembre 1951, pendant la "Guerre froide", l'Etat major général du secrétaire d'Etat à la Marine avisait le préfet Maritime de Toulon (IIIe région maritime) d'une décision ministérielle arrêtant la répartition des ouvrages du Mont Caume entre l'armée de l'air et la Marine, répartition qui attribuait à cette dernière l'ouvrage Ouest afin d'y implanter une batterie anti-aérienne mobile, avec la servitude de recevoir à l'extrémité ouest de l'ouvrage le centre hertzien de l'Armée de l'air. L'ouvrage Est du Mont Caume était attribué parallèlement à l'armée de l'Air pour l'installation de « maîtres radars ». Sous l'autorité du préfet maritime et du capitaine de frégate Barois, commandant la D.C.A. de la IIIe région maritime, la direction des travaux maritimes de Toulon planifia la construction d'une batterie semi-mobile de D.C.A. de 90mm ou de 94mm à l'emplacement de l'ancienne batterie ouverte contigue à l'ouvrage ouest. Le projet, daté de novembre 1954 er de mars 1955, comporte la construction de quatre alvéoles circulaires en béton en avant des anciennes plates-formes de 1887-1890, desservies par une piste d'accès et de distribution et six abris en surface pour personnel, couverts de toits en tôle ondulée sur murs en béton. Un autre abri destiné à la remorque-radar est également prévu, dans l'enceinte de la batterie fermée de l'ouvrage Ouest. Les travaux de construction des alvéoles et des abris, réalisés par l'entreprise Pellegrino, et ces des pistes d'accès, par l'entreprise STPI, étaient achevés en aout 1955. Il était alors question de restaurer l'ancien baraquement en ruines de l'ouvrage de 1887-1890, mais ce projet n'a pas eu de suite.

Dès les années 1960, la batterie de D.C.A. n’est plus armée et l’ouvrage ouest laissé à l’abandon.

DESCRIPTION

Site et implantation générale

L’ouvrage Ouest du Mont Caume est implanté sur une assiette rocheuse étroite et chaotique, à une altitude variant de 706m (baraquement) à 738m (rocher sous lequel est creusé le souterrain-caverne) Il est immédiatement abrité à l'ouest par une protubérance rocheuse verticale peu étendue qui atteint la cote maximum de 763m (Fig. 3). L'ouvrage proprement dit est donc surplombé, à 1km de distance, par l'ouvrage Est, qui occupe le point culminant du massif rocheux (778m). On accède aux deux ouvrages Ouest et Est par une ancienne route militaire actuellement chemin départemental n° 662 montant en lacets du sud/sud-ouest depuis le col du corps de garde (alt. 391m) , sur la route départementale n° 62 venant de Toulon depuis le sud-est par la vallée du Las. L'ancien chemin stratégique se divise en deux branches divergentes à la côte 670m, ces deux branches formant un chemin parallèle à la ligne de crête nord, aboutissant à chaque extrémité à l'un des deux ouvrages Est et ouest. Ce chemin est encore bordé du côté nord par les vestiges des plates-formes d'artillerie des positions de batteries ouvertes isolées, et par la batterie ouverte contiguë à l'ouvrage ouest.Ensemble du site de l'ouvrage Ouest du Mont Caume, vu depuis l'ouvrage Est.Ensemble du site de l'ouvrage Ouest du Mont Caume, vu depuis l'ouvrage Est.

L'emprise de l'ouvrage Ouest, de plan très irrégulier (Fig. 4), beaucoup plus étroite que l'aire intérieure de l'ouvrage Est, comporte, on l'a vu, deux sous-ensembles, d'abord, à l'est, l'enceinte "basse" de la batterie proprement dite, sans relief marqué de plan parallélépipédique, pratiquement ouverte à la gorge en bordure nord du chemin, puis a l'ouest/sud-ouest, une sorte de réduit défensif clos enveloppant la partie la plus haute et chaotique de l'assiette rocheuse et abritant les bâtiments militaires secondaires et le souterrain-caverne, le baraquement étant, on l'a vu, hors enceinte du côté sud et en contrebas du chemin. Vue aérienne de l'ouvrage ouest du Mont Caume. 1969.Vue aérienne de l'ouvrage ouest du Mont Caume. 1969.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

L'enceinte bipartite et discontinue de l'ouvrage Ouest n'est plus clairement lisible aujourd'hui du fait de l'envahissement de l'aire de la batterie et des parties hautes du réduit par une végétation de garrigue. Il n'est plus possible de ce fait de décrire et de caractériser la mise en œuvre des parties constitutives des deux enceintes du côté le plus abrupt, nord / nord-ouest, fossé en partie taillé dans le roc, revêtements d'escarpe formant des redans sans doute en partie en pierre sèche, comme le front est de l'ouvrage Est.

Seul le front de gorge de la partie nord-ouest ou réduit défensif, de plan incurvé rentrant, présente des caractéristiques architecturales bien définies et des élévations murales maçonnées. Bordé à gauche (sud) d'un mur de soutènement qui le sépare nettement du baraquement, bâti en léger contrebas, le chemin d'accès aboutit de plain-pied à la gorge de l'ouvrage sur une terrasse constitué de remblais avec talus en pierres coulantes; le mur d'appui bordant cette terrasse tel qu'indiqué sur le plan d'atlas début XXe siècle n'existe plus excepté sur un mur de soutènement en retour d'angle formant flanc à l'extrémité sud.

La terrasse dégage un espace de circulation plus large que le chemin devant l'ensemble de la muraille refermant le front de gorge. Celle-ci est formée de deux segments reliés par un angle rentrant obtus, et terminée à ses deux extrémités par un organe saillant et flanquant évoquant une tour de fortification médiévale ou une tour bastionnée (Fig. 5). Front de gorge de l'ouvrage, ruines du baraquement crénelé hors enceinte, terrasse et mur d'enceinte à deux saillants flanquants, vus du chemin d'accès.Front de gorge de l'ouvrage, ruines du baraquement crénelé hors enceinte, terrasse et mur d'enceinte à deux saillants flanquants, vus du chemin d'accès.

Le premier de ces deux organes, à l'entrée de la terrasse, greffé à sa gauche sur un rocher brut, fortement détaché en saillie sur son flanc droit pour couvrir et défendre le départ de la rampe entrant dans le "réduit", est un "coffre" casematé crénelé adapté à la défense rapprochée pour le tir d'infanterie. Son plan et son élévation sont ceux d'une tour de défense en U, soit avec un front demi-cylindrique et un flanc droit allongé. La partie supérieure de l'élévation porte une terrasse bordée d'un muret d'appui, élargie du côté gauche sur la tête du rocher attenant selon un plan en segment de cercle. Le front demi-cylindrique (Fig. 6) est percé dans le tiers inférieur de l'élévation de trois curieux créneaux de pied dont la fente de tir, très fortement plongeante vers l'extérieur, s'évase largement en "étrier" jusqu'au sol actuel, l'appui étant profilé en talus. Au même niveau, le flanc droit, face à la rampe (Fig. 7), est percé d'une série de cinq créneaux à fente extérieure ordinaire, série interceptée par la porte d'entrée de la casemate qui dessert l'ensemble des créneaux. En effet, l'accès interne de ce coffre crénelé ne se fait pas depuis l'intérieur de l'enceinte du réduit, par exemple par le haut (à la différence des deux coffres à flanc crénelé de l'ouvrage Est) mais, assez paradoxalement, de l'extérieur par le flanc actif, face au départ de la rampe. La porte, couverte d'un arc segmentaire extradossé, et les créneaux, sont encadrés en pierre de taille bouchardée, tranchant sur le parement courrant en blocage de petits moellons sommairement calibrés et dégrossis. La casemate active desservant les créneaux forme une sorte de galerie voûtée en berceau parementé en moellons sommairement calibrés, équarris et assisés (Fig. 8). Assez semblable à la casemate du coffre flanquant qui défend la porte de l'ouvrage Est du Mont Caume, celle de l'ouvrage ouest s'en différencie par son extrémité en abside, dans le front semi-cylindrique en forme de tour, et par la présence d'un bloc de rocher laissé non ravalé à l'intérieur du volume.Front de gorge de l'ouvrage, détail extérieur frontal du saillant casematé ou coffre en forme de tour à créneaux de pied.Front de gorge de l'ouvrage, détail extérieur frontal du saillant casematé ou coffre en forme de tour à créneaux de pied. Front de gorge de l'ouvrage, rampe et flanc crénelé avec porte du saillant casematé ou coffre en forme de tour.Front de gorge de l'ouvrage, rampe et flanc crénelé avec porte du saillant casematé ou coffre en forme de tour. Front de gorge de l'ouvrage, intérieur du saillant casematé ou coffre crénelé en forme de tour.Front de gorge de l'ouvrage, intérieur du saillant casematé ou coffre crénelé en forme de tour.

La rampe ménagée parallèlement au revêtement entre deux élévations murales formant mur d'enceinte semble n'avoir jamais comporté de porte à l'entrée, qu'il s'agisse d'une arcade ou de piliers, donc aucun système de fermeture. Le second organe flanquant, à l'extrémité sud-ouest de ce front, offre l'aspect d'une tour bastionnée de plan pentagonal irrégulier (Fig. 9) portant terrasse mais ne renfermant aucune casemate active, étant plutôt un habillage d'une saillie rocheuse, en partie ravalée, qu'un organe comparable au coffre crénelé situé à l'entrée de la terrasse. Les parements de cette tour passive, en blocage de moellons sommairement équarris, est un peu moins bien calibré que celui des murs d'enceinte intermédiaires; l'arase du mur de la tour formant parapet garde-corps de la terrasse supérieure est couverte de pierres de taille formant chaperon versant vers l'extérieur. Le flanc droit de la tour termine le revêtement ou enceinte de gorge du réduit en se raccordant directement au rocher. C'est en ce point précis que s'ouvrait, dans la paroi rocheuse, l'entrée du souterrain-caverne, de gabarit charretier, couverte d'un arc surbaissée (à la différence des issues du souterrain-caverne de l'ouvrage Est, formant une arcade plein-cintre). Elle est aujourd'hui solidement condamnée par murage, en sorte que le souterrain, qui n'a pas d'autre issue, n'a pu être visité.Front de gorge de l'ouvrage, terrasse extérieure, saillant passif, magasin à munitions ruiné et rampe montant au "réduit".Front de gorge de l'ouvrage, terrasse extérieure, saillant passif, magasin à munitions ruiné et rampe montant au "réduit".

Un bâtiment militaire extérieur non à l'épreuve des bombes, aujourd'hui en ruines, adossé a l'extérieur du mur d'enceinte à côté de la tour pentagonale, avait la fonction de magasin aux munitions. De plan en trapèze (murs-pignons évasés), long de 13m dans œuvre pour une largeur moyenne de 4,20m, il est directement appuyé à la muraille, sans couloir d'isolement, et devait être couvert d'un toit en appentis. Ses murs assez maigres, sont bâtis en blocage de petits moellons de tout venant, jadis revêtus d'un enduit couvrant. La brique est employée pour la corniche et l'encadrement des baies : deux fenêtres à appui surhaussé et arc segmentaire et une porte dans le mur gouttereau, une fenêtre dans chaque mur-pignon. Les chambranles des baies étaient enduits et la brique laissée apparente pour la corniche.

Les points hauts du "réduit" intra-muros sont finalement peu aménagés du fait des contraintes dUes à l'encombrement du rocher naturel : il existait toutefois plusieurs petites terrasses, deux sur les "tours" du front de gorge, pouvant servir à la défense rapprochée du chemin et de l'accès aux magasins, voire de la batterie, une autre à l'ouest / nord-ouest du réduit, qui pouvait servir de poste d'observation. Dans sa montée, la rampe dessert au passage à droite un petit magasin à pétrole, édicule carré très étroit, bâtit en blocage avec porte encadrée en brique et dalle de couvrement en ciment armé, et un abri ouvert adossé au rocher, couvert d'une voûte de pierre en demi-berceau (Fig. 10). "Réduit" rocheux de l'ouvrage, rampe d'accès et petits abris, dont magasin à pétrole."Réduit" rocheux de l'ouvrage, rampe d'accès et petits abris, dont magasin à pétrole.

L'intérieur de l'enceinte basse autour de la batterie n'abritait aucun bâtiment militaire : les trois murs aveugles en retour d'angle droit, bâtis en maçonnerie traditionnelle, en place à son angle nord-est, sont les restes l'abri de la remorque-radar à l'usage de la batterie de D.C.A. de 1955. De la batterie proprement dite subsistent les six plates-formes d'artillerie brutes de déroctage, ruinées et envahies de végétation, avec les issues latérales sous arc surbaissé des galeries casematées qui les reliaient entre elles (Fig. 11), percées dans les traverses de roche naturelle. Les dispositions sont semblables à celles de la batterie annexe voisine, mais n'ont pas été remaniées en 1955.Batterie, ruines d'une plate-forme d'artillerie avec entrée d'un segment des galeries casematées reliant les plates-formes.Batterie, ruines d'une plate-forme d'artillerie avec entrée d'un segment des galeries casematées reliant les plates-formes.

Le baraquement des hommes de troupe, aujourd'hui en ruines, est -on l'a vu- détaché à l'extérieur de l'enceinte, immédiatement au sud du chemin d'accès qui le sépare de la batterie. Compte tenu de l'escarpement du terrain naturel, il est bâti en contrebas de la gorge de la batterie (Fig. 12), selon un principe finalement assez analogue à celui appliqué dans l'ouvrage Est et aux deux ouvrages du Cerveau, à cela près qu'il n'est pas logé dans une réservation deroctée intra-muros. Du fait de sa position extérieure, ce baraquement présente un caractère de caserne défensive crénelée totalement absent des casernements des ouvrages du Cerveau. De plan rectangulaire assez court (18, 75m X 7, 30m dans œuvre), élevé d'un seul niveau jadis sous un toit à deux versants couvert de tuile-canal (détruit dès avant 1950) il comporte au sud, sur son mur gouttereau regardant la vallée, près de l'angle sud-est, une saillie en forme de tourelle demi-cylindrique, qui n'est pas sans rappeler celle du "coffre" crénelé voisin. Toutefois, si ce baraquement est abondamment percé de créneaux (25 en tout) sur trois côtés -mur gouttereau sud, tourelle comprise, et murs-pignons- il n'est nullement casematé, donc pas à l'épreuve des bombes, et sa capacité de résistance passive était donc très limitée. La mise en œuvre même des murs est, pour l'essentiel, assez médiocre : faible épaisseur, emploi d'un blocage de petits moellons de tout-venant jadis revêtu d'un enduit couvrant encore en grande partie en place à l'extérieur, sans briques ni pierre de taille aux encadrements. Seul le soubassement, sous l'appui de la fente des créneaux, est plus solidement bâti et remblayé, avec parements en moyen appareil de moellons sommairement calibrés, équarris et assisés, certains, notamment en angle ou sur la tourelle, dans une pierre ocre saturée contrastant avec la pierre blanche majoritaire. Outre les créneaux, le bâtiment prenait jour par une fenêtre haute dans chaque mur-pignon et quatre fenêtres dans le mur gouttereau nord, du côté du chemin; il s'agit de petites fenêtres à appui surhaussé, couvertes d'un arc et arrière-voussure segmentaire. La porte (détruite) s'ouvrait au centre de ce mur nord, vis à vis du mur de soutènement du chemin (Fig. 13). L'espace intermédiaire entre mur de façade et mur de soutènement, large de 2m était une sorte de couloir de distribution à ciel ouvert plus qu'une cour encaissée; on y descendait par un escalier droit bordant le mur de soutènement à l'extrémité est, le départ de cet escalier sur le chemin étant associé à une petite terrasse portant sur une voûte en berceau au-dessus du couloir de distribution. Ces dispositions sont bien conservées.Front de gorge de l'ouvrage,  mur d'enceinte à deux saillants flanquants, ruines du baraquement crénelé hors enceinte, vus de l'extrémité de la terrasse.Front de gorge de l'ouvrage, mur d'enceinte à deux saillants flanquants, ruines du baraquement crénelé hors enceinte, vus de l'extrémité de la terrasse. Ruines du baraquement crénelé hors enceinte en contrebas du chemin, avec son escalier d'accès.Ruines du baraquement crénelé hors enceinte en contrebas du chemin, avec son escalier d'accès.

En aval du croisement de la route avec le chemin stratégique, à environ 500 m de l’ouvrage Ouest, 350m de la batterie annexe et à 150m de la batterie de deux pièces du croisement, s’élèvent les ruines de l’ancien bâtiment affecté au logement du gardien de batterie, sur le bord droit de la route d’accès (Fig. 14). Ce bâtiment est porté sur la feuille d’atlas des bâtiments militaires comme une dépendance de l’ouvrage Ouest. De plan rectangulaire allongé, en simple rez-de-chaussée et jadis couvert d’un toit à deux versants revêtus de tuile-canal, il était subdivisé en cinq pièces inégales par quatre murs de refend dont trois subsistent dans l’état de ruine actuel. La pièce principale, à l’extrémité ouest, est percée d’une porte et d’une fenêtre dans le mur de façade (mur gouttereau côté route) et d’une petite fenêtre dans le mur-pignon ; la façade comporte trois autres fenêtres et une autre porte, chacune au service d’une des pièces suivantes. La pièce centrale avait une issue dans le mur gouttereau arrière, communiquant à la cuisine logée dans un espace étroit réservé entre ce mur et la paroi rocheuse retaillée. Les murs sont bâtis en blocage de moellons de tout-venant, jadis enduits, avec chaînages de pierres de taille jaune en besace aux angles, sur un soubassement formant plinthe également en pierre de taille, qui compense la pente du terrain et de la route pour niveler le sol intérieur à l’horizontale. Portes et fenêtres sont encadrées en briques formant chambranle (sauf l’appui ou les marches en pierre), sous arc segmentaire extradossé, l’égout du toit portant sur une génoise. L’architecture de ce bâtiment n’est pas spécifiquement militaire, et ne se démarque pas de celles de certaines maisons privées contemporaines, ou de logements de fonction d’architecture ferroviaire ou scolaire.Ruines du bâtiment du logement du gardien de batterie, à 500m en aval de l'ouvrage Ouest.Ruines du bâtiment du logement du gardien de batterie, à 500m en aval de l'ouvrage Ouest.

1Instruction destinée à guider les Commissions mixtes d’officiers de l’artillerie, du génie et de la marine qui devront, dans chaque arrondissement maritime, procéder à la révision de l’armement du littoral., Commission de défense des côtes. SHDV ancien article 13 (cote précise non notée)2Rapport de la commission … sur un nouveau plan d’ensemble de la défense du port de Toulon. Vincennes, SHM DD² 10453Bernard Cros, Citadelles d'Azur, Aix en Provence 1998, p. 125, donne une répartition qui ne correspond pas à celle des plates-formes dans les ouvrages. M. Frijns, L. Malchair, J-J Moulins, J. Puelinckx, Index de la fortification française. Métropole et Outre-Mer, 1874-1914, Welkenraedt, Belgique, 2008, p. 318-319, notices Mont Caume.4SHD Toulon, feuilles d'un petit atlas des fortifications et d'un petit atlas des bâtiments militaires, non datées.

Comme celles du massif du Cerveau, la position du Mont-Caume avait été choisie pour l'implantation d'un ouvrage d'artillerie dès le programme défini en 1873 par le colonel Le Masson, directeur des fortifications de Toulon, pour la défense terrestre éloignée de Toulon. Cette position, la plus septentrionale et la plus haute en altitude du dispositif général composé de forts, ouvrages et batteries formant une ceinture de plus de 30km d'amplitude d'est en ouest, fut confirmée dans le nouveau plan de défense de 1877, appliquant les nouvelles normes du « système Séré de Rivières », pour les batteries de côte et pour une partie des ouvrages de la défense terrestre, qui complétaient les forts déjà réalisés ou en cours d'achèvement de la Croix-Faron et de Six-Fours.

Au Mont-Caume, la mise en œuvre des travaux de construction fut différée jusqu’en 1887, commençant toutefois deux ans avant celle des ouvrages du Cerveau, avec lesquels le programme du Mont Caume présente des analogies. Il s’agissait dans les deux cas d’équiper un site de hauteur à la topographie contraignante d'arête rocheuse de deux ouvrages d’artillerie distincts, en principe d’importance égale, échelonnés d’est en ouest sur l'arête, à une distance d'un peu plus de 1km dans le cas du Mont Caume. Aucun des deux ouvrages du Mont Caume n’a le statut d’un fort et n’est une simple annexe de l’autre. L’un et l’autre sont conçus comme des batteries fermées à enceinte discontinue adaptées à des canons de 120mm (modèle 1878).

L'ouvrage Ouest fut équipé d'une batterie de 6 plates-formes, tirant vers le nord/nord-ouest tandis que 6 autres, analogues et tirant dans la même direction, équipaient la batterie annexe ouverte contiguë.

Les ouvrages du Mont Caume n'intègrent pas de casernement important, mais seulement, pour chacun des deux, un baraquement d'une capacité réduite (39 hommes de troupe en temps de paix 47 en temps de guerre + 8 sous-officiers) complété en temps de guerre par les abris des souterrains en caverne, pouvant accueillir jusque 60 hommes.

Dans l'ouvrage Ouest, le baraquement est implanté à l'entrée de l'ouvrage, en saillie à l'extérieur du périmètre clos et en contrebas du chemin, d'où son caractère défensif (crénelage).

Les deux ouvrages semblent avoir été laissés à l’abandon dès l’entre-deux guerres, et non réoccupés durant la seconde guerre mondiale. Leur réutilisation stratégique est un peu postérieure. Elle date de 1951 : alors fut décidée une répartition des ouvrages entre l'armée de l'air et la Marine, qui attribuait à la première l'ouvrage Est pour l'installation de « maîtres radars », et à la seconde l'ouvrage Ouest afin d'y implanter une batterie anti-aérienne (DCA) semi mobile, réalisée en 1955. Cette batterie de DCA implantée pour l'essentiel sur l'ancienne batterie annexe ouverte comportait un aménagement (abri de remorque-radar) dans l'enceinte de l'ancien ouvrage Ouest.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par source

L’ouvrage Ouest du Mont Caume occupe une assiette rocheuse étroite et chaotique, à une altitude variant de 706m (baraquement) à 738m (rocher sous lequel est creusé le souterrain-caverne). Il est immédiatement abrité à l'ouest par une protubérance rocheuse verticale peu étendue qui atteint la cote maximum de 763m. On accède aux deux ouvrages par une ancienne route militaire actuellement chemin départemental n° 662 montant en lacets du sud/sud-ouest depuis le col du Corps de Garde. L'ancien chemin stratégique se divise en deux branches divergentes à la côte 670m, ces deux branches formant un chemin parallèle à la ligne de crête nord, aboutissant à chaque extrémité à l'un des deux ouvrages Est et ouest. Ce chemin est encore bordé du côté nord par les vestiges des plates-formes d'artillerie des positions de batteries ouvertes isolées, et par la batterie ouverte contiguë à l'ouvrage ouest.

L'emprise de l'ouvrage Ouest, de plan très irrégulier, beaucoup plus étroite que l'aire intérieure de l'ouvrage Est, comporte deux sous-ensembles, d'abord, à l'est, l'enceinte "basse" de la batterie proprement dite, sans relief marqué de plan parallélépipédique, ouverte à la gorge en bordure nord du chemin, puis a l'ouest/sud-ouest, une sorte de réduit défensif clos enveloppant la partie la plus haute et chaotique de l'assiette rocheuse et abritant les bâtiments militaires secondaires et le souterrain-caverne. Le baraquement est implanté à l'entrée de l'ouvrage, au bout du chemin d'accès, mais en saillie à l'extérieur du périmètre clos et en contrebas du chemin, ce qui explique qu'il ait un caractère défensif (crénelage); il disposait d'une citerne de 100m3 creusé sous le chemin.

Dans le second sous-ensemble, enceinte "haute" ou réduit, a l'ouest/sud-ouest, séparé du premier par un petit fossé, seul le front de gorge de plan incurvé rentrant présente des caractéristiques architecturales bien définies et des élévations murales maçonnées, ou revêtement haut, dont un saillant polygonal aveugle en forme de tour. Il est bordé au sud d'une terrasse sur remblais à laquelle aboutit le chemin d'accès, dégageant un espace de circulation plus large que ce chemin.

Cette terrasse est défendue à l'entrée par un "coffre" flanquant casematé saillant sur le mur de gorge, et accueille un magasin à munitions non à l'épreuve des bombes adossé au revêtement haut. Cette terrasse donne surtout accès au souterrain en caverne creusé sous le principal rocher, à entrée unique dans le revêtement (abritée par le saillant polygonal), souterrain dont la galerie principale desservait latéralement, de part et d'autre selon le schéma classique, les magasins (à poudres et à munitions, l'atelier de chargement) et des abris pour les hommes de troupe.

Le coffre flanquant et les anciens bâtiments militaires non casematés, échelonnés au revers du front de gorge sont délabrés, mais assez bien conservés. Le baraquement des hommes de troupe, aujourd'hui en ruines, placé immédiatement au sud du chemin d'accès qui le sépare de la batterie, en contrebas de la gorge de la celle-ci. De plan rectangulaire assez court (18, 75m X 7, 30m dans œuvre), élevé d'un seul niveau jadis sous un toit à deux versants jadis couvert de tuile-canal (détruit dès avant 1950) il comporte au sud, près de l'angle sud-est, une saillie en forme de tourelle demi-cylindrique, qui n'est pas sans rappeler celle du "coffre" crénelé voisin. Bien qu'abondamment percé de créneaux (25 en tout) sur trois côtés, il n'est nullement casematé, donc pas à l'épreuve des bombes, et sa capacité de résistance passive était donc très limitée. Les murs sont de faible épaisseur, en blocage de petits moellons revêtu d'un enduit couvrant encore en grande partie en place à l'extérieur, sans briques ni pierre de taille aux encadrements. Outre les créneaux, le bâtiment prenait jour par une fenêtre haute dans chaque mur-pignon et quatre fenêtres dans le mur gouttereau nord, du côté du chemin, façade d'entrée. L'espace intermédiaire entre mur de façade et mur de soutènement du chemin, large de 2m était une sorte de couloir de distribution à ciel ouvert plus qu'une cour encaissée, desservi par un escalier droit maçonné.

Le "coffre" casematé crénelé adapté à la défense rapprochée pour le tir d'infanterie, défendant le départ de la rampe entrant dans l'enceinte haute, s'apparente à une tour de défense de plan en U. Le front demi-cylindrique est percé dans le tiers inférieur de l'élévation de trois curieux créneaux de pied dont la fente de tir, très fortement plongeante vers l'extérieur, s'évase largement en "étrier" jusqu'au sol actuel, l'appui étant profilé en talus. Au même niveau, le flanc droit, face à la rampe est percé d'une série de cinq créneaux à fente ordinaire, et de la porte d'entrée de la casemate qui dessert l'ensemble des créneaux, de plain-pied avec la terrasse extérieure. La casemate active desservant les créneaux forme une galerie voûtée en berceau terminée en abside, dans laquelle un bloc de rocher est laissé en saillie non ravalée.

Aussi de plain-pied sur la terrasse, le magasin aux munitions, de plan en trapèze long de 13m dans œuvre pour une largeur moyenne de 4,20m, est directement appuyé à la muraille, sans couloir d'isolement, et devait être couvert d'un toit en appentis. Ses murs assez maigres, en blocage, jadis revêtus d'un enduit couvrant, sont percé de deux fenêtres et d'une porte dans le gouttereau, d'une fenêtre dans chaque mur-pignon, baies encadrées en briques.

Dans sa montée, la rampe dessert au passage à droite un petit magasin à pétrole, édicule carré très étroit et un abri ouvert adossé au rocher, couvert d'une voûte de pierre en demi-berceau.

L'intérieur de l'enceinte basse autour de la batterie n'abritait aucun bâtiment militaire : on y trouve les trois murs aveugles de l'abri de la remorque-radar à l'usage de la batterie de D.C.A. de 1955. De la batterie proprement dite subsistent les six plates-formes d'artillerie butes de déroctage, ruinées et envahies de végétation, avec les issues latérales sous arc surbaissé des galeries casematées qui les reliaient entre elles, percées dans les traverses de roche naturelle.

En aval du croisement de la route avec le chemin stratégique, à environ 500 m de l’ouvrage Ouest, 350m de la batterie annexe, s’élèvent les ruines de l’ancien bâtiment affecté au logement du gardien de batterie, sur le bord droit de la route d’accès, bâtiment qui était une dépendance de l’ouvrage Ouest. De plan rectangulaire allongé, en simple rez-de-chaussée et jadis couvert d’un toit à deux versants revêtus de tuile-canal, il était subdivisé en cinq pièces inégales par quatre murs de refend, percées de fenêtres et de deux portes encadrées en briques formant chambranle, l’égoût du toit portant sur une gênoise. L’architecture de ce bâtiment, non spécifiquement militaire, ne se démarque pas de celles de certaines maisons privées contemporaines.

  • Murs
    • pierre moellon parement
    • pierre de taille parement
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Typologies
    batterie fermée
  • État de conservation
    mauvais état
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Sites de protection
    zone naturelle d'intérêt écologique faunistique et floristique

Site d'intérêt Communautaire (FR 9301608) depuis 2013

Documents d'archives

  • Rapport de la Commission de révision de l'armement du littoral du 5e arrondissement sur un nouveau plan d'ensemble de la défense du port de Toulon. 28 novembre 1876. Service Historique de la Défense, Vincennes : DD2 1045.

Bibliographie

  • CROS, Bernard. Citadelles d'Azur, quatre siècles d'architecture militaire varoise. Aix-en-Provence : 1998, 159 p.

  • FRIJNS, M., MALCHAIR, L., MOULINS, J.-J., PUELINCKX, J. Index de la fortification française, Métropole et Outre-mer, 1874-1914. Welkenraedt : 2008.

    p. 318-319.

Documents figurés

  • Petit atlas. Mt Caumes ouest [plans des bâtiments dépendant de l'ouvrage ouest du Mont Caume]. / Dessin, feuille d'atlas des bâtiments militaires, [vers 1900]. Service Historique de la Défense, Toulon : 92 048 77.

  • Mt Caume ouest. [Plan général de l'ouvrage du Mont Caume]. / Dessin, copie d'une feuille d'atlas des fortifications non daté [vers 1920]. Service Historique de la Défense, Toulon : 92 048 77.

  • Vue aérienne de l'ouvrage ouest du Mont Caume. / Photographie argentique noir et blanc, Institut Géographique National, 1er janvier 1969. Institut Géographique National, Saint-Mandé : mission C3246-0341_1969_CDP7351_2009.

Date d'enquête 2018 ; Date(s) de rédaction 2020
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Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble